Il
flottait sur les quais une désagréable odeur de
carbonisé.
En
descendant de la voiture, Akihito porta la main devant son nez et sa
bouche et eut une mimique de dégoût. Son regard passa
rapidement du yacht, enfin ce qu'il restait du yacht, aux policiers
faisant ce que toute personne de leur profession faisaient :
mener l'enquête. Il y avait aussi quelques hommes qu'il
identifia comme des membres de la Triade. Le photographe décida
de se faire discret. Ce qui tomba rapidement à l'eau quand
la voix d'Imamiya tempêta derrière son dos, manquant
de lui coller une crise cardiaque.
« -
Qu'est ce qu'il fait ici, 'celui-là' ! »
Akihito
comprit rapidement sans schéma que l'intrus était
évidemment lui. Et pour la peine, il ne trouva pas quoi
répondre, restant bêtement la bouche entrouverte après
s'être retourné face à l'inspecteur. Et il
jeta ensuite un regard interrogatif à Akiko : C'était
vrai ça, pourquoi l'avait-elle amené là ?
« -
Monsieur Imamiya, Akihito est un élément clef de cette
affaire. Aussi il m'accompagnera partout où je le jugerai
nécessaire, » expliqua-t-elle calmement en jouant
des ongles sur la portière de la voiture.
L'argument
n'eut hélas pas l'air de plaire à Imamiya qui
repartit aussitôt à la charge tel le taureau à la
vue d'un drap rouge.
« -
Je ne sais pas comment on procède aux USA et je m'en moque.
Ce qui est sûr et certain, c'est qu'ICI il est hors de
question d'amener sur les lieux d'un crime une personne
extérieure à nos services, est-ce clair mademoiselle
Inoue ? Je ne sais pas si vous vous en rendez compte, mais on
est dans une merde noire. J'ai un chef d'une des triades les plus
puissantes mort lors de l'explosion d'un fichu bateau. Et ses
hommes vont vouloir un coupable. Et si le résultat de notre
enquête ne vient pas assez vite, ils feront justice par
eux-même. Alors vous avez intérêt à vous
magner le cul pour me trouver ce serial killer dans un délais
d'une semaine maximum ou je vous jure qu'ils vont perdre patience
et décider de faire porter le chapeau à Ryûchi
Asami. Car ils ne croient nullement à notre histoire de tueur
en série et c'est le seul délai qu'ils ont daigné
nous accordé avant de faire justice par eux-même. Vous
savez ce que cela signifie ? Que Tôkyo va devenir un
terrain d'affrontement et que la situation sera ingérable !
Je me fiche que des mafieux s'entretuent mais des citoyens
innocents pâtiront de cette guerre. Et ce sera de votre faute.
Alors à votre place, j'emmènerai ce gamin loin d'ici
et j'essayerai de me montrer enfin utile. »
Ah oui,
c'est qu'il avait vraiment l'air remonté le père
Imamiya. Akihito ne put s'empêcher de sourire en voyant la
face cramoisie de Akiko. La situation était grave mais il
souriant malgré tout. Peut-être était ce ses
nerfs en train de craquer. Feilong faisait office de nourriture aux
poissons de la baie et il était peut-être le prochain
sur la liste, ou bien serait-ce Asami ? Oh, et puis la police
avait encore une fois démontré son efficacité.
Alléluia, ils allaient tous mourir !
« -
Venez Akihito, je vais vous ramener… Chez vous, » fit
Akiko dans un soupir exaspéré.
Une fois
dans la voiture, le jeune homme parvint à calmer ses pensées
délirantes et à se rendre compte d'autant plus à
quel point la situation était désespérée.
Non, ce n'était pas exactement le mot en vérité.
Il avait l'impression d'être un acteur dans un drame raté.
Une sorte de pantin qui ne savait exactement quel rôle il avait
exactement dans tout ça, ni quelle fin aurait l'histoire,
mais qui tentait de tout son cœur de s'appliquer. Feilong aussi
avait été un pantin et le metteur en scène
l'avait joyeusement cassé.
« -
S'il a pu tuer Feilong, vous n'arriverez pas à l'arrêter
avant qu'il ne soit trop tard Akiko, » murmura
soudainement Akihito sans regarder la jeune femme.
« -
Ne dites pas de bêtise, vous êtes choqué.
