Merci pour vos reviews !
oOo
Je n'ai plus le choix maintenant. Je dois jouer mon rôle jusqu'au bout : celui de l'acheteur. Je me force à regarder. A regarder vraiment.
McKay se tient devant moi.
Comme les autres lots, il est à moitié nu et ne porte qu'un léger pagne noué autour de ses reins, et une sorte de collier. Comme les autres ce qui surprend le plus, c'est la pâleur de sa peau. Blanche, presque translucide sous les spots utilisés pour éclairer l'estrade. On peut voir les veines bleutées sur son torse rasé.
Dans cette partie de la Galaxie de Pégase, la peau blanche et les yeux clairs sont apparemment une rareté. Cowen a été on ne peut plus explicite sur les goûts des peuples habitant ce quadrant de Pégase.
« Et si mes souvenirs sont exacts, Major, » avait-il dit, son dos fermement calé dans son fauteuil de petit dictateur de pacotille, « le docteur McKay remplis tous les canons de beauté requis.»
Depuis cette rencontre, je garde une balle dans une de mes poches. Une balle en argent. Le genre de celle qu'on utilise pour se débarrasser des démons et autres animaux maléfiques. Elle porte le nom de Cowen.
« C'est un superbe spécimen, n'est-ce pas ? »
Je manque de sursauter. L'horrible bonhomme est là. Je reprend ma contenance et lui envoie un regard qui dit clairement « comment-oses-tu-m'adresser-la-parole-espèce-de-sale-chien » et il se tait, mais son regard se met soudain à briller et avant que j'ai pu faire ou dire quoique ce soit, le voilà qui empoigne McKay. Ce dernier émet un petit couinement. Je fronce les sourcils. C'est curieux ce silence venant de lui. Et c'est alors que je remarque deux choses.
Ces yeux et son cou.
Ses yeux sont bleus. Okay, il a les yeux bleus mais là, ils sont vraiment très bleus. On lui a mis quelque chose qui ressemble à du khôl pour mettre en valeur leur couleur mais ce n'est pas tout, on a presque l'impression que tout son œil est bleu. Ses pupilles sont presque inexistantes, réduites à un petit point d'aiguille. Et puis, elles ne bougent pas.Drogué ? Où est Carson lorsque l'on a besoin de lui, hein ? Quant à ce que j'ai d'abord pris pour un collier, ce sont en en fait des marques. Des marques de doigts. Les miens se resserrent convulsivement sur mon P-90.
Le vendeur oblige Rodney à tourner sur lui-même. Il obtempère comme une marionnette mais son corps est secoué de tremblements à chaque fois que les mains se posent sur lui.
Je garde mon visage fermé. La rage qui bout en moi est invisible, cachée sous un masque d'indifférence. Des années de pratique dans l'armée. Apprendre à cacher ce que vous ressentez, peur ou douleur, peut se révéler très pratique. Mais McKay lui ne sait pas mentir. Il le dit lui-même, il est un piètre bluffeur (6), son visage est l'exact reflet de ce qu'il pense et de ce qu'il ressent. Et en ce moment même, je peux voir sa détresse, elle est si forte, si palpable que j'ai du mal à me retenir de l'appeler par son prénom. Juste pour le rassurer.
J'ai du mal à tenir mon rôle d'ordure.
Flashback
Radeck est assis sur son lit. Il a des cernes noirs sous les yeux, les traits tirés. Il va être l'invité de Carson pendant encore une bonne dizaine de jours mais il s'en tire bien, tout bien considéré.
Il est en vie.
Tous les membres de l'équipe envoyée sur Galdor sont morts. Cinq hommes, une femme. Quatre Marines, deux scientifiques.
Radeck est fatigué mais il continue de parler.
« … Ils sont arrivés si vite, de nulle part. Il n'y a pas eu d'activation de la porte … je pense … je suppose qu'ils avaient un vaisseau posé quelque part, je ne comprend pas comment cela a pu nous échapper, nous n'avons enregistré aucune énergie à part celle de la station désaffectée, je ne comprends pas … »
Je l'interromps avant qu'il ne s'enferme dans la culpabilité.
