Ruptures d'un processus linéaire

Merci aux Reviewers...

Merci Alixe de rire encore.

Merci Alana d'aimer encore.

Merci Sandrine (ça faisait longtemps que je n'avais pas eu de tes nouvelles) de compatir aux douleurs de Ron et aux inquiétudes de Harry...

Godric... je ne t'attendais pas sur celle-là mais tant mieux !

Bon là, attention, ça va moins rigoler...

8- A bras le corps

« Est-ce la fin du monde, Harry ? »

Ron-la-momie lui avait retourné la question quand il lui avait fait part de ses doutes et ses réserves – pour parler poliment ! – quant aux projets de Dudley. Est-ce que Ron se rendait compte qu'ils allaient – Tous ! Toi aussi, Ron !- avoir ce 'cher' Ministère sur le dos ? Les médias magiques, leurs chefs Aurors et sans doute il en oubliait ? Ron avait haussé les épaules :

« Faut-il encore qu'il l'apprenne ! »

« Ron... le dragon t'as brûlé autre chose que la couenne ?! Ton père a-t-il passé sa vie à protéger l'artisanat moldu de la magie pour que son propre fils ignore à quel point le Ministère peut être paranoïaque et voir partout des fuites sur l'existence du monde sorcier ? »

« Ce n'est qu'un jeu, Harry... Même pas, un projet de jeu ! »

« Je ne peux pas croire que... »

« Et puis...qu'est-ce que le Ministère peut contre toi ? Contre le Survivant ? »

« Et toi, Ron ? Tu comptes leur expliquer comment avoir servi de modèle pour un jeu pour enfants Moldus ? » - contre-attaqua Harry, s'échauffant devant l'apparente indifférence de son ami. Il fallait bien reconnaître que son visage entièrement bandé n'aidait pas à sentir ses vraies émotions.

« Comment pourra-t-il prouver que c'est Gin et moi les modèles ? » - objecta plutôt calmement ce dernier.

« Tu veux vraiment que je te réponde ? »

« Allez Harry, ça s'arrangera...c'est pas la fin du monde ! »

« Non... sans doute que non... mais c'est le début des emmerdements... »

C'est encore fort de cette conviction que Harry s'engouffra dans les toilettes pour homme de la station de métro la plus proche de l'hôpital magique. Ignorant les regards curieux de la dame pipi et les conversations d'ivrognes affalés dans les pissotières, il s'enferma dans une des cabines et passa ses options en revue.

Sa première tentation était la plus radicale : transplaner dans le pub magique le plus proche et noyer son angoisse dans le whisky de feu... Sauf qu'il n'était pas à proprement parler angoissé. Non. Il se sentait presque serein maintenant que la menace diffuse qu'il sentait depuis des semaines se précisait. Il n'avait pas peur des complications qui s'annonçaient mais il s'inquiétait juste de ne pas encore avoir comment y répondre... l'inaction et l'attente avaient toujours eu le meilleur de lui-même. Pour le meilleur et pour le pire... mais il ne s'attarda pas sur des pensées qui risquaient encore une fois de faire défiler devant ses yeux tous les fantômes qu'il redoutait. Non, aucune dose d'alcool n'y changerait rien, décida-t-il.

La seconde option était de rentrer chez lui et de mouliner son agacement toute la nuit... et résister jusqu'au matin – si Dudley rentrait, mais pourquoi ne rentrerait-il pas ? – à la tentation de l'entraîner dans une conversation qu'il ne savait pas encore comment mener.... Chouette programme ! Il le repoussa rapidement. Il ne sentait prêt ni pour la solitude, ni pour la confrontation. Pas encore.

Il soupira assis sur la lunette douteuse des toilettes et ne leva même pas la tête lorsque quelqu'un, au dehors, secoua la poignée plusieurs fois avant de s'éloigner en grognant. Il ne lui restait qu'une troisième solution. La seule qui rendrait l'attente supportable. Mais il hésitait à la mettre en œuvre...

