Point de vue : Harry
Le jour J était enfin arrivé. J'étais très impatient de profiter de ce voyage que je préparais depuis le retour du Mexique. Quand j'y repensais, c'était notre vraie première semaine de vacances en 5 ans. Il y avait eu des séjours longues durées entre amis et des festivals pour respecter notre tradition mais aucun moment de cette importance et de cette qualité uniquement tous les deux, et ce depuis le début de ma relation avec Victoria. J'avais ressenti tellement de regrets et de culpabilité en le réalisant que je m'étais jeté corps et âme dans ce projet pour lui offrir un moment digne de son amitié cette année.
Le taxi venait d'arriver, sur ces pensées et je passais un coup de fil à Mia pour lui demander de me rejoindre en bas.
"Prête ?", je riais de son énergie en la voyant entrer dans le taxi comme une pile électrique.
"Tu rigoles, je suis archi prête !" et je la regardais frapper dans ses mains et taper des pieds d'impatience. J'étais le plus heureux de la voir partager le même enthousiasme que moi.
"Pourquoi tu ne m'as pas récupérée sur le palier ?", elle me regardait avec un sourire moqueur.
"Tu sais très bien pourquoi"
"Quel trouillard ! Je t'ai dit que c'était réglé"
"Non, Mia, ce n'est pas réglé. Avec toi, peut-être mais pas avec moi. Charlie me fusille du regard à chaque fois qu'il me croise à l'appartement. Il n'a pas du tout digéré ce bain de minuit et il attend la première occasion pour me le faire payer. Ce serait bien d'ailleurs que tu t'arranges pour qu'il déménage définitivement toutes ses affaires pour que je n'ai plus jamais à le croiser parce que ça devient très lourd", Mia riait et prenait mon bras affectueusement en y frottant ses mains pour me communiquer encore plus sa joie. Elle se fichait pas mal de ce sujet en définitive et toutes ses pensées étaient tournées vers notre voyage, ce qui m'allait très bien. Elle décidait de changer de sujet.
"Je sens que ce sera le meilleur festival de notre vie"
"Je paris dessus aussi", et je l'enlaçais en retour, avec un baiser sur son front, en finissant le reste du trajet de cette façon avec elle dans mes bras. La perspective de cette semaine de vacances était parfaite. C'était tout ce dont j'avais besoin, passer du temps avec elle, très loin, sans le regard accusateur et jaloux de Charlie. Juste ma meilleure acolyte et moi, pour une semaine parfaite de fête, loin de tous nos soucis et des drames. C'était la rupture très attendue entre ma lourde dépression et ma prochaine vie.
Nous venions enfin d'embarquer dans ce vol qui allait nous mener directement à Las Vegas. J'avais prévu 3 jours de battement avant le festival pour nous préparer et profiter aussi de Las Vegas. Mia était rêveuse en regardant à travers le hublot et moi j'étais soulagé. J'avais eu vraiment peur que ce voyage ne se fasse pas après l'incident du jacuzzi mais Mia y avait tenu et ne m'avait pas fait faux-bond encore une fois.
"Alors, tu as été inspirée pour ma tenue ?", j'étais trop curieux. C'était de coutume chaque année. Nous nous mettions d'accord sur un thème et chacun devait choisir la tenue de l'autre et lui révéler la veille du festival.
"Très, ça va beaucoup te plaire. Et toi ?", Mia me retournait la question avec grande curiosité.
"Aussi et ça risque de ME plaire !", Mia me lançait un regard inquiet et réprobateur.
"Ah non, non, non, non, Harry ! J'espère que tu as pensé à mettre plus de tissu que la dernière fois. Je te préviens, il a intérêt d'être décent sinon je le brûle, tout simplement. Je préfère aller à ce festival en guenilles plutôt que d'y aller à poil tu m'entends ?", j'éclatais de rire à ce souvenir. Mia m'avait tué cette année-là. Elle avait tenu à peine une minute avant d'acheter le premier tee-shirt à portée de main pour cacher de façon plus conventionnelle sa poitrine. Mon dieu comme ça avait été drôle de me faire insulter de tous ces noms d'oiseaux. Je ne lui avais pas fait la blague cette année et j'avais choisi la tenue parfaite, une tenue que j'étais certain qu'elle l'adorerai et une tenue qui ferait d'elle la femme la plus éblouissante de cette édition.
"Donne-moi le programme des trois premiers jours alors !"
"Mmmh"
"S'il te plaît ! Ne me mets pas face au fait accompli, j'ai tenu toutes ces semaines sans rien demander, j'ai été sage", je cédais face à sa moue d'enfant, je savais qu'elle aimerait en rêver pendant le trajet et penser à ses plus belles tenues.
"D'accord...On arrive à 13h heure locale. On se prend une petite heure pour s'installer à l'hôtel. Je nous ai réservé la suite royale la mieux insonorisée de Vegas pour ne pas réveiller les voisins", Mia riait de ma bêtise.
"Tu vas trouver la piscine dingue et on aura justement toute l'après-midi pour en profiter", Mia frappait dans ses mains d'impatience.
"Et j'ai trouvé un resto-concert très sympa pour passer la soirée sagement et ne pas rentrer trop tard", elle tournait de l'œil d'ennui face à mon ton paternel mais je lui annonçais le ton directement car Mia était de celle à ne jamais vouloir se coucher avant les premiers rayons du soleil.
"Non négociable ! Ce soir, 2h du matin maximum. On a besoin de sommeil et de prendre des forces avec tous les excès à venir du festival", elle me rendait son air diabolique et suppliant et je lui recouvrais le visage de mes mains en riant pour ne pas me laisser corrompre par sa moue adorable.
"Et les jours suivants ?"
"Mystère...Tu en sais déjà trop"
"Oh ce que tu es agaçant !"
Le trajet était passé relativement vite, entre nos séances de bavardage et quelques siestes. Le vol venait enfin d'atterrir et nous étions immédiatement saisis par la chaleur torride et bienfaitrice de Vegas. C'était le bonheur complet, pour nous deux qui adorions les fortes chaleurs. C'était notre première fois dans cette ville et nous allions déjà de surprise en surprise avec toutes les bizarreries de la ville qui commençaient dès la sortie de l'avion.
"C'est-quoi-cet-endroit ? Oh mon dieu ce qu'on va s'envoyer ici", Mia allait tomber de fatigue avant le couvre-feu à ce rythme là d'euphorie, j'en étais certain. Je m'en amusais et m'en réjouissais déjà alors que nous n'étions ici que depuis 1h. Cette ville de vices et d'audace était incontestablement un choix parfait pour elle et moi et je n'aurai jamais choisi une autre qu'elle pour y venir.
Je remarquais sur ces pensées que le taxi venait de marquer le stop à notre hôtel qui en jetait aussi dès l'arrivée avec ses immenses palmiers, son style très moderne et ce hall luxuriant. Mia avait la bouche grande ouverte et les yeux pétillants. Je gardais la visite des parties communes et de la piscine pour plus tard et je l'orientais vers l'ascenseur qui nous amenait aux étages les plus hauts. Je découvrais la suite, avec le même émerveillement qu'elle.
L'entrée se faisait sur un salon entièrement entouré de baies vitrées. La pièce était séparée en deux parties. Il y avait d'un côté un coin détente, au parquet en bois chaleureux, aménagé de pas moins de trois canapés et de ses tables basses design, d'une table à manger très élégante et d'un écran plat gigantesque. Et il y avait un autre côté bar, au marbre italien noir et blanc, aménagé d'un bar digne des plus beaux établissements à la seule exception près qu'il nous était exclusivement dédié.
La visite se poursuivait sur cette salle de bain de marbre absolument ostentatoire dans laquelle nous aurions pu tenir à dix et qui avait même son propre sofa et sa table basse.
Et il y avait les chambres, chacune décorée avec une moquette chaleureuse. Elles étaient d'une ambiance feutrée, aménagées de lits super king size et de dressings de tailles toute aussi impressionnante, avec cette même vue incroyable par delà les baies vitrées.
Mia avait un sourire comme j'en avais rarement vu. Elle criait de stupéfaction en découvrant chacune des pièces et me sautait dans les bras de joie comme une hystérique tout au long de la visite.
"PINCE MOI, JE RÊVE !", il ne fallait pas m'en dire plus et c'est ce que je faisais immédiatement sur ses hanches dans un rire renouvelé. Elle ne s'en rendait même pas compte dans son état de transe actuel et s'accrochait à ma nuque en retour, en continuant de regarder autour d'elle avec cet air subjugué.
"Allez avoue-le maintenant", je la regardais taquin.
"Quoi ?"
"Qu'elle est encore mieux que celle de Charlie bien sûr !", elle riait de mon immaturité mais je voyais son air appréciateur qui me confirmait que j'avais visé juste.
"Cette suite est définitivement la plus délirante de toute ma vie... Si c'est un concours, elle est bien mieux que celle de Charlie et je compte sur toi pour ne jamais le répéter !", elle n'avait pas besoin de me le dire, je n'avais pas besoin de partager ce bonheur avec une autre qu'elle.
