Point de vue : Charlie

Nous étions interrompus dans nos conversations par les cris de joie de Mia un peu plus loin. Je la voyais sauter dans les bras d'Harry et je les entendais échanger ces mots doux qui m'atteignaient plus que je ne l'aurai voulu. Je devinais qu'il lui avait offert son cadeau et je réalisais que je ne savais pas de quoi il s'agissait.

Je devais lui offrir les miens ce soir également dont ce voyage à Venise sur lequel je m'étais peut-être un peu trop emballé. J'étais sur la réserve, je ne savais pas encore si j'allais lui offrir et j'avais besoin pour me décider d'entendre des paroles rassurantes de sa part concernant son niveau d'engagement à mes côtés.

J'étais parvenu à l'amener habilement sur le terrain de cette relation perturbante avec Harry. Je voulais l'entendre me dire que je n'avais pas de raison de m'inquiéter, et encore plus après avoir assisté une nouvelle fois aux nouveaux déferlements de coups de Harry sur Adrien. Mia m'avait dévoilé sans pudeur le cadeau de Harry à ma première demande, elle ne m'avait pas ménagé et je comprenais que je risquais gros à protester. J'encaissais donc l'idée de cette semaine en tête à tête entre elle et Harry sous le soleil torride du désert du Nevada et j'essayais de ne pas visualiser les images d'un Harry de 20 ans en train de draguer une Mia jeune et séduisante. Les aveux timides et les sentiments qu'elle me déclarait à demi-mot ensuite m'avaient convaincu et donné l'assurance suffisante pour aller au bout de mes projets.

L'idée de ce weekend à Venise m'était venue après sa crémaillère. Mia avait enchaîné les signes de faiblesse jusqu'à ce baiser fiévreux dont j'avais encore beaucoup de difficultés à me remettre, elle ne m'avait pas rejeté non plus après ce baiser volé il y a trois jours. J'avais donc décidé de prendre le risque en la voyant céder. Je voulais partir avec elle, loin de tout et de tout le monde. Venise était un choix évident pour amener notre relation vers des temps de paix et de douceur. Je n'avais aucun doute sur le fait que ce weekend loin de Paris serait parfait mais j'avais redouté son refus mais encore plus qu'elle ne l'accepte à contrecœur. Je contenais donc difficilement ma joie en la voyant accepter avec sincérité.

Les deux semaines d'attente avaient défilé très vite ensuite. J'avais revu brièvement Mia mais je ne m'en formalisais pas outre mesure car je savais qu'elle ne pourrait plus s'échapper une fois à huis clos avec moi en Italie. C'était enfin le jour du départ et j'étais en train de frapper à sa porte, valise en main, avec cette ridicule boule au ventre que j'entendais bien faire taire définitivement après ce weekend avec elle.

"Bonjour... Prête ?", Mia venait de m'ouvrir la porte. Elle m'accueillait avec un air surpris qui m'inquiétait énormément, d'autant plus que je n'avais pas pris la peine de lui rappeler l'heure à cause de ses nombreuses absences des derniers jours.

"Venise ? Tu m'inquiètes...notre vol décolle dans 3 heures", je la regardais, inquiet, en attendant sa réponse et je soupirais de soulagement ensuite en la voyant me rendre un sourire démoniaque et ouvrir plus largement la porte en dévoilant sa valise. Elle était parfaitement prête au départ et s'amusait toujours autant de m'en faire voir de toutes les couleurs.

"Tu es infernale", Mia enfilait ses baskets et sa veste en refermant sa porte tout sourire. J'en profitais pour passer mon bras autour de ses épaules et l'embrasser sur le front en prenant la direction du taxi. Le trajet en voiture puis en avion s'était merveilleusement bien passé. J'avais eu droit à plus de détails concernant ses aventures des deux dernières semaines.

"Je mange des soupes depuis 2 semaines, Charlie. Je suis prête pour engloutir toutes les pizzas et tiramisus de Venise, tu ne sais pas de quoi je suis capable. Je t'ai déjà dit que ma grand-mère était italienne ? ", le vol arrivait bientôt à sa fin. Mia était assise côté hublot et je riais de cet air enfantin qui ne la quittait pas quand elle parlait de gastronomie italienne. J'en comprenais mieux la raison désormais.

"NON ! Tu ne me l'as jamais dit..."

"Elle a grandi à Venise, j'ai toujours rêvé d'y aller. C'est une belle coïncidence que tu ais choisi cette ville parmi toutes les autres", je savais que je devais en théorie répondre pour faire la conversation mais j'étais plongé dans mes observations. Mia était tellement belle, dans sa tenue décontractée, la tête reposée sur ce dossier, le visage tourné vers moi et ses yeux pétillants d'excitation. J'avais tellement envie de l'embrasser.

