Hey !

Aujourd'hui, on est le 3 Décembre, et c'est l'anniversaire d'une de mes personnes préférées (Coucou Ya !), du coup voilà c'est son cadeau d'anniversaire. (Joyeux anniversaire n°3). C'est un petit Lea/Isa sans prétention (des cœurs sur toi), basé sur une scène du film A tous les garçons que j'ai aimés, que vous devez regarder parce qu'il est cool. (Je t'aime, lalala)

Bonne lecture !


Le contrat

.

– Et qu'est-ce qu'on met dans un contrat de relation ?

Isa demande comme il regarde sa feuille, incertain. Ce plan lui semble aussi risqué qu'insensé, et il y a cette petite voix qui lui dit qu'il ferait mieux de revenir sur sa décision, avant de regretter. Faire semblant de sortir avec Lea, sérieusement ?

Sauf qu'il n'a pas le choix. Il lui faut une solution. Maintenant.

– Déjà, on note tout ce qu'on refuse de faire.

– Bien.

Là, Isa a une idée à peu près claire de ce qu'il veut. Ou, en l'occurrence, ne veut pas.

– On ne couche pas ensemble.

– On est censé faire semblant en public. Franchement gars, même si c'était pour foutre la rage à Van, j'irai pas te tailler une pipe dans la cage d'escalier du lycée.

Est-ce qu'il vient vraiment de dire ça à voix haute ? Seigneur. Dans le doute, le lycéen regarde autour de lui, s'assure que personne ne l'a entendu. Le parc est vide. Son coeur se calme.

– Fais attention à ce que tu dis.

– Calme Isa, détends-toi et pète un coup. Y a personne ici.

– On ne sait jamais.

– Quoi, t'as peur que Marcel, quatre ans et grand fan de balançoire, t'entende rédiger un contrat de relation dans un parc pour enfants ? Il saurait même pas ce que c'est, un pipe.

Certes, mais Marcel aurait sans doute des parents et-non, en fait, Isa ne veut même pas réfléchir à ça. Allez, plus vite ils auront fini de rédiger ce truc, et plus vite il pourra rentrer chez lui se noyer dans sa honte.

Un part de lui murmure que ce serait sans doute plus simple, de dire à Demyx que la lettre d'amour qu'il a lue date du temps où ils se tenaient la main en Sixième. Qu'il ne l'aurait reçu, si quelqu'un ne s'était pas mêlé de fouiller dans sa chambre pour récupérer ses vieilles déclarations d'amour. Mais Isa a encore un semblant de fierté.

Et puis, s'il sort avec Lea - même pour de faux - peut-être que Naminé comprendra qu'il n'est pas intéressé.

– Et tu ne m'embrasses pas en public, il s'empresse d'ajouter.

– Hein ? Lea tique. Non là, c'est pas possible.

– C'est ma condition.

– On est censé sortir ensemble Isa. Tu sais ce que font les gens qui sortent ensemble ? Ils se roulent de grosses galoches dans les couloirs du lycée.

De grosses galoches. Qui parle comme ça, sérieusement ?

– Pas moi.

Le rouquin soupire, dépité. La réponse ne lui convient pas, mais il ne lui laissera pas le choix. Isa n'a jamais embrassé personne, et il n'a pas l'intention de gâcher cette première fois pour les beaux yeux de Lea.

– Ok, madame la reine des glaces. Pas de roulage de pelle, l'autre se résigne. Mais va falloir trouver un truc plus concret, parce que si je dois te suivre à dix mètres de distance et éviter de respirer dans la même pièce que toi, je crois pas que Van soit super jaloux.

Isa ne pense pas que Van soit jaloux peu importe ce qu'ils feront. S'il a largué l'allumette pour sortir avec un étudiant en médecine, c'est qu'à prioris, il n'était plus intéressé. Mais soit, sait-on jamais. C'est vrai qu'il a sa fierté, le louveteau.

– Et donc, qu'est-ce qu'on peut faire ?

Isa cogite. Qu'est-ce que les couples font, en temps normal ? Quelque chose qui ne le dérangerait pas. Qui serait relativement simple à répéter au quotidien.

– Tu peux me tenir la main, il lâche enfin.

A condition qu'il les lave bien. Hors de question qu'il attrape les doigts d'un type qui sort des toilettes sans se savonner les paluches.

