Chapitre 2
Un coup sur la porte réveilla Eryn avant même le lever du soleil. Elle avait passé la nuit entière à tourner dans tous les sens et s'était réveillée toutes les deux ou trois heures, peu habituée à dormir ailleurs que dans son propre lit. Elle était infiniment reconnaissante envers Bilbon et la paire de chaussette qu'il lui avait prêtée car, comme il l'avait prédit, la couette était trop courte pour recouvrir ses pieds et les nuits semblaient être particulièrement fraîches à cette période de l'année.
Malgré son sommeil agité, Eryn se sentait bien plus reposée que la veille et prête à affronter son premier vrai jour en Terre du Milieu. La gentillesse de Bilbon et Gandalf lui avait grandement remonté le moral et elle se disait que même si le reste du groupe n'appréciait guère sa présence, le soutien de ces deux personnes lui était bien plus que suffisant. Avec un peu de chance, et si le magicien avait vu juste, les nains s'habitueraient à sa compagnie et finiraient par l'accepter.
C'est avec cet état d'esprit qu'elle se leva, enfila son bas de pyjama qu'elle avait retiré avant de dormir pour ne pas salir les draps, et se dirigea vers la porte. C'est un petit Hobbit encore à moitié endormi qui l'attendait dans le couloir. Ses boucles brunes étaient désordonnées et il était enveloppé dans une sorte de robe de chambre qui ne laissait dépasser que le bout de ses orteils. Lui aussi venait visiblement tout juste de sortir du lit.
- Bonjour Eryn, j'espère que vous avez bien dormi, salua-t-il avec un sourire fatigué. Pardonnez-moi pour ce réveil à une heure aussi matinale mais j'ai pensé que peut-être vous apprécieriez d'utiliser la salle d'eau pour un brin de toilette avant que les nains ne se réveillent, expliqua-t-il.
- Merci Bilbon. C'est vrai que ce serait une bonne idée, ça m'embêterait d'occuper la salle de bains alors qu'ils attendent leur tour.
- Si je peux être honnête avec vous, je doute que les nains soient particulièrement à cheval sur la propreté. Vu l'état de ma plomberie, il se pourrait bien que ça soit la dernière chose dont ils se préoccupent, reprocha Bilbon avec une grimace.
- Vous avez sans doute raison, rit Eryn alors qu'elle rassemblait les affaires de toilettes et la pile de serviettes que son hôte lui avait laissées la veille. Au moins comme ça, je pourrai prendre mon temps sans risquer de mettre tout le monde en retard, ajouta-t-elle.
Elle avait déjà laissé très mauvaise impression et n'avait pas l'intention d'en rajouter une couche. Elle n'avait aucun mal à imaginer la colère de Thorin s'il devait reporter leur départ à cause d'elle. Peut-être reviendrait-il sur sa décision et finirait-il par la laisser derrière.
Une fois prête, Eryn suivit Bilbon qui la guida jusqu'à la salle d'eau. Elle était particulièrement petite et ne consistait que du strict nécessaire : une baignoire en métal, quelques étagères, un miroir, et une sorte de siège en bois dont l'assise était percée d'un trou, et qui ressemblait à un ancêtre des WC. C'était certes rudimentaire mais étonnamment moderne. La présence de plomberie était une vue accueillit à bras ouverts par Eryn qui, étant donné le cadre médiéval dans lequel l'histoire se déroulait, s'attendait plutôt à une cabane en bois et un trou au fond du jardin.
- Les cabinets sont en état de marche, annonça-t-il fièrement. J'ai réussi à les déboucher sans trop de problèmes avant d'aller me coucher. En revanche, il faudra vous contenter de cette bassine d'eau chaude pour vous laver, je crains qu'on ne manque de temps pour faire chauffer un bain digne de ce nom, ajouta-t-il, confus.
- C'est largement suffisant, assura la jeune femme. Merci beaucoup.
