Point de vue : Mia
Le réveil était particulièrement pénible ce matin.
J'avais vomis à deux reprises pendant la nuit à cause des mots d'Olivia. J'avais eu toutes les peines du monde à conserver mon sang froid face à elle pour ne pas l'encourager dans ses élucubrations mais surtout afin de ne plus avoir à discuter de cet évènement particulièrement honteux devant Harry.
J'étais désormais dans le salon. J'avais relevé le malaise généralisé à mon arrivée mais j'avais pris place l'air de rien après une salutation très franche en les laissant reprendre leurs discussions. J'étais décidée à jouer l'autruche mais je trouvais quand même le courage de revenir sur les événements de la veille pour conclure.
"Tom est allé chez ce Jérémy ce matin", toutes les discussions s'interrompaient et je sentais les regards très sérieux d'Olivia et Harry. Je me concentrais sur mes tartines pour ne pas ciller et je continuais mon point d'information.
"Il était plutôt choqué de voir la police à sa porte mais il a confirmé à Tom qu'il ne me connaissait pas avant lundi et qu'il n'était pas au courant pour le spectacle. Il a précisé qu'il s'était un peu laissé dépasser par son envie de me revoir et il s'est empressé de supprimer mon numéro. Tom a vérifié à son retour au poste et effectivement la place de spectacle était une surprise de ses amis pour ses 35 ans. Ils avaient dans l'idée de le rencarder car il s'avère que ce Jéremy est réellement célibataire. "Antony" serait son prête-nom lié au secret professionnel. Tom n'a pas eu le droit de me donner plus de détail mais il m'a confirmé que ce Jérémy était blanc comme neige", je notais le silence complet autour de la table puis le soupir de soulagement d'Olivia. J'étais évidemment aussi libérée d'un poids mais je me retenais de l'extérioriser pour ne pas qu'Olivia sache qu'elle était parvenue à m'effrayer et je terminais sur un ton ferme pour lui passer l'envie de recommencer.
"Et au risque de te décevoir Olivia, Tom n'a pas trouvé ma lingerie chez lui. Donc je viens de me ridiculiser et d'humilier ce type pour rien. Alors évite moi ces crises d'hystérie à l'avenir et apprends à me faire un peu plus confiance", elle baissait le regard de honte en hochant la tête silencieusement et docilement. Je n'avais pas jugé utile d'en remettre une couche et j'avais repris mon petit déjeuner en clôturant le sujet.
Liam, qui était complètement en dehors des tensions faisait tous ses meilleurs efforts ensuite pour détendre l'ambiance.
"Je nous ai réservé un parcours de via ferrata. Vous allez vous préparer ? On file dans trente minutes"
"C'est un super programme Liam mais ce sera sans moi, je dois rester travailler"
"...Ça ne peut pas attendre lundi ?", c'était Harry cette fois qui intervenait. J'étais étonnée car je pensais de son silence de plomb qu'il ne voulait plus me parler mais ce n'était visiblement pas le cas car il réclamait ma présence et me parlait avec un ton très mielleux pour me convaincre de les accompagner.
"Désolée... J'ai des urgences administratives à régler pour le spectacle... Ne laisse pas Olivia se fouler la cheville et envoyez-moi des vidéos ?", Harry semblait douter de ma sincérité à ma réponse mais ce n'était pas un mensonge pour une fois. Le timing prêtait à confusion mais je devais vraiment rester travailler malgré mon envie très forte de les suivre. Alors j'essayais de le rassurer et de le convaincre, pour ne pas rester sur le souvenir de cette pénible soirée. Je me levais, pour quitter la pièce, mais en déposant un baiser timide et tendre sur sa joue. J'avais marqué un temps d'arrêt dans l'espoir d'une réaction de sa part mais je constatais avec beaucoup de déception qu'il ne me le rendait pas.
Je décidais d'en rester là avec la fierté qu'il me restait, je libérais donc son espace vital et j'amorçais un premier geste pour partir mais Harry changeait d'avis à la dernière seconde. Je le sentais saisir ma main de justesse puis mes hanches pour m'interrompre. Il continuait de me surprendre ensuite en me ramenant contre lui et en plongeant sa tête contre ma poitrine. Il s'installait confortablement, sans la moindre autorisation, en m'enlaçant très étroitement et en laissant échapper soupir d'aise très perturbant. J'étais rouge écarlate en prenant conscience de cette position inédite. Ma raison me disait d'écourter mais mon corps était rebelle. J'hésitais sur les suites à donner mais l'assurance et le plaisir de Harry me faisait céder. Je choisissais d'ignorer ma gêne et de lui rendre son geste de paix et sa tendresse libératrice. Je le serrais dans mes bras et je caressais sa nuque en déposant plusieurs baisers dans ses cheveux. Et je ronronnais de plaisir à la limite de l'évanouissement en sentant ses mains chaudes se faufiler sous mon débardeur et caresser ma taille.
J'aurai pu rester dans cette position indéfiniment mais je finissais par rouvrir les yeux dans un élan de lucidité en prenant de nouveau conscience de l'environnement et des témoins présents. Et effectivement, je croisais le sourire malicieux d'Olivia qui me sortait de ma bulle et me mettait de nouveau très mal à l'aise. Sa réaction me faisait quitter à contrecœur les bras de Harry. Harry qui se laissait faire, après un dernier baiser très doux sur mon épaule.
Je partais donc, sur ce dernier élan d'affection très agréable en essayant de faire taire tant bien que mal l'armée de papillons qui s'affolait dans mon ventre. J'avais regagné ma chambre ensuite et je les entendais tous se préparer puis quitter le chalet. J'étais enfin seule après ça, avec plusieurs heures libres devant moi, sans entraînement ni pression. J'avais très vite choisi de savourer ce moment de solitude pour me détendre et venir à bout des dernières tensions. J'en avais abandonné la majorité dans les bras de Harry quelques instants plus tôt mais je me débarrassais définitivement des dernières après une pause au sauna et une bonne lecture devant la cheminée. J'étais maintenant définitivement d'aplomb pour les visioconférences planifiées cet après-midi pour les préparatifs de Thanksgiving.
J'avais commencé par appeler Tom pour revoir les sujets sécurité, puis Irina pour boucler l'agenda des dernières répétitions et enfin, j'avais contacté les deux invités mystères que j'avais réussi à mobiliser pour l'évènement.
Contrairement au second invité que j'avais réussi à motiver très facilement, la venue du premier invité relevait de l'exploit ou du miracle. Tout était parti d'une de mes vidéos il y a deux semaines. J'avais sauté au plafond en voyant son commentaire appréciateur et sa demande d'abonnement. J'y étais allée au culot en démarrant une conversation privée et c'est de cette façon que je me retrouvais, de fil en aiguille, avec le guest de l'année pour la fête au QG. Il venait de New York spécialement pour ça, après des mois sans aucun concert en Europe et je venais de confirmer avec lui les derniers détails logistiques. La soirée allait être énorme, mais surtout, Harry allait être fou de joie. C'était un de ses artistes préférés et j'avais toutes les peines du monde à garder le secret depuis une semaine pour lui ménager la surprise totale. Je n'avais tenue informé que Tom qui me maudissait à chaque opportunité pour le remue-ménage que j'allais occasionner dans le quartier, et je l'avais dis aussi à la direction du QG qui allait accueillir le showcase de deuxième partie de soirée et me traitait comme le messie depuis.