Pouvait-il débarquer à près de minuit chez Parvati ? Elle devait être fatiguée elle aussi. Cinq jours à Azkaban n'avaient rien de vacances ! Et elle s'était en plus occupée de Ron ! Mais bon justement, hein, peut-être qu'elle aussi avait besoin de lui ? Ne l'avait-elle pas cherché ce soir ? Il repensa à son message « Rejoins-nous...Ne t'inquiète pas... » Avant un mélange d'espoir et d'inquiétude, il murmura l'incantation qui l'emmena au pied de son immeuble.

Oo

« Harry ! »

Objectivement il l'avait réveillée. Ses cheveux emmêlés, ses yeux gonflés de sommeil et son peignoir enfilé à la hâte - Harry nota la baguette dans sa main ; les Aurors restent des Aurors même quand ils ne sont pas en service...

« Désolé Parvati... je te réveille...»

« Non, non... je veux dire... oui, tu me réveilles mais tu as bien fait de venir... je m'inquiétais de ... Mais entre !»

Ils se turent jusque dans le salon où Parvati s'effondra un instant sur le canapé pour se relever tout de suite en demandant s'il avait dîné. Harry se sentit bête devant tant d'attention :

« J'ai pas faim merci... Je suis pas passé à la Division en rentrant, c'est...»

« Oui, Tonks m'a dit... Elle était désolée pour Ron... Je vais quand même faire du thé... Tu connais le thé masala ? »

Il vint s'accouder au comptoir pour la regarder s'affairer dans sa minuscule kitchenette. Etait-ce parce qu'il n'avait jamais vécu qu'avec des garçons ou était-ce parce qu'il était amoureux ? Il s'émut de la voir faire bouillir l'eau et lait, d'ajouter les épices et se soucier de ce que les deux tasses soient assorties.

En tournant la cuillère dans son thé, Harry demanda :

« Alors ? Ta semaine ? »

Une ombre passa sur son visage.

«Tu sais, Harry... Azkaban... Azkaban... c'est l'enfer... »

Harry pensa au visage de Hagrid après son court séjour, aux yeux hantés de Sirius et il opina gravement.

« Vraiment... c'est... » continua-t-elle sans le regarder, « je sais que ce sont des criminels mais...»

« ... c'est inhumain ?» proposa Harry

« Oui... » La jeune femme but une longue gorgée de thé brûlant avant d'ajouter : »Tu sais moi, j'ai jamais été très... je ne me suis jamais sentie très concernée par la statut des Elfes ou les droits de Gobelins ou... »

« Celui des loup-garou ? » proposa Harry presque à son insu

Les yeux noirs de Parvati le jaugèrent avant de reprendre :

« J'ai toujours beaucoup aimé le professeur Lupin, Harry... »

« Je... »

« Mais ce que je veux dire, c'est que tout ça, tous ces débats me sont revenus à Azkaban ... je me suis dit que c'étaient les sorciers, avec leur intolérance et leur suffisance, qui étaient inhumains»

« Eh bien, dis moi !... »

« Oui Harry, je sais que ce que je dis est grave.... Et je me demande si je peux rester un Auror dans ces conditions...Est-ce qu'on peut défendre un système quand on le juge aussi pourri ? »

Bienvenue au club ! pensa-t-il mais il se contenta d'un bref : « Hum... »

« Tu y crois toi, Harry ? » Il y avait tant d'espoir et de désespoir mêlés dans ses yeux que Harry reposa sa tasse fit le tour du comptoir et vint l'enlacer :

« Je ne sais pas Parvati... Si tu savais comme je ne sais pas ! »

« Pourtant... »

« Pourtant quoi ? Je suis le Survivant, c'est ça ? ... Mais Voldemort, en terme d'enfer, était hors catégorie... »

« Bien sûr... »

Harry sentit plus ou moins qu'il ne pouvait pas en rester là.

