Ruptures d'un processus linéaire…

Ce qu'en fera JKR n'appartient qu'à elle…

Chapitre où la samba commence (spéciale dédicace à Thamril !), et qui a été soigneusement relu par Alixe, Fée Fléau et Alana Chantelune… Grand merci à elles trois…

Je reconnais d'ailleurs, chère Alana Chantelune, que la soirée du précédent était totalement gratuite, une parenthèse avant le combat… J'ai pas mal la frousse d'écrire ces chapitres-là, en fait… Plus à l'aise dans les sentiments que dans le thriller politique mais challenge, challenge, je m'y mets….

Mais y'en a qui aime les soirées électriques, Alixe, les potions anti gueule de bois, Youpala, les Ron fatigué, Fée Fléau, ou Harry habillé mannequin de mode, Crys… Mouarf, non ?

Merci à Ce baratineur de charme de remarquer que Fénoire est bien tenue en laisse ces temps-ci…. Bon, elle se venge sur mon autre fic du moment : L'inné et l'acquis… Et j'ai sans doute laissé tomber les versions les plus pessimistes qui pouvaient traîner dans mon esprit tordu…

Merci à Bartimeus qui a enfin trouvé dans mes écrits une fic qu'il ait envie de lire jusqu'au bout… enfin, on verra…

Lunenoire…. Un peu dangereux ?… hum, on va voir les conséquences dans deux chapitres si je ne change pas d'idées…

Où ça nous mène ? Hinkyponk, et b'en là, déjà….

17 – Les félicitations de Fudge

Aucun des trois Aspirants Aurors, malheureusement, n'avait pu assister au lancement des mémoires de Remus Lupin au siège des Editions Lovegood, car ils étaient tous de service ce jour-là. Et Justin avait catégoriquement interdit à Harry de prendre des congés pour y aller.

« Harry, Fudge est un crétin, mais j'aimerais qu'on ne l'aide pas trop quand même », avait-il insisté, résistant de manière impressionnante aux yeux verts furibonds et aux sourcils noirs froncés.

Le jeune homme en avait donc été réduit à accompagner Tonks dans une ennuyeuse confrontation avec des marchands iraniens qu'ils soupçonnaient d'introduire des tapis volants interdits sur le territoire sous couvert de commerce avec les Moldus. Comme le marchand était d'une mauvaise volonté marquée, toute amabilité orientale prise en compte, Harry avait fini par exploser et le coller sans ménagement contre le mur, en le menaçant de venir le chercher personnellement par la peau des fesses la prochaine fois que quelqu'un serait pris circulant sur un tapis.

« T'as intérêt à ce que personne ne tombe de ce tapis, je suppose que tu l'as déjà compris ! » avait-il grondé, coupant court aux tentatives de conciliation de l'homme.

Désireux d'augmenter l'espace dans lequel il pouvait respirer, le marchand avait fini par admettre « servir parfois d'intermédiaire entre certains de ses clients et des fournisseurs un peu spéciaux… » En sortant du magasin, l'adresse du contact des fameux fournisseurs à la main, Tonks avait sobrement commenté :

« Je ne savais pas que la sécurité aérienne te tenait tellement à cœur !»

Harry s'était renfrogné, puis avait grommelé :

« J'ai une certaine affection pour la transparence en ce moment… »

Ils avaient ensuite dû interrompre leur enquête car le Doge de la Libre République magique de Venise, Don Tiziano Cimballi, était à Londres et tous les Aurors devaient sécuriser sa visite sur le Chemin de Traverse. Harry avait eu la demi satisfaction de pouvoir ainsi entrevoir Parvati et Ron et d'échanger avec eux des regards impatients. Il avait aussi essayé d'écouter les conversations autour de lui pour voir si la conférence de presse avait déjà des échos dans la foule. Il avait bien sûr été déçu.

