Deep Sharingan

3


Gaï ouvrit les yeux, il croisa ceux de Lee, un éclair d'inquiétude les habitait. C'était lui qui venait de crier ? L'illusion c'était enfin arrêté, il se tenait dans sa cuisine et le corps de Kakashi assis contre lui était à présent dans ses bras, comme il avait tenu le gamin de l'illusion. Sa main serra la veste du jounin qui s'écrasa sur son épaule, Kakashi semblait s'être endormi. Il n'allait pas bien, l'utilisation abusive du sharingan avait dû le mettre KO. Il se leva péniblement, prit dans ses bras l'argenté et le conduisit dans sa chambre sous le regard inquiet de son élève.

- Va te coucher Lee ! »
- C'était quoi ces hurlements ? C'est vous qui les poussiez ? »
- Peut-être… Ou c'est peut-être Hatake. »
- Kakashi-senseï ? »
- Oui… »

Lee retourna dans sa chambre ne voulant pas déranger plus longtemps les deux hommes ; Gaï caressait les cheveux de Kakashi un moment, depuis qu'il l'avait allongé dans ses draps. Une moue déformait son visage, comme si, celui-ci était en train de pleurer. Gaï frôla la crise cardiaque quand ses yeux s'ouvrirent d'un seul coup, laissant sortir un flot de larmes.

- Hatake pardonne-moi… »

Gaï se mit, lui aussi, à verser des larmes, il souleva Kakashi et l'attira dans ses bras.

- Pardonne-moi ! Dire… que j'avais oublié ! C'est à cause de moi que tu as perdu ton œil ! J'ai été si stupide, pardonne-moi ! Si je ne vous avez pas pousser à faire ça... »
- Ce n'est rien… »
- Si ! Je ne t'ai pas secouru, j'ai rien pu faire ! »
- Ne t'en fais pas pour ça. Perdre mon œil n'est rien, par rapport à la souffrance que j'ai vécu… »

Gaï effaça ses larmes d'un revers de manche, il n'aimait pas se laisser aller comme ça, il avait une réputation d'homme toujours heureux. Dans un sens, Kakashi et lui se ressemblaient. Kakashi lui souriait, il arrivait à le deviner… malgré…

- Viens… »

La main de Kakashi se posa sur celle de Gaï, son sourire se fit plus grand lorsqu'il sentit le bras de son ami trembler quelques instants. Sa main amena celle du brun sur le morceau de tissu bleu marine. Il était si doux, Gaï hésita un moment, et le fit glisser lentement. Une peau blanche et fraîche, douce se découvrait peu à peu, sous son regard, un nez fin, de jolie forme, des lèvres sûrement aussi douces que de la soie, d'une couleur rosée, dessinées à la perfection. Voilà ce qu'il découvrit…

- Gaï ? »
- Heu… pardon… »
- Alors ? »
- T'es magnifique ! Pourquoi tu te caches ? »
- Hum… magnifique, hein ? Ça fait longtemps que je ne l'ai pas vu. »
- Pff ! »

Gaï attrapa un miroir près du lit et lui tendit.

- Alors ? »
- Mouai, ça va… »

Gaï effleura la cicatrice de l'index et lui remit son masque.

- Encore pardon… Cette cicatrice ne devrait pas être là ! Elle souille ce visage… »

Kakashi baissa la tête, il ne voulait pas que Gaï voie ses nouvelles larmes. Le nom d'Obito n'avait plus jamais été prononcé, c'était comme un accord, lorsqu'ils se sentaient l'envie d'en parler, alors, ils ne parlaient que du Sharingan ou de cette cicatrice. Obito était un sujet trop lourd, trop difficile pour qu'ils puissent en discuter, même dix ans plus tard. Une connerie de gamin qui avait failli les tuer tous les deux et qui avait couté la vie de leur meilleur ami. Qu'importait, au fond, quelque temps plus tard Itachi l'aurait certainement tué lui aussi. Simplement, c'était eux qui avaient le sang de l'Uchiha sur leurs mains.

