Ruptures d'un processus linéaire
Disclaimer : PAS A MOI - même pas les fiches cuisines de Sorcière-Hebdo...
Réponses et reviews :
Alors là... alors là...
Entre Alana, Vert et Twinnie... la pression est à son comble... Merci, merci... J'espère que la suite vous plaira autant... Que ça n'empêche surtout pas les autres de donner leur avis...
A en être malade
Harry ouvrit d'un tour de clé la porte de l'appartement. Celle-ci grinça légèrement quand il la poussa d'un coup d'épaule. Un son désagréable qui sembla rebondir et s'amplifier dans l'appartement vide. Etonnamment vide.
Harry se rendit compte, en passant les différentes pièces en revue, qu'il s'était attendu à ce qu'un grand rouquin lui tape dans le dos sans lui laisser le temps de poser sa valise et qu'un blond grassouillet, collé à son écran et à son clavier, l'accable des questions les plus diverses – de la bouffe française aux règles du Quidditch, en passant par quelques fantaisistes formules latines... Si tout avait été normal, il y aurait eu des bières au frigo et une odeur de pâtes refroidies dans l'air. La vie quoi. Mais là, il n'y avait rien : pas une lumière, pas de désordre et un frigo étrangement vide.
Ah si, à y regarder mieux, il y avait une trace de vie : une série de parchemins et de lettres s'entassaient sur un coin de la table de la cuisine. Il y avait la prévisible et ponctuelle réponse de Lupin - au moins deux rouleaux à en juger le poids – dont Harry décida de remettre à plus tard la lecture. Il y avait aussi une lettre ouverte, adressée à Dudley. Une lettre de son école, comprit Harry, l'informant qu'il venait de décrocher, en raison de ses résultats exceptionnels, une bourse offerte généreusement par une entreprise de jeux vidéo – Future Games Incorporated. Harry sourit en pensant à combien cette aide financière allait venir à point nommé pour son cousin. Il se demanda vaguement si, fort de ses nouveaux revenus, Dudley allait se chercher un nouvel appartement. Il se surprit à ne pas trop savoir s'il voulait le voir partir si vite.
Dans le même tas, il trouva ensuite une carte postale de Pétunia Dursley - envoyée aux bons soins de l'école - qui suppliait Dudlinouchet de donner de ses nouvelles et de ne pas prendre les emportements de son père au pied de la lettre. Harry contempla longtemps l'écriture pointue et appliquée de sa tante sans arriver à éprouver ni la moindre compassion pour elle, ni un quelconque sentiment de revanche. Il finit par replacer les deux lettres de son cousin sous le tas de parchemins ouverts - un peu gêné d'avoir lu un courrier qui ne lui était pas destiné et, comme toujours, incertain quant à ses sentiments envers sa famille naturelle.