Je venais donc de conclure avec mon premier invité mystère et il me restait le deuxième. Il était 17h et je lançais l'appel en espérant qu'il n'ait pas oublié le rendez-vous avec le décalage horaire. Mais ce n'était pas le cas, il décrochait et avec beaucoup de ponctualité.
"Bonjour, beauté"
"Bonjour, Ricardo...", le sourire que je lui rendais était spontané et sincère.
"Seigneur…Tu es encore plus irrésistible...comment est-ce que tu fais ça ?", je riais cette fois car j'étais très amusée de voir qu'il se mettait déjà à m'attaquer. J'étais aussi sincèrement heureuse de le revoir car je gardais beaucoup de tendresse pour cet homme qui m'avait sorti de ma profonde dépression au Mexique. Ricardo m'avait sauvé en me prouvant que la vie pouvait continuer. Il l'avait fait grâce à son humour intarissable et son audace sans précédent. J'avais ressenti le plein de sensations fortes dans ses bras pendant la période la plus tétanisante de mon existence. Il m'avait fait revivre en me choyant toutes ces nuits comme une reine et en me faisant renouer avec ma passion pour la danse. Contre toute attente également et du haut de mes 30 ans, cet homme avait parfait mon éducation sexuelle et je lui devais encore aujourd'hui les meilleurs orgasmes de ma vie. Pour toutes ces raisons, Ricardo avait mon affection et ma reconnaissance éternelles.
"Mmmh. C'est peut-être le célibat qui me va bien au teint ?"
"Je t'avais dit que tu te lasserais de ce Charlie. Il était beaucoup trop coincé pour toi", je riais encore et décidais de noyer le poisson pour ne pas trop exciter la fougue de cet homme.
"...Comment tu vas ? Est-ce que tu tiens le rythme avec ta nouvelle vie trépidante ?"
"Bien sûr ! Tu sais mieux que personne que j'ai de l'énergie à revendre…", je rougissais maintenant définitivement au sous-entendu pervers. Cet homme était irrécupérable, je l'intéressais toujours autant incontestablement et je devais me préparer, sans l'ombre d'un doute, à subir ses nombreux assauts ce weekend. Je devais me blinder férocement pour résister à ses coups de bélier très habiles. J'avais cédé à cette thérapie par le sexe il y a neuf mois au Mexique mais je m'y refusais aujourd'hui. Si le sujet était plus que tentant sur le papier, j'avais peur de subir le même retour de couche désagréable que ma dernière nuit avec ce Jérémy.
"Ton vol atterri quand ?", Ricardo me rendait une moue désapprobatrice mais il jouait le jeu en acceptant que je mène la danse comme toujours.
"Jeudi. Je vais enchaîner les projections et interviews donc je suis désolé de te décevoir mais tu vas devoir attendre le spectacle pour me sauter au cou".
Nous avions continué ensuite en parlant des détails de la soirée et en rattrapant le fil de nos vies et de nos success story respectives. J'avais ri aux éclats face à ses nombreux commentaires et ses anecdotes. Son énergie et son optimisme étaient toujours aussi revigorants. C'était de cette façon que j'avais cédé la première fois : Ricardo était bourré de charme, il était constamment dans l'humour et la sympathie mais surtout, il me prenait pour ce que j'étais au présent, sans jamais m'infliger aucune pression sur l'avenir mais surtout sans m'obliger à replonger dans le passé. Je me languissais donc vraiment de retrouver cette légèreté. J'allais juste devoir lui imposer cela en toute amitié car il était le fruit défendu désormais et ma surprise aux filles avant tout, et c'était la partie la plus difficile à lui faire intégrer.
"Ils viennent de rentrer, je te laisse"
"Déjà ?!"
"Tu rigoles ? Ça fait plus d'une heure qu'on discute"
"Oui, soit à peine la durée moyenne de nos préliminaires. Si tu as oublié, il va falloir que je te rafraichisse la mémoire ce weekend, Mia", je rougissais et riais aux éclats pour la millième fois et je reprenais le plus innocemment possible.
"Dans tes rêves ! Et tu n'oublies pas, ça doit rester un secret absolu, je compte sur toi !"
"Promis ! Tu prévois de me mettre un nœud rouge autour du cou ?...et est-ce que je dois être habill...?", je riais encore pour la dernière fois, en décidant ce coup-ci de lui raccrocher au nez. J'avais tout éteint ensuite et je regagnais le salon et le groupe.
"Alors ?! C'était comment ?", je n'avais pas le temps d'obtenir ma réponse que Harry m'interpellait.
"C'était la voix de Ricardo ?", je me figeais d'être démasquée. Harry avait écouté aux portes et je devais tuer le sujet rapidement pour deux raisons : la première parce que je ne voulais pas que Olivia découvre le pot aux roses et la seconde puisque je ne voulais pas éprouver mes théories autour des hypothétiques crises de jalousie de Harry.
"Ahein", je n'avais pas trouvé mieux que ce bruit et bien sûr la réponse ne donnait pas satisfaction à Harry.
"C'était lui ton urgence administrative ?", la réplique avait tout d'un reproche mais le sourire malicieux que me rendait Harry en même temps était contradictoire. Si la scène d'hier était une crise de jalousie, Harry aurait dû dérailler complètement pour Ricardo. Il connaissait mieux que personne mon historique avec lui. Il en aurait fait son ennemi numéro 1 s'il s'était amouraché de moi et encore plus s'il venait de surprendre notre échange rieur et sexy de tout à l'heure. Alors je concluais que sa crise d'hier n'était pas une crise de jalousie. J'étais tout autant soulagée que déçue mais je classais le sujet.
"Attends ! Ton Ricardo ? LE Ricardo ? Ricardo Gomez ?", je riais face aux petits cris et mimiques hystériques d'Olivia. Liam quant à lui était excédé et la rappelait à l'ordre sans tarder.
"Sérieusement, Olivia ?"
"Oh ça va, chéri"
"Non, avoue-le, ce mec te fait mouiller et tu rêves que Mia t'obtiennes un rôle dans son prochain film ?", je riais discrètement de mon côté face à sa scène jusqu'à ce que Harry reprenne la parole.
"Film ? Attendez, de quoi vous parlez là ?", je le regardais de façon tout à fait interloquée mais à la réflexion, le film n'était pas encore sorti en France donc c'était tout à fait plausible que Harry ne soit pas au courant. Je m'apprêtais donc à le mettre au parfum mais Olivia me devançait.
