Ruptures d'un processus linéaire
Inspiration : JKR,
relecture, éclats de rire et
réflexions juridico-amoureuses : Alixe et Vert!
Petite note autobiographique : Certains d'entre vous me savent (vieille) fan de Frank Herbert… Sans doute ceux qui ont lu Coriolis suivront mieux que les autres les raisons de mes obsessions…
J'écris ces lignes sous l'influence du récit d'un autre procès potterien (plein de loups-garous plus ou moins heureux) : Mirrored de Alphie. Ceux qui ne sont pas allergiques à l'anglais et se déclarent fan de Remus et ne connaissent pas Alphie vivent sans le savoir dans une profonde contradiction ! Il est même possible que je vous traduise ça un jour… si, si, ça commence à me manquer les traductions…
Je suis aussi en pleine résonance avec un vieux disque de Suzanne Vega, mélancolique à souhait… Voilà pour le décor…
Quant au courrier,
Signalons l'arrivée officielle de Dame Guézanne à la fin du chapitre 19. Nous attendons de pied ferme ses commentaires sur les lignes stratégiques…. Même chose pour l'enthousiaste Ryan – contente de te retrouver là !
Le ballet de balais a bien plu… Vert, Alana Chantelune, Fée fléau… C'est venu comme ça… Mais je serai heureuse de collaborer à un article du célébrissime Sorcier International sur le sujet !
Oui, Harry était sans doute le sorcier de l'année la première fois qu'il a fait disparaître Voldie… Lunenoire, Crys, Bartiméus, – je viens juste de découvrir à quelle série de livres se rapporte ton pseudo... J'imagine que tu conseilles ? - Youpala… C'est aussi une façon pour Tonks de lui dire de prendre de la distance. Oui, une fois de plus je la rends sans doute plus mâture que dans le livre…. A ma décharge, je vais bientôt vous proposer bien tôt la traduction d'une nouvelle fic de Dark Twin – A Cup of Kindness - où vous pourrez déguster une Tonks qui veut bien faire, mais qui provoque des catastrophes !
Un peu mollassonne, la mère Weasley – t'entends ça Alixe ?... - Tu aurais voulu qu'elle les enferme dans la cave, Youpala ? Oui, sur ce coup-là j'ai été un peu gentille – une fois n'est pas coutume – avec Ron… Fée Fléau, faut bien qu'il grandisse lui aussi…. Fénice qui regarde si Fénoire est dans le coin avant d'écrire ça. Ouf, elle dort…
Vingt – La tentation de l'innocence
ou
Une affaire de stratégie
« Harry ! Je t'attendais ! »
Justin s'était levé dès qu'il l'avait aperçu et avait traversé son bureau pour venir à sa rencontre. Il était souriant et chaleureux, preuve vivante de son engagement pour la cause d'Harry.
La secrétaire, déjà, l'avait très gentiment reçu, le reconnaissant immédiatement et sortant de son comptoir pour venir lui ouvrir la porte - Très loin de sa réaction presque condescendante lorsqu'il était apparu la première fois dans l'entrée feutrée avec son jean, ses baskets et son imperméable.
« Je suis désolé… » - commença le jeune Auror, embarrassé par son retard.
« Le boulot ?»
« Oui, je cherche à obtenir le témoignage de deux loups-garous qui ont donné des poils et des ongles à Alexander», expliqua Harry avec un léger soupir. On ne pouvait pas dire que les deux victimes avaient été coopératives. Elles craignaient qu'en apparaissant dans un procès si médiatique de perdre le peu de liberté que leur anonymat leur permettait encore dans le monde magique. Harry avait essayé de leur assurer qu'ils feraient ainsi la preuve de leur utilité à la communauté magique toute entière, qu'en ne venant pas témoigner ils donnaient un blanc-seing à tous les Mélanion Alexander du monde… Il n'était toujours pas assuré de leur coopération.
« Cette histoire est à proprement parlé dégoûtante ! » commenta Justin avec une grimace « Je n'aimerais pas être à la place de son avocat!»
