Point de vue : Charlie

"Tu signes ici et on est bon", je pointais du doigt la dernière page de signature à Mia. Je la regardais s'exécuter avec un sourire emprunt de fierté.

"Tu te fais un sacré billet avec cette soirée...", je lui souriais en retour en partageant son optimisme.

Mia avait fait appel à moi pour contractualiser son accord de Thanksgiving sur le partage des recettes de la soirée. Je dois dire que j'étais très impressionné de voir tous ses prévisionnels de chiffre d'affaires. L'événement était sur le point de rencontrer un très franc succès. Le deal était scellé et je la regardais désormais se diriger vers son frigo et déboucher une bouteille de champagne en remplissant deux flûtes pour le célébrer.

"Je sais ! Donc faites-vous plaisir sur les honoraires Maître Miller, c'était un plaisir de faire affaire avec vous", je continuais de sourire en jouant le jeu et en portant ce toast avec elle et je l'écoutais reprendre avec malice.

"Je n'ai pas reçu ta réponse à mon invitation d'ailleurs ?"

"Tu as beaucoup d'humour, Mia", et je riais à gorge déployée maintenant et très ironiquement mais elle riait encore plus à ma réponse puisque évidemment ma présence à cette soirée était absolument interdite et inenvisageable. Même si j'aurais véritablement apprécié de retrouver toute l'équipe, ça aurait été pousser le bouchon beaucoup trop loin avec Catherine. Viendrait bien le jour où je devrais les réunir toutes les deux mais cette soirée-ci était définitivement à exclure.

"Harry sera très triste de ne pas t'y voir"

"Oh parce que Harry sera là ? Comme c'est étonnant. Et attends ne me dis rien, je suis sûr que tu lui as réservé une place de choix au premier rang et dans la loge", je m'amusais de la titiller encore sur le sujet mais je me stoppais immédiatement en voyant cette réaction inhabituelle sur son visage. Mia aurait dû s'agacer, me jeter un regard moralisateur ou esquiver, elle n'était pas censée sourire ni rougir.

"Seigneur…", je hochais la tête maintenant très vivement en la scrutant encore davantage. Je la voyais me tourner le dos rapidement et faire mine de ranger le contrat et son plan de travail. J'avais la bouche grande ouverte de stupeur et je n'avais qu'une seule théorie après cette réaction.

"Tu as couché avec Harry...?", la question était sortie sans préavis. J'avais la boule au ventre très étrangement après ça, j'appréhendais sa réponse puisque j'avais peur de ma réaction. Je les avais poussé dans cette direction depuis notre rupture, j'étais certain d'être en paix avec l'idée sur le papier mais j'avais peur de ressentir les choses différemment une fois devant le fait accompli. Je retenais donc mon souffle en attendant sa réponse.

"Non, Charlie, je n'ai pas couché avec Harry", la réponse était claire, je n'étais pas spécialement soulagé, ce qui était une bonne chose alors je me détendais légèrement et je continuais de la travailler au corps face à son manque de loquacité.

"Mais tu comptes le faire...", ce n'était même pas une question puisque j'étais sûr de reconnaître ses expressions du moment.

"NON ! On peut savoir ce qui te fait dire ça ?"

"Ce sourire gêné et cet air libidineux très familier...tu as déjà oublié ?", et j'avais confirmation implicitement en voyant Mia soutenir mon regard avec humeur. J'en étais donc convaincu maintenant à sa façon de se braquer et de me donner raison implicitement : elle était en train de passer en mode séduction avec Harry.

"Laisse moi prendre une chaise s'il te plaît avant de te lancer", et Mia se mettait à sourire en me voyant effectivement m'asseoir sous son nez de façon très oppressante et insistante. La situation était encore étrange mais j'avais envie d'en parler avec elle.

"Je n'ai rien à te dire, Charlie"

"S'il te plaît !", elle hésitait, s'agaçait puis souriait.

"Très bien ! Tu avais raison. Harry est...très intéressé. Il a été clair avec moi ce weekend. Les cartes sont entre mes mains effectivement mais je n'ai pas encore décidé de ce que j'allais en faire", j'avais visé juste. Les choses se mettaient à bouger entre eux. Comme je l'avais prédit, Harry passait à l'offensive et il le faisait visiblement avec beaucoup d'habileté.

"Qu'est-ce qu'il t'a dit...?", j'étais suspendu à ses lèvres et j'appréhendais d'avoir les détails de la déclaration d'amour de Harry.

"Tu veux plutôt dire ce qu'il m'a fait...", et je comprenais rapidement à son sourire tendancieux que Harry n'avait peut-être pas été si clair que ça avec elle et qu'il n'avait pas joué carte sur table. Je prenais une seconde pour sonder la réaction de Mia et ma théorie se confirmait. C'était malin de la part de Harry. Il amadouait Mia sur son terrain de jeu préféré, en excitant ses instincts pour l'interdire de réfléchir et sans lui parler de sentiment pour ne pas la faire fuir. Il était en train de la travailler au corps en jouant visiblement exclusivement de ses atouts charmes imparables.

Et j'avais décidé d'être fairplay avec Harry en me refusant de dévoiler son jeu ce soir à Mia. Je le laissais avancer ses pions comme il le voulait avec elle même si j'étais mitigé face à sa tactique d'approche. Je trouvais le pas risqué mais il la connaissait mieux que moi et j'avais largement prouvé de mon côté que je ne savais pas mieux la gérer.

J'avais fini par partir après une heure de bavardage sur ce sujet et d'autres avec Mia et je ne résistais pas à l'envie et la tentation d'écrire à Harry après mon départ.