"Quel film ? Tu vis dans une grotte ou quoi depuis un mois ?", j'en souriais encore mais je restais sagement à l'abri derrière mon verre en laissant Olivia lui refaire le topo car elle adorait tous ces sujets people et ragots. Je l'écoutais donc raconter à Harry comment Ricardo était passé d'agent immobilier à acteur et artiste international en si peu de temps. Je le voyais tomber des nues et mitrailler Olivia de questions, il rattrapait son retard en consultant les unes anglaises et il était complètement scié. Il l'était encore plus en découvrant des extraits du film qui était en train de lui apporter un tel succès. Ricardo faisait en effet trembler toutes les anglaises en ce moment dans ce rôle d'amant bouillant que je trouvais, de façon troublante, particulièrement fidèle à la réalité.
"Seigneur, ne me dis pas qu'il t'a aussi fait ça...", j'étais maintenant plus que gênée face à la scène très chaude que pointait Harry du doigt. Olivia riait de son côé de façon approbatrice mais de mon côté, je rougissais et je conservais mon droit de garder le silence pour ne pas leur donner encore plus matière à jaser. Dieu merci, Harry n'insistait pas.
"Donc vous êtes en train de me dire que tu as eu une liaison torride avec la prochaine révélation masculine de l'année ?", je me cachais définitivement derrière mon verre et Olivia répondait pour moi avec euphorie.
"OUI ! C'EST ÉNORME NON ? Mais tu lui parles toujours ? Oh, quand je vais dire ça aux filles...", je souriais puisque ça allait effectivement être le cas. Les filles rêvaient toutes de le voir mais surtout de tenter leur chance.
"Je ne savais pas non plus que vous aviez gardé contact. Vous vous parlez souvent ?", c'était encore Harry qui reprenait malgré l'hystérie de Olivia. Il avait toujours ce ton avenant alors je répondais innocemment.
"Non, occasionnellement. Il m'appelait pour me dire qu'il serait de passage à Londres ce weekend pour la promo de son film", j'étais obligée de me reposer sur cette demie-vérité car les filles le suivaient très assidûment sur les réseaux.
"Oh mon dieu, tu n'as pas intérêt d'aller à une soirée jetset sans moi !", c'était Olivia qui intervenait encore avec la même excitation. J'étais soulagée de voir qu'elle n'avait pas relié les wagons avec la soirée de Thanksgiving. De son côté, Harry l'ignorait et reprenait son interrogatoire.
"Je vois… Donc tu comptes remettre ça le weekend prochain avec ton mâle alpha ?", le ton de Harry était toujours neutre. Je ne notais aucune amertume ni animosité contrairement à hier mais il attendait ma réponse avec le même aplomb.
"Non, ce n'est pas prévu. Je n'aime pas le goût du réchauffé", je lui rendais un sourire malicieux après ma réponse sincère mais Harry semblait peu convaincu.
"Tu ne l'avais pas prévu non plus la première fois, de mémoire", malheureusement, Harry avait toujours eu une excellente mémoire pour ces choses là et je me maudissais aujourd'hui de m'être autant livrée à lui sur ces sujets intimes. Je voulais me cacher dans un trou de souris mais je répondais avec le plus de convictions pour finir de le convaincre.
"Oui, mais je suis une femme forte maintenant… Qui a de plus, et depuis peu, interdiction de s'offrir au premier venu n'est-ce pas ?", Harry riait maintenant face à mon ton joueur et ma référence à sa dernière démonstration d'autorité. Je le sentais un brin hésitant mais il se retenait malgré tout de commenter davantage alors j'en profitais pour faire ma transition.
"Sinon sur un tout autre sujet, ça vous dit de sortir ce soir ? J'ai vu qu'il y avait un concert en ville"
"Je croyais qu'on devait rester sage, patronne ?"
"Mais on le sera ! L'endroit a l'air familial et les portes ferment à minuit. On peut s'autoriser un verre ou deux"
"Il ne faut pas me le dire deux fois, tu le sais bien, donc je te suis", je remportais une première victoire avec cette réponse positive de Olivia. Je regardais ensuite Harry qui avait l'air moins séduit par l'idée. Je me dépêchais donc de me suspendre à son cou en le séduisant avec mon plus redoutable minois de chat botté. Harry y succombait rapidement et je déposais spontanément un baiser joyeux sur sa joue pour le récompenser. Je subissais après ce geste une délicieuse pluie de papillons dans mon ventre et je décidais de le réitérer dans l'espoir de le ressentir de nouveau et effectivement, ça ne ratait pas. J'étais vraiment en train de développer une addiction dangereuse à cette sensation.
Point de vue : Olivia
"On doit partir à quelle heure, ma biche ?"
"Mmh dans deux heures, ça me parait bien ?", je méditais sur la réponse de Mia pendant que je la regardais déambuler et grignoter dans la cuisine tranquillement. Je regardais aussi Harry qui était allongé calmement dans le canapé. L'ambiance était très agréable, il n'y avait plus de cris, plus de tension, le feu crépitait délicieusement dans le foyer de cheminée et le soleil était couchant. De mon point de vue, c'était le moment parfait pour leur permettre de poursuivre leur réconciliation, seuls à seuls cette fois.
"Merveilleux. On va faire une sieste alors, à tout à l'heure", Liam m'avait regardé avec une moue désapprobatrice mais il m'avait suivi sans discuter. Nous avions tendu l'oreille ensemble quelques minutes en entendant Mia et Harry rire et discuter dans le salon puis nous avions fini par nous assoupir réellement après un silence d'un ennui mortel.
J'étais maintenant bien réveillée, une heure plus tard, et je sortais à pas de loup de la chambre pour rejoindre Mia et Harry là où je les avais laissés. Je riais de voir Liam m'emboiter le pas avec la même gaminerie. Je lui faisais des signes pour l'obliger à faire moins de bruit et je lui intimais ensuite de s'arrêter en les voyant enfin dans le salon.
J'avais initialement orchestré ce moment dans l'espoir qu'ils retrouvent leurs chamailleries et rires habituels mais ce que j'avais sous les yeux était infiniment mieux. Mia et Harry étaient étroitement enlacés et profondément endormis dans les bras l'un de l'autre, dans ce canapé. Ils avaient cédé à l'appel de la sieste mais ils avaient surtout succombé encore un peu plus à leur attraction physique. Je le voyais à leurs visages collés et aux mains baladeuses sous leurs pulls respectifs. L'ambiance était en train de se réchauffer dangereusement entre eux et en qualité de première fan, j'étais surexcitée et je ne résistais pas à mon envie de les prendre en photo. Je décidais par la même occasion de forcer un peu le destin en publiant la photo sur ma page publique avec un commentaire que je trouvais parfaitement approprié "J-6 : Parenthèse de douceur bien mérité de la Reine dans les bras de son Roi".
"Tu n'as pas trouvé plus subtile ?", je souriais à ce chuchotement de Liam qui avait lu par-dessus mon épaule.
"Non? N'oublies pas que j'ai encore deux paris à la traîne, chéri", je souriais en me rebellant le plus silencieusement possible.
"Retire-la, Olivia !"
"Non !"
"Enlève le commentaire au moins !"
"Encore moins. C'est la meilleure partie !"