« Maintenant... je peux te répondre ce que me dis Lupin à chaque fois que je lui tiens des propos du genre des tiens... 'Je ne me cache pas parce que j'en ai envie, Harry mais parce que je n'ai pas le choix... Je ne leur donnerais pas la satisfaction de disparaître avant mon temps... Maintenant, si quelques-uns peuvent se battre de l'intérieur pour changer les choses, alors ils doivent le faire... »

« Waow... Mais ça, ça marche pour toi Harry... moi ... »

« Toi ET moi, on est des Aurors et la manière dont on fait notre boulot doit faire une différence... Enfin j'espère... »

Elle se resta silencieuse contre lui.

« Tu vas t'engager en politique, Harry ? »

« M'engager !? Mais m'engager auprès de qui ? Qui aujourd'hui a le courage de remettre quoi que ce soit en cause ? Même la mort de Voldemort n'a rien changé ! »

Et la mort de Dumbledore n'aide pas, pensa Harry. Etait-ce parce que le vieux sorcier étaitt mort dans son lit ? En tout cas la communauté magique l'avait promptement rangé dans la longue liste des sorciers disparus... et si ses yeux pétillants apparaissaient encore sur les chocogrenouilles, Harry pensait que les enfants le croyaient aussi ancien de Circé.... Non, la communauté magique lui paraissait aujourd'hui vide d'hommes ou de femmes d'envergure... Un temps pour les Malefoy et autres Fudge.

« Ca ne changera pas parce que deux petits Aurors ont des scrupules dans leur coin ! » objecta Parvati.

« Quoi ? Toi, tu veux que j'aille faire le malin devant les journalistes et que je demande la place de Fudge ? »

« Pourquoi pas... Qui d'autre à la légitimité ? Qui d'autres peut dire 'Hé les gars, j'ai failli mourir pour votre système pourri alors vous allez m'écouter deux minutes !' »

Harry rit malgré lui.

« Tu ferais une super conseillère en communication, Parvati ! »

« Ha ouais ? Tu veux continuer à donner toute ta vie des interviews qui ne veulent rien dire à moins d'avoir une âme d'archéologue ? »

Harry la dévisagea avec stupeur, sidéré qu'elle ait si bien lu entre les lignes.

« Tu n'es pas Auror 'pour servir ta communauté', Harry, tu es Auror parce que tu n'as pas fini ce que tu as commencé... » explicita-t-elle le rouge au joues ;

« C'est à dire ? »

« Ca suffit pas de tuer Vol... Voldemort... ce n'est que le début... »

Que le début ? Se rendait elle compte combien Harry avait déjà laissé de plumes à ce 'début' ? Il ne restait au jeune homme que la dérision – une arme qu'il empruntait de plus en plus, il s'en rendit alors compte :

« Vaste programme... »

Elle rit : « Laisse tomber Harry, je sais pas trop ce qui me prend... sans doute Azkaban... m'a enlevé toute envie de légèreté pour un bon moment, je crois...Je vois tout en noir...Viens... »

Le jeune Auror s'exécuta, relativement soulagé de la voir s'éloigner de conversations si sombres et si inhabituelles entre eux. De fait, tout deux restèrent dans les minutes qui suivirent silencieux, laissant leurs corps et leurs sens prendre la suite, sans plus se soucier un instant de l'avenir de la communauté magique de Grande-Bretagne. Ils finirent par s'endormir là où ils étaient, intimement enlacés sur le canapé. Dans un dernier instant de lucidité, Harry fit venir sur eux une légère couverture.

Pourtant, malgré la présence apaisante de la jeune femme, il se réveilla bien avant l'aube. Il essaya de rester immobile contre elle, de laisser sa douce chaleur lui offrir le rempart de la vie contre ses fantômes favoris...Sans résultat...Il finit par se dégager très doucement de son étreinte pour se lever dans la lumière grise. Il retrouva à tâtons son pull qu'il enfila et vint ainsi contempler le lever du jour par la grande baie du salon...

