Ruptures d'un processus linéaire
Personnages bien connus...
écrit avec le soutien moral et logistique de Alixe et Vert
Réponses aux reviews replymentaires - comme dirait Guézanne...
33 –De la justice solitaire
« Monsieur Potter », commença lentement Pénélope dans le silence total du Magenmagot.
Harry se dit que personne n'avait prononcé son nom avec autant de mépris et de dégoût depuis sa dernière année de potions à Poudlard – Et il avait vraiment fallu que ce soit la seule façon d'être admis dans le corps des Aurors pour qu'il supporte une septième année de potions ! L'avocate du Ministère fit quelques pas, sans doute mûrement soupesés, dans le prétoire et répéta :
« Monsieur Potter…. Je ne sais même pas par quoi commencer ! »
Harry ne lui fit pas l'amitié de croire que cet aveu était sincère – il avait perdu ses dernières illusions en travaillant avec Justin et ce dernier n'avait cessé de répéter : « Surtout ne la sous-estime pas ! Oui, c'est la femme de Percy ! Oui, c'est la belle-fille de Arthur ! Oui, elle était à Poudlard avec toi ! Oui, c'est un humain ! Mais là, c'est un fauve, un fauve blessé, d'accord ! C'est toi ou elle alors, attends-toi au pire!»
Harry ne la quitta donc pas des yeux. C'est ce que tous les manuels conseillent, face à des fauves ou des créatures dangereuses : on ne tourne pas le dos au danger, on l'affronte, on biaise, on se cache, mais on sait où il est et ce qu'il fait ! Harry se carra un peu plus confortablement dans son siège. Il ne doutait pas que l'affrontement serait long.
Rivers toussota – une petite toux sèche que Harry associait désagréablement à Ombrage. Pénélope lui jeta un regard furtif, mesurant précisément le degré d'impatience de la juge.
« Monsieur Potter, vous…vous voulez donc convaincre ce jury de réhabiliter votre parrain, Sirius Black parce que vous croyez connaître un meilleur coupable ? » - l'interrogea-t-elle finalement. Une question, comme une pitié !
Harry soupesa chaque mot. La provocation était subtile. Il ne devait pas s'énerver et dire qu'il en était sûr. « Se limiter autant que possible aux faits », avait martelé Justin. Oui, il devait jouer aussi finement qu'elle.
« J'ai raconté ce que Peter Pettigrow a avoué devant moi. »
« Avoué ? Il a donc d'abord nié ? »
Harry ferma les yeux. Pas assez finement, visiblement. Il prit une inspiration profonde pour répondre :
« Non, Maître, Pettigrow n'a jamais nié. Quand il a repris sa forme humaine, ses premiers mots ont été des mots d'excuse, des mots pour qu'on l'épargne et qu'on l'excuse. Il n'a jamais dit que ce n'était pas lui. Jamais ».
Il était
assez fier de constater que sa voix avait été égale
et factuelle. Il ne croyait pas en avoir trop dit – il n'était
pas entré dans les détails de la transformation de
Queudever ; il n'avait pas révélé que
c'étaient Remus et Sirius qui l'avaient obligé et
menacé. Il n'avait pas menti non plus. Il avait répété
une des phrases mises au point avec Justin et il mesurait combien la
préparation féroce imposée par son avocat avait
été utile.
Mais ses
mains tremblaient sur ses genoux. Il s'obligea à empoigner
des plis de la robe pour les calmer. Il allait falloir durer.
« Cet homme a donc reconnu être l'auteur des faits ? » interrogea encore Pénélope, plus calme que souvent.
Cet homme
– ni Queudever, ni Pettigrow.
Encore un mouvement subtil, une
objection discrète… et une attaque masquée !
« Elle
va commencer par chercher la faille, Harry. Le plus longtemps
possible, jusqu'à ce que Rivers la rappelle à l'ordre
du jour. C'est une guerre des nerfs », l'avait prévenu
Justin. « Mais toi, tu ne vas pas intervenir ? »
avait demandé Harry avec un peu d'inquiétude et de
colère.
« Uniquement
si Rivers ne fait rien, uniquement si tu craques, uniquement si je
n'ai pas le choix… Prends-moi comme un joker, Harry… on ne peut
jouer son joker qu'un nombre réduit de fois ! Mais je
crois que tu sais ce que je pense des jokers ! »
« Comme je l'ai dit », répondit finalement Harry. « Peter Pettigrow n'a cessé de s'excuser, de dire qu'il n'avait pas eu le choix, que Voldemort l'avait forcé… Je n'ai pas vu de double sens possible à ses paroles, Maître »
« Vous avez donc estimé que la théorie de Lupin et de Black se tenait », conclut Pénélope, l'air de rien.
