Le Tigre et ses Démons
6
Sa mère lui avait fait un clin d'œil, et après avoir rougi un court instant, Kôjiro claqua la porte et partit en courant. En effet, il allait voir Ken, était-il si prévisible que ça ? Assis sur le muret, Kô regardait les ombres qui passaient devant la fenêtre de son gardien de but, apparemment ce soir, il n'était pas seul, qu'importait, il avait tout son temps, il attendrait. Une voix s'éleva enfin dans la rue, un jeune homme inspirait l'air frais, l'équipée de quatre garçons passa devant lui. Vu leur haleine, qui ressemblait à celle de Kira, il semblait, qu'ils avaient pas mal bu ! D'ailleurs, suffisait de voir la façon dont ils marchaient ! Kô haussa les épaules puis pénétra dans la maison des Wakashimazu, le salon était dévasté, et remplies de bouteilles vides. Hum, le paternel serait certainement ravi de voir ça ! Un murmure sortait de la chambre de son goal, il poussa la porte, et trouva un Ken, plutôt occupé.
Kôjiro resta interdit, Ken était complètement nu, ses mains étaient occupées à faire des choses que Kôjiro aurait préféré ne pas voir. Un gémissement sortit de la gorge du goalkeeper, suivit d'un murmure presque inaudible… Kôjiro…
Le Tigre se sentit soudainement prit d'une envie de le frapper, comment Ken pouvait penser à lui, en faisant des choses pareilles ! Ils étaient censés être amis… Ken aurait dû lui dire ! Des amis ne se cachent rien ! Pourtant, il ne put faire un mouvement, il ne put s'arrête de l'observer lorsque sous on regard captivé, il regarda le corps de son goal se cambrer et glisser le goulot d'une bouteille de bière entre ses jambes. Wakashimazu se mit à gémir, tout en mouvant le goulot de la bouteille en lui, le corps en face de lui, lui était inconnu, son goal avait des mouvements trop sensuels, trop féminin, quasi. Ca dénotait de son côté brouillon qu'il arborait la plus part du temps, les cheveux en pétard quand il ne prenait pas le temps de les coiffer après l'entrainement, ou même sous mouvements que les postures de Karaté encadré d'un manque total d'élégance. Mais là... là, ce n'était pas son ami qui lui faisait face, mais bel et bien cet homme qui l'aimait.
Le capitaine de la Tôho se sentit pris d'un malaise, tout autour de lui les choses bougeaient, il se rattrapa à l'encadrement de la porte, et essaya de sortir de la pièce, mais ses jambes ne bougeaient plus, ses yeux étaient de nouveau scotchés au lit. Plus rien ne semblait exister, ni la porte, ni le lit, ni le couloir, ni rien du tout ! Il n'y avait que Ken, Ken et ses gémissements qui remplissaient l'âme du Tigre, ses jambes se dérobèrent, et il s'écrasa durement sur le sol.
- Tachibana ? Ce n'est pas parce qu'on est bourré que je vais changer d'avis, si tu veux te taper quelqu'un va voir ailleurs ! Y'a aucune chance que tu puisses me passer dessus ! Je n'écarte pas les jambes pour le premier venu ! Maintenant dégage ! »
Le karatéka attrapa un coussin et l'envoya en direction de la porte, c'est à ce moment que Ken, vit le visage du Tigre, un visage décomposé, un visage presque livide qui regardait dans sa direction. Le karatéka mal à l'aise se redressa, faisant tomber la bouteille qui roula à terre.
- Ca… capitaine ? »
D'un mouvement sec, prenant conscience de l'état dans lequel il était, il rabattit la couette sur lui et se mit à trembler. Kôjiro avait vu, Kôjiro avait entendu et Kôjiro avait compris. Et dieu sait qu'il avait toujours fait en sorte que celui-ci ne sache rien ! Son ami serait dégouté, il le savait, il ne voulait pas le perdre !
- Capitaine ? Je… heu je… »
Le capitaine de la Tôho sursauta, il venait de revenir dans la pièce, la réalité était étrangement déformée. Il voudrait se mettre en colère, il voudrait briser cette image, mais à la place, il s'approcha du lit comme si Ken pouvait le sauver. Il plaça son regard dans celui apeuré de Ken qui s'attendait à une effusion de violence, mais à la place, son capitaine s'agenouilla puis posa les mains et la tête au sol.
- Je t'en prie, je t'en supplie, reviens à Tôho ! Reviens Ken ! Ton remplaçant est nul, la Tôho est nulle si tu n'y joues pas, et moi… si tu n'es pas à mes côtés, je suis plus rien ! J'ai besoin de toi… seulement Ken, ce n'est pas de cette façon que tu me manques. Je n'ai jamais été bon côté relationnel, mais c'est un ami dont j'ai besoin, ça je ne peux te le donner… Alors j'arriverais à comprendre si tu ne veux pas revenir, mais dit le moi, aujourd'hui dit-moi, si tu es capable de revenir, de redevenir MON goalkeeper, de me suivre partout où j'irai, de venir avec moi en Europe, moi aussi j'ai besoin de toi. Mais l'amour tu sais… j'en suis pas capable ! Le foot est la seule chose que je chérisse, je le chéris plus que me vie ! Et c'est avec toi que je veux faire mon football. M'accompagneras-tu ? »
Ken resta sous le choc des paroles et de l'agissement de son capitaine, il était là à genoux devant lui… Il se sentait bien, agréablement bien, même si les sentiments qu'il avait pour son capitaine n'étaient pas partagés, il n'en restait pas moins que Kôjiro avait besoin de lui, qu'il ne le méprisait pas, qu'il ne le détestait pas et surtout qu'il ne le repoussait pas, sachant ce qu'il éprouvait pour lui.
