Ruptures d'un processus linéaire

Générique habituel : JKR, Alixe, Vert… et quelques rêveries à vélo…

Alixe et Alana Chantelune... oui, j'aime pas Percy – rien à faire… est-ce que le tome 6 arrivera à me faire changer d'avis ?

Jolynda… ce ne sont pas de très longs chapitres non plus… mais merci d'aimer !

Fée Fléau – oui, c'est pas totalement gagné – et pas totalement fini non plus… mouarf…

Bartiméus – encore un petit détour avant de retourner au Magenmagot… ça te manque tant que ça ?

Crys – j'espère que celui-là te semblera moins compliqué !

Angel's Eye… la suite là je peux pas la promettre avant août ce coup-là ! La victoire finale ne construit de pleins de petites victoires… et c'est vrai que Justin est un sacré général !

Merci Princesse magique ! le soutien c'est crucial !

Bonjour Lola ! Oui, je vois pas pourquoi Parvati ne grandirait pas et puis, elle m'a toujours paru moins naturellement gloussante que Lavande !

Et puis aussi à Popov !

Dédicace à tous ceux qui, avec raison, voulaient voir Tam et Ron face à face…

Vingt-quatre -
Questions de genre

« Dis-moi Harry, et toi, c'est quoi ton numéro de portable ? »

Harry posa d'une main incertaine la tasse qu'il venait de rincer sur l'égouttoir. C'était déjà une chose que Tam vienne maintenant dormir deux soirs par semaine à la maison et qu'il soit obligé de faire la vaisselle à la main à chaque fois mais voilà que, de plus en plus, elle menait l'enquête ! Et pas seulement sur Ron ! Rappelle-toi que c'est toi qui les as poussés dans les bras l'un de l'autre ! - s'admonesta-t-il en plongeant la poêle grasse dans la bassine.

« Harry est comme moi, Tam, il n'a pas réellement besoin de portable », intervint Ron, enjôleur.

« Ah, je croyais que tu étais très content de ton cadeau ? »

« Bien sûr, Tam… mais avant de te connaître, honnêtement, j'en avais pas besoin !»

Joli, Ron, une vérité qui peut passer pour un compliment ! Dommage que t'y ai pas pensé avec Hermione !

« Et tes amis ? » contra la belle avec un sourire.

« La plupart des amis travaillent au même endroit que moi… » - esquiva encore élégamment Ron, avant de dire la phrase de trop : « Et puis on a nos habitudes, on se retrouve au pub… »

« Ah, quel pub ? » demanda Tam sans lever ses yeux de l'évolution de son toast à la marmelade d'oranges amères – le pot qu'elle avait elle-même amené, parce que Tam était une femme d'opinion, selon Ron. Elle savait ce qu'elle prenait au petit-déjeuner par exemple.

« Ça dépend… » - répondit prudemment l'Aspirant Auror Weasley.

« Alors, comment vous vous retrouvez ? » s'enquit sa compagne, pratique.

« On se laisse des… des messages », souffla Ron comme un prévenu qui entame sa dixième heures de garde à vue. Il ne va pas tenir longtemps à ce rythme, estima Harry.

Tam regardait son petit ami d'un air critique, où Harry crut décelé plus de tristesse que de curiosité : « Ces fameux amis que je ne connais toujours pas… »

« Mais si, Tam, tu connais Harry, tu connais Parvati… et tu as déjà croisé Luna et Seamus… et ma sœur, Ginny… » - plaidait Ron.

Tam eut un petit haussement d'épaule qui semblait hurler 'pas dupe', mais elle se concentra deux minutes sur son thé Darjeeling première récolte, avant de reprendre l'offensive. S'emparant du téléphone de Ron qu'il avait posé à côté de lui sur la table – en fidèle imitation de son amie qui semblait incapable de se passer du petit appareil - elle demanda, joueuse :

« Tiens, montre-moi donc combien tu as de numéros maintenant… »

« Hé », protesta Ron alors que la jeune femme affichait le répertoire.