Nous avions ensuite commencé à déambuler plus franchement dans la cuisine car il était malheureusement l'heure de réveiller progressivement la maison mais Mia et Harry étaient encore endormis et imperturbables. C'était une bonne chose après réflexion car mon téléphone s'était mis à s'agiter entre temps et nous étions maintenant en train de parcourir le flux impressionnant de réactions qu'étaient déjà en train de susciter ma publication. J'étais satisfaite mais à peine étonnée puisque Mia et Harry avaient toujours réussi cet exploit. Au-delà du fait qu'ils étaient objectivement et individuellement de véritables gravures de mode, ils étaient terriblement craquants ensemble. Adolescente, j'étais d'ailleurs la première à détailler, aimer et commenter leurs innombrables photos et vidéos. J'avais même créé un album spécifique pour pouvoir me les repasser indéfiniment donc j'étais particulièrement fière aujourd'hui d'être celle à créer ce nouveau buzz autour d'eux des années plus tard. Je m'en délectais et m'en extasiais bruyamment avec Liam au point de sortir Mia et Harry de leur sommeil.
"Bien dormi les amoureux ?", j'avais caché mon sourire derrière ma tasse à cette entrée en matière en ignorant le regard désapprobateur de Liam face à mon manque de finesse. Je voyais d'ici les joues rougissantes de Mia et le sourire timide de Harry mais contrairement à ce matin, aucun d'eux ne fuyait. Au contraire et à mon plus grand bonheur, je les regardais se désintéresser totalement de notre présence et émerger toute en douceur en se flattant de papouilles très attendrissantes. J'aurais dû détourner les yeux et leur laisser leur intimité mais ma curiosité était maladive. Je ne pouvais pas m'empêcher de les dévisager, de scruter leurs regards amoureux, leurs sourires doux et leurs chuchotements. J'étais en plein délit de voyeurisme mais je ne pouvais pas détourner mes yeux de ce couple qui me faisait fantasmer et rêver depuis mon plus jeune âge.
"Il est quelle heure, Olivia ?", c'était Mia qui se décidait à rompre le silence.
"Presque 20 heures. Soit à peu près l'heure d'aller vous préparer !", et j'étais encore plus ravie de la voir pour la millième fois succomber à son envie d'embrasser Harry avant de quitter le canapé. Elle avait visiblement décidé de se laisser aller. Enfin.
Nous avions ensuite rejoint le bar une heure plus tard. L'endroit nous avait fait très bonne impression dès l'entrée. Le lieu était comme l'avait annoncé Mia, très convivial et chaleureux. L'ambiance était décontractée mais surtout la musique était excellente. Ces excellents musiciens nous berçais de musiques old school très enthousiasmante et je me régalais de ce moment en tête à tête avec elle sur la piste de danse.
J'étais donc contrariée de voir cet homme interrompre ce parfait moment de communion avec ma mentor, j'étais fatiguée de le voir me tourner le dos et chuchoter à l'oreille de Mia mais je ne m'en formalisais pas puisque c'était toujours comme ça avec elle. Mia était constamment au centre de l'attention. Qu'il s'agisse des filles ou de moi, nous n'étions que les planètes qui gravitaient autour du soleil. Mais bizarrement je la plaignais plus que je la jalousais puisque je trouvais ces sollicitations étouffantes voir irrespectueuses à la longue. J'étais tenté de congédier cet homme sans délicatesse mais Mia mettait encore un point d'honneur à rester aimable et souriante. Elle répondait à sa poignée de main chaleureuse et elle souriait timidement à ses paroles. Elle avait visiblement la situation sous contrôle et je me contentais donc d'attendre sagement qu'il passe son chemin.
Mon regard se portait instinctivement vers la table des garçons pour assurer nos arrières dans l'hypothèse où ce type n'en démordrait pas et j'étais rassurée de voir que je pouvais pleinement compter sur le soutien de Harry. Je le voyais, malgré la distance et la foule qui nous séparait, suivre attentivement la scène avec son regard de tireur d'élite. Harry n'écoutait pas un traître mot des bavardages de Liam, il était totalement focalisé sur les faits et gestes de cet homme. Liam me l'avait déjà dit mais je le constatais ce soir de mes propres yeux : Harry était prêt à bondir et à sévir sévèrement au moindre faux pas contre Mia. C'était donc certainement pour cela qu'elle rendait autant de politesse à cet homme : pour gérer la situation pacifiquement et éviter une intervention musclée de Harry. Je continuais donc de le regarder de cette façon avec beaucoup d'amusement jusqu'à ce que je le vois reporter son attention sur Liam. J'en déduisais que Mia était enfin libérée de cet homme et c'était effectivement le cas. Je le regardais s'éloigner d'elle et se diriger vers la scène mais je le voyais revenir ensuite rapidement et lui prodiguer un baise-main qu'elle acceptait en riant.
Pour le coup, je trouvais qu'elle allait beaucoup trop loin dans l'amabilité mais je comprenais, en entendant la musique changer subitement et en entendant les premières notes, que cet homme venait de lui réclamer un rock endiablé. Je m'éloignais aussitôt d'eux dès leurs premiers pas, comme le reste des clients de l'établissement et j'en profitais pour rejoindre Harry et Liam pour admirer avec eux ce spectacle qui valait vraiment le détour. J'étais la première à m'en régaler et je supposais que les clients de ce bar pommé n'avaient pas souvent l'occasion de voir une danseuse aussi éblouissante que Mia au vu de leur optimisme et de la force des applaudissements.
Je la trouvais particulièrement rayonnante en ce moment, elle était toute en simplicité dans cette tenue décontractée et ce maquillage discret qui soulignait ses traits avec douceur. Mia ressemblait définitivement à un ange ce soir malgré le rock démoniaque qu'elle était en train de danser. J'étais émerveillée et je me trouvais définitivement ridicule de la regarder aujourd'hui avec le même niveau d'idolâtrie qu'à mes 14 ans.
J'étais en effet en plein milieu de l'adolescence quand Mia avait commencé la danse. Je faisais partie de ses premiers fans. Je n'avais jamais manqué la moindre de ses vidéos et de ses photos, j'avais appris à danser dans ma chambre de jeune fille en reproduisant ses chorégraphies. J'étais timbrée, comme n'importe quelle gamine avec son modèle, mais la folie était retombée en grandissant. J'étais devenue beaucoup moins hystérique avec le temps mais l'admiration, elle, n'avait jamais faibli. Je m'étais même offert ce voyage à Bruxelles à mes 18 ans pour la voir concourir avec Harry et j'avais continué de trouver de l'inspiration sur ses vieilles chorégraphies, même après l'interruption de sa carrière. Je me souviens donc très bien de l'excitation que j'avais ressenti en voyant mes alertes s'affoler il y a quelques mois. J'avais tétanisé d'apprendre que Mia était dans ma ville, qu'elle reprenait la danse mais pire encore, qu'elle ouvrait son propre studio et auditionnait des femmes de mon âge. Je n'avais pas réfléchi plus d'une seconde avant d'y aller, j'avais fait la queue des heures comme toutes ces femmes et j'avais vécu le plus grand stress de ma vie pour cette audition. Je me rappelle encore à quel point j'avais été impressionné de la rencontrer, de lui parler et de danser pour elle. Je me rappelle aussi parfaitement de la joie intense que j'avais ressenti en recevant son coup de fil et en apprenant que j'allais intégrer son cours. C'était incontestablement le jour le plus euphorisant de ma vie.