"Elle n'est pas trop romantique ?", je continuais encore plus taquin en référence à ses récents aveux et je me faisais la réflexion en effet qu'un séjour à Vegas, au Burning Man et dans cette suite était à peu près à l'exact opposé de son dernier weekend à Venise.
"ELLE EST TOUT SAUF ROMANTIQUE ! Et c'est terriblement frustrant de savoir que je vais m'ennuyer ferme d'abstinence dans cet endroit et dans cette ville".
"Peut-être pour toi, mais pas moi !"
"Pas dans l'appartement ! Ma chambre est à deux mètres ! Les règles n'ont pas changé...", non, j'en avais bien conscience. C'était une règle constante depuis le début, si l'un de nous deux était en couple : rien à l'hôtel. Quand ce n'était pas le cas, c'était une toute autre histoire...
"Je peux aussi appeler Ricardo, si ça te fait plaisir. Le Mexique est juste à côté. Tu connais le dicton, ce qu'il se passe à Vegas…", Mia ne me laissait pas terminer ma phrase.
"Reste à Vegas…Non merci, Harry", elle gagnait sa chambre en me tournant le dos avec un doigt d'honneur de la plus grande élégance à mon attention. Je souriais en retour mais j'étais plus que sérieux car je commençais en effet à être passablement fatigué de son Charlie. Ce Ricardo aurait certainement été un meilleur choix pour Mia mais aussi pour moi.
Nous avions pris une petite heure pour nous installer dans la suite. Mia n'en finissait plus de s'installer dans le dressing et de se préparer. Je l'entendais chanter à tue-tête et je décidais d'aller l'interrompre pour la dépêcher.
"Tu sais qu'à ce rythme là tu vas réaliser l'exploit de faire tomber la pluie à Vegas ?", Mia était de dos et déjà en maillot de bain. Je la regardais passer sa ravissante robe de plage et finir d'enfiler ses sandales avec la même appréciation que d'habitude face à son corps de rêve.
"Menteur, tu adores ma voix. Je me souviens même très bien du jour où tu me l'as dit, à ce festival à Budapest"
"Celui où j'étais complètement bourré et où j'embrassais chaque arbre qui me passait sous la main ? Tu as pris ce compliment au sérieux ?", je ne retenais pas mon rire à ce souvenir. Ma réplique était taquine puisque j'adorais effectivement la voix de Mia, alcoolisé ou non. Je lui tendais mon bras sur cette phrase de conclusion et j'emportais nos sacs de plage, de ma main libre, enfin parés pour les vacances.
...
Les parties communes étaient toutes aussi dingues que les chambres et les piscines étaient le clou du spectacle, comme je l'avais promis à Mia. Nous étions justement merveilleusement bien installés au milieu de l'une d'elles, sur un de ces bed flottants, nos lunettes de soleil sur le nez, épaule contre épaule.
"C'est le paradis", j'avais pris la parole le premier avec une voix lente et reposée et les yeux fermés. Je me régalais de cette musique lounge et de cette chaleur brûlante sur mon torse.
"Le bonheur ultime", Mia répondait avec le même bien être. Je tournais la tête en même temps qu'elle et je croisais son sourire tranquille et lumineux.
"On ne va jamais tenir trois heures sous ce soleil de plomb", Mia avait repris la parole après quelques dizaines minutes supplémentaires à bronzer.
"Définitivement pas", je choisissais ce moment et cette réflexion pour la pousser à l'eau sans préavis.
"Espèce de…", je la regardais s'énerver en sortant la tête de l'eau. Je continuais de la narguer avec un air calme et satisfait, encore confortablement installé sur mon bed bien sec.
"Tuh tuh, pas de vilain mot de la bouche d'une si jolie princesse", elle souriait pour la millième fois de la journée et je la regardais passer sur mon affront et savourer désormais la fraîcheur visiblement agréable de l'eau. Son soupir de bien-être me convainquait définitivement de la rejoindre et Mia finissait rapidement dans mes bras ensuite.
"Tu sais que je me serais contentée d'une tente aux vieilles charrues ? Partout tant que je suis avec toi. Tu as vu les choses en grand cette année et c'est déjà le meilleur jusqu'ici. Alors merci", il n'y avait pas de meilleur moment que quand elle se laissait aller avec autant de facilité et qu'elle me regardait avec cette lueur indescriptible dans le regard.
"Rien n'est jamais trop beau pour ma Princesse", et elle me rendait plusieurs câlins en retour. J'étais aux anges car ces vacances tombaient à point nommé. C'était son cadeau d'anniversaire mais c'était définitivement un cadeau intéressé puisque cette semaine en tête à tête avec elle était tout ce dont j'avais besoin en ce moment. Elle était déjà bienfaitrice et réparatrice. Je voyais enfin le bout du tunnel, grâce à elle.
...
"DÉPÊCHE HARRY ! J'AI TELLEMENT FAIM ! BON SANG !", Mia avait bien sûr monopolisé la salle de bain une heure durant et je n'avais droit qu'à trente minutes en retour. C'était une plaie de l'avoir sur le dos pendant que je me préparais et une leçon que je n'étais pas prêt d'oublier.
"PRENDS UNE POIRE !", je lui criais cette réponse depuis la salle de bain même si je n'avais vu aucune corbeille de fruits dans la suite.
"OU CA ?", Mia me répondait avec intérêt en prenant ma réponse au premier degrés. Elle était réellement affamée car elle détestait ce fruit en temps normal.
"DANS TON CUL, MIA !", je mourrais de rire en entendant son cri d'indignation et ses insultes et je choisissais ce moment pour sortir torse nu, ma serviette de toilette encore nouée autour de ma taille en la narguant de mon plus large sourire. Je me réjouissais du regard appréciateur qu'elle affichait encore sans gêne en me regardant puis de sa nouvelle indignation qui me procurait beaucoup de plaisir.
"Tu te fiches de moi, tu n'es même pas habillé ?", et elle s'arrachait les cheveux à ce constat. Je riais mais je restais bouche bée quelques secondes ensuite en constatant à mon tour à quel point elle était, elle, sur le départ et plus que parée.
"Et toi, dis moi, Charlie t'as vu partir avec cette robe infernale dans ta valise ?", Mia était en effet époustouflante avec cette robe argentée moulante à bustier et cette fente outrageuse sur la cuisse. Sa tenue était renversante, tout autant que ses boucles parfaites et son maquillage de soirée. Elle était tout à fait prête pour une première nuit à Vegas et je ne me remémorais plus la dernière fois où je l'avais vu aussi apprêtée et mise en valeur.
"Non ! Je l'adore ! Et tu ne diras rien à l'ennemi, pour cette robe...et pour les prochaines puisque crois-moi ce n'est pas la dernière !", je riais à gorge déployée de son préavis et en l'entendant se rebeller. Mia avait visiblement l'intention de se faire plaisir cette semaine à tous les niveaux, loin de Charlie, de ses regards et de sa jalousie.
"Jamais. Tu serais obligée de la retirer et ce serait un véritable crève-cœur. Tu es un avion de chasse...et tu connais ma position sur ça. Les chefs d'oeuvre sont faits pour être exposé au musée. Tant pis pour Charlie", elle me souriait en retour en tournant sur elle-même pour me montrer plus largement sa tenue, dans un geste hollywoodien très maîtrisé. Elle était plus que parfaite et je savais que j'allais avoir la lourde tâche ce soir de veiller au grain ce soir, encore plus que d'habitude.
"Je me dépêche, promis", je la quittais finalement sur ce compliment qui avait eu l'avantage de faire diversion et la mettre dans de meilleures conditions puis je revenais rapidement habillé, en passant devant le miroir du salon pour ajuster ma coiffure et en allant dans la salle de bain pour finir de me parfumer. Mia me collait où que j'aille et elle me suivait du regard quoique je fasse.
"Tu es vraiment collante, donne-moi de l'air, j'ai bientôt finis je t'ai dis...", je lui jetais des coups d'œil en biais mi-agacés, mi-amusés.
"Prends tout ton temps, ça en vaut vraiment la peine. Je reluque en silence", je riais encore de son changement d'humeur inopiné et de ses airs rêveurs très exagérés. Je n'étais absolument pas étonné de lui plaire une nouvelle fois ce soir car j'avais adapté mon style à ses préférences au fil des années. Mia était une référence en termes de bon goût et j'aurai été le dernier des idiots de l'ignorer. J'avais choisi ces rangers noires, ce slim gris foncé et cette chemise en lin que j'avais retroussé sur mes avants-bras pour subir un peu moins la chaleur harassante de la ville.
"C'est bon je suis prêt ! C'est parti !".
"Pas trop tôt !", Mia n'avait pas pu s'empêcher de commenter et je poussais un grognement de frustration face à son insolence en lui adressant une claque bien sentie sur sa fesse droite en refermant la porte rapidement derrière nous. Je prenais ensuite la route, aussi excité qu'elle à l'idée de cette soirée.
...
Notre hôtel était très bien situé sur le strip boulevard, à proximité à pieds de tous les centres d'intérêt. L" resto-concert avait été très réjouissant. La spontanéité et le sens du spectacle des américains étaient tout à fait en accord avec nos personnalités et nous avions parfaitement bu, mangé, ri et dansé. Mia avait beaucoup forcé sur l'alcool et je la regardais, en cette fin de soirée, marcher seule un peu plus loin devant moi avec beaucoup d'amusement.
