Merci les filles !
Note : j'ai essayé de faire parler Rodinette (euh, pardon je veux dire Rose) mais je n'y arrive pas. Blocage total. Ecrire un dépucelage, c'est déjà coton, mais si en plus il faut le faire du point de vue de l'ex pucelle, pfiou. J'en reste à Johnny !
oOo
3 – Les joues de Rodney avaient pris une jolie teinte rosée, ses yeux étaient grands ouverts et John y discerna quelque chose de nouveau. De l'impatience, du désir. Il tendit la main vers ce visage, vers ces yeux, vers Rodney comme si jusqu'à présent, elle n'avait été qu'une image lointaine, une icône intouchable. Sa main se posa enfin sur elle, traçant la ligne de son cou, remontant vers ses tempes, s'arrêtant sur l'arête de son nez.
Rodney produisit un petit gémissement étouffé et pris la main de John dans la sienne. Ils restèrent un moment, main dans la main, sans bouger puis John dégagea sa main de manière à ce que sa paume se trouve face à celle de Rodney, ses doigts légèrement écartés.
En attente.
Rodney posa sa paume à plat contre celle de John. Main brune sur main blanche. Puis leurs doigts s'entremêlèrent doucement jusqu'à ce qu'ils ne fassent plus qu'un.
Rodney releva la tête, posa son autre main sur la nuque de John puis l'attira vers lui lentement. John avait vraiment l'impression qu'ils évoluaient dans un autre espace temps, un espace temps où leurs gestes seraient lents et mesurés, comme par excès de précaution, comme si aller plus vite risquait de tout détruire.
Brusquement, John eut une révélation : le temps, on leur avait volé le temps. Ils avaient été prisonniers d'une spirale infernale. Depuis qu'ils étaient dans Pégase, ils n'avaient pas cessé de courir, tout avait été question de rapidité, de vitesse, une question bien souvent de vie ou de mort. Mais ce soir, ils avaient le temps. Comme un cadeau. Comme la liberté retrouvée.
Leurs visages se touchèrent enfin, après une éternité, et leurs lèvres se posèrent l'une sur l'autre. Le baiser fut à l'image du temps autour d'eux, lent, si lent, que c'en était presque douloureux.
John savoura le moment, ses sens en éveil tournés vers Rodney, s'imprégnant d'elle. Vue, ses yeux bleus, ses joues rougies par le désir ; toucher, sa peau au grain si doux, sa chaleur ; ouïe, ses gémissements, le taptap régulier de son cœur sous ses doigts ; goût, sa peau sucrée salée ; l'odorat, ce parfum entêtant qui l'accompagne depuis le début de la soirée, un parfum de fleur … un parfum qu'il connaît et …
« La ROSE ! C'est ça ! »
Rodney se mit à cligner des yeux comme un malheureux hibou.
« Qu … quoi ? »
John se pencha vers elle et s'empara à nouveau de ses lèvres.
« Tu … »
Encore un baiser.
« … es … »
Et un autre.
« … ma rose. Rose. »
Rodney sembla vouloir dire quelque chose mais l'attaque en règle à laquelle étaient soumises ses lèvres l'en empêcha et elle finit par capituler. Corps et âme. Elle était Rose. Elle resserra son étreinte sur la main de John qui en fit de même. Leurs deux mains serrées étroitement, au point que leurs articulations étaient blanches, contrastaient avec la douceur des baisers qu'ils échangeaient. Deux mains unies en cathédrale (4), véritable point d'ancrage dans la violence d'un temps ralenti à l'extrême.
Ils ôtèrent chaussures et vêtements, derniers obstacles à cette nuit de découverte. Les baisers cessèrent quelques instants mais leurs mains ne se quittèrent pas, touchant, effleurant, puis reprenant leur place entre les doigts de l'autre, le contact presque désespéré.
Rose s'installa près de John, son corps pressé contre le sien, poussant doucement. Une de ses jambes captura celle de John et ils ne firent bientôt plus qu'un, mains, bras et jambes entremêlés. Les baisers reprirent, toujours légers et tendres.
John avait l'impression que son corps était en feu, mais chaque mouvement de Rose contre sa peau – frottement de nez, caresse d'une mèche de cheveux, chatouillement de cils – l'apaisait.
Les baisers cessèrent. Ils avaient tous les deux le souffle court, les lèvres rouges et enflées. Rose fixait John intensément. Celui-ci avait la tête qui tournait, proche de l'étourdissement. Cette fois, c'est lui qui posa sa main à plat contre celle de Rose. Celle-ci compris le message implicite. Fais moi confiance. Ce qu'il n'avait pas pu dire après Doranda (5). Ce qu'il lui criait silencieusement aujourd'hui.
Il lui sourit et l'embrassa tout en la basculant doucement sur le dos. Il posa leurs deux mains enlacées au dessus de leurs têtes, à plat sur le lit, et de sa main libre, commença son exploration.
Des courbes à l'infini, pleines ou anguleuses, amples et généreuses.
Un éclair de peur et de doute, passa soudain dans les yeux de Rose. John serra sa main dans la sienne et intensifia ses caresses. Sous ses dernières, la chair répondit, comme une fleur ouvrant ses pétales aux premiers rayons du soleil, et leur deux corps ne firent plus qu'un.
Ils se firent l'amour. Chacun de leur regard, de leurs gémissements, de leurs caresses étaient un geste d'amour pour l'autre. Rien ne devait être pillé ou volé ; les cris furent étouffés par des baisers, les griffures apaisées par des caresses.
Et Atlantis leur offrit le plus beau des cadeaux. Le silence, ce cocon de paix arraché au temps età la réalité.
Fin (Dieu merci …)
Note de l'auteuse : bon vous avez du comprendre le double sens du titre, tout d'abord le baptême de Rodney en Rose et puis son accession au monde des femmes (si je puis dire …)
(4) Auguste Rodin disait : « une cathédrale, ce sont deux mains qui s'unissent en prière ». Il a d'ailleurs sculpté cette merveilleuse cathédrale : deux mains, appartenant à deux individus différents, qui s'entremêlent, pointées vers le ciel.
(5) L'action de Roberto, Roberta se situe en effet peu de temps après Trinity/L'expérience interdite.
