Point de vue : Harry
Nous étions dimanche, il était 21h et j'étais confortablement installé dans le canapé quand j'entendais enfin Charlie rentrer de son voyage.
"Hey ! Alors ce weekend ?", je le regardais entrer avec un air amusé. J'étais curieux d'avoir un peu plus de détails après les réponses évasives de Mia à mes messages. J'étais déçu de ne pas la voir d'ailleurs.
"Le meilleur de toute ma vie", Charlie s'était approché et m'avait empoigné la main en guise de salutation. Sa sincérité et son air heureux étaient sans équivoque mais concis. Je le regardais s'agiter entre le salon et la chambre sans plus de précision, puis reprendre la direction de la porte.
"Tu repars déjà ? Tu vas où ?".
"Dormir chez Mia. Je repasse demain !", je ne me formalisais pas de l'absence de politesse et de correction. Je comprenais facilement son euphorie mais je commençais à entendre cette voix indésirable qui me disait que je m'étais peut-être trop bien appliqué à les rapprocher. J'avais poussé ma meilleure amie et confidente dans les bras de mon meilleur ami et colocataire, sans soupçonner jusqu'où cette relation pourrait les mener. Il était encore sûrement trop tôt pour que je m'inquiète mais l'idée de me retrouver minablement seul en bout de chaîne mûrissait dans mon esprit et me contrariait royalement et mes craintes se confirmaient les semaines suivantes. Mia et Charlie s'étaient passés de toute confidence sur leur weekend. Il n'y avait rien d'étonnant concernant Charlie mais c'était la première fois que Mia se retenait avec moi en faisant preuve de pudeur.
Charlie et Mia filaient depuis le parfait amour à m'en donner la nausée. Rester dans la même pièce que ces deux-là était devenu insupportable. J'avais cette très désagréable sensation de me transformer en chandelier face à leurs débordements d'affection et leur complicité. Je me sentais aussi coupable de jalouser ce bonheur que j'avais perdu il y a plusieurs mois avec le décès de Victoria. Le deuil commençait à se faire bien sûr, je pensais toujours à elle mais j'arrivais maintenant à imaginer un avenir sans elle. Mais dans cet avenir, je voyais toujours Mia. Je pouvais me passer de Charlie mais je ne me passerai jamais de Mia, or, Mia brillait par son absence depuis son retour de Venise. Je commençais définitivement à m'impatienter et à voir cette relation d'un mauvais œil pour des motifs que je savais parfaitement égoïstes et puériles mais je m'en fichais.
Mia me manquait et je décidais sur cette pensée de quitter l'appartement avec la ferme intention de lui imposer une soirée avec moi. Charlie était très certainement encore au travail à cette heure ci et c'était bien ma seule fenêtre de tir avant qu'il ne se précipite également à sa porte. Je partais donc d'un pas décidé jusqu'au palier. La porte n'était pas verrouillée, comme souvent et j'entrais sans invitation comme d'habitude, mais cette fois je n'aurai jamais dû. J'étais catastrophé et interdit d'arriver au pire moment. Mia était allongée dans le canapé, ses seins complètement dénudés, ses cheveux lâchés, je voyais clairement ce désir violent sur son visage et j'entendais nettement ses gémissements de plaisir depuis mon emplacement. Le reste de son corps était caché par Charlie qui avait la tête entre ses cuisses et s'appliquait avec beaucoup de concentration à répondre à ses supplications.
"OH MON DIEU !", Mia venait de remarquer ma présence, elle amorçait un geste pudique en recouvrant d'une main sa poitrine et en éloignant de l'autre Charlie qui comprenait ensuite très rapidement la situation et se relevait d'un geste vif.
"Au revoir, Harry", Charlie s'était rapproché à une vitesse éclair et me repoussait sans ménagement de l'appartement, avec un air très amusé face à mon visage choqué. J'étais entré dans un état de transe et une paralysie que je n'expliquais pas et qui m'en avait fait beaucoup trop voir malgré moi et je rentrais à l'appartement sous le choc mais plus encore, j'étais catastrophé de constater cette bosse protubérante sous mon pantalon. Beaucoup d'hommes auraient réagit bien sûr de cette façon après ce moment de voyeurisme qui mettait en scène une femme aussi désirable que Mia, mais moi je n'en avais définitivement aucun droit. Ça ne m'était plus arrivé depuis onze ans et j'étais sidéré par cette réaction primaire qui avait un arrière goût honteux assimilable à de l'inceste.
J'avais très mal dormi cette nuit en conséquence et j'étais dans la cuisine ce matin, torse nu, à me préparer un déjeuner de champion pour émerger et affronter la journée. J'entendais la porte d'entrée s'ouvrir derrière moi et je m'évertuais à ne pas me retourner car j'étais encore trop gêné pour affronter le regard de Charlie. Mais contre toute atteinte, je ressentais un corps mince dans mon dos et des mains douces sur mon torse, que j'aurai reconnu entre mille.
"C'est très impoli d'entrer sans frapper aux portes, Harry", Mia me narguait sans gêne ni pudeur malgré la gravité et le caractère récent de mon intrusion.