La ville à ses pieds lui parut étrangement calme par rapport au bouillonnement intérieur qui l'animait. Pouvait-il laisser Dudley continuer sans intervenir ? Comment intervenir ? Devait-il aller plus loin qu'il ne l'avait déjà fait pour le futur de la communauté magique ? En avait-il les capacités ? Fudge était-il aussi dangereux dans son genre que Voldemort ? Et pouvait-il même espérer remporter une quelconque bataille politique contre lui alors qu'il n'était même pas capable de régler la situation dans laquelle l'imprudence de son cousin et de son meilleur ami - sans parler de la sœur du dernier – allait immanquablement les jeter...

Il en était là dans ses pensées moroses lorsqu'une tâche blanche se détacha dans la brume grise matinale. Une tâche blanche qui partageait sa vie depuis près de onze ans maintenant, une tâche blanche qui fondit résolument sur lui quand il ouvrit, avec toute la discrétion possible, la fenêtre pour l'accueillir. Hedwige lui fit fête avec un entrain que Harry ne put qu'apprécier. Il se rendit compte qu'il ne s'était pas étonné de la voir chez lui plus tôt et s'en voulut un peu. Il la caressa donc doublement et l'amena dans la petite cuisine où il lui servit un verre de jus de citrouille qu'elle accepta avec un petit hululement distingué. C'est alors seulement qu'elle lui tendit sa patte chargée d'un parchemin qu'il détacha immédiatement :

« Harry, je suis à Londres. Est-ce que tu aurais un peu de temps pour moi ? Hermione »

Décidément, pensa Harry, le courrier ces temps-ci n'est pas en mal de surprise.

Il retourna plusieurs fois le parchemin dans ses mains avant d'y répondre.

« Je n'ai pas cours ce matin. Comme le Chemin de Traverse serait peu discret que dirais-tu de se retrouver à Hyde Park...vers 10 heures devant les Cygnes... J'aurais une grande cicatrice en forme d'éclair sur le front. Harry »

Hedwige râla un peu quand il attacha la réponse à sa patte mais elle s'envola sans discuter quand il ouvrit la fenêtre.

« Ce serait bien que tu reviennes avant que Parvati ne parte... vers 9 heures... après je serais à la maison » lui chuchota-t-il en la lançant dans les airs. Il la regarda s'éloigner jusqu'à qu'elle disparaisse totalement de son champ de vision. Jusqu'à ce que des mains tièdes viennent sous son pull et qu'une voix douce lui murmure :

« A quoi rêves-tu ? »

« Bonjour, Parvati... je t'ai réveillée une seconde fois ? »

« Non... pas vraiment... café ? »

« Je peux le faire si tu veux... »

« Oh... d'accord, je vais me doucher... »

Harry prépara avec soin un petit-déjeuner consistant pour eux deux et le sourire appréciateur de Parvati le valait. Ils s'assirent tous les deux autour de la table basse du salon. Harry raconta sa semaine parisienne et les manoeuvres de Fleur – sans mentionner qu'elle l'avait elle aussi incité à embrasser une carrière politique. Parvati lui donna des nouvelles de leurs camarades Aurors, des couples qui se faisaient et se défaisaient, des rumeurs de couloir et des prochains concerts intéressants qui devaient se dérouler à Londres. Ils attaquaient les pronostiques pour la prochaine saison de Quidditch lorsque Hedwige revint. Harry se leva immédiatement, ouvrit le message et sourit.