« Mais tu le défendrais ? » demanda Harry, conscient de sa provocation mais incapable de la contenir.
« Tu voudrais qu'on ne défende que les innocents ? » - contra Justin, implacable.
« C'est sans doute pour cela que je suis Auror », reconnut Harry mais, comme son ami ne le quittait pas des yeux, il ajouta : « Et même cela n'est pas toujours aussi innocent qu'on pourrait le souhaiter ! »
« Je ne te proposerais pas une réflexion sur les limites de l'innocence », sourit Justin, « je ne suis pas encore assez vieux pour regretter d'en avoir fini avec les devoirs de philosophie que j'ai eu à Oxford ! »
« Oui, passons plutôt aux choses sérieuses », répondit Harry – trouvant sans doute qu'il trimballait déjà assez de regrets pour y ajouter la philosophie.
L'avocat le conduisit d'un geste de la main vers une grande table qui avait été ajoutée dans son bureau. Il murmura une formule qui leva le sortilège d'illusion qui masquait aux yeux moldus les piles de rouleaux de parchemins et de livres anciens qui dessinaient sur le plateau une géographie aussi magique que particulière. Les cachets de cire verte signalaient les rapports d'autopsie de Sainte-Mangouste ; les violets, les décisions de Magenmagot ; les jaunes, les rapports des Aurors. Différentes chemises colorées ordonnaient les retranscriptions des témoignages en différentes catégories, toutes aussi intimidantes : « famille/amis », « Ordre », « Officiels », « Experts ». Au milieu, des piles de feuillets blanc cassé - du meilleur papier moldu - couverts d'une écriture noire et serrée, parlaient des heures passées par Justin à l'exploration de ces différentes collines.
De part son travail, Harry avait déjà eu l'occasion de voir des centaines de dossiers comparables, mais de voir ainsi étalé tout ce qui était disponible sur la mort de ses parents lui coupait le souffle. Lui-même en savait si peu sur Lily et James Potter ou sur leur décès !
Justin sembla comprendre son silence.
« Il a fallu se battre pour avoir tout cela… C'est déjà une victoire, moi je pense… »
« Oui », reconnut Harry. Il déglutit plusieurs fois avant d'ajouter : « Tu es sûr qu'il y a tout ? »
« Tout ce qui est légalement disponible, et sans doute même un peu plus car beaucoup des témoins sont dans ton camp, Harry… Bien sûr, le Ministère doit déjà travailler à sa défense et il ne faut surtout pas les sous-estimer. »
« On sait qui va les représenter ? »
« Lucius Malefoy a refusé », commença Justin d'un ton neutre, mais Harry eut l'impression distincte qu'il donnait cette information pour gagner du temps. Il se tut donc, ayant appris aux cours des deux années d'interrogatoires auxquels il avait participé que le silence était souvent la meilleure incitation à parler. « Pénélope Weasley »
« Pén… Non ! »
« En tout cas, elle a pris contact avec moi pour se mettre d'accord sur la date de l'audience préliminaire… Si elle l'avait fait au nom de son chef, elle l'aurait mentionné… Même s'ils peuvent espérer jouer sur l'élément de surprise… »
« Je vais demander à Shacklebolt s'il sait… » - souffla Harry, assommé par l'idée que la famille Weasley puisse subir les répercussions de ses démêlés avec ses fantômes.
« Ce sera intéressant de voir s'il est au courant ! » reconnut Justin. « Parce que je pense qu'ils doivent bien commencer à se rendre compte qu'il a choisi son camp, sinon il t'aurait mis à pied, non ? »
« Il a expliqué que j'étais sur des affaires trop importantes pour qu'il se passe de moi… il m'a même mis de garde le week-end… » Harry sourit. « Je pense pas que c'est tromper grand monde ni au sein de la Division ni au dehors mais bon, il donne le change.. »
« Tant mieux », jugea Justin. « De toutes façons, on va pas pouvoir éternellement pouvoir éviter de l'amener à témoigner… Il est un de ceux qui peuvent nous permettre de gagner la deuxième manche, la révision des causes de la mort de tes parents rouvrant le dossier Black… »
« La deuxième ? »
« La première est là sur cette table… Comme je te disais tout à l'heure, ça s'est presque passé trop bien… Je me méfie d'autant plus ! »
Harry acquiesça.
