Point de vue : Mia
Le grand jour était arrivé. Je regardais ma montre et je notais qu'il était déjà 14h soit trois heures avant le départ pour Black Rock City. Harry entrait dans ma chambre au même moment et je le voyais se glisser sous mes draps en me regardant avec son plus large sourire.
"Quoi ?", je le regardais suspicieuse.
"Tu as des yeux de panda", je souriais à sa moquerie. Je supposais que mon mascara bavait largement sur mon visage.
"C'est ce qui arrive généralement aux princesses à la fin du bal, Harry!", il me faisait un bisous esquimau enchanteur pour seule réponse.
"Je devrais revendre mon esclave. C'est lui qui m'a couché sans me démaquiller et en me laissant froisser cette robe hors de prix, tu le crois ça ?", je le regardais me faire une moue coupable au même moment et j'en profitais pour me lover dans ses bras et prendre quelques secondes de plus.
"Allez lève toi, Princesse, j'ai envie de faire un stop à la piscine avant de partir et on doit encore passer au salon de tatouage avant le départ", le temps passait beaucoup trop vite. Je profitais donc de mon bol de tendresse avant de devoir remettre de la distance à mon retour auprès de Charlie et j'en profitais aussi surtout en pensant à cette distance terrible que j'allais creuser de nouveau entre lui et moi avec mon déménagement à Londres. J'étais donc plus que contrariée qu'il y mette un terme mais je suivais le mouvement docilement.
J'étais de nouveau maintenant au salon de tatouage, à attendre sagement que le tatoueur revienne à la table me coller ce motif choisi par Harry.
"Alors, j'ai enfin le droit de le voir maintenant ?", j'étais impatiente de savoir et Harry me rendait un sourire mystérieux. Je montrais des signes d'impatience et il cédait. Il me tendait enfin la feuille qu'il me cachait précieusement depuis hier. Je la prenais et je la découvrais avec une émotion difficilement soutenable. Je sentais le regard insistant de Harry qui attendait une réaction de ma part mais j'avais beaucoup de mal à sortir un son de ma bouche à la vue de ces hirondelles et de cette phrase sans équivoque qui raisonnait terriblement fort à mon oreille.
"Je suis certaine de ne pas l'avoir vu parmi les dessins que tu m'as montré hier...", c'était tout ce dont j'étais capable pour l'instant car effectivement, je m'étais attendue à tout sauf à ça. Je pensais découvrir un dessin, des motifs et absolument pas quelque chose d'aussi personnel.
"Effectivement...Ce tatouage me trotte dans la tête depuis un moment, j'ai demandé au salon de le reproduire. C'est lui que je choisis. C'est le tatouage de mes rêves... Et tu seras absolument magnifique avec", Harry était vraiment très fier de lui et de son choix. De mon côté, j'avais vraiment très envie de pleurer sur le coup. Je luttais pour ne pas déborder face à la décharge d'émotions déclenchées par la portée poétique de ce tatouage. Harry semblait inquiet de mon manque de réaction.
"Tu l'aimes ?", et j'étais toujours terriblement silencieuse. J'étais obligée d'aimer ce tatouage parce qu'il débordait de tendresse. Je le trouvais magnifiquement beau et j'aurai voulu simplement sauter dans ses bras pour lui faire part de mon plaisir mais c'est le moment que choisissait le tatoueur pour nous rejoindre et nous interrompre. Il me demandait de retirer mon débardeur. Je m'exécutais et je me retrouvais en soutien-gorge pendant que Harry faisait le tour de la table pour rejoindre le tatoueur et ne pas rater une seule miette de son moment de consécration.
