Point de vue : Harry

Je me dépêchais d'interrompre l'alarme de mon réveil pour ne pas réveiller Mia et je la bordais malgré ses premiers signes d'éveil.

"Dors, mon ange. Il est tôt. Je vais courir avec ton père"

"Mmh", j'essayais de résister à mon envie de l'étouffer d'amour face à ce son et ses traits adorables. Je me contentais d'embrasser délicatement sa joue puis de me préparer le plus discrètement possible. J'aurai préféré mille fois annuler et rester avec elle mais c'était inenvisageable de faire faux-bond à Pierre en dernière minute. Fiabilité et ponctualité, il n'y avait pas de ligne de conduite plus forte pour cet ancien militaire haut gradé et j'avais pris le pli depuis de nombreuses années. Alors je partais, à reculons, pour le rejoindre dans le bois pour notre séance d'entraînement habituelle. Dieu merci, je n'avais eu droit à aucune conversation sur Mia aujourd'hui.

J'avais fini par rentrer ensuite, en me faufilant toujours aussi discrètement dans la douche mais Mia m'avait offert l'honneur immense de sa visite. J'étais encore comblé de bonheur ce matin mais j'étais de nouveau contrarié en entendant mon nouveau réveil sonner : j'étais obligé de partir car je m'étais engagé auprès de Philippe pour lui envoyer des vidéos avant la fin de matinée. Je l'avais annoncé à regret à Mia qui s'était empressée de se proposer de m'accompagner.

"Non, c'est une très mauvaise idée", je l'avais dans mes bras. Ma réponse était ferme et définitive mais Mia ne l'entendait pas de cette manière.

"Pourquoi ?!"

"Parce que tu vas m'interdire de bouger ET de respirer ?", je la regardais rire mais de mon côté j'étais sérieux car je savais qu'elle n'aurait jamais le cœur assez accroché pour me suivre en haut de cette tour.

"Je ne me proposerai pas de venir si c'était le cas ! Allez on y va ! Tu vas adorer mes talents de cameraman !", j'avais été obligé de céder face à sa détermination et elle m'avait suivi à la Défense, puis sur cette tour. Elle avait passé la sécurité comme une voleuse avec moi et avait monté tous les niveaux jusqu'au toit.

"Tu es sûre que tu en es capable ?", je la voyais nettement moins assurée maintenant à cette hauteur. Elle voyait la poutre que je visais et qui était suspendue au-dessus du vide vertigineux. Elle connaissait mes vidéos et elle voyait parfaitement le genre d'acrobatie et de prouesse que j'allais accomplir sous l'optique de sa caméra pour contenter Philippe.

"Oui ! Vas-y ! Qu'on en finisse ! Contente toi d'éviter de mourir sous mes yeux, s'il te plaît", j'étais clairement impressionné. Ce courage et ce trait d'humour sur ce sujet était parfaitement inédit de sa part mais je restais sur la réserve dans l'attente de la voir en action.

"Ok, dis moi quand tu tournes ?", et j'avais pris plus de soin et de précaution que d'habitude pour ne pas trop la malmener. Je notais quelques tressautements d'inquiétudes et je percevais par moment quelques cris aigus mais Mia était concentrée à la tâche et ne me bridait pas. Je décidais malgré tout de faire une pause pour lui laisser un temps de récupération et je l'entendais à ce moment là m'interpeller depuis son côté de la plateforme.

"C'est parfaitement inconscient mais je suis obligée d'avouer que tu es particulièrement irrésistible en vrai... Je ne regrette pas le voyage...", je souriais de plaisir à ce compliment et elle était malheureusement beaucoup trop loin de moi pour que je puisse la récompenser. Mia semblait se faire la même réflexion car je la regardais, en totale impuissance, prendre une initiative terrible et absolument interdite. Je devenais livide en une micro seconde en la voyant s'élancer sur cette poutre sans la moindre hésitation pour me rejoindre.

"QU'EST-CE QUE TU FOUS ? Tu restes où tu es ! Mia ! STOP !", elle avançait, malgré ma très vive opposition, elle longeait la poutre avec son équilibre de danseuse, elle était au-dessus de ce vide létal et j'étais dans une peur bleue. C'était l'arroseur arrosé, je retenais mon souffle et je palissais dangereusement car il n'y avait absolument rien que je pouvais faire pour la sécuriser. Un poids supplémentaire sur cette poutre l'aurait fait vaciller. J'étais donc obligé de subir sa lente progression avec la peur au ventre. Mes entrailles détestaient de la voir dans cette situation périlleuse. Je sentais mes jambes flageoler. Je venais de passer du rêve au cauchemar et j'étais à la limite de pleurer en la voyant perdre légèrement l'équilibre à mi-chemin. Je jurais ouvertement et je priais silencieusement.

"Moins vite…", il ne lui restait plus que deux mètres, je tendais la main à m'en arracher l'épaule pour l'attraper le plus tôt possible. Je comptais les centimètres et j'arrêtais de respirer pendant tout ce temps jusqu'à ce que je la tienne enfin dans mes bras sur cette plateforme sécurisée.

"Putain...tu veux ma mort ?", mon ton était dur car j'étais encore sous le coup de la peur et de l'émotion. Elle baissait le regard de déception et répondait timidement en faisant la moue.

"C'était censé te faire plaisir…"

"Tu me faisais plaisir quand tu étais en sécurité de l'autre côté de cette poutre"

"Mais le but de la promenade était de prendre des risques et de faire de belles prises, non ?"

"Prendre des risques avec ma vie. Jamais avec la tienne...Pff...Putain..Et tu as encore le trajet retour à faire…", je me liquéfiais en regardant de nouveau la poutre située derrière elle. Elle n'avait aucun autre moyen de repartir d'ici et je mourrais d'avance à la perspective de cette nouvelle épreuve. Mes jambes étaient encore vacillantes alors je décidais de m'asseoir au bord de la plateforme pour les suspendre et calmer les sensations. Je le faisais sans regarder Mia et je me frottais le visage pour essayer de retrouver mes esprits.

Et c'est à ce moment-là que je la voyais prendre une autre initiative malheureuse. Elle prenait le risque de tourner le dos au vide pour s'asseoir à califourchon sur moi. Je soupirais d'exaspération très nettement mais je me dépêchais de la serrer dans mes bras dans un geste protecteur instinctif car j'avais au moins la possibilité de l'assurer cette fois.

"Il va vraiment falloir que tu te mettes à obéir...", et je la voyais me fixer malicieusement. Mia avait retrouvé le sourire malgré mon humeur massacrante. Pire encore, je la voyais rire maintenant de mon attitude et de mon teint livide.

"Dé-tends-toi !", et je subissais sa pluie de baisers sur mon visage, ses caresses sur ma nuque et dans mes cheveux en réaction. Autant de gestes de réconfort particulièrement efficaces. Je m'apaisais, mon cœur retrouvait une allure normale et je soupirais de bien-être en sentant ensuite ses lèvres sur les miennes. Je me laissais guider par son baiser tendre, en l'accompagnant de caresses sur son dos, sur sa taille et en la serrant encore plus dans mes bras. Ce baiser était définitivement en train de me faire retrouver mes esprits et j'oubliais définitivement le lieu et l'endroit en la sentant glisser ensuite sa langue dans ma bouche. C'était divin, interminable et magique car je l'avais dans mes bras, dans ce cadre unique, avec cette vue à couper le souffle. Si son précédent moment sur cette poutre avait été cauchemardesque, je prenais maintenant un plaisir total à l'avoir contre moi dans ce contexte. Mia sentait que j'avais retrouvé mes moyens. Je la regardais reprendre son rôle de cameraman. Je jouais le jeu pour la laisser immortaliser de beaux clichés et j'étais certain que Philippe serait plus que ravi de son initiative. La présence de Mia était en effet un très beau coup de projecteur après l'explosion de sa côte de popularité du weekend dernier.

Elle en avait maintenant terminé de ses prises de vue. Je la regardais se reconcentrer désormais sur moi.

"Si tu devais choisir une discipline, en termes de sensations fortes et à part le base jump bien sûr, laquelle ce serait ?", sa question était sérieuse, j'adorais la voir s'intéresser à ma passion malgré les cheveux blancs qu'elle lui causait. Je savais qu'elle était en train de faire cet effort surhumain pour me faire plaisir et je réfléchissais sérieusement à la question pour lui faire plaisir en retour. Une seule réponse me venait.

"Te faire l'amour. Je n'ai définitivement jamais eu autant de sensations fortes que depuis le weekend dernier...", la confidence était très intense mais on ne peut plus sincère. Je la regardais se mordre les lèvres de plaisir puis sourire délicieusement. J'en profitais pour l'embrasser une nouvelle fois, très passionnément, et elle s'empressait de rebondir sur ma réplique.

"Donc si je trouvais le moyen de me libérer à temps complet, tu arrêterais de faire ta tête brûlée pour Philippe ? Si tu ressens plus de chose avec moi qu'au dessus de ce vide ?", j'étais forcé d'éclater de rire face à sa tentative de corruption. C'était bien essayé mais complètement vain.

"Tu ne pourrais pas m'assumer à temps complet..."

"Oh vraiment ? Teste-moi...", je riais encore et je la regardais avec un frisson terrible agripper mon pull et m'attirer fougueusement vers elle pour me donner un baiser particulièrement endiablé qui me donnait soudainement très envie de rentrer. C'était sans compter également le fait que je sentais le vent tourner et qu'il fallait donc rentrer maintenant sans tarder. Je retenais de nouveau ma respiration en la voyant faire le chemin inverse sur cette poutre et je prenais sa main pour commencer une course folle en voyant les agents de sécurité débarquer. J'avais réussir à fuir, main dans la main avec Mia, après une nouvelle frayeur et de grands éclats de rire.

