L'auteur s'inspire de ce qu'il voit, de ce qui l'entoure et de ce qu'il vit. De ce qui le touche et trouve un écho en lui. (Citation de... heu... bah moi-même donc, parce que pourquoi je ne pourrais pas me citer, hein? Osef que je sois pas connue!)
Ahein... Ca marche aussi avec les séries?
XD
Bref! Revenons sur terre... Pour ceux qui l'auraient vu et s'en rendront donc compte à la lecture, cette mini fic s'inspire de la série Dix pour cent que j'ai découverte il y a peu. Oui, mieux vaut tard que jamais n'est-ce pas. Mais bref, ça m'a donné quelques idées dont voici le résultat!
Il y aura normalement 5 chapitres à cette fic, dont une bonne partie est déjà écrite en plus de celui-ci.
Je rappelle que Fire Emblem, son univers et ses personnages ne m'appartiennent pas, ils sont la propriété d'Intelligent Systems.
Bonne lecture!
Il est tôt ce matin alors que je patiente dans la rue en attendant une amie. Resserrant ma veste autour de moi parce qu'il fait plutôt froid pour ce début de mois d'octobre, je me retiens de râler contre ce pays qu'est la France. Les cartes postales étaient bien loin de me vendre l'enfer qu'est la ville de Paris en y représentant préférentiellement les paysages idylliques de la côte d'Azur…
La capitale française n'a pas grand chose de chaleureux à mon sens, alors que je lève les yeux pour fusiller les nuages gris épais masquant le soleil. Ah, je suis de mauvaise humeur ce matin, et pas uniquement parce qu'il fait un temps de chien et un froid de loup. Avoir dû me lever si tôt quand la veille je me suis couchée si tard ajoute encore à mon humeur qui, elle non plus, n'est pas au beau fixe. Enfin, je me fonds bien dans le paysage comme ça, j'imagine.
Levant mon bras pour découvrir mon poignet et m'informer de l'heure à ma montre, je frissonne de ce bref contact de ma peau avec l'air ambiant. Avec toute cette attente à l'extérieur, je vais finir par avoir le nez tout rouge. Quel intérêt de m'avoir donné rendez-vous à huit heures tapantes si c'est pour me faire poireauter ? Il est déjà huit heures cinq et j'étais en plus en avance d'une demi-heure. J'avais peur de me perdre dans le métro que je ne connais, sinon peu, voir pas du tout. Et tous ces pickpockets qui y traînent aussi… Sans parler de l'odeur, des courants d'airs plus que désagréables, j'en passe et des meilleures. Il me faudrait la matinée entière pour décrire tout ce qui me dérange dans ce transport en commun bien précis. Je crois que je déteste cette ville en fait.
—Byleth ! s'écrie soudain une voix bien trop joyeuse de si bonne heure.
—Dorothea, je la salue une fois la jolie brune arrivée à ma hauteur. Tu es en retard.
—Bonjour à toi aussi, tu es un vrai rayon de soleil ce matin dis-moi !
—Il faut bien que quelqu'un se dévoue, vu que le ciel ne semble daigner s'éclaircir, je grince, toujours de mauvais poil. Heureusement, je suis suffisamment bonne actrice pour me faire passer pour l'astre solaire invisible d'après ce que tu me dis.
—Oh, déride-toi un peu voyons ! C'est Paris, la ville de l'amour où tout est possible et plus encore ! continue-t-elle d'irradier de bonne humeur, elle.
—Pour le moment, je n'ai rien vu dans cette ville qui vaille tant que ça le détour. Je serais bien mieux restée en Italie. Au moins là-bas il fait plus chaud qu'ici.
—Tu vas t'habituer, si tu décides de rester ici en acceptant un rôle.
—Ce qui n'est pas dit. Enfin bref, pourquoi m'as-tu donc sortie si tôt de mon lit avant de me faire attendre cinq minutes de plus que l'horaire que tu m'avais donné ? je l'interroge, pressée d'en venir au fait.
—Si tu t'étais intéressée un peu plus à ce qui t'entoure au lieu de râler dans ta barbe sur le mauvais temps, tu te serais peut-être rendue compte de là où nous nous trouvons, dit-elle en haussant un sourcil malicieux.
J'hausse à mon tour un sourcil – perplexe pour ma part – en attendant qu'elle me fasse grâce de ses sempiternelles devinettes qui, à cette heure, me donnent plus la migraine qu'autre chose. Cependant, au lieu d'éclairer ma lanterne comme je l'attends, elle m'attrape plutôt par les épaules pour me faire retourner. Devant mon nez, je découvre alors un joli écriteau mat doré gravé de lettres noires annonçant la « Seiros Agency » …
—Attends un peu, dis-je en réalisant où nous sommes, ne me dis pas que ton agent, et celui que tu veux me présenter, viennent de la Seiros Agency ?