J'étais encore largement perdue dans mes pensées et mes émotions quand je sentais les doigts très habiles de Harry sur mon agrafe de soutien-gorge. Il le défaisait sans aucun préavis, ni invitation et j'avais frissonné au contact et à ce geste encore une fois très inédit entre nous. Mais je me ressaisissais et je me dépêchais de soutenir pudiquement mon sous-vêtement contre ma poitrine. Je sentais ensuite les gestes habiles du tatoueur qui était en train d'imprimer ce motif sur mon dos. Il m'informait ensuite rapidement que c'était terminé et je le sentais Harry et lui fixer mon dos et commenter de façon très appréciatrice.
"Je peux le voir ?", j'essayais de me tordre mais c'était complètement vain avec son emplacement. Je pouvais juste me fier au regard de Harry qui était complètement hypnotisé et visiblement très séduit du résultat à en juger par son air rêveur et cette lueur dans ses yeux. Je me relevais en apercevant ce miroir un peu plus loin et je constatais effectivement avec un émerveillement non contenu ce tatouage sur mon dos. Je le trouvais infiniment beau.
"Somptueuse", Harry avait pris la parole d'une voix très faible. J'étais très touchée de le voir si émotif et émue de l'utilisation du féminin qui renvoyait à ma personne et pas seulement à ce tatouage. Je le rejoignais sur le fait que son tatouage m'embellissait.
...
Nous venions de déposer nos paquetages dans la soute avec le nécessaire pour ces jours de festival. L'édition s'étalait sur plus d'une semaine mais Harry avait décidé de nous y amener pour les deux derniers jours de clôture uniquement. Il y avait plusieurs options pour s'y rendre mais le trajet en car était définitivement ce qui nous réjouissait le plus et c'était effectivement très euphorisant de faire le trajet avec tous ces burners qui étaient aussi survoltés que nous.
"Mon dieu, vos tenues sont dingues, je meurs de jalousie", nous venions d'être interpellés par cette française qui s'était levée de sa place et s'était rapprochée de nous avec deux de ses amis. Elle caressait au même moment sans aucune gêne mes cheveux, mes épaulettes, mon décolleté et mes bas résilles. Je restais surprise par l'audace de cette brune que je trouvais particulièrement belle au demeurant et je constatais encore une fois que l'univers m'invitait à virer lesbienne ces temps-ci.
Harry se moquait ouvertement cette fois et j'avais très envie de lui rabattre son clapet. Je me remettais donc de l'effet de surprise et je regardais très sensuellement cette femme en caressant délicatement en retour ses boucles et, de façon plus osée, le décolleté très généreux de son costume tape à l'œil.
"Merci. Je te trouve aussi très belle", et je notais que j'avais réussi mon effet en voyant Harry gober les mouches à mes gestes et mon ton très sensuel.
"...J'ADORE ! On va bien s'entendre tous les cinq. Je m'appelle Nina, voici Greg et Séb. Et vous ?"
"Mia et Harry"
"Et vous êtes plutôt exclusifs ou union libre avec ton Harry ?"
"Définitivement libre", j'avais coupé l'herbe sous le pied de Harry en déposant une main sur sa cuisse et une autre sur sa nuque en réponse à Nina. C'était parfait de voir encore la surprise sur les traits d'Harry. Je n'avais rien prémédité mais l'idée de rejouer au couple avec lui m'enthousiasmais au plus haut point et je savais que je pouvais compter sur lui pour sauter à pieds joints sur cette proposition qui avait une fois de plus un goût très plaisant de retour vers le passé.
Point de vue : Harry
Mia était tournée sur son siège pour mieux s'extasier des paroles et conseils de ce groupe d'amis qui s'étaient installés à côté de nous. J'avais une vue imprenable sur son dos de là où j'étais et je sentais mon cœur se serrer à la vue du tatouage qu'elle m'avait laissé poser sur son corps. J'avais beaucoup de mal à m'y habituer. Il me bouleversait et me perturbait beaucoup plus qu'il ne le devait. Passé cette énième émotion, je me réjouissais de la voir si enthousiaste et taquine dans ce bus avec ces inconnus. J'avais parfaitement compris son invitation à jouer la comédie avec ce groupe original. Elle avait commencé à être joueuse dès son premier échange avec cette Nina et il ne fallait jamais me proposer deux fois un de ces jeux de rôle. Je savourais donc maintenant ses réactions à chacun de mes assauts d'amant torride.