Je mesurais donc parfaitement ma chance en ce moment, je mesurais le privilège immense que j'avais d'être sa première danseuse, de faire ce spectacle exceptionnel en duo avec elle et d'être devenue également son amie. J'étais heureuse et fière comme jamais car j'avais réalisé mon rêve de gamine en faisant carrière à ses côtés et je lui devais également cette très belle rencontre avec Liam.
"Bon sang, cette femme est absolument parfaite. Je vais la tuer dans son sommeil et me réincarner en elle", la réplique de psychopathe était sortie à haute voix malgré les soins que je prenais depuis des mois à faire preuve de maturité pour contenir mes instincts primaires de groupie. J'avais donc très envie de me pendre en comprenant que Harry m'avait entendu. Je le regardais avec un peu de stress interrompre ses applaudissements et sifflements et me rendre son sourire le plus moqueur avant de se pencher à mon oreille pour me parler. Je m'attendais à subir une belle humiliation de sa part.
"Aucune chance que je te laisse faire ça, Olivia", mais non, Harry ne se moquait pas et pire il confessait sa propre idolâtrie à demi-mot et pour la première fois devant moi.
Point de vue : Harry
"Il faut qu'elle arrête ça tout de suite avant de se blesser !", je riais en voyant Olivia courir vers la piste de danse et se jeter de façon audacieuse entre Mia et son partenaire. C'était encore plus drôle de la voir interrompre la danse courageusement malgré les cris désapprobateurs du public puis tirer Mia de force par le bras pour l'obliger à quitter la piste.
Je réalisais ensuite que j'étais encore plus fanatique qu'Olivia en voyant Mia revenir à notre table avec ce sourire à tomber par terre. J'étais complètement sous son charme, aujourd'hui plus que jamais. J'avais touché les portes du paradis ce matin contre sa poitrine et cet après-midi dans ce canapé contre elle. J'avais passé un moment enchanteur dans ce chalet, devant ce feu de cheminée, avec son visage d'ange collé au mien, ses mains douces sur ma peau et son corps parfaitement blotti contre le mien.
"Ça en est fini des acrobaties pour ce soir, ma belle !", j'avais intercepté Mia des mains de Olivia en les voyant passer à ma hauteur.
"Une dernière... ?"
"Non. Tu vas devoir te contenter de mes genoux pour le reste de la soirée, pour ton propre bien", et je l'avais ramené sur mes genoux autoritairement en prononçant ce mensonge puisque je le faisais uniquement pour mon plaisir personnel.
"Mon propre bien, hein ?", je lui rendais mon sourire le plus malicieux en retour et je maintenais ma prise ferme pour la dissuader de fuir à cet aveu de faiblesse. J'étais donc le plus heureux des hommes en la voyant accepter mon initiative et passer son bras autour de mes épaules en s'installant plus confortablement.
Je la fixais ensuite inlassablement et avec idolâtrie pendant qu'elle entamait un échange animé avec Liam. Je la gardais précieusement dans mes bras, je caressais son dos continuellement et je déposais des baisers fréquents sur son épaule comme l'aurait fait un parfait petit ami. Je l'avais senti surprise et gênée au début, comme ce matin dans la cuisine, puis elle s'était détendue jusqu'à devenir tout à fait à l'aise avec la situation.
Ce manège entre nous avait continué même après le départ de table de Olivia et Liam. Mia s'était maintenue dans mes bras, elle avait continué à discuter avec moi et à me câliner sans retenue. J'étais enfin en train de progresser vers un niveau d'intimité sans précédent avec elle. De mon côté, je n'arrivais plus à m'en décoller, je savais que j'allais ressentir cruellement le manque à Paris cette semaine et je sentais que Mia était en passe de devenir tout aussi accro que moi.
Elle me donnait vraiment l'impression aujourd'hui d'être à moi mais je ne perdais pas de vue le fait qu'elle ne l'était pas. Je me doutais depuis ses paroles dures dans ce jacuzzi qu'elle se laissait faire volontiers à cause de ses chagrins. J'avais décidé pourtant de ne pas abuser de ses faiblesses mais j'avais changé brutalement de fusil d'épaule cette nuit, après toute cette histoire avec ce Jérémy car je n'acceptais pas l'idée qu'un autre homme me vole mes privilèges. J'avais été assez stupide pour me sentir en sécurité jusqu'à présent. Je n'avais pas anticipé les conséquences de la douche froide infligée par Charlie le weekend dernier alors qu'il avait bel et bien réveillé la lionne. Il l'avait révolté et elle s'était empressée d'acter son nouveau célibat dans les bras de cet inconnu. J'étais donc très réveillé à mon tour maintenant et j'avais encore plus conscience de ma situation périlleuse depuis mon retour de balade de cet après-midi.
J'avais été poussé par un élan de curiosité en l'entendant rire aussi bruyamment dans sa chambre et je m'étais tapé la tête contre le mur de frustration et d'exaspération en reconnaissant le ton baratineur et charmeur de son mexicain. J'avais donc très chaud car j'avais parfaitement conscience que sa dernière sortie de route sans saveur de lundi avec ce Jérémy ne souffrait d'aucune comparaison avec sa liaison mémorable et fulgurante avec Ricardo.
J'avais donc sondé Mia le plus adroitement possible pour l'inciter à la confidence mais je n'étais pas convaincu de ses réponses. Je persistais à croire, avec beaucoup de lucidité et de vivacité, que j'étais en danger et que j'allais devoir abattre mes cartes plus rapidement que prévu pour éviter qu'elle ne me file entre les doigt. J'avais donc retourné la situation longuement dans ma tête avant cette sieste pour mesurer mes chances face à ce sex symbol redoutable.
Physiquement, il était le style de toutes les femmes avec sa plastique irréprochable, ses cheveux et sa barbe brune parfaitement taillés, ses yeux verts de séducteurs et son charisme de latino très efficace. Ricardo était véritablement le style de Mia mais je savais que je l'étais plus encore et que je n'avais toujours pas perdu ma première place dans son classement.
Intellectuellement ensuite, ce type était valable. Il avait l'esprit vif et l'humour très affûté. Je dirai même qu'il était presque clownesque et c'était peut-être là que je me distinguais. Il misait tout sur le rire et la déconnade alors que mes approches étaient plus ténébreuses et charmeuses.
Professionnellement sinon, j'étais très embêté car je n'avais plus grand chose à faire valoir à la veille de mes reprises d'activité contrairement à lui qui était au sommet de la célébrité. Mais si Mia comparait sur du long terme, j'étais peut-être plus crédible à ses yeux dans ma carrière de danseur et de sportif aguerri que Ricardo dans ses rôles de gigolo pour ado.
