Bonjour à tous :)

Plongez dans "Les vestiges du passé" qui est ma façon de voir les choses quand à la suite de la bataille de Poudlard. Je veux faire de cette fiction des lignes aussi canon que possible et pour se faire je me servirait de tous les support possible. J'espère que la lecture vous plaira autant que j'en ai eu a l'écrire.

Disclamer : Évidemment ni le monde ni les personnages ne m'appartiennent, je suis juste titulaire de l'histoire.

Ne m'en veuillez pas si je ne suis pas régulière mais je suis perfectionniste :p

Bonne lecture et n'hésitez pas a me laisser des commentaires je serais ravie d'y répondre :)


Harry, Ron et Hermione sortirent de la pièce circulaire qu'était le bureau du directeur. D'un air las, le cerveau embué par les récents évènements, Harry les devançait de quelques pas. L'approbation du portrait de Dumbledore l'avait soulagé plus qu'il ne s'y attendait et espérait que les Reliques de la Mort redeviendraient bientôt plus qu'une histoire pour enfant des Contes de Beedle le Barde. La cape bien sûr - sa cape — resterait en sa possession. La pierre laissée dans la forêt serait — il en était convaincu — perdue à tout jamais, car même s'il voulait chercher à la récupérer, il était incapable de se rappeler où celle-ci était tombée. De plus, personne à part eux ne connaissait réellement le véritable pouvoir que la bague détenait. Le plus dangereux des trois objets était probablement la Baguette de Sureau, le Bâton de la Mort, autrefois la baguette d'Albus Dumbledore. Harry et Voldemort pendant qu'ils s'affrontaient en duel avaient détaillés la puissance qui emplissait cette baguette, ainsi que la légende qui l'entourait. Le jeune homme espérait de tout cœur que personne parmi les sorciers présents à leurs côtés n'avait mesuré leurs propos alors que chacun se battait pour sa vie, mais il ne pouvait en avoir aucune assurance. Il devait faire preuve de prudence et il était certain que cette dernière relique lui poserait problème un jour et qu'il faudrait qu'il trouve le moyen de s'en débarrasser. Mais pour l'heure, il n'aspirait qu'à un peu de repos. Il tourna la Baguette de Sureau entre ses mains, et il sentit sa puissance couler le long de ses doigts. Ce pouvoir le rendait nerveux. Il différait en tout point à la chaleur que lui procurait sa propre baguette en bois de houx ; celle qu'il avait achetée chez Ollivander la première fois qu'Hagrid l'avait emmené sur le Chemin de Traverse sept ans en arrière. Il fut néanmoins reconnaissant envers cette puissance de lui avoir permis de réparer cette dernière alors qu'il pensait ne plus jamais pouvoir la tenir dans sa paume.

En arrivant devant ce qui restait des escaliers, Harry posa un pied pour monter jusque dans les étages. Il désirait pouvoir s'échapper des étreintes que lui réservait la foule dans la Grande Salle, et enfin, pouvoir fermer les yeux. Il se rendit compte alors que Ron et Hermione s'étaient arrêtés.

— Mon vieux, il faut que j'y retourne, maman me tuerait… Je veux dire, elle… Ils ont besoin de moi, prononça Ron, le regard fuyant résolument fixé sur le bout de ses chaussures.

La poussière présente sur son visage, qui couvrait ses habituelles taches de rousseur, accentuait sa pâleur et ses épaules étaient affaissées. La vérité revint à Harry en pleine figure, comme si se concentrer de nouveau sur les Reliques de la Mort pouvait l'atténuer, la repousser juste quelques instants. Ils avaient gagné. Ils avaient gagné la bataille de Poudlard, gagné la seconde guerre des sorciers, vaincu Voldemort dont le cadavre attendait qu'on l'évacue d'un des cachots du château. La victoire de cette bataille avait cependant un lourd prix à payer. Harry pensa à Fred Weasley, le regard vide, un demi-sourire éternellement figé sur son visage. Puis il vit passer devant ses yeux les corps de Rémus Lupin et de Tonks unis dans la mort la main tendue l'un vers l'autre. Chaque personne présente dans la Grande Salle pleurait un proche. Fred, Lupin, Tonks et les cinquante sorciers et sorcières qui s'étaient sacrifiés afin de donner le temps à Harry d'agir et d'éliminer les Horcruxes pour vaincre Voldemort.

