Ruptures d'un processus linéaire

Chère Mme Rowlings,

Gardez les royalties !
Mais laissez moi jouer avec les personnages!

37 - Rien d'ordinaire

C'est le bruit qui les réveilla - le bruit de onze hiboux qui se disputaient pour acheminer leurs messages et martelaient du bec la grande baie vitrée du studio de Parvati, pour être précis.

« Regarde », souffla celle-ci en se dressant d'un coude pour comprendre d'où venait le bruit.

« Mais qui peut... » - commença Harry, émergeant lentement d'une nuit trop courte et peu paisible.

Ils avaient dignement fêté la fin du procès et la réhabilitation de Sirius jusqu'au petit matin chez Justin, avec tous ceux qui avaient eu envie de se joindre à eux. Finalement pas mal de monde : les enfants Weasley – sauf Percy, bien que d'après Fred l'idée l'ait effleuré ; Remus et les Hespero ; Tonks, qui avait fait une démonstration de ses pouvoirs à Tam, qui en avait été verte de jalousie ; Luna et son père – qui n'avait semblé tenir aucune rigueur à Harry pour ses dénégations ; Dudley qui avait semblé sincèrement content… Une bonne soirée.

En rentrant, Harry avait pensé que, l'alcool et la fatigue aidant, il allait pouvoir profiter de sa première nuit tranquille depuis des semaines. Mais finalement non. Son cerveau avait trouvé de nouvelles obsessions, et il s'était réveillé plusieurs fois en sursaut après avoir vu Fudge venir lui reprocher de le sacrifier pour sa propre gloire en prenant tour à tour, les traits de Queudever, de Cédric et de Voldemort… Mauvaise nuit. Alors, le réveil...

« Les voisins !», l'interrompit sa compagne en sautant du lit sans prendre la peine de s'habiller pour ouvrir la fenêtre. Les oiseaux s'engouffrèrent dans une envolée de plume et un souffle d'air froid. La porte-fenêtre glissa à sa place dans un bruit sec et les deux jeunes gens s'entreregardèrent, un peu dépassés. Mais les oiseaux ne leur laissèrent pas le temps de décider d'une stratégie ; ils leur tombèrent dessus, réclamant leur attention immédiate. Enfin, essentiellement celle d'Harry.

« Hé », protesta ce dernier, levant les bras pour protéger son visage des assauts des volatiles.

Parvati enfila son peignoir rouge et s'empara de sa baguette : « Silencio !» - proclama-t-elle alors avec autorité. « Stupéfix !», ajouta-t-elle après une seconde réflexion. Les oiseaux tombèrent comme des pierres sur la moquette crème.

« Merci », souffla Harry en se débarrassant des plumes qui s'étaient prises dans ses cheveux.

« Moitié-moitié », proposa Parvati.

« Ok », répondit Harry, en haussant les épaules, « fais gaffe quand même.. »

« …c'est exactement ce que j'allais te dire », répondit Parvati du tac au tac.

Ils cerclèrent d'abord prudemment autour des volatiles.

« Y'en à au moins trois qui viennent du Ministère », remarqua Harry, en se demandant si les trois venaient de Fudge – trois, comme les trois rêves qu'il avait fait.

«… et trois autres de la Division… » - ajouta Parvati.

Aucun des deux ne bougea. Il semblait que Parvati n'avait pas plus envie que lui de savoir ce que le ministre ou le corps des Aurors pouvaient leur vouloir si tôt le matin. Puis finalement, ils se jetèrent en même temps sur les volatiles, dans un mouvement jumeau qui les fit rire, l'un comme l'autre. Leur tension s'apaisa un peu.

« …Bureau de l'Application des lois magiques… venir retirer le certificat de réhabilitation… salutations distinguées… » - lut Parvati, la première.

Harry sentit un boule relativement discrète se former dans sa gorge… certificat de réhabilitation…est-ce que la réhabilitation tenait à un certificat ? Il décida qu'il y réfléchirait plus tard et déroula de deuxième message du Ministère.

Cabinet du Ministre.