- Maintenant Hatake… »

Gaï serra son poing et l'envoya sur le torse de Kakashi. Ses larmes se stoppèrent tout net, ses yeux se dirigèrent vers son ami. La plissure au niveau des yeux de l'argenté indiquèrent à Gaï qu'il y avait été un peu trop fort, puis un violent rire s'empara de son vis-à-vis.

- Il faut que ce cœur rebatte, tout ceci n'est que passé ! Tout le monde à son lot de peines et de joies. Obito est mort, mais toi, tu vies encore… et il vit à travers toi… »

Kakashi remit le bandeau de Konoha sur le sharingan, c'était étrange d'entendre ce nom, comme un fantôme de leur passé commun. C'était vrai, il ne regardait jamais cet œil, car il lui rappelait tant. Avant de mourir son ami lui avait donné son œil, il ignorait encore ce qu'avait eu dans le crâne l'Uchiha en le lui offrant.

- Tu dois être le seul à savoir tout ça… je… »
- Chut, je ne dirais jamais rien ! Crois-moi ! »

Gaï se mit à sourire bêtement, Kakashi le mima un moment, avant que son regard soit attiré par une forme qui les épiait depuis un moment.

- Hum ? »
- Les murs ont des yeux ici ! »
- Lee ! »
- Gaï-senseï, pardon ! »
- Tu l'as vu ? Mon visage ? »
- Oui… Mais… Mais je promets de ne rien dire, après tout, ce n'était peut-être qu'un rêve… »

Un rire béat se dégagea de Kakashi pendant qu'il se grattait la tête, en faisant cette grimace moqueuse. Il tourna les yeux vers Gaï, suspicieux.

- Ton fils, hein ? »
- Quoi ? »
- Non, non rien, juste que… »

Kakashi se mit à rire, un rire doux, rempli de sous-entendus, alors qu'il avait vu de la jalousie non retenue dans le regard de Lee… Ce gamin était protecteur, il avait recopié tellement plus que le physique de Gai, c'était son idole, son père, peut-être un peu plus encore. Il se rappelait que tous jeune, il avait porté un amour sans borne au quatrième, à en piquer des crises de jalousie à en pleurer quand il avait su qu'il se fiançait…

- Quoi ? »
- Ho, mais rien Gaï-senseï ! »
- Lee va te recoucher ! »
- Mais… »
- Ne discute pas ! »

Des larmes inondèrent le visage de Lee, il se rua sur la porte qu'il ouvrit en grand.

- Pardonnez-moi de vous déranger ! »

Puis se mit à courir à toutes jambes, croyant que son senseï et Kakashi entretenaient quelque chose. Courant au milieu de la nuit, Lee se mit à pleurer, qu'il était idiot d'avoir, ne serait-ce, pensé, qu'un jour, Gai pourrait l'aimer autrement que comme son fils ! Idiot et stupide, mais bon…

- Eh bien, tu n'as plus qu'à aller le chercher ! »
- Mais, qu'est-ce qu'il s'est mis en tête, celui-là ! »
- Va savoir… »
- Arrête ces insinuations ! »
- Mais, je n'insinue rien ! »

Kakashi se leva, il attrapa son bol puis regarda son propriétaire. Il allait rentrer chez lui, ils n'avaient plus rien à se dire de toute façon et puis Gaï devait vraiment courir derrière Lee et lui assurer qu'il s'était mépris.

- Je l'emmène, je le mangerais chez moi, je te rendrais ton bol après ! Il faut que je goûte à cette merveilleuse cuisine ! Ha… ho faite ! Tu ferais mieux d'aller le chercher ! »
- Et toi ? Tu ne vas pas le lui dire ? »
- Hum ? »
- Ne fais pas l'innocent ! Je l'ai vu dans ta tête ! Juste là ! Il ne quitte pas tes pensées ! »

Kakashi examina le sol pendant un instant. Gaï avait réussi à voir aussi loin dans ses souvenirs et dans son cœur ? Il fronça les sourcils plus très à l'aise.

