Point de vue : Charlie

J'étais attablé à côté de Catherine et face à Théo et Julia. Grégory et Claire nous avaient aussi rejoints et nous n'attendions désormais plus que Mia et Harry qui avaient, de façon très inhabituelle, déjà plus d'une demie-heure de retard. Ils continuaient tous de discuter mais mon attention à moi se portait sur la rue car j'étais persuadé de reconnaître le son familier de la moto de Harry.

C'était effectivement eux et je ressentais une pointe d'appréhension en les voyant se garer. Je continuais de les observer discrètement, je les voyais prendre un temps pour eux malgré leur retard conséquent. Harry prenait tous les soins pour la décasquer et la câliner. Je les découvrais en train d'échanger des regards charmeurs et plusieurs sourires et je les voyais maintenant s'embrasser avec une passion débordante, même vue d'ici. Mon cœur ratait clairement un battement. J'étais sensiblement perturbé mais je devenais un peu plus serein en les voyant terminer par des baisers plus chastes. Je détournais les yeux rapidement en les voyant ensuite se diriger vers le restaurant, main dans la main.

Grégory et Claire étaient les premiers à bondir pour les saluer car ils n'avaient pas revu Mia depuis des mois. J'assistais à leurs embrassades très franches et euphoriques. C'était au tour de Théo et de Julia de les saluer ensuite et je commençais à avoir quelques sueurs en voyant le moment fatidique arriver. Mia s'approchait enfin de Catherine. J'étais suspendu à l'échange et à mon plus grand bonheur, je les regardais échanger une bise ordinaire et je les entendais surtout se renvoyer des formules de politesse plutôt avenantes. Je soupirais de soulagement.

Mia se dirigeait ensuite vers moi. Je reconnaissais cette lueur de malice dans son regard, elle partageait aussi mon premier goût de victoire mais elle contenait autant que possible sa joie. Elle me rendait une bise très correcte mais je sentais sa pression discrète et complice sur mon bras qui dénotait. Je me mordais les joues pour éviter aussi de sourire et permettre à Catherine de débuter la soirée dans de bonnes conditions.

Harry était ensuite le dernier à nous saluer. C'était peut-être le moment que je craignais le plus. Je croisais son sourire moqueur et complice, il se payait ma tête silencieusement pour ces retrouvailles entre Catherine. Je le regardais approcher et me rendre une accolade que j'avais étrangement beaucoup de mal à lui rendre. Je le faisais par politesse mais sans entrain car ce geste me ramenait six mois plus tôt, à ce bain de minuit entre Mia et lui qui avait marqué la fin de nos embrassades et de notre amitié. Je me félicitais donc de l'intelligence du plan de table car Harry et Mia étaient situés côte à côte, à l'exact opposé de Catherine et moi.

Grégory était le premier à ouvrir les festivités après leur arrivée ensuite.

"Bon je suis désolé de commencer de cette façon, mais BORDEL ON EN PARLE OU PAS ?", je le voyais frapper des poings sur la table avec beaucoup d'excitation en regardant Mia et Harry. Mon regard se posait sur eux ensuite, Mia était rougissante et Harry était faussement exaspéré.

"Vas-y dis-le...Qu'on puisse passer à autre chose",

"Un peu que je vais le dire..."

"Et bien, on t'écoute...", ils étaient tous très amusés de cet échange entre Harry et Grégory mais j'étais un peu perdu à ce stade car je n'avais pas eu beaucoup d'occasions de fréquenter Grégory. Je n'étais pas sûr de saisir le sens de l'échange.

"Très bien : JE VOUS L'AVAIS DIT OU PAS ?", je devinais en le voyant réaliser un high five avec Théo qu'il faisait référence à leur nouveau couple et j'avais un chat en travers de la gorge après cet échange complice entre Théo et lui. J'avais un nouveau goût de trahison en bouche parce que je me demandais depuis combien de temps Théo s'amusait de ce sujet avec Grégory. Je savais toutefois que je ne devais pas commencer la soirée de cette façon alors j'essayais de me changer les idées, je me tournais vers Catherine, je profitais de son sourire et de son air détendu pour m'apaiser en profitant d'un de ses baisers.

"Ce qui veut dire...Que tu me dois des jordans collector, Harry"

"Absolument pas. En quel honneur ?"

"Tu as un pari à honorer..."

"Je n'ai aucun pari en cours avec toi. C'est quoi ces conneries ?", je suivais comme tout le monde cette joute et je le faisais avec beaucoup d'attention en voyant un sourire diabolique prendre place sur le visage de Grégory. Il tendait maintenant la main vers Claire qui lui donnait un carnet très usé.

"Tu te souviens de ce carnet, Harry ?", Grégory reprenait très théâtralement.

"Non, je devrais ?"

"Un peu mon vieux...C'est le journal intime à problèmes de Claire…", et je comprenais à la réaction très vive de Harry et de Mia que ce carnet contenait des informations sensibles.

"TU AS GARDÉ CE MACHIN ?", Mia était sidérée.

"Ce machin ? C'est la bible de notre jeunesse, Mia, soit un peu plus respectueuse s'il te plaît"

"Vas-y, accouche", Harry commençait à se méfier.

"Claire, tu me donnes une date, s'il te plaît ?"

"Bien sûr. Alors au hasard ? 20 septembre 2010 ?"

"20 septembre 2010...Crêpage de chignon entre Mia et Noémie. Grosse suspicion de jalousie de Mia et de rivalité à cause de Harry. Enquête en cours : Claire et Grégory"

"C'est n'importe quoi Grég ! Harry ! Tu sais, comme moi, que ce calepin est un ramassis de conneries. C'est complètement faux !", je n'avais pas eu le temps d'intégrer l'information que Mia s'offusquait. Elle repoussait au même moment l'initiative taquine de Harry qui tentait de lui déposer un baiser sur la bouche après cette révélation. Il la narguait très affectueusement et avec un regard très amoureux qui me restait encore au travers de la gorge.

"Qui est Noémie ?", j'étais tiré brutalement de mes pensées par Catherine qui intervenait jovialement en fixant Mia. C'était plus qu'inattendu et j'hallucinais encore plus en voyant Mia lui sourire et lui répondre avec beaucoup de spontanéité.

"Une copine de fac qui était avec moi en Croatie quand j'ai rencontré Harry...Elle a fini la nuit en levrette dans sa piscine", Mia venait de déclencher un rire généralisé autour de la table et Catherine riait aux éclats aussi. Harry avait quant à lui la bouche grande ouverte, il était faussement indigné de voir son intimité dévoilée au grand jour par Mia sans aucune pudeur. Il réagissait en posant sa main sur la bouche de Mia pour l'interdire d'en dire davantage mais Claire prenait la suite.

"Ils se sont fréquentés épisodiquement pendant 1 an. Et c'était très tendu entre Mia et Noémie", Mia profitait d'une minute d'inattention de Harry pour compléter l'information avec malice et amusement.

"C'était son plan cul quoi !", et Harry riait cette fois en lui pinçant la taille pour la punir. Ils prenaient tous les deux beaucoup de plaisir visiblement à se remémorer ces souvenirs et j'avais l'impression d'avoir un vieux couple sous les yeux.

"Mais je n'ai jamais jalousé Noémie ! C'est elle qui voyait rouge à chaque fois que Harry s'approchait de moi. Et je n'allais pas tendre la joue non plus !", Harry la regardait en riant et il lui adressait quelques mimiques et grimaces pour lui signifier qu'il n'était pas convaincu de sa sincérité.