"Tu joues à un jeu dangereux avec elle...", j'attendais son retour avec impatience et Harry était plus que réactif pour son message de réponse.

"?"

"Je sors de chez Mia...Je suis au courant pour votre weekend et ta technique d'approche très risquée"

"...", je le laissais digérer le fait que je continuais de voir Mia et surtout que j'en étais arrivé à ce nouveau stade de confiance et d'amitié avec elle puis je reprenais, avec réserve.

"Un commentaire :)?", je le voyais ensuite écrire puis effacer et j'attendais sagement qu'il se décide à me l'envoyer.

"Plus le choix. Son putain de mexicain débarque à Londres ce weekend.", et j'en tombais presque de ma chaise à cet aveu choc de Harry. Je ne tenais plus en place, j'éclatais de rire bruyamment et je tapais très vite mon prochain message.

"RICARDO ??"

"...Bravo...", et je riais encore plus. J'étais complètement mort de rire. Je jubilais. Le souvenir revenait rapidement [VOIR CHAPITRE 18 L'ÉLECTROCHOC DE CHARLIE]. Je repensais à cette soirée à Paris, quand Harry m'avait fait croire à la visite de Ricardo pour me dépêcher d'agir avec Mia. J'avais beaucoup rit de la blague mais je riais encore plus aujourd'hui de voir l'arroseur arrosé. Et je n'arrivais pas encore à répondre car j'étais beaucoup trop plié en deux et beaucoup trop survolté. Et Harry était en train de le deviner.

"Putain...Je t'imagine parfaitement en train de te foutre de ma gueule et de prendre ton pieds en ce moment"

"Oh si tu savais à quel point... Et je paierai très cher pour voir ta tête ce weekend. Cet homme va te rendre dingue, crois-moi. Mais courage... #TeamHarry..."

Je le voyais ensuite m'envoyer un smiley d'insulte puis cesser d'écrire. J'en restais là aussi en considérant que cet enchaînement de message, qui plus est sur ce thème, représentait déjà une très grande avancée.

Je réfléchissais de nouveau à la situation avec cette dernière information en main ensuite et je considérais que ce n'était pas si débile de sa part finalement. C'était la seule chose à faire puisqu'il n'avait aucune chance face à cet homme s'il se contentait de regarder poliment. J'allais donc suivre avec beaucoup d'attention la suite des événements pour savoir qui ressortirait vainqueur de ce duel de titans. Puisque c'était ça : un choc de titan. Ils étaient les deux plus grands sex symbols de la vie de Mia, ils avaient tous les deux le vice et la même volonté de la faire flancher. Oui, la situation était très drôle et Mia avait véritablement le choix de la reine pour ce weekend.

Point de vue : Mia

Mercredi. La troisième journée de la semaine venait enfin de se terminer. J'étais chez moi, sur le point de me coucher et j'essayais de redescendre en pression après ce cours de danse qui avait connu une fin inattendue.

J'avais pété les plombs sur Ashley en plein cours, je n'avais pas supporté ses égarements, ses histoires de cul mais surtout je n'avais pas supporté de l'entendre parler d'Harry. J'avais parfaitement entendu ses conversations avec les filles pendant les répétitions, j'étais parfaitement au fait des projets qu'elle avait pour lui ce weekend et ces quelques bribes d'information m'avaient mises hors de moi. J'avais surréagis certainement, j'avais dépassé les limites de ma relation prof/élève incontestablement mais je n'avais pas pu me retenir. Les seules choses positives qui ressortaient de cet échange étaient que j'avais eu le bon sens de le faire à l'abri des regards indiscrets dans ma loge et que Ashley avait l'air d'avoir compris et intégré mon message.

J'étais donc ce soir dans mon lit beaucoup plus sereine et je souriais en entendant mon téléphone sonner. Je décrochais avec le sourire et sans regarder le nom qui s'affichait car je savais que c'était encore Harry. Il s'appliquait à honorer sa parole de l'aéroport en m'appelant tous les soirs comme promis.

"Tu dors?"

"Oui ?", je fondais au son de sa voix. J'étais incapable de retenir mes sourires à chaque fois que je l'entendais depuis ce weekend. C'était terrible et terriblement bon.

"Alors, ce J-3 ?"

"Rien d'exceptionnel. Ça avance, le spectacle est bouclé. On arrête les répétitions demain matin pour se reposer correctement et s'intéresser à la logistique ", je me contentais de ça puisque je n'avais pas l'intention de lui raconter ma merveilleuse crise de jalousie et je n'étais pas sûre de vouloir lui parler de mon déjeuner avec Charlie non plus.

"Mmh", Harry était trop silencieux, c'était suspect.

"Mmh ? Quoi ?"

"Tu as déjeuner avec Charlie ?"

"Oui. Comment est-ce que tu le sais ?", et j'étais plus que surprise et interpellée qu'il le sache.

"Il me l'a dit"

"Tu reparles à Charlie...?", j'étais estomaquée car c'était une information dont je n'avais pas connaissance, ni de sa part ni de celle de Charlie et je ne savais pas si j'aimais ça. De savoir que mon ex et mon potentiel futur "je ne sais quoi" redeviennent amis.

"Très occasionnellement. On est très loin de l'amitié mais ça redevient plutôt cordial"

"Wahou…"

"N'est-ce pas ?...Pourquoi est-ce que vous vous êtes revus ?", et je souriais.

