La franchise et l'univers de Fire Emblem ne m'appartiennent pas. Ils ont été créés par Shouzou Kaga, et développés par Intelligent Systems.
Cette histoire est un Modern AU.
Il s'agit ici d'une Fanfiction.
Zakuro Ruby Kagame
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C'est quoi, l'Amour ?
Nombreux sont les coupables, le cerveau, le cœur... Les scientifiques parlent d'une hormone, l'ocytocine, qui tel Cupidon serait le véritable messager de l'amour. Les plus fleur-bleues vont jusqu'à parler de papillons dans le bas-ventre. Il ne s'agissait ni d'attraction chimique ni d'envolée de papillons pour ma part, mais d'un déluge de notes. De notes noires et blanches devenues plus colorées que le plus beau des arc-en-ciel sous la pluie et un soleil d'été.
J'ai commencé à danser sur les touches lorsque j'étais très jeune. Je suis tombée amoureuse de la musique, puis de la musicienne. Des dièses articulés de rires, des bémols de larmes, j'étais portée par les notes et les lignes de portée. Du jour où je l'ai rencontrée jusqu'à celui où je ne l'ai plus revue, sans pour autant l'oublier.
L'amour ? Pour moi l'amour est un souvenir. Et si depuis ce jour j'ai été incapable d'aimer, d'aucun ne sauraient le faire à ma place.
/
Un Souvenir
J'ai toujours aimé les femmes, une en particulier. Ma conception de l'amour n'est cependant pas des plus conventionnelles. Pourquoi chercher à aimer, à être follement amoureuse à tout prix quand se sentir bien, souvent suffit ?
—Tu es particulièrement impatiente aujourd'hui, Byleth...
Même si je n'ai jamais pu oublier mon tout premier amour, je n'ai pas pour autant décidé de renoncer aux plaisirs d'être avec quelqu'un. Ces notes parfumées, sucrées, acidulées ou bien ces petits soupirs murmurés, sont des petites choses du quotidien qui me suffisent. Je sais m'engager, prendre soin des autres, et eux, me le rendent bien.
—Est-ce parce que tu dois rentrer chez toi ?
Je fais taire cette bouche qui parle trop de la mienne, que j'embrasse particulièrement fougueusement tandis que mes doigts dévalent ses hanches que je connais par cœur.
—Tu es tellement tendue...
Sa remarque me réchauffe l'oreille alors que ses mains se pressent derrière ma nuque. Elle n'a pas tort mais heureusement, nous savons toutes les deux comment faire rapidement disparaître ces nœuds.
—On pourrait peut-être arrêter de parler de tout ça et s'afférer à des choses... plus intéressantes... je murmure au rythme de mes baisers qui cascadent sur la peau claire de mon amante.
Des soupirs plus lourds s'échappent de sa bouche quand la mienne se referme sur sa poitrine, et pourtant, rien ne semble lui faire lâcher l'affaire.
—Byleth, pourquoi tu ne veux simplement pas avouer que tout cela te tracasse ?
—Et toi ?! je l'interpelle faussement contrariée, pourquoi tu ne peux pas simplement laisser ta petite amie te faire l'amour ?
Mes mains quittent les dentelles crème sous lesquelles je m'apprêtais à passer avant de vouloir attraper mon t-shirt, si j'arrive à le retrouver dans les méandres qu'est devenu le lit néanmoins.
—Qu'est-ce que tu veux entendre ? j'ajoute ensuite. Que je suis on-ne-peut-plus ravie de quitter mon appartement pour retourner vivre chez mon père ?
—Ce n'est que temporaire, Byleth, et puis, je t'ai proposée de t'installer ici, avec moi.
—Et ta proposition me touche, mais je n'ai pas envie d'emménager avec toi pour cette raison là.
—Tu vois... elle souffle en posant un doigts très excitant sur mes lèvres. Tu peux être romantique quand tu veux.
C'est sa langue qui gagne la manche et ma contrariété - qui n'en était pas vraiment cela-dit - s'envole aussitôt ses mains m'allongent sur les draps. Elle sourit malicieusement et ses perles lavande scintillent alors qu'elle glisse sur moi à moitié nue de tout son long, son corps ondulant que j'enlace immédiatement avant de loger mes doigts dans le creux de son dos.
Mes pensées s'envolent et disparaissent, s'éteignent une à une sous ses baisers de plus en plus appuyés. L'une d'elle en particulier refuse cependant de me quitter : est-ce vraiment la vérité ? Jusqu'où suis-je prête à m'engager ?
/
La nuit tombe lorsque j'arrive dans un quartier un peu huppé de la ville. C'est ici que j'ai passée toute mon enfance, je suis née ici, enfin dans cette ville, j'ai grandi ici, et je suis partie d'ici, lorsque j'avais à peine vingt ans. J'ai parfois l'impression que c'était hier que je faisais ma valise, et quittais l'écrin de mes souvenirs. Et pourtant, c'était il y a tellement longtemps. J'aurai vingt-huit ans dans quelques mois, mais même si les années passent, rien ne s'efface.