« Oh, un deuxième numéro, des progrès je vois, qui est l'heureux élu ? Dois-je être jalouse ? » - continua la belle, toujours plutôt gentiment moqueuse, « Justin ? C'est qui Justin ?»

« Un vieux copain de collège », répondit Ron d'abord prudent, avant d'ajouter fièrement : « il est avocat à la City ! »

En effet, quoi de plus Moldu et présentable que Justin parmi tous nos amis ! – le soutint mentalement Harry, soulagé que Ron se soit sorti de ce nouveau piège.

« Toi, tu as un pote avocat ? » s'étonna franchement Tam, cette fois. « Il est dans quoi ? Il défend les étoiles ? »

« Non, il défend les gens », protesta Ron, « tiens, il défend Harry, en ce moment ! »

Ça c'était une bonne idée, Ron, évalua le dénommé Harry. Parle-lui donc du Magenmagot !

« Harry ? » Tam se tourna vers lui pour continuer son enquête : « Toi, en procès ? Qu'est-ce qui se passe ? Tu as des ennuis avec la police ? »

« Non, des vieilles questions d'héritage…. J'y comprenais rien. Justin a l'air de me sortir d'affaire ! » - répondit Harry d'un air aussi dégagé que possible. Il avait fini la vaisselle et s'essuyait minutieusement les mais sur le torchon.

Tam plissa ses yeux bleus d'un air soupçonneux. Ron à ses cotés retenait son souffle.

« Un héritage ? T'es riche toi, Harry ? » demanda-t-elle finalement.

Très grand Merlin, elle n'arrête donc jamais ! Heureusement que cette vérité-là ne posait pas un réel problème !

« Assez oui, mes parents m'ont laissé pas mal d'argent », avoua-t-il, sans se retourner. Et mon parrain aussi, ajouta-t-il pour lui-même. Non, l'argent n'avait jamais été pas le problème – mais on ne peut pas non plus avoir TOUS les problèmes !

« Ah, je croyais que vous viviez de vos bourses… »

« Moi, je vis de ma bourse », répondit sombrement Ron.

Hé, hop, un petit coup de violon ! Bon, on va mettre fin à l'Inquisition spéciale du Département Moldu pour ce matin !

« Ouais, et pour pas la perdre, très cher », intervint Harry, « tu ferais mieux de te préparer pour partir avec moi… Dix minutes ? »

« T'as raison », acquiesça Ron, se levant immédiatement, avant de se tourner, plein d'espoir vers sa compagne pour demander : « On se voit ce soir ? »

« Sais pas… comité de rédac ce soir, normalement… ça peut finir un peu tard… Je t'appelle ? »

« Vers quelle heure ? » s'enquit Ron, avec un air-de-rien assez peu convainquant de l'avis d'Harry – mais je ne suis sans doute pas très bon public quand il s'agit de Ron !

« Eh, Ron, si t'as un plan B, te gênes pas », grinça Tam.

Non, objectivement, t'étais pas crédible là ! - compatit Harry.

« Hein, quoi, non mais c'est que… si après, on est en observation et que… »

« Elles sont curieuses vos observations, jamais prévues à l'avance, je croyais que y avait rien de plus régulier que les étoiles ? »

La voilà repartie ! - s'inquiéta Harry. Va vite falloir évaluer si on peut tout lui dire ou tout lui faire oublier !

« Mais, des fois, il manque quelqu'un », répondit faiblement Ron.

« Et puis je me demande toujours où vous les faites », continua Tam, comme si les vannes de très anciennes interrogations s'ouvraient soudainement, « je lisais encore l'autre jour que des observations précises ne peuvent être faites que loin de toutes pollutions lumineuses… pas en plein Londres ! »

« Ça dépend du matériel », déclara Ron avec aplomb et mauvaise foi.

Vive les cours de Connaissances des Moldus, pensa Harry. Leçon N°2 : En cas de litige avec un Moldu, invoquer le matériel !

