Disclaimer : Harry Potter et son univers ne m'appartiennent pas, je ne gagne aucun argent à publier cette traduction, laquelle m'appartient, par contre. Les passages en italiques sont une emphase sur certains mots, ou la pensée d'un personnage, le contexte vous aidera.
Ceci est une traduction de la fanfiction de Lomonaaeren, « Stargazer », ( s/13141493/1/Stargazer ). Je n'ai pas encore son autorisation pour publier ma version française, je la retirerai si elle me le demande.
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Des frères et sœur plus jeunes.
- Ta baguette est géniale, Sol !
Harry jette un coup d'œil à son petit frère par-dessus son livre. C'est l'été entre sa première et deuxième année, et le prochain semestre sera le premier de Sol à Poudlard. Sol produit une grosse gerbe d'étincelles avec sa baguette –trente-trois centimètres, chêne, crin de licorne- et Maman et Papa applaudissent.
Harry sourit lorsqu'ils le regardent.
- C'est vrai que c'est génial, convient-il avant de retourner à son livre.
Il est conscient que ses parents échangent des regards inquiets, mais ils le font tout le temps quand il s'agit de lui, alors c'est facile à ignorer. Ce n'est que quelques heures plus tard, après dîner, lorsque Sol est monté à l'étage pour jouer aux Aurors contre les Mangemorts avec Romulus et Alicia, que Maman vient le trouver.
- Je peux te parler, Harry ?
- Oh, bien sûr Maman, répond-il en posant son livre, lui octroyant toute son attention.
Elle frotte ses mains nerveusement contre les pans de sa robe. Sa mère est magnifique, songe Harry, avec ses cheveux roux flamboyants que certains de ses frères et sœur ont aussi, et ces yeux verts dont il est le seul à avoir hérité.
- C'est juste... Je ne veux pas que tu sois jaloux de Sol, déclare Maman, trébuchant presque sur les mots. Parce qu'il aura une magie plus puissante et plein d'amis et qu'il sera probablement à Gryffondor.
Harry ressent une pitié distante. Cela lui est déjà arrivé. Il n'avait pas écrit à ses parents parce qu'il savait qu'ils s'inquiéteraient du fait qu'il soit à Pousfouffle, et ils en avaient parlé presque sans arrêt lorsqu'il était revenu à la maison pour les vacances de Noël et de Pâques. Ils pensent qu'il est amer de ne pas être à Gryffondor.
Harry aime ses parents. Il veut les impressionner. Il les comprend. Mais parfois, il trouve qu'ils ont l'esprit un peu plus qu'étroit.
- Je ne le suis pas, dit-il.
Maman avait commencé à parler de nouveau, mais elle s'interrompt et cligne des yeux si fort que ses paupières ont l'air de papillonner.
- Tu n'es pas... jaloux ?
- Non, confirme Harry en secouant la tête. C'est inutile. Et ce serait mesquin de ma part. Ce n'est pas de la faute de Sol s'il est né avec une magie puissante.
Et ce n'est pas de la faute de Sol si Sirius le préfère, non plus, ou s'il se retrouve à Gryffondor. (Pas que Harry soit jaloux de ce dernier point.)
- Et je ne veux pas être à Gryffondor, de toute façon, complète-t-il.
- Oh, hésite Maman une seconde avant de reprendre. Mais si tu ne voulais pas être à Gryffondor, pourquoi ne nous as-tu pas écrit en début d'année ?
C'est son tour de cligner des yeux. Certainement que sa mère devait savoir ça ?
- Parce que je savais que vous diriez que je devrais vouloir être à Gryffondor, explique Harry. Je ne voulais pas vous écouter me dire encore et encore que c'est très bien d'être à Poufsouffle, parce que je sais que vous n'y croyez pas et que vous voudriez juste me rassurer. Je n'aime pas être faussement rassuré.
- Bien sûr que nous pensons que c'est très bien d'être à Poufsouffle, Harry ! proteste-t-elle en rougissant.
- Dans ce cas, pourquoi avez-vous présumé que je serais jaloux de Sol s'il allait à Gryffondor ?