« -
Moi ? Choqué ? C'est mon pire ennemi qui vient de
mourir, si je ne me savais pas moi aussi sur la liste j'en sauterai
de joie. »
Il y eut
un bref instant de silence qui s'installa dans l'habitacle avant
que Akiko ne prenne la parole en serrant et desserrant ses doigts
autour du volant.
« -
C'est que vous ne devez pas vous rendre compte du ton de votre voix
et de votre expression. Liu Feilong était peut-être
votre pire ennemi mais, surtout, comme Asami, il devait pour
paraître… immortel. Si l'un d'eux est mort, c'est que
l'autre ne pourra pas vous protéger. Vous le savez et vous
avez peur. Asami ne vous sera d'aucun secours.
« -
C'est ce que je disais, vous n'arriverez pas à l'arrêter
avant qu'il ne soit trop tard, » répéta
Akihito d'un ton épuisé.
« -
C'est là où vous faites erreur. Le tueur a perdu
patience, il agit sans finesse. Votre enlèvement, puis les
circonstances de la mort de Feilong. Il commet des erreurs aussi. Et
il sera bientôt démasqué, je vous en fais la
promesse Akihito… »
Le jeune
homme laissa lourdement retomber sa tempe contre la vitre, les yeux
fermés. La ceinture lui cisaillait l'une des épaules
mais il y prêtait à peine attention.
« -
Asami va me tuer, il m'avait dit de ne pas quitter l'appartement
et je vous ai suivi malgré tout.
« -
Préparez-lui un dîner aux chandelles, je suis sûre
qu'il oubliera aussitôt que vous lui avais désobéi. »
Un dîner
au chandelles ? Akihito imagina une scène digne d'un
soap de mauvais goût. Avec l'image trop lumineuse et
légèrement floue. Les déclarations d'amour
sirupeuses. Et la musique d'ascenseur. Cela rejoignait presque le
mauvais porno, mais il manquait encore les corps nus, haletant et en
sueur. Avec Asami, il faudrait sans doute rajouter quelques chaînes
et…
« -
Je viens d'avoir une vision bien plus cauchemardesque que ma mort
des mains de ce tueur. Est-ce que vous pensez que les chandelles sont
vraiment nécessaire dans le scénario, j'ai peur qu'il
les utilise à mauvais escient.
« -
Oh… Vous avez une vie sexuelle des plus passionnantes on dirait, »
railla la jeune femme à ses plaintes.
Akihito
en devint aussitôt rouge et décida de ne plus la
regarder du reste du trajet.
Il se mit
à repenser à la carte qu'il avait reçu. S'il
avait pu décrypter le message à temps… Il avait été
idiot, stupide et idiot. Non, cela n'aurait sans doute servi à
rien, comment aurait-il pu de toute manière prévenir
Feilong ? Et puis, pourquoi avoir des remords ? Merde !
Depuis quand il avait besoin de se sentir coupable pour un type qui
l'avait torturé ! C'était insensé !
« -
Arrêtez-vous ici. Je vais faire quelques courses au conbini et
je continuerai après.
« -
Je ne sais pas si c'est une bonne idée Akihito. S'il vous
arrive quelque chose, c'est moi que Asami va tuer, »
fit-elle remarquer avec un sourire moqueur.
Akihito
l'écouta à peine et descendit lorsqu'elle fut
garée.
« -
N'oubliez pas les bougies, » l'entendit-elle dire
alors qu'il claquait la portière de la voiture.
Sans un
au revoir ou un signe, il se dirigea vers le magasin qu'il avait
aperçu peu de temps avant. L'appartement d'Asami n'était
pas très loin, à moins d'un kilomètre
seulement, et cela lui permettrait sans doute de se changer les idées
que de se retrouver seul.
Ses
achats furent rapides bien qu'il n'avait à la base aucune
idée de ce qu'il allait prendre. Son choix se porta sur une
préparation pour de ramen et diverses autres choses comme des
daifuku. C'était merveilleux, on trouvait tout ce que l'on
voulait dans un conbini et, surtout, c'était quasiment tout
fait à l'avance et pas cher. Asami aimait le traiteur ?
Akihito allait lui faire goûter au bonheur de la nourriture des
gens simples, jeunes et pauvres. Il acheta même un paquet de
cigarettes avant de quitter le conbini.
Quelques
minutes plus tard, il arrivait au pied de l'immeuble. Il leva le
nez pour apercevoir les grandes baies vitrées des luxueux
appartements. L'endroit où logeait Asami était
vraiment… Haut. Dernier étage. Il ne s'en apercevait que
maintenant. Il ne restait plus qu'à espérer qu'il
ne le jetterait pas par la fenêtre pour avoir désobéi.
