Prêter un peu de force


Base: Saint Seiya Lost Canvas (Les personnages me m'appartiennent pas)

Genre: Motivation

Personnages: Sisyphe, Sasha, Regulus

Notes: Bonjour, bonsoir! Voici le troisième et dernier OS de ce mini recueil sur les Sagittaires à l'occasion de l'anniversaire de Sisyphe. Je vous souhaite une bonne lecture


Il régnait comme une ambiance étrange au Sanctuaire. Ce Lost Canvas qui se dessinait toujours plus dans le ciel effaçait l'enthousiasme généralisé des troupes. Malgré les motivations tant de fois criées pour encourager soldats et chevaliers, pour qu'ils ne perdent surtout pas espoir en la victoire d'Athéna.

Pourtant, Sisyphe lui même doutait secrètement d'une issue favorable à la guerre. Tant de compagnons s'en étaient allés, Rasgardo, Albafica, même El Cid ou Asmita pour ne citer qu'eux étaient tombés face aux Spectres, après des combats contre des adversaires redoutables. Et lui même, le Sagittaire avait failli sombrer dans un rêve interminable, à tout jamais prisonnier. Le cosmos pur et puissant de sa déesse avait pu le ramener, mais pour quel résultat? Le Grand Pope et son frère, Hakurei s'étaient sacrifiés eux aussi face aux dieux Hypnos et Thanatos. Et Dohko, et Tenma où avaient-ils bien pu disparaître...

Alors que lui, était là, devant la tombe de son grand frère, Ilias, l'ancien Lion, sans dire mot, laissant les lamentations dans sa tête. Il avait toujours détesté être comparé à cet ainé si héroïque, si parfait mais terrassé par la maladie et par un adversaire redoutable. Lui même était devenu à sa manière un meneur, un chef des armées qui faisait de son mieux pour haranguer les troupes, pour la victoire d'Athéna. Il était Sisyphe, le chevalier du Sagittaire, le grand frère, l'homme consciencieux, toujours intéressé par chaque coin de vie du Sanctuaire. Il n'hésitait pas à soutenir les apprentis dans la dureté de l'entrainement, il secondait Degel du Verseau lorsqu'il devait faire une recherche dans les archives, il se souvenait de ces grands éclats de rire qu'il ne retenait plus aux côtés de son ami d'enfance du Taureau... Il prenait conscience que désormais cette époque était révolue. Et que pour que la paix revienne, il fallait se battre, effacer ce tableau morbide qui envahissait le ciel et vaincre Hadès. Si seulement, il savait où puiser cette force...

Une brise douce fit voler doucement ses cheveux courts. Se retournant, il découvrit une jeune fille souriante et au regard toujours pétillant, dotée d'un cosmos tout aussi apaisant: Athéna.

« Déesse, vous ne devriez pas vous aventurer dans le cimetière, remarqua Sisyphe.

-Ne t'en fais pas, je maintiens toujours le champ de force autour du Sanctuaire. Tout va bien de mon côté.

-Tant mieux.

-Par contre, je sens en toi comme de la mélancolie, Sisyphe...

-Rien de grave. Du moins, rien qui pourrait accorder votre attention.

-Je me soucie de chacun des chevaliers, répliqua la jeune fille. Surtout en cette période sombre de notre époque. Je sais toutes ces pertes récentes, tous ces guerriers forts et valeureux qui nous ont quitté, qui se sont battus et sacrifiés pour nous. Cela me chagrine bien que je ne les connaissais que depuis quelques années, et je sais aussi la peine que peuvent ressentir ceux qui les ont connus depuis bien plus longtemps.

-Malgré tout, nous ne devons pas baisser les bras. Les Spectres le remarqueraient et en profiteraient.

-Ils ont aussi perdu beaucoup depuis que les Dieux jumeaux ont à nouveau été scellés. Profitons de cette courte accalmie pour préparer notre nouvel assaut.

-Oui...