Maman passe un moment à tripoter le bord de sa robe, qui n'en a pas besoin de l'avis de Harry. Puis elle lui adresse un sourire désarmé.
- Peut-être que nous étions idiots, Harry. J'ai juste pensé que tu serais jaloux de lui. Je suppose que je n'avais aucune preuve que tu l'es.
Harry hoche poliment la tête. C'est exact. Il veut que ses parents cessent de présumer qu'il est jaloux de ses frères et sœur et commencent à les prévenir de ne pas être jaloux de lui. Il a décidé qu'il ne leur montrerait rien jusqu'à ce qu'il puisse faire tout ce que Sol et Romulus font, en mieux. Alicia est trop jeune pour le moment –juste sept ans- pour qu'il puisse être certain de ce qu'elle donnera à l'école.
- Et je veux que tu saches que ne t'aimons pas moins que les autres, ajoute intensément Maman, de la même manière que lorsque, parfois, elle parle à des gens via la Cheminette pour des consultations sur des accidents de Charmes à Sainte Mangouste, ses cheveux tombant en avant, encadrant son visage et ses yeux flamboyants. S'il te plait, ne crois jamais cela. Nous t'aimons comme les autres. Nous savons juste que ça va être... plus difficile pour toi.
Harry acquiesce. Il sait que ses parents ne l'aiment pas moins. Ils veulent juste le protéger d'un monde de sorciers qui traite les Krakmol à la dure.
Ils ne l'aiment pas moins. C'est juste l'impression que ça donne.
- Je suis contente que nous ayons eu cette discussion, se réjouit Maman, l'air grandement soulagée, avant de se lever et lui faire un câlin. Et tu sais, tu n'es pas obligé de lire tout le temps ! Il y a plein de choses que tu peux faire qui n'impliquent pas la magie.
- Mais Sol et Romulus ne veulent jouer qu'à ces jeux.
Il pense parfois que Alicia est un rat de bibliothèque, comme lui, mais voilà, trop jeune pour pouvoir être sûr.
- En disant ça, ça donne l'impression que tu es jaloux, Harry.
Il ne peut pas leur expliquer. Il n'est pas assez âgé. Harry sait qu'il comprend bien des choses bien mieux que les adultes autour de lui pensent qu'il les comprend, mais parfois il dit être d'accord avec eux, qu'ils ont raison et qu'il n'a pas l'expérience ou les mots.
- Ce n'est pas le cas, affirme-t-il simplement avant de retourner à son livre.
Maman soupire, caresse ses cheveux, et s'en va. Peut-être vers une discussion privée avec Papa, suppose Harry. Ils font souvent ça après qu'elle ait parlé avec Harry.
Un de ces jours, elle n'aura plus besoin de le faire, songe-t-il, et replonge dans la théorie avancée de Métamorphose. Il commence à penser qu'il va devoir étudier les Potions, aussi. Mais de son côté. Le professeur Snape hait trop les Potter pour ne pas lui donner de fausses informations ou lui dire qu'il est stupide, ce pour quoi Harry n'a pas de temps.
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- GRYFFONDOR !
Severus lève les yeux au ciel. Il ne sait pas pourquoi il a cru, pendant un moment, qu'un autre Potter puisse aller dans une autre Maison. Mais non, Sol Potter émerge de sous le Choixpeau et file rejoindre ses amis Weasley à la table de Gryffondor.
Severus ne peut s'empêcher de jeter un coup d'œil à Potter –le Potter, comme il l'appelle en son for intérieur- pour voir sa réaction. Il applaudit son frère, poliment, puis plonge dans le livre qu'il a posé devant lui. Snape se reprend à se tordre le cou pour pouvoir lire le titre, mais il n'arrive pas à le distinguer avant de devoir se détourner pour applaudir un Serpentard.
Lorsqu'il peut de nouveau se focaliser sur Potter, un de ses camarades est en train de lui parler. Le fils Diggory, un des rares Poufsouffle qu'il peut approuver. Il lance un Charme d'Ecoute Aux Portes pour surprendre leurs propos.