Cher Monsieur Potter,

Nous avons bien pris note de la décision de Magengamot du 28 avril 2005, afférant à la réhabilitation pleine et entière du dénommé, Sirius Black, dont vous êtes l'ayant-droit. Attendu qu'il semble que sa condamnation en 1981 a constitué une erreur dont nos services se sont rendus coupables par hâte et maladresse, nous vous demandons d'accepter de la part du Ministère tout entier, et de son Ministre actuel, Cornélius Fudge, nos plus sincères excuses ainsi que ses condoléances circonstanciées pour les deuils que vous avez subies pendant la Guerre. Souhaitons tous ensemble que de tels temps ne reviennent jamais.

Soyez assuré, Monsieur Potter, de notre sympathie la plus authentique…

« Hâte et maladresse ? » s'indigna Parvati quand Harry eut fini sa lecture.

« Laisse tomber, et le troisième ? »

Parvati regarda le parchemin qu'elle tenait dans les mains. Ses yeux coururent le long des lignes et Harry la vit se rembrunir.

« Département de la régulation urbanistique… demande qu'en tant qu'héritier de Sirius Black, tu rendes Place Grimmault encartable… »

« Quoi ! Mais, comment savent-ils…»commença Harry avant de se rappeler que Hagrid en avait parlé comme d'une preuve du dévouement de Sirius à l'Ordre.

« Ce Fudge est pire que je le pensais possible », commenta Parvati avec fatalisme.

Harry haussa les épaules, toujours étrangement incapable de colère. Voyant son indécision, Parvati s'empara des messages de la Division et les ouvrit. Son visage ne s'éclaircit pas davantage :

« Repos obligatoire, toi et moi… un mois… » - annonça-t-elle avec un agacement certain.

Harry ravala le quoi qui lui venait aux lèvres. Deux fois aurait été ridicule. Parvati déroulait déjà le troisième message qu'elle parcourut avec nervosité.

« Mais, écoute-le donc, le grand Shacklebolt ! Vu les conflits d'intérêts existant entre vous, M. Potter, votre fiancée, Melle Patil, et le ministère, je juge plus sage, pour le bon fonctionnement du service, de vous mettre en repos jusqu'à votre test d'Auror. La Division verra, en fonction des résultats, comment vous pouvez vous intégrer dans ses équipes, sincèrement, Kingsley S.P.V. Shacklebolt, commandant… C'est écoeurant !» conclut Parvati.

Une impression étrange saisit Harry sans qu'il sache bien la reconnaître. Quelque chose comme une impression de déjà vu…

« Répète », demanda-t-il d'une voix un peu trop sèche.

« Harry, je sais que Justin t'a converti à la haute politique mais.. » commença Parvati en levant les yeux au ciel.

« Il a signé quoi ? » insista Harry.

« Quoi… heu… Kingsley S.P.V… Tu savais qu'il avait autant de prénoms ? »

« Non, c'est un truc de l'Ordre…Remus m'avait expliqué un jour… SPV, semper virens… »

« Persistant... à quoi? » - demanda Parvati avec une curiosité d'écolière, et Harry approcha sans plus attendre sa propre baguette du parchemin et l'enflamma…Les lettres de flammes bleues se formèrent alors, libérées par la destruction même de leur support. Harry les lut à haute voix :

« Harry et Parvati… J'imagine que vous êtes contents – vous devez l'être… je ne dis pas que la bataille est terminée, mais cette victoire-là est gigantesque et Sirius doit être profondément fier de toi, Harry… lui non plus n'abandonnait jamais… Je voulais venir hier mais on a été bloqué par une affaire en Ecosse… Félicitez donc Justin pour moi !

Profitez de ce mois pour bosser votre examen parce que j'ai besoin de vous. J'espère que dans un mois nous aurons un autre ministre – mais, vu le nombre de gens qui s'y emploient, ça paraît presque certain… A bientôt K. S. »

« Je préfère ça », soupira Parvati quand les lettres eurent disparu.

Harry hocha la tête, dépassé par la sympathie et la confiance de Schacklebolt, comme il l'était par la rancune de Fudge.