En temps normal, cette femme ne passait jamais inaperçue à cause de sa beauté et de son sourire radieux mais c'était encore plus vrai à chaque fois que j'étais avec elle. Notre duo ne laissait jamais indifférent et je me régalais d'avance des rencontres qu'avait à nous apporter la ville. A commencer par ce soir et je décidais avec une pointe de sadisme de la laisser déambuler naïvement, seule devant. De mon côté, j'avais suffisamment donné. A ce niveau du boulevard, les groupes de célébration se multipliaient et ceux croisés jusqu'à présent avaient été féminins. Mia m'avait regardé affronter tous ces risques de mononucléose avec beaucoup de satisfaction et j'étais décidé à lui passer mon tour maintenant.
J'attendais impatiemment mes premières anecdotes quand j'apercevais justement ce groupe d'américains à quelques mètres d'elle qui était en train de célébrer un enterrement de vie de garçons. En moins de temps qu'il ne fallait pour le dire, je voyais Mia se faire aborder par l'un d'eux, le témoin à en juger par le texte marqué au rouge à lèvres sur son torse nu. Je restais en retrait suffisamment pour la laisser s'en dépatouiller mais pas trop non plus pour intervenir rapidement en cas de besoin.
"BONSOIR DÉESSE ! Dieu t'as mis sur notre chemin, tu as deux minutes ? Mon meilleur ami se marie la semaine prochaine. Je t'en supplie. Si cet homme a le droit d'embrasser une dernière femme, il faut que ce soit toi !", je souriais largement à sa première phrase d'accroche et plus encore en voyant un immense sourire illuminer le visage de Mia. Elle était dans une humeur délicieuse, elle les regardait avec beaucoup d'amusement et je la rejoignais sur le fait que ce groupe offrait un spectacle divertissant. Ces hommes étaient complètement éméchés, le groupe était plutôt séduisant, jeune et vraiment très sympathique et ils avaient une chance absolument inouïe d'être tombée sur elle ce soir. Je les regardais dérouler leur numéro de charme à n'en plus finir pour la convaincre de se laisser tenter par le panneau "kiss the groom" que portait l'un d'eux. Sa répartie à elle, même en anglais, était parfaite et tordante. Mia était le graal de leur soirée, elle faisait mine d'hésiter pour avoir le plaisir de les entendre encore plus la supplier.
"Ça va ! Vous m'avez convaincu !", Mia venait de trancher. Il leur avait fallu de longues minutes de négociation mais le jeu en valait largement la chandelle. Je la regardais donner au marié un merveilleux baiser sous les encouragements bruyants et survoltés du groupe d'ami. Je regardais la scène avec beaucoup d'attention, un sourire immense et une pensée sadique pour Charlie. J'étais conquis, émerveillé par sa bonne humeur et satisfait de voir qu'elle ne changeait rien de sa personnalité malgré son nouveau statut. Mia se sentait pleinement en confiance avec moi cette semaine et elle pouvait effectivement compter sur ma discrétion pour taire cette anecdote et éviter la crise cardiaque à Charlie.
Je voyais le fiancé virer rouge tomate après ce baiser de Mia et je voyais ensuite le groupe commencer à faire pression pour avoir aussi droit à leur tour. C'est donc le moment que je choisissais pour intervenir et stopper leur élan mais Mia refusait de me suivre. Elle me fixait avec son air terriblement malicieux que je connaissais trop bien. J'avais mes mains dans mes poches, je m'arrêtais en soupirant bruyamment dans l'attente de son prochain coup de vice et effectivement, je la regardais, poser une de ses mains sur mon bras pour se soutenir, puis je la regardais passer sa main subtilement sous sa robe et faire glisser son string jusqu'à ses talons aiguilles. J'avais la bouche grande ouverte, le sourire béat et j'étais incapable de retenir mon rire après ça parce que cette femme était un volcan imprévisible. Elle continuait de me regarder avec un sourire énigmatique et tendait au même moment l'objet du crime au témoin sous les cris et les réactions assez hystériques de ces hommes.
"Cadeau pour le marié. Qualité française ! Toutes mes félicitations et bonne fin de soirée les garçons", j'entendais au même moment le groupe lui adresser des mots d'adieu en la regardant partir à contrecœur "Que dieu te bénisse", "tu es un ange tombé du ciel", "le destin va me remettre sur ta route", "abandonne ton beau brun", "rendez-vous à la chapelle à midi demain, je t'attendrai jusqu'aux derniers rayons du soleil" et j'en passe.
"Tu es intenable. Tu viens de leur servir du rêve pour les 30 prochaines années"
"J'aime répandre le bonheur autour de moi, on peut dire que je suis une sainte en quelque sorte non ?",
"Oui, Charlie serait sûrement d'accord avec ça", j'enlaçais ses épaules au même moment en continuant de marcher. Sainte n'était définitivement pas le mot approprié pour caractériser cet écart diabolique. Mon fou rire était inarrêtable et je ne trouvais rien de mieux à répondre que de la câliner et de la féliciter de son audace. Charlie m'aurait tué pour ces encouragements mais j'étais beaucoup trop conquis par son grain de folie. Ça avait toujours fait partie des choses que je préférais chez elle et j'étais en train de réaliser que Mia s'était largement bridée ces dernières années pour ménager les sensibilités de Victoria. Mais elle se laissait de nouveau aller.
"Oh, on s'en fout de Charlie ! C'est la dernière fois que tu prononces son nom cette semaine !", j'éclatais encore plus de rire à sa réplique très sincère et spontanée. J'avais visé juste, Mia avait besoin de souffler, loin de lui.
...
Le reste du trajet se faisait plus sagement mais toujours aussi gaiement. Nous avions préféré marcher pour profiter de l'ambiance nocturne de la ville jusqu'au dernier moment mais Mia commençait à traîner des pieds à l'approche de l'hôtel.
"J'ai tellement mal, je n'en peux plus !", je n'en doutais pas une seconde avec des talons aussi vertigineux.
"Courage il reste moins de 100 mètres, ma belle"
"Ah non, je prends un taxi"
"Non, lève la tête on est arrivé"
"Non !", j'étais obligé de m'arrêter au même moment qu'elle et je me retournais pour la fixer. Elle était vraiment craquante avec ses cheveux décoiffés et sa moue alcoolisée. Je considérais donc la distance entre elle et l'hôtel et je me décidais à passer un bras sous son dos et un autre sous ses cuisses pour la porter car je savais qu'elle n'en démordrais pas.
"J'étais sûre que tu allais faire ça. Merci. Esclave", elle avait ses bras autour de moi et me tapotait les cheveux avec un sourire taquin.
"Tu sais que je tiens plus du Maître que de l'esclave", elle riait et continuait de me fixer avec un nouvel air insolent.
"Non, avec moi tu es l'esclave. Tu l'as toujours été, tu l'es en ce moment, et tu le seras pour le reste de ta vie", et elle avait surement raison car s'il y en avait bien une à qui je cédais tout, c'était bien elle.
"Vraiment ?", je la toisais avec un regard faussement dur en continuant de marcher en la portant.
"Vraiment !", je la reposais brusquement au sol à sa réponse insolente. Elle allait protester mais je me dépêchais de la reporter après avoir uniquement changé de position. Je la faisais basculer sur mes épaules de façon beaucoup moins galante et confortable et je l'entendais rire largement dans son ivresse du moment.
"Repoooooose-moooooi ! Tous les Américains vont voir mes fesses ! Tu as oublié que je n'avais plus de culotte ?"
"La faute à qui ?! Et grand bien leur fasse, ils pourront tous mourir en paix après avoir vu la plus belle paire sur terre", je l'entendais rire encore plus et je recevais sans préavis ses mains délicates sur mes fesses avec beaucoup d'amusement.
"Tu veux dire après les tiennes, j'espère ?", elle n'hésitait pas à les palper et les pincer très franchement depuis son stand d'observation en déclenchant un nouveau fou rire chez moi. J'arrivais au même moment devant la porte tambour et je la reposais au sol en l'admirant. J'étais complètement séduit par son humeur joyeuse et décomplexée. Je n'étais absolument pas gêné de son initiative puisque Mia pouvait bien toucher tout ce qu'elle voulait et vice versa. Il ne pouvait pas en être autrement après toutes ces années de danse collés serrés et nos tempéraments décomplexés. Ce genre de tripotage était aussi le genre de choses qui n'étaient réservées que pour ces moments d'intimité. Ils s'étaient considérablement raréfiés depuis Victoria mais ce niveau d'intimité revenait naturellement depuis le retour du Mexique.
"Tu es complètement jetée ! Qu'est-ce qu'ils ont mis dans tes cocktails ?!"
"Merci...Esclave !", je recevais son bisou baveux sur ma joue et je l'obligeais à entrer dans le hall après ça puis dans l'ascenseur en la regardant se défaire aussitôt de ses talons en soupirant de bien-être. Je voyais ensuite, un étage plus haut, cette rousse très attrayante et élégante entrer dans l'ascenseur et me rendre un regard appréciateur qui n'échappait pas à la vigilance de Mia malgré son état.
