Toujours et à jamais
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- Kira, je t'aime ! »
- Kato ? »
Le blond émit un sourire, il déposa ses lèvres sur la joue de Kira et descendit le long de son cou.
Je n'ai rien à perdre… Rien… A part ma vie. Je me suis sali, j'ai fait des choses dont je ne suis pas fier, m'accepterais-tu si tu savais, que ce n'est pas la première fois… Quand il me fallait une dose… je faisais n'importe quoi, du moment que j'avais l'argent nécessaire pour me pardonner les actes que j'exécutais… Pourrais-tu me garder dans tes bras ? Je te veux… Ce n'est pas pour l'argent, même pas pour le plaisir charnel, non, c'est autre chose, si je te veux c'est parce que je ne supporte plus l'idée de devoir toucher un autre, de te voir toucher un autre que moi…
Je te veux parce que je ne veux plus pleurer le soir, dans mon lit froid, en me disant que j'ai tout raté, que je suis un bon à rien. Il y a trop de larmes en moi, trop et elles sortent tout le temps, tout les jours, le soir, quand je suis seul dans ma chambre, une seringue au bout du bras... trop de peine, jusqu'à temps qu'il n'y est plus rien, juste un corps sans vie…
Trop de larmes versées, trop de peine en moi, à chaque fois que je pense à toi… C'est pour ça que je veux de toi… Dehors il n'y a jamais de lune, c'est l'obscurité profonde, je n'ai rien, plus rien que des larmes à donner. Je m'égare plus profondément dans la démence, en échos j'entends une voix, et là dans mes draps, tu me souris, mes larmes je te les donne, et tu m'enlaces. Du coup l'obsession d'avoir une dose, ou une bouteille à vider, me mine, me hante, je finis par vouloir rester dans cette chambre pour rester avec mes fantômes, je sers mon oreiller contre moi, les draps, j'essaye de t'imaginer jusqu'au dernier grain de ta peau, et puis je m'égare, il n'y a plus rien, qu'un corps qui se déhanche, se contorsionne dans des draps vides, essayant de ressentir des caresses imaginaires… Et quand mes yeux se rouvrent, la chambre est blanche et encore plus dur est la retombée… Les draps sont maculés, souillés, mais jamais je ne suis satisfais, et les larmes tombent encore comme des centaines de choses inavouées, je sors des draps comme un zombie, je m'allume une clope, mon cendrier est plein mais je n'ai plus le courage de le vider, et je pleure encore, je hurle comme un dément… Je pense à toi nuit et jour, je n'en peux plus…
Poussière vivante, je cherche en vain un sens à ma vie, mais tout est vide… Je vis sans vivre. Je divague totalement, je tourne en rond dans cette chambre abandonnée, je ne sais plus ce qui est faux ou vrai, je ne sais plus à quoi je sers… je ne sais plus pourquoi je vis, prisonnier des mes fantasmes, de ce pseudo toi. Dans cet enfer que je me crée, dans cette tourmente inintelligible, je ne sais plus qui je suis, qui je dois être… Je ne suis qu'une poussière, une poussière errante, mes joins s'entassent comme des feuilles mortes ! Ruminant ce que je ressens pour toi, je ne sais même pas quand tout a commencé… J'ai l'impression que je vais crever, je m'enterre fixe après fixe, dans cette chambre blanche je me construirais un mausolée…
Alors je me lève, je ne mange pas non ça fait longtemps que je n'ai rien avalé, ça me fait vomir, cette fièvre à eut raison de mon âme… je m'habille mes fringues commencent à devenir trop grandes, faut dire j'ai la peau sur les os… j'ai l'impression que je vais casser… Je fouille sous le lit, là dans cette boîte, je l'ouvre, un flingue, je l'ai volé, ouai… Le type était mort, il en avait plus besoin, combien de fois ce canon est entré dans ma bouche, combien de fois j'ai ôté le cran de sécurité, et combien de fois mon doigt s'est posé sur cette gâchette… J'avais envie de me faire exploser le cerveau qu'il repeigne cette chambre livide… Mais je ne l'ai jamais fait… je n'ai jamais eut ce courage… je ne voulais pas te laisser, je ne supportais pas l'idée de devoir partir loin de toi, je t'avais dans mes rêves ça me suffisait ! Je le croyais, je voulais le croire… Je ne pouvais pas laisser ce spectre assit sur mon lit. J'aurais du me battre, essayer de garder le contrôle mais je ne voulais pas… à quoi bon vivre, dans un monde où je ne te servais à rien ! Poussière brûlante…
Kira j'hurlais mon amour pour toi, tu m'as enchaîné comme un chien, puis tu m'as jeté dans les nébulosités dans les quelles je me brûle d'un amour à sens unique, libère-moi, je t'en prie libère-moi… Sors de ma vie… ou alors… si tu n'as plus besoin de moi, si tu n'as jamais eut besoin de moi… libère-moi, laisse-moi m'endormir pour toujours dans tes bras… laisse-moi enfin m'endormir, moi qui ne trouve plus le sommeil dans mes rêves tortueux ! Il faut que je m'en libère alors pour une nuit, juste une nuit accorde-moi ce qui m'emmure dans cet enfer blanc…
- Kira ? Veux-tu de moi ? Même après… »
Kira sourit, Kato semblait si incertain…
Alors voilà le vrai Kato, un mec un peu gauche, tu ne sais pas vraiment t'y prendre avec les gens, c'est direct comme toujours, mais d'un autre coté pourquoi tourner autour du pot… Je ne pense pas en avoir besoin… c'est bien ainsi… Si je veux de toi ? Même après quoi ? Il ne s'est rien passé Kato, rien… Le Kato qu'ils ont violé, n'était pas encore le mien… Est-ce que j'ai le droit de parler de lui comme une propriété ? Tu es si incertain, as-tu peur ? Kato…Tu rayonnes… Et quelle est cette odeur que tu dégages ? Je vais te sauter dessus si tu restes dans cette position… J'aime ce visage, j'aime ton air aguicheur, tes petites imperfections, tes longs cheveux décolorés, tes grandes hésitations, ton corps, tes yeux, ta peau… Je veux découvrir ton vrai toi…
Alors si tu es sérieux, comme ce que je peux voir au fond de tes prunelles, alors…
Alors je sens que ce soir je ne vais pas dormir, je sens que ce soir il y aura quelqu'un auprès de moi, quelque chose de chaud et de vivant, ce soir mon père ne dormira pas non plus… hé, hé, hé.