"Crois-moi, ça n'arrivera plus jamais", je lui répondais en continuant de préparer mon déjeuner, sans réagir à son élan de tendresse et son ton joueur et en continuant d'éviter son regard et de paraître le moins gêné possible.
"Vraiment ? C'était si désagréable à regarder ?", je paniquais à cette réplique diabolique de Mia qui savait que c'était tout à fait le genre d'activité à laquelle j'aimais me prêter. Elle connaissait tous de mes lubies car le sexe n'avait jamais été un sujet tabou entre nous, bien au contraire, c'était un de nos sujets préférés, mais je n'arrivais pas à prendre part ce matin à cet échange banal. Je sentais en plus à l'instant et avec beaucoup de gêne ses seins contre mon dos nu, ses seins que j'avais eu tout le loisir d'admirer la veille au soir. Ce souvenir et ce contact me mettaient profondément mal à l'aise et je me décidais à repousser doucement ses mains et son corps en feignant de poursuivre la préparation mon déjeuner.
"Je suis traumatisé", Mia éclatait de rire face à mon aveu simple et concis et je la regardais voler sans vergogne la tartine que je venais de préparer très péniblement. Je me giflais mentalement ensuite de l'intérêt que je portais à sa bouche et à ses lèvres en la voyant croquer ce morceau de pain et lécher la confiture qui le recouvrait.
"Il t'en faut beaucoup plus pour être choqué habituellement. Si tu veux mon avis, il faut que tu reprennes vite du service", je regardais Mia quitter l'appartement sur cette dernière réplique après une bise légère sur ma joue et une tape amicale sur mon torse. Elle venait de me ramener sur terre et d'apaiser mes angoisses et mon trouble par cette seule réplique. Je mettais enfin une explication sur l'origine de toute cette agitation : j'étais abstinent depuis près de 9 mois. C'était atrocement long du point de vue de Mia qui connaissait parfaitement mes penchants pervers habituels, à la limite de la nymphomanie. Tout s'expliquait et c'était évident que ma réaction n'avait rien à voir avec elle. Je soupirais de soulagement en le réalisant et j'essayais d'intégrer l'idée qu'il fallait que je reprenne cette partie de ma vie d'homme.
J'avais vu ensuite Charlie revenir à l'appartement plus tard dans la matinée avec un air tourmenté et contrarié sur son visage. Je m'étais attendu à ce qu'il me reparle de la veille également mais il n'en faisait rien et s'agitait dans l'appartement pour des raisons inconnues alors j'osais l'interrompre.
"Ça ne va pas...?"
"Je dois aller à Londres en urgence. Problème de famille...".
"C'est grave ?", j'étais inquiet et curieux mais je n'osais pas lui en demander plus dans son état d'agitation flagrant.
"Je ne sais pas encore…", je le laissais terminer et je lui adressais simplement une embrassade amicale en le regardant partir. Mia était venue sonner à ma porte ensuite le soir même.
"Bonjour belle inconnue, qui êtes vous ? Non merci, je n'ai pas besoin de calendrier", le voyage de Charlie avait malgré tout du bon. J'étais heureux de voir enfin Mia frapper à ma porte. Mis à part sa venue de ce matin, ça n'était pas arrivé depuis 3 semaines et ce weekend à Venise.
"Idiot, laisse moi entrer", Mia attendait sagement sur le pas de porte, elle refusait visiblement de passer la soirée seule.
"Non", je faisais mine de lui refuser l'accès et elle se mettait à me bousculer de tout son corps pour entrer dans l'appartement. Je la laissais bien sûr faire sans plus de comédie.
"Des nouvelles de Charlie ?", je me décidais à entamer la discussion en la rejoignant dans le canapé. Je soulevais ses jambes pour les poser sur mes genoux.
"Pas encore. Sa mère est à l'hôpital et son frère a refusé de lui donner des détails par téléphone. C'est mauvais signe. Je me sens tellement mal pour lui", j'avais un peu plus de détails maintenant et effectivement j'espérais que tout irait bien pour lui. J'avais dévié de sujet ensuite pour lui changer les idées. Nous avions passé ces sketchs qui nous faisaient toujours nous tordre de rire. L'ambiance était reposée et je m'autorisais de nouvelles curiosité, après quelques verres de vin.
"Tu ne m'as jamais raconté ton weekend à Venise, sans parler du fait que tu es un vrai courant d'air depuis 3 semaines", Mia me connaissait suffisamment pour savoir que le reproche était réel malgré mon ton léger et elle se cachait le visage avec des airs de comédiennes en guise de fausse culpabilité.
"Je sais et je suis désolée".
"Alors raconte moi ?"
"Quoi ? Tu vas me dire que tu n'en as pas déjà parlé avec Charlie ?"
"Tu rigoles Mia ? Cet homme est une tombe et une vraie prude, je n'aurai jamais su pour votre partie de jambe en l'air sur l'Ile si tu ne me l'avais pas avoué au Mexique"
"Mmh. Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? Le weekend à Venise était parfait et ces dernières semaines aussi".
"Oui ça je l'ai bien compris vous me l'avez répété un milliard de fois chacun. Bon sang, je t'ai connue plus loquace. Je vais finir par croire que Charlie est un mauvais coup et que tu essayes de le préserver", je commençais à vraiment m'agacer de toutes ses manières et je choisissais la provocation pour lui tirer les vers du nez.