— Ils ont besoin de nous, murmura Hermione tout en joignant ses doigts doucement à ceux de Ron, tu pourrais peut-être utiliser la cape ?

Comme toujours, Hermione était de bons conseils et avait su deviner ses plus profondes pensées. Le hochement de tête qu'il fit pour acquiescer parut détendre Ron et Hermione, ils commencèrent leur trajet vers la Grande Salle en silence et le cœur lourd.

En descendant vers les couloirs où la bataille avait fait rage, ils prirent conscience de l'amas de débris qu'était devenu le château dans lequel ils avaient grandi. Des impacts de sorts lézardaient les murs, les escaliers avaient été détruits. Les tableaux étaient déchirés et leurs occupants avaient fui ; les morceaux des statues qui avaient protégé l'école étaient disséminés partout où leurs yeux se posaient, se mêlant aux armures qui habituellement grinçaient sur leur passage et qui maintenant jonchaient le sol. Le château était sombre, sinistre. Harry pensa qu'il faudrait du temps, beaucoup de temps à Poudlard pour panser ses blessures.

— C'est… méconnaissable, souffla Hermione d'une voix étouffée alors qu'une larme roulait sur sa joue. Je n'aurais jamais pu imaginer Poudlard…

La fin de sa phrase se perdit dans son désarroi. Ron resserra l'étreinte de ses doigts sur ceux d'Hermione, tandis qu'Harry l'entoura de son bras. Comme si ce geste d'affection pouvait donner le courage à Hermione — ou peut-être était-ce pour lui-même — de continuer de descendre.

À son entrée à Poudlard quand il avait onze ans, Harry avait enfin trouvé un foyer, une famille. Il fixait à présent ses amis, couverts de poussières, fatigués, vieillis, blessés et le regard sombre. Il voyait du sang s'échapper d'une coupure sur le visage d'Hermione, ainsi que l'attèle de fortune qui soutenait l'épaule meurtrie de Ron. Jamais il n'avait imaginé que sa scolarité se terminerait par cette vision apocalyptique d'un endroit qu'il avait tant chéri.

Protégé du regard des autres par sa fidèle cape, Harry suivait ses amis et ils pénétrèrent dans la Grande Salle. Personne ici cependant ne semblait le chercher. Leur absence ne s'était pas fait sentir dans le chaos presque silencieux qui se tenait sous leurs yeux. Les élèves qui s'étaient battus, leurs parents qui étaient venus les rejoindre, les membres survivants de l'Ordre du Phœnix, les habitants de Prés-au-Lard, tous étaient mélangés dans la salle. Ils se retrouvaient par groupe, se soutenaient, pleuraient dans les bras des uns et des autres. Ils avaient tous la même expression vide sur le visage, un profond soulagement, ainsi qu'une immense tristesse. L'heure n'était pas encore à la joie. Harry vit Seamus Finnigan s'approcher de Lavande Brown auprès de laquelle Madame Pomfresh s'affairait déjà. Il regarda Dean Thomas aider Parvati Patil, sa sœur Padma, elle aussi blessée, se trouvait tout près d'eux. Lee Jordan, à califourchon sur une chaise, prenait sa tête entre ses mains tandis que Luna Lovegood lui tapotait les épaules d'un air rêveur. Il aperçut plus loin ses anciens co-équipiers de Quiddicth de la maison Gryffondor, Olivier Dubois, Alicia Spinet et Angelina Johnson.