Nous avions pris le temps ensemble ensuite de regarder les prises autour d'un déjeuner au restaurant. J'avais sélectionné avec elle les meilleures pour Philippe. Je regardais avec elle le succès encore fulgurant de ces nouveaux buzz et je finissais l'après-midi dans les rues de Paris pour répondre à son envie pressante de profiter de nouveau des quais de Seine et des boutiques.

La balade était maintenant terminée et j'étais allongé sur mon canapé avec Mia dans mes bras quand je voyais mon téléphone vibrer. C'était son père. Je savais qu'elle n'était pas du tout prête à officialiser notre couple devant nos parents alors que j'étais de mon côté très serein à cette idée. Notamment puisque le secret était particulièrement dur à tenir pour moi avec le temps que je passais en ce moment avec le père de Mia pour nous préparer au prochain marathon. Je l'avais vu tous les jours de la semaine, ce matin inclus, mais le plus dur avait été mardi soir, quand la mère de Mia m'avait invité à dîner après l'entraînement. Ça avait été terrible de leur donner des nouvelles d'elle et de leur raconter mon dernier weekend à Londres sans jamais parler de notre nouvelle relation. Je décrochais avec un sourire sadique et la ferme intention de m'amuser.

"Oui, mon Général ?", j'avais toute l'attention de Mia à l'entente de ce surnom qu'elle reconnaissait immédiatement. Je la voyais se décomposer et j'en profitais pour lui déposer un baiser taquin sur la bouche qu'elle s'empressait de rejeter par peur d'être entendue. La situation était cocasse et j'en riais déjà.

"Ahein. Oui...Non...Vraiment ? Mia est à Paris ce weekend…? Non, je pensais que c'était le suivant. J'ai dû confondre", j'essayais de retenir mon rire face aux gros yeux que me faisaient Mia à ce mensonge éhonté. Je lui glissais un nouveau baiser forcé dans son cou mais je me régalais de la voir sourire cette fois.

"Vraiment ? Super...Quand ?...Mmh...Oui bien sûr. On fait ça...Bise", et je raccrochais maintenant avec un sourire très large car j'avais hâte de voir la réaction de Mia. Je prenais la parole le premier car je ne m'attendais pas à ce qu'elle me demande ce que me voulait mon père car ce coup de fil était un événement d'une affligeante banalité.

"Tu as prévu de dîner avec tes parents ce soir ?"

"Oui", je l'écoutais me répondre très naïvement pendant qu'elle se réinstallait confortablement sur moi.

"Tu savais qu'il y avait aussi les miens ?"

"Non ?...Seigneur...Mon père vient de t'inviter aussi…?", j'hochais la tête en continuant de sourire et en essayant de retenir mon rire moqueur face à sa moue sceptique.

"Pourquoi est-ce que tu as dit oui, Harry ?", la vérité était que je mourrais d'envie de nous faire sortir du placard ce soir mais je ne pouvais pas lui avouer mon projet, alors je la caressais plutôt dans le sens du poil avec un nouveau mensonge à son attention.

"Parce que ça aurait été louche de refuser, "jeune fille"", j'utilisais sur le ton de l'humour ce surnom que lui donnait régulièrement son père pour essayer de la dérider mais ça ne suffisait pas. Je la voyais encore plus se liquéfier.

"Je vais devoir mentir à ta mère...!? ", je la regardais maintenant devenir très soucieuse et j'étais complètement attendri car Mia était profondément attachée à elle et je comprenais son dilemme de ne pas vouloir la blesser parce que ma mère est une femme particulièrement attachée aux principes. J'étais donc obligé de fondre encore plus de tendresse à sa réplique et sa grimace sincère.

"Ou on leur dit la vérité...Pourquoi est-ce que tu angoisses autant à l'idée qu'ils l'apprennent ?"

"Parce que ça fait une semaine..."

"Et quoi ? Je suis en période d'essai, tu comptes me lourder la semaine prochaine ?", je la regardais de façon taquine, Mia me démontrait par son sourire que ce n'était pas le cas mais j'avais le cœur qui se serrait malgré tout face à son refus parce qu'il signifiait qu'elle restait sur la réserve et qu'elle ne vivait pas les choses de façon aussi sereine et assurée que moi.

"C'est juste un peu tôt pour l'épreuve des parents", son refus persistant me blessait définitivement mais j'essayais de faire bonne figure et de conserver mon ton joueur pour essayer de la convaincre.

"Oh donc c'est ça, tu as peur de rencontrer mes parents ? Tu verras, ce sont des gens vraiment sympas et adorables, tu devrais bien t'entendre avec eux...", et j'étais ravi cette fois de l'entendre rire et se dérider considérablement. Je profitais donc de ce revirement de situation pour placer un peu plus mon argumentaire et lui laisser un peu de respiration.

"La situation est atypique, Mia. Arrête de chercher à entrer dans une case. Laisse les choses venir. Sans compter le fait qu'on va passer une excellente soirée, comme d'habitude...", je la regardais beaucoup plus sérieusement cette fois en lui taquinant le bout du nez. J'étais plus que sincère puisque oui ça ne faisait qu'une semaine entre nous mais l'étape de présentation aux familles avait eu lieu neufs années plus tôt. C'était la maison du bonheur depuis et il ne pouvait pas y avoir meilleure situation que la nôtre. C'était le grand amour à tous les niveaux, entre moi et ses parents, entre elle et mes parents et entre nos parents également qui étaient devenus deux couples d'amis inséparables. Nous étions une famille recomposée à nous six depuis bientôt une décennie et j'avais eu à ce titre beaucoup de difficultés à intégrer Victoria. Elle avait nécessairement pris la place de Mia aux repas et aux événements et la pilule avait eu du mal à passer en particulier auprès de ma mère. Et même si elle avait finit par intégrer et apprécier Victoria, elle n'avait jamais créé le lien de cœur qu'elle avait avec Mia depuis toujours et j'avais mis un frein à la roue du bonheur avec mon mariage. C'est sûrement pour cette raison aujourd'hui que j'étais aussi déterminé à la relancer et sans délai. Pour me faire pardonner et puisque c'était une évidence aujourd'hui pour moi, les choses auraient toujours dû être ainsi.

"C'est vrai...Je n'ai aucune raison de stresser avec tes parents. Ils sont doux comme des agneaux...Mais Papa...Seigneur, j'espère vraiment qu'il arrivera à garder son calme quand il apprendra que tu couches avec moi…", Mia se dépêchait de m'embrasser pour cacher son sourire malicieux et je me figeais sur ses lèvres. C'était à mon tour de pâlir et je voyais à quel point Mia était particulièrement satisfaite de ce retournement de situation très habile. Elle n'aimait visiblement pas mon niveau d'assurance et mon insistance et elle venait effectivement de les mettre à mal car il n'y avait qu'un seul homme que je craignais sur cette terre et c'était précisément son père. Je l'aimais sincèrement, comme un père d'adoption. J'adorais tout chez lui sa personnalité détonante, son caractère de feu et ses valeurs. L'entente avec lui était parfaite depuis le premier jour mais je filais droit à tous les niveaux avec lui et en particulier avec Mia à cause de sa carrure imposante, de son autorité de général des armées à la retraite mais surtout de ses instincts protecteurs exacerbés avec sa fille. Donc les réflexions allaient très vite dans mon esprit et je réalisais effectivement qu'il avait toujours refusé de rencontrer les petits-amis de Mia. Il avait même refusé de rencontrer Charlie et une officialisation ce soir en repas de famille aurait fait de moi le premier.

"Tu as raison...On a tout notre temps, on est pas pressés…", et je grimaçais pendant qu'elle riait aux éclats face à ma lâcheté. Je regagnais définitivement son clan après ces dernières réflexions en repensant au passage au jour où j'avais rencontré ses parents pour la première fois.

**Début du flashback**

C'était l'année de nos 22 ans. Ça faisait deux ans que je connaissais Mia et deux ans que j'avais commencé la danse avec elle. Nos vidéos rencontraient un énorme succès et nous venions d'être approchés pour concourir officiellement à l'échelle européenne. Je venais de terminer une répétition avec elle ce jour-là quand elle m'avait fait part de l'invitation.

"Je déjeune chez mes parents dimanche midi. On va devoir annuler le brunch"

"Ok. Pas de soucis"

"Et il faut que tu viennes aussi...Et avec tes parents…", je m'étais figé face à cette invitation totalement imprévue et sortie de nulle part. Mia avait un air presque gêné en me l'annonçant.

"C'est quoi ce traquenard ? Je suis pas ton mec..."

"Oui, je suis au courant mais mon père n'en démord pas. Il refuse de me laisser partir à Prague la semaine prochaine avant de vous avoir rencontré…", je me souviens lui avoir ri au nez malgré son air indigné.

"Il est au courant que tu as 22 ans ? Il va falloir qu'il te donne de l'air un jour..."

"Peut-être mais pour l'instant il faut que tu joues le jeu si tu veux que je vienne. Je n'ai pas l'intention de le contrarier sur ce coup-ci. Tu comprendras pourquoi quand tu le rencontreras", et j'avais pris le temps de méditer à sa proposition face à son air redevenu sérieux.

"C'est un guet-apens ? Si je rate le test, je finis en brochette sur son barbecue, ou quoi ?", j'avais commencé à grincer des dents et Mia avait commencé à rire. J'appréhendais un peu en effet car j'avais eu l'occasion de le croiser une fois et de très loin et j'en avais vu assez de cette armoire à glace depuis mon côté de trottoir. Mia m'en avait raconté des belles aussi sur son éducation et la carrière de cet homme alors j'étais moyennement impatient d'être pris à parti.

"Mmh...Tu te fais dessus, Harry ?", j'avais croisé son regard provoquant et il avait terminé de me convaincre.

