Point de vue Harry

Mia était enfin prête. Je l'attendais de pieds fermes sur ce trottoir mais elle ne prenait pas ma direction en sortant du studio. Je la regardais en lieu et place traverser la rue et se diriger vers Tom qui était déjà en train d'écraser sa cigarette et de lui sourire. Je notais la bise très chaste et amicale qui me démontrait que j'avais peut-être extrapolé à leur sujet. Tom n'avait l'air d'avoir aucune prétention. Je sentais ensuite que la conversation devenait sérieuse. Elle lui tendait une enveloppe mystérieuse, je ne voyais pas le visage de Mia, mais le comportement de Tom me faisait penser que le sujet était désagréable. J'aurais tué pour connaître le contenu de cette lettre mais j'étais sur le banc de touche, comme tout à l'heure avec cette histoire d'indésirable numéro 1. Je ne pouvais pas m'empêcher d'ailleurs de faire le rapprochement. Mon inquiétude et ma curiosité étaient encore plus piqués à vif en la voyant revenir vers nous avec cette expression familière sur son visage. Mia avançait avec le regard hagard et je sentais mes tripes se tordre encore une fois en comprenant que quelque chose n'allait pas. Son humeur était très contrastée avec celle que j'avais eu dans les loges et j'avais hâte qu'elle arrive à ma hauteur pour la questionner mais surtout la réconforter.

C'est ce que je prévoyais de faire mais son Ricardo était encore une fois sur ma route. Je le voyais sauter sur Mia par surprise, l'enlacer et la faire tournoyer dans les airs joyeusement. J'aurai pu être contrarié mais j'étais rapidement calmé en voyant ce sourire immense prendre place sur le visage de Mia. Je préférai la savoir folle de joie pour lui que de la voir triste pour je ne sais quoi. Je prenais donc très bien la situation malgré ma première contrariété et j'essayais de ne pas réagir aux provocations de Ricardo qui m'adressait des regards malicieux et compétiteurs pendant qu'il couvrait Mia de baisers et de mots doux.

Point de vue : Mia

Harry venait de claquer la porte. J'aurais dû me dépêcher d'aller me préparer mais je choisissais plutôt de m'affaler lamentablement dans mon canapé en continuant de rêvasser. Je savais depuis la Norvège que j'allais finir par accepter sa proposition indécente mais j'avais décidé de repousser l'échéance. Je n'avais pas prévu de succomber ce weekend et c'est pour cette raison que j'avais tenu le choc sous ses précédents assauts chez moi. Mais j'avais fini par céder ce soir et sur ce trottoir, en sentant ses bras me réconforter pour la millième fois et en entendant ce nouveau surnom sortir de sa bouche de façon irrésistible. J'avais fondu, définitivement à ce moment-là, en m'interdisant de l'embrasser sous l'œil de Théo et Julia. J'étais restée plus que sur ma faim ensuite, j'avais tenu le spectacle très studieusement mais l'idée était revenue avec toute sa force dès mon retour dans les loges. Alors j'avais fait savoir mon caprice directement par Sam, en espérant que l'annonce publique enverrait un message clair à Ricardo au passage. Je ne savais pas encore pour Ricardo mais ce qui était certain c'était que Harry avait, lui, parfaitement reçu le message. Je le sentais encore sur mes lèvres et à travers tout mon corps.

J'avais imaginé ce baiser avec lui comme ceux de Ricardo ou Charlie, c'est-à-dire passionné et excitant mais la réalité était pire que ça. J'avais complètement sous-estimé la puissance et l'impact d'un moment de cette nature avec lui. Les baisers de Ricardo et de Charlie faisaient pâle figure à côté de celui que venait de me donner Harry. J'étais donc bouleversée au plus haut point à l'instant T et j'étais surtout obnubilée par ce souvenir et ces sensations encore très vives. Je brûlais de recommencer, mon corps en réclamait beaucoup plus. Harry devenait officiellement à compter de ce soir l'objet de tous mes désirs.

J'avais donc dû particulièrement me faire violence pour me préparer le plus rapidement possible et rattraper mon retard en pensant aux nombreuses personnes qui m'attendaient en bas. Je venais de finir quand je tombais néanmoins nez à nez avec cette poubelle et ce bouquet de fleurs que j'avais jeté quelques heures plus tôt. Il s'agissait de la première livraison de la journée, celle qui avait eu lieu avant celle de Harry. C'était la dernière attention en date d'Adrien et elle m'avait glacé le sang car c'était la dernière personne à laquelle j'avais eu envie de penser aujourd'hui. Cette attention m'angoissait aussi particulièrement parce qu'elle signifiait qu'il ne se contentait plus de messages.

"Sam, Tom est encore dans le coin ?", je le voyais pointer des yeux le véhicule de police de Tom et j'allais aussitôt à sa rencontre.

"Salut ma belle. Alors ?!"

"Tout s'est très bien passé !"

"Je te l'avais dit ! Et aucun Jérémy ni Adrien à l'horizon en plus de ça donc tu peux te détendre maintenant", j'avais apprécié qu'il essaye de me réconforter depuis notre déjeuner de ce midi mais tout son laïus me passait par dessus la tête. J'étais devenue fataliste face au malheur, je ne trouvais plus beaucoup de réconfort face à ce genre de fausses promesses depuis mon agression et encore moins depuis le naufrage.

"Oui. Et à ce sujet. Il m'a fait livrer des fleurs cet après-midi"

"Des fleurs, c'est nouveau ? Il t'en a déjà envoyé par le passé ?", j'hochais la tête négativement pour lui répondre. Effectivement, le harcèlement d'Adrien n'avait jamais été jusqu'à ce genre de prise de contact. Tom était perspicace de le demander et il m'inquiétait davantage sans le vouloir.

"J'ai gardé le bon de livraison et la carte au cas où ça pourrait t'aider", je lui tendais avec appréhension et j'écoutais Tom remuer mon humeur en relisant le mot d'accompagnement à haute voix avec un air exaspéré.

""J'espère qu'elles te plairont et qu'elles te donneront envie de me donner une seconde chance. Bon courage pour ton spectacle. Tu me manques. AD."". Ce type est vraiment dur de la feuille. Tu as eu un bon réflexe de garder ça, je vais voir ce que je peux en tirer", j'approuvais silencieusement.

"Tu ne l'as pas dit à ton Harry ou je me trompe ?"

"Comment tu le sais ?"

"A sa tête surprise tout à l'heure quand j'en parlais à Tom"

"Pitié dis moi que tu ne lui as rien donné à se mettre sous la dent ?"

"Non mais tu connais déjà mon avis sur le sujet. J'aurai mis dans la confidence ton entourage et encore plus un homme comme Harry. On ne sait jamais, Mia"

"Mais je n'ai plus besoin d'un homme avec ce que tu m'as appris, n'est-ce pas coach ?", j'avais tenté l'humour pour le détourner, Tom souriait rapidement mais sans perdre le nord.

"Rappelle-moi déjà pourquoi il ne faut rien lui dire ? "

"Harry est surprotecteur. Ça a toujours été le cas, ça s'est aggravé quand Adrien m'a agressé mais c'est bien pire depuis notre naufrage…", j'essayais de réfléchir au meilleur résumé pour que Tom saisisse l'ampleur du sujet en quelques mots.

"Il est traumatisé par la mort de sa femme. Je suis devenue sa bouée de sauvetage et il est capable du pire à ce titre pour me garder près de lui. Crois-moi, il ne doit pas savoir qu'Adrien est de retour dans ma vie. C'est trop dangereux", je regardais Tom analyser et méditer sur l'information.