Ron s'arrêta après avoir parcouru la moitié de la Grande Salle, comme pétrifié. En suivant son regard, Harry reconnut le roux caractéristique de la famille Weasley. Mrs Weasley était agenouillée près du corps de Fred et lui caressait les cheveux. Elle ne pleurait plus, ses yeux gonflés n'avaient probablement plus de larme à verser. Mr Weasley dodelinait la tête de gauche à droite en semblant ne pas pouvoir se contrôler. Arthur était entouré par Bill et Fleur, spectateurs silencieux du drame qui se jouait devant eux. Charlie et Percy se trouvaient quant à eux aux côtés de leur mère, une main posée sur chacune de ses épaules. Mais c'était George qu'Harry cherchait. Il le vit à quelques mètres d'eux assis sur un banc, le regard vide, aussi figé que pouvait l'être le visage de son jumeau. Ginny appuyait sa tête sur les jambes de son frère. George ne semblait pas prendre conscience de la proximité de sa sœur, ou peut être que ce geste lui permettait de supporter la réalité. Harry suffoqua ; comment les Weasley pourraient-ils encore l'accueillir dans leur foyer comme ils l'avaient toujours fait ? Il se demanda comment Mrs Weasley pourrait un jour le serrer dans ses bras sans l'associer à la mort de Fred. Ils étaient ce qui se rapprochait le plus d'une famille pour Harry, la seule famille heureuse et aimante qu'il avait connue. Et c'était lui, l'orphelin, qui l'avait brisée.

Les yeux de Harry le brulèrent, mais il décida d'emboiter le pas de Ron qui avançait difficilement bien qu'Hermione l'eut encouragé en le poussant doucement dans son dos. En arrivant auprès de ses parents, il baissa la tête et ses larmes commencèrent à couler le long de ses joues. Hermione ne lui avait pas lâché la main, et elle devint un soutien nécessaire pour lui permettre de ne pas s'affaisser. Ginny les avait vus s'approcher, et son regard s'attarda quelques secondes sur leurs doigts entrelacés. Pendant un bref instant, alors que Mrs Weasley se relevait pour étreindre Ron et Hermione, Harry dut faire un mouvement de côté pour ne pas les heurter, les yeux marrons de la jeune femme croisèrent les siens. Il hésita, se demandant si elle avait deviné qu'il se trouvait là. Elle lui manquait tellement, la proximité de son corps lui faisait si mal, et lui faisait si peur à la fois. Ces sentiments mêlés le privèrent même d'air quelques secondes. Comment pourrait-elle un jour lui pardonner ? Lui qui l'avait abandonnée sans être certain qu'elle irait bien alors qu'elle courait un grave danger. Lui qui avait emmené Ron risquer sa vie pendant sa quête de la paix. Lui qui était rentré dans la forêt, croyant mourir sans avoir eu le courage de lui dire ce qu'il ressentait. Lui qui enfin se tenait debout, le cœur battant, tandis que celui de Fred ne vibrerait plus jamais.

Harry se détourna de Ginny et il vit que les elfes de maison qui avaient survécu s'affairaient à remettre la Grande Salle en ordre. Ils portaient quelques plateaux de porridge et de fruits ainsi que de grandes tasses de thé aux gens présents. Il se doutait que nombre d'entre eux avaient rejoint les cuisines de l'école pour se hâter de préparer un repas aux combattants. Harry regardait du coin de l'œil le professeur McGonagall s'approcher des familles des défunts afin de murmurer à leurs oreilles. Quand elle vint à la rencontre des Weasley, Mr et Mrs Weasley hochèrent la tête de manière absente. Harry avait besoin d'air, l'ambiance pesante de la Grande Salle l'étouffait. Il s'en échappa d'un pas pressant vers l'extérieur du château.