Elle déposa ses affaires sur la tablette accolée à la baignoire. Sur celle-ci se trouvait déjà une paire de pantalons que Bilbon désigna du doigt.
- C'est pour vous, expliqua-t-il. Ils devraient vous aller. Malheureusement, pour ce qui est du haut, la chemise que je vous ai donnée est la seule que j'avais, vous devrez la porter jusqu'à ce qu'on puisse vous trouver des vêtements plus convenables.
Le Hobbit fit un pas en arrière et, les mains sur les hanches, il sourit à Eryn, satisfait.
- Sur ce, je vous laisse profiter de l'eau chaude pour vous revigorer un petit peu. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, je serai dans la cuisine à préparer le petit-déjeuner.
La jeune femme le remercia de nouveau avant de fermer la porte alors qu'il s'éloignait dans le couloir. Qu'avait-elle fait pour mériter un si bon accueil de la part de Bilbon ? Après tout, elle était apparue comme un voleur dans sa cave à vin sans pouvoir expliquer sa présence, et pourtant il ne semblait pas le moins du monde suspicieux à son encontre. Ça aurait presque été trop beau pour être vrai si Eryn n'était pas certaine de l'honnêteté et de la bonté du Hobbit.
Après s'être débarrassée de son legging poussiéreux et ses sous-vêtements et avoir retiré sa chemise, la jeune femme plongea une serviette propre dans la bassine d'eau chaude. Elle en retira l'excédant en la pressant entre ses mains et, doucement, elle entreprit de frotter son corps. Elle utilisa le petit savon qu'elle avait trouvé dans la boîte que Bilbon lui avait laissé. La chaleur de l'eau ainsi que la délicate odeur d'herbes séchées que dégageait le morceau de savon étaient si agréables qu'elle s'assura d'en savourer chaque seconde. Jamais elle n'aurait imaginé apprécier autant une chose si simple, mais les événements de la veille l'avaient épuisée. Un peu de relaxation était la bienvenue.
À l'intérieur de la boîte en bois se trouvaient plusieurs petits pots de crèmes et baumes en tout genre. Eryn, qui en ignorait l'utilisation, les laissa donc de côté. Elle décida plutôt de s'attaquer à ses cheveux. Trop fatiguée, elle n'avait pas pris le temps de les brosser la veille et elle regrettait à présent amèrement ce choix. Ses mèches brunes habituellement plutôt gérables étaient entrelacées en un seul gros nœud qui semblait impossible à démêler. Poussant un long soupir, elle s'empara du peigne et se mit au travail.
Bien que très joliment décoré, le peigne ne semblait pas particulièrement solide et Eryn craignait qu'il ne se casse. Elle dut passer une bonne dizaine de minutes à séparer délicatement les nœuds pour ne pas arracher ses cheveux et ne pas abîmer les dents du peigne. Maintenant qu'elle en était privée, la jeune femme réalisa qu'elle avait réellement sous-estimé l'efficacité des brosses modernes.
Une fois propre et coiffée, Eryn boutonna la chemise de la veille puis enfila le pantalon par-dessus ses sous-vêtements. Comme le haut, il était court mais très large et devait avoir appartenu à quelqu'un de petit mais particulièrement gros. Les chaussettes, quant à elles, étaient légèrement petites pour ses pieds. Elle était étonnée que Bilbon soit en possession d'une paire bien trop petite pour ses grands pieds de Hobbit. Elle était pourtant persuadée que son peuple ne portait ni chaussettes, ni chaussures, mais elle se dit simplement que Bilbon était un hôte remarquable, qui se tenait prêt pour toutes les éventualités.