"Quoi ? C'est vrai ! Bon sang !", mais c'est Grégory ensuite qui reprenait la parole.

"Wai c'est ça Mia ! Allez bref. Je continue...20 février 2011...Danse beaucoup trop chaude entre Harry et Mia. Usage excessif et inapproprié des mains par Harry. Fin de soirée à surveiller. Confirmé par Claire, Grégory et Antony", le groupe riait de nouveau et de mon côté, je grinçais des dents car ils m'avaient tous les deux certifiés qu'il n'y avait jamais rien eu d'inamical entre eux. Je commençais à craindre ce carnet car je ne donnais pas cher de mon self contrôle si je découvrais ce soir un nouveau mensonge.

"C'est quoi ce bail chelou ? Je n'étais pas au courant de ça !", c'était cette fois Théo qui intervenait avec beaucoup de vigueur et qui m'ôtait les mots de la bouche.

"Parce qu'il n'y a rien à dire, Théo. On dansait, c'est tout !",

"ESPÈCE DE GROS MYTHO !", je restais ensuite comme tout le monde surpris par la réaction très vive et survoltée de Grégory après cette défense de Harry.

"Tu as charbonné Mia toute la première année ! Dis-la vérité maintenant, Harry, sinon je balance tous les dossiers...", je regardais ensuite Harry cacher sa gêne dans ses mains en dissimulant son rire. Il voulait disparaître sous terre mais Grégory l'enfonçait. Je voyais Mia avec la bouche grande ouverte de stupeur. J'étais suspendu aussi à la réponse de Harry et je le voyais pour seule réponse lui sourire, se mordre les lèvres de malice et lui déposer un baiser tendre sur les lèvres. Je comprenais comme tout le monde qu'il avouait implicitement avoir eu un faible pour elle pendant toute cette période. Ce n'était pas dramatique en soit, il avouait simplement une attirance, au tout début de leur amitié, mais l'information passait malgré tout difficilement car c'était loin d'être le "rien" dont il m'avait toujours parlé. Grégory n'avait rien d'autre à ajouter et j'étais soulagé.

"BON ! Et ton histoire de Jordan ? On y arrive ou tu comptes nous refaire toutes les années ?", Grégory ménageait le suspense de façon très théâtrale en s'adressant de nouveau à Claire.

"28 décembre 2013…", je reconnaissais rapidement la date d'anniversaire de Harry mais c'était tout ce que je savais. Je voyais a contrario Mia et Harry réfléchir une micro seconde et éclater de rire de concert. Ils avaient l'air de se souvenir de cette année en particulier alors j'écoutais attentivement Grégory qui se mettait de nouveau à lire avec beaucoup de sadisme.

"Anniversaire de Harry. Rechute très inamicale pendant la partie de strip poker. Flagrant délit de reluquage réciproque entre Mia et Harry...", Mia et Harry se cachaient le visage respectivement dans les bras l'un de l'autre et Théo s'excitait comme jamais.

"Ça a fini en strip poker pour l'anniversaire de Harry…?", Théo ne pouvait pas se retenir de l'interrompre.

"Wai et à l'initiative de Mia… Et Claire a noté "reluquage" mais je t'assure que le mot était très faible !", Théo gesticulait d'excitation.

"N'importe quoi Greg ! On était tous célibataires, il n'y avait rien de mal à regarder. Et je me suis rincée l'œil aussi en te regardant"

"Pas autant qu'avec Harry, coquine...Vous avez eu très chauds tous les deux ce soir-là. C'était très anti fraternel Mia et on était tous d'accord pour le dire !", je regardais Mia cacher sa gêne et son rire dans ses mains pendant que Harry la regardait en se mordant les lèvres et avec une lueur très intense dans le regard.

"Bon calmez-vous, je n'ai pas fini...Ensuite...Fin de soirée très langoureuse entre Mia et Grégory", Mia était encore plus rougissante. Grégory en profitait pour lui adresser un clin d'œil pervers qui était sanctionné simultanément d'un jet de projectile par Harry.

"TU AS ACCEPTÉ DE GALOCHER CE CLOCHARD ET TU M'AS RECALE MOI ?", j'explosais cette fois de rire en voyant Julia sanctionner sévèrement l'indignation et la révolte de Théo. Grégory se contentait de le narguer silencieusement et de façon très puérile. Il n'y avait pas de révélation cette fois car tout le monde savait que Théo s'était pris un râteau légendaire par Mia au début de leur rencontre. L'ambiance était très bon enfant et je tenais le choc à ce stade car ces anecdotes concernaient une époque révolue où je n'existais pas. J'entendais ensuite Grégory reprendre.

"Chut ! Je continue ! C'est écrit ensuite...L'humeur de Harry est très renfrognée à ce stade de la soirée. Coïncidence ou grosse crise de jalousie ? Grégory confronte Harry pour en avoir le cœur net et Harry confirme à Grégory qu'il a le champ libre avec Mia. Il précise que la relation est et restera platonique"

"Wai, j'ai eu droit à cette réplique aussi", ma réplique avait fusé sans préavis, avec un rire moqueur très nerveux. Je regrettais aussitôt cette intervention, face au malaise de Mia, au soupir exaspéré de Harry mais surtout au regard interdit de Catherine. Je me dépêchais de terminer par un sourire forcé pour éviter d'accroître le malaise et je remerciais silencieusement Grégory de poursuivre aussi rapidement et innocemment.

"Ça dit ensuite que Grégory pari une paire de Jordans collector que ce jour arrivera. Harry répond de façon blasée mais les garçons scellent le pari par une poignée de main virile. L'avenir nous dira qui des deux a raison !", Grégory affichait un air très victorieux en finissant sa lecture. Ma réplique était déjà aux oubliettes et Harry pestait maintenant après Grégory.

"Ça remonte à 2013 ! Il y a prescription, Greg !"

"Oh non non ! Il n'y a aucune date limite dans le carnet de Claire. Suite et fin, mec ! Tu me devais des jordans s'il se passait quelque chose un jour".

"Ça va ! Je vais te payer ces Jordans mais reste tranquille sur le modèle !", Harry était rieur mais il pointait un doigt menaçant vers Grégory dans l'espoir de préserver ses finances. Je regardais ensuite Grégory lui répondre après un rire très diabolique.

"Harry...On est très loin aujourd'hui du "rien" sur lequel tu avais parié à l'époque. Donc je compte m'envoyer sur ce modèle autant que tu es en train de t'envoyer avec Mia, mon gars…", Harry était sidéré et amusé de son audace. Les éclats de rire dans le groupe étaient généralisés mais les miens restaient péniblement bloqués dans ma gorge.

"Donc tu as fini la nuit avec Grégory ce soir-là ?", Catherine me ramenait sur terre avec cette question directement adressée à Mia. J'espérais que Mia allait faire un nouvel effort de sympathie avec elle en retour mais elle la regardait de façon très pensive après sa question et elle se retournait vivement vers Grégory après ça.

"Tu as refusé de venir chez moi ce soir-là...à cause de Harry…?", Grégory tournait la tête rapidement vers lui à cette interpellation inopinée et il lui rendait un sourire gêné et coupable qui laissait Mia sans voix dans un premier temps et qui lui déclenchait un rire très franc ensuite. Je regardais de nouveau Catherine et elle ne semblait pas vexée d'avoir été ignorée. Elle était même en train de sourire et de les écouter avant beaucoup d'entrain.

