Ruptures d'un processus linéaire
Disclaimer :
TRAM (Toujours Rien A Moi – marque déposée)
Harry un peu perdu… Théalie, Guézanne… Harry
pas sur son terrain plutôt…
dépendant de Justin et
de sa connaissance des arcanes du droit et de la procédure,
et devant apprendre à l'accepter….
Une initiation en
quelque sorte…
Hagrid, encore ! (je résume)… Anaerobie, Vert….
Hum… pas tout de suite…
Ce qui donne raison à Sined
Tam et Justin… Non ? Fée fléau et Hynkyponk (qui, grâce à sa lanterne, ne laisse rien passer…) Comme dit Alixe, en attendant, je l'utilise…. Je sais qu'elle est agaçante, Alana Chantelune, mais la comparer à Rita me paraît un peu exagéré !
Encore un peu de procès pour Bartiméus, Qc-HP, Ryan,
Zaika…
de couverture médiatique pour Ce
Baratineur de Charme et Fée fléau
et de
réflexion philosophicomagique sur l'écriture de
l'histoire (juste pour Anaérobie !)
Bonjour à
Shima-san qui nous rejoint maintenant… Merci de trouver
Parvati juste – parce que j'ai pas mal douté de mon choix
récemment… J'espère que tu aimeras aussi celui-ci !
29 – L'écriture de L'histoire
Le
drôle de plumage de ce phénix
par Tristam
Pieternel, La Gazette du sorcier.
On a toujours émis des doutes sur le sérieux et la santé mentale de Albus Dumbledore. D'accord, il a eu, jeune encore, cet affrontement légendaire et victorieux avec Grindenwald. Nous lui en sommes tous reconnaissants mais qu'a-t-il fait d'autres ?
Je me rappelle m'être posé la question bien des fois élève à Poudlard et plus encore une fois que j'eus achevé mes études. Il m'a même semblé un moment que ça devenait une obsession collective : « mais qu'en dit Dumbledore ? » semblait être la seule question critique que l'opinion sorcière britannique semblait être capable de proférer sur n'importe quel sujet – de l'épaisseur du fond des chaudrons à la meilleure façon d'abattre Voldemort.
Et voici, qu'aujourd'hui, par le biais du témoignage d'un demi-géant, on peut légitimement se demander par quel processus frauduleux cet homme est montré comme exemple à nos enfants sur des cartes Chocogrenouilles. Je ne m'appesantirais même pas sur l'idée de laisser témoigner un demi-géant – même si je m'étonne que Me Deauclaire-Weasley ne se soit pas publiquement demandée comment on pouvait l'accepter. Je me permettrais seulement de m'interroger sur le sens profond de ce qu'il nous a livré – sans préjuger de sa véracité.
Cet homme, dont l'unique gloire semble être d'avoir été distingué par le grand sorcier, nous raconte que Albus Dumbledore avait créé une société secrète, nommée l'Ordre du Phénix, dont le seul et unique but semblait être la protection de Harry Potter. Il est après tout des sociétés encore plus obscures, ne nous arrêtons pas là. Et de qui s'entoure le grand sorcier pour mener à bien cette étrange entreprise ? De compétents Aurors, d'érudits Langues-de-plomb, de ceux qui disposent de la puissance économique ou politique ? Non.
Il rassemble, péniblement sans doute, outre le susdit demi-géant, un loup-garou, un obscur fonctionnaire du Ministère, un Auror à la retraite paranoïaque, un trafiquant multirécidiviste et un peu aimé professeur de potions, considéré par beaucoup comme un ancien Mangemort.
Est-ce
vraiment ainsi que Harry Potter a vaincu ? Est-ce de ces cendres
que notre phénix s'est levé pour abattre le
représentant du mal absolu ?
Eh bien, à mon
humble avis, qui sera sans doute aussi celui de bien des lecteurs,
j'en suis convaincu, il aurait mieux fait de s'abstenir de nous
le faire savoir ! »
« Eh bien, en voilà un qui t'aime, Harry », estima Ron quand Parvati eut fini la lecture à haute voix de l'article le samedi matin.
