Merci encore aux reviewers, notamment Witchissime et Petite-Licorne-Arc-en-Ciel.

Bonne lecture :)


CHAPITRE 6. Une dure journée

Harry avait l'impression que sa tête était prise dans un étau. Il grommela en repoussant ses couvertures et mit plusieurs minutes à comprendre l'endroit dans lequel il se trouvait. Après quelques battements de cils hasardeux, il réalisa qu'il était allongé sur son canapé, dans son salon plongé dans une semi-obscurité tamisée. Quelques rayons de soleil se faufilaient à travers les rideaux, déposant de petits joyaux dorés sur les murs blancs. Harry frotta ses paupières, mit ses lunettes et se traîna jusqu'à la cuisine. Ses muscles semblaient lestés de plomb et son dos était douloureux, comme s'il avait dormi à même le sol.

A travers la brume qui engluait ses pensées, il constata que Malefoy était déjà réveillé. Assis derrière la petite table de la cuisine, il se débattait avec une pomme et un couteau, et il était difficile de déterminer s'il cherchait à éplucher le fruit ou ses propres doigts.

C'était la première fois qu'il le voyait dès le petit-déjeuner, et Harry n'était pas certain d'apprécier cette entorse à leur routine

-Pas de sort, ni de belette enragée à me mettre dans les pattes, ce matin ? s'enquit Malefoy dès qu'il l'aperçut, en reposant sa pomme massacrée.

Un mince sourire se dessina sur son visage pointu.

-Qu'est-ce qu'il t'arrive, Potter, une baisse de régime ?

-Tais-toi, Malefoy, grommela Harry en lançant la machine à café.

Il sentait qu'il lui faudrait beaucoup de caféine dans les veines pour supporter ses sarcasmes, aujourd'hui. Alors qu'il attendait que sa tasse se remplisse, il remarqua du coin de l'oeil que Malefoy scrutait la machine à café avec une méfiance grandissante.

-Fais pas cette tête, ça ne va pas t'exploser à la figure. T'en veux ? s'enquit Harry, davantage par réflexe que par politesse.

-Non merci.

-Ok.

Une fois le café prêt, Harry s'installa face à Malefoy et sirota quelques gorgées de la boisson. Celle-ci ne parvint pas à réchauffer ses muscles endoloris, ni à dissiper le brouillard qui flottait dans sa tête. Nom d'un troll, qu'est-ce qui n'allait pas chez lui, ce matin ? Il grommela tout bas, puis renifla.

-Tu devrais te moucher, Potter. Personne n'a envie de voir le contenu de tes narines de si bon matin, lança froidement Malefoy.

Harry crispa la mâchoire. Il n'avait pas besoin que Malefoy commente chacun de ses faits et gestes. Il rétorqua sèchement :

-Qu'est-ce que tu fais là, toi ? Tu ne te caches plus dans ta chambre ? D'habitude, je ne te vois pas de si bonne heure.

-C'est à toi qu'il faudrait poser la question.

Harry fronça les sourcils. Devant son incompréhension, Malefoy précisa :

-Je croyais que tu étais déjà parti. Sinon, je ne serai pas sorti de ta… de ma chambre.

-Parti ? Où ça ?

-Au Ministère. C'est là-bas que tu travailles, non ?

Harry pâlit, pris d'un terrible doute.

-Si, mais… que… quelle heure est-il ?

-Dix heures et demi.

Dix heures et demi ! Il aurait dû être au Ministère depuis deux heure ! Paniqué, Harry se redressa d'un bond, non sans renverser la moitié de sa tasse sur son t-shirt. S'étant levé trop précipitamment, il fut pris de vertiges et dut s'accrocher au dossier de son siège pour que ses jambes ne se dérobent pas sous son poids. Le sol était étrangement mou sous ses semelles, et des points noirs dansaient devant ses prunelles écarquillées.

-… Potter ? Hé ho, Potter, tu ne vas pas t'évanouir ?

Harry inspira et expira profondément pour dissiper son malaise. Une poignée de secondes s'égrena au rythme de son souffle erratique, avant que les afflux de sang cessent d'exploser sous son crâne. Une baisse de tension… ce n'était probablement qu'une baisse de tension. Pas de quoi fouetter un hippogriffe.

Il réalisa alors qu'il était couvert de café.