Les trois Aspirants Aurors avaient donc dû ronger leur frein et continuer leurs activités comme si de rien n'était. Leur impatience n'avait fait que croître dès lors qu'ils avaient été sûrs que la conférence devait être finie. Elle était devenue si visible à la fin de la journée que Conrad Wind avait fini par s'exclamer, s'adressant à Harry et Ron qui n'arrivaient pas l'un plus que l'autre à se concentrer sur leurs rapports respectifs et prenaient toutes les excuses de se déplacer dans le Département :

« Dites donc, Potter et Weasley, y a un match de Quidditch secret ce soir ou quoi ? Vous ne tenez pas en place ! »

Ron avait rougi et s'était immédiatement rassis. Harry avait choisi de sourire mais quand il avait regagné sa place, il avait bien senti le regard inquisiteur de Tonks sur lui. Il s'était alors prudemment enfoui dans le recensement des tapis confisqués les douze derniers mois sur le territoire du Royaume-Uni. Quand ils étaient enfin sortis du Ministère, la nuit régnait déjà et Seamus leur avait proposé d'aller boire une bière pour enterrer cette longue journée.

« Oh », s'était excusée Parvati, « je… je crois que je suis trop crevée pour supporter du monde… moldu ou sorcier ! »

Harry avait posé sa main sur son épaule comme pour dire qu'il l'accompagnerait où qu'elle aille et Seamus avait tourné ses espoirs vers Ron qui avait hésité un instant. La prudence aurait sans doute voulu qu'il se joigne à Seamus, mais l'envie de savoir avait sans doute été la plus forte :

« Demain, Seamus, demain… Moi non plus, je tiens plus debout », avait-il fini par dire, les oreilles assez peu rouges finalement vu la taille de son mensonge.

00

Quand les trois jeunes Aurors arrivèrent à l'appartement, Remus, Justin, Luna et Dudley discutaient calmement autour de la table de la cuisine.

« Eh bien, si j'en juge par l'heure à laquelle vous rentrez, la paix ne règne pas sur la communauté magique ! » avait lancé Lupin, visiblement détendu.

Ça s'est bien passé, comprit Harry, et, quand la vague de soulagement le submergea, il se rendit compte de combien sa poitrine avait été contractée depuis des heures.

« Le Doge de Venise », avait expliqué Parvati, avec une moue d'autodérision.

« Sans compter la paperasse », avait ajouté Ron, fataliste.

« Oh, le Doge bien sûr ! L'éditeur italien m'en avait parlé hier », intervint doucement Luna, « Au début, j'avais peur que ça mobilise trop largement la presse… mais en fait, comme le Doge a pris ce matin devant le Magenmagot une position en faveur des loups-garous… »

« …'injustement écartés de la vie quotidienne de la communauté britannique', je cite », intervint Justin avec un petit sourire.

« …on a finalement eu plus de monde que prévu », termina Luna, visiblement ravie.

« Dommage que je sois trop vieux pour apprendre l'italien », sourit Lupin, les yeux dans le vague.

« Mais pas pour attaquer le ministère britannique de la Magie », osa Justin.

« Oh ça », le vieux loup-garou eut un petit haussement d'épaule étonnement jeune. « C'est pas moi qui attaque ! »

Harry lui sourit, en confirmant : « Oui, place aux jeunes ! »

« Bon, alors, racontez ! » s'agaça Ron.

000

Le lundi matin quand Harry se leva, Janus, le hibou de Tonks frappait à la fenêtre de Parvati.

« On passe en audience ce matin sur l'affaire du laboratoire clandestin. Rejoins-moi au Magenmagot. N. T. »

« Elle ne dit rien de la presse du week-end », remarqua Harry à haute voix.

Sur la table du salon, les exemplaires de la Gazette et du Chicaneur s'étalaient encore. Sur le premier, en première page, on pouvait lire : « Coup de griffes contre le Ministère britannique de la magie ». En marge de l'article sur les prises de positions du Doge de Venise, un entrefilet, parlait de la sortie de « 25 jours d'humanité », présenté comme un texte intéressant mais « douloureusement émotif » et mêlant « inutilement le nom de Harry Potter avec celui d'un obscur et malheureux professeur de Défense Contre les Forces du Mal, Remus Lupin ».

