Hey !

Cet OS, en plus d'être un enchaînement de blagues scabreuses bas de gamme, est aussi ma participation au 13 Novembre du Calendrifinement, qui a en ce moment lieu sur le forum l'Eclaireuse ! Et cette fois, le thème était Allusion.

Hier, c'est Milou qui écrivait sur le thème Neige. Demain, ce sera encore iel, sur Cartographie !

(et TW : langage cru, parce qu'il y a des mots pas toujours très propres. Mais promis, c'est de l'humour en barre, j'ai caché d'Angst nulle part.)

Bonne lecture !


Tout en finesse

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Parfois, c'est fin. Un geste glissé. Une chemise qu'il mouille alors qu'il boit à la bouteille, avachi dans un pouf, en plein milieu d'une soirée. Son corps maigrelet qui se dessine en dessous.

"Oups ?"

Puis un regard qu'il lui glisse avant de se lever. De défaire les boutons humides et d'aller suspendre l'objet du crime, en gueulant un C'est bon, on est entre potes. Puis c'est mon torse, pas ma bite à Larxene.

Parfois, c'est lourd.

"Dis, mon Mr Freeze dans ton igloo, ça te dit ?"

Lourd comme ça.

Isa a appris à faire avec. Enfin, ça, c'est ce qu'il aimerait croire.

"Ma mère est en déplacement ce week-end. Ça te dit de venir dormir à la maison ?"

Dormir, dans son langage, ça veut dire baisser son pantalon et sortir le monstre. Et pas celui qui dort sous le lit. Alors Isa fait comme s'il n'a rien entendu, et il surligne le résultat de son équation. Le soupir mécontent du renard lui apporte même une certaine satisfaction.

Pas que la chose lui déplaise foncièrement. Mais il a des devoirs à finir. Et il ne fera pas ce plaisir à Lea, que de rougir face à son humour scabreux.

Un autre jour, le damoiseau passe sa langue le long du cornet tout juste acheté pour une pauvre goutte de glace au yaourt. Un classique. Le pire, c'est que l'espace d'un instant, ça marche. Un frisson le secoue. Une étincelle dans son ventre. Le bleuté croise les jambes. Erreur.

"Besoin d'un coup de main ?" il ose sourire. "Ou d'un coup de langue ?"

Le fourbe.

Mais non. Il ne répond pas. Ne rougit pas. Un coup de crocs dans son propre cornet, pour toute réplique.

Il ne lui laissera pas cette victoire.

Plus tard, il y a les effleurements. La main de Lea qui passe le long de son épaule, l'air de rien, comme un fantôme. Un détail dans leur tableau. Un présage. Pas de quoi déstabiliser Isa. Il termine sa chocolatine. Le rouquin se pose face à lui. Jambes croisées, sa fine cheville en équilibre sur son genoux. Son peignoir entrouvert jusqu'au nombril, après la douche du matin. Sa peau porte la marque de l'eau chaude, qui tâche son corps de rouge.

Mimer l'indifférence. Le jeune homme en a fait une spécialité.

"La douche est libre.

- Bien."

Trop grand, le peignoir. A tous les coups, il a volé celui de son père. C'est toujours mieux que de le voir courir dans le salon, vêtu d'une serviette trop courte qui découvre un morceau de fesse.

Puis les cours. On pourrait croire que la présence d'un enseignant et, entre autres, de trente élèves plus ou moins concertés sur le cours, découragerait l'audacieux. Mais il n'en est rien.

C'est subtile. Un rien. Des regards glissés. Des regards qui parlent. Qui en disent long, juchés sur la pointe de son sourire. Ses bras qu'il étire. Il soupire. Et quel soupir... Dents serrées, Isa plante ses mirettes sur ses notes.

Et tombe sur les nombreuses bites que le rouquin a dessinées dans la marge de son cahier. Il souffle du nez. Du grand art, en plus. Des chibres à la hampe longue et détaillée d'un discret réseau de veine, accompagnée de deux boules ornées de plis. Il a même pensé à faire les poils. C'est dire si Lea s'applique dans sa connerie.

Il y a les remarques voilées, aussi. Celles qu'il ne lui adresse pas, mais qui sont là pour lui.

"Un peu d'huile, et ça passe tout seul."

Isa croire le regard de son ami, alors qu'il explique à Hayner comment faire glisser les deux parties de sa sarbacane à air comprimé l'une dans l'autre.

Il ne rate pas son sourire.

"Force pas trop en l'enfonçant."