-Mince… Dégage de mon chemin, Malefoy, il faut que j'aille me changer.


Dès qu'il fut habillé, Harry se précipita vers la porte d'entrée, espérant que personne ne remarquerait son retard au Ministère. Au moment où ses doigts entrèrent en contact avec la poignée, une vague de froid le submergea. Il avait l'impression qu'un Détraqueur était posté de l'autre côté du panneau de bois, tout en ayant conscience que cette hypothèse était hautement improbable. Qu'est-ce qu'un Détraqueur viendrait faire derrière sa porte ? Distribuer le courrier ?

-Potter, je n'ai pas envie de jouer à la baby-sitter, mais tu es sûr que c'est une bonne idée de sortir ?

Harry sursauta violemment. Un regard par-dessus son épaule lui permit de constater que Malefoy était juste derrière lui, le regard sombre sous le V sévère de ses sourcils blonds.

-Quoi ? Tu me suis, maintenant ? grommela Harry, sans lâcher la poignée de la porte.

-Dans tes rêves.

-Alors qu'est-ce que tu fais là ?

Malefoy parut sur le point de lui répondre quelque chose de cinglant, puis il haussa les épaules et son visage reprit son habituel masque d'indifférence.

-Rien. Fais ce que tu veux.

Et le jeune homme s'éloigna nonchalamment, les mains enfoncées dans les poches de son jean (il était toujours troublant de le voir vêtu de façon Moldue ; Harry avait parfois l'impression qu'un imposteur vivait sous son toit).

-Pourquoi ce serait une mauvaise idée que je sorte ? demanda Harry dans son dos, avant d'avoir pu s'en empêcher.

Malefoy s'arrêta. Il ne se retournas pas, mais Harry devina qu'une expression hautement ennuyée venait de se répandre sur ses traits.

-Qu'est-ce que mon avis peut te faire ?

-… Rien, je suppose.

-Bien.

-Ok.

La poignée tourna sous ses doigts, non sans pousser un gémissement strident. Il posa un pied sur le paillasson, dont les lettres à moitié effacées souhaitaient gaiement la BIVNUE aux visiteurs.

-Je me demandais seulement pourquoi tu passais par la porte, au lieu de transplaner, dit soudainement Malefoy avant qu'il n'ait eut le temps de la refermer.

-Euh… bredouilla Harry, pris au dépourvu.

C'était une excellente question. Dans sa crainte d'arriver en retard, il n'avait même pas songé à transplaner. Quelque chose ne tournait définitivement pas rond chez lui.

-Je… euh… au revoir, Malefoy.

Et il sortit de l'appartement, sous le regard sceptique de son colocataire.


La journée fut particulièrement harassante. Harry se sentait en décalage avec les autres élèves Aurors. Il avait l'impression d'être dans un aquarium, et que sa tête allait exploser d'une minute à l'autre. Personne n'osa faire de remarque sur son retard ou sur l'allure épouvantable qu'il devait avoir, mais Harry sentait leurs regards désapprobateurs ricocher contre sa nuque entre deux reniflements ou deux quintes de toux. Il fut soulagé que personne n'ose l'aborder. Il n'avait pas envie de se justifier.

Au moins, il n'avait pas perdu son habileté à jeter des sortilèges de défense.

-Expelliarmus! lança-t-il contre son adversaire du jour, une élève Auror aux cheveux blonds et bouclés qui lui rappelait Rita Skeeter.

Non seulement sa baguette lui échappa des mains, mais elle fut également propulsée en arrière et heurta de plein fouet le mur de la salle d'entraînement. Elle se releva en jurant, les cheveux en bataille, et lui décocha un regard assassin.

-Est-ce que tu sais faire la différence entre désarmer quelqu'un et lui briser les os ? siffla-t-elle furieusement, tout en massant son avant-bras.

Des ecchymoses avaient commencé à éclore sur sa peau, l'éclaboussent de curieuses fleurs pourpres. Harry sentit un mélange de honte et de colère bouillonner dans ses veines. Il aurait voulu s'excuser, mais en fut incapable.

-Je… euh… fut tout ce qu'il parvint à bredouiller.

Elle s'éloigna à grands pas, tout en remettant de l'ordre dans ses boucles. Les étudiants qui avaient assisté à la scène reculèrent lorsque Harry se retourna vers eux, comme s'il s'était soudainement métamorphosé en dragon. Il essaya de leur parler, mas ne se heurta qu'à des visages hostiles ou effrayés.