"J'hésite à te répondre. Est-ce que tu vas encore me refaire une scène ?", je l'entendais rire et prendre une seconde avant de me répondre.

"Non, je ne te ferai pas de scène. Je suis curieux c'est tout", j'étais séduite de l'entendre assumer avant autant de facilité et de virilité alors je répondais.

"J'ai décidé de passer par lui pour tous les sujets juridiques du studio. Mon ancien avocat était un incapable et Charlie est excellent. On a finalisé les contrats de Thanksgiving et c'est avec beaucoup de fierté que je t'annonce que je suis encore plus riche que riche. Ce depuis ce soir 18h précise, heure du virement bancaire", je souriais à pleine dents et je l'entendais rire en retour.

"Merveilleux, ça veut dire que je vais encore avoir droit à une belle montre pour mon anniversaire"

"Et plus encore ! Il y a des chances effectivement pour que je m'applique particulièrement cette année mais je ne t'en dirai pas plus", j'essayais de tenir ma langue mais effectivement j'avais commencé à mûrir pas mal de projets à l'approche de la date. J'avais envie plus que jamais de célébrer son anniversaire cette année et de prévoir quelque chose de grandiose. Je voulais faire mieux que lui, mieux que cette semaine à Las Vegas, même si je savais que j'allais avoir beaucoup de mal à rivaliser.

"Alors j'ai définitivement hâte d'y être. Mais ne te fatigues pas trop, Mia. Tu sais très bien ce que je veux et tu n'as pas besoin de dépenser toute ta fortune pour me l'offrir...", et je rougissais définitivement à sa nouvelle attaque bien placée. Je ne savais absolument pas quoi répondre à ça. Harry le devinait et je l'entendais se moquer doucement de moi puis changer de sujet.

"Tu as vu les nouvelles publications de Philippe ?"

"Oui..."

"...Et qu'est-ce que tu en as pensé ?"

"Elles sont impressionnantes ?", je souriais et je me pinçais les lèvres pour ne pas lui avouer à quel point je les avais regardé et aimé. Et je fondais à l'entente de son rire moqueur et agacé face à ma langue de bois et ma réponse évasive.

"C'est tout ce que tu es capable de me donner ? Tu les as adoré, j'en suis persuadé"

"Possible... J'ai toujours été ta première fan, tu le sais bien", je me contentais de cela, je ne pouvais définitivement pas lui dire à quel point j'avais eu chaud de voir ses démonstrations de force et ses prouesses. J'avais eu très chaud et anormalement chaud. J'avais toujours été admirative toutes ces années, au-delà de mes angoisses, mais j'avais aujourd'hui clairement bavé sur lui, sur ses muscles, son allure infernale et sa bravoure excessive. Et je n'étais pas la seule à avoir aimé à en juger par la surmédiatisation qu'elles avaient connue en l'espace d'une journée. Il avait marqué fort pour sa reprise, j'avais vu le compteur d'abonnés exploser et le clan des groupies grossir aussi beaucoup trop vite à mon goût.

"Mais tu n'as pas écouté mes consignes. Ces vidéos sont celles d'un homme suicidaire ", j'étais obligée de le sermonner pour la forme mais le cœur n'y était pas cette fois puisque j'avais pris beaucoup trop de plaisir à les visionner.

"Tu rigoles ? Je me suis bridé tout le long en pensant à toi !", je souriais encore, j'appréciais énormément de savoir ça.

"Oh et tu as raison. Tu sais que je peux être violente si mes nerfs sont mis à rude épreuve"

"Mmh, alors je t'invite à ne pas suivre le live prévu demain matin"

"Oh seigneur, non. Tu peux être certain que je ne regarderai jamais ça", et effectivement, c'était une chose de regarder les vidéos et photos à posteriori mais j'étais incapable de suivre ces vidéos agonisantes en direct.

"Je ne sais pas si ce que tu dis m'attriste ou m'arrange ?"

"Sinon...Tu arrives à quelle heure vendredi ?"

"18h. Je passe te prendre au studio ? Tu as déjà prévu quelque chose pour le dîner ?"

"Oui passe à 19h, on dînera à la maison. J'aurai besoin d'un minimum de calme avant la tempête"

"De calme...? Je peux essayer mais je ne sais pas si je serais capable de t'en offrir si tu me laisses franchir le seuil de ta porte, Mia", je me mordais de nouveau les lèvres et je posais la main sur le combiné pour qu'il ne devine pas ma réaction et toute mon excitation. Harry était terrible et très en forme alors c'était le moment d'écourter.

"Bonne nuit, Harry"

Point de vue : Harry

C'était un euphémisme de dire que la semaine était bonne car elle était parfaite.

Je prenais un plaisir infini de tous ces échanges quotidiens avec Mia. Elle me manquait physiquement cruellement mais je me frottais les mains de sentir la température monter de son côté. J'étais surexcité à l'idée de la revoir vendredi et surexcité à la perspective de pouvoir éprouver ses résolutions et mes théories. Elle était en train de craquer, je pouvais dire que mon travail était en train de payer et de la déstabiliser et je comptais désormais les jours avant de la voir céder.

Il y avait donc ce point avec Mia, qui contribuait au succès de la semaine mais il y avait aussi ma reprise d'activité. Elle avait été à la hauteur de mes espérances. Je prenais un pied phénoménal en retrouvant toutes les sensations de la grimpe et beaucoup de plaisir aussi à partager de nouveau ce genre de moment avec l'équipe de tournage et mes acolytes de toujours.