Historiquement ensuite, mon lien avec Mia était sans commune mesure. Je ne connaissais pas beaucoup de personnes capables de se vanter d'une relation aussi belle que la nôtre mais c'était autant ma force que ma plus grande faiblesse. C'était à ça que je devais ma terrible friendzone alors que Ricardo avait le sérieux avantage de n'y avoir jamais mis les pieds. Il avançait en territoire conquis alors que je naviguais totalement à vue, en terre inconnue.
Et il y avait deux derniers points qui me chiffonnaient particulièrement avec Ricardo. Le premier était sa détermination. Mia m'avait raconté qu'il l'avait eu à l'usure. Je pouvais donc m'attendre à ce qu'il soit particulièrement agressif ce weekend et stimulé par la compétition. Le deuxième était la zone d'ombre que je n'arrivais pas à saisir dans leur relation. Je devinais au fait qu'ils aient gardé le contact qu'il y avait un peu plus que du sexe entre eux et je le comprenais dans la mesure où cet homme avait été le seul repère de Mia au Mexique pendant cette période éprouvante de nos vies.
Donc pour la toute première fois de mon existence, je devais admettre que je ne partais pas favoris dans la course. A date, j'étais contraint d'accepter l'idée que Ricardo avait de meilleures chances que moi de la faire craquer. Je le sentais au besoin qu'avait Mia de se divertir et à l'énergie qu'elle mettait à se protéger. Elle pouvait tout à fait se laisser tenter par un weekend de plaisir garanti dans les bras très intenses de son amant de confiance.
Alors j'avais conclu aujourd'hui que je n'avais plus qu'une seule stratégie face à cet homme : je devais entrer dans la tête de Mia et la mettre sans dessus dessous jusqu'à ce qu'elle n'ait plus que mon nom à la bouche le jour de leurs retrouvailles. Je n'avais pas nécessairement besoin qu'elle cède mais juste qu'elle y réfléchisse parce que je savais qu'elle n'était pas le genre à jouer sur deux tableaux. Si je concrétisais miraculeusement entre temps c'était encore mieux mais mon premier objectif était que Ricardo reparte de Londres sans avoir eu ni le droit ni la chance de poser la main sur elle. Elle était parfaitement capable de le congédier et de lui résister si j'arrivais à lui faire intégrer l'idée que j'étais une meilleure option que lui. Le soucis, c'était que je n'avais plus que six jours pour planter la graine et plus que ce soir et demain pour la travailler au corps. Je devais surenchérir à partir d'aujourd'hui sans lui laisser le moindre répit et j'allais devoir mettre certainement de côté tous les aspects romantiques susceptibles de me ralentir car la sérénade n'avait pas sa place en temps de guerre.
Point de vue : Mia
J'étais plus que bien à discuter et à me prélasser dans les bras de Harry mais je comprenais aux signes d'Olivia et au changement d'ambiance lumineuse que le concert était sur le point de commencer. Je temporisais un peu pour profiter des dernières caresses délicieuses de Harry et je me levais ensuite à regret en entrelaçant mes doigts aux siens. Je l'amenais à ma suite et je le lâchais à contrecœur une fois à hauteur de Olivia et Liam. Le timing était parfait car la salle était maintenant plongée dans le noir pour accueillir l'arrivée du groupe.
C'est à ce moment là que je le sentais se rapprocher. Je fermais les yeux d'appréhension car Harry était en train de faire exactement ce que j'attendais et ce que je redoutais. C'était une très mauvaise idée mais j'en mourrais d'envie alors je le laissais faire, je le laissais m'enlacer tendrement par la taille, coller son torse contre mon dos et poser sa tête sur le sommet de mon crâne. Je l'encourageais même en posant mes mains sur ses bras enroulés possessivement autour de moi.
Puis le concert commençait. Je trouvais pourtant les reprises musicales de ces artistes très réjouissantes mais je n'arrivais pas à me concentrer et à imprimer le rythme. J'étais beaucoup trop distraite par la douceur des bras de Harry, par la chaleur de son souffle sur ma tempe et par sa carrure réconfortante et rassurante. C'était tout ce dont j'avais besoin en ce moment, de sa présence dans ma vie, de sa tendresse et je ne me souviens pas avoir jamais été aussi câline avec lui ou avec n'importe qui d'autre. J'étais déroutée à chacune des ses nouvelles initiatives ce weekend mais j'étais aussi complètement envoutée. C'était encore le cas en ce moment. Je n'avais pas su quoi faire de mon corps les premières minutes mais j'étais définitivement bien maintenant au point de laisser reposer ma tête contre son torse et de commencer à chalouper en rythme avec lui. Comme ce matin dans la cuisine ou cet après-midi en m'endormant dans ce canapé contre lui, je récidivais en roucoulant de nouveau dans ses bras.
J'aurai vraiment apprécié en rester à ce statut quo pour ma tranquillité d'esprit et pour ma santé cardiaque mais Harry en avait décidé autrement. Je ressentais une très vive brûlure au moment où il prenait l'initiative audacieuse de se frayer un chemin sous mon tee-shirt. C'était la troisième fois aujourd'hui que je sentais ses mains contre ma peau et je peinais à rester neutre et discrète sur mes émotions. Ce contact simple me faisait brûler et fondre, je commençais à devenir moite et à suffoquer au point de devoir dégager mes cheveux de ma nuque pour me donner un peu d'air. J'essayais de me ressaisir pour arriver au même niveau de maîtrise que Harry puisque de son côté, il donnait l'impression d'être parfaitement à l'aise et à sa place dans cette position. Il fixait la scène tranquillement mais les soins qu'il mettait dans ses caresses me démontraient que toute son attention était focalisée sur ses mains et sur moi. Le moment était réellement très embarrassant mais je m'interdisais tout regard à Olivia et à Liam pour le prolonger. Et je sentais, à la fin de la chanson, que mon corps était en train de s'habituer. Mon rythme cardiaque retrouvait une course plus acceptable, mes bouffées de chaleur disparaissaient. Mon stress et ma vive émotion étaient en train de laisser place à une merveilleuse vague de bien-être et de félicité.