- Il y a des gens qui disent que tu aurais dû être placé à Serdaigle, Harry !
- Mh-hm, énonce Potter sans lever les yeux de son bouquin.
- Et maintenant tu étudies les Potions ? Mais tu as des notes désastreuses dans cette classe !
Potter lève la tête, comme s'il était parfaitement conscient de la façon dont les épaules de Severus se sont raidies.
- Mais est-ce que ça ne te fait pas penser que je devrais étudier un peu plus ?
- Eh bien, peut-être, mais pas autant, affirme Diggory fermement avant de fermer le livre et l'éloigner.
Alors Severus pense qu'il le reconnait, par la taille et l'or écaillé au centre de la couverture. Probablement Potions et Leurs Usages de Eldon Huxley. Sans doute un livre de la bibliothèque, mais pas un qu'il se serait attendu à trouver entre les mains d'un deuxième année.
- Allez, dis-moi quelle équipe de Quidditch tu préfères. Je n'ai jamais su.
Severus annule le charme, parce qu'il sait que le reste de la conversation sera inepte. Cependant, il semble que Potter soit d'accord avec lui. Il répond avec tolérance, mais ses yeux s'égarent continuellement vers l'endroit sous la table où Diggory a fourré son livre.
Severus recroqueville ses doigts autour du manche de son couteau avant de détourner le regard et entamer son dîner. Il se peut qu'il ait mal jugé les Potter. Au moins l'un d'entre eux souhaite faire un effort et s'améliorer dans un sujet où il a toujours été mauvais.
Et qui sait ? Peut-être que ce jugement s'avérera malavisé concernant le plus jeune Potter également.
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Non. Non c'était bien avisé.
Sol Potter est un sorcier puissant, et c'est tout ce que Severus peut dire en sa faveur. Il est tout en énergie, faisant crépiter des étincelles avec une baguette d'entraînement qu'il agite partout. Il ne sait pas canaliser cette énergie. Il connait effectivement des sorts, mais aucun qui ne soit utile en Potions.
Et à la façon dont il entre dans la classe avec la foule de ses camarades de Gryffondor et lance un regard vindicatif dans la direction de Severus, la légende familiale l'a préparé à un ogre. Severus gronde avant de pouvoir s'en empêcher, sa propre haine s'élevant en réponse.
Il n'a jamais prétendu être particulièrement mature, il prend donc un grand plaisir à faire remarquer tout ce qui ne va pas avec la potion de Sol : couleur, consistance, nombre d'ingrédients ajoutés, la couverture du fond du chaudron, la quantité de brume se dégageant. Le garçon finit par se retourner si vite qu'il manque de tomber de sa chaise pour lui adresser un regard noir.
- Pourquoi vous faites ça, hein ? grogne-t-il vers Snape. C'est juste parce que vous haïssez tous les Potter qui peuvent vous résister, c'est ça ?
Severus baisse son regard fixement sur le gamin avec distance, alors que son esprit marque une pause intérieure. Lui résister ? Est-ce que le Potter s'est plaint à ses parents de Severus ? Mais non, dans ce cas, il aurait reçu au moins une Beuglante. Et d'une façon étrange, le Potter qui était déjà là lui a résisté. Il refuse simplement de le reconnaître comme important, et il projette de toute évidence d'étudier les Potions de son côté.
- Je n'apprécie aucun étudiant qui impose son insolence à un professeur, réplique-t-il avec une aisance extérieure.
Sa langue n'a jamais besoin de pause pour son cerveau, s'il ne le souhaite pas.
- Dix points en moins à Gryffondor, et retenue ce soir. Sept heures, M. Potter.
Il se détourne et s'éloigne d'un pas majestueux, sachant qu'il a l'air intimidant. La fille Hollisberry, là-bas, semble être sur le point d'avoir un accident.
Potter marmonne contre l'outrage derrière lui, appuyé par le plus jeune enfant Weasley –encore que Severus a entendu une rumeur comme quoi Molly Wealsey serait encore enceinte, doux Merlin- et un garçon de Gryffondor nommé Quelquechose Kennedy. Severus savoure l'outrage, et pense un peu à le Potter.