"Loin de là, Charlie est un très bon coup et tu as pu le vérifier de tes propres yeux pas plus tard qu'hier...", j'étais gêné et amusé d'entendre ma petite dépravée me répondre et retrouver un peu de sa superbe. Le sujet n'était plus sensible depuis que j'avais identifié l'origine de mon trouble alors j'en riais et elle aussi.
"Tout était génial. Les balades, la ville et tout le reste. Charlie est un amant très attentionné si c'est ce qui te tracasse, tu n'as pas à t'en faire pour moi de ce point de vue là", c'était encore trop vague mais l'utilisation du mot "attentionné", d'apparence flatteur, m'interpellait. Je considérais que c'était un mauvais point de la bouche d'une femme comme Mia. Je la connaissais par cœur. Ses envies et ses fantasmes n'avaient aucun secret pour moi non plus en théorie et je savais que ce n'était pas la meilleure des réponses.
"Outch. Attentionné ?!"
"Oh ne me regarde pas comme ça et surtout ne me fais pas dire ce que je n'ai jamais dit ! Charlie est prodigieux, vraiment ! Beau comme un dieu, passionné, tendre et romantique à la fois"
"Mais ...?", je la voyais lutter contre un flot de paroles.
"TROP ROMANTIQUE, Harry, je meurs ! ", Mia se lançait finalement dans une grimace de frustration qui me faisait éclater de rire. Elle allait enfin se mettre à table. Je gardais le silence pour l'inviter à d'autres confidences.
"Pourquoi est-ce que je suis comme ça ? C'est insupportable. Je devrais être comblée, cet homme est absolument parfait. Mais j'en veux toujours plus quoi qu'il fasse ces derniers temps".
"C'était comme ça avec Victoria aussi. Je te rassure. C'est difficile je suppose de tout avoir. C'est nous qui sommes "trop" et tu le sais très bien. Essaye de lui en parler, il fera des efforts", j'avais l'impression de me revoir avec Victoria, je comprenais tout à fait et comme Mia, j'avais aussi décidé de me faire à l'idée que je ne serais jamais complètement comblé mais j'avais fait ce sacrifice parce que je l'aimais et qu'elle se situait dans la normalité. Cette pensée mise à part, je m'étonnais d'être capable de parler de Victoria. La référence était sortie naturellement avec Mia, sans difficulté, ni pénibilité et c'était bien la première fois que ça m'arrivait depuis le retour à Paris. J'essayais de ne pas y penser davantage et de me concentrer de nouveau sur les confidences de Mia.
"J'ai essayé subtilement mais c'est dans sa nature. Cet homme n'est pas capable de déconnecter le sexe de ses émotions. Je vais le faire fuir à la vitesse grand V si je lui en demande plus, j'en suis convaincue. J'essaye de calmer mes pulsions et de me répéter que j'ai suffisamment profité. Je suppose qu'il est temps de se ranger comme tu dis…", je comprenais mieux que personne son sentiment. J'étais fou amoureux de Victoria également, elle ne m'avait jamais refusé aucun moment charnel mais j'avais toujours eu honte de lui en demander plus et de l'initier à mes envies. Je n'avais jamais osé lui montrer mes plus sombres désirs. Je pinçais les jambes de Mia au même moment, en signe de soutien, avec ce même sourire avenant et compatissant sur mon visage.
"Heureusement que Ricardo est passé par là avant. J'aurai fini frustrée et pleine de regrets pour le restant de mes jours"
"Ce Ricardo ! C'est très bien que tu abordes le sujet ! Il faut que tu me racontes, Mia !"
"Oh non, ne m'oblige pas à y repenser", j'éclatais de rire face à son gémissement spontanée et ses gestes de frustration très risibles. Mia était tellement obscène. Cette femme était mon double féminin dans tous les domaines et je me reconnaissais encore une fois en elle sur ce sujet aussi intime. Je ne me lassais pas et je m'émerveillais toujours autant de cette amitié fusionnelle avec elle. C'était bien au dessus de mon amitié avec Théo ou de celle avec Charlie.
"Ok pour Charlie, je peux respecter tes manières par respect pour lui ou je ne sais quoi mais Ricardo ? Sérieusement ? Mia, je t'ordonne de m'en parler. Ce mec était ton jouet, il m'a fallu une seule soirée pour le deviner", j'étais beaucoup trop curieux depuis que je les avais espionné sur la terrasse de sa villa le jour de leur rupture et depuis que j'avais entraperçu toute la perversité de cet homme.
"Bois, ce sera plus facile. Fais le parce que crois-moi, tu ne repartiras pas de chez moi sans avoir tout déballé", je remplissais de force son verre vide et je la regardais avec beaucoup d'amusement se torturer et hésiter. Il n'y avait aucune chance que j'abandonne le sujet puisque c'était le genre de confidence auxquelles je n'avais pas eu droit depuis trop longtemps et je m'en frottais les mains d'avance.
"Pas maintenant alors que je fais tous les efforts du monde pour me sevrer. Tu es diabolique, Harry !", oui je l'étais, elle le savait mieux que personne et je n'avais absolument aucune honte ni gêne à l'avouer devant elle. C'était un autre côté tordu de notre amitié, ce type de confidence était bien sûr définitivement réservé à ces moments absolus d'intimité. Je vidais mon verre en soutenant son regard pour l'obliger à en faire de même. Mia le vidait d'une traite et je voyais ses airs enivrés lui redonner contenance.