Il supposa que le reste était des messages destinés à Ron que ce dernier n'avait pas pris le soin ou la peine de détruire. Sans doute trouverait-il parmi eux le message de Dean, de Fred ou de Ginny qui expliquerait son absence ce dimanche soir. Reconnaissant l'écriture de cette dernière, il en saisit un, et par pur désoeuvrement, se mit de le lire, avant de se demander s'il ne rêvait pas :
« Dudley, si tu as ce message, sache que Ron a eu un accident. Je passerai t'expliquer. Ginevra Weasley »
Harry sentit son pouls s'accélérer. Ron blessé ? Il chercha parmi les parchemins empilés un autre message de Ginny afin d'en savoir plus :
« J'ai eu l'autorisation pour Sainte-Mangouste. Rejoins-moi à Trafalgar Square vers 18 heures si tu as ce message à temps. GW »
L'idée de Dudley dans les couloirs de Ste Mangouste était suffisamment étrange pour qu'Harry passe directement au message suivant :
« Dudley, Ginny m'a dit que je pourrais coucher chez vous, est-ce que c'est d'accord ? Tu peux laisser un message sur le répondeur de mes parents 405-67-89-23. Hermione Granger »
Hermione ? Hermione était là ? Etait-ce si grave ? Il pensa confusément que si la vie de son ami avait été en jeu, on l'aurait sans doute prévenu... Il n'était qu'en France après tout et pas si difficile que ça à joindre... A moins que Hermione ne soit là que par hasard... et qu'elle se soit enquis de Ron pour le trouver à l'hôpital... Autant pour le romantisme... Mais Hermione s'abaissant à demander à Dudley de l'héberger ? Harry eut presque besoin de se pincer pour y croire. Il joua un moment avec le message, observant les lettres nerveuses tracées à la hâte par la jolie brune, pesant abstraitement les chances de voir ses deux plus vieux copains reprendre leurs relations amoureuses, avant de le reposer sur le tas. Ses yeux se posèrent alors sur un autre parchemin qui n'était pas moins surprenant :
« Dudley, veux-tu venir avec nous au match de Quidditch ce soir ? Si oui, rejoins-nous à Sainte-Mangouste vers 19 heures – on va essayer de faire rire Ron sans que les infirmière ne nous virent.... F et G »
Fet G... Fred et George ? Emmener Dudley au Quidditch ? Harry avait l'impression d'être parti de très longs mois et de revenir sur une planète où les règles avaient totalement changé. Un peu comme si l'herbe était devenue rouge, le ciel jaune et le soleil rose... Cette impression de totale étrangeté ne diminua pas avec le message suivant :
« Dudley, j'irai au match avec vous. Je passe te prendre et je t'emmène. Hermione PS- Molly a interdit à Fred et George de s'approcher de Ron tant qu'il n'irait pas mieux. »
Non. Hermione plaisantait avec Dudley et allait avec lui au Quidditch. Dans quelques secondes, Pétunia allait postuler au poste d'infirmière de Poudlard. Il secoua la tête. Il allait certainement se réveiller. Il prit le dernier parchemin avec des mains tremblantes :
« Dudley, nous sommes très touchés par ta sollicitude pour Ron. Si jamais tu as besoin de quelque chose, comme Harry n'est pas là, fais-nous le savoir. Molly Weasley »
Harry se laissa tomber sur la chaise de la cuisine. Il se rappelait avoir plusieurs fois plaisanté sur le fait que Molly finirait par adopter Dudley, comme elle adoptait tout être solitaire qui passait à sa portée. « Un peu comme d'autres adoptent les chats abandonnés », avait une fois - avec une certaine acidité - commenté Hermione en pleine rupture avec Ron. Mais quand même... Il ramena distraitement ses jambes sous sa chaise et sentit alors un autre parchemin crisser entre ses semelles et le carrelage gris. Par réflexe, il se pencha pour le ramasser et découvrit ainsi le seul message qui lui était destiné :
« Harry, si tu rentres directement, on est tous à Ste Mangouste. Ron va mieux, ne t'inquiète pas. P.P. »
Ceci lui parut sans appel. Il se leva sans plus réfléchir et la porte claqua derrière lui résonnant longuement dans l'appartement de nouveau vide.
Oo
« Les visites sont normalement terminées, monsieur. Votre nom ? Vos liens avec le malade ?» - demanda l'infirmière de garde sans lever la tête de son registre.
« Potter... Harry... Je...»
« Oui, et moi je m'appelle Viviane et nous sommes à Avalon », se moqua la jeune sorcière en relevant vivement la tête. Ses yeux noirs descendirent très lentement de la frange relevée à la fine la cicatrice en forme de Z pour rencontrer des yeux verts résignés, mais très brillants, cachés derrière des lunettes à monture épaisse. Sa bouche s'ouvrit mais aucun son n'en sortit. Et le jeune Auror murmura en laissant retomber ses cheveux :
« Désolé »
« Pppardon... monsieur PoPotter... je... »
Mais Harry l'interrompit gentiment :
« Ronald Weasley est un vieil ami... Pas de liens de parenté... je peux y aller quand même ? »
« Oh mais... mais bien sûr...bien sûr, Monsieur Potter... » L'infirmière s'était maintenant levée avec empressement pour le conduire dans les couloirs de Sainte-Mangouste. Harry la suivit d'abord en silence, encore étonné d'avoir su pour une fois utiliser son nom à son propre avantage, avant d'oser la question qui le taraudait depuis qu'il avait quitté son petit appartement londonien.