"Bonsoir. Vous êtes très belle. Vous êtes venue accompagnée d'un mari, un petit ami, une petite amie ?", Mia s'adressait à cette inconnue sans aucun filtre après avoir remarqué ma façon de la fixer. Je souriais de son comportement et je me disais qu'il fallait vite que je la couche avant qu'elle ne devienne incontrôlable.
"Non, je suis ici avec ma sœur. Pourquoi...?", cette inconnue regardait Mia avec un sourire amusé et intrigué.
"Mmh. Mon ami Harry est seul aussi. Vous devriez boire un verre au bar avec lui avant de considérer l'idée d'aller vous coucher", Mia se rapprochait de moi au même moment en me tripotant assez peu habilement pour récupérer la carte d'accès situé dans ma poche.
"Ne t'inquiète pas, je suis en état de retrouver ma chambre", l'ascenseur arrivait à notre étage et Mia sortait simplement sur ces mots en me repoussant à l'intérieur de la cabine après une bise sur ma joue et une caresse dans mes cheveux. Elle venait de me pousser dans les bras de cette inconnue en bon copilote de soirée et je souriais car cela me ramenait à d'excellents souvenirs vieux de plusieurs années. Je considérais ensuite une microseconde l'idée et ce guet-apens de Mia. Elle était en train de m'obliger, elle voulait que je me remette en selle malgré mon expérience assez amère de la semaine dernière. Je considérais un moment l'idée, je regardais de nouveau cette femme qui avait tous les atouts pour me plaire et je décidais encore de me donner une nouvelle chance. Il n'était pas question de s'impliquer émotionnellement à ce stade avec une autre femme mais juste de vivre de nouveau mon célibat et de profiter de ces vacances au maximum.
"Elle est toujours comme ça ?"
"Non. Elle fête son anniversaire, elle est un peu alcoolisée"
"Intéressant"
"Quoi ?"
"Vous formez un couple intéressant"
"C'est une vieille amie…", je poursuivais en changeant de sujet pour ne pas avoir à me justifier une énième fois et surtout pas auprès de cette inconnue.
"Maintenant que j'ai été mis à la porte de ma chambre, est-ce que vous vous laisseriez tenter par ce verre au bar avec moi ?", je restais à distance d'elle, dans une posture virile en dosant correctement ma proposition pour qu'elle soit intéressée sans être effrayée.
"Pourquoi pas...", mon charme et mon pouvoir de persuasion payaient une nouvelle fois. Ils n'avaient pas pris de rides visiblement et je m'étonnais de la facilité avec laquelle j'arrivais à agir malgré mes réserves encore persistantes dans ce domaine.
La chaleur était montée très vite ensuite avec cette Sofia. Elle n'avait pas tenu bien longtemps avant de m'inviter dans sa chambre et j'avais accepté volontiers en mettant au placard toutes mes appréhensions. Cette deuxième expérience avait été beaucoup plus agréable que la première et je n'avais plus ce même goût amer en bouche. Je ressortais simplement plus léger. C'était une très bonne façon de terminer cette excellente journée.
...
Il était deux heures du matin, cette inconnue était profondément endormie dans son lit et je choisissais ce moment pour partir silencieusement. Je regagnais notre suite en silence avec la deuxième carte d'accès et je ne résistais pas à l'envie de faire un détour par la chambre de Mia avant d'aller me coucher. J'entrais très discrètement et je m'attendrissais définitivement de la voir dans cet état. Elle avait trouvé la force de prendre une douche et de se changer, comme à son habitude à chaque fin de soirée, et elle était allongée sur le ventre, sur ses draps, dans ce ravissant short en satin qui mettait en valeur ses formes parfaites et son bronzage doré. Je ne résistais pas à l'envie de lui voler un tendre baiser sur la joue et de caresser ses cheveux. Je prenais quelques secondes pour la regarder et considérer à quel point j'étais infiniment reconnaissant et aimant en ce moment parce que les choses rentraient enfin dans l'ordre et c'est uniquement à elle que je le devais.
Point de vue : Mia
J'avais incroyablement bien dormi et je me réveillais avec ravissement dans cette chambre surréaliste. J'étais d'une humeur excellente et je me dépêchais de courir à la chambre de Harry pour le sortir aussi du lit. J'étais certaine qu'il s'y trouvait et qu'il n'avait pas offert le privilège de ses bras à cette rousse de l'ascenseur et effectivement, je le découvrais en boxer, nonchalamment allongé et endormi sur ses draps. J'hésitais entre le réveil en fanfare et le réveil en douceur et je tranchais définitivement pour le réveil en douceur à la vue de son air angélique.
"Debout mon Prince", je m'étalais de tout mon long sur son dos pour manifester ma présence mais Harry se couvrait la tête de son oreiller en réaction pour prolonger sa nuit.
"Allez gros paresseux ! Je t'ai offert tes prolongations avec cette rousse hier soir et tu as plutôt intérêt d'assumer ce matin", j'accompagnais mes paroles en couvrant son cou de petits baisers chastes et de caresses sur son dos. Harry ne réagissait toujours pas à mes tentatives de réveil et je décidais de lui accorder quelques minutes de plus de sommeil en basculant sur le lit à côté de lui. Je restais silencieuse, j'admirais la vue remarquable, en continuant de lui prodiguer des papouilles instinctives dans ses cheveux et je rêvassais. Je pensais que je me sentais vraiment bien depuis mon retour de Venise. J'étais heureuse d'avoir enfin une vie de couple normale et épanouissante avec Charlie mais aussi heureuse de retrouver un Harry ressuscité, au meilleur de sa forme. Je prenais ma dose de mon meilleur ami, après des années de privation et de frustration forcées à cause de Victoria. Je retrouvais enfin ma moitié et j'étais donc à la limite du bonheur parfait en ce moment. Les problèmes de Charlie étaient la seule ombre au tableau. Son humeur taciturne était difficile à vivre et la situation était nécessairement beaucoup moins idyllique ces temps-ci. Je prenais donc comme une bouffée d'air frais ce voyage loin des soucis, loin de lui et avec Harry qui était aussi sur une pente ascendante très euphorisante.
Ce début de séjour à Vegas était tout bonnement exceptionnel et je m'étais promise d'en profiter très largement, avant d'affronter le dur retour à la réalité et le déménagement à Londres que j'allais devoir annoncer à Harry. Je commençais à avoir une boule au ventre insoutenable à cette dernière idée quand je sentais enfin Harry émerger et glisser son bras autour de moi pour m'obliger à venir dans ses bras.
"Ce lit est dingue. J'ai tellement bien dormi"
"Tu as une plus belle vue que la mienne, tu m'as bien roulée", je l'entendais me rire au nez et me faire un smack sur la joue en guise de bonjour.
"Quel est le programme aujourd'hui ?", je m'étais relevée légèrement et je regardais Harry avec curiosité, en reposant mes bras sur son torse.
"Encore piscine, puis les boutiques. C'est l'heure de se montrer nos tenues, j'ai besoin que tu essayes la tienne et de boucler les derniers accessoires. Et ce soir : surprise...", Harry avait répondu calmement, avec une voix encore légèrement endormie. Il sursautait de me voir me relever et sortir du lit avec une vivacité qui dénotait de la sienne.
"Alors go, on y va !", je m'étais préparée en très peu de temps cette fois à cause de l'excitation. J'avais eu grand mal à tirer Harry de sa paresse pour partir mais j'avais finit par le motiver.
...
J'étais désormais sur la terrasse de l'hôtel à profiter d'un brunch tardif à l'ombre quand j'apercevais sa rousse d'hier.
"Bonjour, Harry. Bien dormi ?", elle avait sorti tous ses atouts et son ton le plus mielleux en se penchant vers lui pour lui faire la bise. Je supposais sans difficulté qu'elle avait passé une nuit excellente en sa compagnie et qu'elle mourrait d'envie de recommencer. Grand bien leur fasse mais je détestais le regard hautain et dédaigneux qu'elle me servait injustement en ce moment et j'étais révoltée de ne recevoir aucune salutation ni formule de politesse à mon tour. Cette femme m'ignorait royalement et me regardait de haut comme si j'étais un cafard.
"Oui", je notais avec beaucoup de plaisir que Harry lui répondait sans plus de démonstration et surtout sans lui retourner la question tout en continuant de déjeuner. J'espérais qu'il ait remarqué aussi à quelle point cette femme était en train d'être désagréable avec moi.
"Tu es libre cet après-midi ?", j'avais l'impression d'avoir mal entendu. D'abord, cette malpolie s'affranchissait des bonnes manières et ensuite, elle avait le culot de penser qu'elle pouvait se privatiser Harry. Je rêvais et j'attendais de pieds fermes sa réponse. Il n'avait définitivement pas le droit à l'erreur avec moi.
"Non, on a d'autres projets", je souriais largement derrière ma tasse en voyant cette femme encaisser le refus sec de Harry. Je soutenais son regard mauvais au moment à la vue de mon sourire très satisfait.
"Et ce soir ? Je connais un club très sympa", j'étais à deux doigts de lui jeter ma tasse à la figure face à toute cette insistance mais je me taisais et je laissais Harry gérer sa sangsue.