"OK...Bon...Je suis allée au Mexique pour souffler. J'étais assez sauvage, incapable de me faire de nouveaux amis ou de passer du temps avec tous ces étrangers. Je ne sais même pas pourquoi le Mexique en particulier d'ailleurs, je voulais voir la mer, je voulais le soleil et les airs de musiques latines. Je m'étais décidée ce jour-là à partir en vadrouille en solo. Mes envies m'ont poussé jusqu'à Tulum et j'ai été amoureuse immédiatement de cet endroit. C'était là que j'avais envie de faire cette pause", je buvais ses paroles religieusement.
"J'ai fini sur cette plage par hasard pendant une balade et je suis tombée sous le charme de cette villa. Elle avait ce panneau à vendre sur le portillon et je n'ai pas hésité une seconde avant de passer un coup de fil. J'avais reçu les fonds du protocole et j'étais certaine de la vouloir. L'agent immobilier m'avait répondu qu'il habitait juste à côté et qu'il arrivait dans la minute pour me la faire visiter. Et...j'ai senti très vite les problèmes en le voyant arriver. Tu sais à quel point je suis faible face aux bruns ténébreux dans son genre...Ricardo est très...pppff...", oui je le savais. Mia avait toujours eu sa préférence pour les bruns, elle n'avait jamais eu de cesse de me répéter que j'étais le plus bel homme du monde et toutes ses conquêtes étaient du même profil. La blondeur de Charlie et la rousseur d'Adrien étaient les seules exceptions en onze ans.
"Le pire dans tout ça c'est que cet homme était le fils de Satan. Jamais un type ne m'avait fait autant de rentre-dedans. C'était complètement déstabilisant et incorrect. La visite de la villa était insoutenable et j'ai eu toutes les peines et les hontes en réalisant qu'il me plaisait. Pile au moment où j'étais révoltée d'imaginer Charlie tranquillement à Paris avec Catherine, pile au moment où j'avais aussi ce problème d'égo à régler".
"Et quoi ? Il t'a prise dans toutes les pièces pendant sa visite ? ", Mia m'envoyait un premier coussin à mon intervention vicieuse et je riais.
"Non, pervers ! J'ai tenu le choc et ne me demande pas comment. Il a frappé à ma porte absolument tous les jours ensuite sans exception quand j'ai aménagé. C'était terrible, il était plus collant encore que Julia. Et il m'a demandé un jour si j'aimais danser et si je voulais le rejoindre à un de ses cours à Playa. Et là, c'était plié !", en effet, ce n'était pas le genre d'invitation que Mia pouvait refuser et j'avais compris à leurs danses au feu de camps qu'ils avaient ce passe-temps en commun.
"Il ne te faisait pas danser aussi bien que moi", c'était un constat et une réaction puérile. Je me souviens d'avoir été agacé de la voir danser aussi bien avec un autre que moi.
"Non et tu sais très bien que personne ne me fera jamais danser aussi bien que toi !", je faisais mine de me toucher le cœur avec reconnaissance face à ses paroles réconfortantes.
"Mais si tu savais tout ce que cet homme a fait de plus que toi…", notre fou rire après cette réplique était inarrêtable.
"Tu prends enfin la pente, je vais enfin savoir quel genre d'amant était ce type ! "
"Oh Harry, il était tout sauf le genre attentionné...", Mia finissait son verre de vin d'une traite au même moment, avec des rougeurs très vives à ses joues et elle continuait de boire pendant que je me frottais les mains.
"C'était vraiment obscène. Il assumait complètement ses préférences, il trouvait toujours les mots et les gestes pour me convaincre. Je me suis laissée aller comme jamais avec cet homme. Ce type est un charmeur de serpent...Je n'ai jamais été autant au diapason avec un homme...Il était tellement fougueux, passionné et habile...Seigneur" , son récit collait tout à fait avec l'image que je m'étais faite de lui après quelques verres agréables en sa compagnie au feu de camp. Cet homme avait un relationnel et un charisme assez singulier et la facilité avec laquelle il touchait et parlait à Mia au Mexique laissait penser à une liaison des plus torrides, ce que n'avait pas manqué de remarquer Charlie non plus, pour son plus grand malheur. Je restais silencieux, non sans quitter mon sourire, pour la laisser poursuivre et m'en dire plus parce que je voyais qu'elle retenait encore des informations importantes.
"...Et je l'ai fait avec lui...Harry...il a réalisé mon plus gros fantasme...et c'était complètement dingue. Ça c'était le pire mais je t'assure qu'il y a encore plein d'autres choses à dire de cette liaison interdite...", Mia mordait un oreiller au même moment pour extérioriser ses aveux et j'étais de mon côté complètement scié.
"Dis quelque chose !", elle regardait mon air interdit avec appréhension mais j'étais absolument incapable de bouger car je connaissais trop bien le fantasme numéro 1 de Mia. Il était complètement inavouable et j'étais très loin de me douter qu'elle en aurait eu le cran malgré son audace. J'étais estomaqué par cette information et je luttais pour la deuxième fois du weekend contre le flux de pensées absolument interdites qui me traversaient l'esprit.