Dehors quelques élèves profitaient de la brise fraîche du matin pendant que d'autres s'affairaient à retourner les débris. Ces derniers étaient accompagnés d'elfes et de centaures restés pour leur prêter mainforte. Hagrid prenait soin de Graup à la lisière de la forêt tandis que Crockdur, l'arrière-train bandé, était allongé aux pieds de son maitre. Harry croisa Neville qui contemplait, ébahis, l'épée de Gryffondor qui lui était apparu dans le Choixpeau Magique alors que sa grand-mère d'un air comblé tapotait fièrement l'épaule de son petit-fils.

En descendant vers le parc de Poudlard, Harry avançait furtivement, en évitant de se faire remarquer quand il aperçut sous le hêtre qui bordait le lac, un homme assis qui semblait visiblement en pleine observation de l'horizon. Il était large d'épaules et un anneau scintillait à son oreille. Harry ôta sa cape et alla doucement s'installer à côté de lui.

— Drôle de nuit n'est-ce pas ? demanda le sorcier.

La voix lente et profonde de Kingsley Shacklebolt résonnait dans la poitrine de Harry qui acquiesça tout en prenant place à ses côtés. Harry et Kingsley contemplèrent de nouveau le paysage qu'offraient les montagnes entourant le château tandis que le soleil s'élevait de plus en plus haut sur le lac. Ce qu'Harry voyait le réconfortait. À l'exception de quelques arbres brulés ainsi que les vestiges du terrain de Quidditch, il fut soulagé de retrouver le calme de l'endroit. Après un moment, les deux hommes se tournèrent surpris sur une chouette qui était venue se poser près de Kingsley afin d'y distribuer une lettre. En détachant le parchemin de la patte de l'oiseau, Kingsley se retourna vers Harry avant de jeter un coup d'œil à sa missive. Il souriait. Il avait le visage tuméfié et la robe déchirée par endroit, mais il étirait ses lèvres d'un sourire chaleureux.

— Drôle de nuit n'est-ce pas ? répéta-t-il.

— Drôle de nuit, répondit Harry lentement.

— Je viens d'être désigné comme le nouveau ministre de la Magie, ajouta Kingsley le ton plus grave. Pendant quelque temps du moins. Un temps que nous devons mettre à profit pour faire le ménage au Ministère et organiser des élections. Griselda Marchebank m'a envoyé un hibou tout à l'heure en m'expliquant que c'était ce qu'attendait le Magenmagot.

— Je ne vois personne d'autre que vous pour assurer ces fonctions Kingsley, répondit Harry calmement tout en détachant chacun de ses mots. Peut-être pourrais-je enfin faire confiance au Ministère ?

Alors qu'Harry affichait un sourire timide, Kingsley garda le silence et hocha la tête. Après quelques secondes, dans un mouvement rapide, le jeune homme sortit de sa bourse la troisième Relique et la montra à son ami.

— Savez-vous ce que c'est ? dit Harry

— J'imagine qu'il s'agit de la Baguette de Sureau, la baguette que Voldemort a tant cherchée et qu'il a enfin fini par obtenir. On dit, ajouta Kingsley, qu'elle est la plus puissante qui puisse exister. Il me semble qu'elle est tienne à présent, Harry.

— Elle est effectivement puissante, mais je n'en veux pas, songea Harry alors qu'il l'observait en tournant doucement le bois entre ses mains et en essayant d'ignorer le sentiment enivrant qui parcourrait ses doigts. La Baguette de Sureau m'appartient uniquement parce que Dumbledore a fait une erreur et qu'il n'a pas réussi à faire s'éteindre avec lui son pouvoir.

Machinalement, ses yeux fixèrent l'endroit où reposait dans son dernier sommeil celui qui l'avait guidé vers cette victoire. Horrifié, Harry découvrit que la sépulture du professeur Dumbledore — jadis immaculée — était fendue en son milieu et que de lourds morceaux juraient avec la surface plane et lisse qu'il avait imaginée.