– La main ?

– Oui.

– Ah autant pour moi, j'avais pas compris qu'on la jouait amoureux en maternelle.

D'accord. Là, Isa est piqué au vif. Parce qu'il n'a jamais tenu la main de personne. Il a l'impression qu'on le traite de gosse, et c'est particulièrement désagréable.

– C'est ça ou rien.

– Mec, y a des potes avec qui je vais plus loin que ça. Je tiens la main de ma petite sœur. C'est un truc de gosse, ça.

– Je ne tiens jamais la main aux autres. Ça devrait au moins intriguer les gens.

Lea s'arrête, cogine, hausse les épaules. Il balade ses longues jambes autour de la table avant de s'asseoir en plein milieu, résigné. Isa essaie de ne pas se concentrer trop fort sur son jean moulant, et ce cul parfaitement rond qui écrase les blanches en bois. Il connait peu de gens qui font autant d'efforts pour avoir l'air gay. Lui, par exemple, il essaie plutôt de se fondre dans la masse. Le lycée, les rumeurs, tout ça.

Enfin.

– Certes. Bon, ok, va pour ça. Mais on peut pas se limiter à ton truc.

– Et qu'est-ce que tu proposes d'autre ?

– J'ai besoin d'un accès illimité à la poche de ton jean.

– Hors de question que tu fouilles mon téléphone.

– Je parle de la poche arrière, gars. Celle contre ton cul.

Contre son… Oh. Bon, ça ne lui plait pas des masses, mais soit. C'est toujours mieux que le galochage.

– Va pour … Ça.

– Oh, sérieux ? Je pensais pas que t'accepterais.

Et il avait sans doute raison.

– Pourquoi ?

– Bah y a quand même assez peu de gens qui préfèrent se faire peloter les fesses plutôt que d'embrasser quelqu'un.

Isa tique. Soupire. Serre son stylo.

– N'abuse pas non plus.

– Moi abuser ?

Lea lui fait son plus beau sourire, plein de dents aiguisées, et il sent qu'il devrait se méfier. Au moins, avoir peur. Ce type n'est pas réputé pour la pureté de ses idées, et ses fréquentations sont loin d'être celles qu'Isa approuverait. A commencer par son ex. Mais ce n'est qu'une relation de façade. Il ne risque pas grand-chose, si ce n'est sa réputation,qui a de toute façon pris un sacré coup.

– Et les rumeurs ? le rouquin enchaîne.

– Il faudra bien ça, si tu veux que Vanitas apprenne que tu as retrouvé quelqu'un.

– Oh ça, t'en fais pas qu'il le saura.

Isa ne doute pas, mais c'est tout de même inquiétant.

– Nan, j'pensais plutôt à genre, c'que je raconter dans ton dos.

– C'est-à-dire ?

– Bah style ce qu'on fait au lit et tout. Genre, Wa, hier Isa m'a fait un truc incroyable avec sa bouche ! Tu vois le genre.

– On ne couche pas ensemble. C'est la première règle.

Il tapote la ligne en question du bout du stylo.

– On couche pas ensemble pour de vrai, mais ça empêche pas de- Attends, t'es vraiment en train de noter ce qu'on dit ?

– Il faut bien qu'on récapitule les règles quelque part, pour le contrat.

– Mec. Quand je parlais de contrat, c'était juste une manière de dire. J'pensais pas à un vrai truc sur papier.

Ah. Eh bien Isa préfère encore l'avoir, son papier. Histoire de pouvoir l'agiter sous le nez de Lea quand il merdera, parce qu'il merdera, il n'en doute pas. Les mecs populaires ne sont pas fiables.

– C'est adorable.

– Pardon ?

– T'es trop littéral Isa. C'est presque chou.

– Je ne suis pas chou.

– Oh, j'ai touché un point sensible ? Il y en a tout un tas d'autres que je peux titiller, si jamais t'as envie de t'amuser.

Ou il pourrait lui enfoncer le contrat au fond de la gorge. Bon, au moins, il sait que personne ne doutera de leur relation. Lea s'arrangera pour que tout le lycée soit au courant, et lui, il sera définitivement tranquille. Il n'auront qu'à simuler une rupture à la fin de l'année, et tout se passera pour le mieux.