Mais pas trop longtemps. Il a une fille Hollisberry à terroriser.
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La vie à Poudlard.
Harry se redresse de son livre et relit le paraphe qu'il vient déjà de relire. C'est le petit déjeuner, mais Cédric se lève toujours tard, il n'est donc pas inquiet que son étude soit interrompue comme elle l'a été la nuit dernière.
Si le paragraphe dit vrai, ou il devrait plutôt dire, s'il le comprend correctement…
Alors Snape les a mal guidés depuis tout ce temps. Mensonge délibéré ? Ou il présente juste les choses différemment de l'auteur du livre ?
Harry croque pensivement dans une pomme et tourne la page pour s'assurer qu'il n'oublie pas quelque chose d'important mille mots avant. Non. L'auteur, Huxley, est insistant. Il pense véritablement que le succès d'une potion dépend de la puissance personnelle et de l'affinité avec les potions de celui qui les brasse.
Eh bien, pas étonnant que Snape soit si bon, dans ce cas, et qu'il pense que nous devrions l'être aussi. Harry finit sa pomme et se penche pour fixer les mots sur la page tout en imaginant son esprit comme une boîte cristalline avec de la lumière brillant à travers. Il ne sait pas pourquoi, mais c'est cette visualisation qui fonctionne le mieux quand il veut mémoriser quelque chose. C'est une corvée de lire encore et encore tout en maintenant la boîte cristalline clairement dans son esprit, mais lorsqu'il le fait, il n'oublie jamais ce qu'il a lu.
Et il veut savoir comment être bon en Potions. Si Huxley a raison, Snape ne pourra pas l'aider de toute façon. Harry n'a pas assez de puissance. Il devra plier sa magie et la faire grandir jusqu'à ce qu'il soit bon en Potions de la même manière que pour les Charmes.
Snape pense probablement aussi que personne en particulier n'a son don, admet Harry pour lui-même. Et je n'ai aucune affinité pour les Potions. Pas comme Snape.
Une seconde plus tard, il veut renâcler. Et alors ? Quand est-ce que ça l'a déjà arrêté ? On pourrait dire qu'il n'a pas « d'affinité » avec les Charmes ou la Métamorphose non plus, mais il les amène doucement sous son contrôle.
Il fera de même avec les Potions.
Après avoir mémorisé les mots de Huxley, Harry ferme le livre avec un claquement et se penche sur son petit déjeuner. D'une, si Cédric arrivait, il le forcerait à ranger son bouquin de toute façon. De deux, il ne pense pas qu'il apprendra autre chose d'aussi utile.
Et de trois, il ne veut pas que Snape voie ce qu'il lit. Il a assez à gérer, étant donné les regards de pitié que sa famille semble ne pas réaliser avoir sur leurs visages quand ils le regardent la plupart du temps, il n'a pas besoin de ricanements et de sourcils haussés froidement.
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- C'est juste que je ne comprends pas, Minerva. Comment peut-il réussir dans votre classe, qui requiert toute la magie qu'un Krakmol n'a pas, la plupart du temps, et échouer dans la mienne, où il s'agit surtout de théorie et de se faire respecter par les plantes ?
Severus marque un temps d'arrêt, sa tasse de thé à mi-chemin vers ses lèvres. La plupart du temps, il ne s'assied pas à côté de Pomona pendant le déjeuner, soit Albus soit Minerva prennent cette place, étant donné que les autres se méfient trop de lui. Mais il était en retard aujourd'hui, et Pomona occupait sa chaise habituelle et agite presque ses bras dans sa détresse.
Bien avant d'entendre le nom, Severus est sûr qu'elles parlent du Potter Poufsouffle. Il remplit son assiette et mâche tranquillement pendant qu'il écoute.
- Je n'en suis pas certaine, Pomona, répond Minerva dans son mode « écoute compatissante » avec ses doigts croisés sous son menton, la tête penchée sur le côté et les yeux plissés. Je peux vous dire ce que je pense pour avoir observé Harry.
