Disclaimer : Harry Potter et son univers ne m'appartiennent pas, je ne gagne aucun argent à publier cette traduction, laquelle m'appartient, par contre. Les passages en italiques sont une emphase sur certains mots, ou la pensée d'un personnage, le contexte vous aidera.
Ceci est une traduction de la fanfiction de Lomonaaeren, « Stargazer », ( s/13141493/1/Stargazer ). Je n'ai pas encore son autorisation pour publier ma version française, je la retirerai si elle me le demande.
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Tournoi.
- Comment se fait-il que vous soyez si différent de vos frères alors que vous avez été élevés dans la même maison ?
Harry jette un regard à Snape. Pourquoi lui pose-t-il cette question ? Ce n'est pas une surprise que Romulus, à son arrivée cette année à Poudlard, ait été immédiatement Réparti à Gryffondor. Pas plus que ça ne l'avait été pour Sol. Ils sont eux-mêmes, et Harry est lui-même.
- Je veux une réponse.
- Je ne sais pas. C'est juste leur genre de personnalité.
Harry baisse les yeux sur le chaudron devant lui et fronce les sourcils. Le Véritaserum est moins compliqué à brasser que la potion Tue-loup, la plupart du temps. Il ne comprend vraiment pas comment il a pu foirer celle-ci. Il se penche pour relire les instructions.
- Mais vous êtes un Poufsouffle.
- Oui, mais vous m'avez dit l'an dernier que vous saviez pourquoi, monsieur.
Snape souffle et quitte la pièce. Harry secoue la tête. C'est une marque de confiance de la part de son professeur qu'il le laisse seul avec ses ingrédients et ses chaudrons et tous les autres trucs avec lesquels Harry pour jouer les fauteurs de troubles dans son laboratoire. Ce qui signifie que Harry ne retiendra pas contre lui d'être ridicule à propos de la Maison de ses frères.
Il passe quelques temps à remuer précautionneusement sa potion de nouveau, et sourit de soulagement lorsqu'elle s'éclaircit. Là. C'était là qu'il s'était trompé. Pas assez de tours dans le sens horaire. Le Véritaserum repose sur des suites de nombres précises bien plus que d'autres potions.
La porte s'ouvre de nouveau. Snape entre comme une furie. Harry lève les yeux, se demandant s'il a encore attrapé Sol ou Romulus se baladant après le couvre-feu et veut évacuer sa frustration sur lui. Même s'il sait que ça n'arrive pas souvent. Snape semble travailler sombrement vers le jour où, comme lui, il pourra impressionner le reste de sa famille.
Mais Snape se plante devant lui, croise les bras, et, lorsqu'il prend la parole, il ne dit rien sur les Potter à Gryffondor.
- Vous savez que l'école est en effervescence à propos du Tournoi.
- Oui ?
Harry remue doucement la potion de nouveau, parce que c'est ce que les instructions disent de faire. Snape suit le mouvement des yeux, mais ne commente pas.
- J'ai entendu vos frères discuter, Sol Potter a l'intention d'y participer.
- C'est stupide, lâche Harry avec incrédulité.
Il avait toujours pensé que son frère était plus sensé que ça.
- Sol est seulement en troisième année, ajoute-t-il.
- Il a l'intention de passer la Limite d'Âge.
- Quoi, voulez-vous lui parler et l'en dissuader, ou je ne sais quoi ? Pas que je pense qu'il y parviendra.
La magie de Sol est puissante, mais indisciplinée. Il aime faire les choses vite, alors il n'exerce pas assez souvent ses mouvements de baguette et ses incantions. Harry a parfois travaillé avec lui, mais Sol est dans l'équipe de Quidditch de Gryffondor et n'a pas beaucoup de temps libre pour ça, non plus.
- Je veux savoir si vous l'y avez encouragé.
Son indignation est telle que Harry s'arrête presque de mélanger le Véritaserum. Il continue parce qu'il ne peut pas s'arrêter sans ruiner la potion.
- C'est ridicule, monsieur. Bien sûr que non ! Vous pensez vraiment que je voudrais qu'un de mes frères soit impliqué dans un truc aussi dangereux ?
Snape l'observe, puis hoche sèchement de la tête.
- J'ai pensé que vous voudriez peut-être vous faire un nom en tant que conseiller d'un jeune Champion. Celui qui lui enseigne la magie dont il a besoin pour survivre.