Harry entendit l'hameçon :
« Franchement, Maître, j'ai d'abord eu beaucoup de mal à y croire… Depuis près d'un an, tout le monde me disait que Sirius Black voulait me tuer, qu'il avait trahi mes parents ! Il était assez effrayant quand je l'ai rencontré, en mauvais état physique… Si le professeur Lupin n'était pas arrivé, je ne sais pas s'il aurait même pris la peine de nous expliquer son dessein… »
« Son dessein ? »
« De se faire justice lui-même », reconnut Harry en se demandant s'il était allé trop loin dans le jeu de la vérité. Mais tourner la tête vers Justin pour vérifier aurait été un aveu de faiblesse.
« Se faire justice lui-même ? » - répéta Pénélope. « Qu'entendez-vous par là, Monsieur Potter ? »
Harry vit sa main droite esquisser un geste désolé.
« Tuer Pettigrow… tuer celui l'avait envoyé à Azkaban… celui qui avait tué ses amis… »
« Et c'est donc l'intervention du professeur Rogue qui a empêché cette heureuse justice solitaire », conclut Pénélope, et le sarcasme latent montrait bien qu'elle croyait avoir mis un pied dans la faille. Elle se retournait vers le public et le jury pour leur faire partager son opinion, mais Harry estima qu'il avait le droit de prendre ces dernières paroles pour une question :
« Non, Maître, quand le professeur Rogue est arrivé, Sirius Black avait déjà renoncé à son premier projet et acceptait de livrer Pettigrow à la justice magique », annonça-t-il.
Pénélope se retourna vivement vers lui.
« Vraiment ? Et par quelle intervention miraculeuse, un homme qui avait fait maintes fois la preuve cette année-là de son aigreur et de sa détermination, s'est laissé attendrir ?»
« JE lui ai demandé », expliqua doucement Harry, se rappelant qu'il avait été lui-même surpris de se faire entendre. Comme Pénélope levait les yeux au ciel, il insista : « je l'ai supplié de faire ça ; je lui ai dit que mon père n'aurait sans doute jamais voulu que son meilleur ami devienne un assassin à cause de lui… »
« C'est une histoire touchante, Monsieur Potter, bien qu'assez improbable… »
« Il n'y a pas des règles qui interdisent de faire ce genre de jugement pendant un interrogatoire ? » - demanda Harry, à la cantonade, la moutarde lui montant au nez. « Est-ce que vous êtes là pour juger du fond ou poser des questions sur les évènements ? »
Il y eut des rires et des exclamations dans les gradins et Pénélope s'empourpra. Elle allait visiblement lui répondre vertement quand Rivers intervint pour demander « aux parties » de s'en tenir au sujet même de l'audience.
Pénélope retourna à sa table, fit mine de consulter plusieurs parchemins avant de reprendre l'interrogatoire. Harry était convaincu qu'elle se donnait une contenance en attendant de se calmer. Une fois de plus, il évita de regarder Justin et garda ses yeux vissés sur la jeune avocate. Même les Gryffondors ne tournent pas le dos à leur ennemi !
Quand la jeune femme releva la tête, elle croisa les yeux de Harry et il put sentir sa surprise de le voir concentré sur elle. Il crut même lire une once d'inquiétude. Elle détourna les yeux et marcha jusqu'au centre du prétoire.
« Monsieur Potter, vous avez utilisé le terme de professeur pour parler de Remus Lupin, tout à l'heure… » - reprit-elle.
« Oui, il était notre professeur de Défense contre les Forces du Mal » - le tien aussi, ajouta Harry mentalement.
« Vous l'aimiez bien ? »
« Qu'entendez-vous par là ? » demanda Harry sèchement.
« Vous étiez proche de lui ? Après tout, vous nous répétez depuis des semaines qu'il était un des meilleurs amis de votre père ! »
Lupin… pas Lupin, pria Harry silencieusement. Je ne veux pas qu'il me soit lancé au visage comme la preuve de ma fragilité ou de mon immaturité !
« Je ne le connaissais pas avant qu'il soit mon professeur », répondit-il le plus calmement possible.