-... et laisser aller nos cœurs un court instant, ajouta la déesse.

-Athéna..., s'étonna Sisyphe.

-Nous sommes des êtres de chair, en apparence, ne l'oublie pas. Toi, et les autres chevaliers, malgré votre force, malgré les miracles que vous produisez avec votre cosmos, vous êtes des êtres humains. Et moi aussi, bien que je sois revenue sur Terre pour faire face à Hadès, mon enveloppe est celle de cette Sasha, qui a grandi dans un petit village perdu en Italie aux côtés de son frère Alone et de leur ami Tenma. Je garde un lien indestructible de cette vie, et qu'importe la tournure des événements, je voudrais faire comme Pégase et croire qu'on se retrouvera tous les trois dans un monde de paix. Je ne renie pas non plus ma vie ici, ma venue au Sanctuaire, quand notre Grand Pope Sage m'apprenait tout de ma véritable existence en tant qu'Athéna, les moments passionnants avec Degel qui enseigne de manière si érudite, tout comme ces éclats de joie lorsque je me promène parmi mes chevaliers ou bien les missions dans lesquelles Kardia du Scorpion m'emmenait malgré nous. Et surtout je n'oublierai jamais la valeur de chaque guerrier qui part au combat et qui donne de tout son être pour notre cause. À chaque fois que je reviendrai sur Terre, j'y pense de tout mon cœur. J'aimerais que nous puissions vivre en paix, que chacun d'entre vous qui avez connu un début de vie tragique puisse connaître le bonheur, et je souffre à chaque fois qu'un chevalier tombe au combat. C'est dur, crois-moi. Mais à chaque guerre, je ne veux que le meilleur pour vous et pour tous les habitants de notre Terre. Ce que je veux dire, Sisyphe, c'est que... s'il est nécessaire de le faire, accordons-nous un moment pour penser à ceux qui sont partis. Leur mort n'est pas vaine et leur souvenir nous accompagne dans notre combat. Tu comprends...?

Le Sagittaire avait son regard tourné vers cette jeune femme, ses grands yeux qui pétillaient aux rayons du soleil, et son sourire et sa voix résonnant au gré du vent. Elle avait parlé doucement, sans animosité, prenant soin de choisir ses mots, le regard parfois parti dans ses souvenirs. Il avait devant lui Athéna, sa déesse pour laquelle il se battrait jusqu'au bout.

-La petite fille que j'ai recueillie il y a quelques années a bien grandi, constata-t-il. Je suis fier de vous servir, Athéna, et je voudrais être à vos côtés au moment de notre victoire face à Hadès.

-Sisyphe, merci pour tes paroles. Pourtant, j'ai besoin de toi, et j'ignore si je pourrai toujours faire les bons choix. Vous tous, chevaliers, êtes mon soutien et nous devons avancer ensemble. Et puis... qui d'autre pourrait me soutenir, tel un grand frère, aux côtés de mes amis, à part toi?

-Athéna...

-Je voudrais te confier une mission, qui commence dès maintenant, chevalier du Sagittaire. Prends le temps qui te faut, mais recueille-toi auprès de ton frère, auprès de El Cid, ou même de Rasgardo, confie-leur tout ce que tu as envie, pleure s'il le faut. Pendant un temps, redeviens Sisyphe et oublie ton statut de chevalier d'Or. Tu en as le droit. Tout comme tu peux t'autoriser à te sentir plus proche du jeune Lion. Tu pourras partir au combat beaucoup plus fort, par la suite...

La jeune déesse finissait sa phrase, tout en tenant au creux de ses mains celles de Sisyphe. Il sentit une impression de chaleur apaisante partant du bout de ses doigts et envahissant peu à peu le reste de son corps. Le cosmos rempli d'un amour infini d'Athéna pour ses chevaliers était réel et lui faisait du bien. Il avait comme une envie de se laisser aller, de relâcher ses jambes, les laisser se dérober sous lui pour tomber dans l'herbe, il voulait briser cette barrière devant ses yeux et enfin libérer les larmes qui voulaient couler sur ses joues depuis tant de temps d'avoir été retenues.