- Ça ne m'intéresse pas, monsieur, affirme Harry avec un mouvement impatient du chef. Pas ce genre de truc. Je parlerai à Sol et je m'assurerai qu'il sait que je pense que participer au Tournoi est une idée stupide.
- Il n'en trouvera peut-être l'idée que plus attrayante.
- Il agit comme ça parfois comme ça, est obligé d'admettre Harry en faisant le dernier tour dans la potion avant de jeter le Charme de Stase qui la conservera en l'état jusqu'à ce que le professeur Snape ait le temps de la continuer.
Elle devait reposer sous Charme de Stase pendant un moment, de toute façon.
- Mais je dois lui parler parce que Maman est trop loin pour l'en empêcher, et Papa risque de penser que c'est une idée formidable, explique-t-il.
- A-t-il une once de maturité, votre père ?
Harry lui jette un regard rapide. Il est bon à avoir l'air décontracté, appuyé comme il l'est sur le montant de la porte, les bras croisés, mais Harry n'est pas dupe. Il a longuement entendu parler de la vendetta entre Snape et son père bien avant de venir à l'école, et pas juste de Papa, mais aussi de Maman et Remus, qui était plus neutre à ce sujet.
- Pas à propos de tout, convient-il avant de partir, l'esprit déjà tourné vers ce qu'il peut dire à Sol pour le faire arrêter d'agir stupidement.
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Il s'avère que Severus assiste à la tentative de persuasion du Potter sur son petit frère, bien qu'il ne l'ait pas désiré. Il s'arrête à un coin pendant une de ses patrouilles nocturnes. Ce n'est pas encore le couvre-feu, pas encore, dans cinq minutes. Et apparemment le Potter a choisi ce moment pour parler à son Gryffondor de frère.
- Mais je veux le faire ! Imagine juste l'aventure que ce sera ! Quand je serai suffisamment vieux pour participer, le Tournoi sera fini !
- Songe à quel point ce sera dangereux.
- Mais ça n'a aucune importance. Tu devrais aller à l'aventure pour sauver des gens et montrer ta bravoure !
- Qui vas-tu sauver, cependant, Sol ?
- J'ai fait des recherches sur le Tournoi, Harry. La Seconde Tâche consiste toujours à sauver quelque chose. Un prisonnier sans défense ou un membre de ta famille ou je ne sais quoi. Je veux le faire !
Severus lève très haut un sourcil. Faire des recherches sur le Tournoi est bien plus que ce qu'il aurait attendu de n'importe quel Gryffondor.
- Mais les autres Tâches ? Ils ont utilisé des chimères pour les Premières Tâches, Sol. Dans le dernier Tournoi, tous les Champions sont morts. Et ils avaient tous au moins quatre ans de plus que toi.
- Je veux le faire ! Et j'ai un moyen de berner la Limite d'Âge.
- Oh ?
Le Potter a juste la bonne dose de désintérêt dans la voix, Severus l'admet. Sol Potter hésite, mais au bout du compte, il ne peut résister à l'envie d'essayer d'impressionner son grand frère ennuyé.
- Je vais écrire à Papa pour qu'il m'envoie un des artefacts super vieux qu'il y a dans les coffres. Celui qui le porte doit être un adulte, normalement. La Limite d'Âge ne saura pas que les Potter peuvent les porter avant d'avoir dix-sept ans.
Severus penche la tête sur le côté. Cela ne fonctionnera pas, mais l'intelligence du plan le surprend.
- Ah. Eh bien, je ne veux pas que tu le fasses, Sol.
- Tu es juste jaloux de ne pas y avoir pensé avant ! Et tu as la trouille !
Un léger sifflement qui pourrait être confondu avec du Fourchelangue par un autre que Severus se fait entendre. Puis le Potter le dépasse comme une tornade, le visage sombre. Le jeune Potter se penche et crie :
- Je suis désolé Harry. Je ne voulais pas... Tu n'es pas jaloux de moi, je le sais ! Mais tu as la trouille.
Severus observe son propre Potter s'éloigner. Il semble que l'accusation de jalousie l'ait touché. Et pourquoi non ? Pourquoi quelqu'un dont on pensait qu'il était un Krakmol...
Severus se redresse. Et quelqu'un qui a grandi auprès de Lily, qui a elle-même souffert de la jalousie de sa propre sœur. Bien sûr que Lily craindrait que ses propres enfants soient jaloux de ceux possédant plus de magie, comme Pétunia l'avait été, et qu'elle serait désespérée d'empêcher la reproduction de ce schéma à n'importe quel prix.