"TU AS REFUSÉ DE COUCHER AVEC MIA ?! ", c'était Théo qui se remettait à gesticuler malgré les coups que lui adressait Julia. Leur échange amusait toute la galerie et Grégory lui répondait entre deux fous rires.

"Je n'avais aucune envie de me faire défoncer par Harry", Harry répondait à Grégory entre deux rires.

"Je venais de te donner carte blanche, ducon..."

"Wai, mais d'une je ne te croyais pas et de deux, c'était de toute façon trop dangereux de s'attaquer à Mia"

"Depuis quand est-ce que je suis dangereuse ?", Mia le regardait de façon très amusée et moqueuse.

"Pas toi, ma belle. Harry. Ta proposition était vraiment tentante mais ma vie passait avant"

"Qu'est-ce que tu racontes ?!"

"Ce taliban lattait la gueule de tous tes mecs, au moindre faux pas. Tu ne t'es jamais fait branchée au sein du groupe parce qu'on se pissait tous dessus à cause de lui", Mia continuait de parler avec Grégory avec un air indigné et moqueur.

"Bande de fillettes ! C'est arrivé quelques fois en soirée, il n'y avait pas de quoi être terrorisé", Grégory riait très moqueusement.

"Non. Ça c'est ce que tu crois…"

"Tais-toi, Greg", la menace de Harry fusait rapidement mais il avait un immense sourire contradictoire sur son visage.

"Oh non, je veux savoir ! Vas-y, Greg, je le tiens, il ne te fera rien", Grégory riait aux éclats face à la réaction de Mia, qui venait d'emprisonner Harry de ses bras pour l'empêcher de bouger et d'intervenir.

"Ton Harry cassait des gueules en soirée, c'est clair mais à chaque fois que tu appelais Harry en pleurant à cause d'un mec, ça finissait en expédition punitive. Et à toute heure du jour et de la nuit. Il nous a entraîné dans ses plans galères plus d'une fois avec les gars ! Tu crois que son surnom venait d'où ?", Grégory n'arrêtait pas de rire, Mia avait la bouche grande ouverte de stupéfaction et Harry se cachait le visage entre ses mains pour cacher ses rires et son air coupable.

"C'était quoi le surnom ?", la question venait de Théo qui était au paradis avec tous ces détails.

"Terminator", et tout le monde était plié de rire. Ils continuaient de cuisiner Grégory pour plus de détails pendant que Mia et Harry s'isolaient dans une bulle de tendresse et de nostalgie. Je le voyais échanger des paroles basses, des regards mielleux, des caresses et de nouveaux baisers. J'étais bloqué sur eux mais surtout sur Harry quand j'entendais Catherine intervenir de nouveau avec le même amusement que précédemment.

"Mais du coup, tu étais vraiment jaloux ou pas ce soir-là, Harry ?", mais Mia répondait à Catherine à la place de Harry pendant qu'elle lui pinçait affectueusement la joue.

"Non ! Harry n'était pas jaloux. Il était dans une humeur exécrable toute la soirée parce qu'il n'a pas digéré d'apprendre que j'étais bien meilleure que lui au poker", il n'y avait toujours pas de romance à cette époque a priori selon Mia mais j'en étais moins sûr du côté de Harry après ces derniers détails de Grégory.

"Tu n'es pas meilleure que moi au poker…"

"Oh, Las Vegas n'est pas de cet avis…", je restais interdit en captant cette réplique de Mia qui faisait référence à une époque très contemporaine et désagréable désormais. Je notais le ton charmeur de Mia mais surtout la réaction de Harry. Il se pinçait les lèvres de plaisir au souvenir, il avait un air rêveur et lui murmurait quelque chose d'inaudible à l'oreille avant de lui mordiller la nuque. J'avalais clairement de travers après ça et je ressentais une poussée de colère irrésistible contre lui parce que cette réaction chargée en émotion était la porte ouverte à toutes les suppositions concernant les dérapages qui avaient dû avoir lieu pendant ces vacances. J'essayais toutefois de me ressaisir rapidement en notant le regard en coin de Catherine sur moi. Je devais vite me contrôler avant qu'elle ne se fasse des idées.

"Du coup Harry, pour les jordans, je t'envoie le modèle ou tu préfères me faire un virement ?", j'étais soulagé de cette réplique de fin de Grégory. Mon calvaire allait prendre fin. Je saisissais les nouveaux sujets de conversation ensuite pour reprendre part à la bonne humeur générale. Je voyais Catherine et Mia échanger quelques mots assez naturellement pendant les discussions. Je me félicitais de ces quelques efforts quand j'entendais Mia interpeller directement et très audacieusement Catherine de l'autre bout de la table.

"Catherine ? Tu travaillais avec les enfants quand on s'est rencontrées non ?", je retenais clairement ma respiration cette fois. Ce n'était plus une parole en vol, Mia lançait clairement une conversation et je priais pour que Catherine accueille à bras ouvert ce signe de paix très ouvert.

"C'est ça. C'est toujours le cas et j'ai ouvert ma crèche il y a six mois "

"Génial. Où est-ce que tu es ?"

"Au métro St Paul"

"Attends ? La crèche babilou ?"

"Tu la connais ?", et je me remettais un peu à respirer en les voyant enchaîner les répliques. C'était beaucoup trop beau pour être vrai et je tenais un silence religieux pour ne pas les interrompre en espérant qu'elles aillent au bout de cet échange sans incident.

"Oui ! Une de mes amies vient d'inscrire cette semaine son garçon d'un an et demi"

"Le petit Thomas ?"

"C'est ça !"

"Cet enfant est à croquer"

"Oui...tu vas devenir dingue de lui, je te le garantie", je continuais de les écouter et j'étais médusé de les voir ensuite conclure sur un échange de numéro de téléphone pour pouvoir pistonner une place en crèche pour une autre amie de Mia. Je croisais au même moment le regard amusé de Harry qui comprenait toute l'étendue de ma position et devinait mon soulagement. Ce n'était pas si terrible finalement, elles avaient toutes les deux réussies sans grande difficulté à se regarder et à se parler. C'était déjà un bon point et c'était finalement mon seul objectif de la soirée. Tant pis pour Harry. C'était un problème à reporter à plus tard.

Point de vue : Mia

J'étais galvanisée de mes derniers échanges avec Catherine car je ne m'étais pas attendue à ce qu'elle soit aussi aimable avec moi. J'étais bluffée mais aussi particulièrement reconnaissante. Son comportement avenant me donnait vraiment envie d'aller au bout des choses. Je ne voulais pas me contenter de ces échanges de banalité et de ce ton cordial. Je voulais crever l'abcès pour de bon et avoir une seconde chance avec elle et je la voyais justement se lever pour aller prendre un coup de fil au bar. Je profitais de cette initiative pour regarder Charlie. Il était intrigué par mon regard insistant, il me voyait souffler bruyamment et il pâlissait ensuite en devinant mon intention en me voyant me lever courageusement et rejoindre Catherine au bar.

J'avais attendu qu'elle termine son appel pour me placer discrètement sur la chaise à côté d'elle. Elle me voyait arriver mais elle me regardait avec un air très surpris et en plissant ses yeux. Je la prenais au dépourvu avec mon initiative et je savais que c'était à moi de prendre la parole en premier.