– La première règle, il répète.

– Ok ok, j'ai compris.

Bien.

– Pour ce qui est des rumeurs, évite juste les histoires gênantes.

– Mm, va falloir expliciter. Qu'est-ce que t'entends par gênant ?

Tout ce qui pourrait venir à l'esprit de Lea, sans doute. Mais c'est trop large.

– Pas de vie sexuelle fictive.

– T'es pas drôle mec.

– Tant mieux, ce n'était pas une blague.

Lea croise ses longues jambes de gazelles. Il jette un coup d'œil vers la feuille que le lycéen remplit.

– Jolie écriture.

– Les compliments ne suffiront pas à me convaincre.

– C'était pas le but.

Oh. Isa déglutit. Le pire, c'est qu'il a vraiment l'air sérieux. Il n'a pas l'habitude de ce genre de remarque. En général, les gens le trouvent juste distant froid et… Et c'est tout, en fait. Oh, ça lui convient. Mais il ne sait pas quoi faire de ce compliment.

– Il va me falloir ton numéro, il reprend, sérieux.

– Ouais. Et en parlant de portable, fais voir ta bouille.

Isa redresse la tête, et plisse aussitôt les yeux sous le coup de la surprise. Le flash, dans sa face. C'est particulièrement désagréable.

– Bof, pas ouf ta grimace. Va me falloir un truc plus sexy.

– Qu'est-ce que tu fais ?

– Je change de fond d'écran. Et tu vas devoir faire la même, si tu veux que les gens y croient, pour nous.

– Tu veux que je…

Ça monte au cerveau.

– Que je prenne une photo de toi pour en faire mon fond d'écran ?

– C'est l'idée, ouais. D'ailleurs, on devrait plutôt faire une photo à deux.

L'idée lui plait moyennement, mais Lea n'a pas tort. Et Isa doit reconnaître que c'est encore une des conditions qui le gêne le moins. Une photo, ça s'efface. Ça prend cinq minutes à faire, et ça suffit à lancer des rumeurs.

– Va pour la photo.

Il ajoute ça à la liste, ignore le gloussement de son camarade.

– Et pour ce qui est des extras ?

Là, Isa ne comprend pas. Il se repasse toutes les définitions du terme, sans trouver celle adaptée.

– Sois plus explicite.

– Bah, puisqu'on est pas vraiment ensemble, faut bien qu'on s'amuse un peu.

– Qu'on s'amuse ?

– Qu'on drague, qu'on baise, qu'on choppe. J'vais pas te faire un dessin, quand même.

Non, effectivement. Il y a des cauchemars qu'Isa préfèrerait s'éviter.

– Hors de question, il répond calmement.

– Quoi ?

– Pas d'aventures extraconjugales.

– Mec, parle pas comme ça, on dirait qu'on est mariés. Puis bon, c'est pas comme si on se devait fidélité ou quoi.

– Non, mais j'aimerais autant éviter de passer pour le cocu du lycée.

Parce qu'ici, tout se sait. Et que Lea n'est définitivement pas discret.

– Au pire c'est pas si grave. On va même pas rester ensemble.

– Tu peux bien faire ce que tu veux de ta réputation, mais j'aimerais autant que tu ne viennes pas ternir la mienne.

– J'aime bien mon image de tombeur, Lea ronronne.

– Je crois que le mot approprié serait plutôt queutard.

– Wow.

Lea écarquille les yeux.

– Tu viens vraiment de dire ça. D'accord.

Isa déglutit. Bon, il y est allé un peu fort.

– Je ne voulais pas te vexer.

– Oh, t'en fais pas pour ça. Juste, je pensais pas que la reine des glaces avait ce genre de vocabulaire. C'est quoi la prochaine, tu connais Youporn ?

D'accord. Le contrat, au fond de la gorge. Maintenant.

– J'ai encore un minimum de culture.

Quoi qu'il n'est pas sûr d'assimiler ce genre de… cinéma, à la culture. Mais se lancer dans un débat avec Lea, surtout sur ce sujet, c'est une idée aussi agréable que de se frotter des piments dans les yeux.

– Parfait, monsieur l'intello. Ravi de voir que ta culture se limite pas à Bovary et Jane Austen.