C'était inespéré qu'ils soient tous les trois libres ce matin-là, et Harry avait demandé à Justin et Lupin de se joindre à eux pour un brunch stratégique – l'expression était de Justin. En attendant l'avocat, ils épluchaient la presse magique apportée par Remus. Les développements du réexamen de la culpabilité de Sirius Black y tenaient une bonne place.
« Je lui demande pas de me donner sa fille », maugréa Harry, en pensant que c'était un drôle de paradoxe de se retrouver héros de personnes qui professaient une vision du monde aussi différente de la sienne que ce journaliste.
« Faut dire ! Il aurait pu nommer tout le monde, Hagrid, et pas seulement les plus insignifiants ! » - estima Ron.
« Merci pour Remus, merci pour ton père », remarqua Parvati.
« Autant demander directement la démission de Tonks et de Shacklebolt ! » renchérit Harry, insensible à la rougeur subite des oreilles de Ron, qui n'osait pas regarder Lupin.
« Parce que vous croyiez que Fudge va les épargner ! » - répliqua le rouquin sombrement.
« Fudge ne peut rien leur faire avant la fin du procès, ça serait trop visible ! » commenta Lupin avec flegme. « Tout dépend du verdict ! »
Tout dépend du verdict… Harry eut l'impression que cette phrase recevait l'assentiment de toutes les fibres de son être.
« Enfin heureusement, toute la presse n'est pas aussi méchante », annonça Parvati en extirpant de la pile le dernier numéro du Chicaneur.
Comment
s'écrit l'histoire
par Jorge Belem, Lo Diario
Magico (Lisbonne),
traduction et reproduction exclusives pour
Le Chicaneur
« On est souvent étonné par les chemins que prend l'histoire pour s'écrire. Pour le commun des sorciers, l'histoire britannique contemporaine, c'est l'histoire d'un combat, de l'affrontement entre deux conceptions de la magie, entre Harry Potter et Lord Voldemort. »
« Ah, on préfère ça ! » commenta Ron et Harry ne trouva aucune autre réponse que de lui donner un coup de poing dans les côtes.
« Pendant tout ce combat, l'Europe magique a craint de devoir perdre un de ses fleurons – que serait-elle sans Avalon ou sans Stonehenge ? Mais que sait-on vraiment de ce combat ? Nos éminents historiens seraient bien inspirés de sortir de leurs bibliothèques et de venir assister aux audiences du procès en réexamen de la culpabilité de Sirius Black dans l'assassinat des Potter, en ce funeste Halloween 1981. Auront-ils d'autres moments dans leur vie d'entendre les différents protagonistes d'un tel drame s'expliquer face à face ou presque ?
L'avocat d'Harry Potter a promis de nous livrer, à la fin du procès, le véritable coupable. Il nous a promis de nous montrer aussi que Sirius Black n'était pas un Mangemort ; et les deux premières audiences laissent peu de doute à ce sujet »
« Que Merlin l'entende ! » soupira Harry.
« L'homme qu'on nous a décrit était un combattant, un homme qui n'a jamais cessé de se battre pour sauver son filleul du sort terrible qui lui était promis. Que cet homme ait trouvé, dans son combat désespéré, le soutien de Albus Dumbledore parait presque miraculeux quand on entend les témoins nous parler de l'ambiance de l'époque.
Aucun des quatre ne prit la peine de commenter une affirmation qu'ils savaient douloureusement vraie.
Qu'ils n'aient pu réunir autour de leur projet iconoclaste que d'autres outsiders (NDT : en anglais dans le texte original), tels le gigantesque ancien garde-chasse de Poudlard venu témoigner ce jeudi et ce vendredi au Magenmagot, ne doit donc pas nous étonner outre mesure.
