Chapitre2 :

C'est autour d'une tasse de thé que le Cancer se lâcha. Depuis le temps qu'il gardait ses craintes et ses colères au fond de lui, cela le rongeait. De plus, depuis quelques temps maintenant, il avait trouvé en Mü, un confident très attentif et qui ne jugeait pas. Angelo pensait même que depuis leur retour sur Terre, il n'était pas le seul à avoir changé. A peu près tous les chevaliers d'or voyaient leur caractère se modifier. Ainsi, Shaka n'était plus aussi imbue de lui-même et avait souvent les yeux ouverts, se relation avec Aiolia lui avait sûrement fait découvrir de nouveau sentiments. En parlant de sentiments, le chevalier du Verseau n'était pas en reste. Depuis qu'il vit son idylle avec le Scorpion, il semble moins froid, cependant il gardait ses sentiments pour le seul homme qui compte dans sa vie. De l'autre côté, les Gémeaux apprenaient à vivre entre frères. L'ancien général de Poséidon était revenu passer quelques mois auprès de son frère…depuis ils ne se sont jamais quittés. Les seuls à n'avoir pas trop changé sont Aldébaran et Aphrodite. Le premier est toujours aussi amical et bon joueur, l'autre, toujours aussi excentrique, à ne s'occuper que de ses roses durant la journée et des apprentis le soir. Il arrive même qu'un Saint d'or s'y soit retrouver et Angelo en avait fait partit.

Finalement, Mü avait bien changé. Il avait comme une double personnalité. Lorsque l'on vient se confier à lui, il reste le sage et posé chevalier du Bélier. Mais lorsque l'on veut faire la fête, il est le premier à répondre présent. L'expérience de la mort les a tous bien changé. Pour ce qui est d'Angelo, c'est plutôt l'amour.

-Allons, ce n'est pas si grave. Fit le Bélier, se voulant réconfortant.

-Ca se voit que tu le connais pas. C'est une vraie tête de mule ! Matin, midi et soir je n'entends que le mot « mariage », ça m'agace.

-Ca prouve qu'il tient à toi. Moi j'aimerais bien que l'on ressente ça à mon égard. Avoua le Bélier en rougissant.

Angelo leva la tête et regarda Mü avec des yeux ronds. Mü avait-il quelqu'un en vu ? C'est ridicule mais, jamais il n'avait pensé que le Bélier pouvait s'intéresser aux autres…question sentiments.

-Me dis pas que toi aussi t'es un fana de mariage ! Demanda le Cancer, se disant qu'il serait temps de partir.

En voyant Angelo se lever, Mü en fit de même, un peu trop brusquement et s'écria.

-Pas de tout ! Si la personne que j'aime ne veut pas d'un mariage, alors mariage il n'y aura !

Le saint de la quatrième maison s'assit de nouveau dans son fauteuil et dévisagea le Bélier. Au bout de quelques minutes de réflexion, il demanda à son compère.

-Mü…Je connais cette personne…pas vrai ?

Le Capricorne faisait les cents pas. D'accord Angelo partait souvent à la fin d'une dispute, mais il revenait assez vite. Un jour Shura l'avait suivit et il s'était retrouvé au bord de la plage. Là le Cancer s'asseyait au bord de l'eau et regarder la mer sans fin. Il pouvait y passer des heures. Et puis ensuite il revenait et les amants s'excusaient mutuellement.

Mais quelque chose clochait aujourd'hui. Cela faisait une bonne partie de l'après-midi qu'il était partit et il n'était pas à la plage. Le Saint du Capricorne ne pouvait s'empêcher d'avoir peur. Même s'il avait changé, Angelo restait fragile psychologiquement. C'est cette fragilité qui avait fait succomber l'Espagnol. Au début Death Mask semblait cynique et volontairement méchant. Mais ce n'était qu'une façade et le véritable Angelo ne demandait qu'à sortir. Shura l'avait vite compris et s'était jeté à l'eau. Depuis ils vivaient et s'aimaient au grand jour.

Il jeta un coup d'œil à la pendule…21h15 ! Il était partit toute l'après-midi et la soirée se terminerait bientôt. Shura attendait sagement à table, le dîner commençait à refroidir. Il s'en voulait. Tout était de sa faute ! Pourquoi lui avait-il parlé de mariage ? Mais ce n'est pas sa faute s'il aime son Angelo, son beau rital. Ce n'est pas sa faute s'il veut que tout le monde sache qu'ils s'aiment. La tête posée sur les bras repliés sur la table, l'Espagnol attendait docilement, cherchant les excuses qu'il pourrait faire à son amant.

La porte s'ouvrit, et le cœur de Shura bondit, il se leva d'une traite et fila à la porte. Il fut soulagé de voir qu'Angelo était sain et sauf. Allant à sa rencontre, il commença à s'excuser.