Il n'attendit plus longtemps.

À genoux, les mains toujours prisonnières de celles de sa déesse, Sisyphe pleurait. En silence, le regard fixé sur le sol. Sa respiration était saccadée mais il ne suffoquait pas. Il semblait que l'air entrait plus facilement dans ses poumons. C'était comme s'il avait brisé une carapace, celle du chevalier d'Or puissant et rassurant aux yeux des autres pour ne redevenir qu'un court instant, un homme avec ses émotions, ses faiblesses et aussi cette force qui l'incitait à rester vivant et honorer la mémoire de ceux qui étaient partis.

La chaleur quitta ses mains, et des doigts glissèrent au milieu de ses cheveux courts. Un parfum léger et une sensation soyeuse contre sa joue. Athéna le serrait tendrement contre lui, avec sa bonté et sa douceur si forte et si rassurante.

-Je n'abandonne aucun de mes chevaliers, murmura la jeune fille. Nous avançons ensemble, alors prends ton temps, et reviens dans ton temple du Sagittaire quand tu le voudras.

Sisyphe releva ses yeux humides.

-Merci, Athéna. Je...

-Merci à toi de m'avoir emmenée ici, quand j'étais enfant. Tu m'as appris énormément, et à mon tour de te soutenir, toi, et tous les autres chevaliers. À présent, je retourne dans mon temple, accomplir mon rôle et protéger le Sanctuaire. »

Athéna relâcha son étreinte autour du chevalier et s'éloigna, laissant cette douce brise s'envoler dans le cimetière, et Sisyphe auprès de la tombe de son frère.

シジフォス

Le soleil s'apprêtait à disparaître non pas à l'horizon comme cela aurait du se faire, mais derrière un pan du Lost Canvas dans le ciel.

Sisyphe, lui, était resté là, assis près de la dernière demeure de Ilias, l'ancien Lion. Il se sentait vidé, épuisé. Mais aussi libéré de ce poids, de ce chagrin qui le pesait depuis trop longtemps. La jeune Sasha avait fait place à une déesse incroyable et ce qu'il pouvait être fier de la servir et la protéger.

L'on vint à nouveau à sa rencontre, alors qu'il était seul dans ce cimetière depuis des heures.

« Ce qu'il est moche ce tableau... en plus on ne voit plus les étoiles...

Regulus, le jeune Lion. Son disciple mais aussi son neveu.

-Il n'est pas un peu tard pour que tu viennes ici? Remarqua gentiment Sisyphe

-Je... je viens me recueillir devant la tombe de mon père. Je croyais que personne ne serait là, sachant que son vrai corps est enterré là où nous vivions. Mais le Grand Pope avait tenu à faire une pierre tombale en son honneur ici, au Sanctuaire...

-Je vais te laisser alors. Ne rentre pas trop tard.

-Sisyphe, attends. Tu peux rester aussi. Je suis sur que mon père serait d'accord.

Le Sagittaire accepta, à la fois surpris et heureux de cette curieuse réunion de famille.

-Papa, j'espère que tu te reposes toujours aussi bien, fit Regulus. Je sais que tu fais désormais partie de cette terre, et que tout ton être se trouve dans le vent, la nature, et tout ce qui entoure notre Sanctuaire. Je suis devenu chevalier du Lion, comme toi, et j'ai eu un maitre génial, même si j'avoue, je lui ai fait un peu la misère par moments. Le jeune garçon releva la tête, lançant un regard malicieux en direction de Sisyphe qui ne put se retenir de rire. Je suis prêt à partir au combat et je ferai tout pour que notre déesse accomplisse sa mission. Et bien sur, je protègerai aussi ton petit frère, ce tonton pas très doué pour avouer les choses importantes, mais qui est le maitre le plus incroyable qui existe.

