Ruptures d'un processus linéaire
Inspiré de JKR
Relu, relu et relu par Alixe, Alana Chantelune et Vert… c'est dire…
Youpala….
Beaucoup de détails ? Sans doute…
mais rien dont je n'ai besoin par la suite… Sinon j'ai DEJA
écrit un Tonks/Remus!… In Stellis Memoriam + L'inné
et l'acquis… Ce n'est pas dans le résumé,
mais c'est notamment un Remus/Tonks (ou vice-versa)…
Alana Chantelune, Alixe, Lunenoire…
Virer Fudge !
Virer Fudge ! On va faire des badges !
Bartiméus…
Ah non, je ne compte pas changer de
style…Mouarf…
Fée fléau…
Même sans ta review, je
pensais savoir que tu aimais bien…
Au fait, j'ai perdu mes adresses mail, alors
faut m'écrire !
Dame Guézanne nous a rattrapés…
Harry et
Parvati révoltés… incertains ? Presque adultes…
l'heure des choix.
Petite note de l'auteur….
Y en a qu'ont remarqué…
Il y a une certaine parenté entre
Ruptures d'un
processus linéaire et Mon sorcier bien-aimé
de Alixe…
Non, ce n'est pas le nombre de
reviews…
C'est sans doute parce que dans les deux, Harry devient Auror…
Dans les deux, il règle pas mal de comptes avec son passé…
Et, que les deux peuvent aussi se lire comme une correspondance
entre Alixe et moi, sur le possible, le probable, la rédemption,
l'adoption, le politique, le masculin et le féminin ou les
fantômes dans les placards - pour ne citer que nos plus
fréquents thèmes de discussion...
18 – Comme un ciel d'Irlande
Tonks se laissa tomber à côté de lui, quittant instantanément l'apparence de vieille dame un peu rougeaude qu'elle avait précédemment choisie. Harry sursauta, se rendant compte qu'il ne l'avait pas vue venir.
« Je sais que tu préfèrerais être ailleurs, Harry, mais tant qu'à être là, autant être à ce que tu fais… » - commenta-t-elle, ayant clairement interprété son sursaut.
« Je m'excuse, chef », maugréa Harry reprenant une position plus tenue dans le bosquet d'arbres dénudés où ils planquaient pour observer les entrées et sorties du pub, A la flûte enchantée. « Du neuf ? »
« Néri est là… Seul… Tu iras faire un tour un peu plus tard… »
« Ok. On a tout le temps de toutes façons… »
Elle étouffa un rire.
« Tout le temps qu'il faut », confirma-t-elle.
Les yeux rivés sur le pub, dont pourtant personne n'entrait ou ne sortait, tous deux se turent de longues minutes qui leur parurent des heures, jusqu'au moment où Harry s'enquit, presque timidement :
« Je peux te demander quelque chose ? »
« Ça nous fera passer le temps… »
« C'est vraiment utile qu'on soit là ? »
« Vérifier la possible existence d'une ramification irlandaise du réseau Alexander… » - récita Tonks, « ce sont les ordres ».
Harry se tut de nouveau – les ordres étaient les ordres, après tout, tout Auror finissait pas s'en convaincre - mais finalement n'y tint plus.
« Franchement… Si j'étais Néri, je me ferais petit en attendant que mon copain soit envoyé à Azkaban, non ? »
« Peut-être », répondit Tonks avec un air impénétrable qui jurait relativement avec ses cheveux bleu turquoise.
« Y a plus de chance que l'enquête de Quint aboutisse et qu'on puisse le lier financièrement qu'il ne fasse quoi que ce soit de répréhensible pendant qu'on le surveille », insista Harry.
« Sans doute », reconnut Tonks, en enfournant un énorme chewing-gum dans sa bouche et se mettant à le mâcher vigoureusement.
Une branche craqua derrière eux et ils se retournèrent d'un seul geste, leur baguette en avant, le temps d'apercevoir un renard qui s'enfuyait. Ils reprirent leur position en évitant le regard de l'autre.