"Qui sait, je te cache peut-être un accent italien très "intéressant" moi aussi", et je fondais encore plus face à sa réponse et ce nouveau regard irrésistible.

"Il me tarde de l'entendre alors", je me contentais de caresser son visage et de l'embrasser à la commissure des lèvres pour soulager partiellement mes envies. Je recevais avec plaisir enfin son nouveau silence et sa tête contre mon épaule à l'approche de l'atterrissage.

La météo de Venise était exceptionnelle. Nous étions émerveillés de concert face au charme mythique de cette ville et cette arrivée remarquable en taxi-bateau le long du Grand Canal. J'étais encore bloqué à observer Mia, ses lunettes de soleil m'interdisaient l'accès à ses yeux et me ramenaient inévitablement sur son sourire et ses lèvres parfaites. Je ne lui avais rien dit concernant mon choix d'hébergement ni sur le programme et j'étais certain qu'elle serait conquise par mes surprises. D'aussi loin que je me souvienne, je n'avais jamais réservé un hôtel aussi exceptionnel et je me languissais de voir sa réaction à notre arrivée imminente.

"C'est ici qu'on s'arrête ? Au Gritti Palace, Charlie, vraiment ? Mais tu as définitivement perdu la tête ?", Mia était passionnée de voyage et d'hôtellerie de luxe, j'aurai dû me douter qu'elle connaîtrait l'endroit et j'étais plus que satisfait d'entendre son approbation et cette émotion dans sa voix. Pour seule réponse, je lui tendais la main avec un sourire mystérieux pour l'aider à rejoindre la terre ferme car même si je le pensais, c'était certainement trop mielleux de répondre que rien n'était trop beau pour elle ce weekend.

J'avais gardé sa main précieusement dans la mienne en la conduisant jusqu'au lobby. J'essayais de garder le visage impassible du parfait gentleman mais je n'en menais pas large en découvrant la suite également car j'avais encore du mal à m'habituer au luxe de notre nouvelle vie. La porte s'était ouverte sur une pièce impressionnante, la chambre était magistrale et j'essayais de chasser toutes les idées perverses qui me venaient en découvrant ce lit royal. La salle de bain était toute aussi spectaculaire avec sa grande cabine de douche à l'italienne et sa baignoire îlot. Le maître d'hôtel avait gardé le meilleur pour la fin en nous dévoilant ensuite ce toit-terrasse grandiose, équipé d'un jacuzzi et d'autres aménagements démesurés. Et par-dessus tout, il y avait cette vue imprenable sur Venise, l'église de Santa Maria et le Grand Canal. Je m'étais autorisé plusieurs regards vers Mia et j'étais au comble du bonheur face à ses airs émerveillés. Le maître d'hôtel s'était finalement retiré.

"Est-ce que tu sais qu'il s'agit sûrement de la plus belle suite de Venise ? A ce niveau de perfection et à ta place, je rentabiliserai sur le champ par une demande en mariage", Mia s'était rapprochée de moi avec une joie indescriptible sur son visage.

"Ce n'est pas une mauvaise idée. On s'arrêtera à la première bijouterie pour choisir la bague de Madame", ce sourire irrésistible ne la quittait pas et toutes mes inquiétudes s'éloignaient inévitablement.

"Je suis sûre que ce weekend va passer beaucoup trop vite à mon goût", je caressais son visage et la regardais d'encore plus près. Les battements de mon cœur se faisaient toujours plus forts en l'entendant me dire ces mots et en sentant ses mains sur ma nuque.

"Il n'a même pas commencé", je continuais de caresser ses cheveux pendant que Mia se lovait tendrement dans mes bras.

"Tu as remarqué comme le canapé du salon a l'air confortable ? Tu vas beaucoup t'y plaire", je m'esclaffais largement à cette prise de parole taquine de Mia mais je décidais de ne pas aller sur ce terrain à cette heure trop précoce de la soirée.

"Je te laisse te préparer ? Je t'attends au bar. Je vais prendre quelques renseignements à l'accueil. J'ai réservé ensuite à l'extérieur pour le dîner mais tu as tout ton temps".

"Bene, Amore Mio...", Mia avait relevé son visage en me répondant avec un parfait accent italien que je découvrais avec beaucoup de plaisir. Elle m'offrait pleinement sa bouche dans un sourire angélique et je ne résistais plus à l'envie cette fois. Je lui rendais le premier baiser du weekend. C'était un baiser tendre et libérateur que j'avais dû interrompre avec toutes les peines pour la laisser se préparer.