Lorsque Eryn fit son entrée dans le salon où les nains étaient réunis, coiffée et habillée, elle s'attendait à tout sauf au regard que Dwalin lui lançait. Plutôt que de commenter son apparence plus soignée que la veille ou de se moquer de la coupe ridicule des vêtements qu'elle portait, ses yeux étaient fixés avec dédain sur ses chaussettes. Elle se demandait ce que ses pieds avaient bien pu lui faire pour qu'il ait l'air aussi offensé mais ne parvint à aucune explication logique. Elle n'y prêta pas beaucoup d'attention, qui sait ce qui pouvait bien se passer dans la tête de Grincheux ?
Les nains étaient tous réveillés et vaquaient à leurs occupations, certains préparant leurs sacs, d'autres discutant autour d'une chope de bière (de la bière au petit-déjeuner... ?). Le seul encore enroulé dans sa couverture et qui ne semblait pas être prêt à en sortir était Kili. Son frère, Fili, essayait sans succès de le faire bouger à coups de pincements aux côtes.
Eryn n'avait pas encore eu l'occasion de parler à la compagnie en dehors de Thorin et elle était impatiente de faire la connaissance de ces jeunes nains pleins d'énergie.
Slalomant entre les nains tous rassemblés dans le petit salon, Eryn se rendit dans la cuisine. Bilbon, Bombur et Bofur s'y trouvaient tous les trois et s'affairaient à préparer le petit-déjeuner. Une odeur de saucisses grillées et d'œufs brouillés se dégageait. En temps normal, la jeune femme en aurait eu l'eau à la bouche, mais elle n'avait pas l'habitude de manger le matin et l'idée d'avaler quelque chose d'aussi gras que des saucisses lui donnait la nausée. Mais comme pour bien d'autres choses, elle se rendrait vite compte qu'elle n'aurait d'autre choix que de s'y habituer.
Lorsqu'elle proposa son aide pour la cuisine, elle reçut en retour deux regards hésitants de la part de Bombur et Bofur. Elle comprit vite que n'ayant pas encore gagné leur confiance, elle allait devoir faire preuve de patience avant que son aide soit la bienvenue. Ne souhaitant pas les mettre plus mal à l'aise, elle se résout à les laisser dans leur tâche.
Elle se retrouva dons assis sur un tabouret, dans le salon, un peu à l'écart du reste du groupe. Elle se sentait bête à rester là, sans rien faire, alors que tout le monde s'activait autour d'elle. Thorin semblait du même avis.
- N'avez-vous donc rien à faire ? Vous semblez avoir oublié que nous partons dans moins d'une demi-heure. Vous feriez mieux de vous préparer, comme tout le monde, lança-t-il d'un air réprobateur.
Une fois de plus, Eryn décida de rester patiente et d'éviter le conflit. Inutile de donner au roi nain une raison de plus de désapprouver d'elle, ce serait totalement contre-productif.
- Je suis arrivée ici sans aucune de mes affaires. Si j'avais su que je partais pour une aventure, je serais venue beaucoup mieux préparée, répondit-elle, sans pouvoir masquer l'agacement de sa voix malgré ses efforts.
Les sourcils froncés, Thorin sembla prêt à rétorquer lorsque Gandalf qui venait à peine d'entrer dans la pièce vint une fois de plus à son secours.
- Pas d'inquiétude, ma chère. Bilbon vous trouvera un sac et quelques provisions, de quoi tenir jusqu'à notre arrivée à Bree, où vous pourrez acheter tout ce dont vous aurez besoin pour la suite.
Comme invoqué à l'appel de son prénom, le Hobbit apparu face à la jeune femme et lui tendit une assiette généreusement garnie de saucisses, œufs, purée et tout ce qu'il y avait de plus consistant pour un petit-déjeuner.
- Voilà pour vous, dit-il. Je m'en vais préparer vos affaires pendant que vous mangez.
Bilbon se pencha vers Eryn et lui murmura secrètement à l'oreille.
- Si ce n'est pas suffisant, j'ai laissé de côté un peu de bacon que les nains ne pourront pas dévorer, ajouta-t-il avec un clin d'œil auquel elle répondit d'un sourire.