"Théo passe une excellente soirée...Il est vraiment ravi de nous avoir tous pour son anniversaire. Merci...d'être venus...et de faire tous ces efforts avec nous", je ne faisais pas dans la langue de bois même si le "nous" était une façon déguisée de lui dire "moi". J'essayais de soutenir son regard de la façon la plus neutre et aimable qui soit. Catherine se tordait de malaise après ça, elle n'avait pas d'inspiration pour me répondre alors j'inspirais profondément une nouvelle fois et je prenais mon courage à deux mains pour entrer encore plus dans le vif du sujet.

"Je suis vraiment désolée, Catherine. De tout ce qu'il s'est passé avec Charlie. De la façon dont ça s'est fait. Ce moment sur l'Île n'aurait jamais dû arriver", je marquais une pause pour la laisser digérer. Je la voyais peiner avec des émotions multiples et intenses. Je savais que je remuais des souvenirs très désagréables pour elle et leur couple mais j'étais obligée de le faire pour lever les tabous. J'étais sur le point de continuer courageusement mais Catherine se décidait à parler.

"Tu l'as revu pourtant après ça…", sa réponse n'était pas particulièrement bienveillante mais je prenais malgré tout son intervention comme une chance de dialoguer alors je ne me démontais pas et je rebondissais.

"Parce que Charlie m'a plus dès le premier jour mais j'avais mis un point d'honneur à rester à ma place à cause de votre couple. Et je me suis vraiment détestée sur l'Ile, Catherine. C'est arrivé une fois et on a pris nos distances immédiatement après ça. Je ne suis pas rentrée à Paris avec les garçons ensuite en partie à cause de ça. J'avais vraiment honte, je ne voulais pas être la garce de service et je ne voulais pas que Charlie ruine ses chances d'avenir avec toi à cause de moi. Je suis restée à l'écart parce que j'espérais qu'il reprendrait sa vie où il l'avait laissée avec toi. Je voulais désespérément qu'il retrouve sa vie d'avant, comme Théo, à l'inverse de Harry qui a été privé de cette chance à cause de ce naufrage"

"Et bien ça n'a pas été le cas. Charlie m'a plaqué dès la première semaine et sans se confesser sur son infidélité"

"Oui et je ne le savais pas. J'ai su pour votre rupture 6 mois plus tard quand ils sont venus au Mexique. Et j'ai su ensuite pour son mensonge quand tu nous as vu en terrasse à Paris. Charlie a dû te donner tous les détails mais je voulais te donner ma version de l'histoire ? Il n'y a plus aucun malaise entre Charlie et moi aujourd'hui et je n'ai pas envie qu'il y en ait avec toi. Ce couple était très bref e très bancal. Il a existé sur un malheureux concours de circonstances, ça n'avait aucune chance de marcher, on l'a compris tous les deux et c'est pour cette raison que c'est aussi simple aujourd'hui entre nous. Charlie compte autant et de la même façon que Théo. J'espère vraiment que tu me crois si je te dis qu'il n'y a plus rien et qu'il n'y aura plus jamais rien", j'étais très stressée car c'était le moment décisif. Je la voyais méditer sur mes propos pendant quelques secondes. J'étais suspendue à ses lèvres car je voulais plus que tout qu'elle en soit convaincue. Je ne voulais pas avoir une autre petite copine jalouse sur le dos et je voulais la paix.

"...Je suis désolée de t'avoir traité de traînée devant tous ces clients…", j'étais vraiment émerveillée et soulagée de sa réponse inopinée qui était une confirmation indirecte à ma question. Je riais nerveusement et j'adorais le rire contenu de Catherine en réaction. Je me dépêchais de répondre pour ne pas couper notre élan.

"Non, je l'avais mérité !"

"Non. Sinon, je n'aurai jamais accepté de venir à ce dîner et je n'aurai pas accepté que tu continues de le fréquenter. Je ne suis pas idiote, je sais que c'est Charlie qui t'as couru après et pas l'inverse…", elle venait d'enchaîner avec une témérité qui me laissait sans voix. J'étais très surprise de son niveau de maturité et je me saisissais de ce drapeau plus blanc que blanc avec beaucoup de plaisir.

"Merci d'avoir fait la démarche, Mia, mais ne t'inquiète pas, je n'ai pas de doute sur ta sincérité. Même si je ne sais pas quoi penser de l'attitude de Charlie ce soir", je feignais la naïveté en retour mais je voyais tout à fait où elle voulait en venir et je devinais qu'elle me confrontait volontairement pour avoir les réponses qu'elle n'obtenait pas de Charlie.

"De quoi tu parles ?"

"Il a en travers de la gorge de te voir avec Harry...Et ça, c'est plutôt perturbant et je dirai même presque inquiétant", j'étais maintenant très mal à l'aise de sa franchise puisque c'était aussi ce que j'avais noté. La conversation devenait casse-gueule alors je pesais soigneusement mes mots.

"Je l'ai noté aussi…", son regard abattu en ce moment me faisait de la peine et je me dépêchais de poursuivre.

"Mais si tu penses à de la jalousie, de la nostalgie ou autre sentiment de ce genre, je t'assure que tu fais fausse route. Charlie a uniquement un problème avec Harry", je la voyais plisser les yeux et me regarder avec beaucoup d'intérêt.

"Comment ça ?", je n'étais peut-être pas à ma place en lui faisant ces révélations à la place de Charlie mais je prenais le risque car l'objectif de réconciliation avec Catherine passait par cette conversation et ces confidences.

"Ce n'est pas un sujet de triangle amoureux, c'est juste une histoire d'hommes. Je pense que Charlie garde beaucoup de rancœur contre Harry. Il n'a jamais osé me le dire parce qu'il sait que je sors les crocs quand il s'agit de le défendre mais je l'ai deviné à travers certaines de ses paroles, de ses regards et typiquement à son comportement ce soir. J'ai vraiment porté beaucoup d'attention à sa façon de le saluer, de le regarder et de lui parler et je pense que Charlie ne démord toujours pas de sa théorie. Il est convaincu que Harry l'a trahi pendant qu'on était en ensemble", je notais la lueur intense de soulagement dans son regard après mes détails. Je lui laissais le temps de digérer et d'analyser.

"Et c'est ce qu'il a fait ?"

"Non. Il n'existe personne de plus loyal que Harry. Il n'aurait jamais fait ça à Charlie"

"Alors pourquoi est-ce qu'il pense ça ?"

"Parce qu'il a été aux premières loges quand mon amitié avec Harry a pris un virage très intense. Il a assisté aux prémices et il a été clairvoyant sur ce que cachait cette histoire et sa finalité mais il se trompe sur la façon dont ça s'est fait. Il s'imagine que j'étais la petite amie modèle et innocente qui a su résister aux avances de Harry. Mais ce qu'il ne sait pas, et que je n'ai pas trop osé lui dire pour ne pas blesser son égo d'homme, c'est que Harry n'a eu besoin que de quelques jours pour me faire tourner la tête. Il n'a pas eu besoin de six mois. Je n'aurai jamais connu Charlie, ni aucun autre homme si Harry avait cherché à me séduire plus tôt", j'étais conquise de la voir sourire et rire après ça et je reprenais.

"Il n'a pas trahi Charlie parce qu'il ne me voulait pas à cette époque et il n'avait vraiment pas la tête à la romance non plus"

"Tu fais référence au décès de sa femme pendant le naufrage ?", Catherine était très perspicace. J'hochais silencieusement la tête pour seule réponse pour ne pas aller sur ce terrain très personnel et sacré pour Harry.