- Oui, s'il vous plaît, accepte Pomona en hochant la tête si fort que son chapeau glisse sur une oreille, ce qui fait ricaner Severus dans sa salade.
- Il n'accorde que peu de valeur aux classes dans lesquelles un Krakmol devrait exceller, énonce abruptement Minerva. Ou un sorcier avec une faible magie, je devrais dire, puisqu'il n'est pas du tout un Krakmol. On lui a probablement dit encore et encore à la maison qu'il se débrouillerait bien en Herbologie, et Potions, et Astronomie, et Histoire de la Magie, et qu'il pourrait faire une carrière décente dans un de ces domaines. Il ne le veut pas. Il veut maîtriser les sujets difficiles, et je sais qu'il a passé beaucoup d'heures à travailler ses Charmes -Filius me l'a dit- et la Métamorphose -je le vois bien sûr- et en Défense -presque tout en autodidacte puisque, même si je salue Quirinus pour ses efforts, il n'est pas un bon enseignant pour ce sujet.
Minerva jette un regard par-dessus son épaule pour s'assurer que ledit Quirinus n'est pas à table, ce qui est dommage. Severus pense que les gens ne devraient pas avoir de problème pour avoir dit la vérité, à moins que ce ne soit de l'insolence.
- Je comprends pourquoi Albus veut garder Quirinus en poste, reprend-elle, puisque nous avons eu tant de mal à remplir la position pendant tant d'années jusqu'à ce que la mort de Tom brise la malédiction, mais il devrait choisir quelqu'un d'autre.
- Est-ce que M. Potter a montré un intérêt pour les options ?
- J'aimerais qu'il vous parle davantage, à vous, sa directrice de Maison, marmonne Minerva en songeant peut-être que ça lui épargnerait des conversations comme celle-ci. Il a mentionné apprécier l'Arithmancie et les Runes Anciennes.
- Il pourrait bien réussir la théorie dans les deux, réfléchit Pomona d'un air dubitatif. Et les mouvements physiques pour dessiner les Runes. Mais transmettre de l'énergie aux runes, ou transformer les équations en incantations…
- Je le sais. Pourtant, c'est ce qu'il veut faire.
- Mais que veut-il faire, au juste ? Veut-il devenir Auror ou Médicomage ? Je crains qu'il n'aura jamais la magie pour cela. Il aura toujours besoin d'énormément de pratique pour maîtriser un sort, et les Aurors et les Médicomages doivent réagir rapidement.
Severus lève les yeux au ciel en regardant son pain. Beaucoup d'Aurors et de Médicomages ne réagissent pas si vite que ça, ce qui est une des raisons pour lesquelles les premiers travaillent avec des partenaires et les seconds dans un environnement où de l'aide est toujours disponible. Il est en train d'être convaincu que Harry Potter peut faire tout ce qu'il décide de faire.
Excepté, peut-être, être poli envers Severus ou exceller dans le cours de Potions.
Je me demande pourquoi il est si déterminé à ne pas être poli envers moi, songe-t-il en se mettant à déchiqueter son pain en petits morceaux. Je peux comprendre pourquoi il se fiche des Potions si les spéculations de Minerva sont vraies, mais pourquoi se ficher d'avoir des retenues ? Elles interféreraient avec ses efforts pour s'améliorer dans les sujets les plus difficiles.
Severus marque une pause, les mains de chaque côté de son assiette. Bien. Maintenant qu'il y pense, Harry Potter n'a reçu aucune détention de sa part cette année. C'est toujours son frère. Harry garde juste la tête baissée en classe et hoche la tête quand Severus le réprimande ou retire des points à Poufsouffle.
Il fait probablement exactement ce que dit Minerva. Peiner dans les cours où les gens pensent qu'il devrait être naturellement bon en vertu de sa magie moins puissante, et exceller dans les sujet les plus difficiles sur son temps libre.