J'avais bouclé ce matin le live qui avait fait beaucoup de bruits et j'étais en train de clôturer la journée au sommet de cette tour sous un coucher de soleil exceptionnel. Le moment était idéal pour faire la promo de la soirée de Thanksgiving de Mia. Je ne lui avais pas demandé son autorisation mais j'espérais qu'elle apprécierait et je recevais en effet son appel, à peine deux minutes après ma publication.

"Je dois avouer que je suis absolument fan de votre dernière vidéo, Monsieur Monnier"

"A cause du coucher de soleil ?", je fermais les yeux de plaisir à sa réaction très positive et je l'entendais sourire de mon trait d'humour.

"Oui en partie. J'aurai aimé voir ça de mes propres yeux aussi"

"Et moi j'aurai aimé t'avoir avec moi pour mieux en profiter"

"Tu n'auras qu'à m'amener avec toi dans deux semaines. Je pourrais tester ma dernière chorée sur ta plateforme", je fronçais les sourcils. Je ne savais vraiment pas si j'appréciais l'idée de l'amener dans une de ces folies et de la regarder risquer sa vie à cette altitude.

"Ahein, on rediscutera de ça, je ne suis pas certain que ce soit la meilleure idée que tu aies eu jusqu'à présent"

J'avais continué cet appel pendant encore une heure ensuite. Les contacts entre nous ne cessaient de se multiplier et de s'allonger depuis le weekend dernier. Notre niveau de dépendance était en train d'atteindre un stade critique et je n'avais aucune intention de lever le pied. J'en profitais autant que je le pouvais et autant que Mia le permettait.

La semaine avait défilé à toute allure. Nous étions déjà vendredi et j'avais mon train cet après-midi. J'étais en ce moment à la salle de sport avec Théo et j'en profitais pour partager avec lui et à chaud mon dernier échange de la veille au soir avec Liam.

**Début du Flashback**

J'étais assis dans mon canapé à boire un verre et Liam préparait son repas en cuisine.

"C'était très chaud entre Mia et toi le weekend dernier"

"C'est toujours très chaud entre Mia et moi. Mais oui, elle est à deux doigts de craquer. Ne t'emballe pas pour autant. Mia veut juste me sauter dessus, elle est encore à des années lumières d'envisager une relation avec moi", Liam avait interrompu ses préparations très sérieusement après ma réponse.

"Tu penses vraiment ce que tu dis ?", de mon côté, j'avais hoché la tête avec dépit pour seule réponse et je remarquais à peine la tête mémorable que me servait Liam au même moment.

"Oh putain. J'ai oublié de le te dire…avec tout le taff que j'ai eu cette semaine...j'ai complètement zappé, Harry"

"Me dire quoi ?"

"Non, tu vas me tuer d'avoir attendu tout ce temps", je reposais mon verre lentement car j'étais inquiet de ce qu'il avait à m'annoncer car au vue de l'absence de transition, cela devait concerner Mia.

"Je te tuerais si tu refuses de me dire donc tentes ta chance", je voyais Liam sourire et reprendre ses activités en cuisine avec un faux air détaché.

"Mia t'a dit que les répétitions avaient viré au règlement de comptes mercredi ?", il piquait définitivement ma curiosité maintenant.

"Non ? Avec Olivia, à cause de ce qu'elle m'a balancé le weekend dernier ?"

"Non. Rien à voir, tout va très bien entre Mia et Olivia. Non, elles faisaient répéter les chorées aux filles et Ashley était dissipée. Elle n'arrêtait pas de parler de cul au lieu de danser. Mia a vu rouge et a tapé une crise de nerf en plein milieu du cours pour la rappeler à l'ordre"

"Et ?"

"Et quand le cours s'est terminé, les filles sont parties, sauf Mia et Olivia comme d'habitude mais Ashley a traîné aussi et a demandé à parler avec Mia. Et pour notre plus grand bonheur, ma déesse adore écouter aux portes", il continuait de cuisiner et de me jeter des regards en biais plus que malicieux en s'interrompant volontairement pour titiller ma curiosité.

"Tu peux abréger ?"

"Non. Crois-moi tu as envie de savourer ce moment donc je vais prendre mon temps", cette fois je souriais puisque le plaisir sadique que prenait Liam était parfaitement risible. Je jouais le jeu, je prenais sur moi pour le laisser soigner son récit.

"Donc, Mia l'a chopé dans sa loge. Ashley a commencé par monter sur ses grands chevaux en reprochant à Mia de l'avoir humilié en plein cours. Mia s'est défendue a priori très sèchement en lui répondant qu'elle n'avait besoin de personne pour s'infliger des humiliations. Elle lui a craché à la figure tout un tas d'anecdotes de soirée plutôt accablantes. Et, et et et ! Mia a enfoncé le clou en disant à Ashley qu'elle s'était ridiculisée avec toi au restaurant il y a deux semaines ! Après ça, Ashley a eu la bêtise et la réaction suicidaire de lui tenir tête donc Mia a commencé à l'insulter de traînée...Enfin, c'est la preuve que Mia l'avait vraiment en travers de la gorge pour cette soirée au restaurant. Je te l'avais dis"

Liam venait de s'arrêter. Je concluais que c'était terminé. Il semblait très fier de sa révélation et de son récit d'adolescente. Il jubilait car il concluait à une crise de jalousie de Mia, comme il l'avait sous-entendu il y a deux semaines au restaurant. Il pensait me réconforter avec si peu, j'étais donc exaspéré. Je soupirais de déception après tout ce cinéma et ce suspense inutile.