« Alors ? » reprit pourtant Harry, plus Gryffondor que jamais.
« Alors quoi ? » demanda Tonks, une fois que la bulle de son chewing-gum eut explosé.
« Pourquoi Shacklebolt nous envoie toute affaire cessante espionner ce lourdaud de Néri en Irlande ? » exclama le jeune homme.
« L'affaire Alexander est une grosse affaire », répondit la jeune femme, de manière énigmatique.
Harry changea de position, tout son corps irradiant d'agacement.
« On finirait par se demander », grommela-t-il, entre ces dents.
« Se demander quoi ? »
Harry soupira. Il y avait deux solutions. La première voulait qu'il ait raison et qu'il y ait une rationalité cachée à leur présence dans cet humide bosquet irlandais. La seconde voulait qu'il se trompe et qu'il soit uniquement en train de subir un nouvel avatar de l'inanité des décisions administratives. Il décida soudain que Tonks saurait faire la part des choses.
« On pourrait se demander si Shacklebolt ne nous envoie pas ici parce qu'il ne veut pas nous voir ailleurs… » - expliqua-t-il, observant sa réaction du coin de l'œil.
Tonks eut un sourire fugitif.
« Je me demandais combien de jours il te faudrait pour le comprendre… »
« C'est ça, hein, il ne veut pas que je sois là pour l'audience préliminaire pour Sirius ? »
« Pour la réévaluation du dossier Potter, Harry », le coupa un peu sévèrement Tonks, « heureusement pour toi que tu t'es pris un avocat ! »
Harry encaissa le reproche. Oui, dans cette bataille, les mots, les procédures et les images allaient être plus importants que la force, l'agilité ou la maîtrise des sortilèges. Une bataille qu'il déléguait en quelque sorte – « un peu comme la communauté magique tout entière s'en est remise à toi pour se débarrasser de Voldemort », avait plaidé Parvati, juste avant son départ. Alors qu'il soit là, ou non, à l'audience préliminaire qui qualifierait, ou non, la recevabilité de la réouverture du dossier ses parents ne changerait rien.
« Il a peur de me voir partout dans la presse ? » demanda-t-il néanmoins, parce que que Justin ou Parvati le pensent était une chose, que Shackelbot en arrive aux mêmes conclusions demandait quelques éclaircissements.
« Mais tu dois être partout dans la presse, Harry ! Celui qui revient plus de vingt ans après sur les conditions de la mort de ses parents, le Survivant qui récuse la légende ! Mais il sera aussi dit que tu es en mission, bon petit Auror au service de sa communauté… »
« Merci, mais j'ai pas besoin d'un service de com' ! » maugréa Harry.
« On ne fait pas ça que pour toi, mais aussi pour toute la Division… » - lui apprit Tonks.
« Ah ? De toutes façons, c'est reculer pour mieux sauter, quand le procès… »
« S'il a lieu ! »
« Tonks ! Je croyais que tu trouvais ça bien ! »
« J'attends de le voir pour y croire »
« Tu crois ? » s'étrangla Harry.
« Je ne crois plus en grand-chose depuis pas mal de temps, Harry… »
La révélation les fit taire tous les deux.
« Quand le procès aura lieu, Harry, on pourra pas faire grand-chose, mais, en attendant, c'est pas la peine que le Survivant hante les journaux pendant des mois… ni pour toi, ni pour la division », répéta Tonks, plus positive. « Hé, regarde, Néri sort ! »
« Il est pas seul… » - constata Harry
« Il se dirige vers la plage… pas l'heure de la baignade pourtant… Ecoute, toi, tu vas le suivre…. Discrètement… moi, je vais venir à votre rencontre par le chemin de la falaise… »
« Déguisement ? »
« Bien sûr… »
Harry sortit son baladeur moldu, un épais bonnet de laine qu'il descendit jusqu'aux sourcils et changea sa cape en parka noir.