J'avais commencé par enlacer sa taille et elle avait posé en retour ses mains sur mes avant-bras pour commencer le jeu. Je m'étais mis ensuite à caresser ses bras et j'avais vu naître son sourire en coin à ces gestes. Elle devait feindre l'indifférence pour assumer sa propre bêtise et elle jouait très bien en basculant sa main sur ma nuque le plus naturellement du monde en continuant de discuter avec nos nouveaux amis. Son audace déclenchait un début de rire que je n'arrivais pas à contrôler et qui n'échappait pas à sa vigilance. Je la sentais me tirer les cheveux et me pincer la main discrètement au même moment pour me rappeler à l'ordre. J'avais beaucoup de mal à retenir mon rire et j'avais eu le réflexe de me cacher sur la première planque à disposition. Je me retrouvais donc malgré moi avec mon visage et ma bouche sur la nuque dégagée de Mia. Et pour des raisons que je n'expliquais pas mais surtout que je ne contrôlais pas depuis hier, mon corps réagissait de nouveau et encore plus délicieusement au contact de cette zone. Je brûlais d'envie de poser mes lèvres sur elle comme je l'avais fait à la sortie du casino et pendant ce bal. J'en avais encore envie et j'avais le prétexte idéal avec ce jeu alors je le faisais dans l'euphorie de la journée, dans l'euphorie de ces vacances et dans l'euphorie de ce trajet très ambiancé. Je me retrouvais donc dans la seconde suivante à la couvrir de baisers très délicats et chastes pendant qu'elle discutait avec cette Nina. J'avais carte blanche et la situation échappait sans prévenir à mon contrôle ensuite. Je franchissais la ligne rouge en glissant très subtilement ma langue sur sa nuque à une unique et quasi-imperceptible reprise. Je l'avais fait instinctivement, sans m'en rendre compte et j'avais très vite ravalé le geste en prenant conscience de la catastrophe. Je venais clairement d'aller trop loin dans le jeu et ce geste malheureux venait de déclencher beaucoup trop de plaisir chez moi. Mais le problème cette fois, c'est que ce même malaise et ce même plaisir étaient en train d'être partagés par Mia. J'en avais la certitude cette fois car j'avais senti de très grands frissons au même moment sur ses bras et j'avais aperçu l'accélération de son rythme cardiaque et de sa respiration qui me démontrait qu'elle venait d'être éprouvée aussi par les sensations.
Alors j'étais plongé dans le brouillard total après ça. J'entendais à peine les bavardages de Nina. Je faisais mine d'écouter, je continuais de tenir Mia dans mes bras mais j'avais bien sûr interrompu tous mes baisers. Mia tenait la position malgré mon dernier geste interdit, elle restait et je l'entendais même reprendre la conversation l'air de rien malgré cette entorse particulièrement grave à notre règlement.
Je décidais de me calmer et de reprendre le contrôle à mon tour en la voyant classer le sujet. Réfléchir à la question était certainement la pire chose à faire de toute façon dans notre situation. C'était le meilleur moyen de se monter la tête et d'extrapoler sur un sujet qui n'en était pas un et c'était totalement inenvisageable dans le cadre de nos relations.
Mes pensées allaient aussi immédiatement vers Charlie et je culpabilisais car j'aurai eu beaucoup de difficulté à justifier un tel écart s'il avait été là pour le voir.