—Je peux te le chanter dans ce cas, si tu ne veux vraiment pas que je te le dise, dit-elle avec un sourire moqueur.
—Non merci, ça ira comme confirmation, je réponds. Bon sang, Dorothea, pourquoi tu ne m'as pas dit que tu étais suivie par la meilleure agence d'impresario de tout Paris ? De toute la France même !
—Tu comprends mieux maintenant, notre rencontre pas si fortuite sur ce tournage à Venise ?
—Ah oui, voilà qui fait sens en effet. Tu perçais à peine dans le milieu, mais avec un agent chevronné il n'est pas si étonnant que tu aies décroché ce second rôle si tôt dans ta carrière. Je n'en reviens pas… je souffle ensuite.
—Attends un peu d'être à ton tour prise en charge par un de leurs agents. Je suis certaine que soudain, Paris te semblera bien moins morose alors ! Aller, viens, elle nous attend !
—Elle ? j'interroge, alors que la jeune femme aux boucles chocolat me tire par la manche pour m'entraîner à sa suite dans le hall de l'immeuble.
—Mon agent bien sûr ! Je l'ai convaincue de te rencontrer.
—Oh… fais-je pour tout commentaire, réalisant soudain ma situation actuelle.
Je vais rencontrer l'un des agents de la plus prestigieuse agence d'impresario de France, et je n'ai pas franchement pris soin de bien me préparer ce matin. Pour tout dire, en me réveillant à six heures, j'étais bien loin d'avoir les yeux en face des trous et ce, même après mes trois tasses de café. En dépit de la quantité phénoménale de sucre que j'ai ajouté dans chacune, rien n'a su me tirer de mon état apathique à l'idée de plonger dans la marée humaine des travailleurs parisiens du lundi matin. En conséquence, j'arbore comme tenue une simple chemise blanche passée dans un blue jean délavé et par-dessus tout ceci, une veste en cuir élimée. C'est ma préférée, un cadeau de mon père reçu il y a bien des années. Mais bon, je dois avouer qu'elle ne paye pas de mine. Ou en tout cas pas assez pour passer un entretient comme celui qui m'attend.
Pour couronner le tout, en guise de coiffure ce matin devant ma glace, j'ai en tout et pour tout passé ma main dans ma chevelure bleuet, histoire d'en ôter les plis dû à ma position de sommeil. Or donc, on pourrait dire que plus qu'un coiffé-décoiffé, c'est plutôt une coupe à la limite du négligé que je porte en ce moment. Je grimace un instant, songeant que Dorothea aurait tout de même pu me prévenir de la teneur de notre rendez-vous. J'aurais alors fait en sorte de mieux m'apprêter. Enfin, trop tard à présent, il n'y a plus qu'à y aller au culot j'imagine. Après tout, je suis actrice, n'est-ce pas ? Il me suffira de faire oublier à mon interlocutrice que ma tenue actuelle n'est guère flatteuse.
Une fois passé les grandes portes vitrées du hall, nous arrivons près de l'accueil où une hôtesse un peu étrange nous salue à peine. Je dis qu'elle est étrange, parce qu'au lieu de bien présenter comme son rôle d'hôtesse suggère qu'elle doive le faire, on dirait plutôt qu'elle tente de se cacher derrière le combiné du téléphone fixe posé devant elle. Voyant que visiblement cela ne fonctionne pas, et pour cause puisque pour ma part je l'observe d'un air au-delà de la perplexité la plus poussée, elle finit par lâcher le combiné pour plonger sous son bureau. Je ne plaisante pas, il n'y a plus qu'une touffe de cheveux violette qui dépasse et témoigne encore de sa présence, bien qu'elle souhaite visiblement disparaître. On dirait un peu une souris qui se réfugie dans son trou, mais dont la queue en dépasserait encore.
Dorothea ne semble pour sa part pas plus troublée que cela d'un comportement aussi atypique s'il en est pour une employée d'accueil. Se penchant par-dessus le bureau sans peine, elle tapote ensuite doucement la mèche mauve indiquant toujours la présence de l'étrange hôtesse.
—Bernie, voyons, vous savez bien que vous cacher ainsi ne sert à rien. En plus, on vous voit quand même, votre houppette dépasse.
—Mais heu ! Je ne veux pas l'appeler pour lui dire que vous êtes arrivées ! s'écrie la petite voix légèrement suraigüe de sous son bureau, planquée.