-Angelo ! Si tu savais comme je…

Mais, tandis qu'il avait les bras ouvert pour que son crabe se jette dans ses bras, ce dernier passa à côté de lui, sans même lui adresser un regard. Que lui arrivait il ? C'était bien la première fois que le Cancer agissait ainsi. Shura avait pu voir de la tristesse dans son regard, pas de la colère, de la tristesse. Etait-il malheureux à cause de leur dispute ?

-J'ai…le dîner est prêt. Fit finalement le Capricorne.

Mais Angelo ne s'en souciait guère. Il s'était contenté de le regarder tristement avant d'entrer dans la chambre. Shura soupira, de toute façon il n'avait pas le cœur à manger. Il se dirigea également vers la chambre, Angelo était assit au bord du lit, la tête entre les mains. Il semblait prit dans une réflexion intense. Doucement, Shura s'approcha du lit et passa ses bras autour de son amant. Ce dernier ne se dégagea pas, caressant même mécaniquement le bras de l'Espagnol.

Shura posa sa tête dans le cou d'Angelo et soupira. Depuis combien de temps n'avaient ils pas eu ce genre de contact ? Trop longtemps. Lorsque l'Espagnol se chargeait d'embrasser la peau brune de son amant, ce dernier se redressa vivement et s'éloigna du lit. Shura remarqua que quelque chose clochait. Angelo était fébrile, le regard fuyant, comme s'il cherchait quelque chose. Et le pauvre Capricorne ne connaissait que trop bien cette attitude : Angelo avait fait quelque chose de mal et il voulait en parler. Exactement comme ce soir là, peu de temps après leur résurrection.

Flash Back

Death Mask vint par une nuit d'orage dans le dixième temple. La porte s'ouvrit dans un grand fracas, offrant à un Shura pas très réveillé une scène digne des pires films d'horreurs. Le Cancer haletait, trempé jusqu'aux os, une main sur la porte. Shura ne pu s'empêcher de se dire que le T-shirt trempé de son ami moulant parfaitement ses muscles le rendaient plus que désirable. Mais très vite il se ressaisit en voyant l'état de son compagnon d'arme, il s'approcha de lui et passant un bras autour des épaules du Cancer, l'invitant a s'assoire dans le salon récemment aménagé. Shura ramena une serviette et une couverture qu'il posa sur les épaules du chevalier, puis il alla dans la cuisine et revint avec deux tasses de café bien chaud. De longues minutes passèrent dans le plus grand silence, seul le bruit du tonnerre donné un semblant de vie.

-J'ai remis ça!

S'écria soudain le Cancer, comme si le dernier grondement venant du ciel l'avait poussé à avouer sa faute. Il baissa de nouveau la tête, trouvant un intérêt soudain au café qu'il faisait tourner dans sa tasse. Shura hocha de la tête, et croisa les jambes, se penchant en avant et murmurant pour ne pas effrayer son ami.

-Qu'est ce qu'il s'est passé ?

Le Cancer soupira, retrouvant un semblant de sa personnalité.

-Un stupide apprenti m'a reproché ma trahison passée…

-Voyons ! Tu sais que nous t'avons tous pardonné.

-Oui ben c'est pas le cas de cet imbécile ! Reprit le Cancer. Il a dit que je ne le trompais pas, que je pouvais baisser le masque et montrer ma vraie nature au grand jour. Qu'il ne se faisait pas d'illusion et que dans peu de temps je recommencerais à tuer !

-Tu l'as ignoré ? Tu sais que c'est ce qu'il faut faire, je te l'ai déjà dit.

Angelo baissa la tête une nouvelle fois, passant une main dans ses cheveux mouillés, il reprit.

-J'ai essayé ! J'ai même voulu partir ! Mais ce crétin s'est cru plus fort que moi et m'a attaqué. Alors, comme il a vu que je ne riposterai pas, il m'a traité de poule mouillée, d'incapable, que je ne méritais pas d'être un chevalier d'or. Il m'a provoqué ! Alors…j'ai craqué…

Shura soupira profondément. C'est vrai tous ses compagnons d'armes lui avaient pardonné, et l'acceptaient à nouveau. Et Death Mask venait souvent se confier au Capricorne. Depuis le début ils étaient assez proches et ne se cachaient plus rien depuis leur retour à la vie. Shura lui avait même conseillé d'ignorer les imbéciles qui ne croyaient pas en lui, et le Saint du Cancer suivait sagement ce conseil.

Mais ce soir là, ce fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase. Il avait attaqué le jeune apprenti, le ruant de coup. Sentir de nouveau cette jouissance en entendant sa victime crier de douleur, le supplier d'arrêter. Oui le véritable Death Mask n'était pas resté aux Enfers, il avait refait surface en même temps qu'Angelo.

