Épilogue
C'est un nouveau départ
L'été a été particulier, et en tout point. Je l'ai commencé chez moi, continué chez mon père, pour le terminer chez Catherine. Dans un mois, je fêterai mes vingt-huit ans mais j'évite pour le moment d'y penser car le temps s'écoule trop rapidement à mon gout. J'ai plus appris en deux mois qu'en toute une vie, c'est du moins l'impression que j'ai eu lorsque j'ai refermé mon ordinateur la dernière fois, à la fois soulagée, mais aussi impatiente.
Difficile de décrire l'amour, dans tout ça. C'est une déferlante d'émotions, de joie, mais aussi de tristesse. L'un ne va pas sans l'autre. A partir du moment où l'on ne vit plus seulement pour soi, chaque émotion est exacerbée. J'entends encore les cris, les rires, mais aussi les larmes s'évaporant au matin avec les premier rayons du jour après avoir chuchoter à la nuit. L'amour, c'est une chose bien complexe. Il peut passer par l'odeur, s'apparenter à de douces et délicieuses fragrances d'agrumes. Tantôt sucrée, parfois acidulées, mais toujours nuancées. L'amour c'est aussi des lignes de notes, de portées, c'est un chant, une mélodie, un refrain, un couplet. Ce sont mes doigts qui murmurent, ce sont mes pensées qui s'envolent, c'est la musique qui se tait. L'amour... C'est quoi, l'amour ?
—Comme vous pouvez le constater, il y a grand séjour et le soleil se couche sur la baie vitrée.
Je passe les verrières pour respirer l'air frais sur la balcon de l'appartement. Même si le paysage diffère de celui que j'ai pu admirer, d'une certaine façon, il reste aussi le même. Ce soleil, qui brille dans le ciel, n'est-il pas le même pour tout le monde ? C'est aussi le cas des étoiles, lorsqu'il s'abandonne à la nuit.
—Croyez moi, des biens comme celui-ci, il n'y en a pas tous les jours.
Les choses les plus belles sont aussi toujours les plus rares, après tout. Et s'il y a bien une chose que j'ai apprise, c'est que l'amour en fait partie.
—Qu'en pensez-vous ?
Penser. Je crois n'avoir jamais été capable de le faire aussi clairement. Tout est si simple, maintenant.
—Je vais y réfléchir.
—Bien, je vous laisse un moment pour vous décider, j'attendrai à ma voiture.
L'appartement que je visite est somme toute parfait en tout point. Spacieux, lumineux, avec place de parking inclue ainsi qu'un grand balcon. En plus, tout est neuf donc il ne consomme rien. Tout est parfait, vraiment parfait, et il ne manque rien... Vraiment rien... Après avoir passé un mois tout entier chez Catherine, l'annonce tombait à point. L'agent immobilier m'a bien précisé que je devais me décider très rapidement, d'autres personnes sont sur le coup mais comme je suis la première à visiter, il me fait une fleur. Tout est parfait et pourtant, j'hésite encore.
Les doutes frappent dans ma tête tout comme quelques coups à la porte, mais lorsque j'ouvre lentement, mon sourire les remplace.
—Désolée, j'entends soudain, l'entraînement s'est un peu éternisé.
Voila ce qu'il me manquait, ce regard parme dans lequel je me fonds, dans lequel je me noie. Ces doux et beaux yeux qui m'interrogent comme si elle me découvrait pour la toute première fois.
—Alors ?
—C'est propre, c'est grand, c'est neuf.
—Mais ?
—Je voulais ton avis.
Edelgard entre dans le séjour qui n'est pas sans rappeler celui de chez mon père, en plus petit bien sûr. L'appartement n'est toutefois pas agencé de la même façon, il ne se situe pas dans le même quartier, il n'a en fait rien à voir. J'en ai finis avec les souvenirs du passé perturbant mon présent. Ne jamais oublier, mais faire un pas en avant.
—C'est toi qui vas y vivre, Byleth, c'est à toi de te décider.