"Non plus, on a d'autres projets également pour ce soir et pour le reste de la semaine aussi. Passe de bonnes vacances avec ta sœur", je trépignais de joie maintenant et je regardais notre jolie russe repartir penaude après ce magnifique recalage. Harry l'avait congédié sans aucune élégance en me permettant de ressortir victorieuse de cet affrontement. Il me fixait maintenant avec un sourire immense et moqueur.
"J'aurai dû lui dire oui, juste pour voir ta tête, Mia", je riais à mon tour. J'étais beaucoup plus détendue après son départ mais j'étais surtout fière de constater que je pouvais toujours compter sur lui pour me faire passer avant ses conquêtes sans intérêts.
"Tu veux dire pour voir la sienne quand je lui aurai envoyé cette tasse de thé brûlante au visage ? Non mais elle se prend pour qui ? Je rêve, mais ne dis pas bonjour, et crache moi dessus aussi tant que tu y es. Et ne me remercie pas non plus, c'est un peu grâce à moi si tu as passé une si bonne soirée, pétasse ! Jalouse et connasse, le combo parfait ! J'hallucine ! ", je me détendais largement maintenant face à l'éclat de rire de Harry après ma petite colère libératrice.
"Oui enfin, pour la bonne soirée, c'est surtout grâce à moi", je lui balançais ma serviette au visage au même moment pour punir sa bêtise et clôturer le sujet.
"Ce n'est pas utile de le préciser mais je t'interdis de donner de nouveaux orgasmes à cette garce. On va t'en trouver une autre", Harry me faisait un signe de promesse en retour en terminant de rire de cet échange.
Nous avions fini le brunch ensuite par une baignade et une sieste digestive au soleil avant d'aller nous préparer pour la session de shopping.
...
Harry était maintenant dans la cabine d'essayage en train de passer enfin la tenue que j'avais retenue pour lui. Je constatais avec ravissement qu'elle lui allait aussi parfaitement que je me l'étais imaginée.
"Tu t'es appliquée. C'est pas mal du tout"
"PAS MAL DU TOUT ? Tu n'as jamais été aussi paré ! J'adore...", le thème sur lequel nous nous étions entendu cette année était le noir et c'était la couleur qui lui allait le mieux. Elle accentuait remarquablement sa beauté ténébreuse et mettait en valeur son teint bronzé. Ces rangers montantes et ce pantalon sarouel tombaient impeccablement sur sa taille. J'avais choisi pour le haut un gilet sans manche ni boutons ainsi qu'un foulard qui recouvraient à peine son torse nu impeccablement tracé et bronzé, en laissant en évidence son bras et son épaule tatoués. Harry était douloureusement attirant dans cette tenue et tout à fait dans le thème de ce festival. Il était une divinité et de très loin le plus bel homme que je connaissais et il avait surtout un charisme et une allure qui achevaient le tout et faisaient qu'aucune femme ne savait lui résister. Charlie était absolument magnifique et mes ex l'étaient tout autant, mais les sentiments ou le sexe ne m'avaient jamais fait changer d'avis sur ce point.
"Tu baves !", Harry me sortait de mes pensées avec un sourire taquin. Je réalisais que j'avais continué de le reluquer pendant toutes ces réflexions mais aucun de nous deux n'en ressortait gêné.
"Complètement. Tu es vraiment très comestible dans cette tenue et tu vas avoir l'embarras du choix pendant le festival grâce à moi encore une fois...", je le regardais sourire très largement à mon compliment et me pincer les joues très puérilement pour me récompenser de ma gentillesse.
"Je note l'esprit revanchard en passant, à moins que tu ais juste oublié le tee-shirt dans ta valise ?", clairement l'idée m'avait effleurée l'esprit de lui faire payer son affront au dernier festival avec ce haut qu'il m'avait sélectionné et qui laissait très peu de place à l'imagination mais c'était une vengeance sans plaisir puisque Harry finissait toutes les éditions torse-nu, de sa propre volonté.
"Du tout, c'est pour ton confort. La chaleur est cuisante au Burning Man, comme son nom l'indique"
"Mon confort ?...Ou ton plaisir ? ", il avait pris mes mains au même moment et les glissait sur son torse de façon aguicheur en commençant quelques ondulations de danse très sexy qui me faisaient beaucoup rire mais aussi rougir. Je me régalais de son jeu de charme mais je le repoussais rapidement en poursuivant.
"Idiot ! Allez c'est mon tour ! Donne-moi ce sac!", je pénétrais dans une des cabines avec l'excitation de découvrir enfin ma tenue. C'était toujours une torture de le laisser faire et de ne pas avoir le plaisir de faire tout ce shopping mais c'était le prix à payer pour avoir moi-même la chance de lui faire porter ce qu'il me plaisait. Après 10 ans de tradition, et outre la blague de la dernière année, je commençais à être très en phase avec ses choix et j'ouvrais donc le sac avec confiance. Et effectivement, je découvrais les différentes pièces avec un émerveillement absolu, je les adorais absolument toutes, avant même de les avoir enfilées.
"C'est bon ? Je peux entrer ?"
"Non pas encore", je n'étais pas encore sortie de la cabine et je continuais de me regarder sous tous les angles dans ce miroir. J'étais assez estomaquée de la beauté de l'ensemble que m'avait trouvé Harry. Je ne savais absolument pas où il avait déniché ça, je savais juste qu'il était magnifique et que je serais parfaitement à l'aise et en assurance pour ces deux jours de festival. Harry avait choisi ces collants résilles et ce mini-short taille haute en jean effilé et cloutés qui se terminait sur des bottines aux talons compensés. La première moitié de la tenue était d'un confort optimal et d'un effet des plus sexy, mes atouts étaient parfaitement mis en valeur. Mais surtout, il avait choisi ce haut. C'était un croc top en dentelle, avec un large dos nu, qui laissait mon ventre partiellement à nu à l'avant. L'effet était déjà magnifique en soit mais ce haut était terminé surtout par des épaulettes en plumes serties de fils de strass qui tombaient avec beaucoup de style sur mes épaules et me donnaient un look complètement royal et dominateur. J'étais absolument fan de cette tenue. C'était la plus belle de tous nos festivals et j'étais certaine que je n'allais jalouser aucune participante cette année.
"J'entre, tant pis si tu es nue, tu es prévenue", et effectivement Harry ouvrait le rideau avec beaucoup d'impatience, sans attendre ma réponse. Je le regardais à travers le miroir et je voyais ses mimiques et rictus émerveillés et approbateurs à la découverte de ma tenue.
"Je t'ai connu plus loquace", Harry m'ignorait, il me tendait la main pour m'obliger à faire quelques tours sur moi-même. Il était toujours sans voix, il souriait très largement.
"Où est-ce que tu as déniché ça ? Cette tenue est incroyable", il était encore bouche bée, il n'arrivait pas à commenter mais il prenait la peine de répondre à ma question.
"J'ai contacté un couturier conseillé par un ami et qui a l'habitude de faire des tenues de scène...Seigneur...", il avait répondu péniblement en continuant de m'admirer sous toutes les coutures avec un air rêveur. J'étais encore plus folle de cette tenue face à son regard conquis mais surtout en apprenant qu'il l'avait faite faire sur-mesure pour cette occasion. Mes goûts et mes mensurations n'avaient plus aucun secret pour lui.
"Mia...Vraiment tu es renversante. Les photographes et organisateurs vont se ruer sur toi. Tu vas devenir l'égérie de cette année avec un corps et une tenue pareille. C'est certain...", j'étais émue par son compliment et je passais mes bras autour de son cou et je l'enlaçais chaudement pour lui faire passer toute ma reconnaissance.
"Merci. Je la trouve aussi parfaite".
"Il manque juste deux détails, je sais où aller. Suis moi, ce n'est pas loin", j'étais curieuse de la suite car pour moi il n'y avait absolument rien à ajouter à la tenue.
"Quoi comme ça ? On ne se change pas ?"
"Non il faut que tu sois dans le thème pour que je me décide. Il y a des Elvis Presley et des bites géantes à chaque carrefour. On passera presque incognito dans ces tenues", et ça avait été très drôle de parcourir les rues jusqu'à sa destination mystère dans cet accoutrement. Par contre, nous ne sommes pas du tout passés incognito. Les visiteurs nous alpaguaient de façon intempestive et Harry s'amusait à prendre la pause avec moi en s'imaginant dans la peau de ces ambianceurs et artistes mythiques du strip boulevard. Ça avait été très drôle et nous avions réclamé les photos en retour qui étaient tout simplement magnifiques.
"Ah non Harry, je t'ai dis NONNN cent fois !", je regardais un peu paniquée le lieu de destination. Harry venait de me traîner à un salon de tatouage très impressionnant et je le regardais rire de ma réaction.
"Détends toi, je ne vais pas t'en mettre un vrai!", je me détendais en effet immédiatement à sa confirmation parce que Harry me tannait depuis des années pour que je me fasse tatouer avec lui. Je refusais fermement à cause de la douleur et à défaut d'idée pertinente même si j'avais toujours regardé ses tatouages et ceux des autres avec envie.
Harry m'avait traîné à sa suite. Je l'écoutais discuter avec le tatoueur et feuilleter les classeurs de création de façon très concentrée et admirative.