"Merveilleux. Merci de m'avoir fait remonter l'information. Mia sous haute tension à la veille de son spectacle, c'est sûr c'est le scoop de l'année", j'avais repris mon verre cette fois pour masquer ma déception, j'étais décidé à classer le sujet et à ne pas me torturer davantage mais Liam reprenait avec malice.

"Je n'ai pas terminé...", je reposais de nouveau mon verre mais cette fois d'agacement.

"Tu deviens pénible", Liam riait et se dépêchait de reprendre en notant mon ton agacé.

"Devine comment ça s'est terminé après les dernières insolences de Ashley ?"

"Mia l'a insulté encore plus fort ?"

"Non"

"Mia l'a cogné ?"

"Non plus"

"Alors quoi Liam !?"

"...Mia l'a tué par KO en une seule réplique"

"Qui était... ?"

"Attends ! Je l'ai noté pour que tu n'en perdes pas une miette", j'étais obligé d'exploser de rire en le voyant effectivement arrêter toutes ses activités, sortir du champ de la caméra et revenir avec son téléphone entre les mains.

"T'es sérieux ? Tu as pris des notes ? Ta mission d'espion est terminée depuis un moment, tu le sais ?"

"Non, pour la famille c'est jusqu'à la mort ! Bon, t'es bien assis ? Mia est timbrée, vraiment, je me suis régalée comme une gonzesse avec Olivia. Alors...elle lui a dit...", et je m'amusais de le voir prendre son téléphone en main de façon théâtrale avant de commencer sa lecture.

"Si tu ne veux plus te faire humilier en plein cours, tu fermeras ta bouche sur simple demande à l'avenir, Ashley ! Et si tu tiens à garder tes deux jambes et ta place au studio, tu vas baisser les yeux et serrer très fort les cuisses la prochaine fois que tu verras Harry", Liam reposait son téléphone avec un air parfaitement satisfait avant d'enchaîner sur un commentaire survolté digne de Théo dans ses plus beaux moments.

"BLAAAAAAMMMM ! C'EST CHAUD NON ? C'est du marquage de territoire, on est d'accord ? C'est bien plus qu'une histoire de cul Harry, sinon Mia n'aurait pas fait fuir Ashley et encore moins avec autant de violence", je le regardais jubiler après avoir lâché sa bombe et de mon côté je restais figé. J'avais arrêté de respirer, j'avais le cœur qui battait la chamade car je ne voulais pas croire que c'était ça. J'avais dévisagé Mia ce soir-là au restaurant et je n'avais reconnu aucune once de jalousie dans son regard. Alors si c'était vraiment ça, si cette dernière réplique transpirait vraiment de jalousie, cela voulait dire que la situation était enfin en train de prendre le tournant dont je rêvais désespérément depuis des semaines. Et je n'osais pas y croire.

"Tu t'emballes"

"Non. Tu penses ce que tu veux mais Olivia était catégorique aussi donc ça finit de me convaincre. Je te dis que Mia est en train de craquer pour toi. Elle joue la femme fatale mais crois-moi elle est en train de fondre comme un marshmallow !"

**Fin du flashback**

Théo était au même niveau d'information désormais, en plus d'avoir eu tout le débriefing de mon weekend au chalet, il était au courant pour cette confidence de Liam. J'avais eu droit à son optimisme débordant habituel jusqu'à ce qu'il se décide à retrouver un peu de sérieux.

"Tu stresses ?"

"Je devrais ?"

"A l'idée d'attaquer Mia après onze ans d'amitié platonique ? Oui ! Je crois que je serais tétanisé et que j'aurai finis en demi-molle à ta place"

"Une chance que tu ne sois pas à ma place alors. Crois-moi, l'attente va avoir tout l'effet inverse sur moi...", j'étais obligé de rire de sa bêtise et encore plus à son rire à lui en réaction.

"Pauvre Mia...Tu comptes lui mettre cher dès ce soir ?", et j'éclatais de rire avant de répondre sur le fond.

"Non. Ça attendra après le spectacle, je ne suis pas à deux jours près"

"Ok, donc on passe vous voir chez elle en arrivant ?"

"Oui, on fait ça"

J'avais quitté Théo ensuite pour aller préparer ma valise et prendre le train. J'étais arrivé le premier à Londres en début de soirée, lui et Julia devaient nous rejoindre plus tard, avant le spectacle. J'allais donc enfin la revoir et surtout cet événement allait enfin avoir lieu et se terminer. J'étais plus que ravi qu'elle en vienne à bout car ce weekend complet avec elle en Norvège n'avait fait que de me donner envie de plus et c'était inenvisageable tant qu'elle passerait tout son temps libre autour de ce projet. La fin approchait, j'allais donc enfin avoir plus de temps avec Mia.

Je profitais du trajet pour repenser aussi à mon échange avec Théo. J'étais stressé, bien sûr et malgré ce que j'avais affirmé. Pas à l'idée d'avoir à assumer un moment d'intimité inespéré avec elle mais stressé à l'idée qu'elle me le refuse. J'étais reboosté, après ce weekend au chalet, après les confidences de Liam et tous les échanges de la semaine avec Mia, j'avais confiance en mes chances mais je savais aussi qu'il existait une possibilité qu'elle me rejette. Elle était imprévisible et elle était fragile. Je savais qu'il suffisait d'un simple coup de vent pour que tous mes efforts ne tombent à l'eau. Je stressais parce que je ne savais pas si elle aurait le courage de se lancer avec moi. Je ne savais pas si elle oserait accepter ma proposition, comme elle l'aurait fait avec un autre homme, parce que Mia tenait tout particulièrement à moi et à nous. Je m'évertuais à lui présenter le sujet de la façon la plus légère possible pour ne pas la stresser mais elle n'était pas naïve au point de ne pas savoir qu'une nuit avec moi était susceptible de tout changer entre nous. Si elle allait sur cette voie, si je n'arrivais pas à la convaincre, c'était la fin pour moi.