Le temps
qui s'écoula entre l'instant où il était
entré et celui où il se retrouvait devant la porte de
l'appartement lui apparut cruellement court. Il prit son courage à
deux mains et pénétra dans l'antre du démon.
Rapide coup d'œil autour de lui. Et le soulagement l'envahit.
Visiblement, il n'était pas encore rentré.
Akihito
déposa son sac sur la table basse du salon et se pencha pour
allumer la petite lampe posée dessus. A peine eut il fait cela
que deux bras le ceinturèrent sans prendre soin de son corps
encore douloureux. Le jeune homme ne put s'empêcher de crier
et d'essayer de se libérer avant que des lèvres ne se
posent près de son oreille.
« -
Je t'avais dit de ne pas sortir. Je déteste quand on me
désobéit.
« -
C'est pour ça que tu essayes de me faire avoir une crise
cardiaque, » rétorqua Akihito sans parvenir à
contenir sa rage intérieure. « Tu me fais mal,
lâche moi. »
L'étau
des bras du Yakuza se relâcha légèrement,
appuyant moins sur ses blessures en voient de guérison mais
toujours douloureuse. Le jeune homme poussa un soupir en posant les
mains sur les poignets d'Asami, afin d'essayer de les écarter
de lui.
Mais il
renifla soudainement en percevant une odeur inhabituelle.
« -
Qu'est ce que c'est ? On dirait une odeur d'hôpital
comme du désinfectant.
« -
Je savais que tu étais un vrai chien au flair aiguisé, »
rétorqua Asami à son oreille, les lèvres
touchant légèrement sa peau. Akihito ne put s'empêcher
de frissonner. « C'est sans doute à force de te
soigner. Si on allait prendre une douche ?
« -
On ? Non, c'est hors de ques…
« -
Akihito, si tu te fais tuer, j'irai te botter les fesses en
punition une fois moi-même en enfer, » la coupa-t-il
aussitôt.
« -
Ce sera avant ou après avoir battu le Diable dans un concours
de perversité ? »
Akihito
était sûr et certain qu'à présent le
Yakuza souriait de toutes ses dents blanche. Il ne pouvait que… Eh,
mais qu'était-il en train de faire là ? Non,
était-ce vraiment le moment de… Ne pouvait-il pas retirer
pour une fois sa main de là ?
« -
Ah, Asami, arrête ça…
« -
Que suis je donc censé prendre en compte : ton
gémissement ou ton interdiction ? »
Pourquoi
se sentait-il obligé de jouer les idiots ? Akihito
grimaça et chercha à se dégager d'une façon
ou d'une autre puisque la diplomatie avait rendu les armes. Il ne
restait plus que la force mais le jeune homme n'en avait
apparemment aucune en cet instant. Et puis, mettre son poing dans la
figure de son dangereux amant, ce n'était pas une solution.
Non vraiment. Il n'allait pas apprécier et… Et…
« -
Je croyais que tu ne voulais pas… » chuchota Asami
moqueur.
Akihito
entrouvrit légèrement les paupières. Hein ?
Quoi ? Qui l'appelait ? Il lui semblait avoir eu une
brève absence lorsque cette main s'était glissé
dans son pantalon.
Ce
n'était pas de sa faute s'il était aussi faible,
n'est ce pas ? Hein ? C'était juste ce démon
qui savait exactement quoi faire pour le faire craquer, hein ?
Oui c'était ça, tout à fait ça. Il
était impossible de résister à… Arg,
normalement cela aurait du être sa petite amie. Pourquoi
n'avait-il pas une petite amie normale, qui ne se baladait pas en
costume trois pièce avec une arme cachée sous la veste,
et qui ne l'agressait pas sexuellement à la moindre
occasion ? Il se sentait comme la secrétaire au prise
avec son pervers de patron, sauf qu'il ne portait pas la mini-jupe.
« -
Je vais ouvrir.
« -
Ouvrir ? Ouvrir ton pantalon ?
« -
… La porte, » clarifia Asami dans un soupir qui
signifiait 'mais quel idiot'.
Akihito
battit des cils alors que la lumière venait peu à peu à
son esprit, aidée du nouveau coup de sonnette. Oh oui, la
porte, qu'il aille donc l'ouvrir cette fichue porte. Comme si
c'était sérieusement le moment d'ouvrir à un
livreur de pizza ou il ne savait quoi encore. C'était sans
doute un insidieux moyen pour le frustrer. Un complot. Afin qu'il
se jette au pied d'Asami pour lui supplier de lui faire l'amour.