« Je te reconnaîtrais comment ? » demanda-t-il au moment de sortir des couverts où ils s'étaient installés.
« La plus belle fille que t'ai jamais rencontrée », proposa Tonks.
« Heu.. »
« T'inquiète je connais tes goûts ! File donc, tu vas le perdre ! »
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Bon finalement, ça n'avait pas été uniquement de bonne politique de communication qu'ils passent une semaine en Irlande, agacent le bureau de Dublin sur les prérogatives de la Division du Ministère sur les bureaux régionaux, se traînent dans la boue des tourbières et ratent l'audition préliminaire.
Non, ils revenaient la tête haute, Néri et cinq complices et les félicitations du lieutenant Connelly, qui commandait le bureau de Dublin, dans leurs bagages.
Car Néri n'allait pas sur la plage en pleine nuit uniquement pour les embruns glacés, mais pour récupérer une ultime livraison des douteuses productions Alexander. Evidemment, Harry et Tonks n'avaient même pas envisagé intervenir à deux contre six – mais ils avaient suivi les six trafiquants jusqu'à leur planque – un manoir sorcier caché dans l'un des multiples châteaux en ruine du sud de l'Irlande…, prévenu la brigade de Dublin, et orchestré un magistral mais relativement paisible coup de filet aux premières heures du jour.
A Dublin le jour suivant, le lieutenant Connelly avait prêté sa cheminée à Tonks pour une discussion privée avec Shacklebolt. Alors qu'Harry et lui attendaient l'issue du conciliabule, l'Irlandais avait fini par lui tendre le dernier exemplaire de la Gazette du sorcier.
L'ouverture du procès ne faisait pas les gros titres, mais était quand même annoncée sur la première page : « Révélation sur le meurtre des Potter ? » Harry alla directement à la page 6 où il trouva une narration étonnamment prudente et factuelle vu l'auteur. On se souvenait d'une Rita Skeeter plus prompte aux conclusions.
« Qui ne connaît pas l'affaire Potter ? Qui n'a pas pleuré sur le sort du jeune couple - James, l'impétueux Auror, Lily, la jeune mère séduisante - attaqués en ce triste Halloween de 1981 par Celui-Dont-Il-Faut-Taire-Le-Nom ? Qui n'a pas tremblé d'effroi à leur sacrifice et qui n'a pas été fasciné par la survie du jeune Harry Potter ?
On a ensuite suivi le jeune Harry, son entrée à Poudlard, ses exploits au Quidditch, chacun de ses anniversaire nous séparant de manière à chaque fois plus certaine des sombres agissements de Celui-Qu'il-Ne-Faut-Pas-Nommer. On a tous été perplexes quand il a déclaré, bien avant le Ministère, que Vous-Savez-Qui était de retour mais bientôt, hélas, les faits lui ont donné raison et seul son courageux affrontement avec le Seigneur des Ténèbres a pu mettre un terme à cette nouvelle période sombre de notre histoire moderne.
Harry Potter jouit donc aujourd'hui d'une sympathie générale importante et son choix d'entrer, il y a deux ans, dans le noble corps des Aurors n'a fait que renforcer cette sympathie. (Lire l'interview de son commandant Kingsley Shackelbot, ci-contre) Pourtant aujourd'hui, une nouvelle fois, Harry Potter nous interroge en demandant la révision de l'enquête sur les conditions du meurtre de ses parents par le Seigneur des Ténèbres.
La teneur de la demande reste encore peu précise. On murmure dans les couloirs du Magenmagot que les Potter auraient été livrés par un des leurs, proche de Celui-Dont-Il-Ne-Faut-Pas-Dire-Le-Nom. Le jeune Harry demanderait donc aujourd'hui la justice pour ses parents? Ce traître serait-il encore en vie ? On n'ose croire que le Ministère aurait si longtemps caché des faits aussi monstrueux sans prendre de mesures !