Je retournais donc la situation dans mon esprit et dans tous les sens. J'essayais de réfléchir à plusieurs approches et scénarios mais plus j'y pensais et moins cela fonctionnait. J'en arrivais à cette conclusion qu'il fallait que les choses se fassent naturellement avec elle. J'allais devoir me fier à mes sens pour capter ses signaux et saisir ma chance au bon moment mais j'avais confiance puisqu'il n'y avait pas beaucoup de domaines où j'étais meilleur que celui-ci.

J'étais enfin à Londres et je regardais ma montre en constatant qu'il était l'heure de la rejoindre. J'allais donc au studio pour l'heure du rendez-vous fixé ensemble et je n'étais qu'une boule de nerf à l'instant T. Dieu merci, toutes les émotions négatives retombaient instantanément en la voyant sortir du studio, en retrouvant son sourire merveilleux et en la voyant se jeter dans mes bras. Le stress s'envolait. Il ne restait que la myriade d'émotion et mon adrénaline. Je profitais de son accueil enchanteur. Je la serrais précieusement dans mes bras et je prenais un temps de pause pour la couver, l'embrasser et m'émerveiller de son regard pétillant de joie.

"J'ai l'impression que je t'ai manqué ?"

"C'est possible…Tu es beau comme un Dieu"

"Et toi belle comme un cœur", j'étais émerveillé de la voir sourire d'amusement puis m'embrasser frénétiquement le visage en réponse à cette joute mielleuse. Je ne retenais pas mes sourires et mon émotion à ces retrouvailles exceptionnellement câlines.

"Merci pour les fleurs...Elles sont magnifiques"

"Heureux qu'elles te plaisent"

"Tu as fait beaucoup de jalouses au studio. Olivia était très triste de voir que le deuxième bouquet n'était pas non plus pour elle. Liam va avoir des problèmes à cause de toi", j'avais choisi ses fleurs préférées, j'avais pris un bouquet de chacune de ses couleurs favorites pour être sûre de lui faire plaisir mais j'avais aussi beaucoup hésité à en commander une dizaine. J'avais eu envie d'inonder sa loge mais ça aurait été beaucoup trop anormal et suspect alors j'avais freiné mes ardeurs en me contentant de ces deux là.

Le trajet à pied jusque chez Mia s'était ensuite fait bras dessus, bras dessous. Elle partageait définitivement ma joie et mon euphorie après cette semaine interminable et ce manque insoutenable. J'avais rêvé et attendu désespérément ce moment depuis notre séparation en Norvège et je l'avais enfin dans mes bras ce soir. Elle était lumineuse, joyeuse et terriblement câline et je me plaisais encore plus à rêver de ses éventuels sentiments pour moi.

J'avais passé mon temps à la scruter ensuite une fois chez elle pour déceler le moindre geste, le moindre regard et la moindre parole qui pouvait la trahir. J'avais commencé à les compter sur mes dix doigts puis j'avais complètement perdu le fil tellement ils se multipliaient. Mia était dans une humeur parfaite et délicieuse au démarrage imminent de son spectacle alors je me sentais aussi pousser des ailes par effet de miroir mais j'avais tenu mes résolutions pendant tout le repas. J'étais resté sage et calme comme je l'avais prévu, en gardant en tête l'idée de passer à l'offensive après sa soirée uniquement. C'était le plan d'action que je m'étais fixé mais je sentais après le dessert que j'étais en train de flancher. Je n'en pouvais plus de me contenter de la regarder sourire en face de moi pendant son brin de ménage. Je n'en pouvais plus de rester à distance sans pouvoir la toucher. Et je perdais le contrôle, les paroles sortaient de ma bouche, sans préméditation ni préavis. En moins d'une seconde, j'avais ouvert les festivités.

"La rumeur court que tu aurais menacé Ashley pour qu'elle cesse de me tourner autour", j'avais parlé avec l'air le plus détaché que j'avais, je continuais de jouer nonchalamment avec cette pomme mais je ne lâchais pas Mia des yeux. Je me régalais de voir sa première réaction : elle était embarrassée. Je poursuivais rapidement pour battre le fer à chaud.

"L'œil de Moscou a encore frappé ?", elle essayait de changer de sujet habilement mais je ne la laissais pas faire.

"Tu as vraiment fait ça ?", Mia continuait ses tâches ménagères l'air de rien malgré mon ton provocateur et elle me répondait de la façon la plus calme possible sans vraiment me regarder.

"De rien, Harry"

"Pourquoi est-ce que je devrais te remercier ?"

"Parce qu'il n'y a pas que les femmes qui sont victimes de viols. Je suis aussi là pour assurer tes arrières", elle avait trouvé le cran de se retourner cette fois et de me répondre avec un ton joueur en faisant référence à mes dernières crises d'angoisse. Cette fourbe allait encore essayer de s'en sortir par le jeu mais je n'avais aucune intention de laisser passer cette fois.

"Ce n'est pas un viol si je suis consentant"

"Mais tu ne l'es pas, sinon je ne me serais jamais permise, tu penses bien", Mia avait cette fois croisé les bras et elle souriait encore plus mystérieusement en me fixant.