« Vous voulez dire que vous ne l'aviez jamais rencontré avant que l'année scolaire ne commence ?» - demanda l'avocate dubitative.
« C'est exactement ce que je veux dire », confirma Harry.
« Un si grand ami de la famille ?» - insista Pénélope
« Ma famille moldue n'a… n'avait pas de contacts avec le monde magique… »
« Vraiment ? Même pas avec Dumbledore ? »
« Je… je ne crois pas », avoua Harry. « Des contacts minimaux, en tout cas. »
Il suivit Pénélope des yeux. Qu'est-ce qu'elle va faire de ça ? Est-ce qu'elle peut en faire quelque chose ? Ça ressemblait un peu à ce que Bill Weasley lui avait expliqué un jour sur son travail de briseur de sorts : on avait un objet – une porte, un miroir, un bijou… -, était-il ce qu'il semblait être ou cachait-il un piège ? Le geste magique qu'on lui appliquait allait-il déclancher d'autres réactions magiques ? L'incertitude comme travail, avait pensé Harry.
« Bon, revenons à Remus Lupin », décida Pénélope. « C'est Dumbledore qui vous l'a présenté, j'imagine »
« Non. En fait, c'est en travaillant avec lui que…presque par accident, j'ai compris qu'il avait été en classe avec mon père. »
« Oh, vous travailliez avec lui… des cours spéciaux de défense contre les forces du mal ? »
« Je… j'avais des problèmes avec les Détraqueurs », avoua Harry, se demandant furtivement s'il avait raison ou non de se demander s'il s'engageait dans de dangereux marécages.
« Avec les Détraqueurs », demanda de manière tout à fait prévisible Pénélope.
« A…à chaque fois qu'ils s'approchaient de moi, je… je… j'entendais mes parents…parler…supplier Voldemort de ne pas me tuer », raconta Harry, un peu malgré lui. Je suis en train de tomber dans le pathos total ! Faut que j'arrête ! « Le professeur Lupin m'a proposé de m'apprendre à faire un Patronus »
« Vous étiez en troisième année et le professeur Lupin voulait vous apprendre à faire un Patronus ? » s'étonna Pénélope, comme si elle l'ignorait, comme si elle ne se souvenait pas de la chute de Harry lors du match de Quidditch. Décidément, le jeu de la vérité était un jeu cruel.
« J'étais en troisième année et j'ai appris à produire un Patronus », la corrigea sobrement Harry. Les murmures dans la salle lui apprirent qu'il avait sans doute eu raison de le faire.
Pénélope marcha quelques pas avant de demander :
« Avec l'accord de Dumbledore, j'imagine ?»
Harry pesa le pour et le contre et choisit le mensonge – cohésion affective et sécurité :
« Je n'ai jamais réellement demandé, mais ça me parait évident »
Il eut la satisfaction de voir Pénélope changer de sujet :
« C'est Remus Lupin qui vous a confirmé que l'homme, l'animagus que vous aviez sous les yeux en 1994 était Peter Pettigrow »
« L'animagus, comme vous l'appelez, n'a jamais nié s'appeler Pettigrow ou Queudever »
« M. Potter, est-ce que je peux vous demander pourquoi vous avez attendu près de quinze ans pour le dire ?»
« Faut-il que je vous rappelle maître Deauclaire que j'étais mineur à l'époque ? Faut-il que je vous rappelle que pour le ministère Lord Voldemort n'est pas officiellement revenu pour le Ministère que lorsque je l'ai eu affronté une dernière fois ? » s'enquit Harry, essayant de contrôler le grondement de sa voix.
« Donc c'est la faute du Ministère ? »
« Savez-vous que j'ai raconté au ministre lui-même en 1994, en 1995 et en 1997, ce qui s'était passé ? Peut-être devriez-vous lui demander pourquoi il a fallu qu'il voit lui-même le cadavre de Peter Pettigrow pour y croire ? Et pourquoi il n'a pas jugé bon d'en tirer toutes les conséquences possibles ? »
Harry se rendit compte avec confusion qu'il s'était levé et qu'il avait crié. Une nouvelle fois, il s'était laissé entraîner dans une démonstration exagérée de sa colère et de son ressentiment. Pénélope l'avait mis en scène comme un ennemi de Fudge ! Celle-ci d'ailleurs laissa la dernière sortie d'Harry flotter dans l'amphithéâtre quelques secondes avant de reprendre d'une voix raisonnable :.