L'auteur de l'article se demandait s'il fallait réellement s'émouvoir du fait qu'un loup-garou n'ait pas été autorisé à enseigner à des enfants et si le jeune Harry Potter, non content de devoir pleurer la disparition tragique de ses parents, ne trouvait pas les soi-disant vieux copains de son père envahissants. « Nous augurons que Harry Potter, qui finit à cette heure une formation d'Auror, traitera par le mépris cette provocation de mauvais goût », concluait le journaliste.

« Encore un qui te connaît bien », avait résumé Parvati, avec un soupir.

« Un 'soi-disant' vieux copain de ta mère peut-être ? » avait demandé suavement Ron.

Le Chicaneur était évidemment moins dubitatif. L'auteur parlait d'un « témoignage de poignant », d'une « révélation courageuse » et fustigeait en termes relativement clairs « les dérives d'un système qui nie les avancées de la science magique et les expériences menées dans d'autres pays pour rejeter dans l'animalité des êtres humains et sensibles… »

« Là, bonjour les violons ! » avait maugréé Ron.

« C'est qui Ludmilla Linden ? » avait demandé Harry.

« Moi », avait reconnu Luna très calmement, et les deux amis s'étaient empourprés à la grande joie de Lupin. Le commentaire de la presse avait été la grande affaire du week-end. Sorcière-Hebdo avait demandé un entretien à Remus ainsi que le magazine littéraire « Runes ». Justin était satisfait.

« Tu crois qu'elle n'a pas lu la presse ? » insista Harry en se tournant vers Parvati qui finissait de s'habiller.

« M'étonnerait, mais avec Tonks…. En tout cas, elle sait où tu dors », répondit la jeune femme.

« A qui la faute ? » remarqua Harry, plus tendu qu'il ne s'y attendait lui-même.

Parvati ne répondit rien et sembla se concentrer sur l'enfilage de hautes bottes de cuir noir. Harry attendit qu'elle lève de nouveau les yeux vers lui, partagé entre la fascination que suscitait en lui la progression de la fermeture Eclair sur le mollet fin et l'exaspération que lui inspirait le silence de la jeune femme.

« Je ne vois pas ce que je pourrais te dire pour que tu te sentes mieux », dit-elle très lentement. « Ce n'est que le début Harry, va falloir tenir le coup… Je veux bien encaisser tes crises d'angoisse mais… »

« Je suis désolé !»

Elle haussa les épaules et ramena ses cheveux derrière sa nuque dans un geste que, et Harry le découvrit alors, il avait appris à aimer.

« Concentre-toi sur ton boulot, Harry, faut que tu sois irréprochable… Le procès… »

«…c'est le boulot de Justin, je le paie pour ça, je sais. Le livre, celui de Luna, L'auteur, c'est Remus et ceux qui s'en prendraient maintenant à moi en seraient pour leurs frais… Ça va, je crois que je le sais par cœur… vous avez réussi à faire pénétrer ça dans ma mémoire… »

Elle sourit, se leva et vint tout près de lui.

« Faut bien que j'aie ma part de boulot, moi aussi, non ? »

000

« Eh bien, encore heureux qu'on passe pas les premiers ! J'ai failli attendre ! »

« Désolé ! » souffla Harry encore essoufflé de sa course dans les couloirs du Magenmagot.

Tonks haussa les épaules.

« Je demanderai à Noon si Patil aussi était en retard », le menaça-t-elle.

« Pas la peine », répondit Harry, fataliste. « La réponse est oui »

« Hé, vous deux, va falloir… »

« Mais pas pour ce que tu crois !»

« Non ? »

Harry se sentit rougir.