"Qu'est-ce qui te fait dire que je ne le suis pas ? Ashley a beaucoup d'atouts. Ton intervention a peut-être tourné au sabotage ?", et je voyais cette lueur de crainte et de doute dans ses yeux. C'était tout ce que je voulais voir et c'était merveilleusement bon. Mia reprenait des forces rapidement ensuite malgré ma tentative de déstabilisation et elle répondait avec son audace intarissable.

"A d'autres, Harry. La patience ne fait pas partie de tes qualités. Tu aurais cédé au rentre-dedans de Ashley depuis longtemps si tu étais intéressé. Tu n'es pas le genre de prédateur à aimer jouer avec ses proies", Mia ne se doutait pas à quel point cette situation m'excitait. Elle était à plusieurs mètres, face à moi, adossée à son plan de travail, avec les bras croisés et son air malicieux. Son regard était aussi assuré que le mien et sa répartie aussi affutée.

"Vraiment ? Miss-je-sais-tout peut nous dire quel genre de prédateur je suis dans ce cas ?", je reposais ma pomme dans son panier et je plongeais mes yeux intensément dans les siens pour lui montrer mon regain d'intérêt. Elle était encore insouciante à ce moment-là, elle ne se doutait pas que j'avais ouvert définitivement la chasse ce soir. Elle rêvait sûrement encore d'un répit.

"Le genre impatient et capricieux", je marquais une pause après son sourire taquin. Elle était très sûre d'elle et je me dépêchais de la contredire.

"Tu te trompes. J'ai appris à devenir TRÈS patient...et ça me chagrine que tu n'aies pas encore noté... ni...récompensé l'effort", je continuais de la fixer et de sourire et Mia s'entêtait maintenant et soudainement à fixer ce point invisible au sol. Elle refusais de relever la tête et de me regarder et je prenais un plaisir monstrueux en la voyant aussi déstabilisée. Mia était en train de comprendre que j'allais enfin oser. Alors je décroisais mes bras, je m'éloignais du plan de travail et j'avançais lentement vers elle en continuant de lui parler pour lui faire baisser sa garde.

"Et c'était parfaitement contre nature je te l'accorde", mais Mia remarquait parfaitement mes pas, elle voyait la distance se réduire, elle comprenait tous les sens cachés de mes mots et son corps se tendait d'appréhension vue d'ici. Elle se mordait les lèvres, elle secouait la tête pour exprimer sa désapprobation en refusant obstinément de lever ce tabou. Je ne me laissais pas décourager et je faisais un nouveau pas vers elle. Il ne m'en restait plus que deux.

"Qu'est-ce que tu fais ?", Mia était à l'affût du moindre de mes gestes en me voyant aussi proche d'elle.

"Je m'approche de ma proie...", je franchissais les deux derniers pas sur cette réponse mystérieuse. Je passais mes bras de part et d'autre de son corps en prenant appui sur le plan de travail en approchant mon visage du sien pour l'obliger à soutenir mon regard.

"J'ai été très patient, Mia, mais c'est terminé", mon nez frôlait le sien et mon sourire se fanait en la voyant déglutir péniblement et suffoquer à cette proximité infernale. C'était à mon tour d'être en difficulté en constatant l'effet immédiat que j'avais sur elle et à la vue aussi pleine sur ses yeux infiniment envoûtants et ses lèvres qui ne demandaient qu'à être embrassées. Je la dévorais des yeux, je brûlais d'envie de l'embrasser et mon cœur partait en embardée folle en la voyant se mordre les lèvres et tourner de l'œil. Elle était définitivement tentée, elle voulait m'embrasser, je n'avais aucun doute là-dessus. Je me mordais les lèvres, je les humidifiais et je me rapprochais. J'étais à deux doigts de frôler les siennes

"Ne fais pas ça...", je me stoppais immédiatement à sa directive subite qu'elle ponctuait d'un geste de main sur mon torse. Je me figeais quelques secondes en quittant des yeux ses lèvres pour rabattre sur ses yeux et ses cheveux que je me mettais à caresser amoureusement en lui posant la question ultime.

"Pourquoi pas ?", j'étais suspendue à sa réponse. Je la voyais fixer mes lèvres avec beaucoup d'envie mais elle trouvait malgré tout la force de tenir sa position et de me contredire.

"Parce que. C'est une très mauvaise idée", je riais instantanément face à son manque de loquacité. Elle refusait de se justifier mais je me doutais de ses motivations. Je devinais le débat qui faisait rage dans sa tête. Mia avait peur de perdre son meilleur ami et peur de se perdre de nouveau dans les bras d'un homme. J'étais persuadé qu'il ne s'agissait que de ça et c'était à moi de trouver les mots justes pour lui donner le courage de se lancer. Je savais que j'aurai tous les droits sur elle après ça. Alors j'avais essayé de la façon la plus convaincante qui soit, avec le regard le plus tendre qui soit.

"J'ai toujours été le plus perspicace de nous deux donc crois-moi si je te dis que c'est une excellente idée"

"Non. Tu es surtout le plus impulsif et le plus inconscient de nous deux", Mia tenait bon et s'entêtait, pire encore elle était en train de reprendre du poil de la bête et je levais inévitablement les yeux au ciel en soupirant de contrariété. Elle profitait de ce moment ensuite pour reprendre un peu d'air et rétablir une légère distance entre nous. Et je notais pendant ce mouvement qu'elle tremblait.