- Nan ! »
- Et pourquoi pas ? »
- Je sais ce qu'est de perdre les gens qui me sont cher, en fait, je les perds tous, j'ai peur de le mettre en danger… Si je lui dis, si je lui donne cet amour… j'ai peur qu'il… »
- Tu ne vas donc rien faire ? »
- Non… »
- Tu as tort, ça te ferais du bien et à lui aussi… être toujours seul a ses bons côtés, comme ses pires, et ça fait trop longtemps que tu es seul, ton cœur se meurt… »

- Allez Hatake ! Un peu de cran, tu y vas, et tu lui dis ! C'est facile, non !»
- Pas autant qu'un combat contre Itachi… »
- C'est une autre sorte de combat, mon cher. Celui-là est plus difficile, enfin pour le début, ensuite c'est différent. Ne t'en fait pas, dans quelques années tout sera des plus fabuleux ! Bon, moi, je vais rattraper ce petit idiot ! Avant qu'il ne fasse n'importe quoi sous le feu de la colère ! Et n'oublie pas ! Dis-lui ! »
- Hum… »

Kakashi referma la porte, il se dirigea chez lui, et après avoir savouré la cuisine de Gaï, il s'allongea sur son lit en scrutant le plafond. Ses pensées se tournèrent vers les paroles de Gaï, et peut-être, finalement, qu'il n'avait pas tort. Il se décida à sortir, à cette heure, il savait où le trouver !

- Yo ! Bonsoir oba-san ! »
- Ho, bonsoir Kakashi-san… »
- Il est encore là ? »
- Á votre avis, d'où vient cette chanson ? »
- Hum… Yo Jiraya-sama ! »
- Yo, Hatake Kakashi, tu te décides enfin, à venir boire un verre, avec moi ! »
- Et bien, comme qui dirait. »

Il s'installa à la droite du sein in, une femme occupait déjà sa gauche et semblait le coller de très près. Elle le tenait par le bras et avalait le saké aussi vite qu'un homme. Sa voix niaise lui donnait la nausée, décidément, il ne supportait pas les femmes ! Le jounin soupira d'exaspération, mais bon dieu que fichait-il ici ?

- Ho, ma jolie, tu ne veux pas aller nous chercher des bouteilles de saké ? »
- Haï, Jiraya-sama ! »
- Voilà… Alors, que me vaut cet honneur ? »

Kakashi sortit son livre et un crayon, d'un mouvement rapide, et de son sourire-grimace, il les tendit à Jiraya.

- Je peux avoir une dédicace ? »
- Ha ! Si ça peut te faire plaisir ! Tu sais que le tome cinq arrive dans trois mois ! Ha, le film va sortir à la fin de celui-ci ! »
- Génial ! »

Les yeux de Kakashi se posèrent sur son aîné, celui-ci était en train de barbouiller la première page du livre, avec une application toute particulière.

- Et voilà ! »
- J'ai le droit à un dessin en plus ! »
- Ouai c'est de l'art, hein ? »
- C'est… un chien ? »
- Non, une grenouille ! »
- Ha ? Haha… pardon ! »
- Je dessine vraiment si mal ? »
- Un peu, ouai ! »
- Tu ne manques pas de toupet, gai ! »
- Gai ? »
- Ouai, t'es un gosse pour moi, une génération nous sépare ! Tu pourrais être mon fils ! »
- Hum… »

Kakashi pensa à Yondaime, l'homme qu'il avait devant lui, était celui, qui lui avait tout appris… Le maître de son « père »… En fait, c'était quasiment son grand père, quelque part…

- Jiraya itou-san ? »

L'homme en question s'étrangla avec son saké, et posa un regard qui tue jusqu'à la vie bactérienne, sur celui qui avait osé dire ces mots.

- Tu… »

Kakashi se leva, les paroles de Gaï le tiraillaient, il avait envie de suivre son conseil… oui, lui dire… Son regard se posa sur la jeune femme qui avait repris sa place, et se dandinait carrément, sur les genoux de Jiraya.

- Où vas-tu petit imbécile ! »
- Chez moi ! »
- Y'a dû saké ? »
- Oui… »
- Alors je viens ! »


2004-2005