« De qui est-ce ? »

« Hermione... »

« Hermione ? »

« Elle est à Londres... »

« Oui je sais... mais... mais Harry... tu sais qu'elle est fiancée ? »

« Oui »

« Et Ron.. ? Enfin... »

« Parvati, Ron est mon meilleur ami et Hermione, ma meilleure amie... ça fait un moment qu'ils ne sont plus ensemble ça ne m'interdit pas de les voir... séparément... »

La jeune femme hocha la tête, peu convaincue et posa son verre de jus d'orange dans sa tasse. Elle se leva et posa ses couverts dans l'évier. Elle allait devoir partir, Harry le savait, suivre des cours supplémentaires de potions car elle voulait se spécialiser dans l'étude des scènes de crime magique.

« Je la vois ce matin... »

« Tu me raconteras ? »

Il sourit

« Bien sûr »

« Bon ben j'y vais, tu claqueras la porte derrière toi ? »

« Tu prends pas plus de précaution que ça ? »

« Essaie donc de la rouvrir, et tu verras ! »

OOo

La brume ne s'était toujours pas dissipée sur Hyde Park à 10 heures. Harry remonta le col de son blouson et souffla sur ses doigts engourdis. Il avança à grands pas vers le petit étang sur lequel glissaient imperturbables les cygnes. Il la vit avant qu'elle ne le voie, emmitouflée dans une grande cape peu moldue et une grande écharpe de laine. Ses cheveux bruns étaient ramenés dans un chignon précaire retenu par une grosse barrette. Il s'avança sans bruit et posa sa main sur son bras. Elle sursauta :

« Oh ! Harry !... Tu m'as bien eu ! »

« Tu rêvais... » - répondit-il avec un sourire affectueux.

« Oui », reconnut-elle.

« Tu es venue seule ? »

« Tu parles d'Oberon ? »

« C'est vraiment son nom ? »

« Oh oui, tu sais, nous ça nous paraît bizarre mais, pour ses parents... ses parents sont très fiers de leurs origines irlandaises... »

Harry sourit.

« Ron t'as parlé de lui ? »

« Il a mentionné sa présence »

Hermione soupira :

« Je ne sais pas si j'ai bien fait... Oberon s'est présenté comme mon fiancé... et c'est... c'est un peu abusif... Il a très envie que ça s'officialise... »

« Et toi ? »

« Hum... j'espère que Ron rencontrera quelqu'un de moins compliqué que moi... »

Elle avait un air tellement sincère que Harry explosa de rire :

« Tu fais mieux de dire des choses pareilles à moi parce que Ron, ça lui aurait encore brûlé le cœur ! »

La brunette soupira de nouveau.

« Tu sais... l'Hermétisme ça me semble plus simple que le cœur humain... »

« Sans doute », répondit Harry avec circonspection. « Et sinon ? La vie là-bas, ça va ? »

« Oui Harry... je te l'ai écrit plusieurs fois... ça va et c'est vrai. »

« Tant mieux »

« Et toi ? »

« Moi aussi, je t'ai écrit... »

« Toi, tu m'as écrit que Ron était malheureux, que Parvati était joli, que Tonks était lunatique, Fudge mielleux, ton cousin, surprenant... tu m'as donné des nouvelles de tout le monde sauf de toi ! »

« Pas vrai ! Parvati et Dudley sont des nouvelles à part entière, non ? »

« OK... Les deux sont deux très bonnes nouvelles ! » Remarquant la grimace de Harry, elle ajouta : « Oui, Dudley est une bonne nouvelle Harry ! C'est ce qui pouvait se passer de mieux, non ? »

« Tu crois ? »

« Tu aurais voulu quoi ? Ton oncle à genoux devant ta porte ? »

« Bien sûr que non ! »

« Tu vois ? »

« Hum.... Est-ce que tu sais qu'il vient de mettre au point un jeu moldu qui représente Ginny et Ron en train de ranger leur chambre ? »

« Il me l'a montré... en fait, il nous l'a montrés lorsque nous avons dormi chez toi, Oberon et moi»

Vous avez quoi ?