Mais non, non, il ne se laisserait pas avoir si facilement. Il…
« -
Oh, mademoiselle Inoue, je suis sûr qu'Akihito sera ravi de
votre visite. »
Arg, tous
aux abris ! Tout mais pas ça ! Non il n'était
pas ravi ! Asami, salaud !
« -
Vous en êtes certain, j'ai l'air de le déranger, »
répondit Akiko en entrant dans le salon et en voyant
l'expression de chiot au bord du suicide qu'affichait le jeune
homme. Bientôt remplacée par une certaine rage en
constatant le léger sourire narquois qu'affichait le Yakuza.
« De toute façon, je ne resterai pas longtemps. Je
ne voudrai pas interrompre dans vos activités.
« -
Activités ? Quelles activités ? J'allais…
Faire la cuisine ! » s'exclama avec empressement
Akihito. Il s'empara d'ailleurs des sachets contenant ses achats
au conbini comme preuve concrète de ses attentions.
« -
Je ne savais pas que faire la cuisine nécessitait de
déboutonner votre pantalon, » rétorqua-t-elle
avec un sourire espiègle tandis que le jeune homme
s'empourprait. Alors qu'il se précipitait dans la cuisine
afin de noyer le poisson faute de pouvoir se noyer lui-même
dans l'évier, il entendit Asami échanger quelques
tendres propos avec la profiler. Conversation à demi-mot
sous-entendant de couler des pieds dans du béton pour balancer
un corps dans la mer si on ne disait pas la raison d'une certaine
visite.
« -
Moi qui était si honorée de rencontrer à nouveau
un homme ayant tué tant de gens sans se faire inculper une
seule fois. Pourtant la corde vous irez sans aucun doute tout aussi
bien que la cravate.
« -
Je ne crois pas avoir encore inscrit de profiler à mon
palmarès. »
Oh oui,
ça sentait le souffre et Akihito ne préférait
pas jeter un œil hors de son bunker pour voir qui allait étrangler
qui. Il était après tout normal qu'un membre du corps
policier ne puisse s'entendre avec Asami, et vice versa. Mais, tout
de même, ils pouvaient au moins faire semblant pour éviter
aux autres de se faire des cheveux blancs à les entendre.
« -
Je suppose que vous êtes déjà au courant de la
mort de Liu Feilong ? Nous n'avons pas beaucoup de temps pour
trouver le coupable, j'espère que vous faciliterez les
choses à la police.
« -
Comment pouvez vous imaginer ne pas avoir mon entière
collaboration ?
« -
Mais si j'étais à votre place, je rechignerai à
la donner, en tant que Yakuza.
« -
Mais qui vous dis que je suis un Yakuza ?
« -
Votre réputation. »
N'y
avait-il personne pour enseigner quelques notions de diplomatie en
école de police ? Ou bien était ce simplement
cette profiler qui était inconsciente ?
« -
Je sais très bien quel réel intérêt porte
la police à cette affaire. Il n'est pas question de notre
protection, non, il n'est même pas question de la protection
de nos concitoyens malgré vos bonnes paroles. Non, il est
plutôt question de la votre. Vous ne tenez pas à vous
retrouver avec une guerre, pris entre deux feux, suite à la
mort malvenue de deux ennemis mortels. Alors vous vous démenez
pour qu'ils ne se fassent pas assassiner. Malheureusement, l'un
est déjà six pieds sur terre, alors autant s'assurer
que l'autre parviendra à tenir ses hommes le temps
nécessaire de mener à bien votre enquête. Ne pas
répondre aux provocations des Triades. Ne me prenez pas pour
un idiot. Je n'ai pas besoin de la police pour savoir quelle
stratégie adopter. Vous croyez vraiment que vos conseils me
sont nécessaire ? Quelle tristesse. Maintenant, si vous
voulez bien m'excuser… A moins que vous n'ayez encore autre
chose de passionnant à me dire… ? »
Akihito,
après un instant d'hésitation, s'approcha de la
porte et l'entrouvrit légèrement pour jeter un coup
d'œil dans le salon. Après tout, c'était Akiko qui
risquait sa vie, pas lui, il pouvait bien aller voir comment la
situation se présentait. Et, à vrai dire, la jeune
femme fumait presque par les deux oreilles face au stoïcisme
d'Asami.