- Capitaine… Kôjiro ! Je… »
Ken se leva d'un bond et releva Kôjiro, il ne supportait pas de le voir à ses pieds, il enfouit son visage dans le cou de son ami et respira le parfum du Tigre. Kôjiro était son astre, son soleil.
- Kôjiro, je te suivrais partout, partout ! Sans soleil, je dépéris ! Capitaine tu… Si tu veux bien me confier ton amitié, même après ce que tu viens de voir et entendre, je l'accepte avec joie ! Capitaine… »
Kôjiro sourit tendrement, il l'attrapa par la taille et le serra contre lui, il passa sa main dans ses cheveux et le porta jusque dans le lit, dans lequel il se laissa tomber. Sa main caressa le visage de son goal qu'il serra possessivement contre lui. Plus rien ne devait être caché entre eux, alors Ken se laissa aller à dire tout ce qu'il avait sur le cœur et tout ce qu'il s'était passé durant ce long mois, ils burent, ils rirent, ils pleurèrent et ils se couchèrent au petit matin enlacé dans les bras l'un de l'autre, se jurant de ne plus jamais se séparer l'un de l'autre.
Le Tigre fut réveillé par un rayon de soleil, il se retourna et trouva une boule chaude blottie contre lui, il poussa une mèche de cheveux qui le gênait pour respirer, et se contenta de sourire. Il resta dans cette position un moment, puis il se leva, et commença à s'habiller. Le père de Ken ouvrit la porte sans frapper, d'une humeur massacrante, expliquée sûrement par le bazar laissé par la petite beuverie que son fils avait organisée. Il resta sur le pas de la porte en voyant Kôjiro attraper son pantalon et l'enfiler. Le Tigre passa devant et lui murmura, un regard emplis de suffisance :
- Ken est à moi, c'est MON goalkeeper. Et je suis à lui, je suis SON Capitaine ! Que vous lui arrachiez une jambe, un bras, que vous l'attachiez là, à son lit n'y changerait rien ! J'ai besoin de lui, comme lui a besoin de moi, soit vous faite quelque chose, pour que Ken redevienne le jeune homme souriant et heureux de vivre, que j'ai toujours connu, soit c'est moi qui le fait ! »
Kôjiro envoya un regard de défit, en souriant, il regarda la forme qui était dans le lit et passa la porte. Wakashimazu-san, serra son poing à en enfoncer ses ongles dans sa propre chaire, ce basané avait osé toucher à son fils, il n'osait imaginer ce qu'il s'était passé ici sous son propre toit, cela le répugnait ! Il envoya son poing sur le visage de Kôjiro, il le détestait, il avait enlevé à Ken son amour pour le karaté et l'avait initié à ce sport peu glorieux : le football, il n'y avait sur terre aucune autre abomination que celle-là, voir son fils faire le singe dans une cage ! Quel déshonneur pour la famille, et ce basané avait en plus osé voler la pureté de son fils, tout ça en était trop !
- Vous ! Espèce de vermine ! »
Le cri de Wakashimazu señor avait réveillé son fils, d'un bond, il se leva, sortit des draps dans sa tenue d'Adam et retint le bras de son père, qui allait administrer un nouveau coup à Kôjiro.
- Nan ! »
Le père regarda son fils, et ce qu'il lut dans ses yeux le fit reculer d'un pas.
- Jamais ! Jamais je ne tolèrerais que tu le touches ! Jamais, tu m'entends ! Tu peux faire ce que tu veux de moi, me frapper, me crier dessus, tout ce que tu veux ! Mais lui, je ne te laisserais pas le toucher, même si je dois te tuer de mes propres mains, tu ne poseras jamais plus tes mains sur Kôjiro ! »
Ken avança d'un pas et dévisagea son père avant d'aller voir son capitaine, il se baissa et d'un doigt il caressa la lèvre ensanglantée de son Tigre. Il était aujourd'hui à lui, comme il se donnerait au Tigre, tant pis si un jour quelqu'un prenait le cœur de son capitaine, il préférait souffrir en le voyant heureux que de l'abandonner. Le corps de Ken s'agenouilla et dans un mouvement peut-être un peu trop amoureux, il cala le brun à peau mate contre son corps.
- Kôjiro, il ne t'a… »
Le Tigre ne put s'empêcher d'éclater d'un rire franc, il n'avait pas mal, il avait appris à encaisser les coups. Par contre, voir son goal s'énerver en tenue d'Adam, c'était pas commun à voir. Le bras du Capitaine fit le tour du corps entre ses bras et fit un bref sourire.
- Ha, ha, tu es… tout simplement hilarant ! J'ai rien du tout ! Cela dit, tu aurais pu être plus crédible dans une autre tenue… »
Ken se mit à rougir, il se releva brusquement et alla s'habiller sous le regard dégouté de son géniteur. Il descendit ensuite les marches avec Kôjiro, et le laissa sur le pas de la porte.
- Ken si jamais y'a quoi que ce soit, tu sais où j'habite, tu viens, y'a de la place pour toi. Quand tu veux, ok ? »
- Hum ! »
Dans la semaine qui suivie, Ken était re-transféré à Tôho, il réintégra sa place de goalkeeper dans l'équipe… Tôho/Nankatsu s'était fini par un 4/4… Ils avaient tous les deux eut le titre, Kôjiro et Tsubasa.