On mesure peut-être mal, nous autres Portuguais, à quel point la société britannique est hiérarchisée et combien être un outsider, c'est presque être un outcasted (NDT : là encore, les termes sont en anglais dans le texte)
On sait que la dernière convention Magique Européenne s'est terminée par la recommandation expresse faite à la Grande Bretagne par ses pairs de parvenir à un réexamen du statut des créatures et sang-mêlés. Quand un demi-géant nous raconte comment un sorcier mythique a dû compter sur l'aide d'un loup-garou, d'un ancien Mangemort, d'un simple fonctionnaire et d'un Auror à la retraite, on comprend mieux pourquoi son discours dérange. Pourtant sa leçon, amis britanniques, est importante : il nous dit que, dans cette communauté britannique, si rigidement figée pour ses visiteurs, ce sont les outsiders qui ont écrit l'Histoire ! »
Personne ne dit un mot quand Parvati eut fini de lire. Ron se reversa du café. Lupin s'empara du journal comme s'il voulait relire des parties du texte. Harry aimait bien le terme d'outsider, mais il n'osait pas le dire à voix haute.
« A lire ça, on se dit qu'on devrait migrer en masse », commenta finalement Parvati.
« Bof, je suis sûr qu'eux aussi ont leurs blocages et leurs préjugés », estima Ron en haussant les épaules.
« Migrer serait aussi déserter le lieu du combat », commenta très doucement Remus – et sans doute ces paroles, venant du plus paria d'entre tous, prenaient un sens particulier. Parvati baissa les yeux. « Mais je comprends la tentation, Parvati ! »
« Je ne suis pas aussi frivole que vous semblez le penser, Remus »
« Non, mais tu n'as qu'une vie, personne n'en a deux, et le combat est ingrat ! »
Ron regarda Harry qui se demandait comment intervenir quand le déclic de la porte les alerta.
« Mais voici notre avocat préféré ! » annonça Parvati qui s'était levée pour voir qui entrait – ou pour mettre fin à un affrontement qui ne pouvait mener à rien.
Justin souriait en pénétrant dans la petite cuisine, le vêtement plus moldu et chic que les amis de Tam, le visage plus fatigué que Lupin lui-même. Harry comprit, en le regardant, que ce procès n'était anodin pour personne – pas même pour l'avocat – et il regretta les paroles un peu dures qu'il avait eues pour lui les jours précédents.
« Bonjour tout le monde ! Excusez mon retard, mais j'ai bossé tard hier soir ! Et ce matin… »
Sa main termina sa phrase d'un geste vague.
« Dis–nous plutôt que tu es sorti hier soir ! » le taquina Ron, « ça nous changera de l'atmosphère de victime qui règne dans notre petit groupe ! »
« Hum, j'aimerai bien me trouver un bourreau aussi mignon que le tien, Ron ! » rétorqua l'avocat, avec un clin d'oeil.
« Arrête, il va encore nous faire une crise de jalousie ! » intervint Harry, rigolard.
« Y'en a qui passent dans les journaux et y'en a qui s'occupent de leur copine ! » s'exclama Ron en désignant les journaux étalés sur la table.
Tout le monde sourit sauf Justin qui contempla la presse magique rassemblée d'un air songeur.
« Je sais pas trop comment j'aurais pu mieux gérer la référence à l'Ordre », murmura-t-il. «L'expliquer en détail, c'était s'éparpiller encore davantage et on n'a pas besoin de ça ! C'est pas pour rien que Pénélope s'est engouffrée là-dedans ! Détruire la crédibilité de l'ensemble c'est encore sa meilleure défense ! »
« Pourtant… tu as lu ce Portuguais », demanda Parvati, « Ce sont les outisders qui ont fait l'histoire ! »
« Qui lit le Chicaneur ? J'adore Luna, mais il faut être réaliste ! »
Harry se dit qu'il n'avait jamais vu Justin aussi pessimiste et, inconsciemment, il frissonna.
« C'est vrai que reconnaître que le Ministère s'est trompé n'a pas l'air de leur venir à l'esprit », maugréa Ron.