Son avocat, le jeune Justin Finch-Fletchey (lire portrait ci-contre) se déclare sûr que le Ministère jugera avec lui qu'il est temps de mettre un peu de lumière dans cette zone sombrissime de notre histoire récente. Il est donc naturel que nous soyons tous suspendus à la décision du Magenmagot quant à la réouverture ou non du dossier. (Lire ci-contre le portrait des juges Simons et Rivers) Dans tous les cas de figure, il semble que le Ministère ne pourra pas rester silencieux »
Pendant que Harry digérait encore les égratignures et les révélations de Skeeter, Tonks revint dans la pièce. Il posa le journal presque avec une expression d'excuse. Il voyait bien à sa tête qu'elle savait ce qu'il y avait dedans.
« Tu veux les dernières nouvelles, Harry ? » demanda celle-ci, ignorant la présence du lieutenant.
L'interpellé hocha faiblement la tête. Elle ne revenait pas seulement avec des informations sur l'enquête.
« Simons et Rivers ont accepté. C'est parti. »
De nouveau, il ne put articuler un mot.
« Vous… vous êtes sûr de vous, Potter ? » demanda le lieutenant avec une expression complexe – mélange de stupeur, d'inquiétude et d'admiration.
« Moi ? » Le jeune Auror déglutit. « Si la question est : êtes vous sûr que ça vaille le coup de remuer de si vieilles histoires… La réponse est oui. Si vous voulez savoir si je suis sûr de gagner ? » Il se contenta de sourire et Connelly hocha la tête avec compréhension.
« Bon, on le fait ce transfert ? » intervint alors Tonks.
« Oh, notre Commandant ne trouve plus souhaitable que je sois introuvable ? » - ne put s'empêcher de persifler Harry.
« Notre Commandant n'a pas pu faire autrement que de répondre aux questions de Skeeter, et maintenant il aimerait mieux que tu t'y colles tout seul… » - répondit platement Tonks.
Harry chercha s'il y avait une deuxième interprétation possible de ses paroles.
« Il m'en veut ? »
« Potter, en vouloir au Survivant, y'a que Fudge pour se lancer dans des entreprises aussi risquées ! » déclara la jeune femme, balayant l'hypothèse d'un haussement d'épaules. « Prêt, Aspirant ? »
« Oui, Chef »
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A la Division Shacklebolt s'en tint à l'affaire en cours – félicitations, rapports, incarcérations… - à croire que rien d'autre ne méritait discussion. Ce n'est qu'à la fin de la journée qu'il vint glisser à l'oreille d'Harry. « Dublin Place … dans trois quart d'heures ? »
Harry l'avait un instant dévisagé : Quoi, à peine rentré, Shacklebolt le renvoyait en Irlande ?
« Un pote de Néri qu'on a oublié ? » demanda-t-il essayant de contenir la rébellion qui le traversa.
« Non, le pub », sourit le Commandant, « c'est près de la Tamise, vers la Tour de Londres… »
Un rendez-vous dans un pub ? Ça ressemblait toujours à un ordre, mais c'était tout de suite moins officiel. Harry avait hoché la tête.
Parvati était en mission à Pré-au-lard et il supposait que ce que Shacklebolt avait à lui dire ne serait pas si long. Non, il savait bien ce qu'il ferait à la place du Commandant. Il lui demanderait de prendre un congé jusqu'à l'issue du procès… C'était normal : conflit d'intérêts, intérêt de la division…Il pouvait comprendre.
Ce ne serait pas vraiment une mise à pied, une sanction, mais des vacances, raisonna-t-il… Après tout, comme cela, il pourrait assister à toutes les audiences, aider Justin peut-être… parler avec Remus… Il y avait des chapitres de 25 jours d'humanité qu'il avait envie d'entendre de sa bouche….