"Dangereux ? Quoi pour Adrien ou pour Harry ?"

"Pour les deux. Harry a perdu le peu de sang froid qu'il avait sur cette île et ce n'est pas non plus le point fort d'Adrien. Ils ne doivent plus jamais se revoir Tom. Harry doit rester en dehors de ça quoiqu'il en coûte, je compte vraiment sur toi", je marquais une pause en frissonnant puis je soupirais de soulagement en voyant Tom acquiescer.

"D'accord, on va ménager ton Harry mais tu dois également arrêter de t'inquiéter. On veille au grain. Tu as une escorte de rêve ce soir donc profites-en pour t'amuser et te vider la tête, ok ?", j'hochais la tête positivement en sentant sa main compatissante sur mon épaule.

"...Ce Harry est flippant à nous fixer de cette façon depuis que tu es arrivée...", je riais sans me retourner.

"C'est exactement ce que je viens de te dire. C'est une vraie sentinelle, tu peux être sûr qu'il va fouiner et me harceler pour savoir ce que l'on vient de se dire"

"Sérieusement ? Peut-être que je devrais l'engager ?"

"Définitivement, tu gagnerais un très bon élément", je faisais l'effort de sourire à sa blague en partant cette fois mais mon sourire se fanait aussitôt le dos tourné.

Je repensais à mes propos ensuite et effectivement, je préférais largement subir une nouvelle hospitalisation que d'avoir à gérer un nouveau drame qui impliquerait Harry. Je refusais l'idée qu'il puisse finir en prison et je refusais encore plus l'idée qu'Adrien puisse lui faire du mal. Mes idées étaient donc plutôt sombres en traversant la rue. Je savais que je devais très vite reprendre mon masque des bons jours mais je n'y arrivais pas. Et j'étais dans ces pensées noires au moment où je sentais mes pieds quitter le sol. J'avais ressenti une peur bleue sur le moment à cause de ces pensées vers Adrien mais j'avais reconnu très vite les bras solides de Ricardo.

"SURPRISE !", je souriais désormais jusqu'aux oreilles. Adrien était bien loin après ça. J'étais aux anges de le sentir, d'entendre cette voix familière après des mois de séparation. Je le laissais me reposer au sol et me retourner et j'étais encore plus heureuse de revoir son visage et son sourire si communicatif. Je l'avais sûrement un peu trop encouragé avec cette réaction spontanée car Ricardo se lançait aussitôt dans une pluie de baisers que je peinais à réfréner. Je savais que tous nos amis, dont Harry, étaient en train de nous regarder au loin et j'étais au maximum de la gêne. J'essayais de me dépêtrer de son débordement d'affection mais Ricardo ne décollait pas. J'avais fini par échapper aux câlins mais il gardait son bras possessivement autour de mes épaules en continuant d'embrasser ma tempe.

Je l'obligeais donc à avancer avec moi pour rejoindre mes amis et j'étais émue aux larmes à l'arrivée de voir Liam sabrer le champagne et d'entendre cette pluie d'applaudissements en réaction au spectacle. J'étais sur mon nuage grâce à cet accueil, je ne faisais même plus attention à Ricardo et mes yeux se posaient spontanément sur Harry qui était resté discret. Je me sentais perdre pieds rapidement dans son regard. J'étais en train de me noyer profondément sous une déferlante d'émotions au souvenir de ses derniers baisers. Je sentais pendant cet échange de regards que Harry n'était plus mon meilleur ami et qu'il n'était plus le même homme. Ce moment dans ma loge venait de rebattre toutes les cartes entre nous. Je ne savais plus quoi en penser, je ne savais plus ce qu'il représentait. Et je n'avais pas plus de temps pour réfléchir à la question car je sentais Ricardo s'agitait de nouveau à mes côtés. Il m'étouffait de smacks bruyants et il dépassait les limites de l'acceptable avec un qu'il déposait à la commissure de mes lèvres et qui faisait rire l'intégralité du groupe. Son énergie et sa joie avaient beau être risibles et communicatives, c'était malgré tout un code rouge alors j'essayais de sévir avec le plus de crédibilité possible.

"Donnes moi de l'air, sangsue !"

"Oh ne compte pas sur ça, tu m'as beaucoup trop manqué !", j'essayais de garder mon masque mais je riais définitivement et malgré moi car au plus je me débattais, au plus Ricardo m'emprisonnait et m'embrassait.

"Arrête ça maintenant", il continuait de désobéir et d'user de sa force physique alors je choisissais la même méthode qu'avec Harry en Norvège. Je le prenais par surprise avec une autre technique apprise par Tom pour me dégager de lui et je courais me réfugier dans les bras de Julia sous les nouveaux rires de nos amis et le regard médusé de Ricardo.

"Oh reviens là, tortue Ninja !"

"Tu laisses ma merveille en paix, Ricardo. Elle t'a dit NON !", je riais comme tout le monde en voyant Ricardo battre en retraite et je remarquais avec soulagement que Harry souriait aussi. Harry souriait discrètement mais sincèrement. J'étais soulagée, surprise et émerveillée de voir que son humeur restait délicieuse malgré cette drague lourde de Ricardo. Harry ne me servait aucune scène de jalousie, il était en train de redevenir fidèle à lui-même, c'est à dire bourré d'assurance et d'excès de confiance à un point terriblement irrésistible et attirant.

"C'était tellement exceptionnel, génialissime ! Vraiment je n'ai pas de vocabulaire assez fort !", Julia venait d'utiliser sans le savoir les mots qui avaient ouvert définitivement les hostilités dans cette loge et j'avais de nouveau posé mes yeux sur Harry. Je frissonnais en comprenant à son regard profond et pétillant qu'il repensait à la même chose que moi.

J'avais fait le trajet ensuite ballotée de bras en bras à profiter des compliments de mes amis. J'étais ravie et paisible du moins jusqu'à ce j'arrive devant le QG. Je repartais dans la même crise de tétanie qu'en arrivant au studio. Ma tête était en quatre par trois sur la façade et la foule était plus importante ici puisqu'il fallait compter sur les clients de l'établissement en plus des fans. J'aurai dû être très fière et enthousiaste mais j'avais toujours détesté attirer l'attention. En spectacle ou en concours, ce n'était pas moi qui était mise en valeur mais la danseuse. Avec le studio, je sentais que les choses étaient différentes, les fans commençaient à s'intéresser à qui j'étais, ils s'intéressaient à ma vie, à mon quotidien et à mes fréquentations. Je n'étais pas certaine d'aimer ça ni de pouvoir m'y habituer un jour et j'étais tétanisée. J'avais du mal à avancer, j'avais ralenti mes pas et je voyais le groupe prendre de l'avance sur moi à l'exception d'une personne. Mon état n'avait encore une fois pas échappé à Harry. Je le sentais s'approcher de moi, glisser son bras autour de ma taille et embrasser mon front tendrement pour m'aider à avancer et à affronter. C'était notre premier contact physique depuis la loge et il était en train de me brûler.

"Le Roi et la Reine de la soirée sont arrivés ! Enchanté Ricardo ! Je suis Cédric, le directeur !", Cédric était dans une forme olympique, je le sentais immédiatement au ton et à son débit impressionnant de paroles.