Mes parents avaient été plutôt amusés aussi de l'invitation et surtout ma mère qui était à des années lumières de me couver de cette façon mais ils avaient joué le jeu et m'avaient accompagné chez les parents de Mia pour ne pas être responsable de notre défaite par forfait au prochain concours.

Le déjeuner s'était déroulé dans une ambiance très conviviale et rieuse contre toute attente. Nos parents avaient l'air de s'entendre à merveille et de se trouver beaucoup de points communs. Je m'étais contenté de les observer et de m'en amuser avec Mia en restant en retrait jusqu'à ce que Pierre ouvre les hostilités.

"Suis-moi, Harry, tu veux bien ?", j'avais entendu Mia pouffer de rire en me voyant sursauter puis me déconfire d'appréhension. Je m'étais dépêché de me ressaisir, j'avais croisé le regard encourageant de ma mère qui m'incitait encore à faire preuve de courage et je le suivais. Je l'avais accompagné un peu plus loin sur la terrasse en attendant qu'il ouvre le bal et j'étais resté sans voix dès son entrée en matière.

"Est-ce que tu couches avec ma fille, jeune homme ?", j'avais avalé de travers ma bière, j'avais ri et j'avais répondu très rapidement pour éviter qu'il ne remette en doute ma sincérité.

"Non, Monsieur. Je ne couche pas avec votre fille", j'avais soutenu son regard sans ciller pour appuyer mes propos et le convaincre de cette vérité.

"Mais tu en as envie ? Ma fille est magnifique. Tu vas essayer de coucher avec elle à Prague, n'est-ce pas ?", j'avais ri d'embarras à sa question très déplacée et j'avais beaucoup hésité avant de répondre car c'était potentiellement une question piège. Si je répondais que oui, il pourrait être tenté m'arracher la tête et si je répondais que non, j'allais peut-être insulter Mia sans le vouloir et l'offenser dans sa fierté de père. Je ne savais vraiment pas trop comment répondre mais j'y allais avec le plus d'habileté possible.

"Non. Mia est ma meilleure amie. La situation me va très bien comme ça. J'ai l'intention de soulever la coupe ce weekend. Juste la coupe...", je regrettais dans la seconde mon dernier trait d'humour mais je me détendais en voyant Pierre rire aux éclats face à ma réplique audacieuse. Je le voyais aussi réfléchir, marquer une pause et rebondir.

"Tu n'a pas la carrure d'un danseur. Tu fais un sport de combat ?"

"De la boxe"

"Et tu es bagarreur ?", ça sonnait aussi comme une question piège une nouvelle fois car je ne devais pas montrer que j'étais une fillette mais pas non plus montrer que j'étais une tête brûlée qui pouvait attirer des problèmes à sa fille.

"Quand il le faut..?.", il plissait des yeux, il avait l'air de comprendre que j'étais rusé et il réfléchissait à la suite de son interrogatoire.

"A quand remonte la dernière fois que tu t'es battu ?", je levais les yeux au ciel face à son acharnement mais je le voyais sourire pour m'inciter à la confidence. Je décidais donc de jouer la carte de la sincérité.

"Le weekend dernier..."

"Tu t'es fait latté ?"

"Non, je l'ai latté", je voyais encore Pierre rire de ma réponse et je trouvais très drôle d'avoir ce genre d'échange et réaction avec un père de famille et celui de Mia qui plus est. Il était à des années lumières de mon père pour ça. Il semblait avoir le vice, comme moi. Il était tout sauf pacifiste et tout sauf fragile et délicat.

"Mmh. Et quel était le motif de la bagarre ?", il me servait l'occasion rêvée de peut-être clôturer l'échange et mettre un terme à l'interrogatoire.

"Il avait posé sa main sur Mia sans son autorisation...", je voyais Pierre interrompre sa gorgée à ce moment. Je le voyais me dévisager, je le voyais me fixer et j'essayais de ne pas être malaise et de reprendre une gorgée de cette bière de la façon la plus naturelle qui soit.

"Très bon motif. Donc je peux compter sur toi pour veiller sur ma fille pendant vos voyages ?"

"Vous pouvez compter là-dessus. Je ne retiens pas mes coups quand il s'agit de Mia"

"...Tu en as une grosse paire, gamin. Et j'aime bien ça. Donc je te laisserais la vie sauve tant que tu respecteras ces deux règles de base : tu prends soin d'elle et tu ne couches surtout pas avec elle", j'avais éclaté de rire encore très spontanément face à la menace et ces paroles paradoxalement très sympathiques.

"C'est très clair, Monsieur..."

"Et troisième règle : arrêtes avec les "monsieur". Appelle-moi Pierre et tutoies-moi à partir d'aujourd'hui, s'il te plaît".

"Entendu, Pierre"

J'étais ressorti avec un sourire sincère et immense de cet échange. Mia m'avait largement décrit le personnage et je m'étais préparé à bien m'entendre avec lui mais la réalité avait été encore au dessus. Je m'étais retrouvé rapidement dans sa franchise, son impulsivité et ses instincts protecteurs. J'avais vite accroché avec lui sur nos passions communes pour le sport et la course notamment. J'étais devenu rapidement le fils qu'il n'avait jamais eu et il avait aussi complété l'amour paternel en m'apportant tout un pan de complicité que je n'avais pas nécessairement avec mon père à cause de nos caractères diamétralement opposés. Mon père était un homme discret, pacifiste et très peu sportif alors que le père de Mia était complètement à mon image.

Les trois années qui avaient suivi avait été très riches en évènement. Les réunions de famille étaient quasiment hebdomadaires, tous les anniversaires, les fêtes et les Noëls se célébraient aussi ensemble, sans compter les vacances parfois. J'avais sifflé le coup d'arrêt ensuite avec Victoria. Les grands rendez-vous familiaux s'étaient raréfiés, nos parents n'avaient jamais cessé de se fréquenter et Mia avait pris l'habitude de voir ma mère, en tête à tête, sans moi.

**Fin du Flashback**

Je venais de nous garer en bas de chez ses parents. J'étais sur ma moto à mendier un dernier baiser à Mia avant qu'il ne soit trop tard. Je la regardais jeter des coups d'œil frénétiques autour de nous et sur le bâtiment pour s'assurer que la voie était libre. Je souriais comme elle de toute cette clandestinité et je savourais mon dernier baiser. L'attente du prochain allait être interminable et j'étais à peu près sûr que j'allais être tenté d'écourter ce repas de famille pour la première fois de ma vie pour pouvoir retrouver rapidement ses bras. Mon temps avec elle ce weekend était précieux et je n'avais pas la force de la gâcher.

J'étais maintenant sur le pas de porte, je retirais ma main de sa chute de reins, je me concentrais pour entrer dans la peau du personnage et pour me remettre dans mon rôle de meilleur ami. J'essayais très fort mais je réalisais que je ne savais plus comment faire. Je ne comprenais pas comment j'avais été capable un jour de passer du temps avec elle sans avoir l'envie irrésistible de la toucher, de l'embrasser et de la dévorer. J'avais beaucoup de mal mais j'étais traîné de force dans le jeu de rôle en voyant Monica ouvrir la porte et se jeter dans les bras de sa fille.

"Oh ma chérie, tu m'as tellement manqué"

"Toi aussi, ma petite maman", je souriais à leurs retrouvailles débordantes d'affection et je taquinais ensuite Monica qui m'avait rendu une étreinte et une bise beaucoup plus contenus.

"Je t'ai beaucoup moins manqué, visiblement"

"Parce que je t'ai vu mardi et pas le mois dernier, idiot ! Allez entre, tes parents sont arrivés aussi", et j'essayais de rendre un sourire bienveillant à Mia à cette information pour qu'elle ne cède pas à la panique. Je la regardais entrer dans le séjour et sourire largement en voyant ma mère fondre sur elle et l'étouffer de tendresse sans aucune retenue. J'essayais de contenir mon émotion. Je les avais toujours trouvé particulièrement mignonnes ensemble mais la sensation était vraiment différente et particulière aujourd'hui.

Mia n'avait pas revu mes parents depuis son départ à Londres et c'était évident qu'elle leur avait beaucoup manqué. Et ma mère ne la laissait pas respirer, elle l'obligeait à s'asseoir à ses côtés dans le canapé. C'était à se demander laquelle des deux femmes étaient vraiment sa mère biologique. De mon côté, je me faisais violence pour prendre place un peu plus loin à côté de nos pères. Je détestais de ne pas l'avoir à portée de main mais le deal était scellé pour ce soir. J'allais faire l'effort et profiter de cette soirée en toute amitié.

J'étais rapidement mis dans le bain ensuite en entendant la mère de Mia ouvrir les festivités à l'apéritif.

"Tu as des nouvelles de Charlie, ma chérie ?", je souriais discrètement en regardant le fond de mon verre et je me redressais ensuite en toisant Mia pour voir comment elle allait se dépêtrer de ce moment très embarrassant. Elle me regardait avec insolence en devinant mon sourire et se lançait en gardant contenance.

"Oui je le vois de temps en temps pour les affaires du studio. Et ça va à merveille avec Catherine..."

"Oh vraiment...Et c'est une bonne nouvelle ou...?"

"Oui. Je te l'ai déjà dit. On est amis maintenant et c'est très bien comme ça..."

"D'accord. Et comment va sa mère ?"

"Qu'est-ce qu'on en a à foutre de ce gros con, Monica ?", je retenais péniblement mon fou rire face à cette réaction très spontanée, vulgaire et sincère de Pierre. Il avait pesté un nombre incalculable de fois auprès de moi concernant Charlie et j'étais à peu près sûr qu'il n'allait pas retenir ses mots après cette première réplique cinglante.

"Oh ! Tu es obligé d'être vulgaire ?", je regardais avec beaucoup d'intérêt la remontrance de Monica pour son mari en attendant avec impatience la réponse de Pierre.