« Mais Pénélope… » Il ravala sa salive pour se donner le temps de trouver une bonne formulation. « J'aurais pas cru qu'ils lui donnent un dossier aussi important ! »
« Harry, tu sais, faudrait quand même que tu te rendes compte que tu n'es pas le seul à grandir ! Elle a trois ans de plus que nous, c'est plus totalement un débutante ! Elle a déjà assisté Malefoy ou Fudge sur des dossiers très importants… Et ensuite,… je pense que c'est une position de principe… une stratégie…»
« De diviser les Weasley ? » demanda agressivement Harry.
« Non, ça, c'est la cerise sur le gâteau ! » commenta Justin ave un petit sourire. « Même si ta réaction montre combien c'est important ! » Comme Harry allait visiblement protester, il ajouta rapidement : « Dans tous les cas, c'est plutôt bien joué de leur part ! »
« Ah ? »
« Oui, toi et moi, on est jeune… deux petits idéalistes à l'assaut du grand méchant Ministère ! Bien sûr, ça attire plutôt la sympathie du grand public ! »
Harry se demanda brutalement si c'était là toute la stratégie de Justin, celle qui expliquait qu'il ait tant insisté auprès de Lupin pour qu'il ne se porte pas lui aussi partie civile … Mais l'avocat continuait :
« S'ils ressortent Malefoy, ils sont sûrs que je vais opportunément rappeler qu'avant de se ranger aux côtés de la Lumière, il a passé six mois à Azkaban ! »
Harry se rappela qu'il n'avait pas réussi à se réjouir de voir Lucius Malefoy en prison alors que le Ministère continuait de minimiser les risques et de ne pas le poursuivre pour l'intégralité de ses crimes.
« Pareil pour pas mal des vieux caciques du Magenmagot ! » conclut Justin. « Non, ils leur faut une nouvelle image ! Du coup, ils cherchent à avoir l'air de jouer le jeu et font le choix d'un jury équilibré : Simons, sans doute acquis à leur cause et Shanna Rivers, réputée indépendante - elle n'a pas reculé à condamner le Ministère dans le passé. Et pour les représenter ? Une jeune femme. Elle est alliée au Weasley, vieille famille magique mais pas très puissante politiquement… Elle n'est pas connue du grand public… Le capital sympathie s'équilibre »
« C'est… machiavélique ! »
« C'est de bonne guerre, Harry », le corrigea Justin. « De plus, si ça tourne mal, elle fera un bouc émissaire pas trop coûteux… »
« Quoi ! »
« Mais tu crois quoi, Harry ! Que Fudge va venir à genoux le deuxième jour te demander pardon et démissionner ? S'ils perdent la première manche, ils vont avancer un autre pion, sans doute un peu plus robuste… Fudge est le roi, bien caché derrière tout cela ! »
« Tu crois qu'elle en est consciente ? » - s'insurgea Harry. Il n'avait jamais eu un sympathie particulière pour la jeune femme et ça faisait longtemps qu'il n'avait pas adressé la parole à Percy Weasley mais il savait qu'ils étaient mariés, qu'ils avaient déjà trois enfants – il était passé en coup de vent au baptême du dernier - et que Molly adorait ses petits enfants…
« Harry, tout le monde ne peut avoir ton innocence », répondit Justin après quelques secondes.
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Justin avait continué pendant deux heures à lui expliquer sa stratégie pour la seconde manche – comme il l'appelait. Harry s'était un peu perdu entre les différentes alternatives et les anticipations de l'avocat. Il avait eu une bouffée de nostalgie pour le Poufsouffle un peu boutonneux et paranoïaque qu'il avait connu dix ans auparavant. Il avait sérieusement pensé dit qu'il devrait conseiller à Ron de jouer contre lui aux échecs parce qu'il serait sans doute un partenaire intéressant, et il s'était même à un moment dit qu'il devrait sans doute lui demander où il achetait ses costumes si impeccablement coupés – histoire que la prochaine fois qu'il s'aventure à une soirée moldue, il ait ses propres vêtements ! - avant d'être submergé par sa mauvaise conscience et de revenir brutalement à la conversation.
