Résumé
« Il pleuvait toujours – Cal voyait les gouttes scintiller brièvement lorsqu'elles passaient devant la lumière des néons qui éclairaient faiblement les rues. Il soupira de soulagement, rassuré d'avoir atteint le District 32 sans encombre, et prit la direction de l'appartement de Prauf. Il força ses jambes épuisées à faire encore quelques pas. Tous ses muscles étaient en feu, il était à bout de forces. Seule la douleur de son épaule l'empêchait de s'écrouler. Il espérait sincèrement que l'Abednedo pourrait lui venir – encore une fois – en aide. »
Notes : Je suis désolée de poster la suite après autant de temps. Le fait est que j'attendais la correction de mon/ma beta de la version anglais mais je n'ai plus de nouvelles depuis juillet. Donc voilà la suite, et encore désolée pour le retard !
Chapitre 9 – Soigné (1ère fois)
Lorsque Cal réussit enfin à s'extraire de l'épave, il faisait nuit. Il fut accueilli par une petite bruine froide qui trempa rapidement ses cheveux, glissant sur son poncho et le glaçant jusqu'aux os. Il releva sa capuche sur sa tête pour se protéger de la pluie, et surtout pour dissimuler ses cheveux roux trop voyants et son visage probablement couvert de sang – il n'avait pas envie d'attirer l'attention d'une patrouille impériale. Puis, cachant son bras en attelle sous son poncho, il prit la direction de la gare dans l'espoir d'attraper un train pour le District 32, tout en essayant de ne pas glisser dans la boue.
Heureusement pour lui, il y avait bien un train sur le départ – le dernier de la soirée. Il grimpa dans la dernière voiture – il y avait généralement moins de monde en queue de train, et il valait mieux qu'il se fasse discret. Et en effet, Cal était seul dans le wagon. Il se laissa tomber en soupirant sur la banquette inconfortable. Dans une heure, il serait en sécurité dans sa chambre.
Le train filait en direction du District 32. Cal jeta un œil par la fenêtre située juste derrière lui. Malgré les lumières vives qui éclairaient la voie par intermittence, il ne parvenait pas à voir le paysage désolé de Bracca perdu dans la nuit noire – de toutes façons, il n'y avait pas grand-chose d'intéressant à voir. Bracca n'était qu'un vaste amoncellement de roche grise, de boue et de carcasses de vaisseaux.
Les gouttes de pluie tentaient désespérément de s'accrocher à la vitre avant de lâcher prise et de glisser le long de la surface lisse, emportées par le vent et la vitesse. Cal repoussa une mèche de cheveux trempés collée sur son front et qui tombait devant ses yeux. Il frissonna – un mélange de froid, de fatigue et de douleur qui continuait à se répandre par vagues dans tout son bras gauche.
Son regard tomba accidentellement sur son reflet dans la vitre. Il avait vraiment une sale tête. Ses traits étaient marqués par la fatigue et une quantité impressionnante de sang séché – la blessure sur son nez avait heureusement cessé de saigner – maculait son menton. Il n'osait cependant pas retirer sa capuche pour jeter un coup d'œil à la plaie – il ne la voyait pas bien, perdue dans l'ombre projetée par sa capuche.
Il ne pouvait décidément pas rester comme ça ; il devait trouver un moyen de soigner sa blessure, sinon elle risquait de s'infecter – et il ne parlait même pas de son bras gauche. Il n'avait aucun médikit chez lui, et il ne pouvait de toutes façons pas remettre son épaule déboîtée tout seul. Il ne pouvait pas non plus aller dans un dispensaire. Si les médecins venaient à lui faire une prise de sang, ils pourraient découvrir qu'il était sensible à la Force et ils le livreraient à l'Empire.
Non, il devait trouver quelqu'un pour l'aider, et il ne voyait qu'une seule personne susceptible d'avoir le matériel et la discrétion dont il avait besoin : Prauf.
Règle n°3 : ne fais confiance à personne.
Il ne savait pas s'il pouvait faire confiance à l'Abednedo. Il ne pouvait faire confiance à personne. Mais Prauf était ce qui se rapprochait le plus d'un ami pour Cal. Si quelqu'un pouvait l'aider, c'était bien lui.
Le train arriva enfin à la gare du District 32, s'arrêtant dans un concert de chuintements et de grincements. Cal attendit quelques minutes avant de descendre du wagon, s'assurant que tous les autres passagers s'étaient déjà éloignés pour rentrer chez eux après leur journée harassante.
