Rappel : IL désigne le wraith.

Seconde partie

IL planifiait son évasion depuis qu'il était arrivé. Pour ça, il avait bien sûr fallu qu'il observe ceux qui l'avaient capturé. Ces … animaux. IL se nourrirait de leur force avec délectation, mais pour le moment …

L'attente était une des forces de son peuple. Les wraith était capable d'attendre pendant des siècles, des millénaires. Le temps n'avait pas de prise sur eux. Ces humains ne seraient plus qu'un souvenir que lui et ses frères seraient toujours là.

Attendre et observer.

La clef de la survie.

Et celle de sa prison.

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Son affrontement avec l'Atlante l'avait ébranlé.

Bien sûr, il y avait tout d'abord le fait qu'IL se sentait un peu affaibli. Un peu. Il faut dire qu'IL ne s'était pas nourri depuis un moment. L'Atlante n'avait pas voulu le supprimer, juste le punir, mais IL avait mis du temps à se remettre.

Mais ce qui l'avait le plus choqué c'était ce qu'IL avait senti entre les deux humains, l'atlante et l'autre, le semi-atlante. Habituellement, lorsqu'IL jouait avec sa nourriture celle-ci ne dégageait que de la terreur, une terreur enivrante. Mais là, c'est lui qui avait été terrorisé.

IL voulait comprendre. Il le fallait : si ces humains avaient trouvé un moyen de détruire les wraith c'était son devoir d'en apprendre plus et de prévenir les siens. Sa Reine le récompenserait certainement avec un commandement. Et IL aurait peut-être le droit de consommer ces deux là, le semi-atlante et son Protecteur, lorsqu'ils viendraient le chercher.

Oui, ça lui plairait de jouer avec eux un peu.

IL détourna la tête vers la porte. Trois gardes supplémentaires venaient d'entrer. IL sourit. Ils étaient accompagnés du semi-atlante. Il tenait contre sa poitrine divers instruments et il portait une petite mallette à la main. Ses yeux de l'humain se fixèrent immédiatement sur lui, il baissa rapidement les yeux puis se dirigea vers un des panneaux de la salle. Le même que la dernière fois.

IL se demanda où était son Protecteur.

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Un peu plus tôt …

Rodney travaillait depuis bientôt plus de 15 heures sur ce projet. Ils avaient découvert une nouvelle salle dans une des ailes est de la Cité. C'était extraordinaire : depuis qu'ils étaient arrivés, il ne se passait guère de semaine sans que soit découvert une nouvelle salle ou une nouvelle technologie ! La Cité des Anciens était comme une vaste caverne d'Ali Baba. Et Rodney s'enorgueillissait de pouvoir dire que c'était lui qui était le Sésame de cette caverne.

Cela avait bien entendu quelques contreparties fâcheuses. Etant le seul à comprendre de quoi il retournait, il était aussi celui qui passait ses jours et – il regarda sa montre – ses nuits ! en recherches longues et hasardeuses.

Mais, il ne s'en plaignait pas vraiment. D'abord, parce que c'était ce dont il avait toujours rêvé et ce depuis qu'il avait mis les pieds pour la première fois à Cheyenne Mountain et ensuite … Il soupira, se passa la main dans les cheveux et jeta un coup d'œil à travers l'immense baie vitrée qui se trouvait dans le labo. Ensuite, ça lui évitait de trop penser à autre chose.

De trop penser au Major.

Rodney repoussa son ordinateur portable et se leva. Les bras croisés contre sa poitrine, il laissa son regard se perdre sur la Cité en dessous de lui. Seule une partie de celle-ci était illuminée. Ils n'avaient pas assez de pouvoir et n'éclairaient que les parties habitées. Mais le spectacle était quand même grandiose, surtout lorsque les deux lunes étaient pleines, comme ce soir.

C'était une vision si romantique.

Rodney se demandait si le Major Sheppard en profitait lui aussi avec sa conquête du moment.

Rodney poussa un petit ricanement. Jaloux. Il était jaloux. Il ne manquait plus que ça pour que sa vie soit parfaite, vraiment.

Depuis l'incident avec Steve, Sheppard ne lui adressait plus la parole. C'était comme s'il était devenu invisible aux yeux du militaire. Rodney se passa inconsciemment la main sur la poitrine en repensant à ce qui s'était passé dans la cellule. La douleur avait été intense, mais pas autant que l'idée de devoir échanger sa place avec le Major. C'était ridicule, non ? Ils étaient amis, juste amis, c'était ce dont Rodney avait essayé de se persuader. En vain : ce qui s'était passé avec le wraith était le signe qu'il se trompait.

Il était tout simplement amoureux.

Amoureux. D'un homme. Mieux, d'un militaire. Américain de surcroît. Le Chef militaire d'Atlantis pour être encore plus précis. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliquer, hein ? Voire impossible. Parce que c'était une histoire d'amour impossible.

Rodney laissa échapper un rire. Une histoire d'amour impossible. A croire qu'il se trouvait dans un mauvais film de série B ou dans une de ses nouvelles à l'eau de rose dont Teyla était – contre toute attente ! – si friande.

Rodney posa sa main contre la baie vitrée.

Non, ça ne ressemblait pas à ça. Dans ce genre d'histoire, c'est un évènement extérieur qui vient contrarier le déroulement du parfait amour. Dans son cas, c'était celui qu'il aimait qui posait souci. Il était plutôt dans une histoire moins romantique mais tout aussi banale : il aimait, mais n'était pas aimé en retour.