— Que vas-tu faire pour t'en séparer ? demanda l'auror.

— Aucune idée, avoua Harry tandis qu'il rangeait soigneusement l'artefact dans sa bourse. Je suppose que tant que personne ne révèle cette histoire, ou ne s'en souvient, elle ne devrait pas être un problème, pour l'instant du moins.

— Certes, approuva son ami. Espérons que les rumeurs s'apaisent suffisamment longtemps pour te donner matière à y penser. Pour ma part, j'ai vu le sort de Voldemort se retourner contre lui. Après tout, il n'existe qu'un seul être qui ait survécu à l'impardonnable Avada Kedavra… Deux fois, réfléchissait-il. Alors une baguette serait forcément détruite. En tout cas, ajouta Kingsley en haussant les sourcils, c'est ce en quoi je crois.

Ils restèrent assis l'un à côté de l'autre un long moment. Le calme de Kingsley avait permis au cœur d'Harry de ralentir et de s'apaiser. Quand enfin le courage de faire face à la réalité le regagna, ce dernier se redressa. Alors qu'il esquissa un mouvement vers la tombe de son ancien directeur, Kingsley posa sa main sur son épaule.

— Aurons-nous un jour le récit de vos aventures ?

Cette question était si soudaine qu'inattendue, et un vent de panique souffla dans la cage thoracique du jeune sorcier. Bien sûr, il se doutait qu'il devrait bientôt des explications à tous ceux qui s'étaient battus à leurs côtés, mais il n'était pas sûr de savoir quelle vérité était bonne à dire et ce que le monde serait prêt à accepter. Il pensa en lui-même qu'Hermione aurait probablement une approche avisée. Il se promit de lui en parler dès que le moment serait venu. Pour toute réponse, il ne put que faire un fébrile mouvement de tête pour acquiescer et Kingsley en fut satisfait. C'est pour cette attitude calme et réfléchie qu'Harry l'appréciait autant, Kingsley n'était pas pressé de curiosité et attendrait ce moment, même si celui-ci ne devait jamais arriver.

Ils marchèrent tous deux, en silence, s'avançant lentement vers l'autel profané qui se situait à l'orée de la forêt interdite. Un frisson parcourut l'échine d'Harry et ses jambes refusèrent de le porter plus loin.

— Peut-être, me ferais-tu l'honneur de rendre sa dignité au professeur Dumbledore ? Je crois que toi aussi, tu as le droit de te reposer.

Sans un mot de plus, il continua sa route, laissant Harry là. Il mit quelques secondes avant de faire demi-tour, profondément reconnaissant envers l'auror. Il n'était pas sûr d'avoir pu supporter la vision d'Albus Dumbledore dans son linceul. D'un geste vif, il essuya les larmes qui s'étaient formées aux coins de ses yeux.

Avec un signe de tête en direction de son ami, Harry remonta vers le château. C'était un beau matin de début mai. Pour la première fois depuis longtemps, il ne fuyait plus, Voldemort n'était plus à ses trousses. Un sentiment de liberté l'envahissait alors qu'un vent timide venait ébouriffer un peu plus ses cheveux. D'un geste machinal, il passa sa main à l'arrière de son crâne relevant ses nombreux épis de jais. Le soleil quant à lui s'était invité et lui léchait le visage qu'il savait en piteux état : sale, blessé, fatigué. Du coin de l'œil, il aperçut Malefoy adosser seul contre un arbre, les genoux ramenés sur la poitrine et le regard dans le vide. Son meilleur ennemi leva les yeux vers lui avant de se détourner quasi immédiatement. Harry fut soulagé, car il ne tenait pas à avoir une conversation avec ce dernier, se demandant encore s'il estimait son ancien camarade de classe plus perdu que véritable Mangemort. Il continua sa route, et relégua Malefoy dans un coin de son esprit comme pour la Baguette de Sureau, il aurait à loisir d'y resonger, mais avant tout Harry n'aspirait qu'à passer quelques heures à dormir. Il profita un instant du simple plaisir de vivre avant que ses pensées ne le poussent à reprendre sa marche. La guerre était finie, mais tout était à reconstruire. Les stigmates de la bataille qui s'étalaient devant ses yeux lui pincèrent le cœur. Quand il aperçut la grande porte, il n'hésita pas à replier sa cape d'invisibilité. Il ne se cacherait plus, et le monde des sorciers avait besoin de lui, autant que lui avait besoin du monde.