Une fois seul, sa capuche toujours sur sa tête, il descendit du train et traversa la gare, ses pas résonnant sur les dalles du hall vide à cette heure de la nuit. Il sortit prudemment dans la rue – il n'y avait personne en vue. Il pleuvait toujours – Cal voyait les gouttes scintiller brièvement lorsqu'elles passaient devant la lumière des néons qui éclairaient faiblement les rues. Il soupira de soulagement, rassuré d'avoir atteint le District 32 sans encombre, et prit la direction de l'appartement de Prauf. Il força ses jambes épuisées à faire encore quelques pas. Tous ses muscles étaient en feu, il était à bout de forces. Seule la douleur de son épaule l'empêchait de s'écrouler. Il espérait sincèrement que l'Abednedo pourrait lui venir – encore une fois – en aide.
Cal lut la surprise dans les yeux de Prauf. L'Abednedo ne devait pas s'attendre à le voir là, en plein milieu de la nuit, sur le seuil de la porte de son appartement, le visage livide et tiré et le nez en sang. Il fit entrer précipitamment le jeune garçon à l'intérieur et l'assit sur une chaise.
« - Kriff Cal, qu'est-ce qui s'est passé ? demanda Prauf d'un air inquiet.
- Une mauvaise chute, répondit Cal d'une voix fatiguée.
- Attends, je vais voir s'il me reste un médikit », dit Prauf en se levant.
Cal retira sa capuche et resta sagement assis, attendant patiemment le retour de l'alien – il l'entendait farfouiller dans la salle de bain en jurant. Il soupira et jeta un coup d'œil à l'appartement. La plupart des gens l'auraient trouvé petit et miteux, mais il était luxueux comparé à tout ce que Cal avait connu ces deux dernières années : il y avait deux pièces – la chambre et la pièce de vie – et il avait même sa propre salle de bain. Un héritage de sa vie d'ingénieur, avant de devenir un simple ferrailleur.
Prauf revint enfin, soulevant victorieusement un médikit au-dessus de sa tête.
« Je l'ai trouvé ! »
Soudain, Cal sentit le sang s'écouler de nouveau sur son menton – la plaie sur son nez s'était rouverte. Les yeux écarquillés d'horreur, il regarda les grosses gouttes rouges tomber sur le tapis alderaanien qui recouvrait le sol pour en cacher la misère. Il paniqua brusquement, redoutant la réaction de l'Abednedo à la vue de son beau tapis maintenant souillé de tâches pourpres.
« - Prauf, je… je suis désolé… bégaya Cal en tentant d'arrêter l'écoulement du sang avec sa main valide tandis que ses yeux se remplissaient de larmes.
- Oh, ce n'est rien, le rassura Prauf en haussant les épaules. Il était à mon ex-femme. Elle l'a laissé ici quand elle nous a quittés, Bracca et moi. De toutes façons, la connaissant, je suis sûr que c'est une contrefaçon. »
Mais malgré toute la gentillesse de Prauf, Cal ne parvint pas à s'arrêter, et il fondit brutalement en larmes.
« - Je… je suis désolé Prauf. C'est toi qui m'as trouvé ce travail. Et encore une fois, j'ai échoué et j'ai tout gâché.
- Hé, du calme gamin, d'accord ? Tu es en vie, c'est tout ce qui compte, répondit gentiment Prauf en nettoyant doucement le sang qui maculait le visage de Cal avec un tissu humide. On est sur Bracca ici. Tous ceux qui travaillent ici, à la décharge… on a tous échoué à un moment ou à un autre – sinon, on ne serait pas là. Tu n'es pas le seul. Alors calme-toi. On va soigner tout ça et après ça ira mieux. »
Prauf finit d'essuyer le sang et les larmes sur les joues de Cal, puis il passa ensuite un tissu imbibé de désinfectant sur la blessure d'un geste délicat. Le garçon grimaça lorsque l'antiseptique lui piqua le nez. Puis Prauf sortit un patch de bacta du médikit et il le colla sur le nez de Cal, stoppant ainsi le saignement.
Le garçon fit courir ses doigts le long du pansement. La blessure était plus large qu'il ne le pensait. Voyant son geste, Prauf reprit :
« Ça soignera la blessure, mais ça ne sera pas suffisant pour faire disparaître l'entaille. Tu auras une sacrée cicatrice. Enfin, une de plus ou une de moins, je pense que tu n'es plus à ça près. »
Cal acquiesça d'un hochement de tête. Prauf avait raison – il était déjà couvert de cicatrices, et ce n'était pas une nouvelle qui allait changer les choses.