Kato sérieux, ça ne devait se voir qu'une fois l'an ! Kira caressait sa chevelure, coulant sur son cou pâle, descendant sur ses épaules, les dévoilant pas à pas, ses mains descendirent sur son torse, caressant ses cicatrices... Ce corps avait souffert c'était indégnable. Le brun fronça les sourcils attrapant le bras gauche du junkie fermement. Son doigt glissa au creux de celui-ci, Kato avait recommencé... La voix du blond s'éleva, l'arrêtant dans ses réflexions.
- Je ne pensais pas un jour pouvoir aimer un homme, même pas une femme, je ne pensais pas pouvoir aimer un jour, alors que la haine teint mon cœur de ténèbres… J'ai vécu un sombre rêve, un rêve duquel j'étais l'esclave, je crois… Kira… »
- Moi aussi, la haine remplit mon cœur… »
Un baiser rencontra le bras souillé. Kira se battrait pour que le blond ne refasse jamais ça. Il voulait voir Kato heureux et rayonnant, comme ce matin. Alors... il n'abandonnerait pas, pas cette fois. Il avait fait une promesse concernant Alexiel, mais il n'abandonnerait pas Kato à son sort. Les yeux clos Kira leva le visage en direction de Kato qui déposa un baiser chaste sur ses lèvres, tout en attrapant son visage de ses deux mains.
- T'as pas froid ? »
- Nan ! Et puis au moins pas de temps à perdre à me foutre à poil, je le suis déjà ! »
Kira se mit à rire, le blond n'était jamais sérieux, ou plutot qu'il essayait d'être léger, peut-être pour se proteger du monde de dehors. Le brun attrapa Kato par le bassin et le poussa sur le lit.
- Hey ! Je ne t'avais pas encore dit que j'aimais quand t'étais violent ! Fait-moi mal mon chou ! »
Kato prit un air des plus provocant et Kira lança un rire qui aurait terrifié le plus gaillard des hommes, finalement pouvait-il réellement aimer un homme, un humain ? Il ne pouvait se le permettre, se l'avouer… Un jeu c'est tout ce qu'il pouvait se concéder et apparemment Kato avait l'air de se contenter de ça ou peut-être était-ce la seule façon que le blond avait trouvé pour montrer ses sentiments… et évincer l'esclavage qu'il avait gouté.
- Hummm ravissant ton rire ça promet ! »
- Oh que oui ! »
Kira se laissa tomber dans les draps serrant le corps du blond entre ses bras. Ce corps dans ses bras n'était qu'un amas d'ossements et de peau, comment diable pouvait-on en arriver là ? Comment pouvait-on se négliger comme ça ? Kira ignorait ce fonctionnement humain d'auto-mutilation, il avait beau vivre comme un humain, certaines de leur pathologies lui échappaient. Kato ferma les yeux et s'enfonça dans l'oreiller, aujourd'hui il aurait ce qu'il désirait : Kira pour toute la nuit, il preferait ne pas se faire trop da'ttente pour le futur, c'était mieux ainsi...
Leur corps se frôlèrent, se caressèrent dans un affrontement sans délicatesse, Kato n'arrêtant pas de jouer avec le feu et défiant le brun à chacun de ses mouvements, et Kira essayant tant bien que mal de garder le contrôle sur ses envies, ses émotions, ses petites choses qu'il pensait ne pouvoir se permettre. Kira ouvrit les yeux, il aurait cru qu'un volcan se réveillait dans ses entrailles, il attrapa le bassin de Kato et d'un ton grave, il le dévisagea.
- Tu me donnes ton corps ? »
- Ouai ! »
- Tu me donnes ton cœur ? »
- Il est déjà à toi ! »
- Mais me donneras-tu ton âme ? »
Kato le regarda et un mot envahit son cerveau, un nom, qui lui hérissa les poils… Satan, le diable, Kira serait… Lucifer ? Lucifer… ex-ange Lucifiel… la lumière de dieu, non ? Comment se souvenait-il de ça ? Il avait lu ça dans un livre il y a quelques années déjà… Il réfréna un sourire, si le diable voulait son âme qu'importe, il était amoureux de Kira, qu'importe ce qu'il était réellement !
- Je te la donne avec joie ! »
- Kato ? »
- Hum ? »
- Tu ne le regretteras pas ? Sûr ? »
- Ne t'en fais pas ! Je te la donne parce que je t'aime, parce que je te fais confiance, alors prends en soin ! »
Kira sourit intérieurement, il envoya un coup de rein et s'enfonça dans le corps du blond. Kato émit un gémissement, il se cambra puis ferma les yeux. Kira était Kira, il lui appartenait corps et âme, c'était pas plus mal...