"Cette partie là est vraiment horrible... Et c'est encore plus beau de voir ce qui vous arrive aujourd'hui tous les deux. Votre histoire est plutôt magique", je souriais cette fois face à sa bienveillance très inattendue. Son comportement m'encourageait à aller encore plus loin pour la rassurer.

"Oui…Je suis désolée pour ce malaise mais je t'assure qu'il n'y aura plus rien d'étrange une fois qu'ils auront mis les choses à plat tous les deux. Harry sait ce qu'il a à faire et il va le faire rapidement"

"Qu'est-ce qu'il prévoit ?"

"Ravaler sa fierté pour convaincre Charlie de sa bonne foi ? Maintenant que les choses sont purgées entre Charlie et moi, je pense qu'il va essayer de rectifier le..."

"Je vous sers un verre les filles ?", je sursautais à cette interruption du barman. Je regardais Catherine en souriant timidement en réaction. J'attendais qu'elle réponde et j'espérais qu'elle considérait comme moi que les sujets de fond avaient été suffisamment traité. C'était visiblement le cas car je l'entendais répondre au barman avec un optimisme très surprenant.

"Deux rails de shots de tequila ?", je souriais en imaginant d'avance la tête de Charlie en me voyant descendre un shot de tequila avec Catherine.

"Vraiment ? Tu veux mon coma éthylique, c'est ça ?", ma réplique était légère. C'était mon dernier signe de paix.

"Non, j'ai passé plusieurs soirées avec toi, je sais qu'il faut beaucoup plus que ça pour te coucher !", je souriais et je soupirais discrètement de soulagement. Elle ne voulait pas ma mort, elle me souriait et elle riait. Je voyais les shots arriver, je les frappais avec elle et je les enchaînais en terminant avec amusement. Cette conversation s'était déroulée bien mieux que je ne l'avais rêvé.

Je la suivais ensuite en souriant pour rejoindre nos places, en tâchant d'ignorer les regards choqués et très curieux de Charlie et de Harry.

"Tu t'es fait une nouvelle copine ? Vous avez parlé de quoi ?", je souriais et je frissonnais en sentant les lèvres de Harry remuer délicatement contre mon oreille. Je n'avais pas l'intention de tout lui dévoiler et encore moins ici alors je choisissais une diversion très agréable. Je me penchais à mon tour contre son oreille, en caressant délicatement sa nuque et en répondant avec une voix très séductrice et joueuse.

"D'une proposition de fin de soirée entre couple, avec Charlie et elle…", je finissais en mordillant son oreille de façon très sensuelle pendant l'inattention du groupe. Je le regardais en biais et je voyais son sourire malicieux. Harry n'en croyait pas une miette mais il me répondait avec la même humeur coquine, en me caressant la cuisse et en réveillant par la même occasion mes envies.

"Oh parce que ça te plairait de me partager avec elle...?", sa voix était très sensuelle. Il était dans le jeu et attendait ma prochaine répartie. J'aurai pu répondre que oui pour m'amuser un peu plus mais le thème ne me faisait finalement pas rire. La simple idée était en train de me broyer les entrailles alors mon sourire se fanait instantanément et ma réponse sortait très sérieusement.

"Non...Ni avec elle, ni avec aucune autre d'ailleurs...Je crois que ça serait au-dessus de mes forces", je sentais mon cœur battre à toute allure après cet aveu. Le moment et la pensée me chamboulaient sincèrement mais j'étais encore plus perturbée par la réaction de Harry. Je voyais son sourire disparaître aussi, il n'était plus du tout joueur, ni charmeur, ni séducteur. Il avait l'air ému et il me fixait sérieusement avec un regard d'une très forte intensité.

J'en étais là quand Théo nous sortait brutalement de notre bulle. Harry plissait les yeux de contrariété. Il faisait l'effort de lui répondre mais je le savais toujours avec moi par la pensée car je sentais au même moment sa main se glisser très tendrement dans la mienne. Je réagissais spontanément en posant mon autre main sur la sienne et en déposant un baiser très doux sur sa joue pendant qu'il discutait avec Théo. Je le voyais cligner des yeux de bien-être une micro seconde à mon geste et je devinais que son émotion était aussi vive que la mienne. J'avais le cœur au bord des lèvres à ce constat et je cherchais encore plus de contact en posant délicatement ma tête contre lui et en déposant plusieurs autres baisers sur sa nuque et son épaule.

Point de vue : Harry

J'essayais d'écouter Théo mais j'étais complètement bloqué sur le dernier aveu de Mia, sur ses gestes de tendresse et mes émotions. Elle venait de m'envoyer encore un peu plus au ciel avec cette confidence sortie de nulle part. J'avais joué à son jeu coquin concernant Catherine, de la même façon que je l'avais fait avec ses derniers jeux avec Ricardo et j'étais donc complètement pris au dépourvu par son changement d'humeur. J'étais bouleversé de lire cette douleur dans son regard et dans sa voix à la simple idée de m'imaginer dans les bras d'une autre. Cette marque de possessivité totalement surprenante et inédite de sa part me mettait aux abois car j'étais très tenté de l'assimiler à une preuve d'amour. Je n'écoutais donc pas un traître mot de ce que me disait Théo car j'étais en plein rêve sur mon nuage de bonheur.

J'étais ramené sur terre en sentant avec beaucoup de contrariété Mia relever sa tête de mon épaule.

"Oui ?", elle répondait à Charlie qui venait de l'interpeller très vivement. Je le regardais aussi avec curiosité à cause de son sourire large et malicieux qui dénotait avec son humeur globale ce soir.

"Ils viennent de répondre...Tu l'as"

"Si c'est une blague, elle n'est pas drôle…"

"Non, ce n'est pas une blague. Ils ont accepté",

"Ils ont tout accepté ? "

"Oui, tout ! Sans aucune négociation !", le sourire de Mia s'élargissait et j'étais pris de nouveau dans un échange codé insupportable entre eux. Catherine intervenait pour moi.

"De quoi vous parlez ? Vous nous mettez dans la confidence ?"

"A toi l'honneur", je regardais Charlie renvoyer la balle vers Mia et je me redressais cette fois avec beaucoup d'intérêt. Elle avait toute mon attention.

"Charlie m'aide sur un nouveau projet. Je vais ouvrir un deuxième studio grâce aux recettes de Thanksgiving"

"Un deuxième studio ? Depuis quand est-ce que tu es sur ce projet ?", j'étais estomaqué car Mia ne m'en avait jamais parlé.

"Deux semaines ? J'attendais d'être sûre avant d'en parler. Et si je me fie à mon avocat, c'est sûr maintenant", je ne savais pas quoi en penser parce qu'un deuxième studio signifiait plus de travail, plus de tournages et plus de médiatisation. J'étais moyennement conquis, j'étais sur la réserve mais je l'écoutais poursuivre.

"Du coup, je vais gérer le nouveau studio et Olivia a accepté de reprendre celui de Londres", j'étais rassuré maintenant sur la quantité de travail si elle décidait de déléguer la gestion d'un studio mais la mention à Londres m'interpellait.

"De Londres ? Pourquoi ? Le deuxième ne sera pas dans le centre ?", j'étais maintenant très intrigué de la voir sourire malicieusement à cette question anodine. Je la regardais hocher la tête négative et trop mystérieusement.

"Ok et il est situé où ?", je jouais le jeu puisqu'elle avait l'air de vouloir ménager le suspense. J'étais à la limite de m'en amuser mais j'attendais patiemment.

"A St Germain des Prés…", mon cœur s'arrêtait de battre à sa réponse. J'étais foudroyé. La soirée était en train de prendre un virage brutal, très inespéré.