"Tu préfères lequel parmi ceux-là ?"
"Celui que tu préféreras", je ne prenais même pas la peine de regarder et je me concentrais plutôt sur la réaction de Harry qui affichait en réaction un air choqué d'imbécile heureux. Il avait la tête d'un enfant à qui on promettait d'aller à Disneyland pour la première fois et je le trouvais très attendrissant.
"Où est-ce que tu veux me tatouer ?", j'interrompais Harry dans ses nombreuses consultations. Je le laissais décider mais je restais curieuse malgré tout.
"Au dos"
"Mon dos ? Pourquoi ? Je ne verrais rien ! C'est dommage !"
"Parce qu'il est magnifique et que tu as très objectivement la chute de rein la plus tentatrice de la galaxie. Et je fais ce que je veux, tu viens de me donner carte blanche !", il répondait de son ton faussement autoritaire et rebelle. Je me contentais donc de prendre le compliment et d'obéir à son caprice sans discuter. Le tatoueur était revenu ensuite vérifier s'il avait choisi et Harry lui avait demandé en retour s'il pouvait emporter plusieurs des modèles et revenir le lendemain.
"Il te faut tant de réflexion que ça ? C'est un tatouage éphémère, tu n'as pas besoin de te concentrer autant !"
"Tu rigoles j'espère ? Ça fait dix ans que j'attends ce moment, je ne vais pas te coller la première rose dégueulasse qui me passe sous la main. Je veux prendre mon temps et choisir le tatouage de mes rêves !", je le regardais papillonner des yeux en parfait comédien pour tourner sa fin de phrase au ridicule. Je riais mais je reprenais aussitôt sérieusement après sa nouvelle confidence.
"Pourquoi cette idée t'obsède autant ?", je ne comprenais vraiment pas cette idée fixe qu'il avait encore aujourd'hui malgré tous mes refus successifs.
"Parce que...Tu seras encore plus belle avec et que c'est presque la seule chose qui nous différencie"
"Développe", Harry se concentrait et redevenait un peu plus sérieux pour m'apporter une réponse.
"Tu es chiante et caractérielle au possible. Comme moi", je m'offusquais pour la critique.
"Tu es passionnée, spontanée et loyale, autant que moi", je souriais cette fois.
"Tu es belle à en crever. Même si tu l'es un peu moins que moi", je lui donnais une fausse tape pour la forme.
"Tu es une grosse vicieuse aussi, peut-être même pire que moi !", je lui mordais l'épaule cette fois sur cette réflexion déplacée qui était une référence directe et interdite à Ricardo.
"On est pareil, Mia, presque en tout point. Il ne te manque qu'un tatouage à toi aussi pour boucler et sceller notre union parfaite", j'étais pensive pendant qu'il me parlait. L'idée était belle, je comprenais un peu mieux sa lubie après ses développements. Ses motivations étaient sincères et je les comprenais même si ce n'était toujours pas une chose envisageable pour moi.
"Alors qu'est-ce qui nous différencie ?", j'adorais ses confidences. Harry avait toujours eu beaucoup de facilité à parler de ce genre de choses avec moi. C'était tellement naturel d'avoir ce type de conversation.
"Tu es généreuse. Tu n'hésites jamais à te sacrifier pour les autres alors que je suis le pire des égoïstes"
"Tu es généreux aussi et tu te sacrifies. Tu l'as fait plus d'une fois"
"Oui, qu'avec toi, donc ça ne compte pas", je ne le contredisais pas puisque je savais que c'était vrai. Harry avait toutes les qualités du monde mais il était égoïste et capricieux sur les bords.
"Donc pour en revenir à notre sujet, cette lubie de me tatouer, ça ne te passera jamais ?"
"Je l'aurai aussi longtemps que je t'aimerai. Donc, oui, jamais !", il m'avait donné sa réponse avec un immense sourire, en me prenant par l'épaule et en nous faisant quitter le salon. Je n'avais pas manqué de lui rendre plusieurs baisers sur son visage et sur son cou après ses paroles attendrissantes.
Point de vue : Harry
Nous venions d'arriver à l'hôtel, après avoir terminé d'accessoiriser nos tenues. Il ne me restait plus que le choix cornélien du tatouage.
"Je vais me changer et on repart ?", Mia venait d'entrer la première dans la suite. J'avais une vue imprenable et vraiment très réjouissante sur son dos magnifiquement décolleté. Je la voyais se diriger vers la salle de bain pour mettre en exécution ses paroles mais cette initiative allait totalement à l'encontre de mon objectif du moment. J'avais donc réagi sur une pulsion en l'emportant subitement dans ma chambre sans autorisation. Mia me regardait faire, suspicieusement mais docilement. Je la jetais sur mon lit à l'arrivée en continuant de la dominer, je la retournais sans ménagement sur le ventre en soulevant son bassin de mes deux mains et je lui adressais pour conclure une claque ferme sur sa fesse droite en m'installant à califourchon sur son magnifique postérieur en riant largement de sa réaction.
"Qu'est-ce que tu fous ? Pour ce genre de chose, je retire ce que j'ai dis, tu peux appeler ta pétasse rousse, tu as toute ma bénédiction", les gestes de résistance de Mia et sa vulgarité soudaine m'émoustillaient autant qu'ils me faisaient rire. Mes gestes étaient absolument virils et tendancieux et je m'amusais très franchement de son trouble et de sa gêne plus que visibles, sans aucun cas de conscience. Je n'avais jamais eu grand chose à faire des convenances et des bonnes mœurs et je n'allais surement pas commencer à m'en préoccuper aujourd'hui et encore moins avec elle. La situation et la position me plaisaient même un peu trop mais je commençais à accepter assez sereinement toutes ces réactions chimiques et hormonales incontrôlées qui se multipliaient ces derniers temps avec elle. Mon corps était simplement en train de se réveiller et de sortir de toute sa période d'abstinence. C'était uniquement mes instincts démoniaques qui étaient en train de se réveiller et c'était tout à fait normal avec une beauté fatale comme Mia. Je n'avais ressenti jusqu'ici rien de plus que ces montées, je n'avais aucune nouvelle revendication avec elle et je n'en étais absolument pas handicapé dans la reprise de mes activités avec ces inconnues. Donc tout allait très bien.
"Je dois choisir ton tatouage. Tu restes dans cette tenue. Allongée et sans protester. Compte le nombre de petits carreaux sur la moquette pour t'occuper parce que j'ai toutes les peines du monde pour me décider", j'avais coupé court avec autorité et je la regardais abdiquer et s'installer confortablement, après un dernier soupir de lassitude pour la forme, en prenant son téléphone pour transférer sa musique sur l'enceinte de la pièce. Elle passait encore sur mon caprice et j'étais aux anges. Elle m'avait donné carte blanche pour réaliser, même de façon éphémère, un de mes plus grands rêves et j'étais au paradis.
Mes explications précédentes au salon de tatouage étaient sincères. Mia est merveilleuse et j'avais toujours considéré qu'il ne manquait que cette touche finale sur son corps pour qu'elle ne se transforme en véritable chef d'œuvre. Je trouvais aussi très poétique l'idée qu'elle porte également un tatouage comme moi. Elle avait toujours été ma partenaire et mon binôme. Elle était mon âme-sœur, au sens littéral du mot, et je rêvais de l'assortir à mes propres ornements pour marquer encore plus notre relation unique et fusionnelle.
Je m'étais beaucoup renseigné depuis Paris pour trouver ce salon de tatouage renommé et effectivement le catalogue de création était absolument sublime. J'avais emporté plusieurs options pour prendre le temps de me décider et j'avais même pris le soin de réaliser une commande sur-mesure à distance, que m'avait remise le tatoueur tout à l'heure. J'étais complètement hésitant maintenant et j'avais besoin de tester mes sélections sur Mia pour me décider. Mia qui était en ce moment très paisible et se laissait bercer par la musique en attendant sagement que je termine.
J'avais donc sélectionné pour commencer des tatouages sophistiqués et très artistiques comme ceux que j'avais sur mon bras mais j'étais forcé d'admettre en les posant en ce moment sur son dos que ça n'allait ni avec sa personnalité ni avec la finesse de son corps. Je les écartais donc sans hésiter.
Les modèles intermédiaires consistaient en des mélanges de signes et de dessins moins denses. Ils commençaient à piquer mon intérêt et rendaient plutôt bien sur elle. Je les mettais de côté.
Et puis il restait celui que j'avais fait faire sur-mesure. Je l'avais commandé en monochrome, il commençait par deux hirondelles délicates sur la nuque, censées nous représenter, et il se poursuivait le long de sa colonne vertébrale par une élégante phrase calligraphiée. J'avais retenu le texte "amarti per sempre e non dimenticarti mai", à traduire de la façon suivante "t'aimer pour toujours et ne jamais t'oublier". J'avais voulu faire honneur à ses délicieuses origines italiennes et inscrire sur sa chair notre promesse éternelle.
"Mon choix est fait ! Tu peux disposer", je terminais par un baiser doux sur son dos et je la libérais au bout d'une longue demie-heure de tests. Je voyais à l'horizon que la nuit était sur le point de tomber.