« Il y en a deux du Magenmagot aussi… » - ajouta Parvati d'une voix un peu timide.

« Ceux-là, on peut les renvoyer à Justin », décida Harry. « Oh, ça, c'est Coquecigrue ! » - s'exclama-t-il, en désignant le plus petit volatile, « le hibou des Weasley », ajouta-t-il en croisant le regard perdu de Parvati.

« Oh, c'était pas celui de Ron à un moment ? »

« Si » répondit-il distraitement en s'empressant de détacher le message qu'il portait. Même si les parents de Ron devaient sans doute regretter que leur belle-fille en fasse les frais, ils avaient toujours été clairement en faveur de la réhabilitation de Sirius.

Cher Harry,

C'est un grand jour, un grand jour pour toi mais aussi pour l'Ordre du Phoenix et même sans doute pour toute la communauté – même si c'est encore difficile de peser toutes les conséquences de la décision du Magenmagot.

Nous sommes contents pour toi, Harry, contents que tu ais gagné. Nous sommes contents aussi pour la mémoire de Sirius. Nous sommes sûrs que Dumbledore aurait été content lui aussi.

Percy et Pénélope nous ont chargé de te dire qu'ils ne se trompaient pas de combat ; le droit est un peu comme le Quidditch, tant que le match est loyal, il n'y a pas lieu de continuer à s'affronter hors du terrain.

Nous espérons donc que nous pourrons tous bientôt être réunis au Terrier ou ailleurs, dans un monde un peu plus juste.

Très affectueusement

Arthur Weasley.

PS : Molly est trop émue par tous ces évènements pour t'écrire, mais elle se joint à moi pour regretter que ça fasse si longtemps qu'on ne t'ait pas vu au Terrier. A bientôt, j'espère.

Il avait lu à haute voix. Parvati grimaça :

« Ils sont encore inquiets »

« Y'en a un de tes parents ? » demanda Harry, en associant très brusquement l'inquiétude des Weasley avec celle des Patil.

Parvati retourna plusieurs oiseaux et finit par dégager un magnifique grand duc et opina la tête. Elle détacha le parchemin qu'il portait, commença à le dérouler quand elle sembla apercevoir quelque chose : « oh, c'est Tukah, la chouette de Padma ! »

Abandonnant le message de ses parents, elle se précipita vers le message de sa sœur :

Salut les Gryffondors !

Alors, si on en croit les nouvelles qui commencent à circuler ici, vous avez réussi votre coup ! Ça ne m'étonne pas puisque vous vous êtes faits aider par un Poufsouffle !
On imagine que Harry est content d'avoir fait reconnaître l'innocence de Sirius et on laisse tous les conseils de prudence à papa et maman ! Quand est-ce que vous venez nous voir ? Padma

Bonjour à vous deux, j'espère que tu vas bien Parvati et qu'on va te voir bientôt mais ce message est surtout pour Harry. J'imagine combien ça doit le soulager d'avoir vengé la mémoire de Sirius. De savoir que tout le monde sait… Je suis bien content pour toi, mes amitiés, Neville

Harry pensa aux parents de Neville, les parents qu'il avait cachés et pourtant jalousement protégés… Oui sans doute, Neville en connaissait autant que lui en matière de fantômes !

« On va suivre le conseil de Padma et garder les conseils de papa pour la fin », décida Parvati. « Oh celui-ci est énorme ! Regarde ! » - ajouta-t-elle en déployant les ailes de l'oiseau assommé. « Jamais vu d'aussi grands ! »

Après avoir très rapidement vérifié que le message n'était pas porteur de magie noire, elle l'ouvrit, lu les premières lignes et le tendit, les joues brusquement rosies, à Harry :

« C'est… c'est Hagrid… »

Le cœur de Harry fit un nouveau saut et sa main trembla quand il s'empara du parchemin.

