Jarod et Zoey venaient d'arriver en Californie. Ils prirent possession d'une petite maison entourée d'un petit jardin. Jarod ne l'avait pas encore dit à Zoey mais il comptait rester dans cette maison aussi longtemps que possible et se faire oublier très vite du Centre.

Quand Parker avait refusé la main qu'il lui tendait pendant ce petit moment d'intimité, avant de s'envoler pour Blue Cove, il s'était senti rejeté, humilié, impuissant. Depuis ce jour, trois mois auparavant, il avait perdu le goût du jeu du chat et de la souris. Il avait tenté de lui ouvrir les yeux sur sa propre vie, de la persuader d'en changer mais elle l'avait rejeté. Il en avait assez de se torturer à la voir alors qu'elle ne voulait pas de lui. Après tout il était heureux avec Zoey et si Parker ne quittait pas le Centre, peut-être y était-elle heureuse aussi...

Après le dîner, ayant longuement réfléchi à la question, Zoey se lança:

-- Qui est cette Mlle Parker qui te court après?

-- C'est la fille du directeur du Centre, son job consiste à me retrouver et à me ramener au Centre.

-- C'est vraiment tout ce qu'elle représente à tes yeux?

-- Maintenant oui.

-- Et avant?

-- Avant c'était une amie d'enfance, j'ai même cru pendant des années que j'en étais amoureux mais c'est une entêtée, elle s'autodétruit en restant prisonnière du Centre et quand je lui ai tendu la main pour l'aider à en sortir, elle m'a lâchement repoussé.
Il n'y a plus rien à faire pour elle.

-- Tu penses vraiment qu'elle ne veut pas de ton aide ?

-- Je n'en sais rien. Mais ce que je sais, c'est qu'elle l'a refusée à plusieurs reprises. J'en ai assez d'être repoussé alors maintenant, tout ce que je lui souhaite c'est d'être heureuse, où qu'elle soit mais sans moi.

La discussion était close. Le caméléon ne voulait pas parler de ça et Zoey avait sa réponse.
Il passèrent la soirée devant un film qu'ils avaient loué et ils allèrent se coucher tranquillement.

Le lendemain, quand Sydney et Broots allèrent boire un café dans un petit restaurant de Blue Cove, après le déjeuner, ils aperçurent un couple placé au fond de la salle. Les deux jeunes gens s'embrassaient mais le psy et l'informaticien reconnurent tout de suite que la jeune femme était Mlle Parker.
Par chance elle ne les avait pas vus alors ils allèrent s'asseoir au bar, là où elle ne les verrait pas.
Sydney ne connaissait pas cet homme mais Broots, gêné et affolé parce que ses doutes se confirmaient, expliqua tout au psy:

-- Vous avez vu! J'avais raison quand je disais qu'il y avait un homme du Centre chez Mlle Parker quand je suis allé la voir.

-- Mais ce n'est pas un employé du Centre, Broots, je ne l'ai jamais vu.

-- Si, je vous assure, quand j'étais convoqué chez monsieur Raines la semaine dernière, il sortait du bureau avec monsieur Lyle.

-- Alors, qui est-ce?

-- Figurez-vous que quand je suis sortit du bureau de Raines, je suis allé voir mon ami Benny qui travaille aux archives, il connaît presque tout le monde. Il m'a dit que ce monsieur Davis faisait partie de l'équipe de monsieur Lyle depuis deux mois. Il ne se montre pas beaucoup et il parait qu'il connaît Lyle par l'intermédiaire des yakusa et qu'ils sont très amis...et ils ont un point commun: il lui manque un pouce!

-- Mr Davis vous dites?

-- Oui c'est ça Sydney.

Sydney se pencha discrètement en arrière pour observer le couple et pour être sûr qu'il ne rêvait pas. Il avait du mal à croire que Parker puisse sortir avec un ami de son frère, elle qui le méprisait tant et qui détestait le Centre et ses employés.
Mais c'était un fait: Mlle Parker sortait avec Davis depuis bientôt un mois et demi mais les deux tourtereaux avaient décidé de ne rien dire à personne au sujet de leur relation pour ne pas s'attirer d'ennui. Au Centre ils faisaient comme s'ils ne se connaissaient pas et parfois même comme s'ils se détestaient. Et ce petit jeu les amusait.

Quand Parker revint au Centre après le déjeuner, elle croisa son frère qui monta dans l'ascenseur et la salua.

-- Alors sœurette tout va bien?

-- Depuis quand te préoccupe-tu de ma santé?