Bien sûr que le Potter serait sensible à de telles accusations.
Une autre chose sur laquelle nous devrons travailler, décide Severus, puis il tire un grand plaisir à dépasser le coin et à attribuer une retenue à un Gryffondor insupportable pour avoir dépassé le couvre-feu.
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Des dragons et des Médicomages.
- Je pense que vous ne devriez pas être aussi sensible à l'accusation de jalousie.
Harry inspire et se concentre sur le chaudron devant lui. Il ne veut pas passer autant de temps avec Snape, ces jours-ci, il pense qu'il en sait suffisamment sur les Potions que nécessaire pour impressionner ses parents et obtenir un Effort Exceptionnel à ses BUSEs. Mais Snape insiste pour continuer à fixer des rendez-vous et il s'attend à ce que Harry vienne.
Jusque-là, Harry est venu. Il sait que tenter de contourner la bizarrerie de Snape n'aboutirait qu'à plus de temps passé en retenue.
- Pourquoi y êtes-vous si sensible ?
- Parce que tout le monde le croit, répond Harry en retirant son mélangeur et le tapotant délicatement contre le bord de son chaudron.
- Pas moi.
- Avec tout mon respect, monsieur, vous n'êtes pas un membre de ma famille.
- Et pourquoi le croiraient-il ? J'ai l'impression que votre plus jeune frère est... capable d'avoir un cerveau.
Harry garde sa tête baissée, pour que Snape ne voie pas qu'il sourit face à ce compliment réticent envers Romulus.
- Peut-être pas mes frères. Mais vous avez vu comment Sol a réagi, comme si c'était ce qui était le plus sensé. Et mes parents disent qu'ils ne veulent pas le croire, mais ils parlent toujours comme si c'était obligé que je sois jaloux que mes frères et sœur aient une magie plus puissante.
- Votre magie n'est pas beaucoup moindre que la leur.
- Pas dans les sorts que je lance, monsieur. Mais la force avec laquelle je suis né ? C'est ce qui les a fait penser que je serais un Krakmol.
- On ne peut pas simplement faire grandir sa magie en l'exerçant davantage. Quiconque vous a testé en premier lieu s'est forcément trompé.
Harry prend une inspiration, la retenant un moment –ce moment où quelqu'un d'autre croit qu'il n'est pas jaloux de ses frères et sœur. Puis il secoue la tête.
- Je veux pouvoir le dire aussi, monsieur, mais je ne peux pas être sûr. Remus a l'air plutôt certain que le Médicomage ne s'est pas trompé.
- Remus est un idiot.
Harry sourit encore à son chaudron et ramasse le mélangeur, pas parce qu'il apprécie d'entendre Remus être traité d'idiot mais parce que c'est différent.
- Nous allons travailler sur les accusations de jalousie.
Snape a l'air suffisamment sérieux pour que Harry lève les yeux.
- Comment ça, monsieur ?
- Très simplement. Je vous parlerai durement et vous apprendrez à ne pas réagir.
Harry renifle avant de pouvoir s'en empêcher, même si ça pourrait lui valoir une détention bien moins enrichissante que cette leçon.
- Et vous ne profiterez pas du tout de l'opportunité d'humilier un Potter, monsieur.
- Pas du tout.
Les mots sont plus graves que ça ne devrait être possible. Harry est peut-être différent de ses frères de bien des façons, mais il est quand même le fils de quelqu'un qui a harcelé Snape et de quelqu'un qui a refusé son amitié.
Leurs regards se rencontrent un moment, puis Harry baisse les yeux et hoche la tête.
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Harry s'assied sur les gradins. Sol n'a pas réussi à passer la Limite d'Âge, même si Père lui a vraiment envoyé un artefact des Potter, et il boude depuis. Et il semble penser que Harry a quelque chose à voir avec son échec, même si Harry n'a pas écrit à ses parents à propos du plan stupide de son frère.
Romulus l'a peut-être fait, cependant.
Toute l'école est donc maintenant assise dans les gradins autour du terrain de Quidditch, regardant les dragonnes de la Première Tâche accroupies au-dessus de leur nid, rugissant. D'immenses cloisons les entourent pour les séparer les unes des autres, mais elles bougent et scintillent de façon à ce que le public puisse voir à travers. Harry jette un coup d'œil vers la tente où Viktor Krum, Fleur Delacour, et Cédric Diggory sont en train de choisir qui affrontera quel dragon.