« Radek, il n'y avait rien à faire, Okay. Ces hommes étaient plus nombreux et mieux préparés. Ils sont manifestement habitués à ce type de raids. Il n'y avait rien que vous auriez pu faire et puis vous connaissez McKay, s'il avait détecté cette énergie, il ne serait pas parti avant de savoir d'où elle provenait … »
Je le vois tressaillir à l'évocation de Rodney. Merde. Bravo, John ! Il reprend avant que j'aie pu ajouter quoique ce soit.
« Ils nous ont aligné contre le mur tous les quatre. Paula était terrorisée. Elle n'arrêtait pas de sangloter et Rodney, » il poussa un petit gloussement, « Rodney essayait de la consoler. Rodney, consoler quelqu'un ! Etonnant, non. »
Non, pas vraiment.
McKay a beau avoir des dehors brusques … okay, parfois, franchement odieux, mais il n'aime pas faire souffrir les autres ou les voir souffrir. Sauf peut-être Kavanaugh. Etrange que malgré deux ans passés à travailler ensemble, Zelenka n'ait pas encore percé à jour le vrai McKay.
« C'est elle qu'ils ont tuée en premier. Les pleurs devaient les rendre nerveux. »
Où ils ne cherchaient pas de superbes sud-africaines à ramener avec eux. Paula Jonston était de Johannesburg. Idem pour Sanchez, l'autre scientifique dont le corps se trouve actuellement aux côtés de Paula à la morgue. Hispano américain. Ils ne répondaient pas à leurs « critères » comme me l'avait si gentiment appris Cowen. Mais McKay et Radek, oui. Blancs aux yeux bleus. Encore heureux que Carson ne s'était pas trouvé avec eux ce jour là, il était rentré sur Atlantis avec un des Galdoriens, un gamin atteint d'une malformation cardiaque, sinon, Atlantis aurait été à cours de mâles aux yeux bleus ...
« Ce qu'il a fait c'était … »
« Stupide ? »
Radek a l'air choqué que je puisse dire ça, mais je le pense vraiment.
« Non, božínku (7) ! C'était … c'était si courageux ! »
Ouais, frapper un des gardes avec un des ordinateurs portables et se mettre à courir n'était pas la chose la plus intelligente à faire, d'autant que le résultat n'a pas été des plus heureux.
« Mais l'un d'eux vous a tiré dessus, Radek. »
Il secoue la tête.
« Uniquement parce que je n'ai pas été assez rapide ! Nous étions parvenus à la porte principale, je me suis occupé du mécanisme de fermeture pendant que Rodney, se chargeait de rétablir les communications. C'est de ma faute … je … je n'ai pas été assez rapide, ils ont débouché brusquement dans le couloir, je me suis levé pour prévenir Rodney et puis … » Il frissonne.
Et puis, il a commencé à se vider de son sang. Je me rappelle de l'état dans lequel il était lorsque nous l'avons ramené sur Atlantis.
« Vous allez le retrouver, n'est-ce pas ? »
On pouvait voir la culpabilité dans ses yeux, la honte de l'échec et de ses terribles conséquences, la ronde des « si », si j'avais ceci, si je n'avais pas cela. En cet instant précis, nous étions l'exact reflet l'un de l'autre.
« Oui, je vais le ramener, mais pour ça j'ai besoin d'un petit coup de main … »
Ses yeux s'animent à l'idée qu'il peut aider, qu'il peut trouver une certaine forme de rédemption.
« Comment ? »
« En m'aidant à pirater l'ordinateur du Daedalus. »
Cette fois ses yeux s'agrandissent d'étonnement. Je hausse les épaules.
« C'est juste pour corriger un ou deux trucs sur la liste des matériels explosifs … »
TBC
(6) Episodes The Storm (En pleine tempête) et allusion dans Condemned/Les condamnés.
(7) Mon Dieu en tchèque.