Tam haussa les épaules une nouvelle fois, comme si elle renonçait à en savoir plus.

« Pff. Bien, M. le scientifique débordé, si j'ai pas appelé à 21 heures, c'est que j'en ai pour des plombes, ça te va, comme ça ? »

Alors qu'ils s'embrassaient, Harry songea que Ron jouait un jeu dangereux.

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« Donc Aspirant Potter, vous n'avez toujours pas trouvé de témoins présentables devant cette cour pouvant attester de la provenance des… matières magiques que vous avez trouvé dans le laboratoire de M. Alexander ? » demandait le juge avec une évidente exaspération.

« Non, votre Honneur, mais… »

« Mais quoi ? La dernière audition de cette affaire aura lieu demain… vous comptez exploiter la seule piste sérieuse dont vous disposez à quel moment ? »

Harry ne put qu'hocher la tête. Est-ce que c'était sa faute à lui si aucun des loups-garous que connaissait Luna n'avait accepté de témoigner en personne devant le Magenmagot. Il y avait ceux qui n'étaient pas réellement enregistrés, ou enregistrés dans un autre pays, et qui vivaient une existence bien plus acceptable en ne révélant pas leur nature profonde. Il y avait ceux qui craignaient de perdre les seuls amis qu'ils avaient encore. Il y avait ceux qui avaient déjà subi tant de préjudices qu'ils ne pouvaient pas croire qu'on pouvait légalement les faire cesser… Et il y avait ceux qui ne savaient rien… Evidemment.

« Nous allons faire notre maximum, votre Honneur », répondit-il finalement.

« Rappelez-vous, Aspirant, que nous comptons boucler cette affaire cette semaine… Il vous reste donc trois jours pour apporter des preuves concluantes pour soutenir l'accusation de préméditation et de coercition de créatures non consentantes que vous avez proposé au tribunal… »

« Je m'en souviendrai, Votre Honneur », soupira Harry.

« Nous verrons, Aspirant. Cette audience est levée ! Greffier, faites entrer les parties de l'affaire suivante…»

Harry revint avec une moue désolée vers Tonks qui haussa imperceptiblement les épaules.

« On le savait », commenta-t-elle en se levant et se dirigeant vers la sortie.

« J'ai fait ce que je pouvais… »

« Tu vas pas résoudre tous les problèmes de la communauté magique en trois coups de baguette, Harry… C'est pas pour rien qu'Alexander a pu tenir aussi longtemps son petit trafic, il savait qu'il encourait peu de risques… »

« T'as vu l'air suffisant de son avocat ? »

« T'apprendras à plus y faire attention », répondit l'Auror, « Il fait son job, on fait le notre… Ah bravo ! »

« Quoi ? »

« Il fait quoi là Lupin ? Je croyais que Justin voulait le garder pour le dernier moment ? »

« Je sais pas… je vais… »

« Non, je vais aller lui dire ! » - souffla-t-elle avant de reprendre plus fort, « Allez, Aspirant, t'as entendu le juge… Au boulot, faut faire le tour de tous les témoins ! »

« Oui, chef », répondit Harry en se retenant pour ne pas sourire. Tonks n'était pas du tout le genre d'Auror à le laisser faire tout le boulot tout seul.

« Moi, je vais régler les questions de procédures », annonça-t-elle, toujours à la cantonade, avant de lui souffler plus discrètement : « A la Plage ?»

« Ça tombe bien, j'ai un peu faim », confirma Harry, en s'éloignant vers les cheminées publiques comme s'il n'avait même pas entrevu le vieil homme au cheveux blancs qui s'aidait d'une canne pour marcher. En pénétrant dans les flammes magiques, il se demanda cependant qui étaient les deux personnes qui l'accompagnaient.

