4) L'égo de Sheppard
Le major Sheppard s'était finalement calmé et raccompagnait le docteur McKay à ses quartiers. Ils arrivèrent devant la porte de ce dernier.
-Bon, major, je pense que vous pouvez me laisser maintenant, j'ai besoin de dormir un peu moi.
-Bon, hum, oui, je vous laisse. Je reviens vous chercher demain matin. Rêvez à moi, McKay, dit-il ironiquement.
Le scientifique entrebâilla la porte de sa chambre et se glissa à l'intérieur.
-Dormez bien major.
Le lendemain matin Rodney se réveilla tôt. Il avait envie de traîner un peu mais il se dit que le major risquait de venir le sortir lui même du lit. A cette idée, il se leva, s'étira paresseusement et se dirigea vers la salle de bain.
Il fit couler l'eau et entra sous la douche. Le jet tiède finit de le réveiller. Il se savonna longuement, se rinça et finit par sortir, ruisselant. Il allait attraper sa serviette quand celle-ci se déplaça dans les airs.
-Major ! S'écria le scientifique en plaquant ses mains sur son sexe dans un geste de réflexe.
Il sentit son visage devenir brûlant. Depuis combien de temps le major était-il là ?
-Donnez moi cette serviette ! cria t'il avec colère.
Il entendit un petit rire et la serviette se mit à danser devant son nez. Il l'attrapa d'une main et la noua avec hâte autour de ses reins.
-Allons, McKay, calmez vous. Vous n'êtes pas le premier homme que je vois nu. N'oubliez pas que je suis militaire alors les douches communes, je connais.
-Et bien pas moi, s'écria le scientifique très en colère. Et je n'ai pas non plus l'habitude qu'on vienne me regarder prendre ma douche. J'ai droit à mon intimité tout de même et ce n'est pas un petit cerveau de militaire qui va me dire le contraire.
-Dites, McKay, ça suffit. Vous allez trop loin, là, vous dépassez les bornes. Rodney sentait que le militaire s'était rapproché. Ce dernier lui attrapa les poignets mais le scientifique était trop choqué par la désinvolture du major pour s'en soucier.
-Et j'exige que vous mettiez un vêtement afin que je sache ou vous êtes quand vous vous trouvez dans mes quartiers, continua t'il sur sa lancée, et maintenant, lâchez-moi !
A son grand étonnement le major obéit. Il l'entendit sortir de la salle de bain. Il finit de s'essuyer, remit sa serviette sur ses reins et sortit.
Il eut de nouveau un choc : Son tee shirt « I'm with a Genius » flottait au dessus de son lit. D'ailleurs il pouvait nettement distinguer un creux dans les draps.
-Major, vous êtes encore là !
-Mais j'ai fait ce que vous m'avez ordonné, McKay. Je porte un vêtement, donc vous savez où je suis. Habillez-vous, je ferme les yeux.
-C'est ça, oui, je vais vous croire, marmonna le scientifique.
-Qu'est-ce que vous dites, McKay ? j'ai mal entendu .
Le tee-shirt se rapprocha soudainement et se colla contre Rodney. Ce dernier sentit les mains du major se poser sur ses bras encore humides et un souffle contre son oreille.
-Vous disiez quoi, McKay ? lui murmura ce dernier d'un ton suave.
Rodney était tétanisé. La situation lui semblait irréelle. Est-ce qu'il se passait vraiment ce qu'il croyait qu'il se passait ou bien est-ce qu'il se faisait des idées ? Il commençait à ressentir de sérieuses difficultés pour avaler sa salive et son cœur battait à toute vitesse. Finalement il fut sauvé par un signal sonore strident. C'était sa radio. Il se dégagea et se précipita sur l'appareil en enfonçant le bouton.
-Bonjour Rodney, ici Elisabeth Weir. Si vous voyez le major Sheppard, pouvez-vous lui dire de venir me retrouver dans une demi-heure à mon bureau, s'il vous plait ?
-Vous avez de la chance, Elisabeth, il est justement là ; Je lui transmets votre message. Bonne journée !
-Elisabeth veut vous voir TOUT DE SUITE dans son bureau, major, dit-il s'adressant au tee shirt. Çaa l'air URGENT.
Le vêtement vola dans les airs et atterrit sur le lit.
-A tout à l'heure, Rodney. Dès qu'Elisabeth me libère, je vous retrouve !
La porte s'ouvrit et se referma.
Rodney s'assit sur son lit et se saisit pensivement du tee shirt que le major venait de quitter. Il était perplexe. Qu'est-ce que tout cela voulait dire ? Tout à l'heure, il avait eu l'impression que le major allait…l'embrasser. Comment était-ce possible ? C'était pourtant un homme à femme. Rodney en était sur. Et lui aussi, d'ailleurs. Et pourtant, il ne s'était pas débattu et s'il était honnête avec lui même, il pouvait bien s'avouer qu'il avait attendu que… que quoi ?
Rodney soupira et commença à s'habiller. Il n'était pas contre l'homosexualité. Ni pour. Il ne s'était jamais posé de question là-dessus. C'était un sujet qui l'indifférait.
