5) Rodney
Rodney se pencha avec un petit sourire sur les souris blanches du docteur Beckett.
-Elles sont redevenues visibles il y a une vingtaine de minutes, expliqua ce dernier. Je les ai mise en contact hier matin avec l'artefact que le major Sheppard a initialisé et qui l'a rendu invisible. La réaction a été la même : onde de choc et disparition des sujets. Les souris sont en bonne santé. Même invisibles elles n'ont rien perdu de leurs facultés. Et voilà, il y a un instant elles ont progressivement retrouvé leur apparence normale. Il faut croire que les effets sont limités dans le temps. Enfin, ce sont les conclusions immédiates que nous pouvons en tirer.
-Il faut avertir tout de suite le major ! s'écria le scientifique en sautant sur place, excité comme une puce.
-Attendons un peu avant de nous précipiter et de lui donner de faux espoirs, Rodney. Après tout il s'agit de métabolismes différents et nous ne savons pas si la réaction sera la même avec un être humain. D'autre part le gène du major est naturel. J'ai injecté le gène des anciens aux souris mais les résultats pourraient être différents. Je vous propose d'attendre quelques heures et nous aviserons.
Rodney se calma immédiatement. Carson avait raison, comme d'habitude. Il avait été si heureux pour le major que sur le coup, il n'avait pas réfléchi à la déception que ce dernier pourrait éprouver en cas d'échec. Oui, c'était plus raisonnable de se taire pour l'instant. Bien sur si Sheppard apprenait qu'on lui avait caché quelque chose, lui, Rodney, se ferait tuer. Enfin, « tuer », c'était peut-être un bien grand mot mais le major serait à coup sur très en colère.
Les pensées de Rodney le ramenèrent un moment en arrière. Que s'était-il vraiment passé avec John ? Ou plutôt, s'il voulait poser la question correctement, que se serait t'il passé si la radio ne les avait pas interrompu ? Rodney essaya de chasser ces pensées de son esprit. C'était dérisoire de se triturer les méninges sur quelque chose qui ne reposait sur rien. En fait, oui, il ne s'était rien passé. Mais quand même…
-Rodney, ça va ? Carson venait d'interrompre le cours de ses pensées. On dirait bien que quelque chose ne va pas. Vous avez des soucis ?
-Euh non, ça va. Rodney se reprit Carson était quelqu'un de très intuitif. Il devinait toujours quand le scientifique avait un problème et à plusieurs reprises il avait été le confident de ce dernier. Rodney savait qu'il pouvait lui faire confiance. Mais de là à lui raconter qu'il croyait que le major Sheppard…
-C'est à cause de John, c'est ça ?
Rodney se sentit rougir violemment. « C'est pas vrai, mais c'est un sorcier, cet homme là ! C'est pas un médecin ! » pensa t'il. Il se mit à bafouiller :
-Ben, euh, oui…Enfin, peut-être…Je sais pas…
Le docteur Beckett eut un petit sourire. Ah, ces deux là, Sheppard et McKay, on pourrait en faire un roman ! C'était quelque chose !
Bon, ce n'était pas le moment de torturer Rodney. On aurait dit que ce dernier essayait de rentrer sous terre tant il se tortillait et semblait embarrassé.
-Vous voulez en parler maintenant ou bien une autre fois ? demanda t'il gentiment au scientifique.
-Oui, oui, c'est ça, une autre fois…
Le grésillement de sa radio sauva une fois de plus Rodney d'un moment difficile. Il s'en saisit brusquement.
-Rodney, c'est de nouveau Elisabeth, pouvez-vous nous rejoindre dans mon bureau s'il vous plait ?
-J'arrive Elisabeth répondit aussitôt Rodney soulagé. C'est Elisabeth, expliqua t'il à Beckett. Elle veut que je vienne immédiatement.
-Et bien, à voir votre mine, on dirait qu'elle appelle au bon moment, Rodney. Si vous voyiez la tête que vous faites ! On dirait que vous venez d'échapper de peu à une séance de torture. Allez-y et sachez que je serais toujours là si vous avez besoin de parler.
-Merci Carson, répondit sincèrement le scientifique. Vous êtes vraiment un ami. Sans vous…
-Allez Rodney, vous allez devenir sentimental et je vous connais, vous le regretterez bientôt. Je vous contacte dans quelques heures et je vous tiens au courant à propos de l'évolution des souris. A bientôt !