"...A Paris…?"

"Parce qu tu connais un autre St Germain des Prés ?", j'étais figé. Ce studio à Paris voulait dire deux choses : soit qu'elle serait obligée de multiplier les allers retours entre Paris et Londres, soit qu'elle comptait revenir vivre ici. Je n'arrivais pas à croire à un déménagement mais Mia était beaucoup trop souriante et pétillante en ce moment. J'entendais au même moment Julia bondir et fondre sur Mia comme une hystérique. Elle posait la question qui me brûlait les lèvres et j'étais suspendu aux lèvres de Mia.

"Donc tu rentres vivre à Paris ? ", et je sentais mon cœur prendre un rythme fou en voyant Mia sourire d'avantage et lui confirmer d'un simple hochement de tête. Je n'avais plus qu'une question à poser à ce stade de l'information avant de m'emballer.

"Quand ?", je n'arrivais pas à être plus loquace, ma tête devait valoir son pesant d'or en ce moment à en juger par le sourire moqueur de Mia.

"A Noël", je soupirais bruyamment,, je souriais douloureusement et je riais très nerveusement à sa réponse. Je me mordais les lèvres à sang en digérant cette information choc : Mia revenait vivre à Paris dans moins d'un mois. Il ne me fallait pas plus pour sortir de ma léthargie. Je me replongeais dans ses yeux et je lâchais les vannes en fondant sur ses lèvres dans la seconde pour lui rendre un baiser à la hauteur de la joie et de l'amour que je ressentais en ce moment. J'étais au paradis de l'apprendre et de lire ce même sourire et ce même bonheur sur son visage. C'était une merveilleuse nouvelle et assurément le début d'une nouvelle vie.

"Je n'en peux plus de tes cachotteries",

"Non, tu adores mes surprises. Et c'est une bonne surprise, non ?"

"La meilleure de toute...", c'était un euphémisme ensuite de dire que j'étais de bonne humeur pour le reste du repas. J'avais ramené Mia précieusement dans mes bras. J'étais incapable de décoller d'elle. Je ne retenais aucun geste d'affection et de tendresse malgré les regards hostiles que je percevais de temps à autre de Charlie. Je participais aussi en parallèle à toutes les conversations et j'étais euphorique au point d'inviter tout le monde à finir la soirée chez moi.

J'avais donc sorti quelques bouteilles du placard en arrivant. Les conversations s'étaient succédées dans mon salon sur le ton de la légèreté jusqu'à ce que les filles finissent par tomber de sommeil comme des mouches sur les canapés. Je proposais à Théo et Charlie de poursuivre nos discussions en terrasse pour ne pas les déranger, après le départ de Claire et Grégory. Ils me suivaient et les échanges reprenaient de bon train. Nous n'avions pas eu l'occasion de nous retrouver tous les trois depuis une éternité. Théo était comblé pour son anniversaire, j'étais aussi satisfait de cette situation mais je devinais sans l'ombre d'un doute que Charlie se forçait pour lui faire plaisir. Je sentais sa réserve et ses blocages à chaque fois que je tentais d'avoir un échange direct vers lui. La situation était en train de me contrarier et je profitais du départ de Théo et Julia ensuite pour le rejoindre sur la terrasse. J'avais l'intention de mettre les choses à plat, en tête à tête, ce soir, comme venait de le faire très courageusement Mia avec Catherine.

"Tu l'as toujours mauvaise...", je l'entendais soupirer et se renfrogner à mon entrée en matière plutôt brutale.

"Pourquoi est-ce que tu penses ça ?", je riais moqueusement à sa langue de bois plutôt surprenante. Il m'avait habitué à beaucoup plus de sincérité ces derniers temps.

"Ton regard m'a mis mal à l'aise toute la soirée, Charlie. Il n'y a plus rien entre Mia et toi, donc si ce n'est pas à cause d'elle, c'est forcément à cause de moi"

"Tu m'en vois désolé si je t'ai mis mal à l'aise. Mais détrompe-toi, je suis heureux pour Mia et toi mais tu ne peux pas t'attendre à ce que je fasse la danse de la joie ce soir alors que je suis ton dommage collatéral, Harry", mon rire se fanait parce que je notais le niveau d'amertume indésirable dans sa voix. Je pensais que le sujet avait été purgé chez lui à Londres il y a plusieurs semaines mais ce n'était clairement pas le cas au vu de cette réplique, de ces regards et de son comportement ce soir. Je supposais que la concrétisation avec Mia lui avait fait changer de fusil d'épaule. Je méditais sur ses paroles, j'appréciais la première partie et j'analysais la seconde attentivement pour aller dans la bonne direction avec lui.

"Tu ressasses encore cette nuit dans son jacuzzi..."

"Bien sûr. Ça t'étonne ?"

"Non...Je comprends. Je ne t'ai jamais expliqué ni raconté ce qui s'était passé cette nuit-là avec elle. Je t'ai laissé te monter la tête", Charlie était pris au dépourvu par mon approche. Il me fixait, j'avais maintenant toute son attention et je choisissais ce moment pour me lancer dans les aveux et les explications qu'il méritait.

"Je passais une fin de soirée très désagréable. J'étais venu discuter avec ma meilleure amie.."

"Discuter ? À moitié à poil dans ce bain brûlant et en la tenant dans tes bras ?", je croisais mes mains sur ma bouche après sa nouvelle réplique cinglante pour lui montrer que j'étais calme et absolument pas dans cette posture de conflit ce soir puis je reprenais.

"Je comprends que tu l'ais mal vécu mais il n'y avait aucune portée romantique ou charnelle malgré la situation. Je n'étais pas en train de lui faire du rentre dedans. Je ne me suis pas foutu à poil comme tu dis pour la peloter. On venait de passer la soirée à parler de Victoria...Je n'avais aucune arrière pensée avec Mia…", je voyais Charlie se figer. C'était une découverte pour lui. Mia ne lui avait visiblement rien raconté. Elle avait dû se contenter de classer et d'étouffer l'affaire pour ne pas avoir à raconter mes déboires à Charlie. Je ressentais de nouveau une poussée d'amour et de tendresse infini pour elle. Elle avait été au bûcher pour moi alors qu'elle avait eu tous les arguments pour se défendre. J'appréciais moyennement d'avoir à me mettre à nu ce soir devant lui mais je savais que c'était un passage obligé pour avancer.

"Je venais de coucher avec cette nana au bar. C'était la première fois depuis la mort de Vic. J'ai pris un sacré revers en rentrant….Mia a toujours été ma confidente, Charlie. C'est elle qui m'avait poussé à franchir le cap ce soir-là et c'est à elle que j'ai eu besoin d'en parler et d'elle dont j'ai eu besoin pour me consoler. Elle a répondu présente comme d'habitude et elle m'a remonté le moral avec ses paroles...et ses bras, aussi comme d'habitude. C'est tout ce qu'il s'est passé", je l'entendais soupirer et encaisser ces détails de l'histoire.

"Tu t'es comporté comme si tu avais quelque chose à te reprocher. Tu n'es jamais venu me l'expliquer", je lisais son incompréhension totale, mon comportement n'avait ni queue ni tête pour lui alors que ça avait été limpide pour moi à l'époque.