« Ils pourront toujours faire ça quand ils n'auront plus que le choix de s'unir au vainqueur », remarqua Justin, « si nous sommes vainqueurs, bien sûr… »
« Comment vois-tu les choses maintenant, Justin ? » demanda doucement Lupin.
« C'est justement ce à quoi je réfléchissais hier soir. Normalement, je comptais te faire témoigner après Hagrid, Remus… ; »
« Le loup-garou après le demi-géant ! Ça va réjouir Pieternel ! » - estima Ron avec sa franchise brutale.
« Tendre le bâton pour se faire battre », renchérit Lupin, sans doute pour montrer qu'il était tout à fait capable de séparer les faits de son orgueil personnel.
Justin encaissa sans broncher, se contentant de hocher la tête comme s'il partageait tout ce qui venait d'être dit.
« Rogue ? » demanda Harry.
« Rogue est mon joker, Harry, je te l'ai déjà expliqué… »
« Et c'est pas le moment du joker ? »
Justin grimaça :
« Si, peut-être… mais… Rogue est vraiment pas facile à interroger… Pire que Hagrid, j'en ai peur ! Deux témoins incontrôlables de suite, ça va faire une drôle d'impression ! »
« Hermione ? » demanda Parvati, ignorant résolument le sursaut choqué de Ron.
« Qu'est-ce que Hermione pourra dire de l'Ordre du Phénix ? » contra Justin. « Si elle doit intervenir, ce sera sur les aveux de Peter. Et là, Rogue est le plus crédible, avec sa haine de Sirius… plus qu'une vieille copine de … de Harry »
Ron haussa les épaules en maugréant quelque chose à propos des vieux copains et de leurs lubies.
« En fait, t'es en train de me dire que je dois compter sur mes ennemis plutôt que sur mes amis ? » s'amusa Harry.
« On est jamais déçu par ses ennemis », intervint Ron.
Ça voulait sans doute être une boutade, mais ça donna un coup d'arrêt à toutes les conversations.
« Quelqu'un veut du café ? » - s'enquit finalement Parvati.
Tout le monde acquiesça et se concentra pendant quelques secondes sur le café, la crème et le sucre. Justin but la moitié de sa mug avec un air absent avant de demander :
« Dis-moi, Ron, comment tu crois que Pénélope va réagir si je lui colle ton père dans les pattes ? »
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« Etes-vous satisfait de votre carrière au sein de Ministère, M. Weasley ? »
Harry se retint de secouer la tête ou de signaler d'une quelconque façon son agacement. Comment Pénélope pouvait-elle accepter ce rôle ? N'avait-elle aucune affection, aucun respect, pour la famille de son mari. Pensait-elle sincèrement souhaitable que ses propres enfants ne connaissent pas leurs grands-parents ? Inévitablement, ses pensées se tournèrent vers Molly et son inquiétude. Son cœur se serra.
« Je suis satisfait d'avoir passé ma vie professionnelle à servir ma communauté, oui », répondit dignement et calmement Arthur.
Sans doute, sait-il mieux que moi de quoi Percy est capable, se dit Harry en observant le père de Ron offrir un visage impassible et poli aux assauts de sa belle-fille. Après tout, ce n'est pas comme s'il découvrait ce matin combien sa carrière passe avant sa propre famille ! Enfin, Percy n'a quand même pas osé venir ! – remarqua Harry en se retournant légèrement pour regarder le public. Dean Thomas, qui gardait la salle ce jour-là, lui fit un discret signe de tête.
« Pourtant, malgré cette carrière satisfaisante, vous avez choisi de rejoindre une société secrète dont le but avoué était de contourner l'action du Ministère », renchérit Pénélope sur un ton réprobateur qui rappela étrangement à Harry Minerva McGonagall.
« Il ne s'agissait pas de contourner le Ministère », argumenta Arthur, « mais de compléter son action. Il y a des voies qui sont difficiles pour l'action publique… »
« Des voies illégales ? »
Harry sentit à ses côtés Justin hésiter à lever la main pour poser une objection puis y renoncer.