"...Dieu tout puissant ! Avec qui ?"
"Son meilleur ami...".
"Et c'était comment ?", je ne pouvais pas faire plus loquace, j'étais sous le choc et je la regardais respirer profondément et chercher ses mots.
"Absolument dévastateur…", je recevais l'information de plein fouet, je réalisais péniblement que Mia s'était faite prendre sous la chaleur torride du Mexique, par deux dieux du sexe dans un plan à trois à l'encontre totale des bonnes mœurs et des tabous. C'était son fantasme le plus secret, je le savais depuis plusieurs années et cet homme l'avait poussé au vice. Ça m'en disait long sur la force de persuasion et l'expertise de son Ricardo car Mia avait toujours écouté et questionné les détails salaces de ma vie sexuelle avec beaucoup d'intérêt sans jamais franchir le pas de son côté. Je comprenais aujourd'hui que c'était uniquement dû au fait qu'elle n'avait rencontré que des amants ordinaires avant ce Ricardo. J'avais donc très chaud malgré moi en imaginant la scène, mon cœur battait à cent à l'heure, je le sentais pulser et envoyer des torrents insoutenables vers mon sexe. J'étais de nouveau catastrophé par la gaule infernale qui était en train de me gagner en imaginant la scène. Le flot d'images était impossible à bloquer.
"Mon dieu ! Tu m'enlèves tout de suite ces images de ta tête avant que je t'arrache les yeux ! Je n'aurai jamais dû te le dire ! En particulier à toi ! BON SANG !", Mia me balançait tous les coussins qu'elle avait sous la main. Elle avait compris le fil de mes pensées à mon air abruti et je me dépêchais de répondre en riant fortement et en la charriant. Il était impensable qu'elle se sente gênée avec moi ou qu'elle se doute de mon état. Je répondais donc à ses hostilités en lui renvoyant ses projectiles et en la bloquant sous le canapé, son corps sous le mien, pour l'empêcher de riposter. La position était aggravante mais je m'appliquais à garder quelques centimètres entre son corps et le mien pour qu'elle ne remarque rien. Et je me faisais la réflexion qu'elle était incroyablement belle et puissante à mes yeux à ce moment précis et tout particulièrement. J'étais hypnotisé par son allure ravageuse et ses révélations.
"Quand j'y pense...ça aurait été dévastateur aussi dans une autre vie", les paroles sortaient sans aucun contrôle de ma bouche sous le coup de toutes ces émotions.
"Quoi ?"
"Toi et moi. Je suis sûre que j'aurai pu faire mieux que Ricardo dans une autre vie", Mia avait arrêté de respirer et avait la bouche grande ouverte de stupéfaction à ma réplique. Je savais que je venais de franchir la ligne rouge et je maudissais mes hormones d'avoir pris le dessus sur ma raison. Je devais très vite me sortir de cette situation casse-gueule et je choisissais un rire faux et des chamailleries en bonne et due forme pour détendre Mia et l'inciter à oublier très rapidement ce faux-pas. Elle s'étouffait de rire en réaction, je continuais de m'appliquer jusqu'à ce qu'elle se désintéresse de ma précédente réplique et je reprenais l'air de rien.
"Mon dieu, qu'est-ce qu'on va faire de toi ? Tu viens de me rejoindre du côté obscur, tu vas devenir accrocs aux sensations fortes, c'est inévitable. Tout ton corps va le réclamer et te supplier. Tu es condamnée", je faisais référence à Ricardo, à cet orgasme dévastateur et cette perversion qu'elle ne trouverait certainement plus jamais entre les bras jaloux, possessifs et romantiques de Charlie.
"Tu es censé me rassurer, pas me faire paniquer", je lui riais au nez et elle en profitait pour me bousculer de toute sa force jusqu'à m'en faire tomber au sol. Je restais sereinement allongé par terre et Mia se rallongeait sur le canapé.
"Assez parlé de moi. J'étais très sérieuse ce matin. Il faut vraiment que tu ailles te défouler, tu commences à me faire peur", Mia me jetait un nouvel oreiller au même moment. Son changement de sujet me permettait de faire taire définitivement mon érection.
"Tu te dévoues ?", Mia me renvoyait un nouvel oreiller et je reprenais plus sérieusement.
"Tu as raison, je vais m'en occuper...Bientôt", le ton redevait plus sérieux car je savais qu'elle avait raison mais l'idée de franchir le cap me nouait encore la gorge.
"Tu vas y retourner ?", je comprenais rapidement la référence de Mia. Cela faisait plus de cinq ans effectivement que je n'avais pas mis un pied dans ce club select de la capitale. J'avais arrêté après ma rencontre avec Victoria car ce n'était définitivement pas le genre de ma femme et je m'étais vite fait une raison. Maintenant que Mia le disait, je réalisais que plus rien ne me retenait.
"Peut-être à l'occasion mais pas maintenant. C'est sûrement un peu trop violent pour une remise en forme".
J'entendais au même moment le téléphone de Mia sonner et j'étais parfaitement frustré car je devinais en l'entendant répondre que la soirée était déjà en train de s'achever.
