Disclaimer : avant tout je tiens à remercier MoOonshine pour la correction. Si vous êtes dépressive, déprimée, très sensible aux sujets qui touchent la Mort, avez perdu un proche récemment par maladie, avez des envies de suicide, cette fanfiction vous est déconseillée, car le thème abordé est la mort. Je décline toute responsabilité pour les plus aventureux dans le cas contraire.


Les cierges plus nombreux que d'habitude brûlaient sereinement, noyant les coins sombres de l'église ainsi que les rayons lunaires diffus à travers les grands vitraux colorés aux murs et au plafond de la maison de Dieu. Dans le silence religieux qui régnait dans ce lieu sacré, la silhouette d'un prêtre agenouillé devant l'autel y était présente, priant comme tous les soirs.

Des larmes silencieuses roulées sur les joues du croyant sollicitant ardemment le Seigneur pour que l'épidémie mystérieuse cesse de s'abattre sur le village modeste en ressource désormais à moitié vide de ses habitants, vivant dorénavant au cimetière sous une tonne de terre froide.

Maux inconnus faisant cracher les poumons sans mot.

Des prières intérieures pour que les mourants partent de cette terre sans douleur, des prières pour épargner les plus jeunes, des prières de repentance pour les pécheurs, des prières pour épargner les justes. Des prières ardentes remplies de supplice et de foi, mais aux réponses ô combien muettes restant fidèle à leur silence éternel.

Ses épaules se courbèrent sous la brûlure qui habitait ses poumons le pliant en deux et le faisant toussoter douloureusement au creux de sa main, brisant le silence, l'autre serrant la croix autour de son cou comme pour si accrocher pour ne pas déchoir. Du carmin recouvrait sa main et les commissures de ses lèvres, son corps était faible et douloureux, pourtant le prêtre trouva la force dans sa foi pour se redresser et reprendre ses prières.

L'homme mourant ne désirait pas finir au fond d'un lit, mais mourir en priant pour tous ce en quoi il croyait.

Le silence revint, demeure, les prières intérieures continuèrent en boucle ainsi que ces larmes taciturnes. Dans ce calme de longues minutes devenant des heures, les flammes se mouraient en chemin, s'étouffaient dans leur sillage, et certains cierges encore enflammés faisaient danser des ombres au rythme du vacillement de leur flamme. Les lumières diffuses prenaient place et les ombres regagnaient du terrain, jusqu'à ce que des lumières, il ne reste plus que celles du mortel, évanescentes, étouffées et dissimulées sous son enveloppe charnelle qui se mourait, abandonné dans la chapelle.

Le corps tomba lourdement au sol se tordant misérablement dû à une nouvelle crise de toux douloureuse et étouffante, crachant bien plus de sang que la crise précédente. Il peinait à retrouver son souffle et s'entêtait dans ses prières qu'il murmurait désormais faiblement.

- Donne-leur, Seigneur, le repos éternel et que brille sur eux à tout jamais ta Lumière bienveillante. Qu'ils reposent en paix. Seigneur tout puissant et miséricordieux épargne les enfants et les justes, pardonne aux pécheurs de ton infinie bonté…

Une nouvelle quinte de toux le coupa dans sa prière le plaquant définitivement au sol, il se tenait la gorge comme si quelque chose d'invisible l'étranglait contre le sol de la chapelle, il manquait d'air, se sentait partir.

Face aux vitraux colorés symbolisant chacun une scène religieuse au plafond illuminé par les rayons de l'aube, ses forces le quittèrent sans qu'il ne puisse rien y faire. Les larmes coulaient, cette fois d'incompréhension et de douleur.

-Pourquoi ?... Pourquoi ne sauve-t-il aucun d'entre nous ? Pourquoi lorsque nous prions pour nos blessures elles ne se referment pas ? Pourquoi, quand nous implorons Sa clémence, les malades ne se relèvent pas ? Pourquoi n'est-il jamais venu ? Même au bord de la mort, ni sa silhouette, ni sa présence, je ne ressens auprès de moi.

La Mort continuait à se profiler, cette fin existant avant même le commencement d'une vie, tout ce qu'il a fait et sait se résumait à elle, inévitablement, une fatalité. Il n'y avait que la sensation de la mort toujours présente depuis sa naissance jusqu'à son dernier souffle de vie.

La mort marche auprès de nous à chaque instant, elle est toujours là.

L'homme émit un faible rire amer qui retentit dans le lieu à moins que cela ne soit que dans son esprit, comme s'il venait de comprendre une chose si évidente, une chose qui lui était passée sous le nez durant toutes ces années. Une ombre pourvue d'un pentagramme s'étirait depuis l'autel sur tout le sol de l'église, engloutissant même le corps esseulé.

Un déclic dans l'être et l'âme aux dernières secondes de son existence éphémère.

Il défit ses mains de son cou les laissant tomber mollement près de son corps, lâchant par la même occasion prise contre la force invisible comme s'il s'offrait à elle.

-La mort est notre seul délivrance. La mort est le véritable dieu et bienfaiteur de ce monde. Elle libère de la douleur d'ici-bas, pouvant être douce, brutale, ou douloureuse.

Le blond ne sentait plus de combustion dans ses poumons, il ne ressentait plus de douleur comme s'il était anesthésié de toute part. Les larmes avaient cessé.

- Seul la mort est clémente ne faisant aucune dissemblance entre les formes de vie, elle est humaniste.

Colère, injustice, dégoût, peur, mépris et haine l'avait quitté laissant place à la quiétude et à la paix intérieur apaisant son âme.

-La Mort est mon seul Salut, la Mort est mon véritable dieu remplie de bonté. À elle je jure allégeance et loyauté puisqu'elle est Délivrance et l'unique commencement et fin de toute vie.

C'est le visage serein que l'éclat de vie de l'homme quitta ses yeux ici-bas. La mort est présente depuis la naissance, nous observant en tout temps et c'est avec elle qu'on meurt.

Une compagne fidèle tenant ses promesses.

Au Sud-Ouest de l'Allemagne, dans le Land de Bade-Wurtemberg, sur le massif montagneux Schwarzwald. Un village entier fut ravagé par la pneumonie.