"Oui. Puisqu'il n'y a pas d'autre mot pour décrire un homme suffisamment stupide pour laisser filer une perle comme ma fille et surtout après l'avoir trainé en dehors du pays", je souriais encore face à ce soutien plus que bienvenu. Pierre avait encore moins bien digéré que moi l'expatriation de Mia. Il avait refusé à ce titre toutes les invitations à Londres et il s'était entêté à ne jamais rencontrer Charlie. Il avait passé ces mois à prier lui aussi pour que leur couple prenne fin et pour pouvoir retrouver sa fille.

"Je t'ai expliqué que ça ne s'était pas passé de cette façon, Papa"

"Je m'en fou. Et d'ailleurs. Je crois que je te dois une branlée, Harry", je levais subitement la tête en cessant définitivement de rire à la menace car je ne comprenais pas pourquoi j'étais pris à partie par mon meilleur allié.

"Hein ? Moi ? Pourquoi ?!"

"C'est un de tes meilleurs amis, non ? C'est toi le débile qui l'a présenté à Mia ?", je n'avais vraiment pas vu ce coup arriver. C'était la première fois qu'il présentait le sujet sous cet angle et j'étais plutôt déstabilisé et complètement muet.

"Tiens. C'est vrai ça, Harry", et je serrais la mâchoire en contenant mes répliques face à cette intervention surprise et taquine de Mia. Elle était très amusée maintenant et était suspendue à mes lèvres aussi.

"Était, Pierre. Ce n'est plus le cas et crois-moi si je te dis que je me suis mordu les doigts de l'avoir fait...", ma confidence était sincère et je l'avais livré en appuyant mon regard sur celui de Mia, jusqu'à la voir rougir et baisser la tête d'embarras.

"Oui. Et bien je t'informe que la famille se passera de tes services d'entremetteur à l'avenir"

"Crois-moi, ça n'arrivera plus", et c'était à mon tour maintenant de baisser les yeux pour éviter ceux de Mia. Je ne pouvais pas faire plus sincère et j'espérais plus encore, j'espérais de manière générale, qu'elle n'aurait plus aucun autre homme.

"Parfait ! Donc notez le bien tous les deux. J'en ai officiellement ras le cul du défilé de tocard. Le prochain aura intérêt de filer très, très, très, très droit. Je ne me contenterai plus de regarder depuis le salon. Ce sera l'hôpital ou le cimetière au premier faux pas cette fois", je déglutissais péniblement à cette menace indirecte et très imagée. J'avais toutes les peines du monde pour masquer mon expression de panique et Mia était morte de rire en face de moi.

"C'est bien noté, Papa ! Je ferai passer le message au prochain. Bon, on peut arrêter de parler de moi maintenant ?"

"Tout à fait ! Tu as raison ma chérie. Et c'est très bien que tu changes de sujet puisque j'ai quelqu'un à te présenter, Harry", et j'avalais encore de travers à ce changement de conversation très subite de ma mère. Le ciel avait décidé de me mettre à l'épreuve ce soir. C'était terrible, elle allait parler de ça, devant Mia et j'allais devoir me dépêtrer de ça aussi maintenant.

"Comment ça ?"

"J'ai changé de kiné et je pense qu'elle serait tout à fait ton style de femme"

"Merci, mais ça va aller, Maman", j'avais osé un regard rapide à Mia en craignant sa réaction mais j'étais rassuré de la voir simplement sourire timidement.

"Pourquoi ? Elle est vraiment très jolie et intelligente. Un peu le style de Mia, d'ailleurs je dirais. Tu n'as rien à perdre à la rencontrer", j'avais beaucoup de mal à retenir mes aveux et mon sourire face à cette dernière réplique et sa référence à Mia. Je marquais une pause pour réfléchir aux mots qui la ferait abandonner l'idée.

"C'est très attentionné de ta part, Maman, mais je n'ai pas besoin de ton aide pour ce genre de choses. Je préfère gérer ma vie sentimentale en toute modernité et en dehors des mariages arrangés"

"Parce que tu n'as pas confiance en mon jugement ?"

"Non, tu as très bon goût", je répondais au tac au tac.

"Alors peut-être que tu me caches une nouvelle petite copine ?", et je bloquais cette fois, je ne savais pas quoi répondre, car si je répondais oui, j'allais devoir m'enfoncer dans le mensonge et si je répondais non, elle risquait de s'obstiner encore plus avec cette femme. Je gardais donc le silence, en la regardant de façon insistante pour qu'elle abandonne d'elle-même mais elle ne l'entendait visiblement pas de cette façon. Je la voyais bien au contraire se retourner et s'adresser maintenant à Mia.

"Ma puce ?"

"Hein ?", et je me mordais les joues de toutes mes forces pour ne pas rire en voyant la mine complètement décomposée de Mia qui se faisait prendre à partie directement par ma mère. C'était tout ce qu'elle redoutait, c'était un terrible dilemme, parce qu'elle ne voulait pas lui mentir, comme moi.

"Vous n'avez jamais eu de secret l'un pour l'autre. S'il y avait une autre femme, tu serais la première au courant. Donc dis-moi, mon fils me cache une fille ou pas ?", Mia était complètement décontenancée. Elle passait par plusieurs grimaces et expressions que je trouvais absolument irrésistibles. J'en profitais quelques secondes, je voyais ma mère la fixer en attendant sagement sa confiance qui ne venait pas et je décidais de lui porter secours.

"Laisse Mia en dehors de ça, Maman. Elle ne te dira rien", mais ma mère s'obstinait, elle me faisait un signe de main agacé et très autoritaire pour m'ordonner de me taire. Elle le faisait en prenant tendrement la main de Mia dans la sienne.

"Ma chérie ? Tu peux me le dire. On s'est toujours tout dit, non ? Harry ne t'en voudra pas", ma mère la prenait par les sentiments et je voyais que le moment était très cruel pour Mia. Elle me regardait péniblement et je lui faisais comprendre que c'était à elle de décider de la suite. J'en étais là de mon échange silencieux avec elle quand je voyais Monica se relever et prendre la parole subitement.

"Venez m'aider en cuisine les filles ! Vous continuerez vos confidences là-bas", je regardais Mia se lever mécaniquement malgré ce guet-apens. J'étais frustré de ne pas savoir ce qui allait se dire loin de ma surveillance et j'étais plus que curieux aussi de savoir si elle allait oser. Mais j'allais devoir attendre un peu visiblement, attendre dans ce salon, en compagnie de mon père et du sien.

"Bon, tu peux me le dire au moins ? D'homme à homme ?", et je levais les yeux au ciel d'exaspération en voyant mon père en rajouter une couche après le départ de ma mère. Il était beaucoup plus raisonnable et moins curieux qu'elle alors je prenais la peine de répondre un minimum pour évacuer le sujet.

"C'est très récent, Papa. Ce n'est pas encore le moment de vous en parler"

"Récent comment ?", j'essayais de me reposer sur la vérité pour conclure le sujet.

"Le weekend dernier"

"Celui que tu as passé à Londres avec Mia ?"

"Ahein", je ne savais pas quoi dire de plus, je ne pouvais pas prendre la liberté de l'avouer sans l'accord de Mia. Alors je me mordais les joues pour ne pas céder.

"C'est une de ses danseuses...? Ça se comprendrait, elles sont vraiment...très...", et j'éclatais de rire face au sous-entendu pervers très étonnant de mon père et en voyant Pierre le regarder avec un air faussement menaçant.

"Tu en sais suffisamment pour aujourd'hui. On s'en reparlera plus tard, tu veux bien ?", et je les regardais échanger un rire et un regard complice face à ma tentative de fuite. Ils acceptaient ensuite de poursuivre la discussion sur les sujets et thèmes habituels.

Je tenais quelques minutes jusqu'à ce que je finisse clairement par m'ennuyer à mort de l'absence de Mia et que je ne décide de rejoindre les femmes de ma vie en cuisine et le tableau que j'avais sous les yeux à l'arrivée valait le déplacement et me faisait sourire jusqu'aux oreilles. Je voyais Monica en train de s'affairer aux fourneaux et je voyais surtout Mia, blottie contre le dos de ma mère avec sa tête sur ses épaules pendant qu'elle la regardait travailler la pâte sur le plan de travail. J'avais le parfait spot d'observation d'où j'étais, je les voyais sourire et je les entendais rire.

"Passe-moi la farine, ma puce", je m'attendrissais encore plus face au ton très affectueux et habituel de ma mère pour Mia.

"Tu m'impressionnes, Helen ! Tu t'y prends aussi bien que Maman maintenant. Je suis vraiment fière de toi !", je voyais Mia lui déposer un bisous délicat sur la joue pour appuyer ses félicitations.

"Merci ma chérie. Après des années d'apprentissage il était temps que j'y arrive", et je fondais littéralement en voyant ma mère lui rendre un énorme bisous en retour. J'avais le cœur particulièrement plein et épanoui de les voir toujours aussi proches et complices aujourd'hui malgré l'éloignement que je leur avais imposé ces dernières années avec Victoria. Elles avaient continué à se voir et à s'aimer, malgré tout et malgré moi et je me maudissais particulièrement, à l'instant présent, de n'avoir jamais écouté ma mère ni nos amis quand ils me disaient tous que Mia était faite pour moi.

"C'est vrai Maman, tes raviolis sont très mignons mais je suis sûr que je peux faire mieux que toi", je n'avais pas résisté à l'envie de me rapprocher et de me retrousser les manches pour participer à ce moment de partage. Je les voyais toutes se retourner en m'entendant arriver. Je me rapprochais de ma mère au même moment en déposant aussi un baiser sur sa joue et je luttais de toutes mes forces pour ne pas rendre la même attention à Mia qui était maintenant juste à côté de moi. Je commençais ma tâche, je m'appliquais en essayant de reproduire les gestes de Monica mais j'y arrivais difficilement puisque Mia s'était rapprochée de moi. Je sentais sa tête au-dessus de mon épaule, je sentais sa poitrine contre mon dos et je frissonnais en sentant son souffle à mon oreille. C'était une terrible source de distraction et j'avais toutes les peines pour ne pas me retourner et l'embrasser sur le champs.