Est-ce qu'ils sont tous fous ? Je ne voudrais pas y participer même si j'étais majeur et que vaincre un dragon montrerait à quel point je ne pourrais vraiment pas être un Krakmol.
Harry fronce les sourcils. Il a envoyé une lettre à Sainte Mangouste la semaine dernière pour poser des questions sur le Médicomage qui lui a fait passer le test quand il était bébé, et il n'a pas encore eu de réponse. C'est un peu bizarre, maintenant qu'il y pense. S'ils avaient perdu son dossier ou devaient parler à ses parents à la place, ils le lui auraient dit. Ou ils l'auraient dit à Maman et Papa, qui auraient lui immédiatement écrit.
Il faudra qu'il leur envoie un autre message.
Avant qu'il ne puisse poursuivre ce flux de pensée, Krum sort de la tente et avance vers le Magyar à Pointes. La dragonne baisse la tête et feule sur lui. De la fumée s'accumule dans ses naseaux. Krum a sa baguette à la main et n'a pas l'air nerveux, mais Harry a remarqué qu'il n'a jamais l'air de grand-chose.
Krum reste debout devant la dragonne pendant de longues secondes, puis il se rue vers elle en courant. Elle pousse un cri strident et baisse rapidement sa tête. Un torrent de flammes plonge droit sur Krum.
Il incante déjà un sortilège qui fonce en face de lui et frappe la dragonne dans l'œil. Harry se penche en avant, intéressé. Le Sortilège de Conjonctivite. Il en a entendu parler, et c'est bien contre les dragons, mais il n'a jamais eu l'occasion de l'utiliser. Il se demande s'il pourrait le faire, si un rebondissement dément du destin l'avait placé dans ce Tournoi.
La dragonne hurle, relevant la tête. Harry n'écoute pas les commentaires excités et ineptes de Ludo Verpey, et observe la dragonne piétiner sur place en laissant échapper des hurlements perçants. Elle écrase plusieurs de ses œufs avant que Krum ne réussisse à récupérer celui en or qui est censé être l'objectif de tous les Champions. Harry secoue la tête. Il sait déjà que Krum perdra des points à cause de ça.
Et bien entendu, il perd des points, bien que Karkaroff essaye de lui accorder la note maximale malgré tout.
Delacour réussit un peu, tournoyant dans une dance qui distrait sa dragonne, une Boutefeu Chinois, et lui balance ses propres flammes. La Boutefeu Chinois recule de son nid, battant des ailes et claquant des mâchoires en essayant d'attraper le feu conjuré par Fleur Delacour, qui semble être, à ses yeux, un autre petit dragon. Delacour se précipite incroyablement vite, attrape l'œuf en or, et fonce hors de portée.
Les applaudissements sont sincères de la part de tout le monde, sauf Karkaroff, qui accorde peu de points à Delacour. Harry lève les yeux au ciel. Imagine laisser une fierté envers ton école pareille diriger ta vie.
Mais Karkaroff est un sorcier adulte respecté, du moins suffisamment respecté pour devenir Directeur de Durmstrang. Harry se demande ce qu'il devrait faire pour obtenir un tel respect.
Cédric sort de la tente, saluant de la main et souriant sous les encouragements de la foule. Harry se redresse. Il pense que Cédric est un imbécile complet d'avoir mis son nom dans la Coupe, mais il espère quand même qu'il s'en sortira bien. Il est le seul Champion que Harry connaisse.
Il croise par hasard les yeux marron de son frère, plus bas dans le gradin. Sol boude toujours, et le dévisage un instant avant d'articuler quelque chose, mais Harry tourne la tête et ne le regarde plus. Si Sol pense que c'est stupide que Poudlard soit représenté par un Poufsouffle, ce n'est pas de sa faute.
La technique de Cédric est très innovante. Il Métamorphose un rocher en un golden retriever bondissant et jappant qui rappelle Sirius à Harry par son enthousiasme, sinon par son allure. Harry admire le mouvement de baguette et de nouveau se demande s'il pourrait faire ça. Cédric termine avec la mère dragonne, une Suédois à Museau Court, ayant écrasé quelques œufs alors qu'elle essayait d'attraper le chien, mais de loin pas autant de celle de Krum.