"C'est de la folie, Mia. On est en train d'exploser les entrées et les ventes de conso. Il va vraiment falloir qu'on se parle dans la semaine. Il ne faut pas s'arrêter là, j'ai quelque chose à te proposer, il faudrait que tu viennes avec ton avocat, d'accord ?", Cédric était surexcité, je le laissais m'aider à retirer mon manteau et le confier à l'hôtesse et j'essayais de me concentrer pour suivre son flots de paroles. Je m'ennuyais fermement au bout de plusieurs minutes quand mon regard se posait de nouveau sur Harry. J'aurais mieux fait de fixer le sol puisque j'étais prise de bouffées de chaleur subites en le voyant me dévisager de la tête aux pieds avec une envie flagrante et parfaitement assumée. Il n'avait jamais posé ce genre de regard sur moi en soirée, c'était bien plus qu'un regard appréciateur, Harry me dévorait des yeux et je pouvais percevoir d'ici toute la tension qui se dégageait de son corps, alors le rouge me montait inévitablement aux joues et la chaleur commençait à se répandre entre mes cuisses.

J'avais été contrainte de retourner à ma conversation avec Cédric ensuite et je soupirais de soulagement en le voyant définitivement partir au bout de quelques minutes. J'attendais donc sagement que nos amis terminent aux vestiaires au moment où je sentais une main très audacieuse et virile se poser sur la chute de mes reins. C'était lui, sans l'ombre d'un doute, je le reconnaissais à l'odeur de mon parfum masculin préféré. J'étais prise ensuite de légers vertiges en sentant son souffle chaud contre ma nuque et en l'entendant me murmurer délicieusement à l'oreille.

"Tu as prévu de me malmener ce soir jusqu'à ce que mort s'en suive...?", je lui aurai retourné la question si j'avais eu le temps et l'opportunité de répondre.

Point de vue : Harry

J'avais conscience de la regarder beaucoup trop avidement en ce moment mais ce n'était plus nécessaire de m'en cacher après la loge. Mia était à couper le souffle dans cette robe. Je mourrais d'envie de l'approcher, de la toucher, de l'embrasser mais elle était parfaitement monopolisée par cet homme qui était d'une lourdeur sans nom. Je profitais donc rapidement de son départ pour me rapprocher d'elle, je succombais à l'envie de la toucher, de lui parler et j'aurais certainement été plus loin dans mes gestes si je n'avais pas été de nouveau court-circuité par Ricardo. J'étais bouche bée de le voir surgir de nulle part et se planter devant elle en m'ignorant royalement. Pire encore, je le regardais s'emparer des mains de Mia et l'éloigner de moi suffisamment pour que ma main à moi n'ait plus que le vide à caresser.

"Tu es renversante, Mia. Je ne crois pas t'avoir déjà vu aussi belle... Habillée, je veux dire", je riais jaune en ce moment. C'était un pas mesquin. Ricardo me remettait à ma place en me rappelant qu'il n'en était pas au premier coup d'essai avec Mia. J'étais sidéré et encore plus en voyant un nouveau regard furtif et joueur de Ricardo à mon attention pendant qu'il s'autorisait un baise-main très sensuel sur Mia. La surprise et la frustration passées, j'étais obligé d'admettre que cet homme avait beaucoup de sex appeal et un esprit de compétition très aiguisé. Ses initiatives me faisaient lever les yeux au ciel d'exaspération autant qu'elles m'amusaient et me stimulaient.

"Mia, Ricardo, vous venez s'il vous plaît ? Les journalistes vous attendent", et c'était ce Cédric qui revenait et désignait du regard l'endroit prévu pour les photos officielles.

"C'est partie, ma belle, allons faire plaisir à ces journalistes", et je le regardais encore emporter Mia loin de moi en lui faisant faire un tour sur elle-même. Théo, qui venait de me rejoindre, n'en manquait pas une miette non plus et se dépêchait de commenter.

"Ce mec va te passer devant. Fais attention, poto", mais je souriais avec une assurance démesurée en lui répondant.

"Ricardo n'a aucune chance ce soir"

"Je n'en serai pas si sûr à ta place. Ce type est redoutable. Est-ce que tu vois ce que je vois...?", et je voyais effectivement comme lui la scène qui se déroulait devant les journalistes. Je voyais Ricardo l'enlacer sensuellement, je le voyais lui murmurer des paroles à l'oreille, embrasser son front et même la basculer dans ses bras dans une pause dansante parfaitement exécutée. Il le faisait avec beaucoup d'aisance et Mia le laissait faire en souriant. Je les regardais cependant très sereinement parce que c'était bien moi qui avait reçu son invitation dans sa loge ce soir, c'était moi qui avait eu l'honneur de l'embrasser et moi qu'elle avait été sur le point de dévorer. J'étais certain d'être le seul à être dans la tête et le corps de Mia ce soir. Je me contentais donc de l'admirer en profitant de la présence de Théo à mes côtés et de l'absence d'oreilles indiscrètes pour lui confesser mes dernières avancées.

"On s'est embrassés dans sa loge", et je me décidais après ce lâcher de bombe à le regarder et sa tête valait le détour.

"...Répète ça…?", j'étais très amusé de voir ses yeux exorbités et sa bouche grande ouverte. C'était rare de voir Théo aussi muet.

"...Plus précisément, c'est elle qui m'a embrassé. Je dirai même qu'elle m'a dévoré. Donc crois-moi, Ricardo n'est plus un problème", et je partais en souriant encore très largement et en laissant Théo pour mort après cette dernière révélation. Je le comprenais, j'aurai pu rester dans le même état que lui après ce dénouement inattendu si je ne ressentais pas toute cette adrénaline ce soir. Je jetais donc un dernier coup d'œil pour la forme en partant vers Mia et je me sentais encore plus invincible en la voyant repousser avec fermeté une main très audacieuse de Ricardo.

Je prenais comme tout le monde ensuite la direction des tables. J'essayais de repérer ma place autour des meilleurs emplacements et je trouvais effectivement mon marque-place face à celui de Mia sur laquelle était écrit avec beaucoup d'humour et un cœur : "Prince Harry". Elle avait suivi mes dernières directives, j'avais la place du roi ce soir. Je m'étais éloigné un moment de la table ensuite pour discuter et j'avais le total déplaisir à mon retour d'y constater la présence de Ricardo. Je soupirais très lourdement en le voyant me narguer ouvertement pour la millième fois de la soirée.

"Tu as arrêté l'école avant les cours de lecture, Ricardo ?", j'avais tenté un ton décontracté à cause de l'auditoire présent et j'entendais en effet les rires de toute la tablée qui était très attentive à notre affrontement.

"Non pourquoi ? Il y a ton nom quelque part ?", et j'hallucinais cette fois de voir Ricardo attraper mon marque-place et le jeter par-dessus son épaule de façon hasardeuse. ll en profitait également pour me sourire encore plus et étendre ses bras de part et d'autre de la banquette pour asseoir sa position.

"Oh, ce mec ne te respecte pas", je souriais en approuvant le point de vue de Liam. C'était effectivement quelque chose que j'allais devoir enseigner rapidement à Ricardo mais je gardais le silence en voyant Mia arriver à notre hauteur. Je lui laissais le temps de prendre connaissance d'elle-même de la situation et je restais en retrait pour voir comment elle comptait gérer le problème elle aussi devant tout le monde.

"Ricardo, tu es à la place de Harry", je ne cachais pas mon sourire satisfait.

"Tu es sûr ? Ce n'est pas écrit pourtant", Ricardo lui souriait largement et Mia devinait la ruse. Elle lui notifiait son mécontentement en croisant les bras et en durcissant faussement le regard.