Harry,

Et bien voilà… ils auront mis le temps, mais ils ont reconnu que Sirius était innocent…

Tu sais, Harry, toutes les années où j'ai cru qu'il était coupable ont été des années tristes dans ma vie. Lui et ton père étaient tellement proches et semblables… l'idée qu'un ait pu trahir l'autre…Que Peter les ait tous trahis est aussi très triste, mais que ces deux-là soient restés fidèles l'un à l'autre m'aide à croire encore en la vie…

Ça fait longtemps qu'on s'est pas vu Harry, hein… mais tout ce qui te touche me touche aussi… Je sais que tu es un homme – tu es même fiancé m'a-t-on dit… mais pour moi, tu resteras toujours Harry, celui que j'ai emmené pour la première fois sur le Chemin de Traverse et qui ne m'a jamais oublié par la suite…

Alors longue vie à toi et Parvati, Harry… soyez heureux

Hagrid

PS : si vous voulez, vous pouvez garder Albus, le grand duc que je vous ai envoyé… c'est moi qui l'ai élevé et dressé. Je ne devrais peut-être pas le dire à deux futurs Aurors, mais Albus est un Grand Duc un peu spécial… il a les os longs, si vous voyez ce que je veux dire…

« Il veut dire quoi ? » interrogea Parvati.

« Qu'il a dû le croiser avec dieu sait quoi de gigantesque et interdit… » - sourit Harry, alors qu'une cohorte de souvenirs de dragons, de sombrals, araignées et géants passait dans ses souvenirs.

« Il changera jamais ! »

« Pourquoi voudrais-tu qu'il change ! »

Il ne restait deux chouettes dont ils n'avaient pas encore lu le message. La première apportait la Gazette et Harry s'empara du journal avec un soupir – il n'était pas sûr d'avoir envie de lire ce que ses contemporains pensaient de la situation alors qu'il digérait encore l'inquiétude des Weasley, la nostalgie d'Hagrid ou les félicitations de Neville. Parvati s'empara du dernier message, apporté par un bel animal noir et soyeux.

Machinalement, Harry déplia la Gazette et le titre lui sauta aux yeux :

Réunion extraordinaire du Magenmagot : la fin annoncée du cabinet Fudge

Incapable d'articuler un son, il se jeta sur la lecture de l'article.

C'est aux premières lueurs de l'aube que le conseil extraordinaire du Magenmagot a pris la décision de voter la défiance par rapport au cabinet Fudge. Une telle mesure, vous le savez même si elle n'avait pas été employée depuis plus de soixante-dix ans (voire encadré : Les précédents), impose une comparution dans la vingt-quatre heures du Ministre et de son cabinet devant le Magenmagot au grand complet.

Si le cabinet ne réussit pas à obtenir un vote de confiance de la part des juges, il est réputé dissous. Le Magenmagot a alors une semaine pour choisir un nouveau ministre. C'est dans ce processus rare que le Magenmagot s'est engagé ce matin plongeant le pays dans l'expectative.

« Parvati », murmura Harry, « Fudge est convoqué par le Magenmagot… » La jeune femme se précipita pour lire par-dessus son épaule :

Cette convocation intervient même pas quarante-huit heures après que le Magenmagot ait proclamé la réhabilitation pleine et entière de Sirius Black et condamné le Ministère à s'excuser auprès du Survivant. Et, chacun sera tenté de faire un lien entre les deux. Selon des sources proches de Magenmagot, la convocation de Fudge n'est pas uniquement liée à l'affaire Potter contre le Ministère. « Nombreux sont les juges qui depuis longtemps trouvaient que Fudge n'avait pas sû mettre de côté des pratiques autoritaires acquises pendant la guerre », nous a révélé une source qui a préféré rester anonyme.

Percy Weasley et Dolorès Ombrage ont déjà fait savoir que cette décision exceptionnelle ne les étonnait pas. « Il est des temps où il faut savoir trancher », a déclaré le jeune sous-directeur des Affaires internes, « et le respect des procédures et de l'intégrité du Ministère est la première tâche d'un Ministre ». On se rappellera que M. Percy Weasley est le mari de la brillante Pénélope Deauclaire-Weasley qui, dans sa plaidoirie finale, avait demandé au Magenmagot d'examiner « la responsabilité des vivants ». Mme Ombrage a, pour sa part, déclaré qu'elle se rappellerait toujours des années passées auprès de Cornélius Fudge comme d'années formatrices, mais qu'elle avait eu depuis longtemps des doutes sur le traitement de la guerre par le Ministère.