« Pourquoi illégales, Maître ? » répondit Arthur Weasley posément. Il ne faisait aucun doute qu'il s'était attendu à une question de ce genre. « Etait-il illégal d'aider Harry à grandir ? De le protéger des Mangemorts et de Voldemort pendant les vacances ? Etait-il illégal de chercher à rendre l'action du Ministère possible en faisant savoir que le mouvement des Mangemorts renaissait ? »
Justin hocha la tête comme pour soutenir les paroles d'Arthur. Il est vrai qu'il s'en sort très bien, estima Harry. Pénélope fit quelques pas dans le prétoire avant de répondre.
« Pourquoi vous cacher alors ? Pourquoi cette société secrète ? »
Arthur hausa les épaules :
« C'est vous qui qualifiez l'Ordre de société secrète. Pour moi, c'était plus une…une association de gens qui prenaient Voldemort au sérieux. »
« Vous pensiez que le Ministère ne prenait pas Lord… Voldemort au sérieux ? » - s'étonna Pénélope comme si l'idée est aussi farfelue que l'existence des Ronflaks cornus.
Elle a fait des progrès, jugea Harry, bientôt elle ne fera même plus de pause pour parler de lui.
« Ce n'était pas la position officielle du Ministère, à l'époque », constata Arthur.
« Mais, en tant que membre du Ministère, ne saviez-vous pas qu'on peut difficilement réduire la position d'une telle institution à sa position officielle ? »
« Autant reconnaître qu'ils manipulent l'opinion », souffla Harry au profit de Justin qui sourit brièvement, trop concentré sur l'échange entre Arthur et Pénélope pour même tourner la tête.
« Ce n'était pas non plus la position officieuse, pour autant que j'ai pu le constater !» - insista Arthur.
« Est-ce que vos responsabilités vous permettaient réellement de juger de cela ? » demanda Pénélope sur un ton qui indiquait clairement qu'elle ne le pensait pas.
« Objection », dit posément Justin, en se levant tout aussi calmement. Les trois juges tournèrent la tête vers lui. « Maître Deauclaire ne peut pas dans un premier temps demander au témoin de se prononcer sur la position du Ministère, pour dans une deuxième temps sous-entendre qu'il n'est pas habilité à la faire ! Le procédé est déloyal et interdit par le code de procédure… . »
Rivers leva une main qui semblait affirmer qu'elle n'avait pas besoin qu'on lui rappelle le code de procédure. « Objection retenue, reformulez, Maître Deauclaire »
Pénélope accepta la réprimande d'un geste sec de la tête.
« Vous avez donc estimé que l'Ordre était plus à même de protéger Harry – comme vous dites – que les Aurors ou le Ministère ? »
« J'ai estimé, comme d'autres, que la protection de l'Ordre n'était pas de trop. »
« Vraiment ? »
Arthur regarda Harry pour la première fois et lui sourit avant de répondre :
« Harry est devenu un ami de mon plus jeune fils Ronald dès leurs premiers jours à Poudlard. Très vite, j'ai connu Harry personnellement et j'ai su combien il était effectivement menacé, combien les forces du mal, que nous croyions tous dissipées, étaient en fait toujours là, autour de nous… »
Pénélope n'eut pas l'air de goûter à l'étalage des malheurs de Harry.
« M. Weasley, combien avez-vous d'enfants ? » interrompit-elle avec une certaine impatience.
« Sept »
« Donc, vous, le père de sept enfants, le fonctionnaire zélé, vous avez pensé que ce que vous aviez de plus important à faire c'était de vous occuper personnellement, ou presque, de la sécurité de Harry Potter ? »
Le ton se voulait neutre mais le sarcasme était latent.
« Un seul de mes enfants a jamais douté que ce soit une bonne décision », répliqua sèchement Arthur. Pour la première fois, Harry eut le sentiment que Pénélope hésitait sur l'opportunité de pousser plus loin cette ligne de questionnement. Elle sembla opter pour un compromis :
« Quand êtes-vous entré dans l'Ordre ?»