« Ecoute… »

« T'as un de ces culots, Potter ! Tu crois que je vais fermer les yeux inlassablement sur… »

« Affaire ministère de la Magie contre Melanion Alexander », annonça alors un huissier au bout du couloir.

Tonks attrapa Harry par l'épaule et le poussa devant elle :

« On en reparlera… »

Harry la suivit en silence dans la salle d'audience, repassant mentalement les éléments du dossier sur lesquels il pouvait être amené à témoigner. Concentre-toi, Harry, concentre toi, s'ordonna-t-il en entrant dans la haute salle du Magenmagot. Ce n'était pas le moment de repenser à cette audition, loufoque si elle n'avait pas porté en elle tant de conséquences tragiques ! Pas le jour de revivre ce moment où il avait failli être expulsé de Poudlard ! Pas le moment de se dire qu'il aurait alors toujours pu aller se réfugier auprès de son parrain dans la vieille et immense demeure des Black…. Pas le moment de jouer avec le passé, les « si » et les lignes parallèles du destin… C'était le moment d'être professionnel, froid et tourné vers l'avenir !

Ce n'était pas la première fois qu'il venait à une audience, ni la première fois qu'il pouvait être amené à témoigner en tant qu'Auror, mais c'était sans conteste l'affaire la plus importante à laquelle il avait été mêlée - et la première fois qu'il se disputait avec Tonks juste avant d'entrer dans la salle. Le conseil de Parvati paraissait étonnamment d'actualité. Vu l'humeur de Tonks, il avait intérêt d'être à la hauteur ! Ils avaient bossé des semaines sur cette affaire, fallait au moins que les charges soient retenues !

Les gradins étaient étonnamment pleins pour une audience préliminaire et il ne put s'empêcher de se demander ce qu'il en serait si la demande de réouverture de Justin était reçue. Une nouvelle fois, il s'intima de bien sérier ses pensées et s'assit sagement à côté de Tonks après avoir salué les deux magistrats – un homme et une femme. « Dexter Leberecht et Shanna Rivers, on aurait pu tomber plus mal », commenta Tonks sur un ton qui montrait qu'elle avait pour l'heure refermer le dossier de ses griefs.

Leberecht présenta l'affaire. Mélanion Alexander avait fait de brillantes études de potions à l'Université d'Oxford. Il avait ensuite travaillé chez différents maîtres de potions de part l'Europe, avec une nette spécialisation vers les potions paramédicales. Rentré en Angleterre depuis dix ans, il avait monté une première école privée de potions qui n'avait pas rencontré le succès escompté, puis il avait travaillé sur le Chemin de Traverse dans divers ateliers, avant de disparaître de la circulation pendant deux ans, pour rouvrir six mois plus tôt un modeste atelier de potions cosmétiques qui avait réussi à perdurer. La Division d'Application des Lois magiques venaient de le fermer en l'accusant de servir de façade à un atelier clandestin aux pratiques discutables, écoulant qui plus est une partie de leur production sur le marché moldu…

A la demande de Shanna Rivers, la magistrate qui présidait les débats, Tonks se leva pour présenter les éléments qui liaient le laboratoire clandestin au laboratoire cosmétique Alexander, ainsi que les éléments transmis par la police moldue quant à l'existence d'un marché parallèle de produits aux vertus aussi vastes qu'inquiétantes : anabolisant, aphrodisiaque, régénérant, rajeunissant, amaigrissant… et dopant en tout genre. Les deux magistrats prirent des notes et posèrent quelques questions, notamment pour éclaircir la mention par Scotland Yard d'un commerce apparemment juteux des produits Alexander vers des équipes de vélo de course. Ni Rivers, ni Leberecht ne semblaient bien concevoir le concept de courses cyclistes. Mais, dans l'ensemble, ils avaient l'air convaincus. Et c'est l'air sévère qu'ils avaient appelé à la barre Graham Lloyd, l'avocat d'Alexander.