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Ils ne tardèrent pas, en fait. Harry avait à peine eu le temps de commander un café et de se plonger dans le Times du jour, après avoir salué les serveuses qui le connaissaient bien - Ce coffee-shop les accueillait souvent, Tonks et lui – que la double porte vitrée s'ouvrit sur Tonks, Remus et les deux autres personnes qu'Harry avec entraperçues au Magenmagot.

A leurs vêtements un peu incertains, Harry comprit qu'ils les avaient transfigurés. Tonks et Remus vinrent directement vers lui alors que les deux autres regardaient autour d'eux avec une évidente curiosité – évidemment pour des sorciers, l'ambiance Fun Boarders qu'avait choisi l'établissement pouvait dérouter. Planches de surf au mur, sable blanc et faux palmiers dans des bacs faits de bois brut, tout comme les tables et les chaises – sans parler des chaises longues ! - c'était déjà fait pour dépayser les Moldus !

« Asseyez-vous, asseyez-vous ! C'est un endroit tranquille, et ils font les meilleures pancakes-sausages de toute la ville, - et croyez-moi, avec nos horaires, Harry et moi, on est des experts ! »

« Harry, je te présente Hope et Mel Hespero », ajouta alors Remus, poussant les deux arrivants devant lui. Malgré la magie, les deux ne pouvaient pas cacher l'usure et la désuétude de leur garde-robe – il y a toujours des limites à la métamorphose. La fille avait des cheveux courts, épais et d'un chaleureux blond-roux. Ses yeux inquiets et intimidés n'étaient pas inintéressants. A en croire ses os saillants et son visage fatigué, Harry lui aurait conseillé de dormir et de faire quelques bons repas. Mais, dans le contexte, il comprit : une louve-garou.

« … Mon ami, Harry Potter », continua Remus très doucement.

La dénommée Hope se tourna un peu nerveusement vers l'homme qui la suivait, comme pour lui demander de confirmer qu'elle avait bien entendu. Ce dernier lui ressemblait trop pour que ce soit une coïncidence. Un frère et une sœur, déduisit Harry. L'homme eut un petit signe de tête précautionneux. Il n'est pas content d'être là.

« Asseyons-nous, asseyons-nous », répéta Tonks d'une voix enjouée. Et comme la serveuse s'approchait, elle s'écria : « des petits-déjeuners complets, pour tout le monde.. »

« Oh, mais nous n'avons pas d'argent moldu ! » s'exclama la jeune femme – maintenant qu'elle était assise en face de lui, Harry avait décidé qu'elle était sans doute aussi jeune que lui, mais très abîmée déjà par la vie. Pas d'argent tout court, songea-t-il.

« Invitation du Ministère », contra Tonks toujours gaie et souriante.

« Vous pensez nous acheter avec des saucisses ?» gronda le dénommé Mel.

« Pour acheter quoi que ce soit, il faudrait encore que je sois sûre de la marchandise », répondit Tonks moins chaleureuse cette fois.

C'était une réplique que Harry avait entendue dire trop de fois à des indicateurs depuis qu'il travaillait avec elle pour les compter. Mais ce matin-là, il la trouva beaucoup moins anodine qu'auparavant. Se pouvait-il que ces deux-là ?

« Mel, c'est un geste de bonne volonté » - s'interposa posément Remus et le jeune homme, immédiatement, grimaça comme s'il s'excusait.

Harry était étonné ; les réactions des uns et des autres dénotaient une certaine connaissance mutuelle, or il ignorait que Remus ait des relations avec des loups-garous, des loups-garous londoniens et plus jeunes que lui de surcroît.

« Je suis désolé, Harry, pour ce matin », reprit le vieil ami de son père, se tournant vers lui. « C'est vrai que Justin préférait que je continue de me cacher jusqu'au moment où mon témoignage sera utile… Mais j'ai pensé que c'était la seule façon de convaincre Mel et Hope qu'on a besoin d'eux… »

« Tu veux dire… » - commença Harry.

« Que nous sommes de loups… » - intervint abruptement Mel – et sa sœur parut très inquiète que quiconque les ait entendus.