"Certaine puisqu'il s'agit de mon plan de table. Je n'ai pas besoin de pense-bête pour m'en souvenir. C'est la place de Harry. La tienne est derrière", j'étais complètement séduit par l'assurance et l'autorité qu'elle dégageait en ce moment et je l'étais encore plus de la voir résister à Ricardo à mon avantage. Mon sourire commençait à s'élargir mais il disparaissait ensuite en entendant Ricardo m'interpeller.

"Harry ?", je me tournais vers lui très suspicieusement en attendant qu'il parle.

"On échange s'il te plaît ? Tu vois Mia beaucoup plus souvent que moi", oui, Ricardo avait osé me le demander. J'entendais Théo et Liam éclater de rire à l'unisson face à ma tête d'abruti. Ricardo essayait de me coincer. Il savait que cette histoire avec Mia était secrète et il comptait sur ça et la bienséance pour me faire céder mais il ne me connaissait pas. Il allait vite apprendre que j'assumais parfaitement pour Mia mais aussi que la politesse était un concept qui me passait par-dessus la tête si elle était en contradiction avec mes intérêts.

"Peut-être mais je ne suis pas le genre d'homme à céder sa place, Ricardo", je restais droit, les bras croisés et solidement planté au sol pour souligner mon propos et sans en dire trop devant nos amis, à défaut d'avoir eu l'accord de Mia avant. J'entendais Théo rire plus fort que les autres et je voyais Ricardo déstabilisé par ma réponse. Il se détournait de moi pour interpeller directement Mia cette fois.

"SA place, hein...? Ce n'est pas cool... Tu aurais pu me prévenir que j'allais avoir de la concurrence ce weekend..", je voyais Mia se tortiller de gêne face à cette intervention sans filtre de Ricardo mais le sous-entendu laissait encore planer le doute auprès des autres parce que Ricardo était le genre d'homme qu'il était difficile de prendre au sérieux. Il profitait ensuite de son moment de flottement pour mettre davantage les pieds dans le plat toujours aussi publiquement.

"C'est à ce moment-là que tu es censée faire ton choix, ma belle", et je riais moins désormais puisque Mia pouvait être tentée d'accepter Ricardo pour étouffer son début d'affaire avec moi.

"Je l'ai déjà fait. Ce n'est pas de ma faute si tu n'écoutes rien et si tu ne sais pas lire", nos amis riaient fortement mais de mon côté j'étais étonné et émerveillé de la voir tenir sa position malgré les offensives très agressives de Ricardo. Dire que j'étais excité en ce moment était un euphémisme, je mourrais juste d'envie de foncer sur ses lèvres et de l'embrasser encore.

"Tu vas sérieusement me foutre à la table des enfants ?"

"Tu parles de mes danseuses là ? Est-ce que tu les as bien regardé ?"

"Oui, longuement et aucune ne t'arrive à la cheville donc je vais rester ici", j'entendais encore les rires de nos amis mais a contrario, je m'impatientais. Je trouvais désormais Ricardo très lourd, je n'appréciais plus d'être livré en spectacle de cette façon et je n'aimais pas son rentre-dedans. Mon corps était en train de se tendre. Je décroisais les bras et portais mes mains à mon visage en soupirant discrètement pour contenir encore mon humeur. Ces réactions n'échappaient pas à Mia qui connaissait à la perfection mon tempérament et mes limites. Je la sentais glisser sa main au même moment sur mon bras et taquiner ma joue de l'autre en répondait malicieusement à Ricardo.

"A ta place, je partirai avant que celui-là ne perde patience. Tout doux Harry...", elle essayait de m'attendrir avec son ton mielleux et ses gestes affectueux et elle y arrivait parfaitement bien. Elle y arrivait même avec encore plus de facilité que d'habitude car je frissonnais à ces nouveaux contacts en me retenant de la prendre dans mes bras. J'étais apaisé mais je restais malgré tout très attentif à la prochaine action de Ricardo.

"Est-ce qu'on parle toujours du même Harry ? Celui que j'ai rencontré au Mexique ? Ton meilleur ami gay ?", je prenais le tacle en pleine figure et il était encore plus désagréable en entendant Théo éclater de rire spontanément. Je trouvais du coup beaucoup plus urgent de jeter à Théo mon regard le plus noir pour le punir de cette trahison plutôt que de répondre à Ricardo. Il avait effectivement frappé fort et je prévoyais de répliquer en conséquence mais il me coupait l'herbe sous le pied.

"...Je rends sa place à Harry si tu déjeunes à mon hôtel demain midi", j'étais définitivement en train de tourner à l'orage face à son culot. Mia le notait et se cramponnait un peu plus à mon bras pour me dissuader d'intervenir. Ricardo le notait aussi car il me souriait plus prudemment maintenant en attendant la réponse de Mia. Je comprenais mieux ce que me disait Mia sur l'entêtement de cet homme. Il était sidérant.

"Un déjeuner, au restaurant, comme prévu"

"Au restaurant ? Quoi, tu veux dire entre AMIS ?"

"Oui, je dirai même que tu vas y venir en meilleur ami gay Ricardo, à prendre ou à laisser", et je riais à gorge déployée comme toute la tablée après cette réplique cassante de Mia. Elle venait de sauver mon honneur en retournant l'uppercut à Ricardo de la plus délicieuse des façons et je ne résistais pas cette fois à l'envie de passer mon bras sur son épaule et de lui adresser devant tous un baiser très franc sur sa joue pour la remercier. Ricardo recevait en retour mon sourire le plus moqueur et victorieux.

"Mmh...Donc j'ai fait tout le voyage jusqu'ici pour enfiler des perles ?"

"Des perles, tout ce que tu veux sauf moi", je me joignais au rire généralisé une nouvelle fois face à son répondant et en la sentant poser naturellement sa tête contre mon épaule.

"Attends. Minute. Trêve de plaisanterie. Tu es sérieuse ?", je sentais un changement cette fois dans le comportement de Ricardo. Il sondait réellement la position de Mia. Je savais à ce moment précis qu'il n'était pas en train de jouer mais qu'il était en train de confirmer ou non ses chances de rentrer avec elle ce soir.

"Très", et je voyais Ricardo médusé, il était en train d'analyser la situation. Je le voyais scruter Mia et nos deux positions et je le voyais encaisser ensuite amèrement l'information à en juger par ses airs moins rieurs et contrariés.

"Bon les gars, j'ai faim, vous allez y passer la nuit?", Théo s'impatientait aussi.

"Très bien...Je vais où ?", Ricardo était en train de reprendre contenance. Il prenait plutôt bien la nouvelle et il reparlait à Mia avec le même optimisme et aucune amertume.

"A côté d'Ashley, la brune en bout de table, tu seras très bien accueilli, je t'assure", je regardais enfin Ricardo se lever mais je me méfiais ensuite en le voyant me toiser. J'étais certain qu'il voulait me faire ravaler mon sourire moqueur et victorieux. J'attendais donc la prochaine réplique qui allait amuser la galerie mais Ricardo se rapprochait encore plus de Mia et moi en concluant par un murmure à notre seule attention.

"Mia ? Tu perds au change. Harry ? Ça m'a fait très plaisir de te chauffer la place", j'étais sidéré autant que Mia après cette dernière audace. La réplique et le sous-entendu étaient particulièrement osés mais ma seconde réaction était de rire. J'aurais vu rouge s'il avait osé le dire à haute voix et manquer de respect à Mia devant nos amis mais il avait choisi de partir avec élégance en s'adressant uniquement à nous. Je voyais difficilement quoi répondre à ça, alors je le laissais partir la tête haute et je prenais place comme Mia. Je la voyais contenir le même fou rire que moi mais elle finissait par le laisser éclater en croisant mon regard et en lisant le même amusement sur mon visage.