"Tu pourrais t'appliquer un peu plus, Harry…Pour l'instant, les tiens sont très laids...", et je souriais largement en entendant sa douce provocation à mon oreille. J'avais envie de la punir mais ma marge de manœuvre était plus que réduite à cause de ce secret. Je me contentais donc de déposer ma main enfarinée sur son nez pour la sanctionner. Je n'avais pas droit à plus, je n'avais pas le droit de la ramener dans mes bras, ni de dévorer son cou et encore moins de me ruer sur sa bouche. J'avais juste droit à ce geste puérile et innocent qui la faisait immédiatement s'offusquer et riposter de la même manière. Nos mères étaient familières à ce type de chamaillerie alors je prenais la liberté de continuer et de surenchérir. Je posais mes mains sur son visage pour l'enfariner davantage, je fondais littéralement face à son visage outré, à l'entente de son rire merveilleux et j'essayais péniblement de ne pas trop me lécher les lèvres d'envie face à sa beauté et mes pulsions. J'entendais les rires de nos mères derrière nous, je voyais Mia sur le point de sévir une nouvelle fois mais Monica se mettait à porter la voix au même moment.

"OH NON CA SUFFIT ! Ce n'est pas vous qui faites le ménage après", et Mia fulminait car elle était obligée d'en rester là et de me laisser vainqueur. Je la regardais s'essuyer docilement et sagement le visage avec un torchon. Elle me regardait avec ses yeux noisettes irrésistibles et je me pinçais douloureusement les lèvres d'envie et de frustration. Je mourrais d'envie de lui tomber dessus et je lui faisais passer le message silencieusement pendant que nos mères avaient le dos tourné. J'entendais son rire discret en réaction mais surtout je voyais son sourire sadique.

Mia me provoquait et c'était tout ce qu'il ne fallait pas faire avec moi. J'avais donc commencé à chercher les problèmes rapidement après ça. J'avais osé plusieurs gestes très déplacés dans cette cuisine. J'avais vu Mia se tendre, paniquer et surtout m'éviter soigneusement mais j'avais finit par la prendre définitivement de court une fois de retour à table. J'avais regagné ma place habituelle, celle située à côté d'elle, et j'avais commencé à devenir vraiment diabolique. J'étais diabolique mais surtout très suicidaire en tentant toutes ses caresses sur ses mains mais surtout sur ses cuisses. Nos parents n'avaient pas l'air de remarquer, mais surtout, son père n'avait pas l'air de le remarquer alors je continuais. Et ces approches ne faisaient qu'aggraver mon état. Je brûlais d'envie de la toucher encore plus et de l'embrasser mais Mia était déterminée à rester sage. Je le savais puisque je la sentais planter ses ongles sur mes mains pour m'intimer d'arrêter.

"Laisse Maman, je m'en occupe", Mia se levait ensuite soudainement pour débarrasser ou me fuir et je me dépêchais de la suivre en cuisine.

"Sors de cette pièce", Mia avait le regard dur et le ton très autoritaire mais je m'approchais avec un sourire carnassier car son comportement était en train de m'émoustiller plutôt que de me dissuader.

"Recule tout de suite", Mia brandissait une casserole entre elle et moi en signe de menace. Elle était irrésistible et elle m'excitait beaucoup trop avec cette moue craquante et cette résistance. Je m'approchais d'elle de façon très désobéissante, je me débarrassais de son arme sans aucune difficulté, je la coinçais contre ce comptoir en appuyant sans aucune subtilité mon sexe contre le sien et je fonçais sur ses lèvres la seconde d'après en profitant de ce moment inespéré d'intimité. Je gémissais de bien-être en goutant enfin à ses lèvres après 1h30 de privation et d'abstinence insupportable.

"Pitié...arrête ça…", mais c'était encore pire à sa plainte. L'interdit étaient en train de m'allumer au plus haut point. Mia s'en rendait compte à l'intensité de mon baiser, à mes toutes nouvelles caresses sur ses reins et ses fesses mais surtout à la toute nouvelle rigidité de mon entrejambe. Ce baiser était particulièrement langoureux et sexuel au point de lui faire tourner de l'œil et de la faire soupirer de plaisir. Je sentais ma queue durcir considérablement contre sa cuisse mais je sursautais et je m'éloignais d'elle subitement en entendant la porte s'ouvrir derrière nous.

Je me dépêchais de tourner le dos au visiteur en feignant de reprendre mes activités le plus naturellement possible et je fermais les yeux d'appréhension en réalisant qu'il ne s'agissait de nul autre que Pierre. Je priais pour que ce jeu de comédien soit crédible et surtout je m'appliquais à garder ma taille planquée contre ce plan de travail parce que j'étais un homme mort si son père me surprenait dans cet état. Je ne faisais plus du tout le malin à l'arrivée de son père mais Mia jouait parfaitement la comédie. Je la regardais maintenant avec beaucoup d'amusement finir de laver une assiette l'air de rien.

"Tu peux me passer la serviette s'il te plaît ?", je me mordais les lèvres à sang pour ne pas rire à sa demande spontanée, je lui donnais et je voyais Pierre passer à côté de moi pour sortir les assiettes à dessert. J'étais redevenu très sage et j'obéissais à la prochaine directive de Pierre qui me fixait de façon plutôt indescriptible et se contentait de me lancer un ordre sans appel.

"Ramène ça à table", je me contentais de lui sourire aimablement et d'obéir et j'essayais de faire redescendre toute mon adrénaline en regagnant le salon. Je n'étais vraiment pas passé loin du drame. J'avais eu très chaud mais ce n'était rien visiblement à côté de Mia puisque je la sentais particulièrement nerveuse et distance à notre retour de table.

Cette petite frayeur aurait dû me calmer. La réaction de Mia aurait dû aussi me dissuader mais c'était tout l'inverse. Tout ceci était en train de réveiller tous mes instincts et mes pulsions. J'étais resté sur un goût d'inachevé dans cette cuisine et je mourrais d'envie de ressentir encore les mêmes sensations. C'était un de mes grands défauts ou ma plus grande qualité : j'adorais le frisson, l'interdit et l'adrénaline et mettre ma vie en jeu ce soir avec Pierre était en train de me faire véritablement prendre mon pied. C'était complètement inconscient mais j'adorais ça et dans tous les cas, je mourrais vraiment d'envie de toucher Mia alors j'avais repris mes gestes interdits en frôlant de nouveau ses mains et son corps mais surtout en m'autorisant cette fois un peu plus d'audace en caressant ses cuisses jusqu'à la naissance de ses bas en dentelle. J'allais encore plus loin dans l'affront et la prise de risque en remontant mes mains plus encore jusqu'à la partie dénudée de ses cuisses et j'avais la ferme intention de m'aventurer encore plus loin entre ses cuisses. C'était une envie suicidaire dans la situation actuelle mais j'étais beaucoup trop encouragé par mon excitation mais surtout par sa chair de poule que je ressentais maintenant sous mes doigts. Mia était très réceptive à ce moment coquin, je le devinais à ses frissons, je le lisais aussi sur son visage mais elle était beaucoup plus sérieuse et résistait. Je la sentais resserrer ses cuisses très fermement sur mes mains pour bloquer ma progression. Je luttais pour ne pas sourire à son acte de rébellion et je me contentais d'attendre sagement qu'elle s'épuise pour pouvoir poursuivre vers mon objectif. J'essayais quelques nouvelles tentatives jusqu'à ce que je la sente faiblir, et j'y arrivais. J'atteignais le Graal, à force d'épuisement de sa part, je sentais la dentelle de sa culotte sous mes doigts, je notais la chaleur et l'humidité flagrante de la zone et je sursautais en la voyant se lever subitement et quitter la table sans avoir eu la chance de plus en profiter. Je souriais en la voyant courir se réfugier dans la salle de bain située au bout du couloir, j'attendais quelques secondes après son départ et je me levais à mon tour pour la rejoindre le plus discrètement possible.

"Putain ! Dégage d'ici, Harry !", je voyais Mia fulminer, elle était obligée de chuchoter mais je notais le ton très ferme et autoritaire. Elle essayait de me pousser vers la sortie au même moment mais je restais solidement planté à ma place, je me mordais les lèvres de plaisir face à cette vulgarité inattendue et son ordre volcanique. Mia me servait une petite colère très excitante et j'étais incapable de redescendre en pression puisque je savais qu'elle était venue se réfugier dans cette pièce pour calmer ses chaleurs. Alors mes pulsions s'aggravaient. Elle me rendait encore plus dingue et j'étais complètement obsédé à l'idée de la prendre contre ce meuble vasque très familier. J'étais déterminé à le faire, malgré le danger, alors je fermais le verrou derrière moi et j'avançais jusqu'à elle avec un air carnassier. Je n'avais plus envie de rire mais juste envie de me glisser entre ses cuisses. Je m'approchais, je me collais à elle, je prenais son visage entre mes mains mais je la voyais résister et tourner la tête.

"Non. Arrête. Je suis très sérieuse", Mia continuait de me refuser l'accès à ses lèvres et à m'ordonner d'arrêter mais je dévorais sa nuque en réaction et je commençais à la caresser de force, très audacieusement. Je la sentais faiblir sous cette première attaque alors j'en profitais pour tenter d'obtenir un baiser. Je déposais ma bouche sur la sienne sans délicatesse, je forçais le passage en enfonçant profondément ma langue dans la sienne et je me sursautais et souriais très largement en la sentant mordre violemment ma lèvre.