J'aurai dû m'en contenter mais mon esprit était déjà en train de divaguer. Je repensais à ce moment dans ce sauna, je repensais à ce fantasme que je reproduisais à l'infini dans mon esprit depuis lundi et je recommençais à m'embraser. J'en étais là de mes réflexions et de mes émotions quand Harry prenait la pire des initiatives. Je le sentais poser ses lèvres douces et charnues sur mon cou. C'était terrible parce qu'il répondait à mon désir ardent, il agissait comme s'il était dans ma tête. Il franchissait la zone strictement interdite entre nous et le contact de ses lèvres me faisait perdre la tête. C'était encore pire combiné à la sensation de sa joue contre la mienne, de son souffle chaud sur mes oreilles et de ses autres baisers sur mon visage et dans mes cheveux. Je tournais clairement de l'œil car j'étais infiniment bien dans ses bras et sous ses soins. Ses initiatives étaient clairement en train d'avoir raison de moi et d'aggraver mon état. Harry m'allumait et je me maudissais d'en vouloir beaucoup plus. Et comme toujours dans ces moments de plaisir parfait, j'étais incapable de résister à mon corps et j'avais penché ma tête, dans un instinct parfaitement suicidaire, en glissant ma main dans ses cheveux et en les tirant dans un geste clair d'encouragement. Je savais que j'étais en train d'ouvrir la boîte de pandore mais j'étais sur une logique très court-termiste sur le moment. J'avais juste terriblement besoin de sentir encore sa bouche et Harry fondu sur ma nuque à première demande. Mais il ne se contenait pas de la picorer. Non, il l'embrassait beaucoup trop sensuellement maintenant. C'était bien pire que les précédentes fois et les sensations devenaient démentes en sentant subitement sa langue. Je brûlais, subitement et sauvagement en le sentant goûter, lécher et dévorer ma nuque avec beaucoup d'application. La situation était critique. Harry était en train de faire monter la température très dangereusement, j'avais le cœur qui palpitait férocement entre mes cuisses et le cerveau complètement déconnecté. J'étais en train d'atteindre un niveau d'humidité sans précédent, j'en avais le souffle coupé et je rêvais qu'il aille plus loin. Je voulais sentir ses mains encore plus franchement, je voulais qu'il les glisse beaucoup plus haut sur mes seins mais aussi beaucoup plus bas entre mes cuisses.
Ses gestes et mes réactions n'avaient absolument rien d'amical. J'aurai dû tout arrêter mais j'étais complètement prisonnière de ses bras et de mon plaisir dévorant. Et je ressentais aussi clairement celui de Harry au bas de mon dos en ce moment. C'était encore une première : il était en train de durcir contre moi. La révélation et la sensation me faisaient tourner de l'œil d'abord puis je réalisais simplement que Harry s'était payé ma tête. J'avais raison depuis le début, il avait très clairement pour projet de coucher avec moi et le problème était que j'en mourrais d'envie aussi maintenant. Charlie avait visé juste : Harry était en train de me faire tomber dans ses filets, j'en avais très envie mais je ne savais pas encore si j'allais me laisser tenter avec lui. Je n'avais pas statué alors je me ressaisissais soudainement, je recueillais mes dernières forces pour le repousser et me laisser encore le temps de la réflexion. Je penchais ma tête pour lui interdire l'accès à ma nuque et j'enfonçais mes ongles dans ses mains pour lui faire comprendre que la fête avait assez duré. Harry s'arrêtait aussi vite et sans aucun entrain en souriant contre ma tempe et en murmurant une conclusion et une réponse beaucoup trop sexy à mes oreilles.
"Tant pis pour toi, Mia...", sa réplique et son ton étaient terriblement excitants et tentateurs mais je tenais le choc. Je riais même face à son culot. Il avait le cran d'assumer son vice, son mensonge et ce moment tabou mais aussi de continuer de me provoquer.
Je ne savais plus du tout où me mettre l'instant qui suivait mais Harry s'en chargeait pour moi. Il reprenait sa position de départ en continuant de me tenir fermement dans ses bras. Il m'interdisait de fuir et il reprenait sa position très sage de départ comme s'il ne s'était rien passé. Il continuait de me câliner très affectueusement et j'avais terminé le concert, de cette façon, dans ses bras, non sans un goût très prononcé d'inachevé et de regrets.
Nous avions ensuite regagné le chalet et nous étions devant les chambres en ce moment, prêts à nous séparer et à aller nous coucher.
"Olivia, tu es sérieuse ?"
"Oui, je dors avec ma copine ce soir, Liam !"
"Mais c'est un truc de gamines, ça !"
"Oh détrompe-toi, j'ai des projets très matures pour ta chérie…", je n'avais pas pu m'empêcher de prêter mains fortes à Olivia face aux protestations de Liam car j'avais aussi très envie de me confier à Olivia après cette soirée très déstabilisante avec Harry. J'avais donc répondu de façon taquine pour embarrasser Liam et le faire fuir mais je l'avais fait aussi pour provoquer Harry et lui renvoyer l'ascenseur à mon tour en enfreignant les règles. Et ça ne manquait pas, il réagissait au quart de tour, je le voyais s'approcher de moi et me repousser à l'intérieur de la chambre avec un air mi amusé, mi menaçant.
"Tu tiens vraiment à finir dans ce lac gelé ?", je riais moqueusement maintenant à sa menace. J'étais amusée mais j'avais aussi terriblement envie de l'attraper par le col et de l'amener dans ce lit avec moi. Je ne le faisais pas, je me contentais de le surprendre en mettant mes bras autour de son cou et je murmurais aussi à son oreille pour éviter que Olivia et Liam n'entendent le contenu de l'échange.
"Non, mais tu devrais y faire un tour pour calmer tes ardeurs et t'éviter de nouvelles entorses au règlement", cette fois Harry me regardait avec un air surpris et très appréciateur. Il s'était peut-être imaginé que je passerai notre aparté sous silence mais j'avais choisi d'assumer comme lui. Je décidais de clôturer et de lui confirmer mon assurance en l'embrassant sur la joue et en murmurant une dernière phrase à proximité tendancieuse de ses lèvres.
"Bonne nuit, imposteur", et j'avais claqué la porte en souriant sur son air coupable terriblement irrésistible. J'avais fermé la porte en soupirant très lourdement en réalisant ensuite que j'étais tirée d'affaire pour ce soir. Je me laissais retomber au même moment avec la grâce d'un éléphant sur le lit en évacuant toutes mes frustrations dans cet oreiller à proximité. Je n'avais pas pu m'empêcher et le geste était libérateur même si je subissais en retour le rire moqueur et franc de Olivia qui n'était pas habituée à me voir perdre le contrôle.
"Ça te fait rire, sadique ?"
"Complètement"
"Cet homme me rend folle, Olivia"
"J'avais remarqué, Mia"
"Non, tu ne sais pas à quel point"
"Très bien...alors dis-moi…", et je la regardais s'installer en tailleur sur le lit et se frotter les mains d'avance. Je la regardais avec un peu de méfiance puis je me décidais à tout lui balancer. Je lui racontais notre rencontre, les différentes étapes de notre amitié, mais surtout le voyage à Vegas, le week-end de fiançailles, nos moments intimes à Londres et ceux de ce weekend.
"Seigneur, ce tatouage est pour lui...?", je tournais de l'œil car je ne comprenais pas qu'elle réagisse à cette information en premier. Qu'est-ce qu'ils avaient tous à faire une fixette sur ça ?
"Ok...Vous avez chauds et je crois que c'est très clair entre vous sur ce point depuis ce soir non ?"
"Je sais, mais je n'ai pas le droit de jouer à ce jeu là avec lui", je fixais maintenant le plafond, j'étais très pensive et tourmentée.
"Pourquoi ?"
"Parce que Harry est le seul homme qui ait jamais compté"
"Et pourquoi est-ce que ça devrait changer ?"
