11) Souffrances et plaisirs
Les guerriers déshabillèrent le scientifique et l'attachèrent les membres en croix sur l'autel. Ce dernier tourna la tête, cherchant le major du regard, terrifié par ce qui l'attendait. Il essaya de se débattre de nouveau mais les liens ne firent que se resserrer et mordre sa chair encore plus cruellement.
Il finit par rencontrer le regard de son ami et se calma aussitôt. Dans les yeux de John il voyait combien ce dernier souffrait, combien il était désolé. John avait l'air d'avoir tellement mal !
Rodney ferma les yeux et détourna la tête. Il ne voulait pas que le major le voit souffrir.
Puis il sentit une brûlure sur sa poitrine. Le rituel commençait. La pointe du chaman était déjà en action, déchirant les chairs, traçant des volutes sur la peau tendre. Le sang coula. Rodney serrait les dents avec tant de force qu'il en avait mal à la mâchoire. Il crierait quand vraiment, la douleur deviendrait intolérable. Il n'offrirait pas à cet espèce de sadique le plaisir de l'entendre hurler tout de suite.
John en était littéralement malade. Il sentait Teyla qui le soutenait. La tête lui tournait et il se dit que s'il ne se reprenait pas il allait s'évanouir. Il inspira un bon coup et se sentit mieux. Son Rodney, là-bas, était courageux. John en était fier. Rodney endurait mais ne suppliait pas.
Le chaman se saisit du récipient et commença une prière rituelle. Puis il répandit le liquide sur les plaies ouvertes. Le corps de Rodney se tendit brusquement sous le choc. Le souffle lui manqua tant la douleur était atroce. C'était comme si on lui avait enfoncé des milliers d'aiguilles chauffées à blanc d'un seul coup dans la chair. Il hurla. Son corps était parcouru de tremblements incontrôlables, sa respiration d'abord hachée devenait irrégulière. Il n'arrivait pas à reprendre son souffle. Son cerveau ne fonctionnait plus correctement. C'était comme s'il s'était déconnecté, incapable de gérer cette intense douleur. Rodney n'était plus que souffrance.
John manqua une fois de plus de s'effondrer dans les bras de Teyla. Ce fut Ford qui le retint.
-Major, c'est bientôt terminé, souffla de dernier.
Les secondes semblaient des heures aux yeux de John. Au ralenti il vit le chaman se saisir du second récipient et le répandre sur le corps de Rodney. Et le miracle se produisit de nouveau. Le sang cessa de couler et les plaies commencèrent à se refermer. Le scientifique avait sombré dans l'inconscience. Il était secoué de longs tressaillements et de légères convulsions.
John se précipita vers lui et personne ne chercha à le retenir. Ce n'était plus utile. Avec l'aide de Ford, il défit les liens et eut un coup au cœur quand il vit les marques violettes autour des poignets et des chevilles du scientifique. Le chaman posa la main sur les lésions, caressant les ecchymoses presque avec tendresse. Le major Sheppard allait se jeter sur lui quand Teyla l'en empêcha.
-Major, ce serait la dernière chose à faire, dit-elle fermement. Il faut vous contrôler et vous occuper du docteur McKay maintenant.
Teyla avait raison. John lança un regard plein de haine au chaman qui secoua la tête et s'en alla.
Ils rhabillèrent McKay et le portèrent dans la hutte.
-Allez-vous en maintenant. C'est bon, je vais m'occuper de lui.
John voulait rester seul avec son ami.
Teyla mit une main sur son épaule et sourit. Puis elle prit le bras d'Aiden Ford et l'emmena dans leur case. Arrivés là, ils se regardèrent longuement et leurs lèvres se joignirent. Ce fut d'abord un baiser tendre, doux puis il devint de plus en plus passionné. Ils se laissèrent tomber au sol, se dépouillant de leurs vêtements. Leurs mains et leurs lèvres explorèrent leurs corps, les emmenant aux frontières du désir.
-C'est vraiment ce que tu veux ? murmura le lieutenant.
-La vie est trop courte et si fragile. Profitons-en pour nous aimer, souffla Teyla à l'oreille de son amant.
Il la pénétra.
Rodney émergeait lentement d'un sommeil fiévreux. Il sentait la chaleur de John contre lui. Il souffrait encore mais beaucoup moins. En fait, c'était curieux, il pouvait sentir la souffrance s'échapper lentement de son corps. Ce n'était pas encore ça mais il sentait, il savait que celle ci s'en irait. D'ici quelques heures son corps aurait oublié. Mais pas son esprit. Pour l'instant il ne pouvait que rester allonger, à attendre que ça passe. Il se sentait désemparé, vulnérable. Seule la présence de son ami à ses cotés pouvait lui apporter du réconfort.
-Rodney ? Il sentit des lèvres effleurer les siennes. Mon amour ?
-John ?
-Comment te sens-tu ?