"C'était vraiment la place de Ricardo il y a deux semaines. Tu sais avant ton caprice et ton mensonge honteux ?", je riais au souvenir de cette soirée chez elle. J'étais reparti complètement désespéré ce soir-là d'avoir du nier tout ce que je ressentais pour elle mais le vent avait plutôt bien tourné depuis et plus rapidement que prévu [VOIR CHAPITRE 36 VERRE ENTRE AMIS].

"Et c'est un choix que tu ne regretteras pas", je voyais Mia rire puis réfléchir. Je la regardais ensuite se rapprocher de moi en souriant en m'intimant d'en faire de même pour échapper aux oreilles indiscrètes. Je jouais le jeu en essayant de résister à l'attraction terrible de son décolleté et de ses lèvres absolument tentantes. J'essayais de me concentrer sur ses messes basses.

"Dis-moi, qu'est-ce que tu as fait de tes petites crises de jalousie ?", je souriais d'être encore une fois malmené par Mia et je prenais beaucoup de plaisir à lui répondre sur le même ton charmeur.

"Je les ai laissé dans ta loge tout à l'heure", je la regardais se pincer les lèvres et tourner de l'œil à ce souvenir qui lui était aussi agréable qu'à moi incontestablement.

"Mais tu as pris soin visiblement d'en ressortir avec ton égo surdimensionné…", je riais délicieusement après cette dernière réplique et je regagnais plus sagement mon dossier après avoir noté à ma droite les regards très indiscrets et intrigués de Julia.

Les discussions repartaient de bon train ensuite avec nos amis qui n'avaient pas spécialement pris au sérieux les sous-entendus de Ricardo concernant Mia et moi. Théo était fidèle à lui-même, il s'amusait à me provoquer en commentant devant tout le monde et inlassablement mes précédentes joutes avec Ricardo.

"Ce mec a de bonnes punchlines. Et il te ressemble pas mal Harry", Théo avait osé me comparer à Ricardo et ma réaction était immédiate et sans appel.

"En version low cost tu veux dire ?", ma mâchoire se crispait désagréablement en entendant au même moment les rires de protestation des filles. Je ne devais pas espérer beaucoup de soutien sur le sujet Ricardo visiblement et Théo s'amusait à titiller encore plus cet égo surdimensionné dont parlait Mia un peu plus tôt.

"Qu'est-ce que vous en pensez les filles ?"

"Ricardo est tout sauf low cost, tu es de mauvaise foi, Harry", je notais de me venger à l'occasion de ce coup bas de Julia mais je me satisfaisais au moins du silence de Mia.

"Et moi je serais curieux d'entendre l'opinion très avisée de Mia", bien sûr, Théo ne s'en contentait pas. Il venait de tendre une perche terrible à Mia. J'étais certain qu'elle allait sauter sur l'occasion pour me rendre fou et me défier encore plus.

"Je suis d'accord avec Jul' ", j'avais tout à fait visé juste à en juger par sa première réponse et son regard très malicieux.

"Vas-y, donne une note à Ricardo de 1 à 10 ", Théo voulait me voir saigner ce soir visiblement.

"Mmh…", et le regard de Mia à ce moment précis me faisait frissonner. C'était un regard de défi, elle voulait me challenger et elle savait que j'allais répondre présent si elle allait sur cette voie. Je la voyais se concentrer et me fixer de façon toujours aussi provocante. J'attendais sagement sa notation pour savoir un peu mieux à quoi j'allais devoir me mesurer. C'était dangereux mais j'étais complètement grisé par ce moment qui avait un délicieux goût de préliminaire.

'9", et j'encaissais cette excellente notation avec un air pincé et amusé. Je m'empressais surtout de répliquer avant Théo pour ne pas lui permettre d'interrompre mon échange avec Mia.

"Peut-être mais je suis un 10, Mia", et elle osait pouffer et me provoquer, encore. J'allais réagir mais j'étais interrompu comme tout le monde par l'arrivée des serveurs qui apportaient les premiers plats. Mia avait cependant encore toute mon attention et elle tenait aussi à me répondre.

"Un 10. Rien que ça. Et d'après qui ?"

"À peu près toutes...", les serveurs venaient de quitter la table au même moment et nos amis avaient commencé à se désintéresser de notre échange au profit de leurs dégustations. Ce n'était pas le cas de Mia qui ne touchait pas d'un iota son assiette et continuait de me provoquer.

"Mais "à peu près toutes" n'ont pas eu la chance de tester Ricardo...", alors je faisais comme elle un peu plus tôt, je m'avançais et je lui intimais avec mon index d'en faire de même pour pouvoir lui murmurer plus intimement ma réponse à l'oreille.

"Alors je compte sur toi pour nous départager", j'avais repris ensuite ma position de départ sagement en feignant l'indifférence pour sauver les apparences à côté de Julia. Je faisais du mieux que je pouvais mais j'étais fou de voir Mia toujours bloquée sur ma précédente réplique. Elle ne bougeait pas, elle se mordait la lèvre discrètement et je pouvais juste imaginer toutes les pensées que j'avais réussi à planter dans son esprit en ce moment. C'était beaucoup trop bon mais pas assez encore à mon goût alors j'en rajoutais une dernière couche, cette fois à haute voix avec la même volonté de la mettre à terre.

"Mange Mia. Tu vas avoir besoin de force pour la suite du programme", je pensais à son moment de flottement que j'avais réussi à la déstabiliser et à l'intimider mais ce n'était pas le cas et j'étais particulièrement surpris et émoustillé de la voir me tenir tête. Mon cœur ratait un premier battement en la voyant poser son regard ravageur sur moi. Ce regard de braise suffocant que j'avais reçu d'elle avant que la température ne grimpe en flèche dans cette loge. Je soutenais ce regard tant bien que mal et je la voyais planter de façon hasardeuse sa fourchette dans son assiette en continuant de me fixer. Et c'est à partir de cet autre moment que mon cœur s'est mis à rater un deuxième battement, précisément en la voyant introduire dans sa bouche cette première bouchée de façon beaucoup trop sensuelle et tendancieuse en soutenant mon regard d'une façon insoutenable.

J'étais au bord de l'évanouissement, j'avais arrêté de respirer et j'étais douloureusement tendu pendant et après ce mouvement. J'étais complètement retourné par cet allumage inattendu de très haut vol et je réussissais à en sortir vivant uniquement grâce à l'aide appréciable de Mia qui remarquait ma position compliquée et avait pitié de moi.

"Est-ce que tu peux me passer le sel Harry s'il te plaît ?", je m'exécutais péniblement et je soupirais le plus discrètement possible pour me redonner contenance avant de reprendre part aux discussions collectives.

J'évitais absolument de la regarder après ce moment pour pouvoir reprendre le contrôle de mon corps et de mes pulsions au préalable et je me retrouvais à rire seul quelques secondes plus tard en réalisant à quel point la situation était en train de devenir sérieuse avec elle.

Le reste du repas avait été beaucoup plus sage et toujours très convivial ensuite. L'ambiance était parfaite, avec cette place idéale en face d'elle et la présence de notre groupe d'amis quasiment au complet à l'exception de Charlie, et dieu merci.