« C'est la curée », a estimé Tristam Pieternel, un vieil ami de Cornélius Fudge et chroniqueur de La Gazette. « On voit la paille et on méconnaît la maison qu'il a reconstruit des cendres de la guerre… Ce petit Potter devrait avoir honte de lui, après tout ce que Fudge a fait pour lui ! »

« Eh bien les camps son clairs » commenta Parvati.

« C'est la première fois que je trouve Pieternel presque sympathique ! Au moins ; il est fidèle, lui ! » - maugréa Harry en reprenant sa lecture.

La rédaction n'a pas pu dans un laps de temps aussi court réussir à joindre les trois candidats potentiels qui se sont révélés les dernières semaines : Rufus Scrimgeour, Griselda Marchbank et Egbert Lovegood pour connaître leurs réactions. Elle n'a pas non plus réussi à localiser Harry Potter qui est toujours en congé de la Division des Aurors. Elle promet de redoubler d'efforts pour donner la couverture la plus exhaustive de l'événement dans l'édition de demain. »

« B'en on ferait mieux de rester planqués », conclut Parvati dans un soupir.

« Tu m'étonnes… tout ça, alors qu'on n'a même pas encore petit-déjeuné ! » - renchérit Harry.

« On ferait mieux de le faire, je sais pas ce que le reste de la journée nous réserve ! »

Sur ces mots, Parvati partit dans la cuisine et Harry s'habilla avant de la rejoindre.

« Faudra les relâcher un à un si on veut pas se faire repérer », dit-il en désignant les volatiles toujours assommés sur la moquette. « Au fait, la petite chouette noire… elle apportait quoi ? »

Parvati sourit en lui tendant une mug de café noir.

« J'avais commandé de nouvelles robes… La couturière m'écrit qu'elles sont prêtes… Fais pas cette tête ! Il faut aussi qu'on ait aussi des messages ordinaires, non ? »

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« Installez-vous où vous pouvez… c'est complètement improvisé, je n'ai fait que des choses ordinaires », expliquait Molly, particulièrement rayonnante, au milieu de la petite foule qui se pressait chez elle en ce premier dimanche de l'ère Scrimgeour. La nouvelle n'avait pas douze heures et la communauté magique ne s'était pas encore remise des cinq jours de crise permanente qui avaient précédé la décision.

Arthur avait proposé de fêter ensemble le début de cette nouvelle ère et, de fait, pas mal de monde avait répondu présents. Les Weasley avaient monté des tables sur des tréteaux dans le salon où Harry se rappelait avoir célébré le noël le plus paisible et le plus heureux de son adolescence. Il espérait vaguement que ça augurait la même chose de la direction de Rufus Scrimgeour.

Il y avait Charlie et sa petite famille – plus nombreuse que la dernière fois que Harry l'avait rencontrée ; il se demanda s'il avait raté le dernier heureux évènement ou si Ron n'avait pas jugé bon de lui en faire part. Il y avait les célibataires – Fred, George et Ginny – qui semblaient totalement ignorer les remarques de Molly comme quoi c'était dommage, à leur âge…

« En fait, Gin a, paraît-il ,un petit copain », lui avait glissé Ron, quand ils étaient allés chercher des chaises supplémentaires dans un cagibi au fond du jardin, « un étudiant en architecture comme elle, un grand suédois baraqué ; les jumeaux ont dîné avec lui »

S'il avait survécu à ce test, estima Harry, il aurait sans doute pu se trouver là ce midi mais visiblement Ginny voulait y aller progressivement.

Il y avait le sous-directeur des Affaires internes et la toute nouvelle membre de la commission pour la réforme du Département d'application des lois magiques – commission présidée par Justin, et leurs trois enfants. A les voir, détendus et souriants, on aurait eu du mal à croire qu'ils venaient de passer les six derniers mois le plus loin possible des autres membres de la famille. Sans parler d'une gêne qu'ils auraient pu ressentir vis-à-vis d'Harry.