-Je ne peux pas beaucoup bouger pour l'instant mais je me sens de mieux en mieux. Je sais que demain matin j'irais mieux. Je ne sais pas comment t'expliquer ça, c'est comme si la douleur s'échappait progressivement.
Le major lui caressa le front, pensif. Il avait une décision à prendre et il fallait que Rodney coopère.
-Rodney, je t'aime et il va falloir que tu me fasses confiance. Ecoute moi bien. Je vais te laisser seul un moment. Il sentit la panique monter chez son ami. Calme toi ! Ce dernier s'accrocha à lui. John le prit dans ses bras, lui entrouvrit les lèvres et l'embrassa avec force. Fais-moi confiance, répéta t'il. Je vais profiter de la nuit pour faire sortir Ford et Teyla du village et je reviens vers toi. Ensuite nous établirons un plan pour notre propre évasion.
-Mais John, comment vas-tu faire ? Les abords du village sont surveillés. C'est impossible de passer. Oh non ! Ne me dit pas que tu es redevenu…
-Si, Rodney. C'est arrivé tout à l'heure mais cette fois, cela nous sera bien utile.
-John, pars avec eux.
-Non ! Comment peux-tu penser que je ferais une chose pareille ?
-Vous pourriez revenir me chercher avec le jumper.
-Oublie ça, il n'en est même pas question. J'y vais, à tout à l'heure.
John sortit hors de la hutte. Tout était calme. La lune était déjà haute dans le ciel et brillait d'un doux éclat sur le village endormi. Seules restaient éveillées les sentinelles dont les silhouettes se découpaient sur l'obscurité. Il se faufila dans la case que Ford partageait avec Teyla et fut sidéré de les trouver reposant dans les bras l'un de l'autre. Mais finalement, cela ne fit que confirmer ses soupçons. Il secoua Ford qui se réveilla d'un coup. Teyla ouvrit les yeux.
-C'est moi, Sheppard. Nous n'avons pas le temps de discuter. Je suis redevenu invisible. Voilà ce que nous allons faire : Je vais vous faire sortir du village en neutralisant un gardien. Je pense que vous finirez bien par retrouver le jumper. McKay et moi partirons plus tard. Pour l'instant il n'est pas en état de marcher.
Ni Teyla, ni Ford ne discutèrent les ordres du major. Celui ci savait très bien ce qu'il faisait et de toute façon il était le supérieur hiérarchique du lieutenant Ford. Les décisions lui appartenaient.
Ils sortirent en silence de la hutte. Ils étaient bien entraînés et savaient se déplacer sans faire de bruit. Une sentinelle s'écroula. Le major la retint avant qu'elle n'atteigne le sol et la reposa silencieusement. Ford et Teyla s'enfoncèrent dans la forêt. Il restait du temps avant l'aube et le major était sur qu'ils réussiraient à s'en sortir.
Il traversa le village de nouveau et se faufila dans la hutte.
-Rodney, c'est moi, je suis revenu. Tout s'est bien passé.
Ce dernier poussa un soupir de soulagement.
-Demain, quand ils se rendront compte de la disparition de Ford et Teyla, ils viendront sûrement ici et ne me trouveront pas non plus. Ils penseront que nous t'avons abandonné. Fais comme si tu souffrais encore énormément et que tu ne pouvais pas bouger. Nous partirons dans la journée. Je n'ai pas envie d'attendre le soir…
Il se tut mais Rodney comprit ce qu'il voulait dire. John ne voulait pas que Rodney refasse les frais d'une nouvelle cérémonie.
-Tu as encore mal ?
-Un peu.
John souleva le tee-shirt du scientifique et se mit à caresser lentement son torse à deux mains. Ce dernier ne tarda pas à gémir. Les lèvres remplacèrent les mains et bientôt Rodney se mit à respirer plus vite. Le major caressa à travers le tissu la bosse qui se formait sous le pantalon du scientifique. Celui-ci se cambra sous l'effet de l'excitation. John passa la main dans le pantalon, prit entre ses doigts le membre doux et chaud de son ami et se mit à le caresser. De plus en plus vite. Rodney haletait. Sa respiration devint saccadée puis finalement il jouit dans la main de son ami.
Il était épuisé. Il voulait parler mais il n'en trouva pas la force. Il sentit que John s'allongeait prés de lui puis sa tête roula et il s'endormit brusquement.
Quand il se réveilla plusieurs heures plus tard, ce fut pour apercevoir plusieurs visages penchés sur lui. Les indigènes discutaient avec animation. Le chaman s'avança et Rodney se composa aussitôt le visage de quelqu'un qui souffrait le martyre et se mit à gémir de douleur. Il devait être convaincant car le chaman eut un hochement de tête appréciateur et sortit de la hutte suivi par les visiteurs.
Il entendit John éclater de rire près de lui et sentit les lèvres de ce dernier caresser son oreille.
-Dis donc, Rodney, n'en fait pas trop tout de même !
