Une Révélation

Jamais je n'avais ressenti un sentiment de culpabilité aussi fort. Un sentiment de honte qui me ronge, me bouffe les entrailles, me dévore les pensée. Jamais je ne m'étais sentie aussi mal pour quelqu'un, et aussi mal moi-même. Et jamais je n'avais autant merdé.

—Je suis désolée...

Des excuses qui ne font toutefois aucun effet alors j'espère que le chocolat chaud que je viens de préparer et que je dépose devant ses orbes rougis et gonflés, duquel s'échappe une fine et agréable odeur au fur et à mesure que la vapeur s'élève, sera plus efficace.

J'ai réussi à la convaincre de rentrer après de très longues minutes passées silencieusement, sans bouger, sur les marches des escaliers du couloir. Elle avait tant pleuré qu'elle n'a même pas eu la force de résister lorsque je l'ai relevée pour la ramener à l'intérieur. J'ai l'impression d'être devant une coquille vide, et pas une seule seconde, je n'ai pensé aux conséquences de mes actes, à celles qu'elle pourraient avoir... A celles qu'elles ont eues.

—Edelgard... Par-

—Arrête, me coupe-t-elle.

Elle ne bouge pas non plus quand je me place à ses cotés, dos au bar américain traversant, mais détourne la tête avant de saisir sa tasse dans laquelle elle observe son reflet se briser.

—Comment est-ce que tu as su... j'ose alors lui demander.

—Des petits détails, comme ta façon de la regarder, et de me regarder... Et puis, il y a eu cette musique que tu jouais lorsque je t'ai surprise... C'est celle que jouait toujours ma mère lorsqu'elle se sentait triste, elle étouffe un rire nerveux non sans peine. Sa préférée.

Alors tout s'explique même si j'imagine qu'il faut être particulièrement clairvoyant pour faire le rapprochement dans tout cela. Ou bien, suis-je peut-être bien plus transparente que je ne veux l'admettre. Et tout aussi stupide.

—Ton livre, aussi.

—Alors tu savais aussi pour mon livre...

—Tu aurais pu trouver un meilleur anagramme... elle me pique presque méchamment. Une élève tombant amoureuse de son professeur de chant, elle ajoute aussi froidement, faire le rapprochement n'a pas été très difficile. En plus, c'est le seul livre de ta bibliothèque qui semble n'avoir jamais été ouvert.

—Alors je suis démasquée.

—Je doute que le moment soit bien choisi pour plaisanter.

Je ne sais ni quoi faire, ni quoi dire, et quand mes doigts tentent de se poser sur son épaule pour la... réconforter, elle se dégage avant même que je dépose ma main. Je ne décide pas de me raviser cependant, et force le contact au moment où ses larmes s'écrasent de nouveau sur la surface en bois, certaines se noyant avec le lait chaud.

—Alors quoi, tu n'as pas pu avoir la mère donc tu te rattrapes sur la fille ? siffle-t-elle entre ses mâchoires closes. Comment as-tu pu te servir de moi ainsi... ? Juste... Parce que je lui ressemble ?

—Alors c'est ce que tu penses...

Il y a une part de vrai, dans ses dires. Elle ressemble physiquement en tout point à sa mère et au début, c'est elle que je voyais quand mon regard s'attardait dans le sien. Mais aujourd'hui, elle est la seule que je vois, et jamais je ne pourrai me pardonner d'avoir transposer l'image de sa mère sur elle, et le poids du passé.

—Je t'en prie, ne pleure pas...

—C'est ce que j'aimerais aussi, crois-moi...

Et comme pour donner plus de justesse à ses mots, ses larmes se multiplient, s'abattant encore plus rapidement avant de mourir devant son expression douloureuse.

—Edelgard...

Mais elle ne répond pas.

—Edelgard... je répète un peu plus près.

Mais elle ne me regarde pas.

—El... dis-je cette fois en attrapant son visage d'une main pour le tourner vers moi.

Je ne supporte pas cette expression grave, accidentée, abîmée. Sa peau souillée par mes erreurs. Je ne supporte pas de la voir souffrir bien que, une part de moi désire encore plus me rapprocher d'elle maintenant que je réalise que moi aussi, aie de l'impact sur elle. C'est horrible, mais sa tristesse me montre qu'une part d'elle désire, peut-être, la même chose que moi...

Je prends son autre main, glisse mon pousse dans sa paume afin d'écarter ses doigts avant de la placer sur ma poitrine qui risque d'imploser tant mon cœur bat à tout rompre.

—Ca, ce n'est pas un jeu, et je ne fais pas semblant. Je... C'est toi, c'est toi que je vois.

Regarde-moi, je hurle silencieusement.

—Alors...

Parle-moi.

—Ne pleure plus... dis-je avant d'embrasser ses larmes.

Je sais qu'une part d'elle souhaiterait me repousser et j'ignore si c'est parce que sa peine l'accable, la prive d'énergie, ou bien car il subsiste de l'attachement pour moi, mais elle se laisse faire quand mes lèvres glissent sur sa joue jusqu'au coin de sa bouche. Ma main toujours posée l'empêche de se détacher un peu plus et de s'échapper alors cette fois, c'est sur ses lèvres que je dépose un timide baiser. Elle reste immobile, alors je recommence, encore et encore, jusqu'à la pousser à me répondre. Qu'elle me le rende ou bien me gifle m'est égal, je veux seulement qu'elle réagisse, qu'elle se rappelle son nom...