Alors que Bilbon disparu dans le couloir, la jeune femme baissa ses yeux vers son assiette. Elle était touchée que le Hobbit lui prépare un plat aussi copieux mais jamais elle ne pourrait tout finir sans vomir, c'était certains.
Alors qu'elle poussait la nourriture sans trop d'enthousiasme avec le bout de sa fourchette, choisissant par quoi commencer, une nouvelle remarque acerbe vint du nain qui ne l'avait pas quittée du regard.
- Ça n'est pas à votre goût ? Questionna Thorin, agacé par les manières de la gamine.
Cette fois-ci, Eryn ne put retenir le soupire qui s'échappa de ses lèvres. Passait-il son temps à l'observer, à la recherche de la moindre chose qu'il pourrait critiquer ?
- Non, c'est juste que je n'ai pas l'habitude de manger le matin. Il va me falloir un peu de temps avant que mon estomac s'y fasse.
Sa réponse sembla étonner Thorin qui haussa les sourcils. Peut-être s'attendait-il à ce qu'elle réponde enfin à ses provocations et ainsi avoir une vraie raison de la détester, mais elle ne lui ferait pas ce plaisir. Cependant, c'est avec une honnête curiosité que le nain reprit :
- Manquiez-vous de nourriture pour ne pas pouvoir manger trois repas par jour ? S'étonna-t-il en laissant ses yeux glisser sur le corps de la jeune femme.
Son regard n'était rien de plus que déconcerté alors qu'il assimilait les courbes généreuses du corps d'Eryn mais elle se sentit néanmoins très mal à l'aise. Évidemment, on pouvait bien voir qu'elle était loin d'être sous-alimentée, c'était plutôt le contraire. Mais l'idée de volontairement refuser un petit-déjeuner échappait totalement à Thorin.
Ne sachant que dire et n'ayant aucune envie de se lancer dans une conversation sur ses habitudes alimentaires ou des explications sur son apparence, elle se contenta de hausser les épaules et baissa la tête sur son assiette.
Alors qu'elle en était à la moitié, le silence gênant qui avait suivi leur discussion devenait presque insoutenable. Heureusement, Bilbon choisit ce moment pour revenir, un sac en tissu à la main.
- Je pense avoir mis tout ce dont vous pourriez avoir besoin pour les jours qui suivent. S'il vous manque quelque chose, je crains que vous ne deviez attendre d'arriver à Bree, dit-il en déposant le sac à ses pieds. Oh ! S'écria-t-il en voyant ses chaussettes. J'ai oublié que vous auriez besoin de chaussures. Je n'en ai pas à vous prêter…
C'était pour le moins problématique. Eryn se voyait mal passer les prochains jours dans des chaussettes humides et boueuses. Elle s'apprêtait à le faire remarquer lorsque Thorin prit la parole.
- Qui a une seconde paire de bottes ? Demanda-t-il d'une voix suffisamment forte pour que tous les nains payent attention.
Un silence assourdissant s'en suivit. Visiblement, soit ils ne se baladaient pas avec une deuxième paire de chaussures, soit ils n'avaient aucune envie de lui prêter. Bizarrement, elle optait plutôt pour la seconde option.
Alors qu'elle pensait devoir se résigner à prendre la route dans ces conditions, une petite voix s'éleva de l'autre bout de la pièce.
- J'en ai une, je veux bien lui prêter, dit timidement Ori.
Dori l'attrapa par le coude en lui faisant signe de se taire. Finalement, c'est Nori qui s'avança vers la jeune femme et jeta une paire de bottes usées à ses pieds sans un mot. Il s'était retourné sans un regard, mais elle prit tout de même soin de hocher la tête en remerciement. Leur attitude était légèrement blessante mais au moins elle aurait les pieds au chaud.