Rodney n'était jamais à l'aise quand il s'agissait de disséquer les sentiments humains. La science par contre, lui apportait toutes les satisfactions dont il avait besoin. Justement, ce matin il avait rendez-vous avec les souris du docteur Beckett. Il se leva et prit la direction de l'infirmerie.
Le major Sheppard marchait d'un pas rapide dans les couloirs en direction du bureau d'Elisabeth Weir. Il n'était pas question de la faire attendre. Ses pensées étaient tournées vers McKay. Tout à l'heure il avait failli l'embrasser. Il avait eu envie du scientifique. Il en avait même envie maintenant. En vérité, il bandait comme un… « Pense à autre chose, John », se reprit-il.
Il aimait les femmes, couchait avec des femmes mais à deux ou trois reprises, il lui était arrivé d'avoir une relation avec un homme. Relations furtives qui n'avaient guère dépassé quelques minutes, histoire d'épancher un besoin rapide et mutuel. C'était tout. Et c'était sans importance. C'est ainsi que le major voyait les choses.
Bon, pour l'instant il fallait qu'il se concentre et qu'il pense à autre chose qu'au sexe. Son entretien avec Elisabeth allait l'y aider. C'était sûr. Il frappa à la porte du bureau. Pas de réponse. Surpris, il entra. Il n'y avait personne mais il lui sembla entendre des voix dans le petit salon qui jouxtait la pièce. Il s'avança et resta comme deux ronds de flan : Elisabeth et Zelenka, collés l'un à l'autre s'embrassaient passionnément. La main d'Elisabeth était plongée dans le pantalon de Radeck qui gémissait, les mains occupées par la poitrine de cette dernière.
-Elisabeth, et si quelqu'un arrive ? Gémit Zelenka.
-Il n'y a pas de danger, j'ai fixé la réunion dans une demi-heure, haleta Elisabeth. Nous avons tout le temps, détends-toi.
Le major Sheppard sortit vivement de la pièce. Ca alors, Elisabeth et Zelenka ! Il ne s'en serait jamais douté. Un temps même, il avait pensé qu'Elisabeth avait un faible pour lui. Et bien, il s'était drôlement trompé ! Son égo venait d'en prendre un petit coup. De plus la vision des deux corps enlacés et gémissants n'avait pas arrangé ses affaires, au contraire ! Il se précipita dans les toilettes et en ressortit quelques minutes plus tard soulagé.
Bon, comme il avait tout de même besoin de se requinquer, il décida d'aller prendre un café à la cafétéria.
Trois jeunes femmes s'y trouvaient déjà entrain de discuter. Le major reconnut Katie Brown, il croyait se rappeler qu'elle était biologiste ou quelque chose comme ça. Elle riait à une remarque de Laura Cadman, une collègue de John. La troisième était une scientifique, se rappela John. Mais il avait oublié son prénom.
Sheppard s'approcha et s'installa. Elles avaient presque terminé leurs cafés et n'allaient certainement pas tarder à s'en aller. Le lieutenant Ford sortit de la pièce en leur adressant un sourire charmeur.
-Mon Dieu, qu'il est chou, dit la scientifique, il me fait craquer !
-Ils sont plusieurs à ne pas être mal du tout sur cette base, répondit Cadman. J'ai connu des endroits où croyez-moi, on n'était pas très gâtées question beaux mâles. Mais sur Atlantis ! Tenez, regardez, le major Sheppard, il est pas mal du tout!
John sourit se sentit immédiatement mieux.
-Franchement beau, répondit la scientifique.
-Vraiment très beau, renchérit Katie Brown.
Le major Sheppard qui n'en perdait pas une miette sentit son égo se regonfler (1). Ces dames le trouvait à leur goût, on dirait. Mais que disait la petite biologiste ?
-Oui, vraiment très beau mais c'est tout. Moi, celui qui me fait craquer, c'est le docteur McKay. Vous le regardez dans les yeux et il devient tout rouge. C'est trop mignon. Il est à croquer !
L'égo de John venait d'en reprendre un coup.
-Et le docteur Beckett, vous avez vu ses yeux ? Je l'adore ! Quand il me regarde, je me sens toute chose. Ahhh, il est a-do-rable ! Laura Cadman mit une main sur son cœur pour accompagner ses paroles.
-Je suis d'accord avec toi, renchérit la scientifique. Le docteur Beckett est vraiment trop craquant. Avec son petit sourire gentil, on dirait un ange ! Et en plus il est vraiment sexy, lui. Pas super beau mais tellement attirant !
John se renfrogna. Sexy, Beckett ? Allons donc ! Et lui, il n'était pas sexy ? Et en plus à qui elle comparait Beckett en disant « lui » ?
-C'est vrai, le docteur Beckett est vraiment l'homme le plus sexy d'Atlantis, trancha Katie Brown. Il n'y en a pas un dans toute la base qui lui arrive à la cheville. Il est merveilleux, il est…Oh, Ça alors ! Son gobelet de café venait de glisser et s'était répandu sur ses vêtements. Mais comment est-ce arrivé ! S'exclama t'elle.
Le major Sheppard, furieux et l'égo résolument à plat quitta la cafétéria et se dirigea vers le bureau d'Elisabeth Weir, maudissant le manque de clairvoyance des femmes. Beckett sexy, peuh ! Vraiment, elles ne n'y connaissaient rien !
1) Seulement son égo, oui.