« J'avais compris », dit doucement Harry, mais le jeune homme – il devait avoir tout juste vingt ans, même si ces traits étaient déjà assez accentués – ne battit pas en retraite cette fois.

« Que peut-on cacher au grand Harry Potter ! » ironisa-t-il.

Une nouvelle fois, Remus s'interposa :

« Mel, je t'en prie ! Nous en avons parlé. Je connais Harry depuis sa naissance et nous pouvons lui faire confiance ! »

« Moi, je vois surtout qu'il a besoin de nous mais, nous, qu'est-ce qu'on va y gagner ? De l'argent ? Non. Plus de liberté ? Non. Des ennuis, c'est tout ! Voilà, ce que je dis !»

« Mel, allons, on avait décidé de leur dire ce qu'on savait et de voir ce qu'ils nous proposaient », essaya sa sœur.

« Rien de ce qu'on sait n'est nouveau pour eux, ou ils ne méritent pas leur athamé et leur droit de vie et mort sur nous », grogna le jeune homme avec un geste d'agacement.

« Il s'agit justement de réclamer nos droits », soupira Remus. « C'est une chance unique ! »

« Vous l'attendez depuis si longtemps que ça cette chance ! Et, c'est ça que vous nous proposez, professeur ? Attendre toute notre vie le droit de témoigner contre nos bourreaux ? »

« Mel, ne crie pas si fort ! » - chuchota Hope, alarmée. De fait, la serveuse revenait vers eux, trois assiettes copieuses en équilibre sur ses mains qu'elle plaça devant Tonks, Hope et Remus.

« Je reviens tout de suite avec les deux autres ! »

« Je me demande toujours comment elle fait ça », commenta Tonks rêveuse, comme elle s'éloignait. « Moi, j'en aurais cassé la moitié ! »

« La moitié ? Tu es trop gentille avec toi-même », se moqua Harry – soutenu par le sourire furtif de Remus.

« Aspirant… »

« Oui, chef ? » - demanda Harry avec une naïveté feinte.

La serveuse revint avec les deux dernières assiettes, mettant fin à la tentation d'autorité de Tonks. Chacun se concentra sur son repas, mais Harry remarqua que Hope n'avait attaqué la sienne qu'après que Remus ait montré l'exemple. Mel hésita encore quelques secondes, faisant semblant de ne pas être mis en appétit par son repas avant de sembler renoncer à toute retenue.

« Donc, vous connaissez Mélanion Alexander ? » - demanda Tonks quelques minutes plus tard. Les fourchettes de la fratrie Hespero s'arrêtèrent en plein élan.

« On avait pas à faire à lui directement », souffla Hope, rougissante.

« Ah qui alors ? »

« Un de ses assistants », expliqua encore la jeune femme, s'essuyant les lèvres et repoussant à regret son assiette.

« Combien de fois l'avez vous rencontré ? » - demanda Harry.

« Ho…. Une fois j'ai… vendu mes cheveux…. Une autre… deux dents… des molaires », précisa-t-elle comme si ça minimisait l'horreur de la chose. « Et Mel… »

« J'ai vendu mes cheveux et mes ongles », compléta abruptement son frère. « Plusieurs fois… »

Tonks hocha la tête avant de demander :

« Vous avez été payés ? »

« On y serait pas retourné, sinon ! » éternua Mel.

« Comment ? » continua Tonks froide et technique.

« En or », souffla honteusement Hope.

« Comment êtes-vous entrés en contact avec Alexander et sa bande ? » intervint alors Harry.

Le frère et la sœur se regardèrent et comme les autres fois quand la réponse était sérieuse ce fut l'aînée qui s'exprima :

« On a entendu parler de lui par d'autres… »

« Vous connaissez beaucoup d'autres victimes ? » demanda Tonks cachant difficilement cette fois une réelle excitation.

« En fait, c'est surtout une autre qu'on connaissait… on est allés à l'école ensemble… »

« A l'école ? » - s'étonna Harry.

