Il était 1h30, un mardi soir --ou plutôt un mercredi matin-- comme les autres.
Broots était toujours devant son ordinateur, occupé à surveiller son nouveau programme de recherche destiné à la capture de Jarod. Cela faisait déjà cinq heures qu'il scrutait l'écran, attendant désespérément une réponse de l'engin, quand ce dernier émit un signal et lui indiqua une adresse à Trenton, dans l'état voisin. Mlle Parker avait clairement ordonné à Broots de la contacter par tous les moyens, à toute heure dès qu'il avait une information. Alors n'écoutant que son courage, Broots empoigna le téléphone et composa son numéro, espérant qu'elle soit de moins mauvaise humeur que la veille.
Au bout de quatre sonneries, l'informaticien qui s'attendait au "quoi!" habituel, n'eut d'autre réponse que le répondeur de sa supérieure.

Elle avait effectivement entendu la sonnerie mais n'avait pas daigné répondre, jugeant qu'elle était bien trop occupée et qu'elle n'avait pas du tout l'intention d'interrompre ses "activités".
Un quart d'heure plus tard, après avoir mûrement réfléchi aux risques qu'il courait si Mlle Parker se réveillait de mauvaise humeur, Broots écouta une fois de plus son courage, sortit, démarra sa voiture et se rendit chez elle. Une fois devant la porte, il entendit des rires a l'intérieur: il y avait un homme chez elle. Plus rassuré -elle ne le tuerait probablement pas ce soir-, il sonna.

Mais qui osait la déranger à cette heure là! Encore cet abruti de Broots, songea-t-elle. Elle se résigna à quitter les bras de son compagnon, à enfiler vite fait un peignoir et -plus exaspérée que jamais- à aller ouvrir.

-- Qu'est-ce que vous foutez chez moi a cette heure là Broots!

-- Heu.. j..je voulait vous dire que je sais où se trouve Jarod, dit-il beaucoup moins convaincu que tout à l'heure.

-- Et ça ne pouvait pas attendre demain!

-- C'est que... il n'est pas loin... il est à Trenton, New Jersey.

-- Eh bien justement, s'il n'est pas loin ça peut attendre. Je serai au Centre demain à la première heure, faites préparer le jet pour 8h00.

Sur ce, elle lui claqua la porte au nez et remonta dans sa chambre où elle avait mieux à faire que courir après Jarod.
Broots, secoué, alors qu'il était sur le chemin de sa maison, appela brièvement Sydney pour lui communiquer ses informations et lui donner l'heure du rendez-vous pour se rendre à Trenton.

Le lendemain, à 7h30, Sydney arriva au Centre et se dirigea en direction du petit bureau de Broots. Bien sur, l'informaticien était déjà là et le psy ne manqua pas de remarquer l'air affolé qu'il affichait en accourant vers lui.

-- Bonjour Broots. Qu'y a-t-il ? Vous n'avez pas l'air dans votre assiette.

-- C'est que... je n'ai pas beaucoup dormi et figurez-vous que quand je vous ai appelé cette nuit je sortais de chez Mlle Parker ...

-- Que faisiez-vous chez Mlle Parker à cette heure?

-- Eh bien je suis allé l'informer que j'avais retrouvé Jarod parce qu'elle ne répondait pas au téléphone.

-- Bizarre... Parker ne manque jamais ses appels...

-- J'ai pensé qu'elle avait laissé son portable dans sa voiture... mais attendez Sydney! Ce n'est pas ça le plus bizarre... : elle n'était pas seule chez elle, il y avait un homme avec elle, je n'ai pas vu qui s'était mais... une rue plus loin, une voiture de fonction du Centre était garée et ce n'était pas la sienne!

-- Vous pensez que Parker a passé la nuit avec un employé du Centre ?Ca m'étonne d'elle... elle a probablement emprunté une autre voiture c'est tout, dit Sydney qui n'aimait pas affirmer les faits sans avoir de bonnes preuves.

C'est ce moment que choisit Mr Cox pour entrer dans le bureau, sans frapper bien sur. Cela faisait bien longtemps que Broots et le psy ne l'avaient pas vu dans cette partie du Centre mais rien d'étonnant à sa présence: quand Lyle ne jouait pas au pot de colle, il envoyait son grand ami Cox. Ce dernier entra doucement, il était vêtu d'un costume noir avec un col montant qui faisait peur à Broots.

-- Bonjour Messieurs! lança-t-il avec un grand sourire.

-- Bon.. bonjour monsieur, bègueilla Broots

-- Monsieur Cox, se contenta de dire Sydney.

-- Alors, toujours pas de nouvelles du petit génie?

-- Nous sommes sur le point de partir à sa recherche, dit le psy avec son éternel demi-sourire.

-- Vous partez seuls? Mlle Parker a eu une panne de réveil ! ironisa Cox.

-- N..non, elle ne va pas tard...

C'est là qu'elle entra dans le bureau, radieuse et souriante. Inhabituel pensa Sydney, peut être Broots avait-il raison tout à l'heure.

-- Je suis là, lança-t-elle. Par contre, vous, vous ne devriez pas l'être, dit-elle prenant le ton le plus froid possible et s'approchant très près de Cox avec un air de défi.

-- Je m'apprêtais à partir. Mais sachez que vous n'êtes pas la seule pour qui Jarod a de l'importance...