Point de vue : Mia
Le car venait enfin d'arriver à destination après une longue traversée dans le désert. L'endroit était sensationnel. Après toutes ces années à rêver de cet endroit, j'y étais enfin. C'était complètement dingue et transcendant. Il fallait le voir pour le croire. Le décor était complètement lunaire, les burners étaient habillés avec excentricité voir complètement nus, les chars et les ambiances se succédaient et c'était un défilé d'œuvres, d'engins imaginaires et de décors tous plus décalés et indescriptibles les uns que les autres. Cet endroit était le grand frisson dont j'avais besoin dans ma vie en ce moment plus que jamais. Harry m'avait pris dans ses bras et fait tourner dans les airs en voyant mon sourire béat et je lisais la même joie et excitation en retour sur son visage.
"Venez, on va vous faire visiter à vélo !", nous avions décidé de nous laisser porter par Nina et ses amis pour ces premiers temps au festival car ils en étaient déjà à leur troisième édition. Je courais vers le premier vélo étincelant disponible et je prenais la route avec beaucoup d'excitation et d'émerveillement à la découverte de l'immensité et de la complexité de ce lieu. Cette balade de plusieurs heures était fantasmagorique et je ne savais pas si nos téléphones auraient suffisamment de ressources pour tenir le nombre infini de clichés que nous avions envie d'immortaliser. Les folies et les étrangetés se succédaient d'un camp à l'autre et nous avions fini par déposer nos engins pour regagner la liesse générale aux pieds des chars qui envoyaient des musiques techno électrisantes et souvent aussi étranges que ce lieu.
Les rencontres étaient uniques et les moments d'exception se multipliaient. Nous étions inarrêtables et nous laissions tenter par absolument toutes les folies accessibles. Harry venait d'ailleurs de m'obliger à le suivre dans son nouveau caprice. Il m'avait fait escalader cette œuvre monumentale en forme de cheval malgré moi et j'avais fait l'ascenseur de l'extrême guidée par ses pas assurés et expérimentés. J'étais enfin au sommet. Il me portait dans ses bras pendant que je m'autorisais un grand frisson : je relâchais ma tête et mon buste au-dessus du vide vertigineux, je ne tenais que par par la force des bras de Harry qui avait ses mains solidement accrochées à ma taille en réponse à mon caprice. Le sentiment de plénitude que je ressentais à cet instant présent était indescriptible.
"Je me suis jamais sentie aussi vivante de toute ma vie !", j'étais toujours complètement contorsionnée pendant mon aveu. J'avais le sourire très large. C'était en effet beaucoup trop bon de ressentir autant de joie et d'émotions après avoir frôlé la mort d'aussi près il y à plusieurs mois. J'avais vraiment le sentiment de revivre et c'était beaucoup trop grisant de le ressentir auprès de lui, après avoir eu autant peur pour nous et autant peur pour lui. J'avais cette sensation à ce moment précis d'être définitivement tirée d'affaire et de commencer une nouvelle page de nos vies.
"Sauf si je décidais de te lâcher aussi sec" , je riais à gorge déployée maintenant de sa menace. Je savais qu'il n'en ferait jamais rien. J'avais confiance aveugle en ses bras sécurisants. Il n'y avait qu'entre les siens que je m'étais risquée à des portées et des figures dangereuses pendant toutes nos années de danse. J'abandonnais malgré tout ma position de haut vol pour retrouver une posture plus sage et beaucoup plus confortable toujours dans ses bras car je n'avais définitivement pas l'audace d'affronter seule ce vide et cette situation périlleuse. Harry réagissait ensuite en sortant son téléphone. Je me prenais au jeu en immortalisant avec lui ce moment de folie et de félicité parfait. J'en profitais ensuite pour retrouver un peu plus de calme. Je prenais le temps de profiter de ses bras et de ce moment d'exception avec lui pendant que je m'émerveillais de la vue à couper le souffle. Et je le faisais en frissonnant de nouveau sous ses caresses et ses nouveaux baisers très doux dans mon cou. Harry récidivait encore et le geste devenait de plus en plus naturel et acceptable. Mon corps adorait ça visiblement aux vagues de plaisir incontrôlables et systématiques que je ressentais à chaque reprise. C'était déroutant mais j'avais décidé d'en profiter à outrance dans ce cadre parfaitement hors du temps et hors de tout jugement. C'était Harry et moi et tous les prétextes étaient bons au bonheur et au bien-être cette semaine. Je me contrefichais de la suite et je me contrefichais surtout de la jalousie de Charlie.