Severus étrécit les yeux et se lève. Il se prend à être parfaitement contre rester là et regarder quelqu'un le faire tourner en bourrique. Sans mentionner que, si Potter est un des rares élèves dans sa classe disposant d'un cerveau, il refuse de le laisser dédaigner le sujet le plus important.
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- Vous vous rendrez à mon bureau ce soir à neuf heures, Potter.
Harry fronce un peu le nez alors que Snape s'éloigne. Il avait tout fait pour ne pas être mis en retenue ces derniers temps, parce qu'il travaillait à maîtriser quelques sorts de Défense spécifiques contre les créatures maléfiques, et ils prenaient toute son attention.
Mais nécessité fait loi, et au moins, dans les retenues assignées par Snape, en général Harry peut bouger ses mains et laisser son cerveau s'entraîner dans son coin. Il retourne à la potion en face de lui et la remue négligemment. Il sait que le résultat ne répondra pas aux standards de Snape de toute façon.
C'est le cas, et Snape lui jette un regard plus noir que jamais alors que Harry lui rend sa fiole. Qui sait pourquoi ? Pas Harry. Il monte à la volière pour rendre visite à Asphodèle, la chouette blanche qu'il a achetée sur le Chemin de Traverse la dernière fois qu'il y est allé, puis il va dîner, puis étudier un peu la théorie derrière ces sorts après tout, et enfin il toque à la porte de Snape.
Lequel lui aboie d'entrer, comme d'habitude. Mais Harry s'arrête alors qu'il ouvre la porte et voit la chaise solitaire devant le bureau. Il n'y a pas de parchemin ni de plume ni d'encre, ce qui aurait été le cas s'il avait dû faire des lignes.
- Asseyez-vous, Potter.
Mais il est là pour la retenue, après tout, même si elle s'avère bizarre. Harry obéit, étrécit ces yeux et ne dit rien.
- Je sais que vous êtes considérablement plus intelligent que ce que vous laissez paraître, commence Snape, ce qui fait cligner Harry des yeux.
Il ne sait pas s'il est plus surpris que quelqu'un l'ait dit à Snape ou que Snape ait écouté.
- Vous ne mettrez plus davantage d'efforts en Charmes et Métamorphose qu'en Potions. Dites-moi pourquoi vous les ignorez !
Sa voix a monté. Harry le regard impassiblement. Il ne peut pas croire que Snape ne comprenne pas.
- Dites-moi.
Au moins, Snape a abaissé sa voix cette fois, mais il a aussi contourné son bureau, et il fixe Harry de toute sa hauteur comme s'il avait le droit de lui poser des questions en premier lieu, alors qu'il est un enseignant aussi pathétique que ça.
Harry croise les bras. Qu'est-ce que Snape peut faire, lui donner une autre retenue ?
Snape semble finalement réaliser qu'il s'y prend de la mauvaise manière. Pas qu'il y en ait une bonne, pour autant que Harry puisse le dire, mais il y a une façon qui pourrait peut-être permettre à Snape d'obtenir ses réponses, et une façon qui ne marchera définitivement pas. Le professeur lève les yeux au ciel, soupire, et s'appuie sur son bureau, observant son élève.
- Est-ce que ça a quelque chose à voir avec votre faible puissance magique et le fait qu'on attende de vous que vous réussissiez en Potions ?
Harry hausse les épaules. Il sait que cela énerve Snape. À la façon dont sa mâchoire se crispe, cela fonctionne cette fois-ci, apparemment. Mais, malheureusement, il n'abandonne pas.
- Ou est-ce que cela a à voir avec moi ?
Bien joué, Snape. Harry s'assure de garder les yeux baissés, comme s'il était respectueux et soumis, pour que son professeur ne lise pas cette pensée dans son esprit. Après un temps plus long que nécessaire, il hoche la tête.
- Pourquoi ?