Ricardo était repassé à notre table ensuite à la fin du dîner. Il venait à priori en paix car il ne me toisait plus et s'avançait vers nous avec beaucoup de calme et de sérénité. Je le regardais s'approcher puis s'arrêter au niveau de Mia en l'enlaçant affectueusement et en déposant un baiser tendre au sommet de son crâne le plus naturellement du monde.

J'avais suffisamment scruté son langage corporel pour confirmer qu'il s'agissait d'un geste de tendresse cette fois et non d'une tentative de séduction et j'avais noté avec un total désenchantement la réaction inattendue et à peine perceptible de Mia : elle avait cligné les yeux de bien-être pendant l'espace d'une seconde. Mais une seconde qui n'avait pas échappé à mon attention. Elle l'avait fait puis s'était empressée de lui proposer la chaise libre à côté d'elle en recentrant son attention sur Julia et moi.

J'avais donc la certitude après ça que Mia adorait cet homme et qu'il tenait à elle en retour et je n'avais définitivement pas mis le doigt sur ce point problématique jusqu'à présent. Je me retournais donc le cerveau en ce moment sans prendre part aux conversations amicales pour comprendre comment une telle catastrophe avait pu arriver. Car s'il y avait bien une chose que Mia ne faisait pas, c'était de donner sa confiance et son affection aussi rapidement à un homme. Sa liaison avec Ricardo n'avait duré que six mois, c'était impossible qu'elle en arrive à ce stade avec lui s'il n'y avait eu que du sexe entre eux et c'était encore plus étrange que ce sentiment se pérennise encore à date alors qu'ils n'avaient plus vraiment de contacts depuis le Mexique.

Je réalisais que c'était mon erreur, de ne jamais lui avoir posé plus de question sur sa relation avec Ricardo mais aussi de ne jamais l'avoir interrogé sur tous ces mois au Mexique. Je ne l'avais jamais questionné et Mia ne s'en était jamais confiée. Et là encore, je n'aimais pas ça. Alors je comptais rectifier le tir et tirer au clair la situation sans délai. Mia et Ricardo avaient à présent toute mon attention et j'en profitais pour me replonger dans mes souvenirs d'eux du Mexique.

**Flashback**

J'étais à courte distance du feu de camp en train de boire des bières avec Théo. Je regardais en ce moment avec une tendresse infinie Mia danser avec Ricardo. Elle était radieuse dans cette robe rouge, mon bonheur était complet ce soir de l'avoir retrouvé au Mexique, d'avoir retrouvé ses bras le temps de quelques danses ce soir et d'avoir enfin tous mes meilleurs amis réunis. J'étais plus léger que jamais et c'était parce que je la revoyais elle. Donc je profitais de cette vision presque chimérique après des mois entiers sans aucune nouvelle de ma meilleure amie et j'en profitais maintenant avec beaucoup d'amusement en la voyant se faire tripoter par ce mexicain. Je continuais d'observer leur manège en riant et en commentant avec Théo. Et je n'avais aucun doute, au comportement et aux réactions de Mia, sur le fait que ces deux-là couchaient ensemble. Alors mes yeux s'étaient mis instinctivement à chercher Charlie et je l'avais trouvé. La scène n'avait pas échappé à son attention et je lisais sur son visage qu'il allait de surprise en surprise pendant cette danse. Je le voyais fulminer et je m'empressais de faire part de ma découverte à Théo.

"Putain, regarde moi la tête de Charlie. Cet abruti est complètement mordu"

"Et c'est maintenant que tu le comprends ?", j'avais effectivement un train de retard avec Théo mais j'avais ouvert les yeux depuis les dernières confessions de Mia à propos de leur moment charnel sur l'île.

"Oh putain Harry mate ça ! Il va lui péter la gueule ! Oh oui, bagarre générale !", j'éclatais définitivement de rire face à la réaction de Théo et en voyant effectivement Charlie bondir et foncer vers eux avec un air déterminé. Théo sautillait d'excitation contre mon bras, il ne rêvait que de ça et je m'amusais aussi beaucoup de mon côté car il n'y avait rien de mieux pour conclure en beauté une soirée et sceller l'amitié qu'une bagarre alcoolisée.

"Quoi ? Tu fous quoi Ricardo ? Non putain mec, défends toi ! Oh, fuck, il abandonne…", j'étais plié de rire face aux bruits de commentateurs de Théo qui regardait avec beaucoup de déception Ricardo faire le dos rond à l'arrivée de Charlie et accepter de se faire confisquer Mia.

"Reste ici, je vais creuser", j'avais abandonné Théo et son air ennuyé pour rejoindre Ricardo qui venait d'être laissé pour mort sur le sable.

"Je suis désolé mon pote mais je crois que tu vas devoir rester sur ta béquille ce soir", il venait de sortir de sa léthargie en sentant mon bras amical autour de son cou. J'en avais profité pour l'amener un peu plus loin sur la plage. Je voulais discuter avec cet homme pour confirmer mes théories, assouvir ma curiosité mais aussi vérifier les références de ce nouveau soupirant de Mia, comme je le faisais toujours dans mon élan protecteur habituel. Mais il ne prêtait aucune attention pour l'instant. Il regardait encore Mia et Charlie qui marchaient à l'opposé de la plage et j'éclatais de rire en entendant enfin sa première réaction à chaud.

"British de mes deux...!"

"Pas d'insulte raciste, surtout que je suis à moitié-anglais aussi", je le voyais tourner de l'œil d'exaspération à ma réponse taquine et je continuais.

"Alors tu couches avec Mia ?", j'avais vu Ricardo me regarder subitement. Il était amusé de mon entrée en matière directe et sans préliminaire.

"Qu'est-ce qui te fait dire ça ?"

"Je suis son meilleur ami depuis dix ans. Tu es parfaitement son style de mec et elle ne se laisse jamais tripoter sur la piste par n'importe qui", et Ricardo riait encore.

"Tu te trompes Harry", je l'avais défié du regard de mentir et il m'avait rendu en retour un sourire particulièrement malicieux.

"Je ne couche pas avec Mia... Je prends un pied phénoménal avec Mia", et j'avais rit à gorge déployée après cette chute de sa part. J'aimais parfaitement le côté très décomplexé de cet homme.

"Depuis quand ?"

"Cinq ou six mois"

"Mmmh, c'est à la limite du couple ça"

"Dios Mio ! Surtout pas et c'est une règle bien établie entre ta meilleure amie et moi"

"Alors désolé mon pote mais tu vas devoir faire le deuil de ton plan torride et passer à autre chose", nos yeux se portaient au même moment sur Mia et Charlie qui étaient plus loin sur cette plage. Mia était clairement en train d'aguicher Charlie en ce moment même.

"Mmh, elle fait ce qu'elle veut ce soir mais crois-moi je lui referai tourner la tête demain", j'avais rit encore face à son tempérament joueur. Il me confirmait qu'il ne s'agissait que de sexe entre eux, sans sentiment et sans engagement. Cet homme me plaisait bien alors je me sentais obligé de le mettre en garde même si la guerre de coqs souhaitée par Théo était une option qui m'aurait aussi beaucoup amusé.

"Tu as oublié Charlie"

"Ce cul-serré britannique ? J'ai tous les arguments pour fumer ton pote Charlie", j'avais rit à l'insulte puis j'avais hoché la tête de sidération face à son inconscience.

"Non, tu ne devrais pas jouer à ce jeu-là avec cet homme-là. Il n'y a pas plus jaloux de base et je t'assure qu'il est à fond sur Mia. Il te fera mordre la poussière si tu t'approches d'un millimètre ou si tu te contentes même de la regarder. Crois-moi, tu pourras dire adieu à ta belle gueule si tu t'amuses à ça, ce gars est un boxeur de haut vol"

"Sérieusement…?"

