Merci pour vos reviews, elles sont WOW! Plus qu'un chapitre ...

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Je ne suis revenu que le lendemain matin, satisfait que ni Teyla ni Ronon n'aient cherché à me retrouver. Ils me connaissent assez maintenant pour savoir quand j'ai besoin d'une épaule amie, et quand j'ai besoin d'être seul. Cette simple pensée me redonne un peu de courage pour affronter le reste de la journée.

J'ai juste marché pendant des heures à travers ce qui semble être un vaste marché intergalactique. C'est un peu le souk marocain, seules les dimensions changent la donne. Et bien sûr, le type de marchandises qui s'y échangent.

Je pénètre dans une des tentes que nous avons achetées pour l'occasion. Yep, définitivement au Maroc. Des tapis au ton rouge et ocre par terre, sur les parois, du mobilier en bois sculpté, de la vaisselle dorée. Et juste au milieu, attaché au poteau qui soutient la tente, mon achat d'hier.

Je reste un moment à l'entrée de la tente, incapable de bouger, incapable de parler. Je sens la petite boule de rage que j'ai eu tant de mal à maîtriser hier se reformer au creux de mon estomac. Je prends une large inspiration. Rester concentrer sur l'objectif : la colère attendra, le plus important c'est Rodney. J'avance prudemment vers lui et m'agenouille à ses côtés.

Il est habillé cette fois. Enfin, presque. Ils l'ont affublé d'une sorte de tunique au style romain et au drapé compliqué qui semble sortie tout droit d'un péplum italien. Elle est attachée sur une de ses épaules par un énorme clip doré orné d'une pierre bleue puis s'enroule savamment autour de son corps d'une manière qui laisse voir sans trop en montrer. Juste de quoi appâter. Bel emballage cadeau. Il porte aussi un collier, un vrai cette fois, orné des mêmes pierres bleues, et des sandalettes aux fines lanières dorées. Et sa peau luit étrangement. Huilée sans doute. Je renifle. De l'huile parfumée, à la cannelle, ou quelque chose d'approchant. Ses yeux et sa bouche ont été maquillés. Il a tout de la drag queen.

Je l'appelle doucement. Pas de réaction. Je pose ma main sur son épaule. Cette fois, il pousse un petit cri et tente de se relever. Bien entendu, il ne fait que s'empêtrer dans la tunique et retombe avec un bruit mat et un autre cri. Il n'a toujours prononcé aucun mot. Juste ces drôles de cris. Des cris d'animal apeuré.

Je serre les dents. La boule dans mon estomac se rappelle à mon bon souvenir. Je ferme les yeux. Con-cen-tra-tion.

Je tends les mains vers Rodney mais dès que je le touche, il pousse ce cri bizarre, entre gémissement et couinement, et tente de m'échapper. Il gesticule, bras et jambes étrangement désordonnés, comme si sa coordination était complètement foutue. Il renverse un des larges vases qui se trouvent là en guise de décoration et le brise. Il continue à chercher à mettre de la distance entre lui et moi, mi rampant mi marchant. Sa main se coupe sur les morceaux du vase. La chaîne qui le retient au poteau finit par le bloquer dans sa fuite, mais sa panique ne cesse de grandir.

Je finis par crier.

« RODNEY STOP ! »

Sa main est en sang et il tire désespérément sur le bracelet qui le tient enchaîné, comme ses animaux pris au piège par un collet ou un de ces pièges utilisés pour les ours. Il tire, griffe, déchire, inconscient des dégâts qu'il provoque. Sa cheville est elle aussi en sang.

« Rodney, bon sang. STOP ! »

Mais c'est inutile, sa panique est au-delà de toute raison. Et là, enfin, je réalise ce qui a du se passer. Ses ordures ont du lui dire ce qui l'attendait. J'imagine le visage du vendeur, déformée par une grimace de désir, lui décrivant ce qui va se passer, ce que son nouveau propriétaire attend de lui. J'imagine ce qu'il a du ressentir lorsque j'ai posé mes mains sur lui, ce qu'il a du croire …

Je me relève et adopte la seule solution possible. J'appelle de l'aide.

« TEYLA ! »

Flashback

Elisabeth a fini par donner son accord. La caisse de C4 attend sagement d'être livrée à Cowen. Nous l'avons dissimulée sous les différentes petites choses dont nous allons avoir besoin.

« Le décorum, Major, le décorum. Pour ces gens, les apparences valent toutes les assurances. Vous devez avoir l'air riche » m'a dit Ladon, tout en enfournant des pièces de vaisselles aux couleurs criardes dans une des caisses.

Alors nous embarquons avec six caisses pleines de bric-à-brac. Enfin, cinq, la sixième contient du C4.

L'échange avec Cowen s'est bien passé. Lorne a été impeccable. Amusant, au début je l'aurais dit pro Caldwell mais depuis, et bien, disons que travailler sur Pégase change la manière dont on voit les choses. Change les gens. A moins qu'il ne s'agisse tout simplement de la sacro-sainte règle « on ne laisse jamais personne derrière ». Tout faire pour récupérer un des siens.

J'aime bien Lorne.

« Bien, nous sommes prêts » Ladon se frotte les mains et me sourit. Tout ça l'amuse énormément.

Je me demande si je ne devrais pas me fabriquer une seconde petite balle en argent.

TBC