La compagnie était rassemblée à l'extérieur de Cul-de-Sac exactement une demi-heure plus tard, comme l'avait décidé Thorin. Ce qu'il n'avait pas prévu c'est que Kili, qui avait traîné sous la couette malgré les coups de pied de son frère, venait à peine de partir avec Fili pour rassembler les poneys. Ils durent attendre trois quarts d'heure avant d'enfin apercevoir les jeunes Durin revenir brides en main. Trois quarts d'heure durant lesquels l'humeur de leur oncle ne cessait de noircir à mesure que les minutes défilaient. Il accueillit ses neveux avec un regard qui leur fit immédiatement baisser la tête, comme pour échapper à sa colère.
Ils ne perdirent pas plus de temps et chacun entreprit de charger son poney avec les sacs de provisions qui consistaient du peu de nourriture que Bilbon avait pu sauver de son garde-manger après le festin des nains.
Alors que Eryn mettait son propre sac sur ses épaules et parcourait la compagnie du regard à la recherche de sa monture, elle remarqua que tous les poneys étaient déjà occupés par leur nain respectif.
- Excusez-moi, dit-elle en s'approchant de Thorin qui réglait la hauteur de ses étriers. Il réagit à son appel par un regard en coin agacé. Il n'y a pas de poney pour moi ?
Il soupira et se tourna vers la jeune femme. Il lui répondit d'une façon détachée, comme si l'explication était on ne peut plus logique et ne nécessitait certainement pas de lui faire perdre son temps.
- Pour que vous essayiez de vous échapper et nous fassiez perdre notre temps à vous rattraper ? Certainement pas, pouffa-t-il en se reconcentrant sur sa tâche. De toute manière, reprit-il, je ne compte pas vous garder avec nous très longtemps. Vous devrez continuer à pied, à moins que l'un de mes compagnons accepte de vous prendre sur leur poney. Mais pour leur bien, ça m'étonnerait, finit-il en regardant la jeune femme de haut en bas comme pour souligner sa taille par rapport à celle des poneys, qui n'était vraiment adapté qu'à la petitesse des nains et Hobbit.
Il ne lui laissa pas le temps de répondre et enfourcha sa monture avant de la faire avancer avec quelques coups de pied dans les flancs. Eryn était bouche bée. Elle comprenait sa méfiance, mais de là à la forcer à faire le chemin à pied pour s'assurer qu'elle ne s'échappe pas ? C'était presque cruel. Au rythme où ils iraient, elle finirait la journée à se traîner au sol de fatigue si elle ne s'était pas évanouie avant.
Alors qu'elle s'apprêtait à rattraper Thorin pour lui faire savoir, une main ridée se posa sur son épaule.
- Ne faites pas attention à lui, Eryn. Il lui faudra du temps avant de baisser sa garde mais ça n'est pas personnel. Mon cheval est bien assez grand pour deux, vous voyagerez avec moi, rassura Gandalf d'une voix douce.
Elle le remercia d'un petit sourire et s'approcha du cheval à la magnifique robe chocolat. Elle lui tapota l'encolure puis s'apprêta à monter en selle.
- Avez-vous besoin d'aide ? Demanda gentiment le magicien.
- Non, ça devrait aller.
Elle atterrit sur le dos du cheval aussi gracieusement qu'elle le pouvait et avança dans la selle pour faire place à Gandalf.
À quelques pas d'elle, Bilbon semblait bien moins à l'aise avec sa monture. Il la scrutait d'un œil dubitatif et n'osait pas s'en approcher à moins de quelques mètres. Eryn ne put s'empêcher de rire lorsque Fili et Kili l'attrapèrent chacun sous un bras et le posèrent sur la selle aussi facilement qu'un sac à patate. Le pauvre Hobbit poussa un petit cri surprit et agrippa les reines pour s'empêcher de tomber. Après quelques secondes durant lesquelles la panique se lisait sur son visage, il finit par relaxer légèrement ses muscles et leva un regard vers Eryn qui était bien plus haute que lui sur son cheval.