— Je me demandais quand tu allais enfin ranger cette cape.

Harry sursauta et se tourna pour découvrir Ginny qui avançait lentement vers lui. Elle le fixait intensément de ses yeux marron provoquant chez le jeune homme un mélange étrange de chaleur et de tristesse. Il était là hagard et muet devant la femme qu'il avait tant désirée à rejoindre ses derniers mois, pourtant Harry fut incapable de briser le silence qui s'était installé. Il se contentait en retour de la contempler. Ginny avait les cheveux plus longs que dans ses souvenirs. La cascade flamboyante qu'ils formaient tombait dorénavant jusqu'à la taille de la jeune fille. Elle avait gardé sa carrure de joueuse de Quidditch, mais son visage était plus dur, plus marqué par l'année qui s'était écoulée. Ses pommettes s'étaient creusées, et ses yeux marron était plus profonds plus tristes. Les paupières de Ginny étaient rougies et Harry vit les sillons de ses larmes qui descendaient le long de ses joues.

— C'est pas trop tôt ! finit-elle par dire en soupirant.

— Quoi ? demanda Harry en haussant les sourcils.

— Ron et Hermione ! répondit-elle avec évidence. J'ai toujours su qu'ils finiraient ensemble, mais j'avoue que ce gros bêta de Ronald m'a franchement fait douter.

— À l'évidence, nous avons tous douté, renchérit-il.

Il esquissa un faible sourire que Ginny partagea quelques instants avant qu'il ne s'efface au profit d'une expression plus inquiète tandis qu'elle l'observait.

— Je m'attendais à te voir avec Ron et Hermione. Il faut croire que tu aimes disparaitre. J'ai aperçu le bout de ta chaussure, avoua-t-elle tristement au bout de quelques secondes devant un Harry tout penaud.

— Tu m'as manqué Ginny, souffla-t-il, je…

Il aurait voulu lui dire ; tout lui dire. Lui décrire le vide qu'il avait ressenti tout le temps où ils étaient séparés, la peur qu'il éprouvait à l'idée d'apprendre qu'il lui était arrivé malheur, le mélange de joie et de terreur qui s'était emparée de lui quand elle était apparue par le passage secret la nuit dernière, mais par-dessus tout, le soulagement et cette immense sensation de bonheur qui le submergeaient alors que Ginny se trouvait à quelques centimètres de lui. Mais une silhouette qui traversait rapidement la cour détruite capta l'attention du jeune sorcier tandis qu'il laissa sa phrase en suspens. En la détaillant, Harry vit une femme qu'il reconnut comme étant Andromeda Tonks, bien que la ressemblance avec sa sœur Bellatrix soit frappante. Il remarqua un petit tas de couvertures qu'elle portait au creux de ses bras et il fut horrifié. Là, devant lui, Mrs Tonks d'un pas mal assuré, mais vif se dirigeait vers la Grande Salle où elle découvrirait, que sa fille et son gendre étaient étendus dans leur dernier sommeil. Teddy, le nouveau-né qu'elle tenait contre elle — âgé d'un mois à peine — se retrouvait orphelin, comme lui seize ans auparavant.