« Oberon aussi ? »

« Oui... dans ta chambre... ça t'embête pas ? »

Harry préféra ne pas chercher à se construire une image mentale de la scène. Jamais, décida-t-il, jamais Ron ne devrait savoir...

« Non, tu penses », mentit-il assez mal.

Hermione soupira :

« Oberon est fan de ce type de jeu ! Ils ont parlé toute la nuit ! »

« Oberon est fan de ce type de jeu ?! »

« Oui... il a fréquenté une école moldue enfant...bref... il lui a dit que c'était une mauvaise idée de coller tant que ça graphiquement à l'univers magique... que ça allait vous attirer des ennuis et qu'en plus aucun Moldu n'y croirait... Il devait en reparler avec sa copine graphiste... je crois qu'il a dit qu'il allait l'orienter vers un univers plus 'mangas' si ça te dit quelque chose... »

« Non »

« Moi non plus mais Oberon a dit que c'était une bonne idée ! »

« Si Oberon le dit... »

« Harry... Harry... je sais... Il n'est pas aussi pédant que Ron a dû te le présenter... »

« Ca c'est possible... » reconnut Harry - se demandant intérieurement pourquoi il était aussi agacé de voir que le problème qui l'avait empêché de dormir était proche de recevoir sa solution. Sans qu'il n'y ait rien, fait ! Et Parvati et Fleur qui le voulaient Ministre !

« Tu sais, aux Etats-Unis, beaucoup de Moldus pensent vraiment que la magie existe - surtout la magie noire... ou que des extra-terrestres dirigent le monde, où qu'un complot mondial veut les faire disparaître... Ce jeu passerait complètement inaperçu ! »

« Oui mais nous ne sommes pas aux Etats-Unis et je suis le cousin du concepteur... »

« Harry, tu sais ce qui est un problème c'est que tu cherches tellement à ne pas faire de vagues...»

« Ah non, pitié, hein, si tu veux me dire que je n'ai pas assez d'ambition, prends un ticket parce que pour cette semaine tous mes moments libres sont pris par le même thème ! »

« Ce n'est pas une question de se porter candidat au poste de Ministre ! » Un jogger qui passait devant eux, se retourna à ces mots. Sans doute les trouvait-il tous les deux trop jeunes pour être ministre, pensa Harry. Et il a bien raison. « C'est une question de ne pas te laisser assiéger par les problèmes, de ne pas te laisser te limiter...Je vais être honnête, Harry... Ron, sa bonne humeur et son manque de patience, était une limite pour moi... Enfin.... Bref...Toi, à vouloir faire oublier que tu as une cicatrice qui te barre le front, tu n'auras que plus d'ennuis ! Tu laisses croire à Fudge qu'il a barre sur toi... »

« Je fais quoi alors, je démissionne et je pars en Ecosse avec Lupin ? »

« Non... tu arrêtes de t'excuser d'avoir tué Voldemort... tu écris un livre sur le monde dont tu rêves... tu trouves des gens pour en faire une cause.... Tiens Justin qui est un jeune avocat qui monte et qui finira bien par faire de la politique, par exemple... Tu crées une fondation pour le soutien des loups-garous et des elfes libres.... Enfin je sais pas »

« Ah ben si visiblement... » Il rit : « Parvati et toi, vous feriez une redoutable équipe pour virer Fudge et me mettre à sa place... »

« Pourquoi pas Harry ? »

« Mais ça ne m'intéresse pas ! »

« Menteur ! »

« Je suis trop jeune ! »

« Ils avaient quel âge tes parents quand ils ont choisi de mourir face à Voldemort ? »

Harry ouvrit la bouche pour rétorquer avec vigueur mais aucun son n'en sortit. Non ça ne pouvait pas être vrai !? Ses amis n'allaient pas se mettre à pactiser contre lui avec ses fantômes ?

OOO

La suite pourrait s'appeler 'Un monde de rêve'... bien que j'hésite encore sur plusieurs évolutions possibles... Encouragements bienvenus...