Cette scène est surréaliste, vraiment. Tout ça n'a pas le moindre sens et je commence à me demander si j'ai effectivement bien lu l'enseigne à l'entrée de l'immeuble. La Seiros Agency s'encombrerait d'une employée aussi… eh bien, je n'ai même pas de mot tellement c'est invraisemblable. Mais Dorothea ne se décourage visiblement pas, puisqu'elle tapote de nouveau le haut du crâne de la standardiste toujours aussi mal dissimulée.
—Bernie… Allez-vous vraiment nous faire cette même scène à chacune de mes venues à l'agence ? Allons, ce n'est pas raisonnable, argumente la brune.
—V-vous ne comprenez pas… bégaie la petite souris violâtre. J'ai déjà fait monter une autre de ses clientes, et là vous arrivez juste après. C'est trop pour moi, je… Je ne peux pas !
—Dorothea, tu peux m'expliquer ?
—Ne t'en fais pas, me répond mon amie. Bernie est un peu sensible, et mon agent est un peu… Enfin, tu verras quand tu la rencontreras !
—Voilà qui est rassurant, de savoir qu'elle terrorise autant l'hôtesse d'accueil de l'agence…
—Bernie est trop émotive, voilà tout.
—Si tu le dis, fais-je, encore une fois perplexe.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que ce début de matinée est plutôt divertissant dans le genre. J'ai presque l'impression d'assister à une scène de théâtre comique tant ça n'a ni queue, ni tête. Enfin, hormis celle de la dénommée Bernadetta, ainsi que je peux le lire sur son badge de poitrine lorsqu'elle consent enfin à quitter sa souricière. Il lui faut bien cinq bonnes minutes de plus pour se reprendre enfin et finalement passer l'appel à sa supérieure pour la prévenir de notre présence.
—M-mademoiselle, vos clientes sont en bas et… Oui ! Je les fais monter immédiatement, oui ! Et patienter dans la salle d'attente le temps que vous finissiez, oui ! couine la standardiste.
Je crains un bref instant qu'elle ne fasse une crise d'apoplexie juste sous nos yeux une fois qu'elle a raccroché. Dorothea sort alors un éventail de son sac à main pour faire un peu d'air à la pauvre petite qui donne l'impression qu'elle va calencher d'une seconde à l'autre. Mais où suis-je tombée ? Enfin, je comprends soudain pour quelle raison la brune m'a fait venir si tôt. Le temps d'en finir avec cette scène délirante et d'enfin prendre l'ascenseur pour déboucher sur la salle d'attente, il s'est bien écoulé une bonne demi-heure au moins… Tout bonnement ridicule, mais ça a au moins eu le mérite de me divertir et de me faire oublier mon humeur maussade précédente.
La salle d'attente est en vérité une sorte de grand rectangle où nous sommes séparés des bureaux des impresario par des cloisons de verre opaques. Je ne peux voir que des ombres aux contours indéfinis de forme humanoïde défiler de l'autre côté. Dorothea s'est mise à lire un des magasines posés sur la table basse au milieu pour patienter, le temps que son agent en termine avec son rendez-vous précédent. Pour ma part, je me contente d'observer curieusement les autres clients qui attendent en silence. Je remarque d'ailleurs quelques têtes connues du monde du cinéma et du théâtre, signe que la Seiros Agency n'a rien perdu de son éclat pour rassembler les stars.
L'ennui commence à pointer le bout de son nez après dix minutes de ce petit jeu de « devine quelle célébrité est assise en face ou à côté », quand mon attention est soudain attirée ailleurs. De l'autre côté de l'une des vitres troubles, je peux voir deux personnes dont l'une est debout et semble bien agitée d'un coup. Quant à l'autre, d'après la position de son ombre nettement plus petite, je pense qu'elle est assise dans un fauteuil pendant que l'autre se tortille et fait même les cent pas dans le bureau. Eh bien, quelle excellente insonorisation ils ont ici, car je mettrai ma main à couper que la silhouette zélée est aussi en train de crier actuellement. Je ne tarde pas à en avoir la confirmation lorsqu'elle sort effectivement du bureau, en furie.
—C'est inadmissible ! hurle-t-elle cette fois très audiblement pour tous. Je suis la grande Manuela Casagranda, comment ont-ils pu ne pas me prendre pour ce rôle !?
—Je regrette, mais je n'ai rien pu faire malgré tous mes efforts, souffle ensuite lassement une voix dont la propriétaire ne tarde pas à apparaitre sur le pas de la salle d'attente où l'autre hystérique poursuit son coup d'éclat.