Quelques heures plus tard :
Rodney préparait son sac méthodiquement. Dans quelques heures il allait partir en mission d'exploration avec le lieutenant Ford, Teyla et le major Sheppard et il ne voulait rien oublier. Il était sujet à diverses allergies et souffrait d'hypoglycémie. Il enfournait quelques barres de chocolat dans son sac quand il entendit la porte s'ouvrir derrière lui.
-Major, vous n'avez toujours pas appris à frapper à une porte à ce que je vois, dit-il sans se retourner.
-McKay, détendez vous. Ce que vous pouvez être coincé tout de même ! Tiens, vous emportez du chocolat ? Vous avez peur de mourir de faim ?
-Major, avoir la politesse de frapper avant d'entrer dans une pièce ne veut pas dire que vous êtes « coincé ». Quand au chocolat, vous savez très bien que je suis sujet à des crises d'hypoglycémie.
-Ne vous en faites pas, McKay, je prendrais bien soin de vous.
Rodney sentit un petit sourire dans cette dernière phrase. Le major Sheppard retrouvait le moral. C'était vraiment une excellente idée qu'avait eu Elisabeth. Le major se morfondait sur la base, isolé par son invisibilité. Un peu d'action lui ferait le plus grand bien.
La radio émit un signal sonore. Décidément, c'était la journée !
La voix du docteur Beckett résonna dans la pièce :
-Rodney, c'est Carson, je vous appelle à propos des souris. Il y a un problème.
Le scientifique coupa immédiatement le haut-parleur et écouta le rapport du médecin.
-Oui,oui, oui, je comprends, bien sûr. Nous en reparlerons plus tard si vous le voulez bien.
Il mit fin à la communication et fit mine de s'atteler de nouveau à ses derniers préparatifs. Il se pencha sur son sac.
Les mains du major l'attrapèrent par les épaules, l'obligeant à se redresser.
-Qu'y-a-t'il, Rodney ? Qu'est-ce que c'est ces histoires de souris?
-Major !
-Répondez McKay, ça me concerne, n'est ce pas ?
Rodney allait s'embourber dans des mensonges quand il comprit qu'il serait plus simple de dire la vérité au major, ce dernier avait le droit de savoir.
-Voilà, major, je vais vous expliquer. C'est simple : Le docteur Beckett a inoculé le gène des anciens à des souris et les a mise en contact avec l'artefact que vous avez initialisé. Elles sont devenues invisibles à leur tour. Ce matin, quand je me suis rendu au laboratoire de Beckett, les souris avaient repris leur apparence normale.
-Mais c'est une très bonne nouvelle Rodney ! Pourquoi vous ne m'en avez pas parlé plus tôt ?
Le docteur Beckett et moi même avons jugé préférable d'attendre un peu afin de savoir si ce retour à la normale était définitif et…
-Et quoi ? Mais parlez Rodney !
-Je suis désolé major, les souris viennent de redevenir invisibles.
Le scientifique entendit le lit grincer sous le poids du major qui poussa un gros soupir désespéré.
-Mais et vous, McKay, pourquoi n'êtes vous pas invisible. Apres tout Beckett vous a aussi inoculé le gène des anciens et vous avez manipulé l'objet, je m'en souviens.
-Oui, mais major, vous ne l'aviez pas encore initialisé à ce moment là.
-C'est vrai, vous avez raison.
Il revit l'objet tomber au sol et le docteur Zelenka l'enfermer immédiatement dans un container, sans le toucher, après avoir averti Elisabeth.
-Ecoutez moi, major, tout n'est pas perdu. Le docteur Beckett et son équipe cherchent des solutions. Ils sont très brillants, vous savez. Et Zelenka est avec eux. Ils y arriveront. En attendant notre petite expédition va vous faire le plus grand bien.
Le major ne répondit pas. Rodney se pencha sur le lit et chercha à tâtons. Ses mains rencontrèrent un bras puis le cou et remontèrent vers le visage humide.
-Major, ça va aller, bredouilla le scientifique désemparé par la peine de son ami.
Deux mains se saisirent de sa tête et l'attirèrent vers le bas. Il sentit le corps du major sous lui et deux lèvres chaudes se poser sur les siennes. Surpris il resta là, indécis quand il entendit frapper à la porte. Il se releva d'un bond et alla ouvrir.
C'était le lieutenant Ford.
-Allez, docteur McKay, vous êtes prêt ? On part tout de suite.
-Oui, oui, je suis prêt, allons-y. Le scientifique se saisit de son sac, jeta un regard perplexe en direction du lit et suivit Aiden Ford dans les couloirs de la cité.
Une demi-heure plus tard il volait dans l'espace à bord de Jumper 1.