Mia m'avait rejoint une heure plus tard au bar de l'hôtel et sa transformation était particulièrement saisissante. Ses cheveux bruns habituellement bouclés étaient parfaitement lissés ce soir et tombaient encore plus bas dans son dos. Elle portait un très élégant tailleur de mi-saison parfaitement accordé au rouge de ses lèvres, je devinais son haut noir assorti à ses escarpins et je remarquais autour de son cou le collier de diamants noirs que je lui avais offert deux semaines plus tôt. Mia avait choisi les couleurs parfaites de la tentation et j'étais persuadé qu'aucune italienne n'égalerait sa beauté radieuse ce soir.

Point de vue : Mia

Je venais de laisser Charlie quitter la suite, à regrets. Je prenais quelques minutes pour m'acclimater à ce cadre exceptionnel. Venise était somptueuse, ce palace était incroyable et cette suite était surréaliste. Il ne s'était fixé aucune limite pour immortaliser ce weekend et m'émerveiller et je trouvais cela incroyablement romantique et irrésistible. Toutes ces attentions balayaient d'un revers de manches les craintes et hésitations que j'avais pu avoir précédemment. J'en profitais également pour répondre à Harry et lui envoyer la vidéo des lieux.

"Bien arrivés à Venise. Regarde où je suis ? Ton Charlie s'est envoyé...".

"WOW ! Tu vas avoir une lourde dette à payer. Ce jacuzzi va en voir de toutes les couleurs...Profitez-en bien ;). Bises, Princesse".

Je m'amusais de la réponse de Harry et je rentrais avec un air rêveur au sein de la suite pour me préparer en espérant que Charlie remarquerait que je n'avais également rien laissé au hasard de mon côté. J'avais pris beaucoup de soins dans mes choix de tenue et de lingerie et je n'avais pas compté les heures de shopping ces dernières semaines. J'allais commencer ce soir par cette tenue suffisamment attrayante et tentatrice pour marquer son esprit pour cette occasion spéciale.

Ma tête s'était mise à tourner d'anticipation en passant devant la chambre et en imaginant tout ce dont serait témoin cette pièce d'ici la fin du weekend. Je savais sans aucun doute possible que ce n'était plus qu'une question d'heures avant que mes fantasmes ne se réalisent et j'en mourais d'impatience.

J'avais fait de mon mieux pour abréger mes préparatifs, je regagnais le bar de l'hôtel comme me l'avait donné rendez-vous Charlie une heure plus tôt et le voyais m'accueillir avec un regard admiratif.

"Je suis censé retourner à notre chambre me préparer mais j'ai beaucoup trop peur maintenant de te laisser seule à ce bar sans surveillance", plusieurs choses dans cette phrase me plaisaient encore une fois. D'abord, je rougissais de satisfaction face à son compliment, ensuite je me languissais de le voir revenir encore plus beau qu'il ne l'était déjà, et enfin je tremblais d'excitation à sa référence à "notre" chambre.

"Je promets d'être très sage", j'avais souris à ces mots en atteignant sa hauteur. Je le laissais me prendre étroitement par la taille et me coller à lui depuis sa chaise de bar.

"Mmh...Pas trop non plus, Mia", Charlie avait murmuré ces dernières paroles séductrices, après un dernier baiser beaucoup trop sensuel dans mon cou et sur mes lèvres. Je le regardais se lever puis partir sur cette réplique et je me disais que j'avais déjà beaucoup trop chaud pour un début de soirée.

Je suis restée une demie heure ensuite à profiter d'un verre offert par le barman. Il m'avait fait la conversation par la même occasion en me donnant quelques conseils sur la ville et j'avais assisté avec un plaisir intense au retour de Charlie que je trouvais douloureusement plaisant dans cette tenue entièrement noire.

"Comment fais-tu pour être aussi séduisant ?", je venais de parler avec un air rêveur et je le regardais recevoir mon compliment avec son sourire à damner un saint.

"Tu commences déjà les réjouissances ?", Charlie reprenait avec un air moqueur en pointant du doigt mon verre de vin blanc.

"Offert par la maison ! Cet établissement sait recevoir les nouveaux clients", je soulevais mon verre avec un air satisfait.

"Oui ou autre chose puisque j'ai passé une heure à ce comptoir et je n'ai même pas eu droit à un verre d'eau de la part du barman...Mais bref...On y va ?", je souriais à sa jalousie et à ma naïveté et je le regardais me tendre la main pour partir.

"Déjà ? Mais ce charmant barman vient de me dire que Brad Pitt arrivait dans dix minutes", Charlie conservait ce sourire à tomber malgré mes provocations et insistait de nouveau sur sa main tendue avec une fausse autorité. Je la saisissais avec amusement et docilement en veillant à saluer très poliment le barman en partant. La soirée pouvait commencer.