Cependant, lorsque le Saint de la quatrième maison vit le regard affolé de sa victime, il la relâcha alors qu'il s'apprêtait à lui donner le coup de grâce. L'Italien se prit le visage entre les mains, tandis que l'apprenti se releva et couru de toutes ses forces. Il le regarda partir, l'orage éclata et le Cancer monta lentement les marches qui menaient jusque son temple.

Mais sans même s'en rendre compte, il avait dépassé la maison du Cancer et se retrouvait devant le neuvième temple. Là, il se dit qu'il avait besoin de parler, la peur que le cruel Death Mask reprenne le dessus le frappa au ventre. Malade, proche de la crise de folie, il grimpa quatre à quatre les dernières marches le conduisant à la maison suivante.

-Mais, ce n'est pas si grave ! Tu as réussi à le retenir. Tu n'as aucune raison de t'inquiéter.

Rassura le Capricorne, un sourire bienveillant sur les lèvres. Le regard inquiet et remplit de tristesse du quatrième gardien, l'incita à se lever et il s'assit sur le bras d'un fauteuil. L'Espagnol prit la tasse de son ami et la reposa sur la table basse du salon. Le pauvre Cancer tremblait de froid, ou peut-être de peur. A vrai dire, à cet instant précis Shura s'en moquait royalement. Sans même savoir pourquoi, il passa un bras autour du cou de l'Italien et le rapprocha de lui.

L'Italien se sentant immédiatement apaisé, posa sa tête contre le torse de son ami et ferma les yeux, sentant chaque battement du cœur qui battait calmement. Quelle drôle de sensation, ces derniers temps dès qu'il avait une crise, ses jambes le menaient vers son ami latino, et une fois en contact tout problème semblait disparaître.

-Shura…je ne sais plus quoi faire…Je n'y arriverais jamais seul…

Se plaignit le Cancer, caressant sans vraiment s'en rendre compte, la jambe de son ami. Ce dernier sentit un frisson lui parcourir l'échine. Cette proximité était vraiment dangereuse. Mais, il ne pouvait pas abandonner son ami, surtout dans cet état.

-Alors laisse moi t'aider…à deux nous serons plus forts.

Shura se maudit intérieurement d'avoir prononcé ces mots tout haut. D'ici peu, Death Mask lui donnerait un bon coup de poing dans l'estomac et partirait à jamais, il ne fallait pas être le Grand Pope pour deviner ce que signifiaient ces quelques paroles. Mais à sa grande surprise, il vit deux yeux brillant se tourner vers lui. Shura sentit ses joues piquer, et tourna vivement de la tête.

-Excuses moi…je déraille…

S'excusa l'Espagnol. Mais bien qu'il soit un peu perturbé, le Cancer n'était pas dupe et il avait bien vu ces magnifiques petites teintes rosées sur les joues du Capricorne. Il leva une main tremblante vers ce visage si troublant, et l'obligea à le regarder. Durant de longues secondes ils se regardaient, ne prononçant aucun mot, l'orage s'était calmé, comme s'il voulait laisser les deux futurs amants en paix.

D'un mouvement lent, leurs visages se rapprochèrent, leurs souffles se mélangeaient, tandis que leurs lèvres se frôlèrent. Death Mask passa une main derrière la nuque de Shura et lentement un baiser naquit. Ce contact fut comme un choc électrique. D'un geste rapide, ils se rapprochèrent encore plus, l'envie de goûter l'autre se fit plus pressant. Shura fut le premier à se laisser aller, passant ses bras autour du cou du jeune Italien. Cette langue si délicieuse s'immisçant dans l'intimité buccale de son ami, n'en voulait que toujours plus.

Bientôt ce fut au tour de l'Espagnol de goûter pour la première fois le Cancer. Et leurs langues se lancèrent dans un ballet frénétique et très sensuel. Shura se laissa glisser du bras du fauteuil et vint s'assoire sur les genoux de son ami sans que leurs lèvres se quittent.

A bout de souffle, ils se séparèrent et se fixèrent longtemps de leur regard fiévreux. Tout allait si vite, trop vite peut être. Mais une douce chaleur envahit le bas du ventre de l'Espagnol. Il ne pouvait tout de même pas profiter de la faiblesse de son ami ! Bien que l'envie ne lui manquait pas. Shura commença à se lever mais deux bras puissants le stoppèrent. Et les yeux de l'Italien l'intriguaient, il pouvait y voir une certaine flamme.

Les doux rayons du soleil vinrent caresser le visage de Death Mask. Quelle nuit il venait de passer. C'était la première fois qu'il tenter l'expérience avec un homme et contre toute attente cela ne se révéler pas aussi brutal que ça. C'était même très plaisant. Shura avait fait preuve de tellement de tendresse. Le Capricorne se révélait par ailleurs être un excellent amant. Le Cancer lui-même s'étonnait de sa façon d'être. Lui qui pensait que le sexe n'était qu'un bas instinct animal que l'homme devait assouvir, il venait de comprendre que c'était avant tout un moyen de faire comprendre à l'autre combien on…l'aime ?