Sisyphe faillit alors tomber au sol.

-Regulus... comment tu...

-Tu ressembles à mon père, et tu as des attitudes qui sont pareilles. C'est pour cette raison que j'ai accepté de m'entrainer avec toi. Pas parce que tu es le chevalier du Sagittaire, mais parce que tu me rappelais celui qui m'a élevé et qui a su me rassurer comme lui le faisait auparavant.

Les yeux de Sisyphe piquaient encore, comme lorsque de nouvelles larmes voulaient se répandre sur ses joues. Lorsqu'il avait pris Regulus sous son aile, il n'avait eu ni le courage ni la force de lui avouer ce lien qui les unissait. Peut-être à cause de cette peine d'avoir perdu Ilias, pour chacun des deux. Pourtant, ils en parlaient souvent du Lion doré, de ce héros, sans dire clairement que tous les trois formaient une famille. Peut-être était-ce le bon moment, ce soir là, de le réaliser, sinon, qui sait quand ou bien s'ils auraient seulement la possibilité de le faire après cette guerre.

Le jeune Lion s'assit auprès du Sagittaire, dans l'herbe, la tombe d'Ilias à leur gauche.

-Papa n'aurait pas aimé qu'on dise ''ah si seulement il nous voyait'' ou bien ''c'est dommage qu'il nous voit pas comme ça, tous les deux réunis'', déclara Regulus. Il est toujours avec nous, n'est-ce pas? Même si son corps est devenu poussière, il est toujours là. Je pourrais même croire qu'un peu de lui serait enterré ici même.

-Oui, admit Sisyphe en souriant. Il fait partie de la nature qui nous entoure, et du vent qui souffle. Il est toujours là près de nous et tout contre toi au travers de ton armure du Lion.

-Et il nous accompagnera quand on ira au combat face aux Spectres.

-C'est certain. Il se battra avec nous. Il t'épaulera, toi, son fils, l'héritier des Lion.

-Et il te soutiendra, toi, son petit frère, quand tu décocheras une flèche d'Or en plein milieu de ce tableau immonde... »

Tandis qu'il riait, Sisyphe ne retenait pas les gouttes qui perlaient au coin de ses yeux. Jamais il n'aurait pensé passer un moment aussi apaisant dans un cimetière, près de la tombe de Ilias, son neveu près de lui.

Et, quand bien même il ignorait la suite de cette guerre, il avait retrouvé son courage et gagné un peu plus de force, rien qu'en pensant à ses proches disparus.


notes de fin: Merci d'avoir lu. J'ai eu un mal fou à trouver un sujet sur Sisyphe, alors que c'est un de mes personnages de Saint Seiya préférés, autant que Seiya. Je voulais que ce soit à l'intérieur de l'histoire, un moment perdu entre deux passages du manga, mais je n'étais pas vraiment sure de moi et il était hors de question que j'écrive juste au moment de l'arrivée aux Enfers (un passage qui me brise en mille morceaux à chaque fois concernant Sisyphe et cet horrible combat avec le pharaon). Et puis je me suis rappelée à quel point j'adore cette petite Sasha, sa manière d'agir en tant que déesse et ce lien presque père/fille entre Sisyphe et elle. Et donner ma petite version de la famille Lion – Sagittaire dans Lost Canvas.
L'interlude est la version katakana de Sisyphe.
J'ai fait ce petit recueil pour honorer des chevaliers que j'aime beaucoup, surtout Seiya et Sisyphe, et Aiolos est malgré ses courtes apparitions dans l'histoire de base, un personnage intéressant, qui mérite qu'on s'intéresse à lui et qui plante ces valeurs de courage et de motivation qui inspirent Seiya.
Je ne pense pas faire d'autres recueils de signe astrologique comme ça. C'était vraiment parce que ça concernait trois persos pour qui j'ai beaucoup d'affection et leur point commun étant d'être Sagittaire. Merci encore d'avoir lu et à une prochaine fois.
Des bisous.