Ce dernier restait impressionné quant à la capacité de la famille Weasley à digérer les crises et les divisions, à rester unie malgré elles. L'orphelin qu'il était trouvait ça aussi étonnant que l'alchimie. Quand il croisa le regard pensif d'Arthur qui semblait lui aussi observé le couple, il se demanda s'il n'était pas trop optimiste, malgré tout.

Il y avait Ron et il y avait Hermione – et, c'était comme si la jeune femme n'était jamais partie. Enfin, passé les 5 premières minutes où Molly l'avait embrassée, trouvée maigrie mais embellie et l'avait accablée de questions les plus diverses et les plus embarrassantes, Hermione avait retrouvée sa place, souriante et raisonnable dans cette tribu explosive. En voyant Hermione rire aux attentions de Molly, Harry s'était dit qu'elle était sans doute prête pour le grand saut matrimonial dans la famille.

Il y avait aussi Remus, Kinglsey et Tonks, en tant que derniers représentants de l'Ordre du Phénix. Rogue n'avait pas daigné répondre à l'invitation d'Arthur, qui le regrettait ouvertement. Harry ne trouvait pas l'optimisme de s'en étonner.

Il y avait encore Luna, dont le détachement servait de faire valoir à Dudley – Justin devait venir prendre le café. Harry ne savait pas trop s'il évitait Ron ou s'il avait effectivement tant de travail que cela. Il était sûr qu'il comptait maintenant parmi les proches de Scrimgeour et que son premier procès magique l'avait propulsé au tout devant de la scène. « Et tout ça c'est grâce à toi, Harry » avait-il conclu quand Harry avait voulu parler de rémunération.

Et puis il y avait Parvati, charmante et printanière dans une robe à fleurettes. Elle était sans conteste la plus nerveuse de l'assemblée, mais elle avait passé le test de l'embrassade mollyesque, ainsi que des conseils pour l'entretien d'Harry et du couple que Sorcière Hebdo aurait sans doute payés très cher.

« Et, tu as passé toutes tes vacances avec eux ?» avait-elle chuchoté avec un respect mêlé d'effroi à l'oreille de son fiancé.

« J'aurais aimé », avait répondu Harry en riant. « T'inquiète, ils gagnent tous beaucoup à être connu individuellement.

Tout le monde avait aidé au service du repas et s'était mélangé autour des tables et la nourriture copieuse et la chaleur humaine avaient fini de détendre l'atmosphère. Après une conversation complètement normale avec Percy sur les résultats de Quidditch de la saison, Harry se sentit plus détendu qu'il ne l'avait été en six mois et plus près au pardon qu'il ne l'avait été de toute sa vie. Il regarda Dudley soutenir Luna dans une discussion avec Tonks ; il était trop loin pour entendre le sujet – et eut l'impression étrange qu'il pourrait trouver normal de voir arriver Oncle Vernon et Tante Pétunia pour le café.

Quand le café arriva, accompagné d'énormes tartes et gâteaux « tout à faits ordinaires » que Molly avait préparés, il y eut un invité surprise. Justin arriva pile à l'heure dans la grande cheminée des Weasley et fut comme de juste acclamé par les convives. Il toussota néanmoins plus qu'il était nécessaire pour chasser d'éventuelles parcelles de cendres de sa gorge.

« Mr. et Mme Weasley, j'espère que vous pardonnerez cette liberté mais je me suis permis d'étendre votre invitation… »

Parvati se mordit la lèvre, et Ron devint vert, et Harry pensa comme eux qu'il allait annoncer Tamara Wilson, que Molly la reconnaîtrait et que le moment était mal choisi pour parler de tout ça.