—Je te déteste tellement... elle chuchote sur mes lèvres.

—Je sais...

Mais ses lèvres qui s'entrouvrent pour presser les miennes contredisent ses mots bien que, reflètent ses maux, alors c'est la pointe de ma langue qui murmure et la rassure lorsqu'elle glisse lentement dans sa bouche.

Ses mains passent autour de ma taille et ma cuisse glisse entre les siennes pour retenir son poids. Elle s'agrippe à mon t-shirt, y resserre ses doigts fébrilement tandis que je referme un peu plus mon étreinte en passant mes bras dans son dos. Ma main remonte jusqu'à sa nuque lorsque j'appuie mon baiser qui devient plus passionné que ce que j'imaginais, que ce que je pouvais espérer. Malgré les larmes et la douleur... J'ai tellement envie d'elle.

—Viens.. je murmure en reculant d'un pas, glissant mes mains le long de ses bras jusqu'aux siennes que je prends faiblement pour l'inviter à me suivre.

Elle le fait sans dire mot, absente, ailleurs, sans pour autant me quitter toutefois. Je ne lâche pas son regard de peur qu'elle disparaisse, ni lorsque je passe la porte de ma chambre, ni lorsque je m'assieds sur mon lit avant de la tirer pour la faire prendre place sur moi. Elle est à peine plus haute et je rêverais qu'elle me toise mais même me prendre de haut lui est désormais impossible. Mes doigts longent sur sa joue, vont replacer l'une de ses magnifiques mèches blanches derrière son oreille avant de se poser entièrement sur sa peau encore rougie et humide que je ne tarde à aller embrasser. Elle a le goût des larmes.

J'enfouie mon visage dans le creux formé par son épaule et son cou pour m'imprégner de son parfum alors que je la serre dans mes bras. Par tous les Saints, elle me parait tellement fragile, si fragile que j'ai peur de l'avoir brisée... Je l'enveloppe si fort que même si elle le souhaitait, elle ne pourrait se mouvoir et je ne décèle aucune intention de le faire quand ses mains passent derrière ma tête sur laquelle elles se referment. La chaleur que je ressens est une antinomie de ma culpabilité, et celle qu'elle dégage de sa haine qu'elle prétend nourrir à mon égard.

—Je dois être pitoyable... j'entends susurrer à mon oreille alors je dégage mon visage pour amarrer mon regard au sien.

—Non... La seule qui l'est, c'est moi...

Je fais ses lèvres miennes afin de les faire taire, refusant d'entendre plus longtemps que c'est elle, la responsable de ceci. Là encore, je suis la seule coupable.

—El... je soupire mes doigts toujours presser dans sa nuque.

Mon bras passe autour de sa taille lorsque je me soulève afin de nous retourner et de l'allonger sur ce lit. Son regard est si triste mais n'en est pas moins magnifique. Comment ai-je pu oser la comparer à une autre plutôt que voir qui elle était vraiment, ainsi que tout ce qu'elle représente. Pourquoi ai-je mis si longtemps à comprendre pourquoi mon cœur battait si vite en sa présence ?

—El... répété-je encore avant d'embrasser sa joue, puis de nouveau ses lèvres.

Les miennes s'ouvrent, nos langues se joignent et je m'allonge plus franchement sur elle, de tout mon corps pour mieux sentir le sien. Pour absorber la chaleur qu'elle dégage, son parfum qu'elle diffuse et qui brûlent lentement mes poumons, consume mes pensées.

Elle ne me repousse pas quand l'une de mes mains caresse son ventre après être passée sous sa chemise maintenant froissée. Elle ne proteste pas lorsque mes doigts remontent jusqu'à se heurter à la baleine de son soutien-gorge sous lequel le bout de mes doigts s'aventure.

—Si tu ne dis rien, je ne pourrais plus m'arrêter, je la mets en garde devant mes pulsions qui ravagent la tête.

C'est elle cette fois qui pose sa paume le long de ma mâchoire pour ramener mon visage près du sien, et se sont ses lèvres qui répondent.

Je l'embrasse âprement, passionnément tant je la désire. Mon genoux passe entre ses cuisses le long desquelles je remonte plus franchement jusqu'à le bloquer à son bassin qui se soulève sous mon geste, accompagné de soupires, les plus belles notes sur terre. Pourquoi apprendre à jouer lorsqu'il suffit d'écouter ? De fermer les yeux et de se laisser guider, emporter.

Les pans de sa chemise s'écartent quand je termine de la déboutonner. Je me hâte d'embrasser le galbe de ses seins que je remarque également marqués alors j'effleure chaque cicatrice qui se présente devant mes yeux. Mes baiser cascadent sur son corps, tracent une ligne invisible jusqu'à son nombril autour duquel je fais darder ma langue. Toujours aucun signe de protestation lorsque je défaits le nœuds de son short que je fais glisser lentement pour ne pas la brusquer. J'embrasse ses sous-vêtement, elle sa cambre, me rend folle... C'est tout son corps qui me pousse à y goûter. Ma langue épouse tendrement l'intérieur de sa cuisse et remonte quand elle gémit. Je fais disparaître le dernier rempart qui glisse sur sa jambe avant de refermer mes lèvres entre ses cuisses.