De quoi lancer une Troisième Guerre mondiale en cours d'histoire. Seifer et Kairi sont déjà armés. Sora et Riku improvisent des lance-pierre à l'aide d'un élastique et de minuscules projectiles en carton.

"Voilà. Là si c'est bien fait, t'as plus qu'à donner un bon coup et ça va gicler direct."

Faire comme si Lea ne lui souriait pas. Replonger dans son livre. Ignorer le glapissement outré d'un Roxas qui vient de recevoir le premier projectile sur la joue. Et Hayner qui s'écrie faciale, puis se planque derrière son sac, avant que le blondin ne vienne se venger.

C'est un travail de tous les jours. Un acte de résistance que de ne pas céder à ce jeu puéril. Tenir bon chaque fois, alors que l'allumé redouble d'effort pour le faire céder. Lui tirer au choix un soupir désapprobateur ou un rougissement vaincu. Si, encore, Lea pouvait offrir son imagination au service d'une plus noble cause.

"Attends, j'ai dû rater un pli."

Mais non. Après quinze minutes passées à faire des origamis avec sa serviette, c'est bien un pliage en forme de verge qu'il lui tend. Et le pire, le pire, c'est qu'il est vraiment fier de lui.

"Wow ! T'as appris ça où ?"

Et ça impressionne Ventus. Seigneur.

Il y a le coup de langue sur sa cuillère pleine de purée, alors qu'ils mangent enfoncés dans le canapé, devant un bon film de SF.

"T'as encore faim ?

- De toi, ouais."

Et Isa se demande s'il n'aurait pas dû émietter les somnifères de sa mère dans l'assiette de son pote.

Puis il y a ce moment où, alors qu'il gagne la salle de bain, il tourne sa trogne malicieuse dans sa direction.

"Si jamais, je ferme pas à clef."

Et ces soirées pleines des bouteilles de bières que Terra fait entrer en douce, pour le plus grand plaisir des mineurs de la salle. Lea qui décapsule au briquet pour la frime. Qui se pose près de son meilleur ami en travers du canapé, ses jambes jetées par-dessus les siennes. Ses lèvres au bord du goulot, apposées sur le sommet de la bouteille. Sa main glissée autour qui descend, distraitement.

"T'en veux ?"

Quand il attrape la bière, le bleuté se garde bien d'esquisser le moindre geste tendancieux. Ce qui n'efface en rien l'expression moqueuse qu'il tente d'ignorer.

Parfois, c'est plus tendre. Il travaille depuis deux heures, quand une tête chafouine se pose sur son épaule.

"Eh, tu sais qu'est-ce qui est humide et serré ?

- Certainement pas la dissertation que tu m'empêches de terminer.

- Non, ta bouche sur la mienne quand on s'embrasse."

Pris au dépourvu, il se tourne en partie et lui accorde le baiser implicitement demandé. Allez. Pour une fois. Il peut bien...

"Ça, et ta queue quand-"

Merde. Evidemment.

Il l'embrasse encore. Pour le faire taire, cette fois. Et parce qu'aussi intéressant que Kant puisse être, il abandonne l'idée de comprendre le texte qu'on vient de leur refiler pour la semaine à venir. Les mains de Lea sont déjà sur sa taille, de toute façon.

Oui. Parfois. Il cède. Contre tant d'assauts, il faut bien qu'il compte quelques défaites. Des soirées étouffées sous un oreiller et des devoirs non rendus. Mais il y a pire. Pire qu'une bataille perdue. Pire que de finir endormi, la tête sur l'épaule de Lea, alors que Kant attend toujours sur sa table. Pire que les projectiles de papiers mâchés d'Hayner qui terminent sur son front, alors qu'il hurle une énième ineptie.

Il y a ce moment où, posé au parc après les cours, l'épouvantail file se chercher un coca au casino le plus proche. Ce moment, oui, où après avoir couru tout le trajet, il se pose le cul dans l'herbe, et il approche la canette agitée de son visage avant de l'ouvrir.

Ce moment où la mousse lui saute au visage.

"Ah putain !

- Fallait pas la secouer." Hayner ricane.

- Arrête, j'en ai plein le visage."

Ce moment où les mots dépassent la pensée.

"Ça ne te dérange pas tant que ça, d'habitude."

Ce moment où tous les regards convergent vers lui, allumés d'un mélange de surprise et d'incompréhension. Quand Isa réalise, trop tard, que c'est bien lui qui vient de parler.


Voilà voilà. J'ai vraiment un humour très gras en ce moment.

Si jamais ça vous a plus, n'hésitez pas à aller lire les autres participations au Calendrifinement !