Il repartit comme il était venu, lentement mais sûrement. Parker resta quelques secondes à le regarder s'en aller puis dit a ses deux collègues avec un petit sourire:

-- En route!

Jarod, pas très bien réveillé, sortit de la salle de bain, uniquement vêtu d'une serviette de bain blanche. Il s'arrêta, debout près du lit du grand studio de Trenton, pour contempler Zoey qui regardait par la fenêtre. Elle était tellement plongée dans ses pensées qu'elle ne sentit pas le regard de Jarod sur elle. Il sourit et alla s'habiller. Il ne manqua pas de vérifier si tout était en place: le cahier rouge sur le petit bureau, une enveloppe remplie de PEZ et sa petite surprise destinée à faire enrager Mlle Parker une fois de plus. Espérons qu'elle aura assez de pansement gastrique! pensa-t-il, ironique.
Il s'avoua que, contrairement à d'habitude, cette dernière surprise était uniquement destinée à la faire enrager, rien de plus, rien de moins. Pas d'informations à propos du passé. Juste pour lui montrer qu'il avait une longueur d'avance sur elle.
Il empoigna son gros sac de voyage, sortit Zoey de ses pensées en l'embrassant tendrement dans le cou et lui murmura:

-- Tu es prête?

-- En route !

Cela ne la dérangeait pas d'aller de ville en ville: elle aimait ça et elle aimait Jarod. Après tout ce qu'il lui avait raconté à propos de son passé, elle l'aimait toujours autant et elle était prête à tout pour l'aider à échapper à ce Centre.

Le jet se posa à l'aéroport de Trenton à 8h30 et un quart d'heure plus tard, grâce aux informations de Broots, ils trouvèrent facilement l'appartement de Jarod. La concierge étant absente, Mlle Parker, Sydney, Broots, Sam et un autre nettoyeur, n'eurent pas de mal à entrer dans le petit immeuble et ils montèrent au troisième étage. Arrivées devant l'appartement n°13, les quatre hommes regardèrent, sans même bouger le petit doigt, Mlle Parker qui enfonçait la porte d'un grand coup de pied, entrant avec son Smith&Wesson en avant.
Ils furent réveillés par un cri de colère provenant du fond du grand studio.

-- Et merde! Votre petit génie a ENCORE filé!

-- Calmez-vous, il a probablement laissé un indice, une trace, il ne peut pas être loin, dit Sydney d'un ton paternel.

-- Mais je m'en moque de ses indices! Tout ce que je constate c'est que votre rat de laboratoire m'a encore échappé! J'en ai plus que marre de jouer au chat et la souris, Sydney!

Le psy, conscient qu'elle lui criait dessus et qu'elle avait toujours une arme à la main, décida que ce n'était pas la peine d'en rajouter. Il se contenta d'avancer vers le petit bureau et la laissa folle de rage au milieu de la chambre.
Dommage, elle était pourtant de bonne humeur ce matin...

Les deux nettoyeurs entrèrent et se figèrent au milieu de la pièce, Broots rejoignit Sydney près du bureau et le silence fut rompu lorsque Sydney dit:

-- Mlle Parker, Jarod vous a laissé quelque chose...

-- Qu'est-ce que c'est? dit-elle sèchement.

-- Je ne sais pas, les enveloppes sont à votre nom.

Broots, malgré sa curiosité maladive, recula pour laisser sa place à Mlle Parker à qui Sydney tendait une grande enveloppe blanche. Elle saisit cette dernière d'un geste sec, la reposa sur le bureau et s'attaqua à l'autre, plus petite mais plus remplie. Ce petit salopard jouait encore avec ses nerfs! Quelle ne fut pas sa rage quand elle se rendit compte que l'enveloppe était remplie de ces bonbons de gamins que le petit génie affectionnait tant!
Il y avait tout de même un message au fond qui disait:
" On ne peut rien me cacher. Mais es-tu sûre que c'est le bon? J. "

Elle se dit que s'il prenait autant de plaisir à la pousser à bout, elle prendrait volontiers plaisir à lui loger une balle dans le dos et à le ramener de force "à la maison" lors de leur prochaine rencontre.
Elle pris le temps de se calmer trente secondes, épiée par Sydney qui souriait et Broots qui ne savait pas quoi penser, puis se résolu à ouvrir enfin la deuxième enveloppe.
Elle contenait un cartoon digne des plus grands dessinateurs de BD à la seule différence que celui-ci n'était pas destiné à faire rire les enfants.
Il représentait, en haut à gauche, deux chats l'un contre l'autre, un male et une femelle, leurs queues formaient un cœur. Ces deux animaux de grande taille avaient l'air sévères et regardaient de haut deux petites souris, un male et une femelle aussi, qui riaient et dansaient.

L'expression de Parker passa de la colère au doute. Elle n'eut pas de mal à comprendre la signification de ce dessin. Mais comment savait-il qu'elle voyait quelqu'un alors que même Sydney n'était pas au courant? Et sortait-il toujours avec cette rousse qu'elle avait aperçue un mois plus tôt à ses cotés?
Toutes ses questions restèrent sans réponses et Sydney, qui s'attendait à une réaction de la jeune femme, quelle qu'elle soit, fut surpris quand elle lança un "on rentre!" qui tenait plus de l'aboiement que de l'ordre.

suivre...

Alors vous en pensez quoi?