"Dieu que c'était long. Alors tu as choisi lequel, montre-moi?"
"Tu verras demain"
"Oh tu es pénible, c'est mon corps, j'ai le droit de savoir"
"Non, ton corps m'appartient maintenant sur délégation de pouvoir, tu te souviens ?", je partais sur ces mots avec un sourire charmeur. Mia m'avait suivi dans la salle de bain ensuite.
"Je peux au moins connaître le programme de la soirée ?", oui le temps était venu de lui dire et je savais qu'elle allait adorer.
"J'ai trouvé un restaurant italien qui a l'air fabuleux", je m'autorisais un regard en biais pour confirmer son sourire gourmand.
"J'ai aussi réservé une table de jeu au Bellagio", elle se frottait les mains cette fois et trépignait d'impatience. Mia était très joueuse et aussi mauvaise perdante que moi, ce qui promettait quelques rebondissements intéressants. Nous avions toujours en commun cet esprit de compétition qui nous avait amené à gagner de nombreux concours ensemble et les parties de poker avec elle avaient toujours été légendaires. C'était un incontournable de notre voyage.
"Et il y a ce bal masqué grandiose chaque saison au Venitian. J'ai réussi à nous obtenir deux entrées. Tu vas devoir sortir une de ces robes vertigineuses que j'ai vu dans ton dressing", j'avais parlé avec un air nonchalant mais je savais que je venais d'abattre ma meilleure carte. Et je la regardais en effet devenir hystérique face à cette nouvelle. C'était tout ce qu'elle aimait, sortir ses plus beaux apparats, aller dans les très beaux endroits, bien sûr danser mais surtout, je savais qu'elle avait toujours fantasmé d'un de ces mythiques bal masqué. J'avais été révolté d'apprendre que Charlie l'avait amené dans la ville des bals par excellence sans l'amener à un de ces événements. Cet homme ne connaissait définitivement pas grand chose d'elle et il n'avait pas non plus eu l'intelligence de me demander conseil avant. J'avais donc sauté sur l'occasion en voyant ce bal dans la liste des soirées de notre séjour. Mia restait bouche bée, jusqu'à ce que je vois cette lueur de panique passer dans son regard.
"Je n'ai pas de masque !", je l'avais heureusement et bien sûr anticipé et je sortais les deux boîtes en velours de mon tiroir. Je la regardais s'émerveiller des masques que j'avais choisis chez cet artisan parisien réputé. J'avais parié qu'elle allait les adorer.
...
"HARRY, qu'est-ce que tu fous je suis sous la douche ! Sors de là tout de suite !"
"Précisément ! C'est bien tout le problème, tu y es depuis vingt minutes donc je prends de l'avance pour que tu évites de me les briser ensuite pendant deux heures", j'avais forcé le verrou pour entrer et j'étais plus que ravi de l'entendre s'indigner et s'époumoner de mon initiative. Je m'autorisais un coup d'œil dangereux à la cabine de douche pendant ce temps là, dans un élan voyeur inavouable, mais je n'y voyais rien à cause de la buée sur le pare-douche.
"Ne t'inquiète pas, il n'y a rien à avoir avec toute cette buée et ta douche à 40° c. Fais comme si je n'étais pas là", son absence de cri et de contestation valait sûrement acceptation et je commençais à tailler ma barbe avec soin en évitant de regarder les jeux d'ombre de ce pare-douche.
Mia sortait quelques minutes après ensuite en s'enroulant trop rapidement dans sa serviette. Je la regardais me rejoindre près du meuble vasque avec humeur et j'en profitais pour lui rendre mon sourire le plus provocant.
"Cette suite a quatre canapés mais qu'une seule salle de bain. Cherchez l'erreur !", elle avait commencé par forcer un peu sur le ton colérique mais je la regardais pouffer de rire ensuite face à cette situation cocasse. Je l'admirais en même temps pendant qu'elle commençait son rituel beauté. Elle était ravissante dans cette serviette blanche, à s'étaler ses crèmes devant le miroir. J'en profitais pour prendre son après-solaire et pour l'aider à l'appliquer sur son dos. Elle me laissait faire en souriant, comme une enfant, et je revenais ensuite à mes préparatifs moi aussi.
"A mon tour pour la douche. Mais ne te gêne pas pour regarder si ça te fait plaisir, ça ne me dérange pas !", j'avais commencé à retirer mon tee shirt puis mon bas sans préavis et j'éclatais de rire en entendant son cri d'effroi et en la voyant partir en courant. J'avais définitivement repris le pouvoir de cette pièce ce soir.
Point de vue : Mia
Le manque de pudeur et de complexes de Harry me mettait en grandes difficultés ce soir. Je venais de quitter la salle de bain en courant à la vue de son corps nu de dos. J'avais chassé rapidement ma pensée appréciatrice, tout autant que les frissons d'excitation que j'avais ressenti malgré moi pendant sa pause tatouage virile quelques minutes plus tôt. Ces émotions n'avaient absolument rien à faire entre Harry et moi et c'était dans la parfaite lignée de ses mises en garde lors de mes confidences sur Ricardo. Je n'aurai jamais dû me replonger dans ces souvenirs. Harry m'avait prévenu et mon corps réclamait effectivement de nouvelles sensations fortes, que j'avais commencé à perdre il y a deux semaines avec Charlie et qui se perdaient définitivement ces temps-ci avec les drames qui le préoccupaient. Je supposais que le moindre troll un tant soit peu viril pourrait me soutirer en ce moment les mêmes réactions qu'Harry et j'essayais de relativiser et dédramatiser la situation de cette façon. J'avais commencé à jouer avec le feu hier avec ces américains en enterrement de vie de garçon et je comprenais que j'allais devoir faire des efforts pour me canaliser seule car Harry n'avait aucune intention d'être le garde-fou. Il avait l'air déterminé à me laisser faire absolument tout ce que je voulais. Le sentiment était libérateur mais aussi effrayant parce que Harry était le genre à autoriser et couvrir tous mes excès sans limite. Je devais donc m'autodiscipliner.
"JE SUIS COUVERT, TU PEUX REVENIR MIA", ce démon venait enfin de terminer. J'espérais que ce n'était pas une blague et qu'il était redevenu sage. A priori oui, en constatant dès mon entrée prudente cette serviette solidement accrochée autour de sa taille. Je n'avais plus que cette vue sur ce torse nu irréprochable que je connaissais par cœur. C'était redevenu acceptable et je me détendais enfin en reprenant mes rituels de beauté.
"J'adore quand tu les coiffes de cette façon", Harry me parlait et me fixait avec un air doux et rêveur pendant que je dégageais ma nuque pour peaufiner ma queue de cheval haute tressée. Je souriais car c'était pour cette raison que je le faisais.
"Je sais", je lui avais rendu un sourire tendre et je me concentrais ensuite sur mon maquillage. Il continuait ses observations avec beaucoup d'intérêt. J'avais terminé de m'occuper de mon teint et je me dirigeais vers mon rouge à lèvre marron pour commencer à maquiller mes lèvres quand je l'entendais m'interrompre verbalement.
"Je préfère quand tu mets le bordeaux", je souriais face à sa nouvelle intervention et cette directive imprévue. J'étais très amusée et je méditais une seconde sur la suite à donner.
"Très bien. Alors bordeaux ce sera...pour faire plaisir à notre Maître" , je pouffais de rire à ma réponse et je changeais de cible au même moment pour accéder docilement à son nouveau caprice. Je riais encore à son haussement de sourcil surpris et conquis.
"Tu peux partir maintenant ? Tu me déconcentres. Je ne peux pas maquiller ma bouche et mes yeux si tu me fais sourire à tout bout de champs !", Harry acceptait de partir en mimant un chagrin, après un baiser sur ma joue.
...
J'étais devant mon dressing maintenant et je bénissais Harry d'avoir pris l'initiative de ce programme de rêve car j'avais fantasmé de pouvoir sortir une de ces robes longues pendant notre voyage. J'avais été particulièrement frustrée à Venise de ne pas avoir pu les porter. Charlie n'était pas vraiment un homme de la nuit, à l'inverse complet de Harry qui ne ratait jamais une occasion d'aller danser.
J'avais donc le choix en ce moment entre cette robe sirène en satin émeraude, au décolleté sage, à fine bretelle et légèrement fendue à la cuisse, et cette autre robe bordeaux beaucoup plus couture, qui marquait remarquablement ma taille et était drapée à plusieurs endroits. Elle n'avait aucun décolleté mais juste ce voile qui partait de ma taille et se terminait autour de mon cou en donnant un look beaucoup plus fatale qu'un décolleté révélateur. Elle était fendue également et très outrageusement le long de ma cuisse. J'optais incontestablement pour cette dernière robe que je n'aurais sûrement pas l'occasion de ressortir avec Charlie. Elle se mariait en plus à merveille avec le choix de rouge à lèvres de Harry et mes autres accessoires dorés. Je me regardais une dernière fois dans le miroir et je considérais, avec beaucoup de satisfaction, que j'en avais terminé.
Je regagnais Harry dans le salon et la gorge me serrait en le voyant si élégant dans ce smoking et cette chemise. Il avait sorti également ses plus beaux accessoires pour l'occasion et de programme de rêve.