Ce dernier ne chercha pas réellement à nier le commerce moldu et la liaison entre l'atelier clandestin et l'atelier officiel. Il plaida sur l'énormité des taxes qui pesaient sur les salaires des maîtres de potion employés et sur la quasi-nécessité de recourir à du travail non déclaré pour être concurrentiel par rapport aux produits proposés par les fabricants africains et asiatiques. Harry remarqua que certains journalistes prenaient des notes et que certains sorciers de l'assistance soutenaient cette vision de la citadelle économique assiégée.

« Et les poils de loup-garou, c'est moins cher que ceux de castor ? » grommela-t-il à l'intention de Tonks, revenue à ses côtés. La jeune femme posa un doigt furtif sur ses lèvres qui pourtant esquissèrent un sourire.

« Fais confiance à Rivers et Leberecht… pas le genre à laisser tomber ! »

La magistrate levait d'ailleurs la main pour interrompre l'avocat :

« Le Magenmagot n'est pas certain qu'il est de ses attributions de juger du fonctionnement de l'économie… et sans doute ce sujet sera soulevé de nouveau par Maître Lloyd si les charges sont retenues… Pour l'heure nous voudrions revenir sur le fonctionnement de ce laboratoire clandestin… Le Département d'Application des lois magiques nous signale l'emploie de substances curieuses voire interdites »

« Un mensonge éhonté, votre Honneur ! »

« Auror Tonks, pouvez-vous revenir à la barre, nous parler de ces substances ? » demanda Leberecht, petit homme sec et frêle qui semblait avoir concentré toute sa vie dans sa voix puissante et incisive.

« Bien sûr votre Honneur, néanmoins, je préférerais laisser ma place à mon jeune collègue qui a travaillé sur l'authentification de ces substances… et sur l'identification de certaines victimes. »

« Votre Honneur, quelles victimes ! Où sont les plaintes ? » - s'étrangla Lloyd.

« J'entends, Maître Lloyd », intervint Rivers de sa voix douce. « Les faits ne sont pas encore caractérisés, Auror Tonks, et il est prématuré de parler de victimes. Mais écoutons donc ce jeune collègue, où est-il ? »

Tonks se tourna avec un sourire presque narquois vers Harry.

« Je demande donc que l'aspirant Harry Potter vienne témoigner. »

A chaque fois que Harry avait été appelé à témoigner devant le Magenmagot en tant qu'Auror, l'énoncé de son nom avait toujours eu un petit effet sur l'assistance. Il y avait eu des avocats qui avaient renoncé, des accusés qui avaient avoué, une dame s'était trouvée mal une fois – mais on n'avait pas pu établir à coup sûr la corrélation entre son malaise et l'arrivée de Harry car elle venait d'apprendre que son mari la trompait depuis quinze ans…

Cette fois, Lloyd pâlit un peu – il prit une étrange teinte grisâtre qui lui donna l'air plus rébarbatif encore. Son client eut un geste fataliste vers le ciel comme pour le prendre à témoin de l'inconstance du sort. Les gradins avaient mis du temps à retrouver leur silence, bien après que Harry soit arrivé à la barre.

« Vous êtes l'aspirant Harry James Potter ? » demanda Leberecht.

« Oui votre Honneur. Je pourrai demander mon affectation définitive dans quatre mois », ajouta Harry pour souligner qu'il n'était pas seulement le Survivant, mais aussi un Auror presque de plein droit. Leberecht hocha la tête et Rivers sourit à Harry.

« Nous vous souhaitons beaucoup de succès Aspirant Potter », ajouta aimablement celle-ci. « Pouvez-nous nous parler de cette enquête sur les substances trouvées dans le laboratoire ? »

« Oui. Nous avons surveillé les allers et venues entre l'Atelier de cosmétique et l'atelier clandestin pendant des semaines, nous voulions intervenir à un moment où nous pensions pouvoir saisir une quantité suffisante de marchandises pour pouvoir lier leurs activités entre elles et aussi avec les produits retrouvés sur le marché Moldu. »

Les deux magistrats acquiescèrent, Lloyd fit mine d'intervenir mais Rivers d'un geste lui demanda d'attendre.