"C'est Charlie. Je te laisse. Merci pour cette soirée. Bonne nuit, mon Prince", Mia m'avait rejoint au sol sur ces mots. Je recevais l'intégralité de son corps contre le mien sans aucune gêne, ni pulsion indésirable cette fois et je l'enlaçais en retour en appréciant comme toujours ce surnom qu'elle me rendait. J'avais enfin eu droit à mon moment avec elle ce soir, même si je le jugeais trop court.
"Bonne nuit Princesse. Tiens moi au courant pour Charlie. Et pour ce que ça vaut tu viens de gagner mon respect et mon admiration éternelle", je lui rendais un baiser tendre sur sa joue et je l'encourageais à partir après une claque rapide sur ses fesses. Mia riait du compliment et je la regardais partir à regret, en restant toujours allongé sur mon tapis. J'y restais un moment après sa sortie. Je repensais à toutes ses confidences et je concluais que Charlie était en train de passer complètement à côté de la complexité et de la beauté de cette femme phénoménale. Il ne profitait pas du dixième de ce qu'elle était en capacité de lui donner. C'était un merveilleux gâchis et un crime de lèse-majesté.
Point de vue : Mia
Les nouvelles de Charlie étaient vraiment mauvaises. J'avais eu une peine immense pendant ce coup de fil. J'aurais voulu être près de lui, pour le soutenir et soulager son fardeau mais je ne pouvais pas. J'étais condamnée à attendre qu'il rentre demain midi.
J'entendais frapper à la porte au même moment.
"Hello !", Harry était à la porte. Son sourire était contagieux et me réconfortait immédiatement.
"Tu es de bonne humeur dis donc"
"Oui, j'ai reçu la visite d'une vieille amie hier soir, j'ai passé une excellente soirée !"
"Ah oui ? Tu me la présenteras à l'occasion", je continuais l'échange en mettant un peu d'ordre dans la cuisine.
"On sort ce soir ?", j'hésitais face à sa proposition soudaine.
"Mmh, je ne sais pas trop, je ne suis pas d'humeur, je ne me vois pas aller m'amuser alors que Charlie est en pleine déprime à Londres"
"C'est sur ton conseil que je suis là. C'est toi qui m'a ordonné de sortir pour faire des rencontres. Viens au moins boire quelques verres et tu rentres ensuite...s'il te plaît ?!", Harry me lançait son regard le plus adorable pour me faire céder.
"Tu ne peux pas proposer ça à tes autres amis ?"
"Si je pourrai mais c'est toujours bien mieux avec toi et Charlie rentre demain, donc c'est ma dernière chance de profiter encore un peu de toi avant que tu n'aies d'yeux que pour lui encore une fois", il jouait sur la corde sensible. Il me faisait culpabiliser pour me faire céder et ça marchait.
"Très bien. Mais un verre seulement !"
"Et un repas ! Je repasse à 20h"
"OK, va pour le repas aussi", j'avais un faux air blasé en le regardant sortir après une dernière bise sur ma joue mais j'étais plus qu'enthousiaste à l'idée de ressortir avec lui ce soir. Je m'étais complètement renfermée sur mon couple ces dernières semaines et j'en avais presque oublié à quel point ces moments avec Harry me faisaient du bien. Nous avions donc passé la soirée dans ces endroits auxquels nous étions habitués. J'avais tenu ma promesse et je finissais en ce moment mon dernier verre au bar pendant que Harry se laissait approcher par cette blonde pulpeuse.
"Bonsoir. Vous êtes ensemble ?", c'était direct, elle s'était rapprochée de nous, avec une démarche chaloupée et un mouvement de chevelure assez caricatural mais plutôt efficace. Son corps et sa beauté parlaient pour elle.
"Bonsoir. Absolument pas, la dame est prise malheureusement. Pourquoi cette question ?", je souriais derrière mon cocktail, c'était amusant de regarder Harry répondre avec assurance, avec ce regard appréciateur et ce ton charmeur. Je ne l'avais pas vu séducteur depuis de très nombreuses années et il n'avait rien perdu de ses atouts charmes. C'était toujours un maître en la matière. Je n'étais pas surprise pour un sous de l'intérêt que lui portait cette femme et elle était inversement une cible tout à fait acceptable pour un tour de chauffe. Je me détendais progressivement en voyant son niveau d'aise, Harry semblait tout à fait prêt et mon cœur devenait beaucoup plus léger à ce constat puisque c'était la dernière étape et l'aboutissement de tous mes efforts.
"C'est bien dommage", je m'étouffais et j'avalais de travers ma gorgée face à la réplique de cette femme. Je comprenais immédiatement le sous-entendu au regard insistant qu'elle portait sur ma poitrine décolletée. Harry comprenait aussi vite, mais contrairement à moi, il n'était pas choqué mais soudainement très intrigué et émoustillé. L'entrée en matière était directe, cette femme n'avait pas froid aux yeux et c'était tout à fait ce que Harry aimait. Je me sentais donc très rapidement de trop même si je n'avais aucun doute sur le fait que cette femme aurait apprécié que je poursuive la soirée avec eux. Je décidais que c'était le moment opportun pour moi de rentrer. Je me levais donc et je déposais un baiser sur la joue de Harry qui me laissait partir, sans jamais quitter sa proie des yeux.