Je ne devais arriver que demain mais j'aurais été d'une horrible compagnie cette nuit si j'étais restée chez mon amante. Il ne s'agit pas de crever un abcès, ni rien de ce genre d'ailleurs, mais ma dernière visite remonte à un certain temps maintenant, Noël, il y a deux ans. L'an dernier, c'est mon père qui est venu me voir. Une occasion particulière dont il profita pour m'annoncer que sa nouvelle petite amie, copine, compagne, belle-mère ou je ne sais quoi d'ailleurs, s'installait chez lui. Chez nous. Je ne suis pas du tout du genre à vouloir priver mon père de bonheur, ma mère est morte lorsque j'étais très jeune, et il n'est toujours pas dans mon attention de vouloir rendre la vie de cet heureux couple impossible. Si ladite dame n'était pas présente avec nous lors des dernières fêtes c'est parce qu'elle-même était avec sa famille. J'imagine déjà le tableau parfait de la parfaite famille du bonheur, recomposée, s'entendant à merveilles. Je ne suis pas là pour saccager leur vie, non, mais une part de moi appréhende de voir son ancien espace vital envahit par une inconnue.
Le moteur de ma bécane devient muet lorsque je coupe le contact. Mes cheveux désordonnés se balancent dans la nuit lorsque je secoue la tête après avoir ôté mon casque. Je fais de même avec mes gants, j'ignore si c'est la chaleur de l'été ou bien l'appréhension mais je sens l'humidité ruisseler sur ma peau comme si je passais mon premier examen. J'attrape mes clefs et mon téléphone dans la poche intérieur de mon blouson, envoie un petit sms rassurant qui dit « je suis bien arrivée » et range l'appareil. Je lève le nez au ciel pour essayer d'apercevoir les fenêtre de l'appartement briller du onzième étage dans la nuit - sans succès - avant de badger. Le bip me donne la permission, j'ouvre, puis entre enfin dans le hall.
Mon réflexe est de me diriger vers la cage de l'ascenseur que j'appelle. Le bougre est au huitième, j'ai le temps de me tortiller sur place puisque loin de moi l'intention de grimper les escaliers jusqu'au dernier étage et d'arriver cette fois comme si j'avais piqué une tête dans le canal d'à côté. L'idée, plus que tentante toutefois, restera sagement dans un coin de ma tête un moment. Pendant une seconde, j'hésite à faire quelques pas en arrière, pour stalker les boites-aux-lettres. Ma curiosité me démange et je me rends compte ne jamais avoir posé de question sur cette femme qui partage la vie de mon père depuis deux ans maintenant. J'ignore même son nom, quelle fille indigne n'est-ce pas ? Je veux le bonheur de mon père, mais dés qu'il voulait me parler d'elle en détails, je changeais aussitôt de sujet. Et me voila, entrant dans cet ascenseur, à deux doigts de rencontrer cette femme que je ne connais ni d'Ève ni d'Adam, et qui se sent certainement plus chez elle alors qu'elle est chez moi, quand moi me sens presque étrangère.
J'entends mon cœur palpiter dans ma tête quand je suis devant la porte de là où je vivais autrefois, mes pieds foulant un ridicule paillasson qui souhaite la bienvenue. Il n'est ni à mon gout, ni à celui de mon père, du moins du père que je connaissais autrefois. L'homme, un peu bourru, n'aurait jamais souhaité la bienvenue à tous les pleupleus passant par-là. Ma foi, je suppose qu'il a changé, moi aussi, je suis différente après tout. Ou peut-être pas tant que ça, je pense lorsque la clef tinte dans la serrure.
Il fait sombre lorsque j'entre dans le couloir et que les souvenirs se déversent devant mes yeux. L'odeur est presque la même qu'autrefois, pas celle qui flottait au repas de Noël de la dernière fois mais celle qui m'enveloppait quand je faisais mes premiers pas. Ces pans de vie me sont tellement précieux qu'une part de moi semble être heureuse de rentrer quand une autre, déjà, aurait tendance à fuir.
Il fait sombre et j'imagine que mon père et sa copine sont de sortie. J'ôte mes pompes que je pousse dans ce même coin qu'auparavant avant d'explorer mon propre appartement comme si je le découvrais. C'est de toute manière le cas, dans une certaine mesure, puisque nombre de chose à changé. L'agencement des meubles, lesdits meubles d'ailleurs, des choses qui n'étaient pas là et d'autres qui ne sont plus là. Ces deux années me semblent soudain avoir été éternité.
Je ne manque pas de remarquer les quelques touches féminines ajoutées de ci et là. Je ne dis pas que mon père manque de goût non, certainement pas, le pauvre homme n'en a surtout aucun hélas mais c'est parfois mieux que d'en avoir de douteux. Un sourire esquisse mes lèvres lorsque j'entre dans le salon, pièce maitresse de cette maison, et que déjà, mes doigts glissent sur les notes noires et blanches, qui autrefois chantaient avec moi. Si j'ai l'impression de ne pas être rentrée depuis une éternité, cela fait bien plus longtemps encore que je n'ai pas joué...
—Bonsoir, Byleth.
J'ai la sensation que le temps s'arrête. Les battements de mon cœur décrochent de ces lignes de portées, et les notes, tout à coup envolées... J'ai l'impression que ma mémoire me joue des tours, devant ce piano depuis bien longtemps endormi, lorsque je vois cette femme, ses magnifiques yeux parme briller dans la nuit. La première chose que je me demande est ce qu'elle peut bien faire ici mais c'est alors que la réalité me frappe. Certaines choses paraissent impossibles mais mes souvenirs plus vifs et tranchant que l'acier me martèlent le crâne et disloquent mes pensées. Car jamais je ne l'ai oublié.