« Le problème de votre théorie, Monsieur Potter, c'est qu'elle est invérifiable… Vous étiez mineur, vos amis étaient mineurs et on sait tous combien le temps modifie la mémoire… »
Harry faillit de nouveau hurler : qu'on lui administre du Veritaserum ! Qu'on appelle un légilimens ! Qu'on amène une Pensine ! Et il montrerait combien ses souvenirs étaient justes et sans flou !
Il fallut le geste de Justin – qui fit brusquement tomber son stylo qui roula jusqu'au milieu du prétoire – pour qu'il se domine. Oui, c'était une provocation, y répondre était tout perdre ! « Plus la provocation est inique, plus celui que la profère est désespéré, rappelle-t-en, Harry ! » Il se mordit la langue et attendit donc.
« La seule créature adulte parmi vous est le lycanthrope Remus Lupin dont le témoignage a été reconnu par le tribunal », continua Pénélope d'un air pensif. « Néanmoins, lui-même ne peut que témoigner d'une semi confession, sans fondement matériel que l'on puisse documenter. »
Harry comprit que ce n'était pas une question et il ravala les commentaires qui le taraudaient. De fait, Pénélope partit dans une longue sortie qui tenait déjà de la plaidoirie.
« Et donc que pouvons-nous prouver aujourd'hui ? Que Peter Pettigrow n'est sans doute pas mort en 1981. Je veux bien reconnaître que ceci limite en partie les crimes imputables à Sirius Black. Disons que nous pouvons établir qu'il n'a pas tué Peter Pettigrow. Maintenant, est-ce que cela suffit à nous prouver, à nous enlever tout doute quant à son innocence ? Je me le demande avec sincérité, Monsieur Potter! » - annonça l'avocate en se tournant vers lui. Harry soutint son regard parce qu'on ne baisse jamais les yeux devant un hippogriffe.
« En quoi cela l'empêche–t-il d'avoir été le gardien du secret de vos parents ? Est-ce que cela exclut de manière catégorique qu'il ait pu trahir vos parents ? Votre conseiller juridique nous avait promis de le faire et j'attends bien sûr sa plaidoirie pour en juger mais je vous le demande à vous, Monsieur Potter : qu'est-ce que vous voulez, en fin de compte ?
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Les journalistes voulaient tous lui parler et Justin, dans son dos, lui murmurait de le faire. Harry s'arrêta donc au milieu du couloir et levant la main pour mettre un frein aux questions croisées qui se déversaient sur lui :
« Je ne sais pas trop ce que vous espérez », lança-t-il en guise d'introduction. Les journalistes sourirent et ça le rassura profondément. Faut que j'arrête la paranoïa, décida-t-il. Quand il avait rejoint son avocat, celui-ci lui avait murmuré : « pas mal, Harry, pas mal… je ne suis pas intervenu parce que je voulais montrer combien tu étais solide… maintenant c'est à moi de lui répondre, t'as fait ton boulot ! » Harry n'avait pas trop le temps d'y réfléchir mais si Justin pouvait paraître parfois manipulateur, il l'estimait franc.
« Je ne vais que répéter ce que j'ai déjà répondu à maître Deauclaire », continua-t-il – annoncer ce qu'on va dire, le dire et le répéter : je vais écrire un livre avec toutes les maximes de Justin. « Je veux la réhabilitation de mon parrain, un homme innocent qui a trop souffert… je veux la reconnaissance d'une injustice ! »
Cette première sortie déclancha une nouvelle série de questions fiévreuses qu'il n'écouta pas. Il leva de nouveau la main pour signaler qu'il allait parler :
« Maintenant, il se trouve que cette vérité ne donne pas la meilleure image de marque possible sur le fonctionnement de la justice magique et sur la capacité de notre communauté à se remettre en cause - Ce n'est pas un résultat qui me réjouit, malgré ce que certains d'entre vous ne cessent d'écrire. C'est tout ce que j'ai à déclarer. »
« Monsieur Potter, est-ce que vous pensez que Cornélius Fudge doit démissionner ? »
C'était presque un chœur qui avait posé la question.
« Je ne suis pas à la place de Cornélius Fudge, je n'ai aucun conseil à lui donner ! »
« Peut-être n'est-ce qu'une question de temps ? Sa place pourrait se libérer ! » - insinua une petite journaliste qui, à juger à son accent, devait être espagnole.
