10) Rodney
Le major Sheppard se réveilla le premier. Au cours de la nuit ils s'étaient détachés l'un de l'autre et seul son bras reposait encore sur la poitrine du scientifique.
Il s'assit et contempla pensivement ce dernier.
McKay était quelqu'un de spécial et personne ne pouvait dire le contraire. Il était exceptionnellement intelligent mais égocentrique, tyrannique et imbu de lui-même. Il ne supportait pas d'être contredit..
De plus il n'avait aucune patience et se considérait comme un génie. Ce qu'il était certainement, d'ailleurs.
Et pourtant il avait fait preuve d'une réelle compassion envers lui, John quand il avait senti sa détresse et avait montré tellement de joie quand il était redevenu visible ! Et puis il n'avait pas repoussé ses gestes de tendresse et s'était tout de même endormi dans ses bras.
Quels étaient les sentiments de McKay à son égard ? John aurait donné cher pour le savoir.
En attendant, il fallait qu'ils sortent delà. Il avait fait preuve d'assurance la veille au soir, rassurant le scientifique sur les intentions des indigènes mais il n'en pensait pas moins.
Dans l'ensemble ils avaient l'air plutôt pacifiques. John avait vu pire que la cérémonie de la veille. En fait cela n'avait pas été trop méchant et l'homme était manifestement volontaire.
Le scientifique gémit dans son sommeil. John se pencha sur lui. Pourquoi ne se l'avouait-il pas ? Bon sang, il était amoureux ! Mais comment était-ce possible et qu'allait-il se passer ? Ils étaient des hommes, nom de dieu ! Et ce n'était pas ses deux ou trois petites aventures d'un soir qui allaient y changer quelque chose. Mais comment avait-il pu tomber amoureux de Rodney McKay? Ils avaient si peu en commun ! Tout les séparait : Leurs mondes, leurs caractères, leurs centres d'intérêt. Et un amour comme celui-là était-il possible dans les conditions où ils vivaient ? Que diraient les autres s'ils l'apprenaient ? D'autre part, il semblait toujours à John qu'ils vivaient en sursis avec une épée de Damoclès suspendue au-dessus de leurs têtes. Pour l'instant, ils avaient fait connaissance avec les wraith, un terrible danger pour les humains. Mais ce n'était peut-être pas la seule menace dans cette galaxie et ils n'étaient certainement pas au bout de leurs surprises. Ils ne savaient même pas si un retour sur la Terre serait possible un jour. Alors comment pouvait-il penser à aimer ? Dans des conditions pareilles, c'était un luxe.
Oui, lui, John Sheppard allait résister. Il se battrait et relèguerait ses sentiments au fond de son cœur. Il ne pouvait pas se permettre…
Rodney ouvrit les yeux et son regard plongea dans celui de John qui, oubliant en une seconde toutes ses bonnes résolutions se pencha sur lui et posa ses lèvres sur les siennes. Le scientifique passa ses bras autour de son cou et entrouvrit la bouche. John y glissa sa langue et rencontra celle de Rodney. Ils s'embrassèrent longuement avec passion.
Puis John interrompit le baiser.
-Rodney, je crois que je suis amoureux. J'en suis sûr, même.
-De qui ? demanda le scientifique d'un air mutin.
-Idiot !
-On ne traite pas d'idiot le plus grand génie des deux galaxies, surtout quand on a la chance d'être aimé par lui !
-Tu m'aimes, c'est sur ?
-C'est même certain, dit ce dernier en reprenant ses lèvres pour un nouveau baiser.
Un bruit les fit sursauter. Un homme entra dans la hutte et déposa de l'eau et des fruits sur le sol puis il repartit, laissant la porte ouverte.
John et Rodney se regardèrent, perplexes, et sortirent.
Les indigènes vaquaient à leurs occupations et personne ne faisait attention à eux. Il faisait déjà très chaud. Des femmes moulaient des grains à l'ombre d'un arbre immense, entourées par une nuée d'enfants. Plus loin, un adolescent taillait un arc sous le regard attentif d'un homme qui de temps en temps se penchait sur son travail et semblait lui donner des conseils.
Rodney aperçut Ford et Teyla. La jeune femme essayait de communiquer avec le chef de la tribu.
-Alors qu'en pensez-vous major ? S'exclama le lieutenant Ford. Nous sommes libres de circuler à notre guise dans le village mais nous restons néanmoins prisonniers. Impossible de partir d'ici !
-Que voulez-vous dire ?
Ford se lança dans des explications. Le matin, il s'étaient réveillés pour découvrir la porte de leur hutte ouverte. Ils avaient tout de suite tenté de s'enfuir du village mais avaient été refoulés par des sentinelles. Sans violence mais fermement.
Ils avaient essayé plusieurs issues mais à chaque fois l'histoire s'était répétée et Teyla tentait d'obtenir quelques explications.
Finalement l'athosienne abandonna et rejoignit ses compagnons.