-Tu devrais peut-être faire une pause, suggéra timidement l'un d'eux. Tu as l'air à bout, Harry. Tu vas bien ?

Il haussa les épaules.

La fin de la journée n'améliora pas son humeur. Il était épuisé, il avait mal partout, sa tête avait le poids et la consistance d'une pastèque, son nez n'allait pas tarder à se liquéfier, et il n'avait aucune envie d'affronter Malefoy à son retour dans leur appartement. Il espérait vaguement qu'il se soit noyé en essayant de prendre une douche.

Lorsqu'il transplana dans le salon, il eut la désagréable surprise de le retrouver en pleine forme, assis sur le canapé, fasciné par quelque chose qui se révéla être la télévision.

-Tu as fini par la faire fonctionner sans la faire exploser ? Félicitations, grogna Harry en s'engouffrant dans la cuisine à la recherche de sa trousse de potions curatives.

Malefoy ne lui répondit pas. Harry en fut vexé, mais ne dit rien. Avant tout, il avait besoin d'ingurgiter une potion contre la migraine.

Il fouilla dans sa trousse et constata, non sans horreur, que toutes ses fioles étaient vides. Il avait complètement oublié de racheter de nouvelles potions curatives. Cela n'était pas étonnant ; c'était Ginny qui gérait les stocks lorsqu'ils vivaient encore ensemble, et il avait pris la fâcheuse habitude de se reposer uniquement sur elle. Elle s'occupait scrupuleusement de la gestion de la maison, et lorsqu'il l'en remerciait, elle lui rétorquait, agacée, qu'elle se demandait si elle était sa petite amie ou sa mère. « Je ne sais pas, je n'en ai jamais eu» répondait-il sèchement, ce qui avait le mérite de clore immédiatement la conversation.

De l'autre côté du mur, la télévision faisait un vacarme abominable. Malefoy n'avait visiblement pas encore appris à régler le son. Harry entendait des cris et des coups de feu, agrémentés des commentaires acerbes de son colocataire, tels que « Quelle chiffe-molle, ce Moldu », « Il aurait pu viser les genoux » ou encore « Mais fais-la taire, bon sang ! » Les voix devenaient de plus en plus fortes, lui vrillant les tympans. Sa migraine s'intensifia, ses yeux irradiaient de douleur, ses jambes lui faisait mal… BOUM BOUM BOUM, de nouveaux coups de feu étaient assénés… de nouveaux cris… le bruit d'une explosion… mais qu'est-ce que Malefoy pouvait bien regarder ? Il n'allait pas supporter ce boucan encore très longtemps…

-C'est pas BIENTÔT FINI OUI ?!

Il lui fallut plusieurs minutes pour réaliser qu'il venait de hurler. Il y eut de nouveaux coups de feu, puis le silence. Malefoy avait éteint la télévision.

Harry se laissa tomber sur un siège et enveloppa son visage brûlant entre ses mains. Il voulait seulement que la douleur cesse et que ses pensées arrêtent tourner en rond dans son crâne, tels des vautours à l'affût d'un sentiment positif à dévorer. Il tenta de se redresser, de mettre la main sur une bouteille de whisky pur feu qui l'aurait réchauffé, mais quelqu'un l'en empêcha et le repoussa doucement sur son siège. Harry grogna.

-Malefoy, lâche-moi.

-Non, toi, lâche-moi.

-Hein ?

Harry réalisa qu'il était cramponné aux poignets de Malefoy. Il avait dut s'y raccrocher par réflexe lorsque le jeune homme l'avait repoussé sur son siège. Il le relâcha lentement.

-Je… euh… bredouilla-t-il, soudainement embarrassé. Je…

Malefoy se pencha vers lui. Ses yeux étaient froids et pénétrants. Harry frissonna.

-Je ne vais te le demander qu'une seule fois, Potter, alors réponds-moi sincèrement, lâcha-t-il à voix basse. Est-ce que tu te sens bien ?

-Je… euh… balbutia Harry. J'ai simplement eu une dure journée.

Malefoy le fixait avec incrédulité.

-Une dure journée, répéta-t-il.

-Oui, et euh… Je vais… euh… prendre une douche.