Perdu dans ses pensées, la vague de douleur que ressentit Harry était si violente qu'elle le fit vaciller. Il entendit Ginny horrifiée, appeler son prénom alors qu'un liquide chaud commençait à couler le long de son flan. Un genou à terre il leva les yeux et vit apparaitre à la lisière de la forêt deux silhouettes avec de longues capes noires. Les visages des deux Mangemorts étaient marqués par les combats et couverts de poussières. L'un d'eux était un énorme sorcier blond doté d'une carrure imposante. S'efforçant de ne pas s'évanouir, Harry le reconnut comme étant l'un des Mangemorts présents lors de la mort du professeur Dumbledore en haut de la tour d'astronomie. Le deuxième homme tout aussi massif retroussa ses lèvres de fureur laissant apparaitre des dents pointues. Fenryr Greyback que Harry pensait être capturé se trouvait dorénavant devant lui. Épuisé, Harry serra sa baguette tandis que Ginny également armée le soutenait pour que ses jambes puissent à nouveau le porter.

— Rowle ! Tue-le ! aboya Greyback.

Avada K

Expelliarmus !

Une voix familière s'éleva dans le dos de Ginny et de Harry. Une voix trainante qu'il reconnaissait bien. Un jeune homme blond, le teint pâle et dont la maigreur était notable se précipita vers eux, sa baguette tendue devant lui. Harry et Ginny profitèrent de cette diversion pour engager le combat à leur tour, aidés de Drago Malefoy. Ils entendaient les maléfices siffler à leurs oreilles pendant qu'ils tentaient de viser les Mangemorts. Greyback, bien qu'imposant, esquivait avec aisance tous les sorts d'immobilisation qu'Harry lançait. Alertés par le bruit du combat les gens se précipitaient du château pour les soutenir, Neville, Ron, Hermione et les trois ainés Weasley, en tête du groupe. Un grognement sourd s'échappa de la gorge du loup-garou et, lèvres retroussées, il se jeta en avant, prêt-à-refermer les crocs sur la carotide de l'un deux.

- PROTEGO ! crièrent d'une même voix Harry, Ginny et Drago.

La puissance du sort projeta en arrière Greyback qui du mettre à profit toute son agilité pour ne pas vaciller.

— Ce n'est pas fini Potter. Le Seigneur des Ténèbres n'est plus, mais nous diffuserons son héritage. En attendant Potter, nous te traquerons toi et tous ceux qui te sont fidèles, et nous le vengerons.

Thorfinn Rowle avait proféré ses provocations très rapidement en fixant résolument Harry. Ce dernier remarqua que le Mangemort avait profité de leur inattention pour récupérer sa baguette magique. Le regard de Rowle s'attarda également avec dégoût sur Drago Malefoy qui était toujours à leurs côtés, une main soutenant Harry — qui menaçait de tomber à tout instant — sa baguette pointée de l'autre, prêt à engager le combat. Greyback quant à lui s'impatienta, visiblement nerveux à l'approche des renforts qui arrivait rapidement.

— C'est moi qui vous traquerais. Et je vous retrouverais, jusqu'à ce que le monde soit débarrassé des idées et des disciples de Voldemort ! cria Harry à bout de force.

- Expluso !

Harry, Ginny et Drago furent projetés en arrière, et quand ils se relevèrent Rowle et Greyback avaient déjà filé à toutes jambes dans la profondeur de la forêt, espérant probablement transplaner loin de l'enceinte de l'école où cela était possible. Kingsley Shacklebolt, Rubeus Hagrid ainsi que Bill, Charlie et Percy Weasley s'élançaient à leur poursuite.

La douleur devint insupportable et Harry lâcha sa baguette, au bord de l'évanouissement. Ses yeux s'obscurcirent et ses genoux cédèrent sous son poids et touchèrent lourdement tomber sur le sol. Il sentait les mains de Malefoy qui appuyaient sur la plaie, il entendit Hermione hurler son prénom, mais la dernière chose dont il eut conscience avant de plonger dans les ténèbres c'est l'arôme de fleur qui lui enivrait les narines.