Mais, en tout état de cause, il ne pourrait pas se présenter aux épreuves en juin - s'il pouvait s'y présenter un jour ! Il fallait sans doute compter sur la réplique de Fudge dans ce domaine… Il eut un petit rire nerveux qui lui attira des regards soupçonneux dans le métro moldu : il pouvait sans doute déjà commencer à songer à sa reconversion !
Même s'il gagnait ? La tête lui tourna et il bouscula les Moldus sur son passage pour se retrouver un peu plus vite à l'air libre.
Il arriva au pub bien avant l'heure du rendez-vous et il hésita à y entrer. Il n'avait pas envie de boire avant que Shackelbot n'arrive. Il n'avait pas envie qu'il le juge faible et soucieux. Il décida donc de traîner le long des vitrines de la rue en attendant.
Des soldes, des vêtements, des nouveaux vêtements… C'était impressionnant comment les Moldus, qui devaient dépenser tant d'énergie et d'industrie à produire des vêtements, puissent, quelques mois plus tard, les décréter immettables. Harry se demanda si les spécialistes de l'étude des Moldus avaient trouvé une rationalité à cela. Lui n'en voyait pas. Sans doute ça les occupait…
Il continua par la vitrine d'une librairie dans laquelle il faillit rentrer avant de se rendre compte qu'il y avait une signature qui avait lieu au beau milieu du magasin. Il ignorait si l'auteur était un homme ou une femme et ce qu'il avait écrit mais la scène ramena, comme une mauvaise fièvre, l'image de Lockhart. Ce n'était pas tant les lecteurs pressés qui étaient effrayants que le souvenir de cet homme qui recherchait une notoriété que lui n'avait pas encore appris à accepter. Lockhart aurait sans doute adoré être le Survivant ! Il réprima un frisson et marcha quelques mètres encore.
Soudain une image colorée arrêta son regard. Cette image, il la connaissait… Il s'approcha et reconnut, agrandis presque à taille humaine, les deux héros du jeu préféré de Dudley ! Il recula d'un pas pour lire l'enseigne et découvrit qu'il était devant une boutique tout entière consacrée aux jeux vidéo. Incroyable, comme les sorciers pour le Quidditch !
« Si un jour je peux faire la moitié moins bien, je serai heureux », avait conclu son cousin un soir, après une longue discussion obscure sur la convivialité de l'interface, le design, la progressivité de la difficulté… Harry croyait ce souvenir qu'il y avait d'autres choses que Dudley appréciait dans ce jeu. En tout cas, c'était long et argumenté !
Il était en train de se demander si son oncle et sa tante savaient que leur fils semblait promis à un grand avenir dans ce domaine, que bientôt ses propres créations seraient de la même façon exposé dans de grandes vitrines colorées ? Il se demanda si Dudley les tenait au courant ? Il se demanda s'il aurait le courage de poser la question quand il croisa le regard curieux de la vendeuse au travers de la glace et décida de partir à son rendez-vous.
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Quand il arriva dans le pub enfumé, Shacklebolt était déjà installé avec cette bière noire et amère qui venait de l'autre côté de la mer d'Irlande.
« Harry », l'accueillit-t-il sobrement. « Tu bois quoi ? »
« La même chose », souffla Harry, plus ému qu'il l'aurait cru par la douceur de Kingsley Shacklebolt. Oui l'amertume de la bière épaisse et forte serait une bonne compagne pour cet instant où cet homme allait être obligé de lui dire qu'il avait choisi.
« Vive l'Irlande », proclama le commandant des Aurors, quand il fut servi. Il leva sa pinte presque au dessus de sa tête en direction de Harry, « et à tes succès ? »
« A l'Irlande », répéta Harry.
La rumeur du pub leur servit pendant quelques secondes de conversation.
« Harry », répéta Shacklebolt.
« Je sais », murmura l'interpellé, « c'est comme ça… »
L'autre lui lança un regard vide et Harry s'expliqua, un peu nerveusement, un peu rapidement : « Vous n'avez pas le choix… je comprends… je poserai ma demande de congé demain sur votre bureau… »
La peau sombre de Shacklebolt pouvait difficilement blêmir, mais Harry sentit pourtant le sang refluer de ses traits.