« Je rentre juste de mission... je... je ne suis pas au courant des détails », avoua-t-il.
« Oh... Oh... M. Weasley a... a été brûlé au quatrième degré par ... par un dragon... je ne sais pas exactement les circonstances... Il a reçu les premiers soins en Ecosse mais a été transféré ici par le Département des Aurors... Vous...vous êtes Auror vous aussi ? »
« Oui » répondit sobrement Harry.
'Oh... je ne savais pas... c'est... je trouve ça plutôt rassurant, M. Potter... »
'Rassurant' dit-elle, pensa Harry mais il se contenta de lui sourire. Il avait appris que sourire était une réponse bien plus efficace que toutes autres aux étranges attentes du commun des sorciers et des sorcières envers le Survivant.
« Merci... Et il va mieux ? »
« Votre ami ? Oh... Oui... Oui... Il devrait pouvoir se lever dans les jours qui viennent... »
Hum, ça n'a pas l'air si bénin que ça, comprit Harry alors qu'ils arrivaient devant une porte ou une affichette épinglée prévenait : Attention, grand brûlé. Non pas si bénin que ça...
OOo
« Harry ! »
« Salut vieux ! »
« Harry... Parvati vient juste de partir... elle devait passer au Ministère puis à la maison pour avoir de tes nouvelles... On se demandait tous les deux...»
« Je ne suis pas passé au Ministère... » expliqua Harry en s'asseyant au chevet de son ami. La porte se referma doucement dans son dos sur l'infirmière qui se retirait. « J'ai mis du temps à savoir pourquoi il n'y avait personne à la maison... jusqu'à ce que je trouve le message de Parvati... Ca va ? »
La momie, d'où sortaient quelques mèches de cheveux roux, répondit très laconiquement :
« Bof »
Harry sourit.
« Je vois »
« Les médicomages disent que je pourrais me lever bientôt... mes jambes sont moins touchées... mais... mais, la réparation de la peau du visage... »
« Merde »
« Ils disent que je n'aurai pas de traces... juste que ce sera long... »
Harry soupira
« Que s'est-il passé... ? »
« Oh » Harry ne pouvait pas voir les traits de son ami, à peine ses yeux, mais n'en eut pas besoin pour sentir l'accablement et la gêne de Ron. « J'ai fait une connerie, Harry... Wind... Wind m'avait laissé dehors... en garde... la routine... il pleuvait... il faisait froid... j'ai... j'étais pas sur mes gardes, on va dire... »
« Merde »
« Ouais... Wind a dit qu'on apprenait en faisant des conneries... »
« Pas de blâme alors ? »
« Non »
« Bien »
La momie de répondit pas et Harry sentit de nouveau son désarroi.
« Ron... Ron... c'est la fin du monde ? »
« Ca a failli être la fin de MA vie, Harry... Merde, quoi... même pas foutu d'arrêter un jeune dragon... j'en fais un fichu Auror, non ? Je ferai mieux de postuler à un poste administratif au Ministère... »
« Ta mère est revenue à la charge », constata Harry.
« Hum... »
« Ron... tu mourrais d'ennui dans un bureau... »
« Hum... »
Un silence lourd s'installa entre les deux amis.
« Et toi, Paris ? »
« Pleins de pièges... »
« Hermione m'a lu l'interview... »
Ah oui, Hermione... c'est sans doute pour ça qu'il se sent si mal... la revoir alors qu'il vient de merder à ce point... comprit Harry avant d'indiquer : « Un cadeau de Fleur... »
« Fleur ? Tu veux dire...»