Je suis restée un certain temps sur la terrasse en rentrant à échanger quelques messages avec Charlie. Je lui manquais, je lui répondais qu'il me tardait également de le retrouver et que je comptais les heures avant de le revoir. Il devait être minuit ensuite quand j'entendais la porte sonner. C'était encore Harry pour la millième fois de la journée.
"Encore toi ? Et déjà ? C'était rapide !", Harry avait une allure très sauvage, il était décoiffé, sa chemise était désordonnée et ses lèvres étaient plus charnues et brillantes que d'habitude. Je lui souriais car il était diablement beau et parce que j'étais plus qu'heureuse de constater qu'il avait été visiblement au bout de son projet à en juger par ce regard très pétillant et apaisé.
"Ne te moque pas de mes performances, Mia, ça faisait beaucoup trop longtemps", je riais en le laissant entrer et en retournant sur la terrasse.
"Et donc tu cours à ma porte pour me raconter tes exploits comme si j'étais ton pote de chambrée ?"
"...Parce que tu es mon pote de chambrée", c'est vrai. Ça avait toujours été le cas, avant Victoria. Harry me racontait toujours tout et parfois trop. Je riais, je méditais et je décidais de jouer à son jeu pour terminer en beauté.
"Ok. Alors combien d'orgasmes tu as donné à cette fille chaude comme la braise ?", je le voyais s'amuser de mon répondant et faire mine de tenir les comptes avec beaucoup d'amusement.
"Je n'en ai aucune idée. Je dirai même que je n'en avais absolument rien à foutre. Mais c'était deux pour moi", c'était très drôle et réjouissant de partager de nouveau ces sujets intimes et de le revoir sous son meilleur jour. Car oui, de mon point de vue, c'est dans ces situations que Harry était le plus intéressant et le plus amusant. Ces dernières semaines à Paris avec lui avait un goût très agréable de retour dans le passé, entre ces retours de complicité, cette nouvelle liberté, nos moments en famille mais surtout son retour de célibat. Je le regardais sur ces réflexions et à ma plus grande surprise je le voyais se déshabiller et plonger sans autorisation en boxer dans le jacuzzi.
"Oh non ! C'est dégoûtant, je t'interdis de laver tes fluides dans mon jacuzzi", j'avais couru vers lui pour le sortir de force mais il restait ancré solidement à sa place. Il me laissait peiner et il riait à gorge déployée en me tirant de force dans le bain avec lui, complètement vêtue.
"Imbécile !", la surprise était totale et désagréable car je n'avais aucun envie de me baigner. Je réfléchissais donc déjà à mon moyen de vengeance, j'étais prête à sévir et à ressortir du jacuzzi mais je me ravisais subitement en regardant de nouveau Harry car il était beaucoup trop calme. Son rire avait disparu, il était redevenu très sérieux et je le connaissais suffisamment pour comprendre qu'il était tourmenté. Mon euphorie retombait donc rapidement car j'étais inquiète de ce changement d'humeur brutal.
"Qu'est-ce qu'il y a... ?", j'avais posé la question timidement et calmement en éclaboussant un peu d'eau sur lui pour l'inciter à parler. Il hésitait, il fixait un point invisible dans le bain puis se lançait péniblement.
"C'était plus qu'étrange...après toutes ces années...de le faire avec une autre femme...", c'était donc ça. Je continuais de l'écouter sagement et gravement car j'étais peinée de le voir débattre avec ce contrecoup.
"Ça me laisse un goût amer en bouche. Je ne sais pas si c'était trop tôt ou trop tard. Je ne sais pas si je regrette ou si c'était la bonne chose à faire", je comprenais mieux pourquoi Harry s'était empressé de venir me voir. Ce n'était pas pour vanter ses exploits mais pour trouver le réconfort nécessaire avant la nuit. Il venait de se laisser aller dans les bras d'une autre, et d'une inconnue qui plus est, après cinq ans d'amour et d'exclusivité avec Victoria. Je comprenais son cas de conscience car je savais qu'il était d'une loyauté sans faille et d'une fidélité inébranlable. Harry se sentait coupable d'avoir déshonoré la mémoire de Victoria avec cette inconnue. Je pouvais aussi imaginer à quel point cela devait être stressant pour lui ce soir de franchir cette nouvelle étape du deuil, de passer définitivement à autre chose en renouant à tous les niveaux avec le célibat. J'avais donc très envie d'être à la hauteur de son amitié ce soir, de le rassurer et de le libérer de ce poids. Je me rapprochais donc de lui avec toute la bienveillance que j'avais en réserve et je passais mes bras sur ses épaules puis mes mains sur son visage pour l'obliger à soutenir mon regard pendant que je lui exposais mon point de vue avec le plus de douceur possible.
"Je ne pense pas qu'il y ait un bon moment pour ça. Tu dois t'écouter, si tu en avais envie, tu n'as rien à regretter. Ne regarde plus derrière, sinon tu risques de couler comme une pierre...", j'avais marqué une pause pour m'assurer que j'avais toute son attention, et je l'avais, Harry était particulièrement concentré sur ce que j'avais à lui dire alors je poursuivais.