Harry se redressa une nouvelle fois. Il s'éloigna de Malefoy en titubant légèrement. L'ancien Serpentard ne chercha pas à le retenir.

Malheureusement, la douche ne l'aida pas à se sentir mieux. Harry en sortit plus épuisé et frigorifié que jamais. Il se lova sur le canapé et entoura son propre corps de ses bras pour l'empêcher de trembler. Sa respiration devenait fébrile, entrecoupée d'une violente toux. Il ne savait pas où était Malefoy. Pourquoi voudrait-il le savoir, d'abord ? Il n'avait pas besoin de Malefoy ! Il n'avait besoin de personne. Il allait très bien. Absolu - quinte de toux - ment - raclage de gorge - très bien.

Il sombra peu à peu dans un demi-sommeil agité, le visage niché contre l'accoudoir du canapé. Il entendait des voix tisser une conversation diffuse tout autour de lui. Il y avait des bruissements, un froufrou soyeux, la sensation d'une main fraîche contre son front brûlant.

-Ginny ? demanda-t-il d'une voix faible.

Il battit des cils. Il y avait une forme tout près de lui. Ginny… ce devait être Ginny. Mais peut-être s'agissait-il de quelqu'un d'autre ? Un Mangemort, qui avait attendu un moment de faiblesse pour l'attaquer ? Cette pensée lui glaça le sang et il voulut s'emparer de sa baguette, mais sa poche était vide. Quelqu'un lui avait volé sa baguette ! La panique le fit se redresser d'un bond, et le monde bascula sens dessus dessous. Il ne savait plus où étaient le sol et le plafond. Il savait seulement que sa joue était écrasée contre une surface lisse et froide.

Il sentit confusément qu'on le trainait quelque part, puis qu'on le forçait à s'allonger sur une étendue douce, dont le parfum lui était familier. Il entrouvrit les yeux et reconnut le lit dans lequel il refusait de dormir. Le lit qu'il avait laissé à Drago Malefoy.

Drago ! Où était-il ? Était-il parti ? Savait-il où était sa baguette ? Sa baguette… il avait besoin de sa baguette. Harry remua et sentit une main se poser sur son épaule.

-Malefoy, c'est toi ? demanda-t-il.

Il détesta immédiatement l'élan de désespoir qu'il sentait vibrer dans sa voix.

-Qui veux-tu que ce soit ? répondit la voix de son ennemi, quelque part au-dessus de lui, et une vague de soulagement déferla dans ses veines.

-Drago, Drago ! Quelqu'un m'a volé ma baguette. Il me faut ma baguette.

-Personne ne t'a rien volé, Potter. Calme-toi.

-Mais ma baguette…

-Elle est en lieu sûr. Nom d'un troll, tu transpires comme un vieux phacochère, c'est répugnant…

Il entendit un bruit de pas qui s'éloignait. Harry voulut se redresser, mais les draps l'entravaient, se collaient à sa peau, ne le laissaient pas sortir. Il était prisonnier ! Le lit refusait de le libérer ! Il jura et se débattit de plus belle, sans réaliser qu'il ne faisait que resserrer l'emprise du tissu autour de son corps.

-Lâchez-moi, lâchez-moi ! glapit-il. Lâchez-moi…

-Arrête de te tortiller comme ça, tu es ridicule.

Harry sursauta. Il n'avait pas entendu Malefoy revenir. Il sentit une paume de main contre son front, bientôt remplacée par quelque chose de rugueux et d'humide. C'était agréable, et il laissa la chose ramper sur son visage, puis essuyer doucement son cou. Il ne savait pas ce que c'était, mais ça faisait du bien. Il remua légèrement.

-Ça chatouille…

-Ne bouge pas.

Harry se laissa faire. Néanmoins, il fronça les sourcils en sentant des doigts se faufiler délicatement sous sa chemise, folâtrant avec sa peau brûlante.

-Q-qu'est-ce que t-tu fais ? Drago ?

-Rien qui ne me fasse plaisir, rassure-toi. Arrête de remuer dans tous les sens, ça ne fera que rendre les choses plus compliquées.

Les mains déboutonnèrent sa chemise, puis la chose rugueuse et humide frictionna doucement son torse, le débarrassant de la fine couche de sueur qui le recouvrait. Un sourire fleurit sur ses lèvres. C'était si frais…

-T-tu es doué, Drago…. marmonna-t-il, tout en ayant vaguement conscience qu'il commençait à délirer.