Harry applaudit Cédric lorsqu'il a fini et titube vers la tente pour que Mme Pomfresh puisse guérir ses brûlures, puis il se lève. Il se retrouve près de Sol et Romulus dans la foule attroupée, et Sol lui jette un regard noir.
- Ça n'avait pas l'air très difficile, marmonne-t-il. Ils ont même tous survécu.
Harry dévisage son frère dans un silence complet, alors que celui-ci rougit de plus en plus, et Romulus lève les yeux, inquiet.
- Si tu penses que c'était facile, tu ne sais rien des dragons ou de l'effort nécessité par ces sorts, énonce finalement Harry avant de descendre d'un pas rapide les gradins vers les Poufsouffle se rassemblant autour de Cédric.
- T'es juste jaloux ! Krakmol !
Harry lève ostensiblement les yeux au ciel, et ne se retourne pas.
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Severus trouve le Potter appuyé contre le mur d'un couloir, contemplant la lettre dans ses mains avec un léger froncement de sourcils. Il ne lève pas le regard lorsque Severus se penche sur lui. Severus essaye de déchiffrer l'écriture sur le parchemin, mais elle est petite et serrée, même selon les standards de quelqu'un qui gagne sa vie à lire des écritures ridicules.
- Qu'est-ce que c'est, Potter ?
- Quelque chose qui me donne à réfléchir, monsieur, répond Potter en rangeant la lettre dans son sac, les sourcils toujours froncés, puis il lève les yeux. Y a-t-il une chose dont vous aviez besoin, monsieur ?
Severus reste silencieux pendant de longues secondes, analysant Potter, lequel le regarde sans le voir, tellement absorbé qu'il n'a aucune réaction défensive à cette observation, comme il le ferait d'habitude. Sa bouche forme une ligne morne, ses doigts tapotent le côté de sa cuisse.
Même à cet instant, il est tellement fermé, malgré le fait que Severus connait Potter mieux que quiconque au monde, il le réalise maintenant. Il ne révèle pas ses secrets, il ne les propose pas, il ne s'abandonne pas à la camaraderie entre eux comme le ferait la plupart des élèves, selon Severus.
Cette attitude ne lui rappelle personne d'autre que lui-même.
- Que faites-vous ici ?
Severus sait que sa voix est trop soudaine, trop rude. Cela n'a pas d'importance. Cela le rend furieux, abruptement, que le Potter soit là, dans un couloir éloigné, à réfléchir, sans montrer à personne la lettre, sans discuter quoi en faire, pourquoi elle le trouble, et sans montrer la magie qu'il a apprise.
- Monsieur ?
Potter a tourné la tête pour le regarder.
- Y a-t-il quelque chose de si incriminant dans cette missive que ne puissiez la lire dans la Salle Commune de Poufsouffle ? aboie Severus avant de grimacer à cause de son attitude.
- Pas vraiment incriminant, élude Potter avec un mouvement de tête. Mais merci à vous de me rappeler que le couvre-feu approche, monsieur.
Il contourne Severus et se dirige vers les escaliers menant vers le rez-de-chaussée.
Severus se tourne et attrape son bras. Potter se redresse promptement et sur le côté, d'une façon particulière que Severus reconnaît. Il lâche le bras de Potter, sincèrement choqué. Potter réagit comme un guerrier sur le point de se battre en duel.
- Est-ce que quelqu'un vous a attaqué ? demande-t-il.
Il pose cette question en lieu et place d'une autre qu'il ne peut pas poser. Pourquoi est-ce que vous m'assujettissez moi à ce traitement ?
- Non, monsieur. Bien sûr que non, nie Potter en se décalant, et il a maintenant l'air d'un élève ordinaire, pâle et confus. Il y a un problème ?
Severus a une douzaine de choses à dire, mais aucune ne serait utile. Potter se comporte normalement, cette froide réserve est quelque chose qu'il a non seulement observée auparavant, il l'a également approuvée. Qu'il se sente exclu à cause de cela est puéril.
- Non, Potter. Allez dans votre Salle Commune.
Potter hoche la tête, et tourne les talons.
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Quatrième année.
Harry songe à la réponse qu'il a reçu de Sainte Mangouste depuis des mois.