– Oh, parce que tu connais ces noms ?

– J'suis pas à ce point inculte, gars. J'te rappelle qu'on est ensemble en cours.

– Et tu brilles rarement de par ton intelligence.

– L'intelligence se limite pas aux trois lignes de leçon qu'on apprend en classe, tu sais ?

Un long soupir, un geste sec du poignet, Lea le regarde faussement désinvolte. La parfaite petite diva.

– Certes, mais ta culture est loin d'être ton point fort.

– Oh, il y a toute sorte de cultures.

– Est-ce que tu as déjà lu un seul des livres qu'on étudie en cours ?

– Ouais, bien sûr. J'ai lu, genre… le bouquin de Stendhal, là.

– Le rouge et le noir ?

– Ouais, un des deux.

Un des… Isa pouffe.

– Quoi ?

– Rien.

Un grand classique, et pourtant, ça lui tire un sourire. Ce type est un cas. Mais étonnamment, ce n'est pas désagréable. Pas autant qu'il le pensait.

– Et toi ? T'as déjà, genre, allumé ta télé ?

– Ça m'arrive, à l'occasion.

– Et tu connais quoi ? Fight club ? Dirty dancing ? Fast and Furious ?

Autant de noms qui lui parlent, mais qui ne sont qu'un point perdu dans une immensité de titres familiers.

– Je n'ai pas ce genre de… goût.

– Et Star Wars ?

– Non plus.

- Rassure-moi, t'as déjà vu les films Harry Potter ?

– Le un.

– Ok. Shoppe ton stylo, et note rattraper mon retard monstre en matière de ciné

– Je ne vois pas en quoi ça concerne notre marché, Isa fait remarquer.

– Tu veux pas passer pour un cocu ? Bah moi, je m'affiche pas avec un type qu'a jamais vu Paul Walker au volant d'une voiture. Et c'est non négociable.

S'en devient presque amusant, tiens. Allez, il note. C'est toujours mieux que de mélanger sa salive à la sienne devant un public conséquent.

– Quoi d'autre ?

– Ce pull, là.

Surpris, Isa baisse les yeux vers le haut en laine qui recouvre son corps.

– Quoi ?

– C'est non. T'as mieux dans ton armoire, j'suis sûr.

– C'est juste un pull.

– Ouais, et on fait juste semblant de sortir ensemble. Pourtant j'ai pas le droit à un pauvre coup de queue de-ci de-là.

– Ça n'a rien à voir.

– C'est une condition. J'peux pas sortir avec un gars qu'à l'air de venir d'y a deux siècles.

Oh, ça tire à balle réelle, donc. Isa va faire comme si ça ne le touchait pas, mais tout peu soucieux qu'il soit des codes de la mode, ça n'en reste pas moins désagréable à entendre.

– D'ailleurs, t'as vu Retour vers le futur ?

– Non plus.

– Ok, alors on se retrouve samedi. Je t'envoie mon adresse par message. C'est à trois arrêts du lycée, le grand immeuble tagué. T'auras aucun mal à trouver.

C'est un rendez-vous qu'il lui propose, là ? Isa a du mal à en juger, mais ça y ressemble. Pas qu'il soit foncièrement contre, mais ce n'est pas non plus ce qu'il imaginait. Enfin, s'il doit faire semblant de sortir avec lui, autant apprendre à le connaître. Ça ne fera pas de mal, et ça évitera sans doute une gaffe qui grillerait leur couverture.

– Bien.

– Parfait. On est bons partout ?

– Il semblerait.

Isa regarde son contrat, qui il se redresse pour affronter le sourire d'Axel. Une expression franche et assurée. La trogne d'un mec sûr de son plan. C'est qu'il est presque beau, comme ça. Il ne le lui dit pas, son égo n'en a pas besoin. Mais il aurait pu tomber sur pire. Lea n'est pas trop mal, dans le rôle du faux petit ami.

D'un commun accord, ils signent ce morceau de papier, et Isa le range dans une pochette en se promettant de le photocopier une fois rentré chez lui. Deux exemplaires valent mieux qu'un, et il a tout intérêt à assurer les arrière, maintenant qu'il a passé un pacte avec un gars qui a la dégaine du diable.


Et voilà !

(Encore un joyeux anniversaire, chat !)