« En 1995, à la fin de la quatrième année d'Harry à Poudlard… Albus Dumbledore me l'a proposé et j'ai tout de suite accepté. »
« Sans vous inquiéter de savoir qui faisait partie de cet Ordre ? »
« Albus en faisait partie et ça me suffisait. »
Pénélope attendit mais Arthur se contenta de cette déclaration de principe. Elle s'attendait sans doute à une profession de foi favorable aux loups-garous et aux géants, estima Harry avec une certaine satisfaction. Au petit coup de stylo marqué par Justin sur son bloc de papier crème, le jeune Auror comprit que l'avocat estimait qu'ils venaient de marquer un point.
« Quelle était votre fonction dans l'Ordre ? » reprit finalement l'avocate.
Harry savait qu'il pouvait dénombrer très précisément le nombre de fois où il avait vu Arthur Weasley réellement agacé. Il pouvait maintenant en ajouter une.
« Vu votre insistance à vouloir considérer l'Ordre du Phénix comme un contre-gouvernement, Maître Deauclaire, je vais devoir une nouvelle fois vous détromper », commença le père de Ron sur un ton sec. « Ce n'était pas une organisation militaire ou hiérarchisée mais un groupe de gens qui, autour de Albus Dumbledore, a cherché à aider Harry Potter à survivre. »
Ses oreilles comme sa voix s'étaient échauffées et, s'en rendant compte, Arthur fit une pause avant de continuer, plus calmement :
« Personne n'avait de fonction particulière ou permanente. Nous nous sommes fixés des missions et nous avons essayé de les remplir de notre mieux : protéger Harry pendant les vacances, rassembler des preuves du rassemblement des Mangemorts… des choses comme cela. »
« Et chercher à amener de votre côté des créatures comme les géants et les loups-garous », ajouta Pénélope en ayant l'air d'abattre une carte maîtresse de son jeu.
« Nous avons simplement essayé d'entamer un dialogue avec des groupes que le société sorcière méprise généralement », expliqua encore Arthur. « Nous avions peur qu'ils ne rejoignent les Mangemorts par esprit de revanche. Nous n'avons pas été très efficaces dans ce domaine, je le crains ».
Justin leva de nouveau la main et Rivers lui donna la parole.
« Nous comprenons que Maître Deauclaire essaie de ridiculiser aux yeux de cette cour l'Ordre du phénix en tant que tel. Nous laissons le tribunal apprécier du fond comme du procédé, mais, après une demi-heure de contre-interrogatoire, nous attendons toujours la première question qui aurait lieu avec notre affaire – laquelle, je le rappelle, voudrait examiner sous un nouveau jour la présumée culpabilité de Sirius Black. »
Rivers se pencha vers Simons à sa droite, lui posa une question à laquelle l'autre juge répondit avec de grands gestes des mains.
« Maître Finch-Fletcher, cette cour vous a déjà plusieurs fois laissé une grande amplitude de questionnements – parfois à votre demande. Nous ne voyons pas de raison d'interrompre Maître Deauclaire sur sa ligne de questionnement pour autant qu'elle puisse faire, en effet, le lien entre les choix personnels de M. Weasley et la culpabilité de Sirius Black. »
Un point partout, constata Harry. Mais Justin parut satisfait de ce demi-résultat quand il se rassit en remerciant la cour alors que Pénélope se contentait d'acquiescer un peu sèchement. Elle prit le temps de relire quelque chose sur ses notes avant de demander :
« Bien, comme nous le rappelle opportunément mon brillant confrère, nous sommes ici pour rechercher la vérité sur Sirius Black. M. Weasley, c'est donc dans le cadre de l'Ordre du Phénix que vous avez connu Sirius Black ? »
« Oui, c'est ce que j'ai expliqué tout à l'heure. »
« Vous n'avez pas été surpris de retrouver dans l'Ordre un sorcier recherché par tous les Aurors ? »
« Si, dans un premier temps, mais Al… »
« Ça ne vous a pas semblé important de prévenir les Autorités magiques que vous avez juré de servir ? » l'interrompit-elle, visiblement trop excitée par l'argument pour attendre.