-Manifestement il ne veulent pas nous relâcher tout de suite. Nous les intriguons. Ils attendent que leur chaman prenne une décision à notre sujet.
A l'évocation du chaman Rodney repensa à la cérémonie de la veille et un frisson le traversa.
-Bon, j'espère qu'il ne nous considère pas comme des ennemis,dit Ford.
-Ca m'étonnerait, leur attitude n'est pas particulièrement hostile, hormis le fait que nous soyons prisonniers, remarqua Teyla. Nous verrons bien. Pour l'instant, je pense qu'il n'y a rien à faire, reprit-elle s'adressant au major.
Ils passèrent quelques heures à explorer le village. Les atlantes essayèrent de glaner quelques explications sur le mystérieux produit aux pouvoirs cicatrisants mais ils ne réussirent pas à avoir le moindre renseignement. D'après le peu que Teyla comprenait, seul le chaman savait. Et ce dernier était parti méditer dans la foret en vue de la cérémonie qui aurait lieu ce soir.
Il faisait maintenant très chaud. La température devenait trop élevée pour continuer à déambuler dans le village. Les deux couples finirent par se séparer.
John entraîna Rodney dans la hutte. Sitôt à l'intérieur il le prit dans ses bras et le plaqua contre la paroi pour l'embrasser, faisant glisser son genou entre les jambes du scientifique. Sa langue tournait avec celle de Rodney tandis que ses mains se perdaient avec fébrilité sous le tee-shirt de ce dernier.
Rodney sentait contre sa cuisse la bosse dure qui déformait le pantalon du major.
-Rodney, j'ai envie de toi, haleta le major. Maintenant !
-John, je sais pas, je n'ai jamais fait ça avec un homme.. J'ai peur, murmura le scientifique. J'en ai envie mais j'ai peur quand même avoua t'il gêné en rougissant. Excuse-moi.
John s'arrêta, ému. C'était vrai. Il n'avait pas pensé à ce que Rodney pouvait ressentir. Tout ceci était nouveau pour lui et c'était normal qu'il ne sente pas très à l'aise. Lui, John n'avait écouté que son désir. Il se jura que désormais il serait à l'écoute de celui de son ami.
-Tu as raison, pardonnes-moi, je comprends. Je t'aime dit-il en embrassant les lèvres tremblantes. Tu n'as pas à t'excuser. C'est moi.
Il entraîna lentement Le scientifique au sol, le fit s'allonger face à lui et recommença à l'embrasser tendrement, avec douceur. Ses mains soulevèrent de nouveau le tee shirt et se promenèrent sur le torse, le dos, sans se presser. Elles descendirent sur les fesses qu'elles caressèrent longuement, appréciant la douceur de la peau et remontèrent de nouveau.
Ses lèvres coururent sur les joues, les paupières, le front et descendirent vers une oreille.
-Nous avons le temps, Rodney, nous ferons l'amour quand tu te sentiras prêt, murmura t'il.
Rodney regarda son amant dans les yeux. Une partie de lui désirait que John le déshabille, le prenne et le fasse crier de plaisir. Il avait envie de sentir la chaleur de ce dernier contre lui, en lui. Il avait envie de jouir dans les bras de l'homme qu'il aimait, de se donner à lui, complètement. Et une autre partie de lui appréhendait la douleur, la crainte de ne pas savoir faire et ce territoire à la fois familier et inconnu qu'était le corps de John, le corps d'un autre homme. Mais cet homme n'était pas n'importe lequel ; Il était celui qu'il aimait : John Sheppard. Rodney sut qu'il pouvait lui faire confiance.
Il embrassa son amant et l'attira sur lui.
-Major Sheppard ! Docteur McKay !
Les deux hommes se relevèrent d'un bond. Teyla les appelait du dehors. Ils se sourirent et réajustèrent leurs vêtements. Rodney planta un baiser sur les lèvres de John et ils sortirent.
Le chaman était là et les attendait. John eut un mauvais pressentiment. Il se plaça instinctivement devant Rodney. Le lieutenant Ford et Teyla s'étaient rapprochés aussi. Le chaman fronça les sourcils. Il était perplexe. Il était en train de se passer quelque chose. Il en avait l'intuition, la prescience. Quelque chose dont ces quatre étrangers devant lui n'avaient même pas réellement conscience.. Le chaman se concentra, voyant ce que les autres ne voyaient pas. Déchiffrant les attitudes. Puis ce fut l'illumination : Manifestement trois d'entre eux faisaient bloc. Ils étaient soudés et sans en être conscients ils protégeaient celui d'entre eux qui était le plus vulnérable.
Le chaman écarta le major Sheppard et désigna Rodney. Les guerriers s'en emparèrent et l'emmenèrent. Le scientifique se débattit. John, Ford et Teyla qui allaient intervenir furent immédiatement maîtrisés et conduits sur les lieux pour assister une nouvelle fois à la cérémonie.