« Gardez donc votre salive, Maître Lloyd, laissez-nous donc pénétrer dans cette enquête… Continuez, Aspirant Potter»

« Merci. Hum. Quand nous sommes intervenus, les… les employés étaient en pleine activité, et nous avons donc pu confisquer une grande quantité de substances diverses… Beaucoup d'entre elles n'avaient rien de particulier mais… une partie a tout de suite attiré notre attention… des poils, des dents, des os… qui n'étaient pas reconnaissables... » - continua Harry, avançant doucement ces arguments car c'était après tout un des éléments les plus explosifs de ce dossier et il ne fallait pas trop en livrer pendant cette audience préliminaire.

« Objection votre Honneur ! Nous avons le plus grand respect pour l'Aspirant Potter mais nous ignorions qu'il était expert en poils, en dents et os ! » - ironisa Lloyd.

« Aspirant Potter ? »

« Je ne suis pas un spécialiste, votre Honneur », reconnut Harry, « mais les authentifications versées au dossier ont été faites par des spécialistes… des spécialistes en vie animale, d'abord, qui ont formellement écarté l'hypothèse que ces poils, os et dents puissent appartenir à des animaux… et des spécialistes en cré… » Il inspira pour continuer, « en créatures magiques qui ont, eux, confirmé que ces substances appartenaient à une liste impressionnante de créatures différentes… mais surtout, si je me souviens bien, des elfes, des Leprechauns… et des loups-garous.»

Ces derniers mots volèrent dans la pièce quelques instants avant de susciter de toutes parts des chuchotements effrénés. Rivers sortit sa baguette et lança plusieurs détonations en l'air pour ramener le calme. Leberecht la consulta du regard et demanda.

« Aspirant Potter, vous parlez de confirmation, avez-vous eu d'autres doutes pendant l'enquête ? »

« Votre Honneur, pendant notre surveillance du laboratoire, nous avions remarqué une affluence un peu suspecte d'elfes et de Leprechauns qui venaient au laboratoire… Nous pensions qu'ils venaient peut-être acheter des substances dont la délivrance leur avait été refusée dans des officines officielles mais… ce que nous avons trouvé dans le laboratoire a nourri une toute autre hypothèse… »

« Votre collègue a parlé de victimes éventuelles… » - interrogea Rivers. « Taisez-vous Lloyd, je vais vous donner la parole ! Vous avez recueilli des témoignages, Aspirant Potter ? »

« Votre Honneur, j'ai pu convaincre quelques créatures de m'avouer avoir vendu des poils, des os et des dents, des ongles aussi d'ailleurs », expliqua Harry, « mais ce sont des créatures désespérées… elles ne porteront pas plainte… »

Comme Leberecht et Rivers avaient l'air sidérés des propos de Harry, il ajouta :

« Excusez-moi, votre Honneur, mais elles n'ont pas à proprement parlé une grande confiance dans la justice magique… »

Il entendit Tonks tousser dans son dos et il se retint de hausser les épaules.

« Je vois », dit assez sèchement Rivers. « Nous allons examiner ces analyses, mais je peux déjà vous dire qu'il serait souhaitable que le Département d'application des lois magiques trouve quelques créatures assez courageuses pour étayer ses dires »

« Votre Honneur, le témoignage de créatures… » - s'élança Lloyd.

« Il est bien sûr inenvisageable d'entendre un elfe qui n'a pas de libre-arbitre, ou un Leprechauns qui est connu pour la faiblesse de sa mémoire », affirma Leberecht, avec un fin sourire rusé, « mais l'Aspirant Potter sera peut-être capable de convaincre un loup-garou de venir à cette barre… »

De nouveaux murmures s'élevèrent et Rivers leva une nouvelle fois sa baguette.