"J'ai laissé la situation pourrir parce que tu m'oppressais, tu me tapais sur les nerfs avec tes crises de jalousie et je n'ai pas supporté ton regard assassin ce soir-là. Tu m'as fusillé, tu as conclu directement à la trahison sans chercher à en savoir plus. J'ai laissé courir parce que j'étais aussi déçu de ta réaction. J'avais un problème avec toi. Ça n'avait rien à voir avec Mia. Je n'avais lancé aucune opération de séduction malgré ta conviction de l'époque", j'avais vu l'étonnement, la sidération puis l'acquiescement sur les traits de Charlie. Il semblait convaincu. Le blanc qui suivait était un peu pesant mais je l'entendais finalement reprendre la parole le premier.

"Tu as baissé les yeux, le soir de notre dispute, avant le déménagement, quand j'ai fait allusion à Las Vegas…Tu es peut être clean pour ce bain de minuit mais tu ne me feras pas croire que tu l'étais pendant ces vacances", j'inspirais profondément et discrètement car je savais que ce sujet finirait par ressortir un jour ou l'autre et effectivement j'étais beaucoup moins à l'aise sur cette partie là de notre histoire.

"Ça dépend ce que tu appelles être clean ? Il ne s'est rien passé et je n'ai rien tenté pendant ces vacances. Mais j'ai baissé les yeux, tu as raison, parce que je savais que ces vacances avait remué quelque chose d'anormal".

"Et vos messes basses de tout à l'heure ? Tu as pris ta revanche au strip poker à Vegas en toute amitié, c'est ça ?", je soufflais bruyamment à son insistance mais je cherchais mes mots en parallèle avec l'intention de lui répondre très honnêtement.

"Il n'y a eu aucun strip poker. Mia faisait référence à une soirée de jeu au casino du Bellagio…", je marquais une pause pour bien appuyer ce fait et je reprenais.

"C'était une semaine de rêve, Charlie. Le cadre était parfait, le programme était grandiose et on était seuls, au bout du monde, loin des drames et sans personne pour nous juger. Personne ne t'a trompé mais, oui, on a rit, on a dansé et on s'est câlinés sans aucune modération", je voyais son regard s'assombrir face à ces détails alors je détournais les yeux pour ne pas me laisser démonter pendant mes confidences.

"C'était très certainement border vu de l'extérieur mais c'était d'une affligeante banalité pour nous. On a profité de ce moment en tête à tête pour reprendre les choses où elles s'étaient arrêtées avant ma rencontre avec Victoria. C'était un retour dans le passé et je n'avais aucune intention de tenter quoique ce soit avec Mia. Mais oui, j'ai commencé à la regarder différemment et à ressentir des émotions qui n'avaient jamais eu leur place entre nous...La graine a clairement été plantée à ce moment là et j'étais encore en train de le gérer et de le nier quand tu as fait cette allusion le soir de notre dispute. J'ai baissé les yeux parce que je n'arrivais pas à mettre de mots sur ce que c'était mais je savais que je n'avais pas le droit de ressentir pour elle et que c'était un début de trahison quoique j'en dise... Mais les sentiments ne sont pas quelque chose que je pouvais contrôler. Donc oui, si tu veux me reprocher d'être tombé amoureux d'elle pendant ces vacances, je n'étais effectivement plus clean à partir de ces vacances à Las Vegas...", le silence après ça était très pesant. J'attendais sa sentence et je l'écoutais continuer sur un nouveau terrain. Charlie me martelait, il comptait tirer sur tous les fils, jusqu'à la dernière levée de doute et je jouais le jeu.

"A Londres, j'ai mis un ultimatum à Mia à cause d'un de tes sms. Tu savais ce que tu ressentais pour elle à ce moment-là et tu as essayé de revenir et de te placer alors que j'étais avec elle...", l'amertume de Charlie était encore présente mais j'étais très à l'aise sur cette nouvelle accusation alors je répondais sereinement.

"Non. C'était le seul message en trois mois et c'était juste un moment de faiblesse... Je devenais fou sans elle, Charlie, bon sang ! Tu n'imagines pas l'effort surhumain que j'ai dû faire pour garder mes distances et je l'ai fait à cause de toi. Je n'avais aucune intention de me mettre en travers de votre couple. Tu ne méritais pas ça et je n'aurai jamais mis Mia dans cette position. Elle méritait bien mieux qu'un triangle amoureux et tu sais que je déteste ce genre de situation à la con", je baissais la tête et j'attendais sa nouvelle attaque.

"Tu allais l'embrasser aux fiançailles dans ce couloir...", je soupirais franchement cette fois de lassitude mais je répondais encore.

"Non. Je n'allais pas le faire mais tu es arrivé effectivement au moment où j'en avais très envie, c'est tout", j'entendais cette fois Charlie soupirer à son tour et je l'entendais sortir son fait le plus accablant.

"Ce tatouage, Harry…", il sortait l'argument qui me rendait le plus inconfortable et je marquais un silence très long cette fois pour encore plus peser mes mots.

"C'était un délire de vacances, ce n'était censé être qu'un tatouage éphémère. Mia m'a complètement pris au dépourvu en me traînant au salon le dernier jour. Elle voulait me faire plaisir et marquer le coup. Je l'ai laissé faire sans réfléchir et j'ai pris la plus grosse claque des vacances en voyant ce type planter l'aiguille sur son dos. J'étais bouleversé et anormalement bouleversé pour un simple tatouage entre amis. J'ai compris à ce moment là que mes sentiments étaient réels mais il était trop tard pour revenir en arrière...Je n'ai rien prémédité, Charlie, je n'ai pas pris Mia en guet-apens et je n'ai jamais voulu te faire ce coup de pute", je voyais Charlie déstabilisé et il encaissait. Je ne recevais pas de contre-argument alors je concluais en faisant tomber le dernier voile.

"Mia ne sait même pas ce qu'il signifie pour moi. Je ne lui ai toujours pas avoué…", je voyais cette fois Charlie écarquiller les yeux d'étonnement.

"Tu ne lui as toujours pas dit que tu l'aimais…?"

"Non. Je temporise, étant donnée la façon dont tu t'es cassé les dents la dernière fois", j'avais tenté un trait d'humour en souriant timidement et je notais le début de sourire sur le visage de Charlie.

"Mia donne l'impression d'être très prête cette fois…", je souriais largement à cette parole motivante et inattendue.

"Que dieu t'entende… Mais je compte lui laisser un peu de répit. Ça fait déjà beaucoup de changement en très peu de temps. Il n'y a aucune urgence, tant qu'elle continue de se laisser porter de cette façon…", je marquais une pause et je repartais sur une lueur d'espoir en entendant la prochaine réplique très inattendue de Charlie.

"C'est à cause de toi si je me suis cassé les dents. Tu m'as envoyé au casse pipe ce soir là. C'est toi qui m'a poussé à déclarer ma flamme avec ton canular sur Ricardo", je riais franchement maintenant mais je ne voulais pas qu'il esquive. Je voulais vraiment entériner le sujet de fond qui me préoccupait.

"Et pour en revenir à notre sujet. Est-ce que tu me crois maintenant ?", j'étais redevenu très sérieux.

"Tu me certifies que tu étais Blanche-Neige ?".

"Avant votre rupture ? Oui", je souriais à sa comparaison.

"Et après ?", mon sourire s'élargissait maintenant de malice. Je réfléchissais à la meilleure réponse à apporter.

"Je suis devenu le chasseur ? Et tu vois le résultat de la chasse aujourd'hui. C'est la preuve évidente que je ne suis jamais entré en compétition avec toi, Charlie. Tu n'aurais jamais fait le poids si ça avait été le cas", je riais très franchement en même temps que lui ensuite. Pour moi, c'était l'argument le plus implacable et il semblait effectivement le convaincre.