Evidemment, elle a toujours les mots, celle-là. Cela devrait pourtant lui faire plaisir que je prenne mon propre appartement, nous pourrions retrouver un peu d'intimité. Je dois avouer qu'il est particulièrement excitant de nous embrasser et plus encore dans les vestiaires de l'académie mais rien ne vaut tout de même le confort d'un lit. De quoi déjà nourrir en moi de très peu chastes idées.
—Hey, la Terre à Byleth, tu es encore là ?
—Oui, je me disais juste que si je prenais cet appartement, nous pourrions baptiser chacune des pièces et même s'il n'y en a pas tant que cela...
—B- Byleth !
Qu'elle est adorable lorsqu'elle est embarrassée et que ses joues rougissent ainsi. Elle n'ose même plus me regarder. Mais qu'y puis-je, après tout, je ne suis qu'une femme et elle est tellement belle qu'à peine mon regard posé sur elle c'est mon corps qui s'enflamme. Et mon cœur qui s'embrase.
—Au fait, ma mère m'a chargée de te dire qu'elle te souhaiterait à dîner cette semaine.
—Ha ouais ? je m'étonne, pour me manger à quelle sauce ?
—Elle prend la situation avec plus de recul, maintenant, et puis...
Elle s'arrête pour prendre une longue inspiration. Celle qui signifie qu'il y aura un sens caché dans ses propos. C'est qu'en un été entier, j'ai pu apprendre à la connaitre, ma délicate maniérée.
—Tout le monde serait ravi de te voir.
—Quelqu'un en particulier... je souffle en tirant ma compagne vers moi tendrement.
—Arrête-ça, elle murmure en posant sa main sur mes lèvres avant que celles-ci ne trouvent chemin des siennes. Dis moi plutôt ce que tu comptes faire.
—Pour le dîner ou bien l'appartement ?
—Pour les deux, alors arrête de plaisante et sois sérieuse une minute.
—Dis à ta mère que je passerai, dis-je alors avant d'ajouter : quant à cet appartement... je souris en le balayant du regard, je pense que je vais faire une offre.
—Sage décision.
—Il y a deux chambre, je lui précise, et il n'est pas très loin de l'académie, tu pourrais dormir ici. D'ailleurs, pourquoi avoir choisi l'internat ?
—C'était bien plus pratique ainsi, et puis, cela laissait de l'intimité à ma mère. Puisque tu te fiches de l'un et de l'autre, j'hésite néanmoins à conserver ma chambre.
—Eh bien, je souris de la pique dont elle n'a su se priver, comme je t'ai dit, il y a deux chambres. Il n'y a toutefois qu'un seul lit, dis-je alors que mes lèvres s'étirent davantage de malice et sous-entendus pas très sous entendus d'ailleurs.
—Et dire que tu reprochais à ton père son manque d'organisation, elle soupire désespérée devant mon attitude.
—Je suis organisée, seulement trop pauvre pour meubler tout ça pour l'instant. Toutefois... je murmure tentant de feindre le mystère, ce ne sera pas pour longtemps.
Elle me regarde, lève un sourcils, et maintenant qu'elle se trouve avec moi, ce sont toutes mes émotions qui m'emportent alors que je fais un grand pas.
—Mon livre va être publié.
—Voyez-vous ça, elle me sourit un peu moqueuse avant de poursuivre. Et de qui il parle, celui-ci, d'une de tes ex ?
Elle me pique, ne manquant pas de mordant, mais ses lèvres ne perdent pas leur douceur. C'est qu'on a fini par s'entendre, elle et moi, et surtout se comprendre, je pense alors que je sors le premier exemplaire de mon bouquin que je mets dans ses main. Son regard s'agrandit sur la première de couverture et ses lèvres s'entrouvrent.
—C'est quoi, l'Amour ? chuchote-t-elle.
Mon regard l'invite à l'ouvrir pour découvrir la première page, et le sien n'a jamais été aussi beau.
L'amour, c'est toi.