Il y réfléchit même pendant Noël, pendant qu'il est à la maison avec l'arbre la pile de cadeaux que Maman et Papa préparent toujours, et ses trois frères et sœur, et Sirius qui fait des blagues à Remus et Remus qui le poursuit à travers la pièce. La plupart du temps, Harry ne pense pas à de telles choses parce qu'il ne peut pas se concentrer, putain !
Mais cette fois-ci, il n'a pas le choix.
Il aurait compris si les Médicomages lui avaient envoyé quelque explication théorique compliquée qu'il n'aurait pas pu saisir. Il aurait pu faire des recherches jusqu'à ce qu'il comprenne les termes médicaux magiques.
Il aurait compris si les Médicomages l'avaient dirigé vers ses parents, à la place. Les Médicomages ne révèlent pas toujours leurs informations à propos de patients mineurs, même à ces patients mineurs.
Mais qu'ils lui disent simplement qu'ils n'ont aucune archive concernant le test affirmant qu'il était presque un Krakmol...
Harry ne comprend pas.
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- Moi, j'aurais choisi Maman ou Papa. Je n'arrive pas à croire que c'était la petite sœur de Delacour et les filles avec qui Diggory et Krum sortaient !
Harry lève les yeux au ciel en dépassant l'escalier où Sol clame sa diatribe. Ils reviennent juste de la Deuxième Tâche, ce qui, pour Harry, a consisté à contempler l'eau grise pendant une heure et réfléchir de nouveau à la lettre des Médicomages. Sol semble énervé que les sauvetages n'aient pas été plus dramatiques, ou quelque chose du genre.
- Harry !
Il se retourne, un peu intéressé. Il est rare que Sol veuille lui adresser la parole en public. Il vient lui parler en privé, et Romulus n'a pas le même problème.
- Oui, Sol ?
- N'as-tu pas honte que quelqu'un de ta Maison ait choisi de secourir sa petite amie ?
- Pourquoi est-ce que secourir tes parents serait plus intéressant ?
Sol, qui a avancé d'un pas vers le bord de l'escalier sur lequel il se tient et pris la pose, s'arrête immédiatement. Il n'a plus l'air composé. Il a juste l'air confus.
- Quoi ?
- Pourquoi est-ce que secourir les parents serait plus important ? répète Harry. Je t'ai entendu dire que tu aurais secouru Maman ou Papa. Pourquoi est-ce que c'est mieux que Cédric secourant la fille avec qui il est allé au Bal de Noël ?
Il est tellement content d'être rentré à la maison pour échapper à ça, et que Sol et Romulus soient trop jeunes pour y assister. Ça donnait l'impression d'être la soirée la plus bizarre de l'histoire de Poudlard.
- Parce que... Parce que ça montrerait qu'on peut faire des trucs, pour une fois ! Qu'on n'est pas obligé de les avoir eux pour nous secourir !
- Oh.
Harry considère ce point de vue, puis hausse légèrement les épaules. C'est une meilleure raison que ce qu'il aurait pu attendre de son frère.
- Continue, alors, déclare-t-il avant de se détourner, son esprit déjà de retour sur la lettre des Médicomages.
Il n'a toujours pas décidé ce qu'il allait faire à ce sujet. D'une certaine façon, les choses auraient été plus simples s'ils avaient contacté ses parents et leur avaient parlé de sa requête. Alors Harry aurait pu facilement faire le choix de les confronter à ce sujet.
En l'état des choses, il ne lui reste que le choix déprimant de présumer qu'ils ont menti, ou présumer qu'ils dissimulent quelque chose d'encore pire.
- Harry ! Je veux savoir un truc !
- Quoi ? répond le Poufsouffle en lui jetant un coup d'œil par-dessus son épaule.
Sol descend une marche vers lui.
- Pourquoi est-ce que toi tu n'as pas essayé d'entrer dans le Tournoi ?
Harry cligne des yeux. Ils ont un public maintenant, des Gryffondors de troisième et première année, les amis de Sol et Romulus, et quelques Poufsouffle de passage qui se retournent pour écouter. Harry suppose qu'ils veulent entendre ce qu'il dira à propos de Cédric.
En fait, ce que Harry va dire ne plaira à personne, mais il s'attendait à ce que ce soit le cas.
- Parce que je ne suis pas un idiot.
Et il continue à descendre vers sa Salle Commune.
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Harry, j'aimerais vraiment que tu ne traites pas ton frère d'idiot.