Celle-là, il ne peut pas y répondre pas un simple geste. Et Snape s'est calmé. Ce qui signifie qu'il pourrait retenir Harry pendant des heures en retenue, et Harry trouve qu'il lui est plus difficile de contrôler sa magie lorsqu'il n'est pas bien reposé. Il soupire et rétorque :
- Vous n'enseignez pas bien, monsieur. Et je sais que rien de ce que je ferai vous satisfera, parce que je suis un Potter et que je ressemble autant à mon père. Alors je me suis dit que je pouvais aussi bien réserver mes efforts pour ce qui me donnerait des résultats décents.
Snape reste silencieux. Harry pense qu'il va poser davantage de questions dans quelques secondes, ou il sera pris d'une rage si intense qu'il lui ordonnera de sortir avant de balancer quelque chose sur un mur.
Cependant, il ne fait ni l'un ni l'autre, et, après quelques minutes, Harry lève la tête vers son professeur avec un froncement de sourcils. Snape le fixe en retour. Ses yeux reflètent une profondeur qui intriguent Harry pendant un instant avant qu'il ne détourne le regard. La dernière chose qu'il souhaite est de laisser à l'enseignant toute liberté de lire son esprit alors qu'il a tout fait pour empêcher que cela n'arrive.
- Comment se fait-il que le Choixpeau ne vous ait pas placé à Serpentard ?
- Parce que je n'ai aucune ambition de devenir un connard sadique, monsieur.
- Dix points de moins à…
Mais Snape s'interrompt. Harry lève le regard avec quelque intérêt. Il avait déjà commencé à s'évader dans cet endroit de son esprit où il va quand il n'est pas confronté à quelque chose qu'il doit faire sur l'instant, l'endroit où il décide quelle magie il va apprendre ensuite.
Snape étudie ses moindres gestes. Harry dompte la tentation de lui tirer la langue. Il ne veut pas savoir comment devenir une grenouille, ou comment être réduit en ingrédients pour Potions de la bonne taille pour un chaudron.
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Il l'a presque fait. Il a presque enlevé dix points à Poufsouffle par frustration.
Pourtant il savait déjà que le garçon se fichait des points. Et cette fois-ci, il a vu la façon dont ces yeux verts changeaient, s'éloignant de lui et devant doux et rêveurs. Il n'est plus concentré sur Severus, quand il fait cela. Il pense à sa magie, ou à ses parents, ou autre chose d'une manière impénétrable pour Severus.
Et c'est incroyablement frustrant.
Alors il retient sa langue et sa colère, et attend que le garçon relève les yeux vers lui. Puis il parle tranquillement.
- Ce que vous semblez avoir est une sacrée ambition d'apprendre tout ce que vous pouvez sur la magie. Et une sacrée ruse pour y parvenir.
- Mais je n'ai pas d'ambition qui compte aux yeux du monde, réplique Potter d'une voix totalement calme.
Severus connait des élèves trois ans plus vieux qui ne sauraient pas être si calmes, surtout en face de leur redouté Maître des Potions.
- C'était ce que le Choixpeau m'a demandé, poursuit le gamin. Je m'en fiche si les gens savent que je suis génial. Je ne m'adonne pas aux jeux de pouvoirs pour leur simple plaisir. Je me fiche de ce que pensent mes camarades de Maison de moi. Le Choixpeau m'a posé toutes ces questions, et il a décidé que Poufsouffle était l'endroit qui me correspondait.
Ah-ha. Potter est humain après tout. Severus a aperçu l'esquisse d'un sourire au coin de ses lèvres à un instant, et une étincelle de satisfaction dans ses yeux.
- Il y a pourtant des gens pour qui vous voulez compter, contre-t-il, étudiant l'enfant aussi assidûment qu'un texte des Arts Noirs. Et ils se détourneraient de vous si vous étiez placé dans ma Maison, n'est-ce pas ?
Aucun doute possible sur le tressaillement cette fois. Severus s'avance abruptement vers lui et s'arrête devant le garçon, abaissant sa voix.
- Vous voulez compter pour vos parents. Qui vous regardent et voient un Krakmol, pas le jeune sorcier impliqué que vous et moi savons que vous êtes. Minerva le soupçonne, n'est-ce pas ? Tout comme Pomona. Mais toutes les deux sont dupées par le fait qu'il vous faut davantage de temps pour maîtriser la magie. Elles ne voient pas la force où vous la voyez.