"ARRÊTE !", je me dégageais légèrement pour la regarder. Je continuais de la tenir dans mes bras malgré ses autres tentatives de rejet. Mia prononçait ce nouvel ordre en me jetant des éclairs par les yeux. Son air de folie, son rejet et le goût du sang me faisaient, malheureusement pour elle, terriblement bander. Elle était en train de me faire vriller. Elle réveillait mon instinct de prédateur avec son refus et cette lueur de panique dans le regard. Elle ne faisait qu'aggraver mon érection avec ses signes sincères d'opposition alors j'employais les grands moyens pour la convaincre. Je la soulevais de terre pour la poser sur ce meuble vasque et je l'immobilisais avec le poids de mon corps pendant que je glissais ma main très habilement sous sa jupe et lui arrachait son sous-vêtement. Je l'entendais se révolter avec encore plus de vivacité mais je me baissais très rapidement jusqu'au niveau de sa jupe, je continuais de la bloquer sur ce meuble en usant de ma supériorité physique, j'écartais de force ses cuisses et je posais ma bouche sur ses lèvres très chaudes. Je la sentais réagir très fortement à mon initiative mais elle essayait encore de tenir sa ligne de conduite. Elle tirait sur mes cheveux, elle griffait mes épaules pour me dissuader de continuer mais je continuais de désobéir. Je me maintenais avec autorité entre ses cuisses et je lui donnais le coup de grâce en glissant ma langue à l'intérieur d'elle. Je relevais la tête au même moment pour la regarder et le voile noir de désir que je lisais sur son visage me confirmait que j'allais enfin obtenir ce que je voulais.

Point de vue : Mia

C'était terrible. Cet homme était terrible. J'étais au maximum de la panique et de l'angoisse en ce moment en comprenant ses intentions. Il m'obligeait à faire ça, ici, chez mes parents et dans cette salle de bain à seulement un couloir de notre famille au complet. Je luttais mais je lisais un niveau de détermination aussi excitant qu'inquiétant dans son regard et ses gestes. J'étais en grand danger et je le voyais sortir son plus lourd arsenal pour me faire plier. L'enchaînement de gestes avait été beaucoup trop obscène. Je mouillais déjà terriblement face à ses gestes fermes et autoritaires et encore plus en le voyant visiter mon entrejambe de cette façon. C'était terrible, mon corps s'embrasait malgré moi et cette interdiction absolue. J'avais commencé pourtant à résister en gardant l'image effrayante de mon père en tête mais Harry venait de le chasser de mon esprit en déposant sa langue sur mon point sensible et en pénétrant mon sexe avec autant de talent. C'était terriblement bon, c'était la première fois qu'il me visitait de cette façon, il le faisait remarquablement bien et je me retrouvais malgré moi en train de l'encourager de mes mains alors que j'étais censée le repousser. Je savais aux bouffées de chaleurs insoutenables que je ressentais qu'il était trop tard, que j'étais fichue et que je n'avais plus d'autre échappatoire que de consommer mon désir brûlant après son agression. Harry l'avait parfaitement compris. Je le regardais revenir rapidement à ma hauteur et se jeter sur ma bouche pour me rendre un baiser atrocement sexuel qui achevait de m'allumer.

"Tu as intérêt de battre ton record de vitesse", j'arrêtais au même moment tous mes gestes d'opposition, je me précipitais sur sa ceinture pour libérer son sexe dont j'avais cruellement besoin et je le regardais prendre le relais et me mettre aux abois avec un nouvel enchaînement redoutable. Je suffoquais de le voir me fixer avec ce regard fiévreux, de le voir saliver dans sa main puis la redescendre sur son sexe pour l'humidifier. Je trouvais le mouvement et le geste particulièrement excitant, j'avais des palpitations puissantes entre les cuisses en le regardant faire et j'étais au maximum de l'excitation en le voyant me fixer sans l'once d'un sourire, en le voyant me tirer autoritairement vers lui avec ses mains puissantes puis me pénétrer franchement et profondément. J'avais le souffle et la voix coupés face à ce comportement terriblement libidineux et viril de Harry. Je subissais délicieusement ses premières pénétrations, je me cramponnais à lui et à tout ce que je pouvais en faisant mon possible pour retenir les gémissements bruyants qui ne demandaient qu'à s'échapper de ma bouche. J'avais ouvert à la hâte sa chemise pour le caresser et le sentir encore plus. Il avait de son côté fait tomber les bretelles de ma robe pour libérer mon décolleté et je haletais sous l'effet combiné de sa bouche et de son sexe. Comme lui, j'essayais d'étouffer mes gémissements contre ses lèvres, et comme lui, je me laissais aller très vite dans un orgasme puissant et redoutable d'efficacité. Le plaisir était ultime et partagé. L'union et le baiser d'après étaient encore une fois sublimes mais je réalisais très vite ensuite le bourbier dans lequel Harry venait de nous enfoncer.

Je le voyais me sourire beaucoup trop malicieusement malgré tout et je lui rendais de nouveau un regard très sévère en descendant du comptoir et en jetant à regret ma culotte déchirée dans la poubelle. Je me rhabillais et je me recoiffais à la hâte, comme Harry. Harry qui affichait en ce moment une tête de vainqueur et d'imbécile heureux qui me faisait sourire malgré moi et le retour du stress. Je souriais bêtement également et j'acceptais de lui rendre un dernier baiser délicieux pendant que j'ouvrais la porte de la salle de bain pour sortir. Mais je le sentais ensuite s'immobiliser sur mes lèvres, retirer très lentement sa langue de ma bouche et se décoller.

"Ce n'est pas ce que tu crois, Pierre…"

"Ah ah, très drôle", je pouffais de rire en le regardant et en essayant d'obtenir un nouveau baiser mais je me figeais en voyant Harry tourner la tête très vivement pour me le refuser, donc je me figeais et je fermais les yeux d'horreur en réalisant que ce n'était pas une blague.

Je me retournais lentement pour en avoir le cœur net et mon père était bien là, devant cette porte et devant nous. Ma première pensée était rassurante, j'essayais de me convaincre que ce n'était qu'un baiser mais un simple regard sur Harry me confirmait que j'allais avoir de gros problèmes. Parce qu'il était beaucoup trop décoiffé pour un simple baiser et il n'avait surtout pas encore terminé de refermer tous les boutons de sa chemise. C'était un flagrant délit donc j'étais au maximum de la panique. J'étais incapable de prendre la parole, j'étais tétanisée mais mon père le faisait le premier.

"Qu'est ce que tu as fait à ma fille dans cette salle de bain...?", j'évaluais la situation et j'étais en train de la qualifier de très dangereuse au ton employé par mon père. J'espérais une réponse habituelle très habile et maligne de Harry mais il faisait beaucoup moins le malin maintenant alors je me dépêchais de répondre à sa place.

"Absolument rien donc reste tranquille...", je m'adressais à lui comme à un agneau en pleine négociation avec son loup. J'essayais de nier mais mon père n'était pas dupe et je le voyais nous passer au crible, de la tête au pied pour sonder notre sincérité et je le voyais grogner et fulminer malgré ma tentative de défense. Je voyais ses traits se durcir et ses yeux se planter de façon impitoyable sur Harry. Je prenais la main de Harry discrètement pour lui faire comprendre de se positionner derrière moi et je sursautais vivement en voyant mon père bouger subitement. Je craignais le pire mais je le voyais s'avancer comme un fou, ouvrir la porte de la salle de bain brutalement. Je regardais attentivement ses gestes, je le voyais balayer la pièce du regard pour trouver des réponses à ses questions mais elle était très bien rangée, j'avais agis rapidement, je n'étais pas peu fier de moi.

"Ce n'était qu'un baiser, Papa. Calme-toi", et je pâlissais ensuite en le voyant appuyer sur la pédale de la poubelle et tomber nez à nez avec mon sous-vêtement. Je me décomposais et j'entendais le juron de Harry à mon oreille.

"...putain...", j'osais un regard vers Harry et il était livide. Il se mordait les lèvres et il n'osait plus un mot en voyant mon père complètement figé devant cette poubelle. J'étais comme lui, j'attendais la sentence. Je fixais mon père très silencieusement et je le voyais relever la tête d'un mouvement particulièrement lent. Je le voyais lever les yeux au plafond, soupirer bruyamment, et planter son regard de façon très dur sur Harry.

"Je te conseille de courir très vite...", le ton de mon père était sans appel. Je le voyais au même moment libérer la pédale, sortir de la salle de bain, refermer la porte en la claquant très violemment et je sentais au même moment Harry lâcher ma main et obéir. Je riais presque de le voir prendre ses jambes à son cou de cette façon, de le voir remonter le couloir à toute allure mais je faisais profil bas pour ne pas énerver davantage mon père qui se décidait maintenant à partir à la poursuite de Harry. Je m'empressais de les suivre, je me rongeais les sangs et je voyais Harry trouver refuge derrière ma mère. Il avait eu l'intelligence d'aller chercher sa meilleure alliée car il n'y avait pas mieux qu'elle pour calmer les pulsions meurtrières de mon père.

"Monica, ne le laisse pas me tuer, s'il te plait", ma mère ne comprenait pas. Elle subissait cette invasion, elle se laissait faire et regardait mon père curieusement en le voyant débarquer.

"Chérie, pousse-toi, je dois casser la gueule de cette brûlée", et je regardais Harry murmurer je ne sais quoi à l'oreille de ma mère. ll était en train de négocier avec elle et il y arrivait car elle se maintenait entre eux deux et temporisait.