"Parce que ça change toujours. Avec le sexe"
"Souvent en mieux"
"Non avec moi, c'est toujours en pire", et c'est de cette façon que j'avais commencé le sujet et ouvert le reste des confidences. Olivia était effectivement à des années lumières de deviner l'historique très lourd que j'avais avec les hommes. Elle venait d'avoir un rattrapage express et résumé en deux heures et j'attendais maintenant sa conclusion.
"Je ne savais vraiment pas…Je suis tellement désolée pour ce que je t'ai dit hier, je suis une horrible amie"
"Ne dis pas n'importe quoi. Tu ne savais pas et de toute façon c'est ma vie et je suis en paix avec, ne t'inquiète pas"
"...OK...Effectivement...Il y a matière objectivement à se décourager mais aucun de ces hommes n'étaient Harry. Tu es en train de lui faire payer la note pour tous les autres"
"Non, je ne cherche pas à lui faire payer la note. Je sais qu'il n'a rien à voir avec les autres mais j'essaye de sauver le peu d'amour auquel j'ai droit dans ma vie"
"C'est ridicule, et ta famille ? Et moi ? et les filles ? et tes amis Julia et Théo et j'en passe ?"
"Je ne parle pas de cet amour là"
"Donc tu as très bien remarqué comme moi qu'il y a bien plus que de l'amour fraternel entre vous. Tu as remarqué j'espère jusqu'où Harry est impliqué avec toi ?"
"Mmh"
"C'était prévisible que les choses évoluent entre vous avec tous ces derniers évènements, Mia. C'est normal que tu en arrives à te poser ces questions sur vous deux et normal que tu en réclames davantage..."
"Peut-être mais je dois trouver un moyen de remédier à ça"
"Tu es masochiste ?"
"Ahein"
"Ahein ? Donc quoi, qu'est-ce qu'on fait maintenant Mia ?"
"Je ne sais pas"
"Tu ne sais pas ? Dis-moi s'il te plaît que tu n'envisages pas de tourner le dos au grand amour à cause de ta frousse ?"
"Grand amour ? Redescends, Olivia"
"Pourquoi ? Les plus belles histoires commencent souvent de cette façon"
"Tu veux dire dans le sang, la mort et les drames ?"
"Non, par une belle amitié, une histoire commune très intense et un cocktail hormonal explosif"
"Mmh, je ne crois plus aux contes de fée mais je te rejoins définitivement pour le cocktail hormonal explosif", le fou rire qui suivait était mutuel et il était encore plus inarrêtable en entendant Liam cogner sur le mur bruyamment pour nous faire taire.
"IL EST L'HEURE DE DORMIR LES FILLES !",
"Tu n'as qu'à commencer par le sexe et tu verras où ça vous mène ?"
"Ahein"
"Encore "Ahein" ?"
"Et si ça finit mal ?"
"De ce que tu m'as dit, ça finit toujours bien entre lui et toi. Et dans le pire des cas, tu feras comme avec Charlie, si tu as réussi à rester ami avec lui, il ne devrait rien avoir d'irréversible avec Harry, non ?"
"Pfff", j'étais vraiment épuisée maintenant, ses arguments faisaient mouche mais je n'arrivais plus à réfléchir.
"Ok ma belle, ça fait beaucoup pour ce soir, on va dormir. Mais voici ce que j'en pense du haut de mon jeune âge : profite ! Tu ne risques pas grand chose à mon avis dans les bras de Harry à part de tomber amoureuse de lui"
"Ok, si c'était censée me rassurer, tu viens d'échouer lamentablement", effectivement c'était la dernière chose à faire, me parler de sentiments et Olivia s'en rendait compte et riait de nouveau.
"Ok, ne parlons pas de sentiments, allons droit au but Casanova. Je te dis que ce serait criminel de refuser les faveurs sexuelles de cet homme. On parle de Harry, bon sang. C'est homme est un objet de fantasme ultime !", c'était à moi de rire désormais car j'étais soulagée que Olivia ne me traîne pas plus dans ses débats sur l'amour et j'étais amusée de son exagération.
"Si, je peux parfaitement les refuser. Je pense que je peux résister à tous les hommes et mourir en paix après avoir eu les faveurs de Ricardo", je riais à gorge déployée encore une fois
"Tu vivrais surtout avec des regrets parce que rien ne te dit que Harry ne vaut pas largement deux Ricardo !", mais mon rire se fanait à la dernière réplique que prononçait Olivia en éteignant la lumière. Olivia n'avait pas conscience qu'elle venait de poser son argument le plus lourd avec cette réplique démoniaque. Il résonnait beaucoup plus dans mon esprit que ses histoires de romance à l'eau de rose car je n'avais que ça en tête en ce moment : me consumer de désir et de plaisir jusqu'à en oublier mon nom et je pariais que Harry était un choix très avisé pour ça. Il venait d'en faire la très courte et redoutable démonstration ce soir avec cet allumage de très haut vol.
Je décidais de ne pas surenchérir à cette conclusion de Olivia. Je la laissais s'endormir calmement et j'en profitais de mon côté pour rallumer mon téléphone et rattraper le fil de mes messages parce que j'étais encore beaucoup trop agitée pour me coucher. J'avais coupé mon téléphone aujourd'hui pour être tranquille et j'avais définitivement bien fait au vue de la quantité incroyable de notification que j'avais ce soir. Je n'avais pas le courage de lire celles des réseaux sociaux alors je me contentais des quelques messages privés que j'avais reçu dans la soirée.
Il y en avait un en particulier d'un numéro inconnu qui attirait mon attention. Je l'ouvrais, je tombais sur une photo inconnue de Harry et moi prise cette après-midi à notre insu pendant notre sieste puis je tétanisais en lisant le message d'accompagnement et la signature que je reconnaissais beaucoup trop rapidement : "J'étais sûr que tu finirais par céder à ce connard. AD.".
La chute était étouffante. J'étais paralysée et mortifiée. Je pensais pourtant être débarrassée de cet homme, je n'y pensais plus depuis des mois mais il refaisait une entrée fracassante au moment où je m'y attendais le moins. Il n'y avait aucun bruit dans le chalet mais j'étais abasourdie par les tambourinements de mon cœur. J'essayais de calmer ma vague de panique mais j'étais plongée en plein désarroi, je me sentais atrocement seule dans mon côté du lit malgré la présence de Olivia. J'étais seule face à mes fantômes et mon angoisse profonde alors je décidais de quitter cette chambre et d'aller chercher le seul confort possible dans cette situation.
Je regagnais la chambre de Harry, j'entrais à pas de loup pour ne pas le réveiller, je fermais la porte à clé pour m'y sentir plus en sécurité, je me glissais sous ses draps et je me blottissais contre son torse nu le plus discrètement possible en espérant pouvoir trouver le sommeil dans ses bras protecteurs. Et je sentais en effet mon trouble diminuer et mon cœur s'apaiser au bout de plusieurs minutes à profiter de sa chaleur et me bercer de son rythme cardiaque paisible. Je sentais enfin le sommeil m'emporter dans les bras de Harry.