"C'est Victoria qui est morte, Harry. La vie doit continuer pour toi et tu le sais très bien. Tu t'es assez flagellé pendant tous ces mois. Pour ce que ça vaut, je pense qu'il était temps. Tu t'es largement montré à sa hauteur de son vivant mais c'est terminé maintenant et tu mérites une seconde chance plus que n'importe qui d'autre. Personne ne te parle de retomber amoureux, mais juste de vivre au jour le jour et de ne plus regarder derrière", je restais silencieuse et je continuais de le regarder avec toute la tendresse et l'affection possible. J'espérais très sincèrement que mes paroles l'atteigneraient et qu'il accepterait de lâcher définitivement prise sur ce sujet. Harry se décidait ensuite à reprendre la parole.
"Je sais que tu as raison, je l'ai compris à la crémaillère quand tu as invité toute l'ancienne équipe. Je n'ai plus envie de rester bloqué sur cette Ile et de traîner ce poids...".
"Et c'était tout à fait mon intention en les invitant. On a survécu et le temps est venu de vivre maintenant", je le regardais encore encaisser mes dernières paroles. Harry hochait la tête silencieusement en signe d'approbation. Je m'autorisais donc un sourire timide pour essayer de le dérider et j'étais infiniment soulagée de voir le sien également et de le voir prendre mes mains et me ramener contre lui pour m'emprisonner capricieusement dans ses bras.
"Tu es mon ange gardien. Qu'est-ce que je ferai sans toi ?", je relevais la tête pour sourire encore plus largement. J'étais définitivement heureuse de lire ce sourire sincère sur son visage et de revoir cette lueur pétillante dans son regard.
"Tu le sais très bien, tu passerais l'essentiel de ton temps à te taper toutes ces blondes siliconées et débauchées", il riait maintenant et moi aussi. Et je le voyais ensuite redevenir très sérieux et me fixer avec un regard intense en caressant délicatement mes cheveux.
"Mais dieu merci, l'Ile a eu pitié de moi en t'épargnant...", dire que j'étais émue était un euphémisme et c'était plus que réciproque. Je serais morte de chagrin inversement s'il lui était arrivé quelque chose. Je récompensais dans l'instant son aveu par un baiser délicat sur sa joue et je l'écoutais reprendre.
"Je t'aime...infiniment, inconditionnellement et éternellement. Tu le sais ?", j'étais définitivement conquise par sa déclaration et le sourire tendre qu'il me rendait au même moment. Je ne me souvenais plus de la dernière fois où Harry me l'avait dit de façon aussi sérieuse et sincère mais j'aimais toujours autant ça.
"Tu sais que moi aussi. Et je dirai même plus que n'importe qui", je n'avais pas réfléchi avant de répondre, comme toujours avec Harry, je lui rendais son sourire pendant que je remettais en ordre ses cheveux mouillées. Et je me félicitais de l'absence de Charlie ce soir car il n'aurait définitivement pas apprécié ça. C'était cruel vis à vis de lui, j'en avais parfaitement conscience puisque je me souviens parfaitement d'avoir été paralysée à Venise, dans ce même jacuzzi, pendant sa déclaration d'amour à lui qui avait été d'un tout autre niveau. Je n'avais pas su quoi répondre, j'avais contourné le sujet de la pire des façons. Il n'avait pas mérité autant de froideur de ma part mais j'étais à mille lieux de ça avec lui. J'avais beau ressentir une myriade d'émotions dans ses bras, je n'arrivais pas à faire sortir ces mots de ma bouche avec lui. Harry restait le seul homme aujourd'hui à avoir eu droit à ce privilège même si j'avais parfaitement conscience que les mots n'avaient pas le même sens avec lui. Il était encore et de loin la personne la plus importante de ma vie, il restait le seul homme en qui j'avais véritablement confiance et le seul à qui j'arrivais à ouvrir mon cœur sans frayeur. C'était encore plus vrai depuis Adrien, le naufrage et le Mexique.
Alors dieu merci Charlie n'était pas là et j'avais tout le loisir ce soir d'en profiter au maximum. Je me lovais un peu plus dans les bras aimants et familiers de Harry et je poussais le même soupir de bien-être que lui au terme de ces dernières confidences éprouvantes. J'en profitais, silencieusement pendant de longues minutes jusqu'à ce que je l'entende reprendre la discussion l'air de rien.
"C'est nouveau ces reposes-têtes ?", je souriais encore car j'entendais à son timbre de voix qu'il allait déjà mieux.
"Oui", j'avais répondu mais avec une voix endormie. L'heure tardive, la chaleur du bain, la position confortable et les émotions étaient en train d'avoir raison de moi.
"Magnifique. Je pourrais m'endormir dans la seconde, comme ça"
"Alors dors", ma directive était simple. J'étais déjà à demi-endormie et je voulais plus que tout que Harry s'endorme aussi sur ces pensées positives. Il venait de faire un pas énorme ce soir, j'étais libéré d'un énorme fardeau. Je m'étais donnée du mal pour lui changer les idées depuis mon retour et j'étais vraiment heureuse de constater ce soir que cela avait porté ses fruits. Harry sortait enfin la tête de l'eau et je pouvais m'endormir plus sereinement que jamais et savourer ma victoire.