« Bon, maintenant on va s'occuper de ton bras. Je te préviens tout de suite gamin : ça va pas être une partie de plaisir. Allez, allonge-toi par terre. »
Cal retira son poncho couvert de sang et de saleté et obéit, la gorge serrée par l'appréhension. Prauf commença à tirer lentement mais fermement sur son bras. Lorsque la douleur s'amplifia brusquement, Cal porta sa main valide à sa bouche et, dans un réflexe naturel mais idiot, il mordit à pleines dents le dos de sa main, comme si cette seconde douleur pouvait atténuer la première. Il sentit l'articulation se remettre en place et étouffa un cri de douleur, tandis que les larmes lui montaient de nouveau aux yeux. D'un coup, l'os retrouva sa place, et la douleur décrut subitement.
« Tiens », lui dit Prauf en lui tendant une poche de glace.
Cal la saisit et la plaqua sur son épaule encore endolorie tandis que Prauf se levait pour aller chercher quelque chose dans la cuisine.
« Faut reconnaître que t'es plutôt coriace pour un gamin », remarqua Prauf en revenant avec un verre et une bouteille de whisky. Il en versa une bonne dose dans le verre avant de le tendre à Cal.
« Je sais que t'as pas encore l'âge, mais tiens. Ça te fera du bien. »
Cal prit le verre et regarda le liquide ambré en hésitant, avant de l'avaler d'un seul coup. Il sentit le breuvage glisser dans sa gorge, l'embrasant comme du feu liquide. Surpris, il toussa et sentit les larmes lui mouiller les yeux. Prauf étouffa un petit rire.
« - Si tu veux, tu peux rester dormir ici. Je vais te trouver une couverture et le canapé n'est pas trop inconfortable. Tu peux prendre une douche en attendant. Je vais te donner des vêtements de rechange – les tiens sont couverts de sang. Et si tu as faim, n'hésite pas à te servir.
- Merci, Prauf. Tu me sauves la vie encore une fois, dit Cal, gêné d'avoir dérangé l'Abednedo en pleine nuit.
- Arf… C'est rien. Entre ferrailleurs, on doit se serrer les coudes », répondit Prauf en lui faisant un clin d'œil avant de partir dans sa chambre.
Cal se leva pour faire quelques pas et se dégourdir les jambes. Il se sentait sale et fatigué. Prauf avait raison – encore une fois – une douche lui ferait du bien. Il pénétra d'un pas hésitant dans la salle de bain. Elle n'avait pas changé depuis la dernière fois – c'était toujours un véritable bazar. Encore endolori, Cal retira péniblement ses bottes boueuses et ses vêtements sales, avant de se glisser dans la douche et d'ouvrir le robinet.
Il entendit les vieux tuyaux métalliques chuinter avant que la douche ne libère enfin un jet d'eau brûlante, emplissant immédiatement la pièce de vapeur blanche. S'appuyant d'une main contre le mur de la douche, il baissa la tête, laissant l'eau chaude couler sur ses cheveux, sa nuque et son dos. Il la regarda dégouliner à ses pieds et disparaître en un petit tourbillon dans le siphon de la douche, emportant avec elle ce qu'il restait de sang et de sueur. C'était comme si ce tourbillon hypnotique avait un pouvoir magique, celui d'effacer les mauvais souvenirs de cette dure journée.
Une fois propre, Cal finit par couper le jet – il ne voulait pas gaspiller l'eau de Prauf. Il sortit de la douche et se sécha rapidement avec une serviette avant de la nouer autour de sa taille. Il regarda ses bras et sa poitrine – ils étaient couverts de bleus, probablement dus à sa chute. Il sortit de la salle de bain au moment même où Prauf sortait de sa chambre, les bras encombrés d'une couverture et de quelques vêtements.
« - Désolé, dit-il comme s'il s'excusait. C'est tout ce que j'ai trouvé.
- Ça suffira, merci », répondit Cal en lui adressant un sourire pour le remercier de son aide généreuse. Prauf avait déjà beaucoup fait pour lui. Il ne voulait pas le gêner davantage.
Prauf lui souhaita une bonne nuit et retourna se coucher. Cal retira sa serviette et enfila les vêtements donnés par l'Abednedo. Ils étaient un peu grands pour lui, mais au moins ils étaient propres – et ils n'étaient pas troués. Puis il s'allongea sur le vieux canapé et tira la couverture rêche sur lui, avant de soupirer de soulagement.
Il repensa à ce qui s'était passé. Ce n'était pas la meilleure journée qu'il ait vécue, loin de là, mais pas la pire non plus. Il avait de la chance de connaître quelqu'un comme Prauf – beaucoup de chance. Il avait la tête qui tournait – c'était la première fois qu'il buvait de l'alcool.
Epuisé, il finit par sombrer dans un profond sommeil, sans remarquer l'ombre projetée par Prauf qui le regardait avec bienveillance, un sourire affectueux aux lèvres.
