ACTE IV :

Quelques jours plus tard, en soirée, Cersei alla chercher la boîte de spermicide sous sa commode. Elle avait enfilé une robe d'un rouge très foncé des plus moulante, aux manches longues qui lui recouvraient les paumes, avec un large décolleté ovale, et fendue jusqu'en haut de la cuisse sur l'un des côtés. Avec ceci elle portait des talons à lanières de cuir noir très fins. Elle avait rehaussé les émeraudes de son regard d'un trait de khôl qui lui faisait un regard de biche alors qu'en elle grondait la lionne. Elle ne s'était pas embêtée à se faire une coiffure complexe : ses longs cheveux dorés cascadaient librement dans son dos comme une rivière d'or. Bref, elle était sublime, et elle le savait.

La problématique était que Jaime avait des yeux. Il l'avait supplié de ne pas sortir habillée comme ça, lui avait demandé où elle allait, mais elle n'avait pas cédé à ce qu'elle considérait comme des caprices de jalousie, et, avec une moue farouche, avait empoigné son petit sac à main noir avec une bretelle de chaine en argent et était partie en claquant la porte.

Mais son frère l'avait suivie. S'en était suivi une dispute en pleine rue à la lumière d'un lampadaire, que Cersei avait remporté, et Jaime avait accepté de rentrer, la mort dans l'âme et complètement malade de douleur psychique. Mais elle était libre, et il ne pouvait pas la retenir contre son gré…

Elle marcha rapidement en laissant échapper parfois un soupir exaspéré : ce qu'elle s'apprêtait à faire était hautement désagréable, pourquoi son frère jumeau ne lui facilitait pas la tâche au lieu de lui compliquer la vie ?

Quand elle fut dans le métro, elle sentit tous les regards braqués sur elle. Ses émotions oscillant entre la fierté d'être aussi belle, et le dégoût que lui provoquaient les regards lubriques des hommes. Elle savait que la beauté était une arme, mais elle pouvait s'avérer à double tranchant…

Elle arriva devant la belle demeure, encore plus rutilante et luxueuse que la leur. Elle se trouvait dans le quartier le plus chic de la ville : il ne lui avait fallu que deux stations de métro pour s'y rendre, et beaucoup de marche en talons hauts, qu'elle maitrisait à la perfection. Ils lui donnaient une démarche chaloupée, qui féminisait encore plus la forme de son corps, faisant ressortir la rondeur de ses hanches, sa taille fine, et sa poitrine opulente.

Elle sonna à l'interphone, et ce fut la gouvernante qui lui répondit. Elle n'eut qu'à expliquer qu'elle était une camarade de classe de Robert, venue pour un devoir, pour pouvoir entrer.

Le jeune homme l'attendait sur le pas de la porte, les bras croisés, l'air fermé. Mais à mesure qu'il voyait Cersei s'avancer sans se presser, un sourire prédateur et confiant aux lèvres, ses yeux pétillaient de plus en plus.

-Qu'est-ce que tu fais là ? demanda-t-il d'une voix rauque à la jeune femme qui s'était arrêtée beaucoup trop près de lui, sur le perron.

Cersei entra totalement dans son espace personnel pour lui glisser à l'oreille, l'air de rien :

-Ta queue me manque…

C'était clair, net, précis, ça ne passait pas par quatre chemins. Robert ne s'embarrassa pas non plus de faire passer Cersei par quatre chemins pour la conduire jusqu'à sa chambre. Cersei levait les yeux au ciel : qu'est-ce qu'il ne fallait pas faire pour arriver à ses fins ?

Ce fut aussi ce qu'elle pensa tout du long que dura la courte et dégradante étreinte dont Robert l'honora, allongée sur le dos, secouée par ses assauts, la barbe humide et chaude du jeune homme lui démangeant le cou, et ses beaux cheveux blonds répandus sur l'oreiller…

Heureusement ce fut vite fini, et elle se demanda comment elle avait bien pu prendre son pied avec lui la première fois. Ce qu'elle avait espéré arriva : Robert s'endormit d'une sorte de demi-sommeil bienheureux après avoir obtenu satisfaction. Elle avait le champ libre pour fouiller la villa à sa guise, en faisant toutefois attention aux domestiques. Elle ramassa et enfila sa robe qui n'était plus qu'une boule au pied du lit et enleva ses chaussures pour ne pas faire de bruit.