« Fleur... » - confirma-t-il, avant d'ajouter : « elle est fiancée à un journaliste... »
« Merde »
« Oui »
« Fudge a dû l'avoir mauvaise... »
« Non... il était tout content de me mettre en avant... comme tu l'avais prévu... »
« Merde... Ca va quand même? »
Il y avait de la vraie sollicitude dans la voix de Ron-la-momie et Harry se sentit fondre.
« Mieux que j'aurais cru », répondit-il avec sincérité.
« Tant mieux »
« Merci »
Le silence suivant fut moins lourd.
« Hermione est là... » - reprit Ron et Harry entendit combien son ami allait avoir besoin de lui.
« Tu l'as dit... » - commenta-t-il prudemment.
« Elle était venue voir ses parents... Vacances ... et elle a rencontré Gin par hasard sur le chemin de traverse... »
Tout s'explique toujours, songea Harry, même l'incroyable...
« Elle va bien ? »
Le silence de Ron fut plus éloquent qu'aucun discours.
« Tant que ça... » sourit Harry.
La momie soupira :
« Rayonnante... Fiancée, elle aussi...avec un jeune spécialiste de l'Hermétisme... le genre qui parle de Pentateuque comme ma mère de fiches de cuisine de Sorcière-Hebdo... »
« Tu l'as vu ? » articula précautionneusement Harry après une seconde de silence.
« Qui ? Oberon ? Oui... Il est venu avec elle la première fois... sans doute curieux de voir à quoi je pouvais bien ressembler... pas du être déçu... »
« Elle... elle est repartie ? » s'enquit Harry essayant d'ignorer l'autodérision douloureuse de son ami.
« Non... elle est là encore une semaine... Ils sont au match ce soir... avec Fred et George... et Dudley aussi... »
« Ah ? Dudley ?» fit semblant de s'étonner Harry - il était au-delà de la surprise. Une espèce de fatalisme l'envahissait avec l'atroce pressentiment qu'une nasse étroite et sombre était en train de se refermer sur lui. Chacun son dragon...Mais il ne suffisait pas toujours d'être simplement sur ses gardes.
« Ouais... » confirma Ron , quittant pour la première fois la mélancolie qui marquait ses paroles depuis qu'Harry s'était assis à coté de lui. « Il est venu tous les jours me voir, tu sais, Harry... m'a apporté des cadeaux... des fleurs... des livres... »
« Super... »
« Tu sais quoi ? Il a eu une bourse... à cause du jeu qu'il nous avait montré. ;. les enfants sorciers qui font le ménage... »
« Bien » Harry eut un sourire légèrement crispé.
« Une copine à lui à fait de super dessins... très réalistes, je dois le reconnaître... »
« Réaliste ? » articula Harry avec une raideur inquiète que la momie ne remarqua pas.
« Oui, et ça, c'est grâce à moi », expliqua Ron avec une certaine satisfaction. « Il avait fait des copies de photos avec son ordinateur... il a appelé ça des... des scans, je crois... Bref, du coup, elles ne bougeaient plus et il pouvait les montrés aux Moldus... Malin, non ? »
Terrifiant...
« Des photos de Ginny et moi, enfants,... Ça nous a bien fait rire, quand on s'est reconnu sur les dessins ! »
Parce que, en plus, on vous reconnaît ?
« Maintenant, la boîte veut commercialiser le jeu... le plus vite possible... avant Noël...Il parait que c'est très rare qu'un projet d'étudiants soit retenu comme ça... Il est rayonnant... Il fait plaisir à voir !»
Une nasse étroite et sombre ? Un dragon ? Dans tous les cas, une sirène hurlante venait de se mettre en route dans la tête d'Harry et elle lui répétait qu'il n'avait que ce qu'il méritait : on ne jouait pas impunément avec les fantômes...
La suite devrait voir la réaction de Harry et s'appeler : « A bras le corps... »