Les contractions irrégulières de son ventre à chacun de mes baisers me montent à la tête et me font perdre pieds. Les mouvements que ma langue décrit rythme les gesticulations de son corps qui se tord sous mes ardeurs. Lorsque je ferme les yeux, c'est l'expression qui ravageait son visage lorsque je l'ai surprise, qui se présente à moi... De quoi me rendre encore plus fougueuse...

—B- By... j'entends à peine. Ha... Byleth... A- arrête...

Ses doigts s'agrippent à mes cheveux quand elle relève ma tête, elle a le souffle court alors j'embrasse une dernière fois son sexe avant de remonter sur son ventre, jusqu'à mêler ma respiration à la sienne. Elle tremble, elle est si petite.. si frêle... si fragile... Elle tremble et ce sont mes émotions qui vibrent.

Je reste de longues secondes à seulement la regarder et c'est sans briser ce contact qu'elle soulève lentement mon t-shirt. Mon ventre apparaît d'abord, et puis mes seins quand je l'aide à m'en défaire avant de m'allonger de nouveau sur elle. C'est mon bassin qui se soulève ensuite lorsque mes doigts rejoignent les siens pour retirer mon short, à mon tour, ainsi que mon boxer jusqu'à me retrouver entièrement nue, lovée sur elle.

Ses doigts glissent dans mon dos, l'une sur ma nuque, l'autre dans le creux de mes reins, laissant d'invisibles brûlures derrières eux. Son bassin se soulève contre le mien quand nos langues se rejoignent, sa cuisse exerçant une pression qui m'embrase. Cette sensation de la sentir remuer contre moi, onduler sous mes caresses tandis que je frotte l'intérieure de ses cuisses de la mienne, est des plus divines. Le plaisir monte et infuse, exalte par tous les pores de ma peau.

—Edelgard... je soupire à ses lèvres. Edelgard... je répète en plongeant mon visage dans son cou.

Ma langue la dévore et mes lèvres se referment sur la teinte lactescence. Elle gémit quand mes dents s'impatientent, se font bien plus présente, lorsque je remonte fiévreusement à son oreille sur laquelle j'en fais autant. C'est tout son corps qui se contracte, ses bras et ses cuisses qui se referment sur moi. Je sens ses muscles tétaniser un à un sans faiblir pour autant. Ces minutes à se mouvoir l'une contre l'autre sont longues, sont bonnes, mais je sens désirer plus.

Mon souffle me manque mais c'est elle mon oxygène. Chaque fois que mes poumons s'emplissent c'est de son parfum qu'ils se gavent. Elle est telles des flammes qui m'enveloppent, m'embrasent, me consument, me transforment en cendres. Et s'il fallait brûler en enfer pour elle, alors j'y plongerais sans aucune hésitation.

—El... je murmure tandis que ma main glisse lentement.

Mes doigts caressent sa joue avant de recouvrir son cou que j'embrasse, longe son épaule, comptent ses côtes une à une jusqu'à se poser entièrement sur ses hanches. Mon impatience leur ordonne de descendre un peu plus, d'épouser ses fesses puis l'intérieur de ses cuisses. Celles-ci se referment sur moi quand ma main découvre l'effet que j'ai sur elle. Elle est si chaud, si humide, que je n'ai aucun mal à glisser lentement mes doigts qui cherchent à alimenter son plaisir.

—Si quelque chose ne va pas, dis le...

Elle gémit et s'agrippe lorsqu'avec beaucoup de douceur je me meus en elle. Mes gestes sont hésitants bien que je sache parfaitement ce que je fais mais j'essaie de faire en sorte que l'expression tirée de son visage s'estompe rapidement. Je la trouve...

—Tellement belle... je lâche à haute voix.

Je ne supporte tellement pas de la voir souffrir mais je sais bientôt le plaisir prendre le dessus sur les sensations que je devine être celles de sa première fois. De quoi me rendre un peu plus coupable, j'imagine, puisque des larmes perles au coin de ses yeux. Des larmes que j'essuie de la pointe de ma langue avant de caresser ses lèvres.

—Est-ce que ça va ?

Elle ne répond pas mais le bout de ses doigts marqués viennent redessiner ma bouche qu'elle ne quitte plus des yeux. Son visage se détend et la douleur s'évapore, bientôt remplacée par une toute autre expression. J'ai envie de la voir perdre pieds, de la voir perdre la tête autant qu'elle me fait perdre la mienne. Je veux pouvoir plonger dans l'océan de son regard, ne plus jamais en sortir, me laisser dériver avec elle jusqu'à ce que mort s'en suive.

J'ai envie d'accélérer, de la délivrer, de la faire jouir, mais ce que je désire encore plus est de pouvoir lui faire l'amour toute la nuit...