- Comment pouvez-vous être aussi détendue sur une créature pareille, aussi loin du sol ! S'écria-t-il, incrédule.
- Je prenais des leçons d'équitation quand j'étais petite, rit la jeune femme. C'est comme le vélo, on oublie jamais vraiment.
- Je ne suis pas sûr de ce qu'est un vélo, mais si c'est aussi haut qu'un poney, je préfère ne jamais avoir à monter dessus ! Répondit le Hobbit en secouant la tête.
Pour lui, une chose était sûre : ses deux grands pieds n'avaient qu'une seule place logique et c'était fermement appuyé sur le sol.
- Eh bien dans tous les cas c'est une chance pour moi, sourit le magicien. Je n'aurai pas à diriger Châtaigne tout le long du trajet si vous êtes prête à prendre la relève.
- Châtaigne ? Ça lui va bien, dit Eryn tout en caressant le cheval qui secoua la tête, content de l'attention que lui portait la jeune femme.
Leur amusement fut interrompu pour une voix grave reconnaissable entre mille qui gronda impatiemment : "En marche !", et ils se mirent en route.
Les premières heures de voyage furent longues et ennuyantes. Bilbon était le seul avec qui Eryn pouvait partager une conversation mais il chevauchait à l'arrière, entre Bofur et Fili. Il semblait s'intégrer bien plus facilement au reste de la compagnie, ce qui n'était pas étonnant étant donné son statut de cambrioleur officiel. C'était bien mieux que d'être pris pour un espion ou un assassin.
Gandalf, quant à lui, n'était pas très bavard. Il semblait souvent plongé dans ses pensées et observait le paysage d'un air absent. Eryn avait tenté de lancer quelques conversations mais elles s'épuisaient vite et elle finit par préférer le silence à ses efforts inutiles.
Vers dix heures du matin, le ventre de la jeune femme se mit à gargouiller. Comme elle s'y attendait, elle n'avait pas pu finir son assiette lors du petit-déjeuner à cause de son manque d'appétit et la nausée que les saucisses grasses n'aidaient pas à soulager. Le magicien dut entendre les grondements de son estomac car sans un mot, il glissa une main dans sa robe et en retira une petite poche en cuir. Il en sortit une poignée de fruits secs et de noix qu'il déposa discrètement dans la paume d'Eryn avec un clin d'œil. Alors qu'elle s'apprêtait à le remercier, il mit un doigt à sa bouche et fit signe de ne rien dire. Elle comprit vite qu'il valait mieux qu'il cache ses sucreries s'il ne voulait pas que les nains les dévorent.
Après ça, Eryn s'habitua peu à peu à la monotonie du voyage. Elle passa son temps à observer les paysages magnifiques qui défilaient lentement sous ses yeux tout en écoutant les conversations des nains. Elle aurait souhaité pouvoir discuter avec Gandalf de sa situation, mais elle avait conscience que ce n'était ni l'endroit, ni le moment. Thorin ne l'avait quasiment pas quittée des yeux depuis leur départ et elle n'avait aucune envie qu'il entende leur conversation. Lorsqu'il chevauchait à l'avant, il lançait régulièrement des regards dans sa direction par-dessus son épaule et lorsqu'il était à l'arrière, elle sentait ses yeux glacés la fixer dans son dos.
Elle n'avait qu'une envie : arriver le plus vite possible à leur point de campement et enfin échapper à l'attention inébranlable du nain, ne serait-ce que quelques secondes. Mais le chemin était encore long, et elle allait devoir prendre son mal en patience.
Un chapitre beaucoup plus court cette fois-ci. J'ai préféré couper à cet endroit car c'était plus logique par rapport à la suite de l'histoire.
J'espère qu'il vous a plu ! N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé en commentaire, je serais ravie de vous lire !