« Tu crois », s'étrangla Shacklebolt, « tu crois que... Et qui va présenter l'affaire Néri ? Qui va faire le lien avec Alexander ? Tu crois que Tonks va faire tout le boulot ? »
Harry lui lança un regard dubitatif et demanda :
« Mais... qui va avoir bientôt une revue de presse quotidienne et les affaires internes sur le dos ?»
« Parce que tu crois qu'ils vont te laisser tranquille si tu te caches ? » - demanda Shacklebolt avec une pointe de mépris.
Harry préféra le silence.
« Ecoute-moi bien, Harry, t'as peut-être choisi un drôle de moment pour faire ça, mais après tout, quelque soit le moment, ça aurait fichu un sacré bordel… Mais il est hors de question que je foute tout le travail de ces dernières semaines en l'air à cause de ça ! »
« Mais, la Division… »
« La Division ? Mais, parlons-en de la Division ! On commence par toi en congé parce que Fudge t'a peut-être dans le nez… Admettons… Et puis on va mettre Tonks, parce que c'est ta responsable et qu'elle n'a pas prévenu les Affaires internes de ce que tu tramais… Logique, non ? Et puis Weasley, il habite avec toi… on ajoute Patil, pour sûr… leurs mentors à tous, et moi je me retrouve avec qui, hein ? »
« Mais… »
« Donc, moi, tant que les Affaires internes ne m'ont pas adressé une demande justifiée, je refuse que tu prennes même UN JOUR de congé ! »
Harry fronça les sourcils, étudiant le visage de Kingsley, essayant d'évaluer tout ce que l'homme avait en tête. Parce qu'il n'était pas commandant par hasard. C'était un bon enquêteur, un bon chef et un bon politique. Et il avait l'intuition que là, Shacklebolt avait prudemment pesé les trois ingrédients avant de prendre sa décision.
« Ils vont en ficeler une », affirma-t-il pourtant avec plus de fatalisme que d'amertume.
« A voir, Harry, à voir », répondit Shacklebolt, « pas sûr que ce soit le meilleur coup à jouer pour eux de te martyriser… Moi, j'essaierais de négocier… Mais je ne suis pas Fudge », conclut-il avec un air satisfait.
Il me couvre, comprit Harry, il m'offre la protection de la Division, du corps des Aurors…Incroyable….
« Et les autres ? » voulut-il encore savoir.
« J'attends le premier qui viendra me dire qu'il faut te laisser tomber, Harry », répondit Shacklebolt avec une douceur dangereuse. « Mais s'il le fallait, le petit numéro de Fudge l'autre jour a fini d'écoeurer les plus indifférents… » Il joua un instant avec son verre, évitant le regard vert flamboyant avant d'ajouter encore plus sourdement : » Tu es un Auror, Harry, quelqu'un comme nous… un des nôtres… et tu demandes justice pour les nôtres… Ton père était un Auror et on ne lui a pas rendu justice… Et Sirius… Le corps des Aurors sortirait grandi de la réhabilitation de Sirius. »
« D'un Black ? » demanda Harry, forçant le scepticisme dans sa voix, peut-être pour cacher l'émotion.
« D'un Black aussi… d'un homme de conviction… »
Une nouvelle fois, la musique et les conversations emplirent l'espace entre eux. Shacklebolt s'empara de sa pinte et la vida d'un long trait. Quand il la reposa un peu de mousse amère dessinait deux petits nuages aux commissures de sa bouche.
« Bien Aspirant, au rapport demain à huit heure ? » demanda-t-il d'une voix mi-martiale mi-moqueuse.
« Oui, Commandant », répondit Harry avec un grande sourire.