« Comme j'essayais de vous l'expliquer, Maître Deauclaire, si Sirius Black et Albus Dumbledore ne m'avaient pas apporté des réponses suffisantes, je l'aurais sans doute dénoncé ».
« Oh. Peut-on savoir quelles révélations ont eu raison de votre sens civique, M. Weasley ? »
Arthur hésita une demi-seconde, jetant un regard furtif vers Justin :
« Ils m'ont expliqué ce qui c'était vraiment passé la nuit d'Halloween 1981 »
Pénélope s'arrêta net dans sa déambulation dans le prétoire, semblant réellement surprise par la réponse d'Arthur Weasley. L'estomac de Harry lui donna raison ; ça venait un peu plus tôt que prévu. Il se retint de quémander trop ouvertement l'avis de Justin qui, de toute façon, ne lui prêtait aucune attention.
« Maître, souhaitez-vous que je vous dise ce qu'ils m'ont raconté ? » demanda Arthur très poliment, après quelques secondes d'un silence assourdissant.
Pénélope regarda tour à tour Rivers, Simons et Grimright comme pour évaluer sa latitude d'action, et les trois juges lui retournèrent son regard sans piper mot. Finalement, se rendant compte que le contraire serait un suicide, elle acquiesça très lentement la tête :
« Sirius et Albus m'ont expliqué qu'ils savaient les Potter menacés depuis cette prophétie qui faisait potentiellement de Harry celui qui abattrait le Seigneur des Ténèbres. Sur les conseils du second, James et Lily Potter ont pris un gardien du secret. Sirius, en tant qu'ami le plus proche et parrain d'Harry, était le candidat naturel mais… justement, Sirius et James ont trouvé ça un peu trop évident. Ils ont donc finalement demandé l'aide d'un autre de leurs amis proches, quelqu'un de beaucoup moins connu et donc a priori de moins facile à trouver. »
« Et vous avez cru cette histoire ? » demanda plutôt acerbement Pénélope.
« Peut-être devriez vous me laisser finir, maître. Ils ont donc fait de Peter Pettigrow leur gardien du secret… »
« Mais Peter Pettigrow est mort… »
« En 1996, en même temps que Lord Voldemort ! » intervint Justin, sautant sur ses pieds.
Le public explosa en exclamations.
« Une minute ! Je ne tolèrerais pas que ma salle d'audience tourne à la foire ! » - intervint sévèrement Rivers. « Maître Finch-Fletcher, veuillez garder vos commentaires pour votre temps de parole et Maître Deauclaire, je vous rappelle que vous êtes là pour poser des questions au témoin et non pour énoncer des opinions ! »Les deux avocats s'excusèrent.
« Bien. Maître Deauclaire, avez-vous encore des questions ? »
Pénélope hésita puis acquiesça, espérant sans doute encore sauver la situation :
« M. Weasley, vous avez donc préféré croire un échappé d'Azkaban plutôt que la Division des Aurors ou le Ministère ? »
« Maître Deauclaire-Weasley », lui répondit Arthur très gentiment, avec une infime accentuation de la deuxième partie de son patronyme. « Si Sirius Black avait voulu tuer Harry, il en aurait eu mille fois l'occasion. S'il avait voulu quitter le pays et disparaître de l'autre côté du monde, il avait les moyens de s'offrir une nouvelle identité. S'il avait été un Mangemort, il n'aurait pas eu à s'enterrer comme il l'a fait Place Grimmault. La seule chose qui pouvait expliquer qu'il reste près d'Harry dans ces conditions était qu'il était innocent, que son histoire était vraie… »
000
Mal barrée, Pénélope…
Bon, on s'approche du but, un petit détour par l'affaire Alexander et puis voilà… car nous allons découvrir un nouveau proverbe : un loup-garou peut en cacher un autre… ça va encore plaire à Pieternel, ça…. Et vous, ça vous inspire quoi ?