Cette fois, le Potter avait apporté avec lui la lettre sur laquelle il avait ruminé toute la journée, et l'avait laissé sur un côté de la paillasse, où Severus pouvait la voir. Il la lit, songeant que l'écriture est celle de Lily et que les sentiments exprimés sont trop timides, trop las pour être les siens. Puis il se retourne.
- Est-ce que votre mère essaye d'arbitrer chaque dispute entre vous et votre frère ?
Potter finit de tamiser les crins d'Abraxan en poudre dans le chaudron avant de lever les yeux.
- Elle veut surtout que je ne sois pas jaloux de lui. D'aucun d'entre eux, en fait.
- Pourquoi a-t-elle si peur de votre jalousie ?
La Lily que Severus connaissait n'avait peur de rien.
- Je ne suis pas certain, monsieur.
Severus étrécit ses yeux. Il a appris à lire ces signaux.
- Utilisez le cerveau avec lequel vous êtes né et dites-moi ce que vous suspectez, M. Potter.
Potter le regarde fixement de nouveau, probablement à cause du compliment, mais répond docilement.
- Ça a vraiment blessé Maman lorsque sa sœur lui a tourné le dos, monsieur. Elles ont eu une sorte de confrontation quand j'avais environ trois ans. Maman est revenue de cette confrontation en larmes. C'est là qu'elle a commencé à dire que la jalousie était un poison et que personne ne devrait être jaloux d'autrui.
- Et elle est si convaincue qu'il y a quelque chose dont vous devriez être jaloux ?
- Bien sûr. Je suis celui qui a la magie peu puissante. Pourquoi ne serais-je pas jaloux de mes frères et sœur ? C'est comme ça qu'elle pense.
Potter a l'air de plus en plus perplexe, ce qui, au moins, est différent de l'état de bouderie dans lequel il était auparavant. Ce qui est suffisant pour Severus.
- C'est une façon de penser stupide, établit-il en s'assurant que Potter voie son rictus.
- Je ne sais pas, répond le garçon avant de retourner à son chaudron.
Juste à temps pour ajouter la prochaine pincée de menthe après la montée du nuage de vapeur signalant que la potion est à la moitié du processus de brassage.
- Je veux dire, elle ne sait rien des potions que je peux brasser ou les sorts puissants que je peux lancer, continue-t-il. Alors, pour elle, je suis juste un élève moyen, monsieur.
Severus se retourne pour s'appuyer sur la table.
- Je pensais que vous aviez cessé cette idiotie de tenter de n'obtenir que des Acceptables dans les autres cours.
- Acceptable est ce que j'obtiens naturellement si je n'y travaille pas dur, monsieur.
- Conneries, rétorque Severus en savourant le plaisir de voir Potter se tourner vers lui, les yeux écarquillés, pendant que ses mains continuent d'ajouter les plantes dans la potion. Écoutez-moi. Vous êtes parfaitement capable de concentrer votre intelligence lorsque vous étudiez des sujets aussi variés que les Potions, la Métamorphose, et les Charmes. J'apprécierais que vous ne m'insultiez pas en prétendant que vous êtes un élève moyen.
- Je pense que vous avez le même problème d'aveuglement que ma mère, monsieur, mais dans un sens différent, contre Potter en secouant lentement la tête.
Puis il se détourne, comme pour se protéger de l'explosion de colère de Severus. Mais Severus ne ressent rien à part une joie vindicative. Il vient de passer les barrières qui l'empêchaient de comprendre son élève plus tôt dans l'année. Il préfère être là qu'exclu par toutes les raisons de haïr les Potter du monde, même les meilleures.
- Je sais ce dont vous être vraiment capable.
- Dans un seul sujet, monsieur. Être bon en brassage de potions ne veut pas dire être bon en Défense ou en Astronomie ou en Herbologie.
Maintenant, c'est Potter qui a l'air comme s'il y avait eu un petit tremblement de terre sous ses pieds et qu'il ne savait pas quoi faire du nouveau positionnement des meubles. Bien. Severus est plus qu'heureux de partager cette incertitude. Il s'avance et regarde le Poufsouffle de haut, reconnaissant d'être plus grand que lui.
- Vous vous retenez parce que vous voulez surprendre et impressionner vos parents. Mais plus les années passent, moins vous êtes sûr qu'ils seront impressionnés par la façon dont vous l'avez caché aussi longtemps.
Potter recule d'un pas, et jette un sort de Stase sur son chaudron.