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Quand Harry arriva enfin à l'appartement, Ron et Parvati discutaient avec beaucoup de science de la supériorité de la sauce carbonara sur la sauce tomates-olives noires. Dudley s'était visiblement retiré de la conversation, observant d'un regard mi-inquiet, mi- anthropologique, la préparation magique d'un repas.
« Remus ? » lui demanda Harry.
« Avec Luna…. Une autre interview… risque de revenir très tard… pour la radio cette fois… j'ai oublié le nom… » - expliqua son cousin.
«La radio », s'étonna Harry.
« Oui Luna est ravie, c'est la première fois que les éditions Lovegood étaient invitées... »
Voilà au moins un premier résultat positif, pensa Harry. Mais il n'eut pas le temps d'approfondir.
« Harry, tu ne veux pas dire à Parvati qu'il me FAUT de la viande ? » sollicita Ron d'un ton exaspéré.
« Pas beaucoup de viande sur ce bout de lard », fit remarquer Parvati avec un air dégoûté.
« Et si vous faisiez chacun votre sauce et les pâtes à part et chacun choisirait », proposa Harry avec un sourire. Compliqué de nourrir une fille de l'Inde et un fils de la plus anglaise Albion… Sa proposition fut accueillie par des vivats et un baiser de Parvati. Et la question de procédure réglée, ils furent bientôt tous autour de la table.
« C'était bien l'Irlande ? » demanda Dudley le premier.
Avant que Harry n'est le temps d'avaler sa bouchée de pâtes à la sauce tomates-olives noires, Ron avait attaqué :
« Génial, il a encore trouvé le moyen d'être dans le journal ! »
« Il aurait été de toutes façons », temporisa Parvati.
« Ouais mais être encore le sauveur de la communauté alors qu'il veut la priver de sa tête, je trouve ça génial ! »
« Nous avons arrêté six nouveaux membres du réseau Alexander », expliqua sobrement Harry à son cousin. « Mais ce n'est que mon boulot… »
« Ouais, va savoir pourquoi moi, on me demande que de vérifier que si les gens qui transplanent ont leur permis ! »
Harry allait répondre mais Parvati posa une main légère sur son avant bras.
« Ron veut simplement dire que tu nous as manqués, Harry », proposa-t-elle.
Cette évaluation amena un peu de silence autour de la table de la cuisine jusqu'à ce que Harry se tourne vers Dudley :
« T'en es où avec ton jeu ?»
« Ah… ça avance… Tu sais c'est long de passer du prototype à quelque chose qui ne bug… qui marche tout le temps avec toutes les configurations… mais merci de demander… »
« Je suis sûre que ça va marcher », lui assura loyalement Parvati.
« Pas autant que si les sorciers avaient été roux », remarqua perfidement Ron en noyant des spaghettis sous deux louches de sauce Carbonara.
Dudley avait fini par retourner à ses ordinateurs. Et les trois jeunes Aurors se retrouvèrent tous les trois dans la petite cuisine.
« Shacklebolt ne veut pas que je me mette en congé en attendant la fin du procès », leur révéla Harry.
« Il aurait bien fallu voir ça ! » s'exclama Ron, prouvant instantanément sa loyauté indéfectible envers le même Harry qu'il aimait tant pourtant fustiger à d'autres moments comme un double agaçant de lui-même.
« C'est pas si évident… Il prend des risques ! » objecta Harry.
« Tu sais ce que l'Auror moyen pense de Fudge ? » demanda Parvati se tournant pour lui faire face, « Il ne pouvait pas te rendre plus service qu'en se déclarant en guerre contre toi ! »
Harry haussa les épaules.
« C'est moi qui ait déterré la hache de guerre ! » remarqua-t-il.
« Oui, mais ils ne le savent pas… et quand ils comprendront, ils verront aussi que t'avais tes raisons ! Et, je crois pas que beaucoup le plaignent d'avoir gardé frauduleusement son poste en se servant des pouvoirs d'un gamin qui n'avait d'autre choix que vaincre ou périr ! » -renchérit la jeune femme.