« Et moi dans tout ça je fais quoi ? » s'était-il enquis.
« Il y a peu de chance qu'on te cite comme témoin dans un premier temps », avait estimé Justin. « Personne ne peut espérer que tu aies des souvenirs de cette époque ! Le Magengamot a interdit l'audition de témoins sous hypnose en 1876 de toutes façons… c'est la clause 23 de l'article sur le respect de l'intégrité mentale, mais de toutes façons, on s'était bien rendu compte…»
« Justin », intervint Harry dans un soupir, « je sais pourquoi on a interdit la légilimancie, l'hypnose et tous leurs avatars… Je suis Auror ! »
« Excuse-moi. »
Satisfait d'avoir un peu repris le contrôle de la conversation, Harry avait continué :
« Donc, ils ne vont pas vouloir m'entendre, mais toi ? »
« Moi, je compte t'appeler à témoigner en dernier lieu. D'abord, je vais remettre en cause les expertises de l'époque, tant celles des Médicomages que du Département des Mystères ou de la Division, montrer qu'on est allé au plus facile, sans explorer aucune autre piste possible… Ça va prendre des jours déjà, Harry… »
Le jeune Auror avait suffisamment d'expérience personnelle des contre-expertises pour envisager le nombre de sessions qu'il faudrait pour mener à bien les interrogatoires et les contre-interrogatoires. Sans compter sur le fait que la plupart des experts de l'époque devaient être à la retraite ou morts…. Il acquiesça.
« Si cette idée passe, nous entamerons la troisième manche. Là, je vais sans doute avoir d'abord besoin des témoins de l'époque : Lupin, Arthur Weasley...»
«Arthur ? » s'étrangla presque Harry. Il vit dans une quasi transe la jeune avocate cuisiné son beau-père sous le regard triste et furieux de Molly Weasley.
« Hagrid », continua Justin sans même reprendre son souffle.
Harry avait ouvert la bouche et l'avait refermée. Hagrid avait étrangement disparu de la circulation juste au moment de mort de Dumbledore. Il y avait eu des mauvaises langues pour dire qu'il s'était laissé mourir comme un chien qui a perdu son maître… Comment Justin l'avait-il retrouvé ? Harry regarda les dossiers colorés se demandant dans lequel figurait l'interview préliminaire de l'ancien garde-chasse de Poudlard, ce qu'il était devenu… Hagrid ?
« …et, éventuellement, si tout ce passe bien, Androméda Tonks »
Il comprit que Justin parlait là du moment où le lien avec la condamnation injustifiée de Sirius serait fait. Il se demanda vaguement en quoi Androméda était particulièrement qualifiée pour établir cette liaison. Mais quand il ouvrit la bouche ce fut pour poser une toute autre question – peut-être parce cette même question le réveillait presque chaque nuit depuis des mois.
« Rogue ? »
Justin avait secoué la tête.
« Rogue est plutôt un joker, Harry… Une carte difficile à jouer. Je ne voudrais pas l'utiliser trop tôt… Et puis, c'est un peu notre Lucius à nous, Harry, il n'est pas sans tâche… Il faudra l'introduire au bon moment ! Pour le coup de grâce !»
Harry soupira en sortant du local désaffecté qu'il utilisait parfois en alternative aux toilettes publiques du métro pour transplaner chez lui. Il était presque content d'avoir ce petit rituel de fausse vie moldue auquel se rattacher dans ce moment de doute important. Il n'avait jamais douté que ce serait compliqué mais les risques lui paraissaient ce soir-là considérablement plus importants que les enjeux. Il était tout à ses sombres pensées quand il heurta presque Tamara Wilson qui sortait, avec un air à peine plus lumineux que lui, de son immeuble.