-C'est ça, répondit Malefoy.

-Où as-tu appris à faire ça ?

-J'ai suivi des cours de soin aux créatures magiques, moi aussi, fut la seule réponse qu'il obtint.

Puis la chose disparut et les draps le recouvrirent à nouveau, le plaquant contre le matelas. Harry fronça les sourcils. Il n'aimait pas leur contact, il avait l'impression d'être enroulé dans un linceul, et qu'on s'apprêtait à l'enfermer dans un cercueil. R.I.P Harry Potter, Héros du Monde Sorcier, écrirait-on sur sa tombe...

Un terrible doute l'assaillit brusquement et il ouvrit grand les yeux. Tout était flou autour de lui, et il lui fallut un certain pour comprendre qu'on lui avait retiré ses lunettes. Penché au-dessus de lui, Drago l'observait d'un air concentré, le front barré d'un pli, les mèches légèrement en désordre autour de son visage pâle. Son expression n'avait rien de rassurant.

-Est-ce que je vais mourir ? demanda Harry dans un souffle.

Drago haussa les sourcils si haut qu'ils disparurent presque sous ses cheveux.

-Bien sûr que non. Tu as juste un peu de fièvre, tu n'es pas à l'agonie.

-Oh… d'accord.

Cela avait du sens. Harry ferma de nouveau les yeux. Avant de les rouvrir.

-Alors pourquoi tu fais tout ça ?

-Tout ça quoi ?

-Pourquoi tu t'occupes de moi ? Tu viens de le dire, je ne vais pas mourir.

Un drôle de rictus se dessina sur le visage de Drago, comme s'il venait de mordre à pleines dents dans un citron. Un bref instant, Harry crut qu'il allait tourner les talons et le laisser là, mais il répondit finalement, d'un ton las :

-Si je ne t'aidais pas, Granger ne me le pardonnerait pas, et j'ai besoin d'elle.

-Vraiment ?

Drago ne jugea pas utile de lui répondre. Harry plissa les yeux.

-Ginny avait peut-être raison. Peut-être que tu es gentil… parfois.

-Je te l'ai dit, je ne fais pas ça pour toi.

Harry soupira.

-Pourquoi tu ne peux pas me répondre normalement, juste une fois ?

-Que veux-tu que je te dise ? Que la santé de l'Élu m'importe autant que le prochain championnat de Quidditch ? Même Londubat n'y croirait pas.

-C'est exactement ça que je veux dire. Il faut toujours que tu me répondes avec des piques ou que tu te moques de moi… pourquoi ?

Drago cilla, puis fronça les sourcils.

-Tu n'es pas un cadeau non plus, Potter. C'est impossible d'échanger trois mots avec toi sans que tu ne te mettes à crier ou à vouloir me jeter un sort. J'ai l'impression de vivre avec un scroutt à pétard.

-Et moi, j'ai l'impression de vivre avec un vampire.

-Un conseil, Potter : tu devrais éviter de traiter la personne occupée à te soigner de « vampire ».

Harry émit une sorte de rire étranglé. Il crut voir un pâle sourire traverser le visage de Malefoy, mais il fut rapidement remplacé par une moue ennuyée. L'ancien Serpentard croisa les bras.

-Sans magie, je ne peux plus rien pour toi pour l'instant. Je reviendrai dans quelques heures pour vérifier que tu n'es pas mort d'une méningite foudroyante. Ce serait tellement… hum… dommage.

-Euh… merci ?

Drago haussa les épaules.

Les deux sorciers échangèrent un dernier regard, puis l'ancien Serpentard disparut.

Harry se perdit dans la contemplation du plafond. Il était épuisé, mais il ne voulait pas s'endormir. Il se sentait fébrile, sans savoir pourquoi. La fièvre… Ce devait être la fièvre. Ses paupières étaient lourdes, des perles de sueur roulaient sur ses tempes, et l'image de Drago penché sur lui était gravée sur ses rétines. Drago… Pourquoi l'aidait-il ? Que pouvait-il y gagner ? Où était sa baguette ? Et Ginny ? Ses pensées se firent de plus en plus confuses, et il finit par sombrer.