« Nous ajournons cette audience pour l'examen des preuves… M. Lloyd, je vais vous donner une copie de ce dossier ».

0000

« Et vous trouvez ça malin de faire ça maintenant ? » interrogeait Tonks alors qu'ils arrivaient au Ministère.

« Tu veux dire pourquoi ne pas attendre que tout le monde soit mort ? » demanda Harry.

« T'es un petit crétin parfois, Potter. Attendre que tu sois Auror ! »

« Il est possible que je n'ai pas très envie d'être Auror si certaines conditions ne sont pas remplies… »

Tonks grimaça.

« De tout autre que toi, je trouverais ça salement prétentieux ! »

Harry appuya sur le bouton de l'ascenseur avant d'ajouter :

« Si t'as une recette pour devenir quelqu'un d'autre, je suis preneur ».

L'ascenseur était bondé et tous les deux se turent jusqu'à l'étage du Département pour l'application des lois magiques. Tonks reprit l'offensive.

« Pourquoi t'a t-il demandé ça à toi ? Les anciens de l'Ordre auraient pu faire ça ? »

« A quel titre ? Garde rapprochée du Survivant ? »

« Harry… » - soupira son mentor avec une pointe d'agacement. Harry sentit son inquiétude pour lui et il en fut touché.

« Tonks, combien de fois tu lui as écrit les cinq dernières années ? » - insista-t-il pourtant.

« Il n'a pas répondu… » - grommela Tonks, « alors j'ai arrêté d'écrire… »

« T'es allé le voir ? »

« Ça va, Potter, ça va… T'es certainement plus proche de lui que nous mais…. »

« C'est notre bataille, Tonks, on demande rien à personne… » - asséna Harry.

Ils étaient devant les portes de la Division et ce n'était sans doute pas le meilleur endroit pour en discuter. Harry dans un geste de conciliation ouvrit la porte à son mentor qui passa raide et furieuse devant lui. Mais leur petit affrontement s'effondra de lui-même en pénétrant dans la grande salle commune, étrangement silencieuse et vide. Une voix magiquement amplifiée s'éleva du bureau de Shacklebolt :

« …. Je suis donc à la fois heureux et fier aujourd'hui de venir en personne vous féliciter de votre excellent travail… »

Harry et Tonks vérifièrent du regard qu'ils en étaient séparément arrivés aux mêmes conclusions.

Fudge…

Les félicitations de Fudge pour toutes les affaires résolues ces dernières semaines… et surtout pour l'affaire Alexander…

Tout le monde avait dit qu'il viendrait par surprise… Fudge adorait les visites surprises des services du Ministère…

Et bien voilà….

Il y avait des jours comme cela.

Avec un regard sombre l'un pour l'autre, Tonks et Harry s'approchèrent du bureau et se glissèrent dans les doubles portes ouvertes. Ils croisèrent le regard impassible de Shacklebolt. Harry saisit le regard inquiet de Parvati, il ne vit de Ron qu'une touffe de cheveux carotte qui dépassait avantageusement de la foule des Aurors rassemblés.

« … La communauté magique survivra par vos soins et votre diligence », continuait Fudge, « soyez déjà sûrs de sa gratitude… »

Un secrétaire de Fudge applaudit et tout le monde comprit que le ministre en avait terminé avec son discours. Shacklebolt se leva :

« M. le Ministre, nous vous remercions de votre confiance », dit-il, « vous aviez demandé à rencontrer l'ensemble de l'équipe qui a travaillé sur l'affaire Alexander, je vois que les deux derniers membres viennent de nous rejoindre… »

Cinq Aurors s'avancèrent au premier rang suivis par leurs partenaires stagiaires – du tout jeune aspirant Denis Crivey à Ron et Harry, qui n'avaient plus que quelques mois devant eux avant le test final. Et Harry fut certain que la lueur carnassière qui s'alluma brièvement dans le regard bienveillant du Ministre quand il les passa en revue n'avait rien d'imaginaire. Shacklebolt les présenta :

« Tonks, qui a coordonné cette enquête… Vous revenez avec Potter de l'audience préliminaire, n'est-ce pas ? »

« Oui Commandant, le Magenmagot a demandé à examiner les pièces à conviction, mais je pense qu'il n'y aura pas de problèmes », répondit la jeune femme.