« Tam ! »
« Harry », bredouilla la jeune femme. Le jeune Auror se dit qu'il ne l'avait jamais vu aussi désemparée.
« Tu vas bien ? »
« Oui… enfin… » Tam n'hésita qu'un quart de seconde pour demander : « Harry, tu sais si ton cousin… enfin… voit quelqu'un d'autre ? »
La question cloua le jeune Auror sur place.
« Dudley… heu… je… »
« OK, Harry, pas la peine de mentir », soupira-t-elle. « Ça fait des semaines que je me pose des questions… Tu la connais ? » Elle n'eut pas besoin de sa confirmation. « Mais alors, pourquoi ne rompt-il pas ? » demanda-t-elle sans aucune gêne apparente.
Harry fut à peine rasséréné de pouvoir répondre en toute honnêteté : « Je n'en sais rien, Tam… On n'en parle pas… »
« Ah ? Il me parle tellement de toi pourtant… de combien tu es brillant, courageux…. Tu sais, le pauvre petit orphelin qui aurait fait carrière ! Je pensais qu'il se confiait à toi »
« Non », répondit sobrement Harry, préférant ne pas trop réfléchir à ce qu'elle venait de dire. Car que ce soit la forme – sa réussite ?- que le fond – Dudley m'admire ? -, aucun des deux sujets ne paraissaient très engageants.
Ils restèrent quelques secondes à passer d'un pied sur l'autre dans un silence inconfortable et dans le courant d'air du hall d'entrée de l'immeuble. Harry craqua le premier – sans doute l'envie de remplir son esprit des ennuis des autres pour oublier les siens.
« Dis-moi, Tam… si… si tu… »
« Pourquoi je ne le quitte pas ? »
Il se contenta d'acquiescer.
« Parce que je n'aurais plus aucune raison de venir chez vous », répondit la jeune femme en plantant un regard plein de défi dans celui d'Harry. Oh, non, Merlin, Viviane, non…
« Non ? » demanda le jeune homme d'une voix un peu rauque. Elle ne peut pas être amoureuse de moi !
La belle haussa les épaules.
« Mais sans doute, je me donne beaucoup de mal pour rien… Je devrais sans doute demander des conseils à ton amie… Parvati, c'est ça? Dis-moi, Harry, comment as-tu découvert qu'elle existait ? Elle s'est mise nue en face de ton télescope ? »
Harry étudia très précautionneusement chaque terme de cette phrase pour s'assurer qu'il en avait bien compris les ressorts avant de répondre :
« Elle verrait peut-être ça comme ça… Je la connais depuis longtemps, tu sais. On était déjà sorti ensemble avant et puis…Ça n'avait pas vraiment marché… Ce n'est que cette année que je me suis rendu compte que… »
« Je ne compte pas me mettre à l'astronomie, pourtant… » - le coupa la jeune femme songeuse. Il était clair que son histoire avec Parvati ne l'intéressait pas vraiment. « Dudley dit que Ron déteste les ordinateurs ? »
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« Harry ? »
« Oui »
L'interpellé s'arrêta au milieu du couloir, pesant une seconde ses options. Puis finalement, ses instincts gryffondoresques prenant le dessus sur une prudente neutralité, il poussa la porte de son cousin.
« Ça va ? » commença-t-il, espérant avoir l'air poli. Dudley hocha la tête sans lever les yeux de son écran.
« J'ai croisé Tam, en arrivant »
Les doigts de Dudley cessèrent brièvement de courir sur le clavier, puis reprirent leur rythme mystérieux. Harry attendit quelques secondes, mais fut obligé de se convaincre que son cousin n'avait aucune envie de se confier à lui. Après tout, pourquoi le ferait-il ? Devait-il prendre pour argent comptant les allégations de Tamara Wilson comme quoi son avis pourrait être important pour son cousin ? Pourquoi les choses auraient-elles tellement changé ? Renonçant déjà à insister, il se réfugia dans un sujet poli qui devait permettre de quitter l'encadrement de la porte en quelques répliques sans risque :
« Tu es là ce soir ? »
« Non. » Dudley essaya de ne pas le montrer mais Harry vit bien qu'il n'était plus aussi concentré qu'il le prétendait sur les codes qui défilaient sur son écran. « Je dîne avec Luna… et son père »
« Son père ? »
« Oui, il rentre juste d'Inde, je crois… me demande pas ce qu'il faisait là-bas, mais il aurait fait des découvertes importantes »
« Des Ronflaks cornus sans doute », proposa Harry avec une dose apparente de sarcasme.