« Dans tous les cas, sa place ne m'intéresse pas », affirma Harry. Et personne ne va me croire, ajouta-t-il mentalement. Justin dans son dos, le poussa et ils essayèrent de se frayer un passage vers les cheminées du Magenmagot.
C'est presque arrivé qu'il les vit, les trois femmes de sa vie : Parvati, Ginny et… Hermione ! Harry allait l'interpeller quand Ginny et elle s'engouffrèrent dans la cheminée. Parvati, elle, s'avança vers lui, ignorant les éclairs des appareils photographiques et se pendit à son bras.
« On se retrouve tous chez Justin » lui glissa-t-elle. Harry hocha la tête. Il ne pouvait s'empêcher de se demander pourquoi personne ne lui avait parlé de la venue d'Hermione ! Et c'est avec cette question pressante dans la tête qu'il entra à son tour dans la cheminée.
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Tout le monde, en effet, était là - ou presque : Ginny, Hermione, Ron, Tam, Dudley, Luna, Remus, Arthur, Tonks et Shacklebolt ! Harry se sentit bêtement touché de les voir tous réunis ; ses yeux le brûlèrent et il baissa la tête
« Oh, Harry ! » - lui souffla doucement Parvati. « C'est normal, t'as pas craqué au tribunal, tu peux maintenant ! Y'a de quoi ! »
« C'est vrai, Harry », renchérit Hermione en s'avançant. « Tu m'as bluffé ! J'imagine qu'après toutes ces semaines de procès, tu as dû t'endurcir, mais Pénélope ne t'a pas fait de cadeau ! »
L'appréciation de Hermione toucha beaucoup Harry qui se défendit comme il put :
« C'est grâce à Justin ! »
« Non, Harry, non… » - intervint ledit Justin, en lui tapant amicalement dans le dos. « J'ai fait de mon mieux pour te préparer à ses questions mais c'est toi, qui as répondu ! Toi, tout seul, j'ai pas posé une seule objection et pourtant, j'aurais pu ! »
« Et c'était mieux de pas le faire ? » s'enquit Tam avec un intérêt certain. Ce n'était pas la première fois que Harry s'en rendait compte, Justin avec sa maîtrise des deux mondes fascinait Tamara Wilson. Il regarda Ronald qui semblait passionné par la vue sur la Tamise. Depuis combien de temps n'avait-il pas vraiment parlé avec Ron ?
« Oui, les premiers témoins ont tous un peu craqué, et Harry a cette réputation…de fragilité…c'était bien qu'il l'affronte seul ! »
« Moi, Harry, je comprends pas pourquoi tu n'as pas dit que ton ministre était venu te menacer chez toi », bougonna Dudley.
Justin répondit à sa place :
« Ça, on se le garde au cas où ! Mais je ne crois pas qu'on ait besoin de ça ! Comme Harry 'adore' le rappeler : nous ne sommes pas là pour avoir la peau de Fudge ! »
« Non ? » s'esclaffa Ginny.
« Non, c'est lui qui ne trouve pas le moyen de séparer la gestion politique de l'après-guerre et sa personne ! Nous, on est de vrais agneaux ! » Tout le monde rit et Justin se joignit à eux dans un grand rire libératoire après ces heures de tension : « Bon, vous buvez quoi ! »
Quand il eut pris les commandes, Justin partit dans sa cuisine. Tam, Ginny et Parvati allèrent l'aider à sortir des boissons et des amuse-gueules.
« Eh bien dis-moi donc ce que tu fais là ? », demanda Harry en se tournant vers Hermione.
« Qu'est-ce que tu crois, Harry ! J'en pouvais plus de suivre ce procès de loin ! Je me sentais…J'avais l'impression que j'aurais dû être là ! »
Harry aurait bien aimé voir les yeux d'Hermione mais celle-ci avait un peu baissé la tête. Il ne put saisir qu'un éclat furtif qui le décida à en savoir plus.
« Mais, et ta thèse, et Obéron ? »
Hermione détourna les yeux un peu trop vivement.