« -
Puisque tout est dit, je vous laisse à vos intéressantes
occupations, monsieur, » fit-elle après un regard
noir en direction de Akihito. « Evitez de trop vous
'surmener', je pourrai avoir besoin de vous demain. »
Le jeune
homme grimaça avant de baisser la tête et de fixer ses
pieds. Il n'aimait vraiment pas cette impression de servir de
défouloir à la frustration de la profiler. Non
vraiment… Il aurait habituellement répondu quelque chose de
bien senti mais il se sentait pas particulièrement bien à
l'aise en cet instant.
« -
Quelle peste, » s'amusa Asami lorsqu'elle fut
repartie. « Cela va finir par se retourner contre elle.
« -
C'est de ta faute, » rétorqua le photographe en
portant la main à son front. « C'est toi qui a
commencé ! »
Il perdit
son peu d'assurance en voyant le regard glacial que lui lançait
Asami.
« -
Enfin, je crois, » s'empressa-t-il d'ajouter en
battant en retraite vers la cuisine. Quelques pas à reculons.
Et il se retrouva soudainement poussé dans le canapé
par le prédateur assoiffé de… Débauche
qu'était son amant. Allongé. Non, ça n'allait
pas recommencer ! Question naïve, bien sûr que si !
Asami se
retrouva au dessus de lui avant qu'il n'ait eu le temps de se
relever. C'était dingue le nombre de fois où ils se
retrouvaient dans cette position en moins de temps qu'il ne faut
pour dire 'cheese'.
« -
Eh, attend ! » s'exclama-t-il en posant les mains
sur les épaules du Yakuza pour le repousser. Les yeux marrons
restaient imperturbablement fixé sur son visage, quelques
mèches rebelles balayaient le front de l'homme. Akihito se
mordit la lèvre pour essayer de reprendre ses esprits. Ce
n'était pas le moment de succomber au charme du démon,
non, non et non.
« -
Akihito, je pensais que tu m'aimais.
« -
Oui mais…
« -
Si tu m'aimes, pourquoi tu refuses ? Surtout si tu en as
envie. »
Ahah, ça
c'était une bonne question qui laissa muet le jeune homme
durant de longues secondes. Interminables secondes durant lesquelles
Asami se chargea un peu plus de le distraire en insinuant ses mains
sous son T-shirt. Puis de le faire gémir en jouant sur ses
tétons.
« -
Tu m'as désobéi, tu ne devrais pas chercher à
te faire pardonner ? » questionna-t-il en plissant
dangereusement ses paupières.
« -
Je comptais te faire des ramen, ce n'est pas as… »
Parole
coupée par la langue d'Asami introduite dans sa bouche.
Akihito chercha à s'écarter mais les doigts de son
amant de glissèrent sur sa nuque et lui maintinrent la tête
immobile. Lorsque les lèvres d'Asami quittèrent enfin
les siennes, il était essoufflé et, surtout, un peu
plus confus. Son cœur battait fort dans sa poitrine.
Il sentit
son pantalon glisser le long de ses cuisses. Ses doigts se crispèrent
sur les épaules d'Asami.
« -
Pourquoi tu dis pas honnêtement que t'a juste envie de baiser
et que le reste t'intéresse pas ? » murmura
le photographe entre ses dents, sans conviction.
L'homme
se redressa soudainement et toisa Akihito, ce qui eut le don de le
rendre un peu plus mal à l'aise.
« -
Tu manques de volonté, en ce moment, » fit-il
remarquer avec un froncement de sourcil. « Tu restes
passif, hésitant à défier quelqu'un, tu as
même évité de répliquer à cette
Akiko. Et lorsque tu le fais, c'est avec une telle… Volonté…
Où est donc cette arrogance irréfléchie qui te
caractérise tant ?
« -
Laisse moi tranquille, je suis fatigué. De toute façon,
je serai mort dans quelques jours. Ca ne sert à rien de faire
comme si tout allait bien. Il va me tuer et il te tuera sûrement
aussi. Il a bien réussi à tuer Feilong. Tu espères
un miracle, peut-être ? »
La
douleur fut cuisante sur la joue d'Akihito lorsque la main
s'abattit. Il resta quelques secondes hébétés
en touchant sa peau irritée puis releva les yeux sur Asami qui
continuait de le fixer avec froideur. Une boule se forma dans sa
gorge et il dévia son regard sur le mur blanc.
« -
Continue ainsi, et il est sûr que je ne chercherai pas à
te sauver encore une fois. »