« Hé bien, dis comme ça ! » se moqua légèrement Harry, à la fois touché et intimidé par cette déclaration de foi de Parvati.
«Elle a raison », énonça Ron sur le ton de quelqu'un qui sait la réponse à un problème d'arithmancie.
Harry leur sourit et murmura : « Merci… j'espère… comme j'espère que vous allez pas être déçus…. Parce que ça… je sais pas si je m'en remettrais ! »
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Ils avaient encore longuement parlé de l'affaire Alexander et du procès Potter contre le Ministère, évaluant les risques et les évolutions possibles. Mais Ron s'était mis à bailler, Parvati s'était pelotonnée contre Harry et ce dernier avait pensé qu'il était sans doute l'heure de partir.
A peine arrivés dans le studio de Parvati, la jeune femme s'effondra les bras en croix sur son lit.
« Hé bien ! » se moqua Harry.
« Je suis trop fatiguée pour me déshabiller », renchérit-elle en lui lançant un regard doré qui le crucifia sur place.
« Vraiment », répondit-il presque intimidé, en posant lentement son blouson de cuir sur le dossier d'une chaise. Puis sans un mot il s'approcha du lit et s'assit à côté d'elle, laissant sa main courir sur le jean noir et le pull vert. « Franchement ces vêtements moldus, c'est la plaie à enlever… »
Une lueur dansa dans les yeux de sa compagne qui demanda : « Vraiment ? »
Harry sourit. Sa main se glissa sous le pull, elle frissonna, découvrant un croissant de lune de ventre brun et plat qu'il embrassa doucement.
« Harry », murmura la jeune femme.
« Ma princesse indienne », répondit-il sur le même ton, puis d'un coup il se redressa, un sourire en coin sur les lèvres. Il sortit doucement sa baguette de la poche de son jean et murmura :
« Ranii vestis »
Instantanément sa compagne fut vêtue d'un chatoyant sari mordoré. Elle explosa de rire :
« Si tu crois que c'est plus simple à enlever ! »
« En tout cas, moi, j'ai déjà plus d'accès », annonça-t-il partant une nouvelle fois en exploration des parties accessibles de son anatomie. Elle rit de nouveau, plus doucement, fondant dans ses bras et il se demanda comment il avait pu respirer loin de sa chaleur et de son odeur, comment il avait pu parler, vivre et agir. Il remonta vers son visage :
« Tu sais, je crois que je suis amoureux de toi ! »
« Harry… »
Mais soudain, il se leva, laissant sa compagne déconcertée.
« Et moi qui oublie ! » s'écria-t-il partant à tâtons dans la pièce à la recherche de son sac. « Je t'ai ramené quelque chose d'Irlande… » Il revint vers elle et posa sur ses genoux un petit paquet.
Parvati se redressa et prit un temps infini pour l'ouvrir, dépliant délicatement l'emballage jusqu'à dégager un pendentif enchâssé d'une pierre bleu nuit où brillaient de minuscules étoiles.
« Harry », souffla-t-elle. « C'est magnifique ! Mais ? C'est la Voie lactée ! »
« Elle est en ce moment au-dessus de nos têtes », expliqua Harry.
« Tu veux dire… ? »
« A l'aurore, elle sera rose… et pendant la journée, le reflet du ciel au-dessus de ta tête… si tu en as marre de la pluie londonienne, tu peux aussi la charmer pour qu'elle donne le temps d'une ville de ton choix dans le monde… C'est expliquer dans le livre –là…Tu peux changer autant de fois que tu veux… Et avoir le soleil, la pluie, la neige et le brouillard dans la même journée ! »
« Ça fait peut-être beaucoup », remarqua doucement la jeune femme.
« C'est pourtant exactement ce que fait un ciel d'Irlande… »
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Harry sur tous les fronts donc… Je pense à une suite dans le style « le sorcier de l'année… » Je la mettrais en ligne quand j'aurais le chapitre suivant…