Severus a contourné Potter et s'est placé dans son dos. Lequel ne s'est pas retourné, ce qui est impressionnant à sa façon, et il serre les poings une seconde. Puis il hausse les épaules et répond :
- Cela n'a pas d'importance, monsieur. À cet instant, mes parents ne savent pas, non plus. Je leur montrerai quand j'aurai maîtrisé de la magie vraiment impressionnante, et qu'ils pourront pas transformer en…
Il ne finit pas, mais Severus sait ce qu'il allait dire. Déni. Ils nieraient qu'il est un sorcier compétent sans une preuve solide.
Ils sont aussi aveugles que Minerva et Pomona. Severus sent une étrange exaltation le traverser. Et voilà un moyen de triompher de James Potter dont il ne se remettra jamais, pas quand il apprendra qui a véritablement vu le potentiel de son fils.
- Vous dédaignez les Potions dans une quête malavisée d'être vu plus tard comme plus qu'un Krakmol moyen, établit-il négligemment en retournant s'appuyer sur son bureau tout gardant un regard intense sur Potter. Vous ne devriez pas dédaigner une branche de la magie aussi puissante. Je vous aiderai à l'apprendre.
- Quoi ? Vous ne pouvez pas.
S'il y avait eu de l'indignation, des bafouillements, n'importe quelle émotion, en fait, Severus aurait su que Potter était contrarié qu'il découvre son secret. Mais il est a peine à moitié amusé, et il secoue la tête.
Et de nouveau Severus éprouve de la rage.
- Et pourquoi pas ? siffle-t-il en avançant d'un pas. Pensez-vous que seuls les Charmes et la Métamorphose vous donneront accès au vrai pouvoir ? Et la Défense Contre les Forces du Mal ?
Il ne serait pas surpris si Potter faisait de son mieux dans cette classe également, même si ce serait masqué par l'inefficacité de l'enseignant.
- Pensez-vous… essaye-t-il de continuer.
Mais il s'interrompt, parce que Potter secoue la tête d'une manière différente.
- Je sais que vous avez les compétences, monsieur, explique le garçon avec un ton simple et condescendant qui rappelle beaucoup trop Albus à Severus. Mais vous n'avez pas la volonté. Vous essayeriez de m'aider, je le sais. Mais vous finiriez par me haïr parce que je suis un Potter, puis vous passeriez plus de temps à faire des remarques cinglantes qu'à m'aider.
Le gamin se lève et s'étire.
- Merci pour l'offre, cependant, conclut-il en se tournant vers la porte.
Severus a l'impression que quelqu'un l'a frappé au creux de l'estomac et est parti en marchant plutôt qu'en courant. Il agite sa baguette vers la porte pour la verrouiller d'un sort. Potter se retourne simplement et le regarde patiemment.
Ce regard patient est la goutte d'eau de trop.
- Je vous aiderai, persifle Severus. Pas une seule remarque cinglante, aussi longtemps que vous ne direz rien à vos parents jusqu'à ce que vous ayez un niveau de compétence acceptable. Maintenant sortez.
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Debout dans le couloir devant le bureau de Snape, Harry cligne des yeux et fixe le mur. Il s'attendrait presque à ce qu'un serpent apparaisse et l'invite dans les quartiers secrets de Salazar Serpentard, ou quelque chose du genre.
À cet instant, plus rien ne le surprendrait.
Pourtant il sent un léger sourire fier étirer ses lèvres alors qu'il se souvient de la façon dont il a déconcerté Snape. Sans même un Sortilège de Confusion ! Et a obtenu qu'il l'aide. Ce qu'aucun élève non Serpentard a jamais obtenu, selon Harry.
Tout cela le fait presque se pavaner alors qu'il descend le corridor. Puis il se souvient du temps de pratique loupé, et se dirige vers la salle de classe où il travaille toujours.
De l'aide en Potions sera appréciée, mais il veut vraiment réussir à maîtriser ce sort.