"Putain…", je le regardais se frotter le visage, il avait les yeux dans le vide, il était en train de laisser retomber la pression et je me l'autorisais aussi par voie de conséquence. Je m'installais maintenant beaucoup plus confortablement sur ce fauteuil, comme lui, et je l'écoutais reprendre.

"Avec toutes les nanas qui existent sur cette terre, il a fallu qu'on se jette sur la même..."

"Non, Charlie. Avec toutes les nanas qui existent sur cette terre, il a fallu que TU te jettes sur la MIENNE…Son père me l'a rappelé à juste titre hier, j'ai vraiment été très con de l'avoir poussé dans tes bras", mon sourire était bienveillant mais le ton était ferme. Je faisais le dos rond depuis le début de la soirée mais je ressentais le besoin de mettre les choses au clair. Il était temps que Charlie reprenne sa place, qu'il remette les choses en perspective, qu'il prenne du recul et admette qu'il n'était qu'un homme de passage dans sa vie et que j'avais, depuis toujours, tous les droits sur Mia. J'avais essayé de le faire subtilement et je me félicitais de le voir abdiquer docilement en comprenant ma référence à notre conversation de Londres [VOIR CHAPITRE 37 DE CHARLY A HARRY].

"Ok. Tu m'as convaincu. Tu avais effectivement l'air de te contenter à l'époque de ton statut de "meilleur ami gay"…", il n'abdiquait pas si docilement que ça finalement. Je notais le tacle bien senti et cette référence à mon dernier weekend avec Ricardo, qu'il n'était pas supposé connaître.

"Tu t'es bien renseigné..."

"Un peu, mon vieux, et je ne sais pas comment tu as fait, toi, pour ne pas coller ton poing à la figure de ce mec…", je riais largement encore.

"Parce que Mia et lui sont amis maintenant", j'entendais son rire moqueur très franc après ça et je subissais sa nouvelle réplique taquine.

"Wai...Crois-en mon expérience...méfie-toi des amis de Mia...surtout des bruns ténébreux de ce genre", je riais à gorge déployée face à sa répartie bien sentie qui concluait l'échange sur une touche d'humour.

"Bon...donc, c'est une affaire classée ?", je reprenais mon verre et je lui tendais en signe de paix et j'étais plus qu'heureux de le voir répondre au geste avec un sourire.

Les conversations avaient repris ensuite sur d'autres sujets. J'avais même osé des questions sur l'état de santé de sa mère et sur sa relation avec Catherine. Le ton était bien différent maintenant après cette mise au point. J'étais soulagé et j'étais désormais dans un nouveau moment de silence avec lui quand je l'entendais rire seul et reprendre avec beaucoup d'amusement.

"Vous êtes arrivés avec plus de 40 minutes de retard au repas"

"Et ?", je le regardais curieusement car je ne voyais pas ce qui l'amusait autant.

"Vous n'arrivez jamais en retard...Mia n'arrive jamais en retard...Et elle a toujours refusé d'arriver en retard avec moi...", c'était peut être prématuré de parler de ça avec lui mais je me lançais puisque c'était lui qui tendait cette perche. Je répondais très sereinement et en souriant.

"Je suppose que tu n'avais pas les bons arguments…", je me régalais maintenant de son air outré. Il était bloqué et il réfléchissait à ma réplique avec beaucoup de méfiance.

"Je n'avais pas "les bons arguments" ? Qu'est-ce que tu sous-entend là ?…", je ravalais difficilement mon rire en le voyant se décomposer. Il était en train de chuter en devinant le sens caché de ma phrase.

"Ne me dit pas qu'elle a parlé de ÇA avec toi ?!", je le toisais maintenant en riant très moqueusement. Je voyais Charlie se décomposer face à mon silence lourd de sens.

"Quand on était amis…"

"Putain...Quoi ?...Elle t'a dit..que j'étais un mauvais coup ?", et je manquais de m'étouffer maintenant mais je tenais bon, je gardais le silence mais Charlie s'impatientait.

"Réponds-moi !"

"Mmh...Plutôt que vous n'étiez pas tout à fait sur la même longueur d'onde…", je prenais beaucoup de plaisir à voir sa mâchoire tomber au sol.

"Outch ?...Ça, pour une nouvelle...", Charlie était incontestablement blessé dans son orgueil mais surtout, il était très surpris. Je comprenais qu'il s'était régalé de son côté et que l'insatisfaction ne venait que de Mia. Je le notais précieusement dans ma mémoire. C'était un petit coup bas mais je ressentais le besoin d'asseoir un peu plus ma suprématie mais surtout de le remettre définitivement à sa place. C'était important pour l'avenir qu'il n'ait aucun regret sur son histoire avec Mia, qu'il soit convaincu du fait qu'il n'avait rien à faire ensemble depuis le départ.

"Et vous l'êtes ?"

"De quoi ?"

"Sur la même longueur d'onde ?", Charlie me rendait un sourire malicieux.

"A ce stade, je parlerai plutôt de symbiose…", je le regardais encaisser avec un rire nerveux et je choisissais ce moment pour me relever.

"Allez, je te propose d'arrêter là. On a fait suffisamment de progrès pour cette nuit", je déposais mon verre, je me relevais et j'étais porté ensuite par une envie plutôt imprévue et irrésistible. Je passais à côté de lui en lui déposant une main amicale sur son épaule mais surtout en déposant un baiser franc et très fraternel sur le sommet de sa tête, comme j'en avais l'habitude à la belle époque. C'était mon dernier signe de paix mais c'était aussi une façon de m'excuser et de lui faire comprendre que je voulais que les choses redeviennent comme avant, autant que possible.

Je partais sagement sans demander mon reste et je prenais quelques secondes une fois à l'intérieur pour réaliser que je venais de régler a priori tous mes comptes avec Charlie et que j'avais peut-être retrouvé mon ami. Je le regardais partir quelques minutes après avec Catherine après une dernière accolade et un dernier sourire avec lui qui confortaient un peu plus mon sentiment.

J'étais maintenant seul, dans mon salon, avec Mia endormie sur le canapé. Je prenais le temps de la regarder. J'admirais son visage d'ange et son air apaisé. Je glissais mes mains doucement sous son corps pour la porter jusqu'à ma chambre. Je la déshabillais délicatement sans la réveiller, je la recouvrais de mes draps et je prenais place à côté d'elle silencieusement en continuant de la contempler et de la caresser tendrement.

Je repensais nécessairement à l'évènement majeur de cette soirée. Londres était une page qui était sur le point de se tourner. Je n'aurai plus à vivre ces semaines de calvaire et de manque loin d'elle mais surtout j'allais pouvoir profiter d'elle à volonté. C'était tout ce dont je rêvais depuis six mois et tout ce qui m'obsédait maintenant depuis des semaines. Je prenais le temps de réfléchir à toutes les implications et en y pensant et en la regardant, je n'avais plus qu'une seule idée en tête : je devais la convaincre de poser ses valises chez moi parce que je voulais la garder éternellement dans ce lit et dans mes bras. Je savais que c'était ambitieux mais Mia me donnait toutes les raisons de croire qu'elle était prête pour ça. De mon côté, j'étais plus que prêt pour ça. J'étais plus heureux que jamais avec elle et je n'acceptais plus de subir aucune limite ni entrave à mon bonheur.