- Monsieur, c'est illégal d'utiliser la Légilimencie sur moi.
- Cela s'appelle avoir du bon sens, rétorque Severus en tendant une main que Potter surveille comme si c'était une vipère. Je connais vos ambitions, et je sais qu'à l'origine vous aviez prévu de révéler vos compétences à vos parents dès que vous auriez maîtrisé quelques charmes. Puis c'est passé à la maîtrise des Potions. Puis c'est passé à d'autres choses. Pourquoi attendez-vous, maintenant ?
Potter hésite suffisamment longtemps pour faire penser à Snape que son coup de poker n'a pas marché et qu'il va garder ses secrets. Puis il secoue la tête et murmure :
- Parce qu'il s'agissait de contester la déclaration des Médicomages après ma naissance comme quoi je n'ai pas beaucoup plus de magie qu'un Krakmol.
- Je le savais aussi, parvient à répondre Severus d'une voix égale non sans effort. Ce n'est plus le cas maintenant ?
Potter hésite de nouveau pendant un long, long moment, avant de déclarer :
- J'ai écrit à Sainte Mangouste pour poser des questions sur le Médicomage qui m'a fait passer le test. Je pensais qu'ils diraient probablement à mes parents que je leur avais écrit, et que ça ferait ressortir des choses. Mais à la place, ils m'ont répondu pour me dire que le test n'avait jamais été pratiqué.
Severus le regarde fixement, puis articule :
- Mais vos parents et Lupin...
- En étaient certains, oui, monsieur. Même Sirius pense que c'est arrivé. Et ce n'est pas comme si je pouvais m'en souvenir, d'une façon ou d'une autre, j'étais trop jeune, et mes frères et sœurs n'étaient pas encore nés, réplique Potter en fronçant pensivement les sourcils vers le sol. J'ai longtemps débattu sur la façon de gérer ça. Je ne peux pas me présenter à l'hôpital et exiger des réponses. Ils ne me les donneraient pas. Et si je parle à mes parents...
- Ils croiront que vous êtes jaloux de vos frères et sœur et que vous essayez de prouver que vous avez plus de magie alors que ce n'est pas vrai. Merde.
Severus frotte le dos de sa main contre sa bouche. En réalité, il n'a jamais vu ou envisagé une situation comme celle-ci.
- D'un certain côté, ça devrait être facile, abonde Potter avec un hochement de tête. J'en parle à mes parents, ils disent que le test a été fait, je leur montre la lettre des Médicomages. Mais je...
- Oui ? insiste Snape.
Le Poufsouffle détourne les yeux.
- Je veux qu'ils me croient, chuchote-t-il. Je veux qu'ils soient fiers de moi. Je ne veux pas qu'ils disent que j'ai écrit cette lettre.
Severus retient son impulsion immédiate de cingler. Il pouvait deviner que c'est ce qui se produirait. James Potter n'était juste pas un habitué de la pensée profonde, et Lily est paralysée par la peur de ce que la jalousie de Potter pourrait lui faire penser de ses frères et sœur. Ils pourraient dire qu'ils le croyaient, mais les doutes resteraient, et s'imprégneraient, et ne seraient peut-être plus jamais mentionnés alors qu'ils hanteraient tout ceux impliqués.
Il le voit dans les yeux de Potter, il le sait aussi. Severus pourrait croire qu'il est étrangement prescient, mais peut-être est-ce simplement qu'il connait sa famille.
- Je suis... soulagé que vous me fassiez confiance pour garder vos secrets, énonce Snape après avoir essayé de choisir parmi plusieurs mots qui pourraient offenser son élève. Et il y a une issue simple à laquelle vous n'avez pas songé.
- Laquelle, monsieur ? interroge Potter en levant la tête.
- Il est peu probable que Sainte Mangouste vous envoie les archives par courrier ou à vous directement, vous avez raison, convient Severus. Vous en savez autant probablement parce qu'ils vont confirmer l'existence d'une archive, ou son absence d'existence. Mais si un adulte se faisant passer pour votre père vous accompagnait à l'hôpital...
Harry clôt fermement les yeux.
- Merci, monsieur.
Et Snape ressent la vague de triomphe sauvage qu'il avait l'habitude de sentir lorsque Serpentard gagnait la Coupe des Quatre Maisons.
Il me fait plus confiance qu'à sa famille. J'ai sa confiance.
Ça ne devait pas être si énorme. Mais ça l'est.
