épilogue
Tooru avait la musique à fond. Perdu dans ses pensées, il rangeait son bureau. Depuis tout cela, il n'avait plus jamais chanté. De nombreuse fois, il en avait eu l'occasion mais il ne pouvait s'y résoudre. Pour lui, chanter signifiait reconnaître que Mei était réellement morte. Il retrouva les affaires de cette époque et ne put s'empêcher de rouvrir son vieux carnet de note. Il aperçut alors, en dessous des derniers mot de son amie, et de ceux qu'il avait rajoutés, une autre écriture, énervée mais magnifique. Reconnaissant l'écriture de celui qui l'avait soutenu pendant tous ce temps, il se sentit comme coupable et se mit à pleurer doucement. Sur ses lèvres se formèrent les mots qu'il connaissait par cœur. Involontairement, l'air sur lequel il les murmura était une ancienne berceuse que Shin lui avait murmuré, il y avait longtemps de ça. Il commença par les paroles de Mei. Sa voix pure et posée s'élevait sans peine.
Faut-il une
raison, même au sang qui coule d'une plaie au coeur ? oui ?
Les
Hommes se soulagent-t-ils en blessant ?
Pourquoi détournes-tu
les yeux ?
Au fond de ton coeur tu te fourvois avec des choses que
tu ignores...non ?
Nous comprendrons-nous un jour ? est-ce toi qui
ne le veux pas ?
Alors qu'il se rappelait leur première rencontre le vœux de la jeune fille lui revint à l'esprit. Et il enchaîna d'une voix pleine de sentiment sur ses propres paroles, qu'il avait écrite avant de s'ouvrir les veines à son tour.
C'est ici, le
jardin des suicides...Tu t'y plais ?
Ici, dans ce jardin, tous nos
rêves se réaliseront-ils ?
N'as tu pas, sous tes
yeux, de raison de vivre ?
Il songea alors qu'il avait été bête de tenter de se suicider, lui qui avait promis de veiller sur Shin, de vivre pour son amie. Il lut alors les mots de Shin, d'une voix qui se perdait à présent dans ses larmes.
Sous vos yeux, ce jardin, une boîte profonde pleine du tourbillon de vos mensonges.
Il reprit la chanson du début. À présent, il refusait de s'arrêter. Assis par terre, il chantait pour elle. Il ne comprenait pas comment il avait pu perdre autant de temps à ne pas chanter. Puis, se remémorant une nouvelle fois la demande de son amie, il murmura.
- Pour toi, Hime. Je chante pour toi, mais veille sur nous, sur Shin et moi. Je ferais connaître ta chanson. Je te le promets.