Nous avions ensuite papillonné de char en char pour profiter de la musique avec nos amis burners, tantôt dans les bras de Harry ou tantôt sur ses épaules. Les caméras officielles avaient très vite jeté leurs dévolus sur notre groupe survolté et bien apprêté et plus particulièrement sur notre binôme. Nous nous en étions donné à cœur joie en dansant ou en enchaînant les poses acrobatiques à deux pour le plus grand plaisir de ces professionnels.
Nous ne pensions pas ensuite que c'était possible mais la nuit apportait avec elle une nouvelle aura encore plus surréaliste avec ses éléments en feu, ses néons et les illuminations des costumes. Cette soirée de clôture s'annonçait grandiose.
Point de vue : Harry
Burning Man était déjà terminé. Notre retour à l'hôtel avait été des plus remarqué. Nous étions méconnaissables avec Mia. Je n'avais jamais été aussi sale de toute ma vie et je ne l'avais jamais vu aussi sale non plus, et pourtant ce n'était pas faute d'avoir déjà été tous deux des naufragés. Les clients nous laissaient donc prendre l'ascenseur seuls pour éviter de s'approcher de nos corps recouverts de la tête aux pieds d'une pellicule de sable épaisse qui empêchait toute transpiration de filtrer. Il y avait cette poussière mais il y avait aussi notre état de fatigue ultime. Nous avions tous les deux très largement poussé nos corps à l'extrême avec les excès en tout genre que ce soit physiquement qu'émotionnellement.
...
J'étais dans l'ascenseur, affalé péniblement contre la cabine quand j'entrais dans un vrai fou rire en voyant Mia se révolter et se dégoûter de son niveau de crasse.
"Rigole si tu veux mais tu fais peine à voir aussi, Harry !", elle s'offusquait et riait en retour avant de reprendre.
"Première pour la douche", j'étais épuisé mais je trouvais le courage de secouer la tête à la négative pour lui faire comprendre que je ne l'entendais pas de cette façon. La galanterie n'était pas à l'ordre du jour ce soir. C'était sauve qui peut dans nos états actuels. Je la voyais se révolter de ma réponse puis s'illuminer au moment où les portes de l'ascenseur s'ouvraient. Il me fallait une fraction de seconde pour comprendre son intention en la voyant réunir ses forces et sortir à toute allure de l'ascenseur.
"OH NON MIA, SUREMENT PAS!", je comprenais immédiatement son projet de monopoliser encore une fois la douche. Je pouvais juste me douter du temps qu'il lui faudrait dans son état actuel et il était hors de question que je reste sur la touche pendant ce temps indéfini. J'en avais envie et besoin autant qu'elle et j'avais l'intention de me battre cette fois.
Mia était vive mais j'avais réussi à la suivre jusqu'à la salle de bain dans cette course poursuite éreintante qui finissait de me mettre chaos. Il n'y avait pas de perdant. Nous étions en ce moment tous les deux assis sur le sol marbré de la douche, essoufflés, complètement habillés et affalés contre le mur. L'eau coulait abondamment entre nous, elle commençait à purifier nos corps gentiment et je commençais à montrer les premiers signes de bien-être en même temps que Mia. Je la sentais de son côté prendre l'initiative de glisser sa main dans la mienne et poser sa tête sur mon épaule. Aucun de nous ne parvenait à bouger. Nous étions en train de profiter silencieusement des sensations jusqu'à ce que nos rires reprennent à la vue de cette eau crasseuse qui ne finissait plus de s'évacuer à travers le siphon de la douche. La crise de fou rire qui suivait après ça était aussi délicieuse pour nos âmes que douloureuse pour nos corps. J'étais quelque part entre le bonheur intense et l'épuisement extrême avec elle.