Il ne pouvait tout de même pas être amoureux, d'un homme qui plus est ! En tournant la tête sur le côté, il vit Shura, déjà réveillé, le regarder avec un étrange sourire. L'Italien se rendit alors compte que son « ami » passait une main dans ses cheveux, les caressant et le regardant tendrement. Il se releva, au dépit de Shura.

-Bien dormi ? Demanda ce dernier.

-Pour tout te dire…pas assez. Plaisanta le Cancer.

-Tu sais…Commencèrent les deux. Shura baissa la tête en souriant et fit signe à Death Mask de poursuivre.

-Excuses-moi…Je ne sais pas ce qu'il m'a prit et je m'en veux. Je ne regrette pas la nuit que l'on vient de passer mais…tu es…Un excellent ami et je ne voudrais pas te perdre pour une histoire de cul.

La voix du Saint du Cancer était tremblante, faisant preuve de sentiments. Il ne voulait pas perdre l'amitié du Capricorne. Mais surtout, cette nuit, il avait pensé à vivre quelque chose de bien plus fort qu'une simple amitié. Et Death Mask voulait à tout prix éviter ça. L'amour ne mène à rien, et surtout, le sien n'est jamais partagé. A cause de sa réputation sans doute. Aussi, il avait décidé de mettre ça sur le compte du stress et de la fatigue. Il allait souffrir de ne plus être dans les bras de l'Espagnol. Ho ça oui ! Mais…il vaut mieux briser un cœur pour le laisser se réparer grâce à l'amitié.

Le Saint du Capricorne fut tout d'abord surpris par les propos de son ami. Mais très vite, un sourire se dessina sur les lèvres de l'Andalou. Et, comme s'il avait comprit les craintes du rital, il passa une nouvelle fois sa main dans les cheveux bleus, descendant sur le torse encore nu pour finalement prendre sa main et mêler leurs doigts. Doucement, il porta la main à sa bouche et la baisa.

-Moi je ne suis pas désolé, et je ne m'en veux pas. A vrai dire…cela faisait longtemps que j'attendais ce moment. Tu es un excellent ami. Dis moi franchement…c'était juste une histoire de fesses pour toi ? Parce que pour moi…c'était plus le début d'une histoire d'amour.

-Shu…Shura ?

-Et oui mon pauvre Death Mask…Le gardien de la dixième maison est raide dingue de toi. Te quiero.

-Shura…je ne…enfin…je…tu…

Balbutiait le Cancer, s'étant relevé sur les coudes, ne sachant plus où il en était. Etait-ce une blague ? L'Espagnol l'aimait ? Personne ne l'aime. S'il ne s'aime pas lui-même, comment quelqu'un peut l'aimer ? Il fallait qu'il parte. Death Mask se leva précipitamment, cherchant ses vêtements. Shura lui attrapa fermement le bras et le regarda d'un air suppliant.

-Je t'en pris ! Même si ce n'est pas réciproque, ne me fuis pas. Je ne supporterais pas d'être loin de toi…surtout après cette nuit. Ne m'abandonne pas, je t'en pris. J'ai trop besoin de toi. Si tu ne veux pas être mon amant, reste au moins mon ami.

Les mots de Shura frappèrent le Cancer en plein cœur. Ainsi, le Capricorne était sérieux ? Ou alors il avait un talent d'acteur hors du commun. Non, ce regard, cette tristesse, ce n'était pas de la comédie. Les jambes du Cancer tremblaient, et il n'arrivait pas à lâcher le regard de Shura. Non impossible, Shura se moquait de lui…

-Angelo… Souffla l'Espagnol.

Les yeux d'Angelo s'agrandirent. Depuis combien de temps n'avait il pas entendu ce prénom ? La détresse qui se lisait dans le regard de Shura blessait le Cancer au plus profond de son âme. Ils restèrent un long moment à se regarder, silencieux. Puis d'un même élan leurs corps se retrouvèrent, et leurs lèvres se soudèrent. Le rital pu sentir le cœur de l'Andalou battre aussi fort que le sien battait. Et après un très court instant, il se rendit compte que leurs cœurs ne battaient plus qu'à l'unisson. Angelo se détacha de leur étreinte, et murmura tout bas, le regard fuyant.

-Credo ché…ti amo.

Fin du Flash Back

Shura sentit son cœur se serrer en repensant à ce moment. Angelo était si fragile et avec le temps il s'était renforcé. Du moins il le croyait… Assit au bord du lit, il inspira profondément.

-Angelo…qu'est ce qu'il s'est passé ?

Fin du chapitre 2.