"Qu'est ce que vous avez encore tous les deux ? Qu'est-ce que Harry a fait cette fois ?", j'étais à la limite de sourire puisque ce n'était en effet pas la première fois que je me retrouvais dans cette situation. J'avais vécu plus ou moins la même scène un 1er avril, l'année de nos 24 ans. Harry s'était mis en tête de faire une farce à mon père, il m'avait obligé à me mettre en scène dans une situation très interdite dans mon lit de jeune fille et mon père avait failli le démolir jusqu'à ce qu'il découvre le pot aux roses. Le fou rire avait été généralisé au détriment de mon père qui était passé par toutes les couleurs de l'arc en ciel ce jour là. Alors j'essayais de contenir mon rire malgré ce souvenir cocasse car la situation aujourd'hui était bien réelle. Harry courrait de vrais risques et il continuait d'en prendre de façon suicidaire à sa prochaine réplique.

"Vas-y, dis-lui ce que je viens de faire, Pierre", j'étais estomaquée. Harry avait osé, il venait de regarder mon père en prononçant cette phrase avec un sourire malicieux décomplexé. Je voyais toujours la peur dans ses yeux mais il y avait aussi beaucoup d'amusement parce que c'était dans leurs habitudes de se provoquer mais je trouvais Harry particulièrement inconscient sur ce coup là puisqu'il n'y avait aucune chance pour que mon père s'amuse de ce sujet et je voyais en effet de la fumée s'échapper de ses narines.

"Petit con... Dis-moi que c'est encore une de tes blagues pourries et que tu n'as pas osé faire ÇA, à ma fille, sous mon toit ? ", j'avais les yeux exorbités de peur, je craignais la réponse de Harry mais son sourire très large et son rire moqueur incontrôlables étaient pire que tout. Mon père virait rouge tomate et il s'avançait dangereusement vers lui alors je courrais pour m'interposer aussi.

"Pitié, Papa, pitié !", je lui rendais ma moue la plus attendrissante possible en posant mes mains sur son torse et en faisant un signe de prière. Il n'était pas indifférent mais il hésitait terriblement. Je lui laissais tout le temps qu'il lui fallait en continuant de m'interposer entre lui, ma mère et Harry, je me jetais aussi dans ses bras. Je le regardais soupirer bruyamment, hésiter longuement puis rendre les armes finalement. Mais il se décidait ensuite à sortir de son mutisme et il reprenait la parole de façon très sévère en s'adressant à Harry.

"Assis", je comprenais comme Harry la directive en voyant mon père lui pointer sa chaise du doigt. Je le regardais avec la même méfiance que Harry car ça avait l'air trop simple mais il se contentait d'obéir très docilement. Je me dirigeais mécaniquement vers la mienne aussi mais je sentais la poigne ferme de mon père sur mon bras. Je le regardais avec une légère crainte, il me regardait durement, comme il ne l'avait plus fait depuis l'adolescence et il me désignait du doigt la chaise située à côté de lui, en m'interdisant de reprendre ma place initiale près de Harry.

"Tu es sérieux ?"

"Très sérieux, jeune fille"

"Je n'ai plus 15 ans", je me rebellais effectivement comme une enfant et la situation faisait beaucoup rire Harry .

"Oui tu en as 31 donc tu aurais dû avoir passé l'âge de faire de grosses conneries mais ce n'est pas le cas visiblement donc tu t'assois où je te le dis et en silence. Sauf si tu préfères que je m'en tienne au plan de départ en détruisant la belle gueule de ton nouveau petit ami ?", c'était à mon tour maintenant de sourire moqueusement en voyant les yeux exorbités de Harry. Il me suppliait du regard et je décidais sagement et amoureusement d'aller m'asseoir à côté de mon père. Tout le monde nous rejoignait ensuite à table pour le règlement de compte. Le blanc qui suivait était particulièrement gênant et Thierry se décidait à prendre la parole le premier avec autorité également pour soutenir mon père.

"Ton comportement est inadmissible..."

"C'était l'idée de Mia. Elle m'a forcé", il avait son visage dans ses mains pour s'empêcher de rire. J'étais sidérée qu'il ose me jeter injustement sous le bus et qu'il arrive à rire de cette situation tragique mais je trouvais étrangement sa façon d'assumer parfaitement irrésistible. Il m'avait presque supplié de leur avouer, il avait accepté de me laisser décider et il assumait maintenant totalement de nous exposer. Pour des raisons incompréhensibles, j'étais en train de devenir aussi à l'aise que lui et j'étais aussi en train d'en rire. Je n'aurais pas dû, je prenais le risque de faire enrager de nouveau mon père mais contre toute attente il se taisait et j'entendais Helen prendre la parole à son tour.

"Je suppose du coup que je dois annuler le rendez-vous que je t'avais pris avec ma kiné ?"

"Tu avais pris rendez-vous ?", j'éclatais de rire à l'air choqué de Harry.

"Non...C'était une farce. Mon kiné fait 1m80 et il pèse au moins 110 kilos, Harry. On est au courant pour vous depuis le weekend dernier ! Et toi mon fils et toi ma fille de cœur, vous avez osé nous mentir sans scrupules !" , j'étais sciée à cette révélation choc. Je repensais à la soirée et tous ces sujets sensibles abordés. Ils s'étaient joués de nous, tous les quatre, depuis le début du repas, très sadiquement, sournoisement et avec beaucoup d'immaturité. Ils nous avaient malmené et tendu un nombre incalculable de perches pour nous pousser à la confidence. Ils avaient été mis au courant, comme tout le monde certainement à cause des photos des soirées et je le devais surement à ce cours de rattrapage aux réseaux sociaux que j'avais donné à ma mère lors de sa dernière venue à Londres.

J'étais scié, j'entendais au même moment nos parents rire et se moquer de notre mutisme. Je n'avais aucun mot pour me défendre et je ne savais pas non plus quoi ajouter parce qu'ils avaient très bien résumé mais Harry retrouvait l'usage de la parole rapidement.

"Dommage pour la kiné...", je lui rendais mon air faussement outré face à l'affront, Harry était content de lui mais c'était sans compter le soutien totalement inattendu de mon père.

"Oh non. Ça ça ne va pas le faire...Lève-toi, Harry, on va discuter", et je pouffais de rire comme tout le monde à mon tour en entendant le cri de douleur de Harry au moment où mon père se levait et lui pressait l'épaule à un point visiblement très douloureux . J'avais un peu de peine pour lui à l'idée qu'il se fasse prendre à partie mais j'essayais de l'encourager du regard du mieux que je pouvais. C'était une étape incontournable. Il en avait conscience et se levait docilement en tentant de se redonner une allure et de l'assurance malgré la très forte intimidation de mon père.

"C'est incroyable que ça arrive aujourd'hui", je souriais en baissant la tête en entendant la réplique de ma mère après le départ de Harry et de mon père. Je ne savais plus où me mettre ni quoi répondre, je n'avais pas prévu d'en discuter aujourd'hui avec eux.

"Je sais. J'ai encore du mal à le croire aussi. Harry voulait vous en parler mais je lui ai demandé un délai pour prendre un peu plus de temps pour le réaliser...", je prenais la peine de relever la tête et j'étais chamboulée de croiser les sourires heureux et les regards bienveillants de nos mères.

"Je crois que c'est le plus beau jour de ma vie",

"Tu n'as pas l'impression de surréagir, Helen ?", je la regardais s'approcher de moi au même moment. Elle posait ses bras maternels autour de mon cou en baissant sa tête à ma hauteur.

"Pas du tout ! Je rêve de ce moment depuis presque dix ans, ma chérie", sa confidence discrète à l'oreille me bouleversait. J'étais à la limite d'en pleurer mais je tenais le choc, je me contentais de lui caresser le bras en signe d'affection et je reprenais comme je le pouvais.

"Alors j'espère que Papa va te le rendre vivant pour que cela ne vire pas en pire jour de ta vie", et j'adorais son rire franc à mon oreille et encore plus l'intervention rassurante de ma mère.

"Ne t'inquiète pas. S'il y en a un bien un qui peut survivre à la colère de ton père, c'est Harry"

"Thierry, va vérifier quand même au cas où...", j'éclatais de rire à cette dernière réplique faussement inquiète de Helen. J'étais infiniment bien dans les bras de nos mères, j'étais en train maintenant de vraiment apprécier le moment mais je regardais quand même très attentivement Harry et mon père à travers la baie vitrée pour m'assurer que la situation ne tournait pas au drame entre ces deux tempéraments de feu.

Point de vue : Harry

J'arrivais en terrasse avec Pierre. J'avais choisi de garder le silence et d'arrêter de rire. Il me regardait de façon indescriptible mais je soutenais son regard en attendant ma punition. J'attendais un très gros sermon après mon moment prohibé avec Mia dans sa salle de bain mais il me prenait au dépourvu en allant sur un tout autre terrain pour entamer la conversation.

"J'ai eu toute la semaine pour y réfléchir mais je ne sais toujours pas si je dois sourire ou pleurer de cette nouvelle"

"Comment ça ?", j'avais posé la question avec beaucoup de méfiance et d'incompréhension car c'était une nouvelle qui ne pouvait être que positive pour eux, de mon point de vue. Il sous-entendait le contraire et son entrée en matière me déstabilisait.

"Une partie de moi est heureuse. Si ça marche entre vous, ce serait le scénario parfait. Vos mères en rêvent depuis dix ans et tu as tout du gendre idéal..."

"...Mais ?", j'étais assez ému de ces premiers aveux de Pierre mais j'étais inquiet de la suite et encore plus face à son air maintenant beaucoup trop sérieux et intense. Il avait l'air de choisir avec beaucoup de soin ses mots et ce n'était pas pour me rassurer.

"L'autre partie déteste ça, précisément parce que c'est toi. Tu es le seul homme à avoir le pouvoir de briser ma fille, Harry. Et tu es aussi le seul qui puisse faire voler en éclat toute la famille. Je pensais ce que j'ai dit en début de repas. S'il y en a un qui n'a pas le droit à l'erreur avec Mia, c'est bien toi...", j'étais surement très pâle maintenant. Je ne m'étais pas préparé à cette analyse. Pierre venait de me refroidir et de me calmer considérablement. Je fixais le sol sans savoir quoi répondre face à cette nouvelle pression mais j'inspirais discrètement pour me redonner contenance et trouver le courage de tenir cette conversation importante avec lui.