"Tu es vraiment très beau. Et la femme qui t'a offerte cette montre et ces boutons de manchette a beaucoup de goûts", j'étais taquine car Harry m'avait fait le plaisir de porter cette montre suisse que je lui avais offerte pour ses 30 ans ainsi que ses boutons de manchette qui dataient d'un de nos derniers Noël.
"N'est-ce pas ? Et son goût se vérifie encore ce soir avec cette robe et cette allure infernale. J'ai toutes les chances de mettre la concurrence au tapis grâce à cette merveilleuse source de distraction !"
"Tu viens de mettre à nu toute ma stratégie de jeu !", Harry ne pouvait pas s'empêcher de me prendre dans ses bras et de me faire un énième baiser sur le front avant de partir. Je répondais avec plaisir en profitant au passage de son odeur merveilleuse : celle de mon parfum préféré.
Point de vue : Harry
Ce secteur Italie du strip boulevard était définitivement mon préféré. C'était chic, raffiné et élégant, complètement en harmonie avec l'humeur et l'allure de Mia et moi ce soir. Elle était radieuse dans cette robe couture digne du palais des festivals. Tous les passants se retournaient plus ou moins discrètement sur elle, sans qu'elle ne s'en rende compte et n'y prête le moindre intérêt. C'était une des choses que j'adorais chez elle, elle avait cette grâce naturelle et cette simplicité qui ne la quittait jamais, qu'importe ses apparats et le contexte.
...
Nous avions finit ensuite par atteindre le restaurant italien. Nous avions la table parfaite et le repas était tout aussi parfait.
"C'est bon, je suis repue. J'arrête. Je ne peux plus rien avaler", je la regardais rendre les armes subitement au terme de son repas gargantuesque.
"Tu viens de t'empiffrer comme une ogresse. Il était temps que ça s'arrête", je regardais Mia ouvrir sa bouche en grand d'indignation et j'en profitais pour y jeter très habilement la dernière cerise de son dessert. Elle atterrissait parfaitement au fond de sa gorge et lui déclenchait un léger reflex nauséeux presque obscène qui nous amenait rapidement dans un large fou rire.
"Allez, en route pour le casino ! Je vais t'offrir quelques coupes de champagne pendant que je termine ces américains au poker", j'attendais impatiemment que Mia s'offusque de ma réplique misogyne volontairement choisie.
"PARDON ? Mais tu me prends pour ta potiche ou je rêve ? JE vais t'offrir une coupe de champagne, pendant que JE terminerai ces américains au poker ! Tu as la mémoire bien courte. Lequel de nous deux a fini nu comme un vers en 2013, rappelle-le moi ?", je regardais Mia croiser ses bras et sourire avec satisfaction à ce souvenir très risible. Elle m'avait terrassé à une soirée strip poker devant la fine équipe de l'école de danse et j'en avais entendu parler pendant des années.
"Ton règne prend fin ce soir, Mia", je m'approchais d'elle avec un faux air menaçant et revanchard en la dominant d'une tête.
"C'est ce qu'on va voir, Harry", je me régalais de la voir s'avancer d'avantage et me tenir tête malgré tout. Je riais ensuite nettement en la sentant tirer sur ma main de façon très dominatrice pour m'obliger à la suivre et jouer son honneur à cette table de poker. Je m'en frottais les mains d'avance.
...
Nous avions pris le temps à l'arrivée ensuite de nous balader de table en table pour nous enivrer de l'ambiance joueuse du Bellagio. Nous étions en ce moment au bar, à terminer nos verres dans l'attente d'être invités à notre table. Je m'amusais de regarder Mia observer intensément le croupier et les joueurs. Elle était déjà plongée dans la compétition et se mettait déjà en conditions.
"Prête ?", je toisais Mia avec un sourire provocateur en voyant notre tour arriver.
"Plus que prête", elle me répondait sans un sourire cette fois, avec un air très concentré mais aussi très hautain qui me faisait mourir de plaisir et d'impatience.
Nous avions tenu trois parties très intenses à cette table de niveau intermédiaire ensuite. Je m'étais régalé de la voir affronter tous ces adversaires masculins et étrangers. Elle avait créé le malaise immédiatement à son arrivée mais était restée imperturbable tout au long des parties malgré les remarques sexistes et déplacées de la plupart d'entre eux. Elle avait brillamment réglé ses comptes en les battant à plate couture et en leur adressant plusieurs réponses bien senties tout au long du jeu. Mais ce n'était pas ce que je retenais le plus de la soirée. Ce qui m'avait surtout grisé, c'était la main chanceuse que nous avions eu tous les deux ce soir. Pour mon plus grand bonheur, chacune de ces parties s'étaient terminées en duel entre elle et moi. Nous avions rapidement attiré un public de supporters autour de nous à cause de la tension palpable et de nos jeux d'acteurs éternels. Nous adorions ça depuis toujours : attirer l'attention, se donner en spectacle et faire plaisir au public. Ce sentiment nous transportait. Nous étions excellents à ça et parfaitement sur la même longueur d'onde ce soir. Nous avions décidé tous les deux de vendre une ambiance très Golden Eye à cette table. Je ne savais pas si Vegas se souviendrait de notre passage mais de mon côté, je n'oublierai jamais ces trois parties d'ontologie avec elle. J'avais ensuite accepté de rester sur mon échec car c'était l'heure d'aller au bal.
...
Je marchais en ce moment avec elle quand je la voyais se jeter à mon cou de façon très puérile en me taquinant très malicieusement.
"Allez, tu peux le dire maintenant"
"Non", je riais mais je me pinçais les lèvres pour ne pas céder et garder toute ma fierté mais Mia n'était pas de cet avis. Elle était tenace et comptait me faire plier.
"SIIIIII"
"Non"
"Dis-le bon sang, je ne te lâcherai pas tu sais ?!"
"Pff tu me fatigues...Très bien, Mia, je l'admets, tu es...pfff...meilleure que moi au poker...", je la regardais sourire et sautiller d'hystérie. J'avais la conviction face à sa joie débordante que j'entendrai parler de toute ma vie de ces deux duels sur trois remportés par elle. J'étais fichu.
"C'est bon ! Tu es contente ? On peut passer à autre chose maintenant ?"
"Absolument pas Harry, il va me falloir encore une ou deux vies pour finir de savourer ma victoire. Oh mon dieu, ce que c'est bon de te réduire au silence. C'est une si douce mélodie à mes oreilles et…", j'étais obligé de rire mais je voulais aussi la faire taire pour sauver le peu de fierté qu'il me restait alors j'avais recouvert entièrement sa bouche de ma main. Je la sentais étouffer ses rires sous ma paume mais elle continuait de gesticuler alors je décidais d'aller encore plus loin pour la faire taire. Je la rapprochais de moi, je la collais contre moi et je me ruais sur son cou pour la mordre et la punir de son insolence. Elle en riait encore plus, je la sentais passer ses bras autour de mes épaules pour mieux résister à mon assaut et de mon côté j'étais parfaitement retourné.
Je m'interrompais immédiatement après ce geste très intime. Je remettais de la distance rapidement car je n'avais absolument pas prévu que le contact de mes lèvres sur sa nuque m'étourdirait autant. J'avais adoré ça, j'avais ressenti une poussée d'adrénaline et de plaisir incontrôlable sur le moment et je décidais de classer et d'ignorer très vite cette sensation effrayante.
C'est dans cet état d'esprit et sur cette sensation étrange que j'étais arrivé au bal avec elle ensuite. Et ça avait été différent et bien mieux que toutes nos autres innombrables soirées ensemble. Le lieu était sublime mais surtout nos corps et nos humeurs étaient en parfait diapason. Ça avait été une soirée de légende, à graver dans nos mémoires jusqu'à la fin également. Et j'avais subis encore d'autres émotions très effrayantes en dansant avec elle ce soir là.
...
Il était cinq heures du matin maintenant. Mia s'était endormie dans le taxi en un temps record après cette soirée riche en émotions et en divertissement, je l'avais porté encore à l'arrivée et j'étais en train de la déposer sans un bruit dans son lit pour ne pas la réveiller.
Je m'autorisais une pause à son chevet ce soir encore avant de regagner également ma chambre. Je repensais à cette nouvelle journée qui avait été exceptionnelle en tout point. Ce bal avait été digne d'un conte de fée et j'avais reçu de plein fouet le bonheur de Mia qui s'était montrée très démonstrative et câline. J'avais pris un plaisir particulièrement intense de mon côté à la faire danser dans ce cadre somptueux. Je la regardais en ce moment avec une douceur infinie. Je retirais délicatement ses talons et je défaisais le plus délicatement possible sa tresse pour qu'elle soit davantage à son aise. J'aurai dû lui retirer sa robe et l'installer plus confortablement sous ses draps comme je le faisais toujours mais j'y renonçais définitivement ce soir car mes entrailles se serraient d'angoisse à l'idée de ressentir de nouvelles sensations inédites avec elle. Il y en avait eu bien trop ce soir et il était urgent que je me ressaisisse.
Je choisissais donc plutôt de rejoindre sagement ma chambre pour cette dernière nuit avant le Burning Man.