« Des Ronflaks, je ne crois pas que ce soit ça… » - répondit très sérieusement Dudley avec un haussement d'épaules. « Il a très envie de me rencontrer, paraît-il »
« J'imagine »
Dudley avait arrêté d'écrire, mais ses yeux restaient fixés sur l'écran. Harry eut l'impression qu'il avait légèrement rougi.
« J'ai demandé à Luna comment je devais m'habiller, elle a dit 'comme d'habitude' mais… qu'est-ce que tu en penses toi ? »
Harry haussa les épaules puis répondit avec franchise :
« Les Lovegood ne sont pas une famille de sorciers très conventionnels… Vous allez où ? »
« Je sais pas… dans le monde magique, j'imagine ! »
Harry soupira, des sentiments contradictoires se bousculant dans sa tête. Il avait envie de rappeler à Luna que le Décret de protection des Moldus impliquait de ne pas promener des non sorciers partout… Ils pouvaient tomber sur un Auror sourcilleux de la présence d'un Moldu non enregistré au beau milieu du Pré-au-lard. Ne parlons pas de l'utilisation de portoloins ou du réseau de cheminée ! Mais il avait aussi envie de mettre son cousin devant ses responsabilités. Luna le présentait quand même à son père ! Finalement, il répondit un mélange des deux :
« Tu sais tu es censé avoir des papiers magiques si tu as des relations aussi régulières avec… des sorciers ? »
« Ah ? Luna n'en a jamais parlé »
« Ça ne m'étonne pas vraiment d'elle ! C'est clairement pas des choses qui l'intéressent ! » - s'exclama-t-il avant de se mordiller les lèvres avec agacement. Une nouvelle fois, ils s'éloignaient de la conversation qui devait avoir lieu !
« Tu es sérieux avec Luna ? » - demanda-t-il soudain. Dudley s'empourpra.
« Je sais ce que tu penses, Harry… » - commença-t-il.
« Vraiment ? »
« J'ose pas vraiment rompre avec Tam… » - confessa son cousin en évitant son regard. « Même si ça fait des semaines maintenant que… C'est pas une fille pour moi, Harry… Elle est trop ambitieuse, trop bavarde et autoritaire… »
Est-ce une fille pour Ron ? se demanda Harry avec sincérité.
« Et tu comptes gérer ça comment ? » demanda-t-il avec une désinvolture qu'il était loin de ressentir.
« Je ne sais pas… Je voudrais qu'elle parte d'elle-même », murmura Dudley sur un ton presque geignard. Harry eut du mal à ne pas le bousculer. Il ne pouvait pas l'accuser d'être couard – Dudley n'avait jamais été très courageux et sa version adulte était même étonnamment plus intéressante que sa fréquentation, enfant, aurait pu le laisser penser.
Appuyé contre le chambranle de la porte, Harry ne savait pas trop quoi lui proposer quand il entendit des pas bien connus qui montaient l'escalier. Des pas qui pouvaient peut-être tout changer, remarqua une petite voix dans sa tête.
« Quelque soit le moyen ? » demanda-t-il avec une légère précipitation.
Dudley fronça les sourcils : « Je croyais que la magie contre les Moldus étaient interdite ? »
« La magie oui, mais l'amour ? »
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La suite s'organise pour l'instant autour du thème/titre : « Mes meilleurs ennemis »… Rendez-vous au Mangenmagot pour le premier acte…
Si, avec ça, vous n'êtes pas alléchés !