"Tu as la frousse", j'avais ramené de nouveau mon regard sur elle et je la provoquais avec un ton amusé même si j'étais au fond inquiet de la voir si troublée. Ce n'était vraiment pas bon pour la suite si cette idée l'effrayait autant.

"Absolument pas"

"Pourquoi est-ce que tu trembles dans ce cas ?", j'avais accompagné ma parole de gestes en me saisissant de ses mains et en les caressant avec tendresse dans l'espoir de l'apaiser. J'étais parcouru de frisson au contact de sa main chaude et j'étais bouleversé de voir en retour la chair de poule traverser aussi ses bras.

"Parce que j'ai froid"

"C'est une façon de me demander de te réchauffer ?", j'avais répondu avec un sourire taquin et une voix suave de comédien en insistant sur ce cliché et en touchant encore plus sensuellement sa main et son poignet. Mia souriait malgré elle, elle se laissait tenter par ma touche d'humour et je la voyais soupirer lourdement pour essayer de retrouver la maitrise de ses émotions.

"Sois courageuse. Il va falloir que tu nous sortes de cette impasse", j'avais repris sérieusement, j'avais lâché une de ses mains et remonté mes caresses le long de son bras. Je me donnais le droit de parcourir sa nuque délicatement, de toucher son visage et ses lèvres sensuellement. Elle était au supplice pendant tous ces gestes et son corps n'exprimait que des contradictions.

"Je préfère l'impasse à la falaise, Harry", je fermais les yeux de frustration à son nouvel entêtement et je tempêtais intérieurement en la voyant retirer sa main de la mienne. Je la regardais poser sa main sur mon torse et poser son autre main sur celle que j'avais posé sur son visage. Ses gestes n'avaient aucun sens. Elle m'intimait d'arrêter de la caresser mais je la sentais également agripper mon pull et me tirer vers elle. Elle en mourrait d'envie aussi mais elle luttait encore de toutes ses forces pour ne pas céder. Alors je laissais reposer mon front contre le sien, je lui accordais une pause, j'en profitais pour m'enivrer de son odeur et de son souffle chaud que je sentais contre mes lèvres. Je brûlais d'excitation ensuite en la voyant s'humidifier les lèvres, mais je la voyais aussi la seconde d'après se les mordre pour éviter d'agir. Elle était en train de perdre la tête avec ses débats intérieurs et elle me faisait perdre la mienne avec toutes ses hésitations. Je jugeais maintenant que je lui avais laissé suffisamment de temps, j'arrivais à mon extrême limite.

Et c'est dans ce moment absolument décisif, celui où je m'apprêtais à l'embrasser de plein gré ou forcé, que j'entendais la sonnerie de sa porte d'entrée. Je restais parfaitement immobile le temps de réaliser ce qui était en train de se passer. J'attendais que ce visiteur se décourage mais je grognais de frustration en entendant sonner une deuxième fois. Puis je me souvenais qu'il s'agissait de Théo et Julia. Je me souvenais que j'étais l'imbécile qui leur avait proposé de passer et je m'insultais de tous les noms en le réalisant. Mia le constatais et elle me souriait très moqueusement. La situation était risible, le ciel était en train de lui donner raison. Je ne pouvais pas être plus frustré. J'étais sur elle, sur la femme de mes rêves, j'étais à deux doigts de poser mes lèvres sur les siennes et j'étais interrompu par une putain de sonnette. Je n'avais pas du tout le cœur à plaisanter, j'étais dépité, ma mâchoire se crispait de contrariété. Mais à l'inverse, Mia riait. Elle gardait ses mains chaudes contre moi, elle maintenait cette proximité sublime entre nous mais elle riait et me narguait.

"Ça ? C'est ton ange gardien qui te fait des appels de phare pour te confirmer que c'est une terrible idée", et je souriais cette fois à mon tour de la voir détourner la situation à son avantage.

"Non. C'est juste ta bonne étoile qui t'offre très généreusement un dernier sursis", je ne décollais pas d'elle, j'aurai facilement pu reprendre dans mon élan malgré cette interruption mais la sonnerie retentissait de nouveau et avec une litanie insupportable. Cette fois j'étais obligé de me séparer d'elle et je quittais définitivement ses bras à contrecœur pour ouvrir un peu brusquement à Julia et Théo.

"Vous êtes devenus sourds ou quoi ?!", Julia rouspétait, je recevais sa bise rapide puis elle se jetait joyeusement dans les bras de Mia.

"Ma beauté, je suis tellement, tellement, tellement heureuse de te revoir. Tu m'as trop manqué !", je saluais Théo timidement et il comprenait de son côté à cette attente trop longue et aux expressions torturées sur mon visage que je n'étais pas devenu sourd mais qu'ils venaient d'interrompre un moment important avec Mia. Je voyais ses yeux s'illuminer de curiosité et d'excitation mais je me dépêchais de lui couper l'herbe sous le pied.

"Pas maintenant", et je le regardais refermer aussi sa bouche dans une moue boudeuse puis entrer et saluer Mia joyeusement à son tour.

Leurs retrouvailles faisaient chaud au cœur, ils ne s'était pas revus tous les trois depuis un mois, précisément depuis les fiançailles et j'étais en train de mesurer le chemin que j'avais parcouru depuis avec elle.

"Bon vous êtes prêts ?", c'était la question de Théo.

"Oui, mais c'est surtout à Mia qu'il faut poser la question...Est-ce que tu es enfin prête Mia ?", mon regard était très insistant et mon sourire était immense en soutien de ce double sens. Et j'étais émerveillé de la voir simplement sourire et s'en amuser. C'était un nouveau signe d'encouragement.