Les flocons ne tomberont pas avant plusieurs mois dans la capitale française, pourtant c'est bien un rideau de poudreuse qui flotte devant mes yeux lorsque la femme la plus calme des deux secoue sa chevelure avec élégance et une pointe d'agacement. Une paire de gant de la même couleur recouvre ses mains, dont celle qui est à l'origine du mouvement des mèches cotonneuses qu'elle arbore. Un chemisier vermeil et une jupe crayon noire de jais terminent de parachever sa beauté. Une beauté telle, que je n'en décroche plus des yeux et en oublie même l'autre femme qui poursuit sa scène.
—Vous êtes une incapable ! J'aurais mieux fait de choisir un autre agent plus expérimenté si c'était pour n'obtenir que de l'incompétence en guise de résultat, claque la dénommée Manuela qui fulmine toujours autant.
Suite à cela, j'ai presque la sensation qu'en fin de compte l'hiver est à nos portes, tant l'atmosphère devient glaciale. Aussi froide que le regard acéré que porte sur la femme exaltée celle que je présume être son agent et qu'elle vient tout juste d'insulter.
—Le réalisateur du film m'a spécifié ne vouloir que des actrices de moins de trente ans pour son premier rôle. Je suis au regret de vous rappeler, Mademoiselle Casagranda, que ce sont vos quarante que vous fêtez cette année, assène à son tour la blanche sans la moindre pitié.
Toute la salle d'attente, moi comprise, retient son souffle alors que se meurent les protestations auparavant si véhémentes de l'autre femme. Autre femme qui est d'ailleurs en train de se ratatiner à vu d'œil sous le regard toisant qui semble l'écraser. Pourtant, l'agent en question n'est pas si grande que cela d'après ce que je peux en juger.
—Or donc, reprend cette dernière, à moins de faire le choix de la chirurgie esthétique pour gommer ces quelques dizaines d'années en trop, et je vous le déconseille fortement, je réitère mes excuses, mais vous n'avez pas été retenue pour ce rôle. A présent si nous en avons terminé, j'ai d'autres clients dont je dois m'occuper.
Cette fin de non recevoir ne pourrait être plus claire et l'autre cliente, un air consterné sur le visage portant effectivement bien sa quarantaine, tourne ses talons pour les faire claquer jusqu'à l'ascenseur. Je ne serais pas plus surprise que cela de la croiser déjà au bar après cet épisode, peu importe qu'il ne soit que huit-heures quarante-cinq du matin. Qui a dit qu'il y avait un horaire précis pour noyer sa désillusion et son chagrin dans un bon verre de brandy ?
Lorsque je ramène mon regard sur l'agent responsable de cette désertion déconfite, je constate qu'elle n'est plus seule, mais que Dorothea se trouve à ses côtés. Ah, soudain malgré la forte impression qu'elle vient de me faire j'hésite. Finalement, peut-être bien que la petite souris morte de trouille en bas à l'accueil n'est pas si émotive que cela. Ou du moins pas sans raisons bien fondées.
—Oh, Edie, tu aurais pu y aller moins fort quand même, dit la brune à la jeune femme aux longueurs enneigées.
—Je n'ai fais que lui dire la vérité. Elle ne devrait pas se voiler la face et accepter qu'aujourd'hui, certains rôles ne lui peuvent plus lui être donnés. A moins bien sûr de tricher pour rester jeune, mais tu sais que c'est quelque chose que je me refuse à conseiller à mes clients, répond calmement l'agent.
—Et c'est tout à ton honneur, acquiesce Dorothea. Enfin ! Je suis donc venue te présenter quelqu'un aujourd'hui ! Elle vient d'arriver en France et cherche à se faire une petite place dans le paysage cinématographique. Je me suis dit que tu serais la personne idéale pour travailler avec elle à ce projet.
—Et où se trouve donc cette mystérieuse personne ?
—Juste ici, je réponds en me levant pour m'approcher des deux femmes.
Lorsque je croise le regard responsable de la défection de la cliente précédente, je constate qu'une pointe du froid polaire que distillaient les pupilles juste avant y réside encore. Je ne m'y attarde pas cependant, plus fascinée par la teinte particulière des iris qui les entourent. Une nuance de parme plutôt inhabituelle, je n'ai encore jamais croisé pareilles prunelles auparavant. Enfin pour le moment je n'y vois flotter que la méfiance en plus du petit air hautain qu'aborde leur propriétaire en croisant les bras lorsque je me tiens devant elle. Je me rappelle au même moment ma tenue plus que débraillée et ma coiffure toujours aussi peu soignée que je présente. Je me dis alors que ce n'est vraiment pas gagné pour réussir à faire d'elle mon agent. Cela dit, j'aime les défis, et en voilà un qui promet d'être fort intéressant.
L'avenir nous le dira, si vraiment elle est destinée à récupérer 10% de tout ce que je gagnerais…