-- J'ai entendu dire que tu avais fait la connaissance de Davis et que vous vous entendez plutôt bien...

Maintenant c'était sûr, il savait. Alors tout ce qu'elle trouva à dire c'est:

-- Qui t'a parlé de ça?

-- C'est lui-même, nous n'avons pas de secrets. Et quand il est question d'un membre de ma famille, j'aime bien être au courant.

Il marqua une pause et dit:

-- En tout cas cela prouve que tu as du goût, Davis est un homme charmant...

Alors que l'ascenseur venait de s'ouvrir il sortit et laissa Parker à ses réflexions.
Comme si on pouvait encore parler d'une "famille" chez les Parker! se dit-elle.

La fin de la journée se passa comme toutes les journées au Centre, les trois Stooges recherchaient toujours des indices sur le net pour retrouver Jarod, en vain.
Vers la fin de l'après-midi, Parker qui en avait marre de ne rien trouver, décida d'aller s'isoler dans son bureau et de travailler sur un dossier qui ne concernait pas Jarod.
Pendant son absence, Mr Lyle et Mr Davis rendirent visite à Broots et à Sydney pour s'assurer qu'ils s'affairaient à leur tâche comme il se doit.
En bon psy qu'il était, Sydney, très curieux, analysa les paroles et les gestes de Davis et l'observa jusqu'au soir. Il en arriva à la conclusion suivante: Mr Davis était vraiment un double de Lyle, il était tout aussi mystérieux et séducteur mais il ne possèdait pas la même passion pour les asiatiques !
Après tout, peut être qu'il plait à Parker, de dit-il.

Parker rentra chez elle à 19h00, elle posa ses clefs et accrocha son long manteau noir dans l'entrée.
Elle alla se servir un verre de whisky et s'assit dans le salon pour se détendre quand la sonnerie du téléphone retentit. Mais comme sa première intention était de "se détendre", elle pria pour que ce ne soit pas Jarod.

-- Quoi?

-- Toujours aussi aimable... Tu n'as jamais pensé à changer de phrase d'accueil?

-- Non mais si tu m'as appelée pour me parler de ma "phrase d'accueil", tu aurais mieux fait de m'oublier et d'aller t'occuper de ta petite amie.

-- Ah je vois que tu as vu mon petit dessin... Mais tu le savais déjà... Comment tu l'as su d'ailleurs?

-- J'ai de bons yeux.

-- Je vois que l'amour développe chez toi un curieux sens de l'humour...

-- Oui une vraie rigolote. Bon, tu vas me dire comment tu es au courant ou il faut que j'attende Noël?

-- J'ai de très bons yeux aussi. Mais je ne t'ai pas appelée pour parler de ça en fait.

-- Ah oui, et qu'est-ce que tu voulais me dire?

-- Je voulais te dire au revoir Parker.

-- Au... au revoir ?

-- Je pars et j'ai décidé de ne plus laisser de traces.

-- Mais?

Il ne lui laissa pas le temps de répondre. C'était déjà assez douloureux pour lui d'annoncer cette nouvelle.

-- Avant de partir, je voulais quand même te demander quelque chose...

-- Quoi?

-- Est-ce qu'il te rend heureuse au moins?

-- Ne t'inquiète pas pour moi, je suis une grande fille. Il n'est pas parfait mais je sais ce que je fais. Et toi, tu penses que c'est la bonne?

-- Oui je crois.

Il y eut une pause, comme si chacun de son coté avait besoin de quelques secondes pour réaliser ce qu'ils étaient en train de faire: ils se disaient au revoir. C'était probablement la dernière fois qu'ils se parlaient et aucun d'eux n'avait le courage de dire ce qu'il pensait vraiment, ils se réfugiaient derrière leurs "histoires d'amour" parce que c'était impossible entre eux. Alors Jarod mit fin à sa souffrance:

-- Adieux Parker.

Elle n'eut pas la force de répondre tout de suite et quand elle se décida, elle était seule face à la tonalité frustrante du téléphone.

Jarod, de son coté, alla rejoindre Zoey dans le salon, et continua sa vie tout en ressentant un vide au fond de lui. Il ne pouvait pas continuer à vivre en fugitif, il voulait vivre comme tout le monde mais il gardait le souvenir de la petite fille qui lui avait donné son premier baiser il y a bien longtemps.

Parker, elle, avait décidé qu'elle faisait partie du camp des "méchants" et qu'il était impossible de changer de vie alors elle continua sa vie même si le petit garçon qu'elle avait rencontré dans les couloirs froids du Centre lui manquait.

THE END. (sniff)