"Je n'ai pas l'intention d'en faire...Il n'y a rien qui compte plus à mes yeux que ta fille et notre famille, tu le sais et ça ne date pas d'hier. Je suis très sérieux, Pierre"

"Sérieux comment ? Qu'est-ce que tu attends d'elle…?", son approche était frontale. C'était un sujet que je n'avais pas encore abordé avec elle et Pierre m'obligeait à me livrer en avant première devant lui. Je le remerciais silencieusement de ne pas citer directement Victoria mais je devinais que c'était sa crainte sous-jacente. J'y avais réfléchi le premier et je savais qu'il avait besoin d'être rassuré sur ma capacité à aller de l'avant et à apporter à Mia tout ce qu'elle méritait malgré mon lourd passé.

"Tout ?...Ça m'a pris du temps pour le réaliser mais je n'ai jamais été aussi sûr de toute ma vie...", je ne pouvais pas faire plus sincère. Je le devinais en train de méditer et surtout de me dévisager pour analyser ma sincérité. Je fixais en ce moment les pavés de cette terrasse avec un intérêt démesuré. La gêne était très forte et j'espérais qu'il n'avait pas pour projet de me cuisiner encore trop longtemps. Et dieu merci, ma prière était entendue.

"Monica va se remettre à brûler des cierges à cause de toi. Ça vous a pris comme ça ? Comme une envie de pisser ? Et dans ma salle de bain en plus de ça !? ", je pouffais de rire à son ton mi humoristique, mi agacé. J'essayais de ravaler ma réplique provocante pour ne pas lui manquer de respect et j'essayais de répondre simplement sur le fonds en espérant clôturer le sujet.

"Disons que le naufrage a fait bouger les lignes", et je l'entendais soupirer fortement et je le voyais fermer les yeux de douleur à ce souvenir.

"Okay mais ne parlons plus jamais de ça, tu veux bien ?", j'hochais la tête docilement et silencieusement. Je n'avais pas eu l'intention de remuer ces souvenirs particulièrement douloureux pour moi et pour lui. Nos familles avaient vécu l'enfer ensemble pendant dix jours aussi. Leur amitié était ressortie plus forte également, à l'image de celle de Charlie, Théo, Mia et moi. Ils avaient vécu ensemble pendant cette période pour se serrer les coudes. Pierre avait soulevé des montagnes et tous ses contacts pour prolonger les recherches au-delà du raisonnable et c'était à lui que l'on devait le sauvetage.

"J'accepte de fermer les yeux mais on est d'accord sur le fait que ça se reproduira plus jamais ?", je souriais faiblement et je soupirais lourdement de soulagement à cet acte de bonté bienvenu. Je me sentais pousser des ailes à un point de poursuivre avec ma familiarité habituelle avec lui.

"Pour ta salle de bain oui, mon Général. Mais en ce qui concerne faire l'amour à ta fille, je risque de recommencer...", je me mordais les lèvres de malice en voyant Pierre bomber le torse d'agacement et d'amusement face à mon audace.

"Petit con... Et Ce n'est plus mon Général, ni Pierre. A partir d'aujourd'hui, tu vas te contenter de Monsieur Gautier. Et tu n'as plus le droit à ce genre de blague si ça implique ma fille", je riais franchement cette fois car je devinais son second degré en le voyant sourire subtilement à mon trait d'humour. Je me dépêchais malgré tout de traiter sérieusement le fond du problème car je n'avais pas l'intention de fuir mes responsabilités.

"Je suis vraiment désolé pour ça...Ça n'aurait jamais dû se produire. Tu as ma parole que ça n'arrivera plus", j'avais trouvé le courage de le regarder dans les yeux. Il me toisait, il soupirait mais abdiquait car il savait que j'étais un homme de parole. Je savais aussi qu'il avait fait bien pire avec Monica et que le sexe n'était pas un tabou dans leur famille mais j'allais vraiment devoir garder ma queue précieusement entre mes cuisses à l'avenir, malgré toutes les mises à l'épreuve éventuelles de Mia, car je n'aurai pas droit à une deuxième chance avec Pierre.

"N'importe quel autre tocard serait mort pour beaucoup moins que ça...", j'éclatais de rire bruyamment et j'avais le cœur en fête de le voir me prendre par l'épaule malgré la claque et le léger coup de poing que je recevais dans mon ventre au même moment.

J'avais croisé ensuite le regard soulagé de Mia en nous voyant revenir dans l'appartement bras dessus, bras dessous. J'étais effectivement sauvé. J'avais ensuite subi comme elle le flux interminable de questions de nos mères jusqu'à ce que Monica ne prenne l'initiative habituelle de mettre la musique et de pousser les meubles. C'était l'heure de la fête. Les chiens ne faisaient pas des chats. C'était de nos parents que nous venait cette passion commune pour la danse.

Je respectais la tradition en regardant Pierre ouvrir le bal avec sa fille et en invitant de mon côté ma mère. Je me contentais ensuite de tous les regarder. Je m'émerveillais toujours de voir mes parents danser ensemble aussi amoureusement et j'adorais regarder Mia danser avec mon père. J'étais plongée dans mes pensées tendres quand j'entendais Monica me glisser une idée diabolique à l'oreille.

"Invite la à danser, s'il te plaît !", je voyais ma mère revenir au même moment. Elle prenait la conversation au vol en écoutant attentivement la campagne de Monica. De mon côté, je méditais sur sa demande en regardant Mia danser un rock dans les bras de son père qui était aux anges de la retrouver et qui était le plus heureux des hommes en ce moment.

"Et aller priver ton ogre de mari de sa fille chérie ? Tu as perdu la tête ? Après le drame que je viens d'éviter…",

"Vas-y Harry. Qu'est ce que je te répète tout le temps… sois ...COURAGEUX"

"COURAGEUX ! Je sais, Maman" , j'avais parié qu'elle me rabâcherait ce leitmotiv. C'était à cause d'elle si j'étais un véritable casse-cou. Ma mère me poussait à tous les actes de bravoure depuis mon plus jeune âge. Elle était tout sauf une mère poule, elle me poussait toujours au-delà de mes limites tout en veillant très attentivement au grain. C'était cette dernière directive et mon goût du challenge qui me faisaient céder.

"Qu'est ce que je ne ferai pas pour la femme de ma vie ?", je répondais en soupirant et en me levant.

"Oh ? Ce n'est pas Mia maintenant ?", elle était en train de prêcher le faux pour avoir le vrai et je décidais de lui en donner pour son argent avec un résumé très explicite de mon niveau d'engagement.

"J'ai le droit d'en avoir deux, non...?", je ne regrettais rien de ma confidence en voyant leurs deux visages comblés de bonheur. J'inspirais ensuite bruyamment, je gonflais le torse avant d'aller au devant de tous les dangers. Je m'approchais prudemment et j'essayai de me blinder d'avance face aux tentatives d'intimidation de son père.

"Pierre ? Tu permets que je danse avec ta fille ?", je regardais Mia sourire précautionneusement en le suppliant de ses yeux. Pierre s'interrompait subitement et m'adressait une réponse toujours aussi aiguisée.

"Tu es vraiment une tête brûlée…", je me pinçais les lèvres pour ne pas rire mais je le regardais sans ciller en restant sur mes appuis pour le faire céder. Je l'entendais soupirer d'exaspération une dernière fois avant d'abdiquer.

"Fais très attention à l'endroit où tu poses tes mains...si tu y tiens", je souriais en hochant la tête docilement à la menace pendant que je me dépêchais de prendre Mia dans mes bras, avec douceur et chasteté.

"Et à moi, tu ne me demandes pas mon avis ?", je souriais de ravissement à la prise de parole de Mia. Je répondais très sagement à sa protestation.

"Est-ce que tu veux bien m'accorder cette danse ?", Mia me rendait un sourire délicieux.

"Seulement si tu promets de rester sage et de ne plus provoquer mon père pour le reste de la soirée…"

"C'est promis...Je suis téméraire, pas suicidaire...", je fondais comme un marshmallow en la voyant sourire et rire avec cette lueur particulièrement pétillante dans les yeux. Je voyais au même moment Pierre nous scruter de façon indescriptible. Il avait l'air d'apprécier et j'étais aux anges de cette bénédiction. Elle comptait plus que celle de n'importe qui. Elle avait toujours compté plus que celle de n'importe qui.

Et je ne résistais pas à l'envie de le provoquer une toute dernière fois, juste pour le plaisir. Je faisais semblant de l'ignorer, je glissais lentement ma main droite le long du dos de Mia et je m'arrêtais d'un coup au niveau de sa chute de rein, en m'interdisant bien sûr d'aller plus loin. Je relevais la tête immédiatement vers Pierre qui me fixait durement et très sévèrement comme prévu et je lui rendais mon sourire le plus malicieux. Je le voyais pester en comprenant que je venais encore de le provoquer et de me payer sa tête. Je me dépêchais ensuite rapidement d'étouffer mon rire et mon sourire très large dans le cou de Mia.

Et je restais sage comme prévu, pendant cette danse et le reste de la soirée, malgré mon envie très forte de l'embrasser et de la toucher. Je m'étais contenté de la garder contre moi, de tenir sa main dans la mienne, en osant tout au plus des baisers très tendres et chastes sur son visage ou dans ses cheveux. Je m'étais tenu à carreau pour plus grand bonheur de Pierre qui avait eu tout le loisir de se détendre et de profiter aussi de son côté. La soirée était encore plus parfaite que je ne l'avais imaginé. J'étais aux anges de la voir réaliser ce nouveau pas aussi sereinement avec moi.