"Je vais m'endormir ici et ne plus jamais me réveiller. De toute ma vie", j'étais à la limite de rire encore plus après cette confidence mais je me ravisais car j'étais beaucoup trop attendri par son air et sa voix épuisée. Je la fixais plusieurs secondes en déposant un baiser sur son front et je n'avais plus qu'une seule obsession à partir de là : lui offrir le confort réparateur de son lit. J'étais poussé par cet élan protecteur habituel avec elle et je puisais les dernières forces qu'il me restait pour lui offrir ce salut bien mérité. Je la gardais dans mes bras pendant que je prenais l'initiative non concertée de la déshabiller. Mia se laissait faire bien volontiers. J'entendais son soupir de bien-être en me voyant lui retirer ses bottines puis ses vêtements un à un. Elle était maintenant en sous-vêtement et je commençais à la débarrasser de tout ce sable et de toute cette saleté. J'avais commencé par purifier son visage d'ange, puis ses cheveux de princesse et j'avais terminé par son corps de déesse. Elle était enfin propre comme un sou neuf dans mes bras au terme d'efforts particulièrement durs à soutenir et je m'autorisais enfin un repos en la gardant contre mon torse.
J'étais tiré ensuite de ma somnolence par Mia qui se relevait à son tour et me regardait avec un sourire particulièrement tendre et affectueux et je comprenais, en la voyant poser ses mains sur mon gilet qu'elle avait pour projet de me retourner les mêmes attentions.
"Tu pèses une tonne. Aide-moi", alors je faisais de mon mieux pour l'aider aussi à me déshabiller et je soupirais largement de bien-être à mon tour en sentant ses mains délicates sur mon corps, en recevant ses gestes doux et en sentant ma peau se purifier de toute cette saleté.
Je n'arrivais pas à décoller mes yeux d'elle pendant qu'elle le faisait. J'étais captivé par son visage et par ses mouvements. Je refermais les yeux ensuite en la voyant terminer mais je les rouvrais de nouveau en la sentant poser un peignoir sur mes épaules.
"Courage, mon Prince. Plus que quelques foulées et c'est terminé"
Et c'est à l'entente de sa voix douce, de ce surnom et dans mon état de fatigue extrême que je me laissais complètement submerger et surprendre par ce sentiment d'amour infini et débordant que je ressentais pour elle.
J'avais le cœur accablé de l'entendre prendre soin de moi avec autant d'application. J'étais brutalement ramené au souvenir de notre première rencontre. J'avais réagis à l'instinct en voyant ce croate lever la main sur elle sur cette plage. Je l'avais défendu et j'avais pris soin d'elle à compter de ce moment et je n'avais jamais eu de cesse de le faire. Je la chérissais depuis toujours, comme la prunelle de mes yeux, et elle me le rendait merveilleusement bien. Elle me le rendait aujourd'hui mais je repensais aussi à l'Ile et à tout ce qu'elle y avait fait pour moi. Je repensais à ces dernières semaines depuis nos retrouvailles au Mexique et tout ce qu'elle avait entrepris pour me ramener à la vie.
L'amour que je ressentais pour Mia à cet instant précis hors des limites et sans limite. Il était terriblement puissant et bienfaiteur mais il était aussi dévastateur et ravageur. Je me laissais envahir sous le coup de la fatigue mais je prévoyais de rapidement me ressaisir car je n'avais pas le droit de ressentir ça pour elle. Je n'avais pas le droit de gâcher cette amitié exceptionnelle, je n'avais pas le droit de faire ça à Charlie et j'avais encore moins le droit de faire ça à Victoria.