Harry nota mentalement qu'elle ne parlait pas de l'injonction faite d'amener des loups-garous à la barre.

« Parfait », commenta Fudge « Et Potter est votre stagiaire, n'est-ce pas ? »

« Oui, M. le Ministre »

« Alors, dites-nous donc comment se comporte notre célébrité ! »

Ah ? Les hostilités sont relativement claires, songea Harry.

« Et bien, il a beaucoup appris en deux ans, M. le Ministre », répondit prudemment Tonks a priori étonnée de la violence de l'attaque.

« Vous le tenez à l'œil, j'espère, il a toujours été comment dire… si impétueux… nous nous sommes beaucoup inquiétés pour lui ! » continua Fudge, toujours sans même tourner la tête vers Harry.

Tonks choisit de sourire mais Harry vit clairement son regard interrogateur à Shacklebolt qui intervint :

« Les Aurors ont l'habitude de l'impétuosité… l'expérience finit toujours par la tempérer », proposa-t-il aimablement, « mais voici aussi Wind, qui a coordonné l'assaut, Pastor, qui a collaboré avec la police moldue, Quint, qui a pu démêler le vrai du faux dans les comptes d'Alexander… Et nos jeunes stagiaires. Je ne vous présente pas Potter, mais voici Weasley, Ferrer, Khan et Crivey… c'était la première opération de Crivey »

Mais les efforts de Shacklebolt furent perdus pour Fudge qui vint se planter devant Harry, après un vague sourire aux quatre autres.

« Je suis content de vous voir bien intégré et si utile à notre communauté, Harry…Deux ans déjà que vous êtes dans NOS rangs, comme le temps passe vite….Vous vous présentez quand aux épreuves finales, à la session de juin ? »

« Je l'espère M. Le Ministre », répondit Harry en se demandant comment l'homme réagirait s'il l'appelait Cornélius.

« Il faut écouter votre commandant, Harry, tempérer votre impétuosité naturelle… » - commenta Fudge d'un ton bienveillant.

« Je n'y manquerais pas, M. le Ministre », se força à répondre Harry en s'exhortant à se souvenir que les meilleures vengeances sont glacées. Fudge eut l'air content de sa réponse et accepta de suivre Shacklebolt dans la visite du Département.

Quand les huiles eurent quitté la salle, les dix félicités étouffèrent un fou rire nerveux.

« Des compliments comme cela, je m'en passe », maugréa Pastor, en quittant la pièce avec Crivey.

« Ha, Harry, je te trouve patient », renchérit Wind, « moi, à ton âge, je sais pas si j'aurais su !»

Harry haussa les épaules, touché de les sentir solidaire avec lui face à Fudge mais incapable de le formuler. Il avait l'impression, une nouvelle fois, de tracter tout le monde avec lui dans un combat de David contre Goliath ! Il n'était pas sûr d'assumer ! Il préféra donc suivre Tonks qui lui avait fait signe. Le travail, comme refuge… il n'aurait jamais crû en arriver là ! Mais, quand ils s'assirent à leur bureau, la jeune femme se pencha vers lui et murmura :

« Je retire tout ce que j'ai dit, Harry, j'espère que vous allez lui faire boire la tasse et s'il faut appuyer sur la tête…. Je serai là !»

0000

J'ai pas mal avancé dans ma tête sur cette histoire de procès, les chapitres devraient donc venir plus régulièrement…

Y'a même un début de suite, « Comme un ciel d'Irlande », où il s'avère qu'être un Auror en conflit avec le Ministère n'est pas une activité de tout repos !

A bientôt….