Disclaimer : les personnages sont de JK Rowling, l'histoire de Shiv5468. Lien vers l'auteur dans mes favoris.
Traduction benebu, février 2006.
« Mon but est de vous rendre digne de vivre ; et si vous ne l'êtes pas, je ne désire point du tout que vous viviez. »
Lord Chesterfield.
Lettres d'un Sang Pur à son fils, connues sous le nom de Lettres d'Azkaban.
Lettre Première.
Mon fils bien aimé,
Les circonstances m'empêchent de poursuivre ton éducation de la façon dont je l'aurais souhaité. Tu pourrais penser, en toute justice, que ces mêmes circonstances font que je devrais m'abstenir de tout conseil – que pourrais-tu bien apprendre d'un homme qui a échoué ?
Mais c'est cet échec qui rend impératif que tu m'écoutes maintenant. Je tiens à te faire profiter de mes erreurs, et non à t'en faire souffrir.
Le monde devrait en toute justice se trouver aux pieds d'un Malefoy, il devrait être notre jardin. Cependant, le monde est déraisonnable et il est parfois nécessaire de lui rappeler cette vérité fondamentale.
Quelles occasions as-tu de développer les talents qui te seront nécessaires pour faire ton chemin dans la société, dans ta situation actuelle ? Tu en as plus que moi dans la situation précaire qui est la mienne. Pourtant, pour toi comme pour moi, il reste des opportunités.
La nature humaine est la même partout. Je ne sais pas s'il y a lieu de s'en réjouir ou s'en désespérer, mais on peut néanmoins en tirer des enseignements.
Ton école est un microcosme, tu peux y observer en réduction ce qui anime le monde : les jalousies mesquines, les luttes pour obtenir une place… mais l'échec s'y paie moins cher. Tous tes camarades sont profondément persuadés de leur propre valeur. Ils ressentent la différence entre elle et la place que le monde leur accorde, et ils sont déterminés à faire reconnaître à chacun leur propre supériorité.
C'est le terrain fertile que tu dois cultiver. Si tu parviens à te convaincre d'en user, la flatterie, dispensée avec parcimonie, récoltera de bien meilleurs résultats que tous les honneurs que tu pourras acheter.
Sans compter que c'est plus économique.
Une remarque exprimant discrètement à un Ministre – ou un garde de prison – ta sympathie pour les difficultés qu'il doit rencontrer en travaillant constamment avec des personnes moins intelligentes et moins capables que lui, vaut autant qu'un sac de galions.
Et puis, venant d'un Malefoy, est-ce que ça n'en a pas plus de valeur encore ? Les Malefoy son fiers, ils ne dispensent pas de louanges, alors ce qu'ils disent doit être la vérité. Il existe un vieil adage, qui, bien que commun, n'en comporte pas moins une parcelle de vérité : achète un homme une fois, et tu devras le payer encore, flatte-le, et il sera à toi pour toujours.
La flatterie est plus puissante que l'Imperium, bien que, je dois l'admettre, elle ne soit pas aussi satisfaisante. C'est pour cette raison que tu devras te méfier de ceux qui te flattent. Ne te laisse pas entraîner dans des actions déraisonnables pour l'admiration de quelqu'un. Ne fais aucun Vœu qui ne puisse être rompu, aucune promesse que tu sois obligé de tenir, ne t'engage jamais de façon irrévocable.
Fais particulièrement attention en compagnie des femmes. Tu es jeune, et il est inévitable que tu sois attiré pour la première fois par ces créatures enivrantes et mystérieuses. Elles demeureront toujours enivrantes, et elles garderont leur mystère pendant longtemps, jusqu'à ce que tu développes le talent – que peu d'hommes possèdent, distraits qu'ils sont par les plaisirs de la chair – d'écouter ce qu'elles racontent.
Ne commets pas l'erreur de les croire insensées uniquement parce que tu ne parviens pas à les comprendre. Ta mère est la preuve vivante que c'est faux, et ta tante Bellatrix bien plus encore.
Je suis sûr que tu te souviens de ce qui est arrivé au dernier homme qui a suggéré qu'il n'était pas convenable qu'elle étudie la Magie Noire. Je ne doute pas une seule seconde que sa réaction a été bien plus plaisante à regarder qu'à endurer. N'oublie jamais que les sorcières aussi ont des baguettes.
Il te faudra trouver ta propre voie en matière de séduction. Tu as la beauté et l'argent de ton côté, tu ne seras jamais à cours de partenaires. Tu n'auras pas besoin comme certains de recourir à l'Imperium et aux potions de luxure, qui n'apportent pas de satisfaction durable. Au lieu de cela, tu te demanderas en permanence si ta partenaire est intéressée par toi ou par ta position sociale.
Quand viendra le temps de former une alliance durable, demande-toi bien si tu pourras supporter de la voir en face de toi à la table du petit-déjeuner dans vingt ans. Le Manoir est grand, mais il ne le sera jamais assez pour éviter une Xanthippe, et c'est mal vu d'éliminer sa propre femme, même si tu peux compter sur moi pour un coup de main si jamais ça devenait nécessaire. La famille est faite pour ça.
Evite les rouquines – leur passion se transforme si facilement en effronterie, et cesse d'être attendrissante après quelques mois. Et puis, j'aimerais autant que mes petits-enfants ne ressemblent en rien à des Weasley.
Si tes préférences ne vont pas vers les femmes, peu importe.
Tu pourrais te dire que comprendre un partenaire du même sexe doit être plus facile que de comprendre une femme. Je n'ai pas d'expérience directe d'une telle chose, mais apparemment ce n'est pas automatique, ni même fréquent. L'amour est une maîtresse inconstante, quel que soit le genre du couple.
Mon père m'avait suggéré qu'il valait mieux s'en tenir à l'écart. Je ne l'ai pas écouté, et je ne l'ai jamais regretté. Ce sera à toi de choisir le chemin que tu souhaites emprunter, comme dans de nombreux domaines.
Apprends, et apprends bien. L'expérience est meilleure enseignante que ton père, mais elle ne sera pas plus tendre.
Ton père,
Lucius.
Ndt : j'ai cherché pour vous. Merci wikipedia !
Xanthippe était la femme du philosophe grec Socrate, dont le caractère acariâtre est passé en proverbe. On prétendait que le philosophe l'avait épousée pour s'exercer à la patience.
La citation de Lord Chesterfield provient des 'lettres à son fils', traduction de Mr Amédée Renée, 1842.