"Sérieusement. Trouve-toi un autre quatre heure que Mia"

"Oh j'ai essayé beaucoup de quatre heures Harry et il n'en existe pas de meilleur que ton amie. Je n'aurai pas la force de faire ce que tu me demandes", j'avais rit très sincèrement encore.

"Alors prépare-toi à mourir dans d'atroces souffrances. Charlie sera sans pitié avec toi"

"Ok, je vais peut-être y réfléchir si c'est à ce point là…", j'avais rit aux éclats encore et le sujet de conversation avait dévié après l'arrivée de Théo. Nous avions discuté quelques minutes ensemble, jusqu'à ce que je vois Mia repartir seule vers la villa et Charlie venir vers nous.

"Charlie arrive et je dirai qu'il est dans une humeur de merde. J'irai voir ailleurs à ta place, Ricardo", et j'avais suivi comme Théo son moment d'hésitation puis la lueur de crainte dans son regard. J'avais eu le plus gros fou rire des vacances à ce moment précis avec Théo, en voyant Ricardo prendre ses jambes à son cou pour fuir l'arrivée de Charlie.

J'avais encore rit à m'en étouffer à l'arrivée de Charlie, en l'entendant désespérer et se plaindre de Mia mais plus encore aux réactions de Théo.

"Cette femme est ingérable. Je n'y survivrai pas", j'essayais de garder un minimum de sérieux pour faire redescendre Charlie en pression mais Théo lui ne se retenait pas de rire.

"Tu savais très bien dans quoi tu mettais les pieds, Charlie. Tu ne peux pas t'attendre à dompter la lionne en une journée. Je connais Mia, ne t'inquiète pas, ce n'est rien de sérieux avec Ricardo et ça ira bien mieux pour toi quand tu lui auras donné ce qu'elle veut", j'essayais vraiment de garder mon sérieux mais j'éclatais définitivement de rire à l'intervention sans finesse de Théo.

"Une BONNE BAISE, mec ! Tout simplement ! Putain Charlie tu fais exprès ou t'as perdu ta queue sur l'Ile ?! ", je riais mais je pensais effectivement que Charlie avait intérêt à se laisser rapidement aller avec elle pour la contenter à tous les niveaux s'il ne voulait pas perdre face à la concurrence redoutable de Ricardo.

**Fin du flashback**

J'avais beau fouiller dans ma mémoire, je ne trouvais rien de concret concernant cette évidente complicité entre eux. Je n'avais pas beaucoup prêté attention à eux au Mexique car j'avais passé l'essentiel de mon temps à couver Mia sur son idylle naissante avec Charlie. Je n'avais pas été très attentif à elle et Ricardo mais aujourd'hui, j'écoutais leurs bavardages et je suivais leurs gestes avec beaucoup d'intérêt. Je le faisais pour qualifier précisément la nature de leur relation et pour savoir à qui j'avais réellement affaire avec Ricardo car il avait l'air aussi doué que Mia pour le mensonge et les faux semblants.

"Tu passes une bonne soirée avec les filles ?", j'écoutais Mia ouvrir le bal.

"Très, elles sont vraiment top. Mais je ne suis pas sûre de partager ton avis pour Ashley"

"Vraiment ?"

"Oui. Harry, qu'est-ce que tu en penses toi ?", je souriais d'être pris à partie, il était soit en train de me jeter une peau de banane soit en train de me donner l'occasion de marquer des points.

"Elle manque d'élégance"

"Tu m'enlèves les mots de la bouche. Décidément, on a beaucoup de goûts en commun toi et moi...", j'étais obligé de rire à sa nouvelle audace.

"Harry t'aurai conseillé Emily en premier choix mais je ne t'ai pas mise à côté d'elle parce qu'elle est en couple", je notais silencieusement que mes goûts n'avaient vraiment aucun secret pour elle et je m'étonnais ensuite de la dernière partie de sa phrase.

"Et c'est le genre de chose censée décourager Ricardo ?", je n'y croyais pas une seconde au vu du profil de cet homme et ma réaction était spontanée.

"Oui Harry, c'est interdit par mon code d'honneur. Je ne m'attaque pas aux femmes amoureuses", j'avais répliqué par un rire moqueur pas du tout convaincu.

"Très étonnant venant d'un dalleux comme toi. On peut savoir pourquoi ?", je m'attendais encore à le voir rire ou déconner mais il ne le faisait pas, il me répondait avec un sérieux plutôt inattendu.

"Parce que ça finit toujours en drame et il n'y a rien que je déteste plus que de voir une femme pleurer", et je le voyais à la fin de sa réplique couver Mia du regard, se pencher sur elle et lui déposer un baiser appuyé sur la joue. Je voyais encore à ce moment précis Mia cligner les yeux de plaisir mais je voyais surtout Ricardo lui rendre un sourire que je qualiferai de tendre et mielleux. J'étais sûr que je venais de subir à l'instant un échange codé entre eux. Je comprenais aussi que Ricardo n'était pas le prédateur sans foi ni loi que j'avais imaginé et qu'il considérait Mia au delà du sexe. Clairement, la situation commençait à me déranger et à me préoccuper. Je continuais donc de les écouter très attentivement.

"Pendant que j'y pense. Mon agent a bouclé la proposition pour le clip. Tu me diras quand tu auras un temps libre pour s'en parler ?"

"Oui mais dis lui d'appeler directement Charlie aussi"

"Pourquoi Charlie ?"

"C'est mon avocat"

"Seigneur, donc ça te fait 3 meilleurs amis gay maintenant, rien que ça ? Tu es vraiment bien entourée", j'étais désenchanté d'entendre Mia rire mais elle m'amenait de nouveau au ciel en prenant la peine de répondre à Ricardo.

"Non juste deux avec Charlie et toi inclus", elle pinçait la joue de Ricardo affectueusement, elle venait de mettre de nouveau les points sur les "i" à propos de moi, elle assumait face à Ricardo du moins et j'avais à peine le temps de m'en émerveiller et d'en profiter que nous étions interrompus par le directeur qui réclamait Ricardo pour son entrée en scène. Je le regardais se lever et partir après avoir déposé un énième baiser sur le front de Mia. J'entendais le directeur annoncer Ricardo au micro et je jouais le jeu comme tout le monde en me joignant aux encouragements et aux applaudissements en le voyant prendre le micro.

"Bonsoir Londres… Merci pour cet accueil. Je suis aussi très...excité d'être avec vous ce soir. J'espère que vous passez une bonne soirée", je secouais la tête face à son charisme et les réactions qu'il arrivait à susciter auprès du public.

"Merveilleux ! Puisque je peux vous dire que je passe une excellente soirée. Et c'est aussi le cas des 29 autres personnes qui ont eu la chance, comme moi, d'assister au spectacle incroyable de Mia et des filles ce soir. Remercions-les et applaudissons-les bien fort s'il vous plaît", je saluais l'élégance de Ricardo et je me joignais volontiers à cette salve d'applaudissements. Il démontrait une fois de plus sa considération sincère pour Mia.

"Oh vraiment vous auriez vu ces femmes….", je m'amusais en même temps que Mia du changement d'humeur subite de Ricardo qui redevenait joueur et provoquait l'hystérie générale.

"Et vous auriez vu la délicieuse Olivia…", je m'amusais encore plus maintenant face à la colère soudaine de Liam qui n'appréciait pas la dédicace et usait de sa force en ce moment pour faire taire les cris de joie et de fierté de Olivia.