« Rares sont les gens comme nous qui arrivent à entrer dans des écoles officielles de magie », reconnut patiemment Remus, alors que les deux jeunes à ses côtés semblaient profondément vexés de la question de Harry. « Même de seconde qualité… Mais il existe un réseau… un réseau informel de cours pour les enfants lycanthropes… les professeurs sont bénévoles et réunissent leurs élèves chez eux, généralement… »

« Tu as été leur professeur », comprit Harry. Les relations entre les trois lycanthropes devenaient tout d'un coup beaucoup plus claires.

« Oui… avant et après avoir travaillé à Poudlard… » - confirma tranquillement Lupin.

« Notre professeur favori pendant des années », déclara Hope avec son premier vrai sourire.

Harry aurait encore voulu les interroger sur cette vie parallèle que Remus avait menée – une vie qu'il avait parfois devinée sans jamais en avoir d'autres preuves tangibles qu'une odeur sur les vêtements de Lupin, un rendez-vous griffonné sur un morceau de parchemin… mais Tonks ramena la conversation à l'urgence du moment :

« Est-ce que vous seriez prêts à témoigner ? »

Hope se mordit la lèvre, Mel préparait visiblement une nouvelle sortie cinglante mais, une nouvelle fois, Remus prit la direction de la conversation, plongeant son regard dans celui de Tonks :

« Qu'est-ce que tu vas leur offrir en échange, Tonks ? »

« Je n'ai pas pour habitude d'acheter mes témoins ! » s'insurgea l'Auror.

« Comment vas-tu les protéger ? »

« Tu crois qu'on n'a pas arrêté toute la bande ? » s'étonna franchement l'Auror.

« Tu veux qu'ils témoignent ? Et tu ne comptes pas les protéger ? Mais sais-tu bien ce qu'ils risquent eux ? »

Harry eut envie de s'interposer mais les deux anciens membres de l'ordre du Phénix ne regardaient rien ni personne.

« Si on trouve leurs photos dans la gazette, s'ils sont expulsés de leur logement, si Mel perd son travail de jardinier magique au Stade de Wimbledon… est-ce que tu trouveras le sommeil, Tonks ? » reprit Remus, implacable.

« Tu sais bien que non ! »

« Donc, tu vas demander une audition à huis clos. » conclut Remus très calmement ;

« Quoi ? Mais, voyons, c'est impossible ! »

« Si. »

« Enfin, Remus, on ne le fait que pour les mineurs ! »

« Et en quoi des créatures « protégées » comme les loups-garous se différencient-elles des mineurs, dis-moi ? » - ironisa Remus et la détermination qui animait son regard et sa voix alors faisait totalement oublier sa fragilité physique.

« Ça s'est jamais fait ! » - contra la jeune femme, mal à l'aise « enfin, que je sache… »

« Et tu as déjà entendu parler de témoignages volontaires de loup-garou ? »

Elle secoua la tête, détournant brusquement le regard.

« Alors, débrouille-toi pour obtenir ces garanties d'anonymat », insista toujours très doucement Remus, mais sans que pour autant sa fermeté et sa décision ne puissent être questionnées. « Si on voit ensuite que le procès risque d'aboutir à une réelle condamnation d'Alexander et sa bande et qu'ils vont pouvoir demander des compensations… On reverra la question »

Tonks hocha lentement la tête sans rien dire d'autres. Harry lut une lueur de victoire et d'étonnement dans les yeux des deux jeunes lycanthropes. Il leur sourit brièvement avant d'intervenir pour la première fois :

« Il leur faudrait un conseil juridique », souffla-t-il.

« Harry, est-ce que tu crois que nous serions là si Justin ne m'avait pas déjà dit oui ? » se moqua doucement Remus.

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Bon la suite n'est qu'une théorie de bribes pour l'instant…. Mais ça commence sans doute avec l'analyse des enjeux par Kingsley… A bientôt !