Sheppard avait été on ne peut plus clair ce jour là, à l'infirmerie. Rodney n'avait pas encore été relâché par Carson et le Major lui avait fait comprendre qu'il n'avait pas intérêt à refaire quelque chose comme ça, ou sinon, il ne ferait plus partie de son équipe. Rodney se rappelait surtout du ton qu'il avait employé : froid et distant.

Depuis, le Major ne lui adressait plus la parole sauf lors des briefings ou des réunions avec Elisabeth. En dehors, Sheppard l'évitait tout simplement. Il faisait des détours dans les couloirs et s'arrangeait pour manger avec ses subordonnés. Et en mission c'était pire … d'ailleurs, Rodney avait trouvé de bonnes excuses pour ne pas participer aux deux dernières. C'était trop dur. Trop dur d'être à nouveau ignoré.

Ca lui manquait. John Sheppard lui manquait. Ce n'était pas ce qu'il n'aurait jamais qu'il regrettait, mais ce qu'il avait eu : un ami.

Rodney essuya les larmes qui coulaient sur ses joues. Il était fatigué, et lorsqu'il était fatigué il devenait ridiculement émotif. Il fallait juste qu'il dorme un peu. Et qu'il apprenne à se blinder.

Encore.

C'était de sa faute, il aurait du le savoir, faire plus attention. Ce n'était pas la première fois que quelque chose comme ça lui arrivait. Qu'il souffrait pour avoir laissé quelqu'un devenir proche de lui. Il aurait du reconnaître les signes. Il avait été négligent et avait laissé le Major devenir important pour lui. Il n'aurait pas pensé tomber amoureux mais c'était aussi un de ses problèmes : il tombait un peu trop facilement amoureux de ceux sui le traitaient gentiment. Un génie avec l'affectif d'un adolescent, voilà ce qu'il était.

Mais cela ne se reproduirait plus.

Sa radio se mit soudain en route le faisant sursauter.

/Docteur McKay, ici le Sergent Trévor, nous avons besoin de vous au niveau 6./

Le niveau 6. Steve. C'était le niveau où se trouvait enfermé le wraith. Le reste de ce niveau était inhabité pour plus de sûreté.

Rodney soupira.

« Et quel est le problème Sergent ? »

/Nous avons enregistré des fluctuations dans le champ protecteur autour de la cage, cette fois, elles sont plus fréquentes que la dernière fois./

Rodney fronça les sourcils.

« Des fluctuations ? Impossible. Zelenka a testé ce champ. Il fonctionne parfaitement. »

Il y eu un soupir d'agacement puis la voix du Sergent repris.

/Désolé Docteur, mais de là où je suis, ces fluctuations sont très réelles et je ne veux prendre aucun risque avec cette chose./

Rodney hésitait. Il n'était pas retourné en bas depuis ce qui s'était passé. Heigthmeyer avait recommandé qu'un autre scientifique s'en occupe tant qu'il n'aurait pas récupéré émotionnellement de ce qui s'était passé. C'était bien la première fois qu'il était d'accord avec la psychiatre. Pour rien au monde, il ne serait redescendu dans cet endroit. Il faisait encore des cauchemars. Rodney avait chargé Zelenka de s'en occuper. Il avait confiance en lui.

Ses mains tremblaient. Il allait appeler Zelenka lorsqu'il se rappela que celui-ci avait travaillé avec lui une bonne partie de la journée. Quasiment non stop. Il l'avait presque chassé du labo pour qu'il aille se reposer. Devait-il le réveiller ? Oui, bien sûr, après tout c'était une des contraintes de la vie sur Atlantis : les urgences pouvaient arriver à toute heure et il fallait bien y faire face. Pas d'horaire de fonctionnaire ici ! (3)

« Bien, je vous envoie le Docteur Zelenka.»

/Docteur, le Major Sheppard m'a dit que c'était vous qui …/

« Sheppard ? C'est … c'est lui qui vous dit de m'appeler ? »

Rodney n'en revenait pas. Le Major devait savoir que Kate avait décidé qu'il valait mieux qu'il se décharge sur un autre scientifique, il devait savoir que c'était Zelenka qui s'en chargeait et pourtant il insistait pour qu'il le fasse, après ce qui s'était passé.

Cette fois, si Rodney avait encore eu des doutes, c'était certain. John Sheppard ne l'aimait pas. Qui enverrait quelqu'un ayant été la victime d'un wraith visiter une nouvelle fois celui-ci ?

Un frisson glacial le parcouru. Cette fois, le message était on ne peut plus clair. Sheppard lui faisait comprendre qu'il se fichait de ce qui lui arrivait, ou de ce qui pouvait lui arriver. Il était là pour faire un job et c'est tout.

Il poussa un dernier soupir. Un soupir de résignation.

« Bien Sergent j'arrive. »

/Sergent Trévor, terminé./

Rodney jeta un dernier regard à la Cité.

Brusquement, il n'était plus si sûr que ça de vouloir rester. Non, en fait, il n'était pas sûr de pouvoir rester.

Il prit son ordinateur et son matériel pour rejoindre le niveau 6.

A suivre …

(3) C'est Rodney qui parle, pas moi ! Je travaille avec des fonctionnaires, et croyez moi, ils bossent aussi et pour des salaires souvent minables.