"Mais surtout vous auriez vu Mia...", c'était à mon tour de grogner désormais. Ricardo savait très bien faire monter la température de la salle mais il savait aussi faire monter la mienne. J'étais encore pris entre deux feux en ce moment mais je choisissais de me laisser porter par l'euphorie générale et d'apprécier toutes ses acclamations uniquement destinées à Mia.

"Mia ? Où es-tu, ma belle ?", je regardais Mia se faire discrète et tenter de disparaître mais les filles hurlaient et gesticulaient pour la dénoncer. Je m'attendrissais de la voir aussi intimidée et rougissante face à ce tonnerre d'applaudissements. Je voyais ensuite Ricardo marquer une pause et je sentais à son comportement et son ton qu'il était en train de redevenir son sérieux.

"Regardez à quel point cette femme est belle. Tout le monde le sait. Mais il y a une chose que seule une poignée de privilégiés comme moi sait, c'est que Mia est aussi et surtout la plus divertissante, la plus douce et la plus féroce des femmes", j'entendais au même moment la foule s'émouvoir. Mia rougissait, je la voyais émue mais elle trouvait le courage de lui rendre un sourire tendre et de mimer un cœur de ses mains malgré les regards portés sur elle. Ricardo lui répondait avec un sourire sincère et il lui rendait un baiser volant très enfantin qui faisait de nouveau rire la foule.

De mon côté, je prenais en pleine face cette ultime démonstration. Je comprenais, à la justesse des mots qu'il venait d'utiliser pour la décrire qu'il avait vu l'essentiel de Mia au Mexique. Elle lui avait laissé voir bien plus loin que sous ses vêtements et c'est pour cette raison précise que je commençais honnêtement à m'inquiéter maintenant.

"Vous pouvez le prendre pour acquis puisque dieu seul sait combien de femmes j'ai rencontré dans ma vie…", il reprenait son rôle de bout en train en faisant de nouveau rire la foule.

"Donc au delà de ça Mia et très sérieusement, je voulais te dire…", il marquait une nouvelle pause pour exciter la foule qui étaient en soif de potin sur ces deux-là. Ils n'attendaient que la suite mais de mon côté, je voulais qu'il se taise car je sentais mes intestins se tordre d'appréhension. Je craignais plus que tout les prochains mots de cet homme car je ne voulais pas assister ce soir à la déclaration d'amour publique de Ricardo. Je ne voulais plus, pour rien au monde, me retrouver de nouveau au centre d'un triangle amoureux destructeur avec elle. Alors je retenais mon souffle et j'attendais avec beaucoup moins d'assurance que précédemment.

"Je voulais te dire que tu as été claire et plutôt vache avec moi tout à l'heure mais j'accepte ta proposition. J'accepte de devenir ton meilleur ami gay, Mia. Je m'en contenterai puisque tu es définitivement une amie très précieuse avant d'être une amante fabuleuse. Donc souhaite-moi de trouver une femme ce soir qui saura m'apprécier à ma juste valeur et m'aider à t'oublier…Bien sûr, tu pourras toujours m'appeler à toute heure du jour et de la nuit si tu changes d'avis...", et je sentais tout mon corps se relâcher de soulagement. Ricardo rangeait les armes. Il n'en voulait pas plus que Mia. J'avais bon espoir qu'il ne s'agisse que d'affection et d'amitié entre eux et mon humeur remontait rapidement en flèche après ça. Je reprenais ma respiration après ce terrible ascenseur émotionnel.

"Bon. Et un dernier mot pour conclure avant de lancer la musique….Harry ?", j'allais beaucoup mieux mais ma respiration se coupait de nouveau en entendant Ricardo m'interpeller clairement au micro. Mia me regardait avec curiosité et amusement, de mon côté je la regardais avec appréhension et méfiance car je soupçonnais Ricardo de vouloir clôturer notre précédent duel par une humiliation publique bien sentie.

"Cette chanson va rappeler de très bons souvenirs à Mia donc tu devrais sortir prendre l'air trois minutes si tu préfères rester sur le très bon moment que vous avez passé ensemble dans les loges tout à l'heure…", ma mâchoire se décrochait de stupéfaction et de sidération. Il venait d'oser. Il venait de nous mettre à nu, avec beaucoup de perspicacité et sans aucune subtilité devant tout l'auditoire et surtout devant nos amis. Les réactions ne se faisaient pas prier. La foule était en délire et j'entendais aussi le rire très franc de Théo mais surtout les réactions très vives de Olivia, Liam et Julia.

"C'est pour ça que tu m'as rembarré quand je suis venue frapper à ta loge tout à l'heure. Mais quelle menteuse celle-là !", c'était Olivia qui affichait un sourire béat en totale contrariété avec sa phrase d'indignation.

"Seigneur. HALLELUIA ! ", c'était Liam qui mimait une prière au ciel parfaitement exagérée mais sincère.

"Mia, c'est encore une blague de Ricardo ou c'est vrai...?", c'était Julia qui était par contre très sérieuse et bouleversée de l'information et des réactions à peine surprise de Olivia et Liam qui avaient été aux premières loges de ce début de je ne sais quoi.

De mon côté, je gardais le silence, je tenais le choc sous ce harcèlement en regardant Mia intensément pour lui faire comprendre que le choix lui revenait. Je lui souriais timidement mais je mourrais d'appréhension en attendant sa réponse.

"Chut, Ricardo commence donc taisez-vous et fichez-nous la paix", j'avais le cœur qui battait le rythme après ça puisque Mia venait d'avouer à demi-mot. Elle n'avait pas nié, elle leur avait souris et surtout elle avait parlé d'un "nous". Je notais son sourire à mon attention à la fin de sa fausse colère et je réalisais que Ricardo venait de me rendre une très fière chandelle. C'était à moi de rebondir correctement maintenant pour faire comprendre à Mia que j'attendais bien plus d'elle que ces baisers et un 10/10 dans son lit. J'allais devoir encore manœuvrer habilement et le plus naturellement possible pour ne pas la faire fuir.

Je me reconcentrais ensuite difficilement mais comme tout le monde sur la performance de Ricardo. Je me surprenais à apprécier moi aussi cette chanson qui allait incontestablement faire l'objet d'une très belle chorégraphie des filles. Les paroles me rappelaient comme promis à quel point Mia et Ricardo s'étaient consumés de plaisir et de perversité dans les bras de l'autre, sans aucune pudeur, sans aucun complexe, sans limites ni promesses. J'aurai pu me décomposer au fil de la chanson mais c'était tout sauf le cas. Au contraire, mes yeux se posaient sur Mia à son insu pendant qu'elle regardait Ricardo. Et je la fixais en ce moment avec un œil encore nouveau. Je la dévorais des yeux avec un appétit féroce et incontrôlable car ces paroles et ces notes diaboliques étaient en train de réveiller et de remuer dangereusement le vice que je m'appliquais à contenir depuis des années pour Victoria. J'avais un rappel à tous les niveaux ce soir que Mia était une amante prodigieuse. Elle était très certainement et de loin la plus désirable, la plus vorace et la plus corruptible des femmes. J'avais la conviction qu'elle me ferait perdre la tête comme aucune autre avant elle. A ce moment précis, je n'étais donc plus simplement obsédé à l'idée de la posséder, j'étais complètement possédé par l'envie de la ravager. J'avais le désir violent de l'emmener très haut et très loin, bien plus qu'avec son Ricardo et bien plus qu'avec mes précédentes partenaires.