« … je pense que ceux d'entre vous qui ne le connaisse pas encore personnellement seront heureux de faire sa connaissance dans ces conditions – comment dire – informelles… Rufus Scrimgeour…. »

Percy et Pénélope eurent un haut le cœur. Fred jura tout bas qu'il n'aurait jamais dû accepter de promettre à Molly de ne rien amener et, déjà, le nouveau ministre de la Magie se matérialisait dans le salon des Weasley. Arthur fut le premier à se ressaisir et à aller l'accueillir. Molly l'imita avec une circonspection marquée. Remus s'écarta de l'assemblée, comme trop souvent dans les souvenirs de Harry. Mais si les autres l'accueillirent, la bonne humeur détendue s'était envolée. Les Aurors étaient respectueusement sur leur garde. Percy et Pénélope étaient raides et onctueux à vomir. Les autres étaient moroses. Seule, Luna semblait positivement ravie de l'aubaine. Harry, lui, avait un pressentiment qui se vérifia. Après dix minuscules minutes de conversation polie avec ses hôtes, Rufus fit un signe à Justin qui le conduisit jusqu'à Harry en expliquant très clairement :

« Harry, Rufus avait très envie de faire ta connaissance »

La main du nouveau ministre était agréablement forte et franche, décida Harry, en essayant de sourire.

« C'est un honneur. »

« Qu'est-ce que je dois dire, moi ! » répondit aimablement Scrimgeour.

Harry haussa les épaules, incertain de ce qu'il devait répondre. Il pensait avoir dépassé le stade de la fausse modestie – ils voulaient le Survivant, soit. Mais il ne voyait pas où cette entrée en matière allait le mener avec Scrimgeour. Ce dernier dut le sentir.

« Sachez que je suis heureux de voir qu'une personne aussi estimable que votre parrain, venu d'une des plus anciennes familles magiques d'Angleterre… »

Harry vit, derrière Scrimgeour, Molly et Tonks partager un regard qui en disait long sur les vieilles familles magiques.

« … ait pu être lavé de toutes les accusations fausses qui ont entaché son nom… c'était un Auror et, à ce titre au moins, il aurait dû bénéficier de toutes les protections que notre droit peut accorder… »

« Merci M. le ministre, mais… »

« Rufus ! »

Harry faillit lever les yeux au ciel mais se retint.

« Comme vous voudrez… je suis bien sûr touché par votre sympathie, mais je suis plus intéressé par les travaux de la commission que vous avez mis sur pied… »

« Avec votre ami Justin, notre droit est entre de bonnes mains, non ? »

Je l'espère songea Harry avec sincérité. Justin, à côté du ministre, souriait. Il semblait sûr de lui. Harry espéra que ce serait suffisant pour mener à bien à travail efficace. Est-ce que Justin se rappellerait des souffrances de lycanthropes quand il présiderait aux travaux de la commission ?

« Je ne doute pas de ses capacités », répondit-il finalement, « j'espère seulement que la commission et la société sauront l'écouter »

« Il a déjà mon soutien total », affirma Scrimgeour appuyant sa déclaration d'un grand signe de tête amplifié par la masse de ses cheveux.

« Et le mien », conclut Harry.

Pénélope essaya alors de se mêler à la conversation que tout le monde avait écoutée ; le ministre l'avait-il senti ? Il regarda sa montre et s'excusa de devoir partir si vite.

Avant de replonger dans la cheminée, il se tourna une dernière fois vers Harry et lui affirma que la porte de son bureau lui serait toujours ouverte. Harry en accepta l'augure avec politesse. Quand le ministre disparut, le silence était total dans le salon.

« Harry, Harry », soupira finalement Molly, « j'ai toujours su que tu ferais une grande carrière ! »

« Il faut d'abord que j'ai mon examen », répondit l'interpellé par automatisme.

Tout le monde dans le salon explosa de rire, et Remus eut le dernier mot en affirmant : « Va falloir qu'on s'y fasse, Harry, mais tu n'es décidément pas un garçon ordinaire ! »

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Bon, eh bien, vu mon boulot dans la vraie vie qui ne me lâche pas, je ne peux pas conclure par la phrase rituelle que le prochain est prêt. J'ai des bouts... une conversation sous les étoiles par exemple, et une porte qui claque... Je sais d'autres choses comme ce qui devrait être la toute dernière scène – sauf que je ne l'ai pas écrite... Mais je me suis dit que je vous avais déjà fait diablement attendre alors, voilà... Encouragements bienvenus!