« Ma thèse…j'ai encore un an pour la finir » - commença-t-elle avant d'ajouter plus précipitamment : « Et…Obéron et moi, nous n'avons pas les mêmes priorités en ce moment… »
Harry regarda de nouveau Ron qui, maintenant, regardait Hermione. Peut-être qu'avant le procès, avant ces jours passés à décrypter les mots et les sous-entendus, il n'aurait pas compris la même chose mais, là… une hypothèse nouvelle prit immédiatement corps. Mais Hermione était habituée à devoir s'expliquer et elle ajouta :
« Il n'est pas certain d'ailleurs que nous refassions de sitôt des projets communs ! »
« Oh », commenta brillamment Harry, se retenant de regarder Ron qui leur tournait de nouveau le dos.
« Tu veux dire que tu as rompu tes fiançailles ? » demanda abruptement Luna.
« Oui », souffla Hermione, toujours la tête baissée, et Harry aurait voulu l'entraîner loin du chic salon de Justin dans un endroit où elle aurait pu pleurer et s'expliquer tout son saoul. Mais les autres revenaient et la conversation redevint plus générale.
« C'est bien finalement que tu sois là, Hermione », lança Justin. « Ça fait une alternative à Ron si on revient sur les évènements de cette nuit… et puis tu n'es pas une Auror…Non c'est bien ! »
Hermione sourit sous le compliment avec l'air de se faire violence.
« Parce que tu vas pas faire témoigner Rogue ? » interrogea Luna.
« Pas besoin », dit Justin avec une petite hésitation qui mit Harry en alerte.
« Pourquoi ? » demanda Lupin – et Harry crut sentir dans son ton un certain ressentiment de voir qu'une fois de plus, l'ancien Mangemort échappait à l'obligation de se mouiller lui aussi.
« Parce que Pénélope l'a déjà fait » leur répondit l'avocat et tout le monde baissa son verre.
« Quoi ? » s'étouffa Ron.
« Elle l'a fait depuis une semaine en fait, juste après ton témoignage, Remus »
« Tu aurais pu nous le dire ! » s'exclama Parvati
« Ça vous aurait inutilement inquiétés », répondit Justin. « Y'a qu'à voir vos têtes ! Et je voulais que Harry soit le plus détendu possible ! »
Ledit Harry préféra se taire tellement il ressentait le secret de Justin. Mais heureusement d'autres dans la pièce avaient les mêmes questions que lui.
« Parce qu'on aurait eu tort de s'inquiéter peut-être ? » cracha Ron posant violemment son verre sur la table de designer en bois précieux, faisant grimacer son propriétaire.
« Ronald, est-ce que je peux te demander de m'expliquer pourquoi ça t'inquiète autant ? »
« Mais enfin, Justin, c'est notre témoin, Rogue, notre joker, c'est toi qui le dis depuis des mois ! »
« Mais est-ce que le mieux n'est pas de faire jouer nos jokers par nos propres ennemis ? N'est-ce pas l'idéal aux échecs quand c'est l'adversaire qui prend la pièce qui protégeait son Roi ? »
« Tu veux dire que tu l'espérais ? » demanda Tamara rayonnante d'admiration.
« Je veux dire que je jugeais la probabilité non nulle que Pénélope essaie de me piquer Rogue », reconnut Justin avec un certaine satisfaction.
« Mais qu'est-ce qui te prouves que Rogue va pas tomber dans ses pièges ? » - s'enquit Harry, brisant le silence pensif qui avait suivi cet aveu.
« Harry, est-ce à toi que je dois dire que Rogue ne dira que ce qu'il voudra bien dire ? Est-ce à toi que je dois rappeler que nul – à part peut-être Dumbledore – a jamais pu le coincer verbalement ? Ce type aurait sans doute pu en remontrer à Salazar Serpentard lui-même en matière de rhétorique ! »
« Tu veux dire… »
« Oui, Hermione, je veux dire que je préfère que ce soit Pénélope qui se le coltine et qui essaie de lui faire dire que vous étiez une bande de gamins mal élevés manipulés par Lupin et envoûtés par Black ! »
« Pourquoi ? » demanda Ginny les sourcils froncés.
« Mais parce que je lui souhaite bon courage, Ginny ! Rogue en veut à mort à Fudge et je crois qu'elle va avoir quelques surprises ! » - expliqua Justin avec un sourire carnassier.
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La suite...Puisque si vous lisez ça, la suite a un corps.
Comme ça tourne
évidemment autour de la déposition de Rogue, ça
s'appelle fort logiquement Les deux faces du joker ...
Comme il faut attendre l'écriture du 35 et que les fêtes approchent, il n'est pas sûr que ça arrive avant janvier...
A tout hasard: bonnes fêtes!
